Chaque année, des centaines d’hommes sont victimes de violence familiale. Toutefois, aucun encadrement ou structure de soutien n’existe pour eux. Si le ministère de l’Égalité des genres souligne l’importance de la prise en charge de ces victimes, Darmen Appadoo, président de SOS Papa, soutient qu’il s’agit d’un sujet encore tabou.
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Si les femmes demeurent les premières victimes de violence familiale, le cas des hommes battus est moins exceptionnel qu’on pourrait le croire. De janvier à juin 2016, 1 175 cas de violence conjugale ont été recensés, dont 123 hommes et 1 052 femmes, selon le rapport du bureau du Family Support sous l’égide du ministère de l’Égalité des genres. Pour la même période, à la Family Protection Unit, 3 756 cas ont été rapportés, soit 578 hommes et 3 178 femmes.
Si les hommes sont moins nombreux que les femmes à être victimes de violence conjugale, le nombre de cas enregistrés ne doit pas être ignoré. « Cette violence, qui demeure un sujet tabou, est mal répertoriée dans les statistiques officielles. Car les hommes en parlent moins, le déclarent moins. Il y a des hommes qui subissent les coups de leur conjointe. Ils sont maltraités, torturés psychologiquement et humiliés verbalement », explique Darmen Appadoo, président de SOS Papa.
« Les chiffres ne reflètent pas la réalité. Il est difficile de savoir combien d’hommes sont victimes de violence familiale chaque année. Car il n’y a pas eu d’enquête officielle. Même s’il ne s’agit pas de violence physique, il y a le bullying et le chantage exercé par les conjointes. Ayant facilement recours à un Protection Order contre son époux, la femme se fait souvent passer pour la victime. Elle fait du chantage et mène l’homme à la baguette. Ainsi, les conjoints, issus de tous les milieux, se sentent harcelés, torturés moralement et maltraités », souligne le président de SOS Papa.
Sentiment de honte
Une des raisons, selon Darmen Appadoo, pour lesquelles les hommes ne dénoncent pas leur partenaire, c’est la honte de s’exprimer par peur des moqueries. « On n’a jamais parlé de campagne de sensibilisation pour les hommes victimes de violence familiale. C’est pour cette raison qu’un homme se sentira humilié au moment où il se présente à la police pour dénoncer ce qu’il subit chez lui. Car le gouvernement a toujours placé la femme en tant que victime en matière de violence conjugale », s’insurge notre interlocuteur, qui estime que cela a minimisé le phénomène des hommes battus.
« La Police Family Protection Unit, à titre d’exemple, est composée presque essentiellement de femmes. Comment un homme battu arrivera-t-il à s’exprimer devant elles ? Certaines réactions des services sociaux, de la police, entre autres, n’aident pas les hommes victimes à dénoncer ce qu’ils ont subi. Parfois, leurs déclarations ne sont pas prises au sérieux. Il faut donc une parité femmes-hommes », suggère Darmen Appadoo.
« Il y a toute une équipe qui exerce dans les six locaux du Family Support Bureau à travers le pays. Il s’agit d’officiers de cette instance, de psychologues, de conseillers ainsi que de conseillers juridiques et d’officiers sur le terrain. L’objectif est de faire un suivi complet des victimes de violence conjugale, que ce soit des femmes ou des hommes », affirme un responsable du Family Support Bureau.
Hotline
Il précise que le Family Support Bureau « accueille des femmes ainsi que des hommes. Parfois, ils sont rongés par la honte et préfèrent communiquer par téléphone. Pour mieux les encadrer, on a le service d’assistance téléphonique 139 qu’on a mis à leur disposition. Cette hotline est spécialement conçue pour les victimes de violence familiale ». Il explique qu’à la suite d’une plainte, l’unité mise d’abord sur un service de médiation au sein du couple, en fonction des cas. « C’est pour cette raison qu’on étudie chaque plainte étape par étape pour bien cerner le problème. »
« Le ministère de l’Égalité des genres travaille en étroite collaboration avec la police pour une société gender neutral. La nouvelle loi vise à protéger toutes les victimes pour une meilleure société et la promotion de la paix au sein de la famille », souligne le responsable du Family Support Bureau. Et d’ajouter qu’il existe un département dans la force policière qui s’occupe des Protection Orders. « Outre le Family Support Bureau, on a la Family Welfare and Protection Unit et la Police Family Protection Unit. Ces deux départements s’occupent de l’émission des Protection Orders », soutient notre interlocuteur.
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