La voix cassée, tête baissée, il essuie de ses mains tremblantes les larmes qui ruissèlent sur ses joues. Jason explique avec peine qu’il est séparé de son épouse et que cette dernière l’empêche de voir son enfant, une fillette de 6 ans. Récit.
Publicité
Vendredi dernier, un homme pousse la porte de la rédaction d’Xplik ou K. À peine est-il assis qu’il commence à pleurer. Après un verre d’eau et quelques paroles réconfortantes, il lâche : « Mo nepli kone kot pou ale, akoz sa monn vinnla. Mo anvi trouv mo zanfan ».
À 35 ans, Jason (prénom fictif) explique qu’il recherche vainement de l’aide auprès des institutions concernées. « La loi (Ndlr : contre la violence domestique) inn fer zis pou fam sa ! » lance-t-il. S’il l’affirme, c’est parce qu’il a été arrêté puis libéré sous caution à deux reprises après des allégations de son ex-femme. « Nous sommes séparés depuis 2016, après 10 ans de mariage et 16 ans de vie commune. Notre couple battait de l’aile. Mon épouse, quand elle ne travaille pas dans un centre d’appels, passe tout son temps au casino et dans des soirées entre filles en discothèque. Je n’ai pu supporter cela, je suis parti. Elle a brûlé tous mes vêtements, vendu mes chaussures. Depuis, elle multiplie les allégations gratuites contre moi, allant réclamer un ‘Protection Order’. Et depuis qu’elle l’a obtenu, chaque fois qu’elle me voit, elle affirme que je l’ai violentée. »
Jason déplore un manque d’impartialité des autorités. « Dès que ma femme se rend à la police, on tient compte de ses allégations. Les deux premières fois, nul ne m’a demandé ce que j’avais à dire. Quand j’ai dit que des témoins pouvaient affirmer que je n’étais pas à l’endroit qu’elle avait prétendu, on me répondait : ‘Missié pa are nou ou bizin dire sa, dan la cour ou va koze’. Or, en cour, on m’a juste demandé ‘Koupab, pa koupab ? J’ai dit que j’avais des choses à dire. On m’a répliqué que ce n’était pas le moment de le dire. Donc, on vous arrête sur une simple allégation et il faut accepter d’être menotté, mis en cellule, présenté en cour comme un vulgaire criminel sans pouvoir se défendre et attendre que l’affaire soit appelée pour espérer qu’enfin quelqu’un vous écoutera. Les autorités réalisent-elles que toute cette procédure nous affecte moralement ? Dans mon cas, je risque de perdre mon emploi, car je me suis tellement absenté pour me rendre au poste de police, en cour, à la Child Development Unit ou au ministère de l’Égalité des genres que je me suis mis dans une situation insoutenable vis-à-vis de mon patron. »
Pendant tout ce temps, sa femme refuse de le laisser voir sa fille et multiplierait ses allégations. « Elle affirme que je l’ai agressée en cour alors qu’il y a des caméras partout, ainsi que tout près de son domicile sous surveillance de caméras CCTV. On m’a arrêté, mais la police n’a pas vérifié tous ces éléments ! »
Xplik ou K a contacté le ministère de l’Égalité des genres afin que Jason soit reçu pour exposer sa situation. Il a aussi rencontré Darmen Appadoo, président de l’Association SOS Papa, espérant qu’on lui prêtera enfin une oreille attentive.
Harcèlement
Le jeune homme explique avoir réclamé une Protection Order (en décembre 2016) contre son épouse qui le harcelait : « En cour, on nous a expliqué que si nous continuions à nous chamailler, l’un de nous finirait en prison et qu’il valait mieux trouver un arrangement. J’ai accepté, pensant que ma femme me laisserait voir mon enfant. Non, elle me prive de ma fille, dont je me suis occupé tout le temps qu’elle était absente. Je ne peux continuer à vivre sans voir ma fille. » « Sur papier, la loi contre la violence domestique protège tant le mari que la femme : c’est totalement faux. J’en suis la preuve. Chaque fois que je réclame le respect de mes droits de père, les autorités me renvoient à plus tard. Je suis victime de cette loi », déplore Jason.
Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !