Le secteur de l’assurance-vie est très peu connu à Maurice, sauf en ce qui concerne les couvertures pour véhicules. Pourtant, avoir une assurance est devenue prioritaire pour les Mauriciens, concernés dans leur immense majorité par les problèmes de santé et leur retraite. « La crise sanitaire a démontré que personne n’est à l’abri, et qu’il est important de nous protéger, ainsi que ceux qui nous sont chers », explique Vikash Peerun, Chairman de la National Insurance Company (NIC), qui vient de faire l’objet d’une transformation digitale.
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Quel est le bilan de la NIC depuis sa création ?
Le bilan est éminemment positif au vu des résultats du groupe NIC. Au cours de l’année financière 2022-23, notre chiffre d’affaires avoisinait les Rs 5,8 milliards, alors que nos profits atteignaient Rs 385 millions. Ce bilan financier solide s’explique par la mise en œuvre réussie de notre stratégie par l’équipe de direction, qui a pu compter sur le soutien indéfectible de notre personnel.
Nous avons, en effet, accompli un travail considérable pour déployer une stratégie multidimensionnelle. Nous avons complètement revu notre « business model » et opéré une restructuration du groupe pour optimiser nos ressources pour assurer le bon fonctionnement des opérations quotidiennes. Afin de gagner en efficience, nous avons amélioré notre réseau de distribution. En matière de produits et services, nos équipes ont conçu des plans d’assurance novateurs, dont certains sont uniques sur le marché mauricien. La transformation digitale est un élément central de notre stratégie de développement, en particulier pour l’amélioration du service client. Notre application mobile, I.Sphere, que l’on vient de lancer, en est un exemple concret. Les efforts entrepris ces dernières années ont jeté des bases solides pour assurer la croissance future du groupe.
Depuis mon arrivée à la présidence du Conseil d’administration, j’ai eu la chance d’être entouré par une équipe de professionnels compétents qui maîtrisent parfaitement leur sujet. Nous avons fait de la loyauté, la sincérité et la discipline nos valeurs clés, et je suis très heureux de voir le niveau d’engagement des collaborateurs qui n’hésitent pas à « go the extra mile » pour offrir un service de qualité à nos clients. Ces derniers sont des acteurs clés et nous mettons tout en œuvre pour les valoriser. Nous avons notamment revu les salaires à la suite d’un exercice indépendant afin de veiller à ce que tous nos collaborateurs soient correctement rémunérés.
Je tiens à remercier les membres du Conseil d’administration et du top management, en particulier le Dr Rishi Sookdawoor, Group Officer in Charge. Nos discussions sont toujours très animées et surtout constructives, puisqu’elles aboutissent à des stratégies pertinentes pour la progression du groupe ainsi que le bien-être de nos clients et de nos collaborateurs et agents. Je remercie tous nos partenaires, notamment nos agents, nos clients ainsi que le gouvernement et tous les ministères concernés. J’ai une pensée pour feu Dev Manraj qui, en sa qualité de Financial Secretary, nous a toujours fait confiance et soutenus.
Aujourd’hui plus que jamais, l’objectif est de progresser ensemble et d’assurer la pérennité du groupe qui joue un rôle important au service des Mauriciens.
Quel a été l’impact de la pandémie de Covid-19 sur la NIC ?
L’impact était mitigé. Si certaines catégories d’assurances générales, notamment pour les automobiles, ont eu un niveau de sinistres relativement plus faible durant la pandémie, d’autres segments d’assurance avaient, quant à eux, été plus touchés. Nous avons notamment assisté à une pression accrue sur le portefeuille des assurances médicales, par exemple.
Cela dit, la pandémie a permis une prise de conscience, d’un grand nombre de Mauriciens, de la nécessité d’avoir une bonne couverture d’assurance, en particulier l’assurance vie et l’assurance santé. La crise sanitaire a démontré que personne n’est à l’abri, et qu’il est important de nous protéger, ainsi que ceux qui nous sont chers.
La crise sanitaire a fait prendre conscience de la nécessité d’une couverture d’assurance pour préserver, voire améliorer notre style de vie"
La NIC vient de lancer l’application mobile I.Sphere. Qu’est-ce qui a motivé l’introduction de ce nouveau service ?
Le lancement de notre application mobile s’inscrit dans notre stratégie de transformation digitale. I.Sphere est une plateforme mobile qui nous permet de mieux servir nos clients. Grâce à cet outil, ces derniers peuvent gérer plus facilement leurs portefeuilles d’assurance et effectuer plusieurs activités, comme l’achat des plans d’assurance, soumettre et suivre leurs demandes et leurs réclamations, ou encore bénéficier de nos offres exclusives.
À la NIC, la digitalisation est un pilier stratégique, d’autant plus après l’introduction de nouveaux produits d’assurance innovants. Nous travaillons actuellement à la refonte complète de notre plateforme digitale en vue d’améliorer davantage l’expérience proposée à nos clients.
La croissance de la NIC passe également par une expansion régionale de nos activités. Nous explorons actuellement des opportunités en Afrique qui est, comme on le sait, un marché extrêmement porteur"
Diriez-vous que les Mauriciens sont plus conscients aujourd’hui de la nécessité de souscrire une police d’assurance ?
Nous constatons un changement graduel dans le comportement des Mauriciens, surtout après la pandémie. La crise sanitaire a fait prendre conscience de la nécessité d’une couverture d’assurance pour préserver, voire améliorer leur style de vie. Les bénéfices fiscaux offerts sur certains produits, tels que les assurances santé et les plans de pension, ont donné une dynamique positive au marché au cours des dernières années. Il reste néanmoins crucial de poursuivre la sensibilisation du public à l’importance de souscrire une couverture d’assurances et un plan d’investissement.
Avec la nouvelle génération, de nouvelles perspectives de croissance vont émerger dans différents domaines. Cependant, pour que cela se concrétise, il est essentiel que les jeunes générations fassent confiance aux institutions, notamment en matière d’investissements, où les risques peuvent être élevés et la complexité difficile à appréhender. Toutefois, avec l’évolution constante de la technologie et la vulgarisation des services, tels que ceux que nous proposons, il est possible de sensibiliser davantage et créer des opportunités. Nous croyons fermement que cela peut être accompli par une transparence accrue à travers une meilleure communication entre les institutions et les investisseurs.
De plus, nous estimons que l’éducation financière joue un rôle crucial dans la création d’une nouvelle culture en matière d’épargne et d’investissement. Les Mauriciens sont traditionnellement plus portés à investir dans des biens immobiliers, comme des terrains ou des maisons. En apprenant les bases de la finance, les épargnants, y compris les jeunes, peuvent mieux comprendre les risques et les avantages potentiels d’un plan d’investissement. Cette connaissance leur permettra de se sentir plus confiants et à l’aise lorsqu’il s’agira de placer leur argent.
Nous sommes engagés à permettre aux Mauriciens de faire des choix d’investissement éclairés et responsables, et ce en les aidant à acquérir non seulement les connaissances, mais aussi la confiance nécessaire pour réussir et créer les conditions d’un avenir meilleur pour leurs proches et eux-mêmes. En tant qu’institution responsable, nous nous engageons à fournir des informations claires et précises sur les investissements, ainsi que des conseils d’experts pour aider les investisseurs à prendre les bonnes décisions et atteindre leurs objectifs financiers.
Et cette approche fonctionne… Au cours des dernières années, nous avons enregistré une croissance de plus de 15 % pour les plans d’assurance vie comprenant un composant d’investissement. Idem pour les assurances santé.
Dans un secteur concurrentiel comme celui de l’assurance, comment la NIC se distingue-t-elle pour garder son attractivité ?
Compte tenu du nombre d’acteurs présents, le marché de l’assurance est extrêmement concurrentiel. Il est sensible à l’inflation et sujet à de nombreux risques, je pense notamment à ceux induits par le changement climatique, qui accroît la fréquence et la sévérité de certains phénomènes météorologiques.
Pour nous démarquer, nous misons sur l’introduction des produits d’assurance innovants et à valeur ajoutée ainsi qu’un effort soutenu pour améliorer de manière continue notre niveau de service, et par conséquent l’expérience proposée aux clients. Dans cette optique, nous avons lancé des plans sur mesure adaptés aux différents segments, en fonction des moyens de nos clients. Un exemple est notre plan « HealthSense for Government Officers », qui a connu un véritable succès auprès des fonctionnaires. Nos équipes sont engagées dans une perspective d’innovation constante pour répondre aux besoins actuels et futurs de nos clients.
La cybersécurité est l’une des composantes clés de notre stratégie digitale afin d’assurer un haut niveau de protection"
L’étroitesse du marché mauricien est-elle un frein à la croissance ?
Le marché est certes étroit, mais il est appelé à évoluer, et ce faisant, offrir de nouvelles opportunités de croissance. Consciente de cela, la NIC s’est engagée dans une stratégie de diversification de son portefeuille de produits, lançant plusieurs plans d’assurance inédits sur le marché, tels que le NIC Child Investment Plan, le NIC Pilgrimage Plan, le NIC Holiday Plan, le NIC Wedding Plan, le NIC Funeral Care Plan ou encore le NIC Oasis Home Plan.
Dans cette même perspective, la NIC a élargi son champ d’action au-delà du secteur de l’assurance pour offrir également des prêts à travers le NIC Smart Loans. Je suis heureux de vous annoncer que nous lancerons très bientôt un service de microfinance, qui s’adressera aux particuliers et aux ménages. L’objectif est de leur donner un coup de pouce pour réaliser un projet ou améliorer leur qualité de vie. Lors du dernier salon de l’automobile, nous avons une fois de plus innové, dans l’intérêt du grand public. Nous avions proposé un produit spécial, combinant l’assurance moteur et le smart loan pour l’achat d’un véhicule, avec des options pour échelonner les mensualités, l’objectif étant d’aider les clients à mieux gérer leur budget dans le temps.
Nous avons récemment ouvert une succursale à Rodrigues et surtout lancé une police d’assurance santé sur mesure pour la clientèle rodriguaise. En effet, ce produit couvre non seulement les soins de santé au seuil choisi par le client, mais prend également en charge le coût du billet d’avion vers Maurice dans son intégralité. Cela facilite l’accès à des soins de santé privée.
La croissance de la NIC passe aussi par une expansion régionale de nos activités. Nous explorons actuellement des opportunités en Afrique qui est, comme on le sait, un marché extrêmement porteur. Nous avons des compétences et des expertises pointues qui peuvent être exportées dans la région. Nous travaillons également à un projet d’expansion sur le marché indien, à travers une prise de participation dans le capital d’un acteur important de la microfinance. Des discussions sont en cours à ce sujet, et le dernier mot reviendra au gouvernement.
Quelles sont les attentes des assurés vis-à-vis des assureurs, surtout dans un contexte de hausse du coût de la vie et d’érosion des salaires ?
L’attente des clients est assez simple : ils veulent une assurance accessible qui s’adapte à leurs besoins, avec une prime raisonnable. Cette attente reflète parfaitement les changements sociétaux en cours. À la NIC, nous y sommes très attentifs, d’où nos efforts constants pour répondre à cette attente de manière proactive à travers de nouveaux produits et services.
Et les chiffres le confirment. Malgré l’inflation, nous avons enregistré une hausse des ventes de polices d’assurance. Cela démontre que notre offre répond aux attentes du public et que l’assurance reste un besoin pour nombre de Mauriciens, qui sont conscients de la nécessité de se protéger contre les risques d’aujourd’hui.
Le secteur fait parfois face à des tentatives de fraude en matière de réclamations de sinistres. Nous sommes particulièrement vigilants à ces risques"
Le secteur de l’assurance est-il bien régulé à Maurice ? La réglementation est-elle bien respectée, notamment en matière de protection des données ?
Le marché est très bien encadré par la Financial Services Commission, conformément aux lois et règlements qui régissent l’activité des compagnies d’assurance. Les règlements sont tout le temps mis à jour sur plusieurs aspects de l’industrie, garantissant la transparence, la stabilité du secteur, et la protection des assurés.
Le milieu de l’assurance traite directement les données personnelles, parfois sensibles, de tous les souscripteurs. Ainsi, au niveau de la NIC, nous devons veiller à ce que les informations qui nous sont confiées ne fassent pas l’objet de vol, ou de modification par des tiers. Pour assurer leur protection, plusieurs mesures de sécurité sont mises en œuvre. La cybersécurité est l’une des composantes clés de notre stratégie digitale afin d’assurer un haut niveau de protection.
Y a-t-il des cas majeurs de fraude à l’assurance à Maurice ?
Le secteur fait parfois face à des tentatives de fraude en matière de réclamations de sinistres. Nous sommes particulièrement vigilants à ces risques. Nous nous appuyons sur nos contrôles opérationnels rigoureux ainsi que l’expertise de nos professionnels. De plus, la collaboration entre les assureurs est essentielle pour parer efficacement à ce type de risques.
Dans quels domaines de l’assurance, les Mauriciens sont-ils plus sensibles à souscrire : la santé compte tenu du nombre de diabétiques et d’hypertendus ou la retraite ?
On note déjà une plus grande demande pour ces types de couvertures, car la préoccupation du jour des clients reste leur bien-être et leur santé ainsi qu’un confort financier à la retraite.
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