Le gouvernement mauricien souhaite que l’Inde mette un peu plus sur la table que les Rs 12,7 milliards de subventions promises. Pravind Jugnauth a demandé une rallonge de USD 200 M.
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Port-Louis a officiellement demandé à l’Inde une nouvelle enveloppe d’environ Rs 7 milliards, sous la forme d’une subvention sans contrepartie. C’est le ministre des Finances Pravind Jugnauth qui a adressé la demande à New Delhi lors de son voyage dans la Grande péninsule.
Il explique que ce montant servira principalement à des projets d’infrastructures, notamment au niveau du port. Il a fait cette annonce mardi 20 septembre, lors d’une conférence de presse à son ministère à la Government House, à Port-Louis. « Si elle est acceptée, la subvention de l’Inde se montera à Rs 20 milliards avec les Rs 12,7 milliards déjà consenties. En plus, pour la construction du nouveau quartier général des gardes-côtes, j’ai fait une demande à New Delhi pour une subvention de USD 4 millions, soit environ Rs 141 millions supplémentaires », indique Pravind Jugnauth.
Le ministre qualifie sa visite en Inde de « réussite totale sur tous les plans avec un accueil chaleureux et des discussions fructueuses. Un nouveau chapitre dans les relations diplomatiques, économiques et culturelles entre les deux pays a été inauguré ».
Traité fiscal
Sur le dossier de l’accord de non double imposition (DTAA) entre l’Inde et Maurice, Pravind Jugnauth a fait une demande au gouvernement indien pour que les négociations en cours avec d’autres pays concernant leurs DTAA ne soient pas en défaveur de Maurice.
Pravind Jugnauth indique que l’accord de libre-échange entre l’Inde et Maurice, le Comprehensive Economic and Partnership Agreement (CECPA), était au centre des préoccupations d’une délégation indienne qui était à Maurice lors de son voyage en Inde. Elle a préparé une ébauche de propositions, ce qui démontre une réaction positive de l’Inde selon le ministre des Finances. « D’autres discussions sont à suivre dans l’intérêt de Maurice en termes de hausse des exportations et pour se renforcer en tant que plateforme pour les investissements en Afrique à travers une coopération triangulaire », explique-t-il.
Pravind Jugnauth a eu des rencontres avec des opérateurs économiques et le Board of Investment (BoI) a pu faire des présentations sur les occasions d’affaires à Maurice. D’ailleurs, répondant à une question de la presse, Pravind Jugnauth a concédé que le pays peut faire mieux en termes d’investissements directs étrangers.
Enfin, le ministre des Finances a vaguement évoqué la première réunion du comité interministériel le mardi 20 septembre. Trois comités (task force) assureront la mise en place des mesures budgétaires.
« Certaines mesures ont été mises en place très rapidement, d’autres prennent plus de temps comme la construction de la nouvelle Cour suprême par exemple. Lors de chaque réunion, nous faisons un suivi de l’évolution des travaux », dit-il.
Demande de visas sans procédures
Le Grand argentier a également fait une demande à la Grande péninsule pour qu’elle délivre des visas aux ressortissants mauriciens à leur arrivée en Inde sans procédures préalables comme c’est le cas pour les Indiens venant à Maurice. Il annonce aussi qu’Air Mauritius travaille actuellement sur l’augmentation du nombre de vols entre Maurice et l’Inde.
Selon Statistics Mauritius, pour les six premiers mois de l’année, 9 511 Mauriciens se sont rendus en Inde et 44 065 Indiens sont venus à Maurice.
Taxe de non double imposition : « Des critiques injustifiées contre Roshi Bhadain »
S’exprimant sur les négociations qui avaient été entamées par le ministre des Services financiers et de la Bonne gouvernance Roshi Bhadain concernant le Double Taxation Avoidance Agreement (DTAA), Pravind Jugnauth soutient que les critiques qui avaient été formulées contre son collègue étaient injustifiées. Pour Pravind Jugnauth, Maurice aurait certainement aimé continuer avec les anciennes conditions, mais les réalités sont aujourd’hui différentes.
Heritage City : « Aucun revival »
Interrogé sur l’avenir du projet Heritage City, Pravind Jugnauth a confirmé que lui et d’autres ministres iront prochainement s’entretenir avec le Premier ministre sir Anerood Jugnauth à ce sujet.
Dossier Chagos : d’autres menaces des Britanniques et Américains
Les Britanniques et les Américains ne se sont pas contentés d’émettre un communiqué rempli de menaces de sanctions économiques. D’autres menaces ont été proférées dans les coulisses. C’est ce qu’a affirmé le ministre des Finances lors de sa conférence de presse. Il dressait le bilan de sa mission en Inde et a expliqué qu’il a fait état de ces menaces au Premier ministre indien Narendra Modi.
« Il y en a eu d’autres mais je ne peux préciser comment ils ont procédé », a déclaré Pravind Jugnauth à une question du Défi Quotidien. « J’ai briefé le Premier ministre indien sur le comportement des Britanniques et des Américains. C’est important que le monde sache qu’ils nous menacent », a-t-il précisé.
Metro Express : les possibles modes de financement
Plusieurs sources de financement sont à l’étude par le gouvernement mauricien pour la réalisation du Metro Express. C’est ce qu’a confié le ministre des Finances lors de sa conférence de presse.
Outre les Rs 7,2 milliards qui avaient initialement été votées pour le projet et les Rs 2,7 milliards qui étaient destinées au projet Heritage City, Pravind Jugnauth a révélé que les emprunts bancaires ou encore un modèle d’actionnariat pourraient être deux des formules de financement. Le Grand argentier s’est également dit persuadé que Maurice pourra facilement s’inspirer du modèle indien. Il a notamment expliqué avoir eu des discussions sur le projet avec le ministre responsable du métro léger en Inde, Suresh Prabhu.
« J’ai aussi eu l’occasion de visiter le Daily Metro et de prendre connaissance de plusieurs aspects de ce mode de transport », a-t-il soutenu. Il a critiqué l’ancien Premier ministre Navin Ramgoolam pour son manque de sérieux sur ce projet. « C’est moi en 2010 qui avais dû convaincre Navin Ramgoolam pour aller de l’avant avec ce projet », a-t-il affirmé.
Financements : des dotations de Rs 13,5 M
L’Inde est un gros bailleur de fonds pour différents projets d’infrastructures, pour la sécurité et la défense. Le dernier Budget fait état d’une somme de Rs 13,5 milliards pour des projets en cours et pour les années à venir. Voici un aperçu de certains projets :
- L’acquisition du Dornier a été financée à hauteur de Rs 575 millions à travers une ligne de crédit indienne ;
- Maurice a aussi passé une commande pour deux Waterjet Fast Attack Crafts dont un sera financé par cette même ligne de crédit à Rs 633 millions ;
- La Grande péninsule accordera une subvention de Rs 1,1 milliard pour la construction d’un bâtiment qui abritera la nouvelle Cour suprême ;
- La modernisation des infrastructures maritimes et aériennes à Agaléga sera financée par le gouvernement indien à hauteur de Rs 685 millions ;
- L’acquisition de véhicules blindés légers pour le transport de troupes au coût de Rs 860,6 millions ;
- La construction de galeries d’art et d’un planétarium à Réduit en 2020/2021 sera financée par l’Inde au coût deRs 72 millions. Les travaux seront effectués en 2019/2020 ;
- Projet de développement intégré de Rs 2,2 milliards pour la National Coast Guard ;
- Prêt de Rs 20,2 M de l’Exim Bank de l’Inde pour l’acquisition en 2014 d’équipements et de véhicules pour la police.
« En tant que ministre des Finances, je dois savoir me montrer responsable. ‘Kan ena enn proze bizin montre popilasion le finansman total .Le Premier ministre a ses idées. Nous avons nos points de vue et j’ai le mien. »
Réactions
Penny Hack :« Optimiste, mais… »
« Je suis optimiste si le ministre des Finances affirme que notre traité avec l’Inde est meilleur. Toutefois, il faudra attendre 2017 pour voir comment la fin du traité se transposera dans la réalité », soutient l’avocat d’affaires Penny Hack. Entre-temps, il y a un déclin des affaires entre Maurice et l’Inde, fait-il observer. « Ce qui est tout à fait normal étant donné les circonstances », indique-t-il.
Pramode Jadoo : « On n’a pas d’alternative »
Pour l’économiste Pramode Jadoo, il n’y a rien de mal à solliciter l’aide d’un pays ami.
« L’Inde nous a toujours soutenus dans nos gros projets de développement », fait-il ressortir. Il ajoute que l’on doit aussi prendre en considération la capacité de remboursement du pays à long terme.
Pour lui, dans le contexte actuel, Maurice n’a pas d’alternative s’il ambitionne de faire de Port-Louis un port phare de la région. Celui-ci est un élément clé de l’économie.
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