Deux personnes ont été arrêtées vendredi au Cachemire indien pour le lynchage d'un policier, battu à mort devant la grande mosquée de Srinagar où les fidèles le soupçonnaient de les espionner.
Publicité
La vallée de Srinagar, située dans la partie administrée par l'Inde de cette région poudrière, vit depuis avril au rythme d'une énième vague de violence. Les fusillades opposant rebelles aux forces de sécurité et les manifestations meurtrières contre New Delhi sont quasi-quotidiennes.
"Un nouvel officier de police a donné sa vie pour son devoir", a annoncé la police dans un communiqué vendredi, rapportant qu'il avait été "attaqué et frappé à mort par la foule".
Deux personnes ont été interpellées et une autre identifiée, ont par la suite indiqué les autorités.
Tard dans la nuit jeudi, des personnes ont abordé Mohammad Ayub Pandith alors qu'il prenait des photographies avec son téléphone portable à l'extérieur de la mosquée de la vieille ville de Srinagar durant "la nuit du destin", un temps fort du ramadan musulman où se tiennent des prières nocturnes.
Selon des témoins, des fidèles ont demandé au policier, qui était en civil, de s'identifier. Saisi de panique, il a sorti son pistolet et tiré, blessant trois personnes. Son collègue, qui ne portait pas non plus d'uniforme, s'est enfui.
"À ce moment-là, des jeunes se sont jetés sur lui, lui ont arraché son arme et plus de gens sont venus et ont commencé à le frapper", a relaté à l'AFP un témoin qui a souhaité conserver l'anonymat.
Malgré les restrictions de déplacements imposées à la suite de cet événement dans le quartier historique de Srinagar - traditionnel théâtre d'affrontements entre manifestants et forces de sécurité indiennes - pour éviter de nouveaux débordements, des centaines de lanceurs de pierres se sont mesurés à la police.
Le plus haut dignitaire religieux du Cachemire, Mirwaiz Umar Farooq, a dans un tweet condamné ce lynchage, qu'il a qualifié de "profondément perturbant".
"Nous ne pouvons laisser la brutalité de l'État nous prendre notre humanité et nos valeurs", a-t-il ajouté.
Le plateau himalayen du Cachemire est de facto divisé entre l'Inde et le Pakistan. Depuis la Partition de 1947, New Delhi et Islamabad se déchirent pour le contrôle de la région, un conflit dont découle une insurrection séparatiste dans la partie indienne.
196 personnes, dont 55 civils, ont péri dans des violences au Cachemire indien depuis le début de l'année, d'après des groupes de défense des droits de l'homme.
Une partie de la population locale éprouve un profond ressentiment envers l'Inde, perçue comme une puissance occupante. Avec un demi-million de soldats indiens postés sur son sol, la région à majorité musulmane est l'une des zones les plus militarisées au monde.
Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !