Face aux défis auxquels sont confrontées les femmes entrepreneures, Kirti Sheonarain, dirigeante de H2H Events and Digital Marketing, a créé les Women Entrepreneurs Awards (WEA), qui en sont cette année à leur deuxième édition. Elle explique ses motivations au Défi Plus.
Les femmes qui se lancent dans le monde des affaires sont souvent confrontées à des défis sociaux, familiaux et économiques. L'équilibre entre vie professionnelle et personnelle, ainsi que l'incertitude des investisseurs, sont des obstacles fréquents. Pourtant, au cours des deux dernières décennies, elles ont réalisé des avancées significatives, brisant de nombreuses barrières. Malgré ces progrès, elles continuent de faire face à des obstacles que leurs homologues masculins, en tant que dirigeants d'entreprises, n'ont pas à affronter. Kirti Sheonarain, fondatrice des Women Entrepreneurs Awards (WEA), en est fermement convaincue. Elle souligne que son initiative n’aurait jamais vu le jour sans le soutien indéfectible des autres femmes et des sponsors visionnaires qui ont compris l’importance cruciale d’accroître la visibilité des femmes entrepreneures.
Lancée en 2023, la première édition des Women Entrepreneurs Awards visait à mettre en avant les talents féminins à travers une compétition dédiée aux femmes cheffes d'entreprise. Les WEA rassemblent des femmes désireuses d’échanger leurs expériences, leurs connaissances et de mettre en lumière leur contribution au développement économique et social du pays.
En ce qui concerne la méthodologie de sélection, Kirti Sheonarain explique qu’après réception des candidatures, une vérification de la structure des entreprises selon le principe KYC (« Know Your Customer ») est effectuée. Les participantes sont ensuite invitées à une série d'ateliers. « Ce processus de sélection préalable permet de désigner les demi-finalistes, puis les finalistes. Chaque candidate doit présenter son parcours et défendre la raison d’être de sa compagnie », précise-t-elle.
Les membres du jury, ainsi que des personnalités reconnues du monde de l’entreprise, ont été sollicités pour évaluer les critères de sélection. « Les ambassadeurs des WEA, experts dans leurs domaines respectifs, s'engagent à encadrer les participantes, à leur offrir des conseils et à promouvoir cette initiative. Ces deux éditions des WEA n’auraient pas été possibles sans le soutien de sponsors, qui nous apportent une aide financière, nous ouvrent les portes de leurs entreprises et parrainent des ateliers de préparation et de formation », souligne notre interlocutrice.
Peu importe le genre, le défi reste le même, mais…
Les Women Entrepreneurs Awards (WEA) mettent-ils en lumière les femmes qui choisissent le chemin exigeant de l'entrepreneuriat ? Kirti Sheonarain l’affirme : se lancer dans cette aventure professionnelle est loin d’être facile. « Concevoir une idée de produit ou de service est une chose, mais le véritable défi réside dans sa structuration pour en faire un succès. Peu importe le genre, les obstacles demeurent les mêmes. Cependant, pour les femmes, le parcours est souvent semé d'embûches supplémentaires », explique notre interlocutrice. Cette dernière évoque les difficultés accrues, comme l'obtention d'un prêt ou la conciliation entre responsabilités familiales et vie sociale : « Les femmes doivent également faire face aux stéréotypes tout en restant concentrées sur leurs objectifs ».
Le but des Women Entrepreneurs Awards est de créer une plateforme de sensibilisation où les femmes, plutôt que de se sentir isolées, découvrent qu'elles partagent des expériences et des défis communs avec d'autres participantes. Kirti Sheonarain souligne que cette compétition offre également aux entrepreneures l'opportunité de se perfectionner en management, en leadership et d’acquérir des compétences clés telles que la gestion financière et l’importance du marketing grâce aux ateliers proposés dans le cadre des WEA.
WEA 2024 : Une quarantaine de femmes inscrites
Les Women Entrepreneurs Awards (WEA) mettent en lumière des parcours d'entrepreneures exceptionnelles, inspirant celles qui hésitent à se lancer. Cette année, les WEA s'alignent sur le thème de la Journée internationale des Femmes, choisi par l'Organisation des Nations Unies : « Invest in Women : Accelerate Progress ». Pour participer, les femmes entrepreneures détenant au moins 50 % des parts ou la majorité de leur compagnie ont été invitées à postuler. Kirti Sheonarain annonce que, pour cette deuxième édition, environ 40 inscriptions ont été reçues, représentant une diversité de profils et de secteurs.
L’organisation de cet événement est-elle facile ? « Organiser un événement de cette envergure n'est pas simple. Après deux éditions et parfois le besoin de convaincre des participantes remarquables, j'ai constaté que les femmes sont souvent plus réservées à se mettre en avant. Cependant, les retours positifs des participantes de l'an dernier nous encouragent à poursuivre cette initiative et à nous améliorer », confie Kirti Sheonarain. Cette dernière exprime sa gratitude envers tous ceux qui lui font confiance : « Grâce aux Women Entrepreneurs Awards, j'ai rencontré des individus inspirants et reçu des conseils précieux pour avancer. Mon objectif est de créer une synergie pour mettre en avant ces ‘success stories’ au féminin, mieux comprendre les défis et identifier des solutions », indique-t-elle.
Femmes entrepreneures : les défis
Kirti Sheonarain souligne que les défis auxquels les femmes entrepreneures sont confrontées ne sont pas propres à Maurice, mais reflètent une réalité mondiale. « En plus de la pression inhérente à leur parcours, les femmes doivent jongler avec plusieurs rôles. Elles gèrent quotidiennement leur vie familiale et sociale, tout en faisant face aux exigences professionnelles. Cette double charge est souvent moins présente pour les hommes entrepreneurs », explique-t-elle.
Quelles solutions pour faire évoluer les mentalités ? Elle insiste sur l’importance d’encourager le dialogue et de mettre en lumière, dans les médias, la diversité des profils féminins en entrepreneuriat. « Il faut que la présence de Présidentes directrices générales reconnues pour leur compétence et leur leadership devienne la norme. Cela passe aussi par une plus grande représentation des femmes dans les conseils d’administration, assurant ainsi une égalité des chances au sein des entreprises », dit-elle. De plus, elle estime qu'il est crucial de valoriser ces réussites pour inspirer d'autres femmes. « Le concours WEA vise à créer un espace d’écoute, de prise de conscience et d'accompagnement. Nous donnons la parole tant à celles qui débutent qu’à celles qui possèdent déjà une solide expérience dans le domaine entrepreneurial. Ce changement ne peut se faire sans les hommes, mais nécessite une meilleure compréhension mutuelle pour faire évoluer les mentalités », conclut Kirti Sheonarain.
« Reveal » des finalistes au Vatel Business School
Axé sur le thème « Celebrating Our Blooming Women », les noms des femmes entrepreneures finalistes sélectionnées par le jury pour la grande finale des Women Entrepreneurs Awards 2024, ont été révélés le samedi 7 septembre dernier au Vatel Business School, à Quatre-Bornes. Ce sont : Astrid Arlove (ObOÉ Ltd), Azeeza Ruhomuth (RAFS Design), Khandini Rajmun-Goraya (The Minimalist Style Coach), Lili Ip Kwok Sheung (Keliks Ltd), Sristhi Dixit (ONS FinServ Ltd) et Zaahirah Muthy (ZeeArts Ltd). La remise des certificats attestant leur participation a été suivie d'une soirée cocktail de réseautage.
Pourquoi un panel exclusivement masculin a-t-il été choisi pour le débat sur les clichés liés aux femmes, modéré par Marie-Noëlle Elissac-Foy lors du lancement des Women Entrepreneurs Awards 2024 ? Kirti Sheonarain explique : « Chaque intervenant a joué le jeu en répondant aux questions avec sincérité, mettant en lumière les idées reçues à travers des exemples concrets et en reconnaissant le chemin qu'il reste à parcourir pour que l'égalité des genres au travail devienne une réalité ». Pour cette 2e édition, le jury se compose d'hommes et de femmes ayant marqué leurs carrières respectives : Eric Grenouilleau, Fondateur de BlueFrog Holding Ltd ; Lea Verbizier, Managing Director d’Ome Home Mauritius ; Julien Guillot-Sestier, Fondateur de Turn Off Communication ; Renaud Azema, CEO de Vatel Business School ; Ingrid Bell, Managing Director d’Aestetika Studio ; et Johanne Hague, juriste.
Changements nécessaires
Ne pas compter uniquement sur les hommes
Encadrer et valoriser les femmes est essentiel, comme le souligne la fondatrice des Women Entrepreneurs Awards. « Les femmes doivent et peuvent reprendre leur pouvoir. Toutes ne rêvent pas nécessairement de devenir cheffes d'entreprise, mais elles ont la capacité de briller dans divers postes », affirme-t-elle. Selon Kirti Sheonarain, la culture d'entreprise doit intégrer cette diversité féminine dans des rôles à responsabilités et créer un environnement propice à leur épanouissement. « Quand verrons-nous une véritable égalité au sein des conseils d'administration, sans qu'une loi soit nécessaire ? » se demande-t-elle. Notre interlocutrice croit fermement que les femmes ayant réussi à accéder à des postes importants doivent aussi ouvrir la voie à celles qui aspirent à évoluer. « Lead by example, comme on dit », ajoute-t-elle.
Elle est également convaincue que le « mentoring » est une formule gagnante pour les deux parties. Elle voit dans la Journée internationale des droits des femmes, le 8 mars, une excellente occasion de célébrer les accomplissements des femmes, de réfléchir au chemin restant à parcourir et de discuter des solutions que les femmes peuvent apporter à la société pour faire avancer les choses. « Nous ne pouvons pas compter uniquement sur les hommes pour provoquer les changements nécessaires. Il faut du courage pour le faire et les femmes, en remplissant divers rôles parfois sans reconnaissance officielle, font déjà preuve de bravoure. Elles doivent simplement prendre conscience de leur potentiel et oser franchir le pas », estime-t-elle.
Samantha Seewoosurrun : « C’est le perfectionnement des compétences des femmes entrepreneures »
Originaire du Royaume-Uni et mariée à un Mauricien, Samantha Seewoosurrun est co-présidente et partenaire en Relations publiques ainsi que Relations d'Entreprise. Avant de s’installer à Maurice il y a dix ans, elle a dirigé plusieurs entreprises de relations publiques en Europe, principalement axées sur l'Union européenne et le secteur des affaires. Actuellement, elle dirige Perpetual Motion, une société locale spécialisée en communications institutionnelles et d'entreprise. Elle est également cofondatrice de Platform Africa, un forum de haut niveau qui se concentre sur la finance, les investissements et l'innovation à Maurice et en Afrique. En tant que présidente de CIPR International, branche du Chartered Institute of Public Relations basée au Royaume-Uni, Samantha Seewoosurrun promeut l’industrie des relations publiques à l’échelle mondiale.
Engagée, elle soutient vivement les initiatives en faveur des femmes entrepreneures et participe activement à divers projets africains. Séduite par les « Women Entrepreneurs Awards », elle explique au Défi Plus son désir de promouvoir cette initiative, croyant fermement à l’importance de célébrer la contribution significative des femmes dans l’économie du pays. D’ailleurs, en tant que membre du jury pour les WEA 2023, elle affirme qu’elle a été impressionnée par la qualité des candidatures, qui ont révélé une créativité et un dévouement exceptionnels dans divers secteurs. « Les femmes ont également montré un immense engagement envers la communauté et la lutte contre le changement climatique à travers des initiatives écologiques », souligne-t-elle.
Pour Samantha Seewoosurrun, il est crucial de maintenir les WEA cette année, car le concours joue un rôle vital dans la célébration des succès des femmes entrepreneures. « Le chemin vers le succès pour les femmes entrepreneures est semé d’obstacles, allant des défis culturels à l’accès au crédit. Les retours positifs de l’édition précédente, tant de la part des lauréates que des autres candidates, qui ont trouvé de nouveaux clients, partenaires d'affaires et amitiés, en témoignent. Au-delà des prix, les WEA mettent un fort accent sur le perfectionnement des compétences des femmes dans leur parcours entrepreneurial », conclut-elle.
Corinne Robert : « Une femme entrepreneure doit briser les barrières visibles et invisibles »
Fondatrice et consultante chez Akheza Consulting, Corinne Robert est l'ambassadrice des Women Entrepreneurs Awards (WEA) 2024. Originaire de l'île de la Réunion, cela fait maintenant 15 ans qu'elle a posé ses valises à Maurice. Ancienne journaliste, elle a tourné une nouvelle page dans sa carrière en évoluant dans le secteur des relations publiques. Après avoir occupé divers postes de direction dans le monde de l'entreprise, notamment pour des projets d'envergure comme le lancement de la Loterie Nationale ou la gestion de la communication pour Grit Real Estate Income Group à Maurice et en Afrique, Corinne Robert a choisi de redevenir consultante en relations publiques.
Concernant son rôle d’ambassadrice pour les WEA 2024, elle explique que c'est Kirti Sheonarain qui l’a contactée et convaincue de rejoindre le mouvement. « J'avais suivi la première édition et je me suis dit pourquoi ne pas apporter ma modeste contribution en acceptant de devenir ambassadrice ? », confie-t-elle au Défi Plus. Elle ajoute que c’est donc une opportunité pour elle de rencontrer des femmes entrepreneures à travers les différents événements organisés par les Women Entrepreneurs Awards. « Elles ont chacune une histoire inspirante et un projet de vie à défendre. Le dialogue permet de partager, d’identifier les doutes et les pensées limitantes, mais aussi de réaliser que nos expériences communes peuvent être une source d’inspiration pour trouver des solutions », estime-t-elle.
Pourquoi cette initiative est-elle si importante pour les femmes entrepreneures ? « C’est un formidable coup de projecteur sur les réussites au féminin, mais aussi sur la réalité du parcours d’une femme entrepreneure », répond notre interlocutrice. Cette dernière profite pour rappeler que même au 21e siècle, les femmes qui souhaitent se lancer en affaires doivent encore prouver leur capacité. « Il existe encore ce cliché qu'une femme ambitieuse est dangereuse. La société s'attend à ce qu'une femme incarne des traits comme la douceur, la réserve et si possible, la discrétion », souligne-t-elle.
Elle ajoute qu’ainsi une femme qui affirme ses opinions ou exprime son désaccord est souvent perçue comme agressive. « Là où un homme serait vu comme stratégique, une femme est parfois qualifiée de manipulatrice. Un homme est vu tel un leader tandis qu'une femme est perçue comme cherchant à contrôler », fait ressortir Corinne Robert. Pour cette dernière, il est essentiel de faire évoluer la législation pour favoriser un environnement plus égalitaire, mais il est tout aussi important de changer les perceptions culturelles concernant les femmes qui aspirent à devenir cheffes d'entreprise ou à accéder à des postes décisionnaires.
Marie-Noëlle Elissac-Foy : « Cette plateforme crée une émulation positive »
En tant que Head Ambassador des Women Entrepreneurs Awards depuis 2023, Marie-Noëlle Elissac-Foy, fondatrice et directrice de Talent Factory, s'engage avec passion dans cette aventure. Qu'est-ce qui la motive ? Pour elle, il est crucial de souligner l'impact profond des femmes entrepreneures sur notre société. « Elles créent des emplois, innovent et contribuent à la croissance économique, mais leur travail est souvent méconnu », indique-t-elle au Défi Plus. Elle est d’avis que les Women Entrepreneurs Awards offrent une occasion unique aux femmes entrepreneures de mettre en lumière leur talent, leur détermination et leur créativité. Elle ajoute que bien au-delà de la reconnaissance, ces récompenses offrent aux femmes entrepreneures, une plateforme exceptionnelle. « C'est un espace où elles peuvent renforcer leur confiance, gagner en assurance et en légitimité, ce qui les encourage à poursuivre leurs ambitions », souligne-t-elle. « Cette plateforme génère une émulation positive. En célébrant ces réussites, nous encourageons d'autres femmes à se lancer dans l'entrepreneuriat, alimentant ainsi un cercle vertueux qui favorise la création de nouvelles sociétés et renforce l'écosystème entrepreneurial féminin au pays », conclut Marie-Noëlle Elissac-Foy.
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