Visite papale : les talents mauriciens sollicités

La visite du pape François, à Maurice, le lundi 9 septembre, est un moment historique. Certains Mauriciens auront l’occasion de participer d’une manière ou d’une autre à cet événement. Comme il y a trente ans. Reportage.

Animation spirituelle : les jeunes à l’honneur

Tout est réglé comme du papier à musique, afin d’accueillir comme il se doit Sa Sainteté. De 9 à 11 h 15, les fidèles à Marie, Reine-de-la-Paix prépareront avec ferveur l’arrivée du pape François. Pour l’occasion, près de 200 jeunes, des quatre coins de l’île, ont prévu une animation à quatre volets, afin d’offrir une préparation spirituelle aux participants.

La pastorale des jeunes proposera une animation spirituelle,  indique Pamela Bugwendeen, coordinatrice des projets de la pastorale des jeunes et des vocations. La première partie de l’animation sera assurée par quatre groupes de jeunes, le Groupe 40, JMJ de Panama, Magis et Jésus Mon Berger. Le deuxième volet sera animé par Living Waters, Alpha jeunes et les jeunes du collège Lorette de Port-Louis. La suite de l’animation sera assurée par le père Laurent Rivet et Zezi United et le dernier volet par la Communauté de Chemin Neuf.

Chants, danses, cantiques et chants mimés figurent au programme de deux heures. « Les différents groupes seront accompagnés de musiciens et de danseurs. Les chorégraphies ont été élaborées par les jeunes eux-mêmes. Nous avons privilégié des chants mimés, afin de créer l’interaction avec le public. Une partie des danseurs seront devant et dans la crypte et les autres sur les plateformes latérales. Nous avons aussi choisi des cantiques connus, afin d’encourager la participation des fidèles », explique Pamela Bugwendeen.

Les répétitions ont démarré depuis mai et chacun s’attèle à répéter de son côté. Deux grandes répétitions sont prévues. Olivier Chaekajoula, 31 ans, fait partie des responsables de l’animation pour la première partie. Cette partie, qui dure vingt minutes, réunit trente jeunes âgés de 20 à 31 ans. Ces derniers se rencontraient deux fois par mois à la pastorale des jeunes à Rose-Hill. « C’est un honneur et une grâce pour nous d’avoir été choisis parmi tant d’autres. Je remercie Dieu chaque jour pour cette occasion », indique le jeune homme.

Lors du troisième volet, c’est le père Laurent Rivet et le groupe Zezi United qui prendront le relais. « Nous prévoyons quelques chants tels que Mett enn lagama, Nou Bondie Bon. Et nous terminerons avec des chants plus calmes, afin d’accueillir la Communauté de Chemin Neuf dans le recueillement. »    

Le public pourra suivre l’arrivée du pape François à l’aéroport SSR en direct sur des écrans géants qui seront installés à Marie, Reine-de-la-Paix. La messe débutera à 12 h 15. L’homélie du Saint-Père sera en italien, mais le père Philippe Goupille assurera en simultané la traduction qui mêlera français et créole. La messe prendra fin aux alentours de 13 h 45.

Le comité responsable de la liturgie s’est réuni sous la présidence du père Jean-Claude Véder à plusieurs reprises. Les préparatifs sont bien enclenchés pour faire de cette célébration un beau moment d’église qui tient compte de la réalité pluriculturelle de Maurice avec la participation des différentes composantes de la société mauricienne. On y verra aussi une forte présence et participation des îles de l’océan Indien.

Shaylee Devi Seebun : commentatrice de la visite papale en Italie

Shaylee Devi Seebun se décrit comme l’ambassadrice de la culture et de l’histoire de Maurice en Italie. La jeune femme a été choisie pour commenter la première visite du pape François à Maurice sur la chaîne de télévision catholique italienne TV2000. Les commentaires seront en langue anglaise, mais traduits en italien par une équipe de cette chaîne du Vatican.

Le programme commence dès que le souverain pontife foule le sol mauricien à 10 h 40 à l’aéroport Sir-Seewoosagur-Ramgoolam, à Plaisance, jusqu’à son départ à 18 h 45. Cela, en passant par la messe au monument Marie, Reine-de-la-Paix, la visite au caveau du père Laval et celle à la State House, à Réduit. « Je vais expliquer aux téléspectateurs le symbolisme derrière la visite papale à Maurice et ce qu’elle représente pour les Mauriciens. Ce sera également l’occasion de promouvoir Maurice et sa richesse culturelle et historique », explique Shaylee Devi Seebun.

En effet, elle s’attardera sur le développement de l’île, l’agriculture, le tourisme, le textile, les sites culturels et la pluriculturalité. « Le programme sera entrecoupé de clips mettant en avant la beauté de Maurice. Certaines de ces vidéos ont été réalisées par mes neveux », partage-t-elle.

Cela fait cinq ans que Shaylee Devi Seebun vit en Italie. Elle est d’ailleurs la seule Mauricienne à résider à Molise, dans le sud de l’Italie. « Depuis quatre ans, je me rends régulièrement à l’église du village de San Stefano où officie le prêtre, Padre Éric M’bika. Il est originaire de Bangui, capitale de la République centrafricaine. Il est un des rares prêtres à parler l’anglais et le français. Nous nous sommes noués d’amitié », relate-t-elle.

En mai 2019, le prêtre lui propose de devenir commentatrice du programme sur la visite du pape à Maurice. « Il m’a dit que je suis Mauricienne et personne ne connaît mon pays mieux que moi. Il a alors informé Francesca, secrétaire de TV2000. Il suit des cours pour pouvoir ouvrir une chaîne de télévision 2000 dans son pays d’origine. Donc, il a l’habitude de se rendre souvent à la télévision Vatican 2000. » Elle confie que le prêtre aime les plats mauriciens qu’elle lui prépare.

« Je suis contente et fière de pouvoir participer à cet évènement historique. Je m’estime chanceuse. Je vais mettre l’accent sur le fait que Maurice est aujourd’hui un pays développé. » Notre compatriote racontera également la vie et la mission du père Laval. Le 9 septembre marque d’ailleurs le 155e anniversaire du décès de Jacques-Désiré Laval, médecin français devenu prêtre.

Shaylee Devi Seebun a vu le jour dans le village de Camp-Thorel. Elle est la quatrième enfant d’une fratrie de cinq. Après sa scolarité au Professor Basdeo Bissoondoyal College, elle prend de l’emploi dans le département administratif de CMTI Distribution. C’est à la suite de vacances chez sa sœur à Londres en Angleterre, qu’elle décide de s’installer en Italie. Elle exerce actuellement dans une organisation, Officina Creativa, pour aider les enfants à parler la langue anglaise. Elle indique qu’elle a eu l’occasion de découvrir Rome, Venise, la côte amalfitaine, la Toscane, Milan, les Pouilles, Tropea et Naples.

Elle a passé quelque temps à Rome pour se préparer pour le programme. Shaylee Devi Seebun confie qu’elle va privilégier une tenue simple probablement une veste et un pantalon ce lundi.

Papamobile : «Un peu plus vite», a dit le pape Jean-Paul II

Octobre 1989 a été un mois béni pour de nombreux Mauriciens. Évaniste Pierre-Louis s’en souvient trente ans après. Âgé de 76 ans, il est à la retraite. Cet habitant de Poudre-d’Or a véhiculé le pape Jean-Paul II à deux reprises lors de sa visite sur l’île. Il a été un des deux chauffeurs du Saint-Père à Maurice.

« Quelque temps plus tard, j’ai travaillé dans la section transport aux Casernes centrales. Un jour, on m’a informé que j’ai été choisi pour véhiculer le pape Jean-Paul II. J’étais étonné, mais heureux. J’ai appris qu’il y aurait deux papamobiles : un Land Rover de la SMF et l’autre du Vatican. J’aurais à conduire le Land Rover », raconte-t-il.

Les répétitions s’enchaînent. « Il y a avait des protocoles à suivre et qui devaient être respecté. Il s’agissait surtout de la sécurité du chef de l’Église catholique », dit l’ancien policier.

Le jour J, il est chargé d’accueillir pape Jean-Paul II à bord du Land Rover blindé, à sa sortie de l’aéroport. « L’aéroport SSR n’était pas comme on le connaît aujourd’hui. On a fait une tournée, afin que le souverain pontifie puisse saluer la foule venue le rencontrer. À un moment donné, il m’a demandé gentiment en français : Un peu plus vite », dit Évariste Pierre-Louis avec le sourire. Il se souvient qu’il roulait à 5 km/h et il a accéléré légèrement.

Il y a quelque temps, il est tombé malade. Il s’est alors rendu à la paroisse Saint-Julien à Flacq où est exposée une relique du pape Jean-Paul II. « Je me suis recueilli et je lui ai dit que j’ai eu la chance d’être son chauffeur à Maurice. Je lui ai demandé de me guérir. Depuis cette visite à la paroisse, je vais mieux », témoigne-t-il.

En octobre de cette année, la papamobile mauricienne fêtera ses trente ans. Un projet pour la remettre à neuf sera entamé. « L’initiative revient à la paroisse de New-Grove où il se trouve. Un garage sera monté », indique Christophe Leroux, président de la Vintage & Classic Car Owners Association.

Il était encore adolescent quand le Saint-Père a visité Maurice en 1989. Quelques années plus tard, sa passion pour les voitures classiques et vintage, le pousse à s’intéresser à la papamobile locale. Il se renseigne et découvre que le Land Rover a été vendu par le gouvernement lors d’une vente à l’encan. Un garagiste basé à Vacoas se l’est offerte.

« Mais avant de vendre le véhicule, il fallait enlever la cabine blindée. Elle a été offerte à la paroisse de New-Grove. En 2012, j’ai découvert le châssis du Land Rover chez le garagiste. Il manquait quelques pièces. Mais il a accepté de le remonter à ma requête. La compagnie General Construction a transporté la cabine blindée et le véhicule dans son grand garage à Plaine-Lauzun pour les assembler. Puis, le Land Rover a été retourné à la paroisse. Il vieillit et il est plus que nécessaire de le conserver. Il représente notre patrimoine automobile. Et il n’y en a pas beaucoup à Maurice », fait-il observer.