Dans sa lutte contre le trafic de drogue et le blanchiment, la Mauritius Revenue Authority accentue ses efforts.
Publicité
L’organisme, avance Vivekanand Ramburun, a le pouvoir d’arrêter des gens et d’ouvrir des enquêtes, avant de confier les cas à la brigade antidrogue. La création d’une structure pour placer les suspects en détention est à l’étude.
Un département de la MRA étudie les activités des importateurs réguliers. Ceux jugés suspects sont placés sur une liste de ‘Imports Suspicious’.
Comment la Mauritius Revenue Authority (MRA) se prépare-t-elle à combattre le trafic de drogue à l’aéroport et au port ?
En août 2016, la MRA a mis sur pied la Customs Anti-Narcotics Section (CANS), dans le but de combattre le trafic de drogue. Cinq unités sont affiliées à la CANS. Il s’agit, en l’occurrence, de l’Info and Intelligence Unit, de la Seaport Operations Unit, de l’Airport Operations Unit, de la K-9 Dog Unit et de l’Anti-Money Laundering Unit.
Les douaniers affectés à ces unités sont appelés à agir en tant que Profilers. Ils sont chargés de vérifier les bagages et les sommes d’argent dont disposent les passagers. Les documents bancaires et ceux liés aux transferts d’argent (cash courier) sont aussi ciblés. Les colis sont passés au peigne fin durant les fouilles à bord des avions et des bateaux.
Les douaniers ciblent des colis suspects et procèdent à des inspections intrusives, c’est-à-dire sans que les propriétaires des colis ne soient au courant. Pour ces opérations, nous disposons de scanners, de détecteurs de drogue et de chiens renifleurs spécialisés pour les cas liés à la drogue et au blanchiment.
La MRA est-elle suffisamment équipée en termes de ressources humaines et de logistique pour ce combat ?
Soixante-neuf des 694 douaniers travaillent à la CANS. Ils ont été choisis pour leur expérience et leurs aptitudes. De plus, ils ont été formés pour identifier de la drogue et recouper des informations. Ils ont aussi reçu une formation en méthodes de surveillance. Ces cours ont été dispensés par des cadres expérimentés et des formateurs français.
En mars, 157 kilos de drogue ont été saisis, ce qui a permis le démantèlement d’un réseau. La MRA a-t-elle passé au crible ceux concernés pour des colis similaires ?
La MRA compte une Risk Management Section qui étudie les activités des importateurs réguliers. Certains sont placés sur une liste d’imports suspicious. Nous avons mis sur pied un système de courriels qui sert à informer tous les importateurs lorsque leurs codes sont utilisés pour valider des déclarations douanières. Toute personne qui utilise le code d’un importateur sans son aval doit être immédiatement dénoncée à la douane. En ce moment, nous menons des enquêtes sur des individus soupçonnés d’être impliqués dans de telles pratiques.
Pensez-vous que la MRA doit renforcer sa structure d’opération et ses équipements ?
Le rôle de la douane est de faciliter le commerce légal, de récupérer les impôts pour l’État et d’assurer un contrôle à la frontière pour protéger le pays. Nous sommes assez équipés en termes de ressources humaines et de logistique pour atteindre nos objectifs. Nous disposons d’une équipe de 69 officiers pour lutter contre le trafic de drogue. Il y en a 120 autres qui orientent leur travail pour éliminer la contrebande. L’évasion fiscale, les biens intellectuels, le commerce d’alcool et de la cigarette, entres autres, sont inclus.
Ces officiers disposent d’outils et de moyens technologiques, comme des scanners, des fibroscopes, des détecteurs de drogue et des équipements pour analyser les produits douteux. Au port, on a reçu, en 2016, un nouveau scanner pour le fret aérien qui remplacera celui de l’aéroport d’ici la fin de l’année. Un Fast Interceptor Boat a été acquis en mars, au coût de Rs 25 millions. Cette vedette facilite les interventions en mer et assure la surveillance maritime.
Qu’en est-il de la collaboration régionale ?
La MRA travaille en collaboration avec les services des douanes de la région. Parmi : le Mozambique, la Tanzanie, le Kenya, Madagascar, les Seychelles, les Comores et La Réunion. Nous avons établi une collaboration avec les services de douanes afghanes et pakistanaises, pour mieux tacler le trafic de drogue sur l’axe de la Southern Route le Smack Track. Il s’agit de trajets utilisés par les trafiquants de drogue depuis l’Afghanistan, en passant par le Pakistan et l’Iran, pour atterrir dans l’océan Indien et les régions africaines.
Une plateforme commune a été mise sur pied entre les unités et institutions locales. Elle inclut l’Anti-Drug and Smuggling Unit (Adsu), l’Independent Commission against Corruption, la prison, l’Assets Recovery Investigation Division, la Field Intelligence Unit et la Financial Services Commission. L’objectif : coordonner les services de renseignements, pour mieux combattre le trafic de drogue, le blanchiment et le financement du terrorisme.
L’Adsu a déploré le fait que la MRA publie des communiqués de presse sur les saisies, avant que ses opérations ne soient complètes. Votre avis ?
Les directeurs des douanes et l’Adsu tiennent des sessions régulières de travail. Il n’y a pas eu de telles doléances. Notre département des douanes et l’Adsu travaillent en étroite collaboration. Cela a permis le démantèlement de plusieurs réseaux de trafiquants de drogue à Maurice, au bureau de poste et à l’aéroport. Les informations fournies aux médias ont été recueillies par le Taxpayer Education and Communication Department après les exercices de controlled delivery et après avoir eu l’aval de l’Adsu.
Quels sont les projets futurs de la MRA ?
Un nouveau scanner sera installé à l’aéroport d’ici la fin de l’année. Cinq autres seront placés au port et à l’aéroport. Un scanner mobile sera aussi utilisé au port. Pas moins de 100 CCTV seront installées à différents endroits sous le contrôle de la MRA. Deux drones, équipés de caméras, assureront une surveillance aérienne au port et sur les côtes. Les mouvements des yachts et des bateaux de pêcheurs feront l’objet d’une surveillance. L’unité K9 sera renforcée avec un nombre accru de chiens renifleurs qui passera à 24 en 2021.
La question liée au pouvoir d’arrestation et d’enquête de la MRA sur le trafic de drogue a récemment été évoquée. Pensez-vous que l’organisme dispose des compétences et des moyens requis pour mener ce type d’opérations ?
La douane dispose du cadre légal nécessaire. La Customs Act nous permet de placer en détention les suspects pour contrebande et blanchiment. Nous pouvons, notamment, fouiller des véhicules suspects. Le directeur général de la MRA a le pouvoir de mener une enquête.
La douane bénéficie du soutien d’un département légal et d’une police fiscale, qui sont rattachés à la MRA. Ils peuvent mener les enquêtes. La formation des cadres qualifiés pour mener une enquête est constante. Nous pouvons aussi solliciter l’aide de la police pour les enquêtes. Nous travaillerons sur la mise sur pied d’une structure appropriée.
Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !