Législatives 2019

Un scrutin teinté d’incidents

Confusions, anomalies, … Les élections générales de jeudi ont été parsemées de couacs à différents niveaux et pour différentes raisons.

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Une application de la commission électorale qui fait l’objet de centaines de plaintes, 6 813 électeurs qui n’ont pu voter car leurs noms ne figuraient pas sur la liste électorale, des électeurs n’ayant pu voter à Trou-d’Eau-Douce qui ont exprimé publiquement leur colère, Anwar Husnoo qui s’est fait agresser verbalement par des partisans de formations politiques opposées à l’école Dr Idrice Goumany, à Port-Louis Maritime/Port-Louis Est… Bref, les incidents n’ont pas manqué. 

À Trou d’Eau Douce, en début de soirée, plusieurs centaines de personnes s’étaient rassemblées devant la Sir Pierre Dalais Government School pour faire montre de leur mécontentement de n’avoir pu voter. Le Commissaire électoral, Irfan Rahman souligne toutefois qu’il n’y a eu que 298 cas d’électeurs qui n’ont pu voter qui ont été répertoriés pour toute la circonscription Montagne-Blanche/ GRSE.

Navin Ramgoolam, leader de l’Alliance Nationale, a soutenu face à la presse à Vacoas que des électeurs ont « reçu de l’argent pour aller voter ».  Le Commissaire électoral, Irfan Raman affirme « qu’aucun incident de la sorte n’a été rapporté ». « J’ai demandé des explications et j’ai vérifié auprès des Returning Officers dans plusieurs bureaux de vote », ajoute-t-il dans une déclaration à Radio Plus.

Dans la circonscription no. 11, il y aurait carrément eu usurpation d’identité. Sorasuttee Prutab, âgée de 68 ans était d’ailleurs très remontée. Pour cause, quand elle s’est rendue à l’école primaire de Nouvelle-France, dans la circonscription no. 11 pour accomplir son devoir civique, elle a appris qu’elle avait déjà voté ! 

C’est vers 13 h 30 que Sorasuttee Prutab, accompagnée de ses deux filles, s’est rendue au centre de vote. Une fois sur place, Sorasuttee Prutab a présenté sa carte d’identité et a suivi les procédures en vue d’exercer son droit de vote. Elle a obtenu son numéro de votant avant d’être dirigée vers la salle où elle devait voter. 

« Kan monn arive, enn dimounn in crye mo non apre li rey li lor enn papye. Me apre enn madam inn dir mwa monn fini vote. Apre li dir, li rapel mwa e ki mo ti vini gramatin. Me manti, parski zame monn al vote gramatin. Mo soufer douler zenou, marse mem mo pa kapav, mo pa pou al vote de fwa. Mo panse enn dimounn inn vot dan mo plas ». Par la suite, on a proposé à Sorasuttee Prutab de voter, mais que ce sera un vote provisoire et pas sûr d’être comptabilisé. 

L’Electoral Commission a rapporté le cas à la police qui a ouvert une enquête. Le Commissaire électoral indique qu’il y a eu « deux ou trois cas d’usurpation ».

Un cas similaire a été rapporté à Quatre-Bornes. Un sexagénaire allègue s’être rendu à l’école primaire Louis Nellan pour voter. Mais, une autre personne aurait voté à sa place. « J’étais parti voter tôt le matin. Comme j’avais oublié ma carte d’identité chez moi, je suis revenu dans l’après-midi. Ena dimounn ti fini vot dan mo plas. […] Nimport kisana kapav pren ID, li vote e zot pa get figir dimoun la », a déclaré le sexagénaire en colère
Un autre cas a été répertorié au no. 10. Une électrice allègue qu’une personne avait voté à sa place lorsqu’elle s’est présentée au bureau de vote. « Mo trouv sa inpe bizar », a indiqué Irfan Rahman. Il a également déclaré « attendre un rapport complet sur ce sujet ».

Nizam Jewon, un habitant de Chemin-Grenier, n’a pu accomplir son devoir civique à la Charles Telfair Government School. Âgé de 61 ans, il soutient avoir toujours voté dans cet établissement. « Bann ofisie inn rod mo non e pa finn trouve. Mo pann kapav vote. Mo ena lespwar ki mo parti pou sorti.... » a t-il soutenu.

Á Richelieu, une personne était en possession d’un papier aux couleurs d’un parti politique alors qu’elle s’apprêtait à voter. « Sur ce morceau de papier, il y avait le symbole d’un parti politique », confirme Irfan Rahman. Il confirme qu’une plainte a été déposée au bureau de vote de l’école du gouvernement Emmanuel Anquetil, Port-Louis. Une personne avait photographié son bulletin de vote alors que c’est formellement interdit. La police a ouvert une enquête.

Plusieurs candidats soutiennent que des électeurs se plaignent de ne pas avoir vu leurs noms sur la liste électorale. Ivan Collendavelloo, vice-Premier ministre et candidat au No. 19, a, dans une déclaration à la presse, soutenu : « Le bureau du Commissaire électoral devra vérifier deux points. Premièrement, un électeur ne doit pas être disqualifié parce qu’il a oublié sa carte d’identité. Il faut initier une enquête […] Et deuxièmement, le recensement doit être fait comme il faut. Car il y a des électeurs qui sont enregistrés depuis 15 ans et aujourd’hui, leurs noms ne figurent pas sur la liste ».

Samedi 9 novembre, au Centre social Marie-Reine-de-La-Paix  : recensement du nombre de personnes non-enregistrées

 « Votre nom ne figurait pas sur les listes de la Commission électorale ? Nous vous proposons ainsi de vous réunir et de procéder à un recensement discipliné et rigoureux », affirme un communiqué émis par Géraldine Hennequin-Joulia et Jean-François Leckning aux personnes qui n’ont pu voter. Ils estiment que cette « anomalie » doit être quantifiée. Selon eux, il s’agit d’une question démocratique importante. 

À chaque citoyen mauricien qui s’est rendu dans un centre de vote ce jeudi et qui n’a pu voter, les deux signataires leur demandent de s’inscrire auprès d’eux, le samedi 9 novembre, de 9 à 18 h au Centre social Marie, Reine-de-La-Paix, rue Saint-Georges, Port-Louis. Les personnes intéressées doivent se munir de leur carte d’identité pour s’enregistrer dans le but de quantifier le nombre de personnes qui ne sont pas enregistrées auprès de la Commission électorale.

 

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