La Journée mondiale des femmes a été célébrée le 8 mars. Lors de cette journée, il est souvent question de la violence commise envers les femmes. Nombreux sont les cas recensées chaque année. Selon Statistics Mauritius, 2017 cas ont été enregistrés en 2016. Sylvia Rajiah, chef inspecteur de la Police Family Protection Unit, était l’invitée d’Xplik ou K.
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Quel rôle joue la Family Protection Unit ?
« La Police Family Protection Unit (PFPU) a pris naissance, il y a 24 ans, à la suite des nombreuses plaintes déposées par des femmes, majoritairement », explique Sylvia Rajiah. « Les cas n’étaient pas traités avec suffisamment d’intérêt, surtout pour celles qui étaient victimes de violences conjugales. Dans le passé, le bureau était connu comme le Children and Women Protection Unit. Avec le temps, le service a été étendu pour donner également la parole aux pères de famille », dit-elle. 40 officiers à Maurice et à Rodrigues sont à la disponibilité de ceux dans le besoin.« Ils sont également formés pour répondre aux cas de violence domestique et ont reçu des formations avancées sur l’écoute active pour obtenir une compréhension plus élargie de la victime. Par la suite, celle-ci sera informée de ses droits sous le toit familial. Elle obtiendra toutes les informations concernant les actions qu’elle pourra entreprendre.»
Procédures
« Nous travaillons en collaboration avec tous les postes de police. La PFPU ne fonctionne pas seule. Elle travaille en partenariat avec tous les postes de police pour fournir un service complet. Malgré le fait que le bureau de la PFPU soit ouvert de 9 heures à 16 heures, les policiers sont formés pour offrir le service requis au public. Je peux souligner que les forces de l’ordre mettent les bouchées doubles pour conscientiser et former le maximum de policiers afin qu’ils puissent mieux encadrer ces personnes en difficulté à toute heure. » Selon Sylvia Rajiah, quel que soit l’endroit où la plainte a été consignée, elle sera automatiquement référée à la FPU, mais l’enquête sera effectuée au niveau du poste. Il y a deux aspects à considérer : premièrement les violences mineures, notamment celles qui viennent de commencer dans la famille, on peut alors opter pour une médiation, par exemple, un counseling ou un avertissement. Si cette approche n’a pas fonctionné la première fois, la FPU pourra opter pour un ordre de protection à travers la cour. Parallèlement, le conjoint ou la conjointe sera informé(e ) et c’est la cour qui prononcera le jugement par rapport à l’ordre de protection.
Les cas les plus recensées
Il est à noter que la violence domestique est un cercle vicieux, Selon les relevés du FPU, « les conflits verbaux sont les plus recensés, en deuxième position suivent les reproches envers les conjoints, suivis des cas de maltraitance envers les enfants et les violences physiques et sexuelles. Tous ces cas sont traités avec un haut niveau de confidentialité. Aucun dossier n’est autorisé à sortir de l’enceinte du bureau, même pas pour aller en cour. C’est celui du poste de police qui sera présenté en cour. » Tous les dossiers sont confidentiels, cela afin que la victime garde confiance en la FPU, car souvent les victimes ne veulent pas que certaines informations soient révélées.« À travers le monde, ce sont les femmes les plus touchées. Cependant, soulignons que les hommes commencent à dénoncer. À notre niveau, nous mettons tout en œuvre pour mettre l’homme et la femme à l’aise, car c’est un droit humain d’être écouté.»
Qu’est-ce qu’un Protection Order ?
« Une ordonnance de protection ou Protection Order est une solution immédiate au problème de violence domestique. C’est un ordre, généralement temporaire, de la cour interdisant à l’agresseur de harceler physiquement, moralement et émotionnellement la victime, même s’ils cohabitent. Par ailleurs, la loi prévoit un Occupation Order pour contraindre l’agresseur de quitter la maison conjugale et de se tenir à distance de la victime. Dans certains cas, les deux conjoints obtiennent un Protection Order, mais c’est le magistrat qui décide. Il faut aussi savoir que ce n’est pas la police qui ordonne un ordre de protection. Au niveau de la PFPU, nous aidons la victime à faire sa demande de Protection Order et nous l’accompagnons en cour et nous allons nous assurer de sa protection. Même après l’obtention du Protection Order, nous gardons contact avec la personne, nous nous assurons qu’elle soit en sécurité. Et nous veillons qu’elle ne soit pas victime sous autre forme de violence. »
Mesures prises pour protéger les victimes
« Nous avons un programme en permanence dans les écoles, nous menons plusieurs campagnes pour sensibiliser les plus jeunes, au primaire et au secondaire, car souvent des parents sont en conflit. Ils ne peuvent prendre position entre leurs parents, de ce fait ils pourront être des médiateurs. En cas de soucis majeurs, au bureau, nous prenons contact avec les parents. C’est dans ce contexte qu’ils acceptent de venir de l’avant avec leurs problèmes. Quand les cas sont envoyés en cour, quand il y a eu violation, (Breach of Protection Order) de l’ordre de justice par des violences physiques avec des blessures, c’est le poste de police qui entre en jeu, pour prendre les déclarations. Dans le même temps, la victime sera assistée par la Police Family Protection Unit. Toutefois, les procédures de poursuite en cour sont menées au niveau de la police et non de la FPU. Il y a une collaboration fréquente avec le ministère de l’Égalité des genres. D’ailleurs, lors des descentes, les officiers du ministère sont présents ainsi que ceux de la Sécurité sociale. »
Reconstruction and Recovery Program
« Ce programme a été mis en place en 2017 et a porté ses fruits. Deux ou trois mois après être passés par la Police Family Protection Unit, les membres de la famille sont de nouveau convoqués. Nous refaisons une sensibilisation auprès d’eux et nous faisons également une enquête pour vérifier si le service obtenu par la PFPU a bel et bien aidé et apporté un changement. Cette formule a aidé à résoudre le problème et à préserver les couples, car il faut noter que le nombre de séparations et divorces est flagrant parmi ceux qui demandent un ordre de protection de la cour. »
Les structures mises en place par la PFPU
« Pour les femmes, il y a des shelters gérés par des ONG, et nous sommes très satisfaits de leur aide. Pour les enfants, c’est la Child Development Unit du ministère qui les prend en charge. Le ministère dispose des shelters où ils peuvent être placés. Malheureusement, en ce qui concerne les hommes, à ce jour, il n’y a pas de structure pour accueillir ceux victimes de violence. »
Questions des auditeurs
Mon mariage a duré trois mois, elle a fait de fausses allégations contre moi. L’affaire a été référée en cour et elle a obtenu son ordre de protection. Les allégations continuent malgré l’ordre de la cour. Pourquoi les hommes ne sont-ils pas autant écoutés que les femmes ?
« Des allégations ne sont pas des charges formelles. Il faut qu’elle prouve ce qu’elle avance. Cependant, chaque cas est unique et il est préférable de venir au bureau de la PFPU le plus proche pour obtenir de l’aide. »
Les parents de mes deux petits-enfants sont séparés. Ils sont négligés et en sont traumatisés. Le cas a plusieurs fois été référé à la CDU, j’ai même réclamé une visite de leur part, mais cela n’a aucunement résolu le problème.
« En ce qui concerne les enfants, c’est surtout la CDU qui intervient, mais nous pouvons aussi lui référer des cas. Nous pouvons convoquer les parents afin de trouver une solution pour que les enfants puissent vivre dans des conditions plus stables. »
La loi est-elle faite pour les seules femmes ? Souvent les officiers ne prennent pas en considération les deux versions, et ce sont les hommes qui sont inculpés.
« La loi est faite pour tout le monde. Elle est équitable et pas discriminatoire. Il se peut qu’en tant qu’officiers, les femmes sont plus nombreuses, mais il y a aussi des hommes qui travaillent à la PFPU. Et puis, il est vrai que les femmes dénoncent plus souvent que les hommes. Les autorités doivent avoir la même écoute pour tous. »
En chiffres
En 2016, sur 2 077 nouveaux cas de violence domestique signalés au ministère de l’Égalité des genres, du Développement de l’enfant et de la Protection de la famille, près de 89 % concernaient des femmes. Le nombre de nouveaux cas de violence domestique contre les femmes est passé de 1 452 en 2015 à 1 852 en 2016. Le nombre d’hommes victimes de violence domestique est passé de 174 à 225 au cours de la même période.
Environ 36 % des femmes victimes de violence conjugale ont signalé des agressions physiques de la part du conjoint ou du partenaire. 15 % des agressions verbales du conjoint ou du partenaire (mauvais traitements, harcèlement, abus et humiliation), 11 % des menaces de violence conjugale et près de 8 % au harcèlement par le conjoint. Les cas rapportés par des hommes concernaient principalement des agressions physiques de la part du conjoint ou du partenaire (21 %), des agressions physiques commises par des personnes vivant sous le même toit (17 %) et des agressions verbales par le conjoint ou partenaire (12 %).
Nombre de nouveaux cas de violence familiale déclarés, 2010 – 2016 (Source SatisticsMauritius)
Nombre de cas déclarés à l’Unité de développement de l’enfant, 2000 – 2016 source : StatisticsMauritius
(Source: StatisticsMauritius)
Contacter la PFPU
À savoir qu’il y existe 10 bureaux qui couvrent les cours de district et une branche à Rodrigues. Ci-dessous des numéros de contact :
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Les victimes peuvent aussi appeler au 139, numéro gratuit du ministère de l’Égalité des genres ou le poste de police le plus proche.
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