Interview

Vivekanand Ramburun, directeur des douanes : «Seuls 5% des produits considérés à haut risque sont examinés»

Vivekanand Ramburun affirme que les douaniers vérifient 100 à 150 conteneurs par jour. Le directeur des douanes ajoute qu’une unité antidrogue, la Customs Anti Narcotics Section, vient d’être créée pour mieux lutter contre le trafic de drogue.

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Les importateurs se plaignent de la longue attente à laquelle ils ont droit pour dédouaner leurs marchandises. Combien de temps faut-il aux douaniers pour autoriser les importateurs à prendre livraison de leurs marchandises ?
Le département de la douane au sein de la Mauritius Revenue Authority (MRA) procède au dédouanement des marchandises en fonction du risque. De fait, la douane autorise le dédouanement des produits à faible risque en trente minutes. Cela représente 45 % des importations. 40 % des importations nécessitant une clearance des agences de fret sont libérés dans un délai de deux heures et demie. Seuls  5 % des marchandises classifiées à haut risque sont dédouanées dans un délai de 12 heures. Ainsi, le dédouanement est un processus automatisé et se fait de manière efficace.

La douane a-t-elle un droit de contrôle sur les produits protégés, comme Adidas, Nike et autres marques, à Maurice ?
Les douaniers contrôlent les importations, les exportations et les marchandises en transit. Concernant les marques, elle vérifie les droits d’auteur, les brevets et les modèles industriels sur la représentation des titulaires de droits de leurs marques respectives et droits d’auteur. La douane mauricienne prend sur elle pour appliquer cette législation. Concernant Adidas, cette marque est enregistrée à la douane et on doit appliquer des droits de propriété intellectuelle.

« On travaille avec les autorités nationales, régionales et internationales de lutte contre le trafic de drogue »

La douane peut-elle saisir des produits contrefaits s’il n’y a pas de plaintes ?
Tous les cas présumés de violation des droits de propriété intellectuelle sont portés à l’attention du détenteur du droit. Le titulaire du droit doit saisir le tribunal dans un délai prescrit. Au cas contraire, les produits seront libérés les trois jours suivants. Si la décision de la Cour est favorable au détenteur du droit, en cas de violation des droits de propriété intellectuelle, les biens seront saisis ou confisqués.

Pouvez-vous nous en dire davantage sur le nouvel « Integrated Government Center » au nouveau port franc de l’aéroport ?
Avec le développement d’un Air Cargo Village et le couloir aérien, il y aura une hausse substantielle du trafic de marchandises et de passagers. Le gouvernement a décidé de concrétiser un projet d’Integrated Government Center (IGC) au coût de Rs 368 millions. Les objectifs de l’IGC sont : le dédouanement des marchandises par les douaniers et les officiers des autres ministères sous un même toit.

Ce service fonctionnera 24 heures sur 24 selon un mécanisme coordonné de gestion des frontières. Il favorisera le commerce transfrontalier et réduira le coût et le temps de séjour ; réduira les risques de contrebande, améliorera le contrôle douanier et renforcera la facilitation du commerce. Il rationalisera et simplifiera les procédures pour promouvoir et développer les activités du Freeport. Les produits seront dans une zone sécurisée au sein de l’aéroport.

Que fait la MRA pour faciliter la tâche des douaniers chargés de vérifier les conteneurs ?
Toute l’administration douanière, y compris la douane mauricienne, travaille sur trois principes fondamentaux : la gestion des risques, l’automatisation et l’audit post-contrôle. Le dédouanement des conteneurs s’effectue en fonction du risque. Seuls 5 % des produits considérés à haut risque sont soumis à des examens par les douaniers eux-mêmes, soit à l’aide de scanners ou de chiens renifleurs. La douane utilise également des scanners pour vérifier 100 à 150 conteneurs par jour.

Qu’en est-il de la surveillance des lieux stratégiques dans le port ?
La douane a mis en place un contrôle 24/7 dans la zone portuaire. Cette tâche est menée conjointement par la police, les douaniers et la sécurité portuaire. Toutes les sorties importantes et considérées à haut risque sont traitées par des douaniers et des policiers. Il importe de noter que la zone portuaire est sous couverture CCTV. La douane vient aussi de recruter 81 recrues qui ont subi une formation interne d’un an. Elles seront postées dans des lieux stratégiques.

Le port et l’aéroport sont considérés comme deux points d’entrée pour différents types de drogues. Que fait la MRA pour stopper cette entrée ?
Une unité vient d’être instituée au sein de la douane pour lutter contre les ramifications des  drogues dangereuses sur notre territoire. Il s’agit de la Customs Anti Narcotics Section (CANS). Les douaniers sont affectés à divers points d’entrée stratégiques pour le profilage et le ciblage des passagers, des marchandises, des colis postaux, des courriers, des navires et des avions.

Des équipes effectuent des patrouilles régulières dans les zones portuaire et aéroportuaire pour un contrôle efficace. La douane est dotée d’équipements non intrusifs – scanners et détecteurs – pour repérer  les colis de drogue. Ces outils sont utilisés pour aider les douaniers dans la détection de drogues illicites.

Le département a aussi acquis un Fast Interceptor Boat (FIB) pour patrouiller le long de la côte et à l’extérieur du port. On travaille en collaboration avec les autorités nationales, régionales et internationales de lutte contre le trafic de drogue. La vidéosurveillance à l’aéroport et dans le port aide les douaniers à recueillir des renseignements pour cibler les mouvements suspects.

Cette unité d’antidrogue fonctionne-t-elle correctement ?
Tous ces officiers ont une bonne connaissance du cadre juridique, des lois douanières et autres dispositions relatives à la protection des frontières. Ils ont suivi une formation intensive sur les techniques de détection des drogues, la surveillance et l’intervention. Ces officiers ont été choisis en fonction de leur expérience, de leurs antécédents, de leur intégrité et de leurs aptitudes. Ils ont suivi une formation rigoureuse au niveau national, régional et international.

Y a-t-il suffisamment d’équipements pour combattre le trafic de drogue ?
Tous les points d’entrée dans le port et l’aéroport sont surveillés au moyen d’équipements non intrusifs. Il existe aussi une équipe K-9 (équipe de chiens renifleurs) pour surveiller de près les produits et les passagers. Plusieurs autres équipements (Portable Contraband Busters) sont utilisés dans la détection de drogues illicites qui peuvent indiquer la différence de densité entre l’article de contrebande et l’objet dans lequel il est caché. Il y a aussi le fibroscope utilisé pour chercher des objets cachés dans des points d’accès complexes sur les navires, les avions, les véhicules et dans les marchandises. Nous avons des détecteurs pour repérer des drogues ou des bombes. Sans compter des instruments à main pour détecter des drogues. Bientôt, deux nouveaux bateaux intercepteurs à coque rigide et un FIB seront acquis pour améliorer la protection des frontières.

Travaillez-vous de concert avec la police dans le port et à l’aéroport pour combattre le trafic de drogue ?
On travaille en collaboration avec la police et les officiers de l’Anti-Drug and Smuggling Unit, dans le port et à l’aéroport. Des réunions stratégiques se tiennent régulièrement au niveau de la direction de la MRA et de la police. D’ailleurs, un Memorandum of Cooperation entre la MRA et la police sera bientôt signé et ratifié.

Quels nouveaux équipements la MRA va-t-elle acquérir pour lutter contre le trafic de drogue ?
On doit toujours suivre la tendance et être à l’affût de la technologie.

 

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