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Violences à La Citadelle - Ranjit Jokhoo : «Les services de renseignement ont échoué»

Ranjit Jokhoo. L’ancien inspecteur de police, Ranjit Jokhoo.

L’irruption d’un groupe de personnes armées pendant un concert à la Citadelle, à Port-Louis, samedi dernier, a fait l’objet de débats lors de l’émission « Au Cœur de l’info », sur Radio Plus, hier. Jean-Luc Emile recevait plusieurs invités qui se sont exprimés sur l’ordre public et la sécurité.

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D’emblée, Ranjit Jokhoo, ancien inspecteur de police à la retraite, explique que les policiers qui assurent la sécurité lors des évènements tels que des concerts ne sont généralement pas armés, n’anticipant pas de dérapages majeurs. « Leur travail consiste donc essentiellement à réguler la circulation, à contrôler la foule ou à contenir de petits incidents provoqués par une ou deux personnes. Cependant, samedi, il me semble que la police a été prise au dépourvu, bien que les officiers présents ont tenté de gérer la situation, avant que les renforts n’arrivent », dit-il.

Pour l’ancien de la MCIT et du Central CID, les services de renseignement n’auraient pas été à la hauteur. « Si un groupe composé d’autant de personnes a pu entrer, c’est que notre service de renseignement, nos Field Intelligence Officers et les CID Officers ont  échoué d’une certaine manière », indique-t-il. Ce qui l’amène à dire que la police doit se remettre en question. « La police doit revoir sa stratégie, car c’est la deuxième fois qu’à Port-Louis, des incidents surviennent lors des évènements qui, à priori, devaient se dérouler sans problème », estime-t-il.

Dr Jonathan Ravat, lui, se montre plus indulgent envers la force policière. Le directeur de l’Institut Cardinal-Jean-Margéot et anthropologue des religions fait partie de ceux qui étaient présents lors du concert à Citadelle, samedi soir. Il explique que durant la journée de samedi, il se trouvait à Rose-Hill où se tenait la marche des fiertés organisée en faveur de la communauté LGBTQIA+. « Contrairement à La Citadelle, le soir, le déploiement de la police était plus important à Rose-Hill avec la présence de la police régulière et la Special Supporting Unit. Ce qui démontre que la police sait se mobiliser et prendre des mesures lorsqu’elle anticipe un danger. Mais c’est vrai que pour un évènement de levée de fonds et familial, on ne s’attend pas à ce genre de situation », fait-il ressortir.

Pour sa part, Saffiyah Chady Edoo, citoyenne engagée, dit placer sa confiance dans la force policière. « Je ne vais pas céder à la panique et aller jusqu’à dire que la police ne fait pas convenablement son travail ou qu’elle ne parvient pas à protéger le public. (…) je suis sûre que la police a tiré des leçons de ce qui s’est passé et que davantage de mesures seront prises à l’avenir », indique-t-elle. Cependant, elle avoue avoir une certaine appréhension. « En tant que parent, si demain mes enfants venaient à me demander la permission [d’assister à des évènements], je vais refuser jusqu’au jour où je serais certaine que la police saura prendre les mesures qu’il faut pour assurer la sécurité », ajoute-t-elle.Pour Géraldine Hennequin, leader d’Idéale Démocrate, ce qui s’est passé à Citadelle samedi soir serait loin d’être un cas isolé. « Dans le secteur de l’art et de l’évènementiel, nous constatons que c’est une séquence d’occurrences », fait-elle ressortir. Elle prend pour exemple la projection d’un film qui avait été stoppée ou encore l’annulation d’un concert au Champ de Mars, car il était prévu que l’alcool soit servi. Ce qui l’amène à dire que « l’espace artistique est en train d’être grignoté ». « Ce qui s’est passé samedi est un acte délibéré. J’estime que la réplique de la police doit être proportionnelle à la peur qui a été semée ce soir-là », exhorte-t-elle.

Intervenant par téléphone, l’avocat Veda Baloomoody a, quant à lui, réagi, aux deux charges logées jusqu’ici par la police contre les suspects arrêtés, soit « Rogue and Vagabond » et « Damaging property by band ». Il dit espérer que ce soit le bureau du Directeur des poursuites publiques qui se prononce sur les charges à loger une fois les dossiers entre leurs mains. « C’est l’institution la plus apte à loger les charges qu’il faut », estime-t-il.

 

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