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Un laisser-aller généralisé

Un navire battant pavillon libérien a pu, sans encombre, sans permission préalable, échappant à la vigilance totale des autorités locales, pénétrer dans notre zone maritime rapprochée et échouer sur nos côtes sans être repéré. Et si le MV Benita transportait de la drogue ou des armes pour commettre un attentat terroriste sur notre territoire ? Sur un plan plus large, le constat concernant la sécurité dans le pays est des plus alarmants. Il ne se passe pas un jour sans qu’un cas de violence aggravée ou de vol (en tous genres) ne soit répercuté dans les médias ou rapporté à la police. La peur s’installe. Des armes à feu circulent dans le pays. Les récents événements à la rue Saint-Georges et à St-Hubert donnent froid dans le dos. Les méthodes des bandits évoluent. Ils tendent des embuscades, provoquent des accidents de la route banals avant de passer à l’attaque, menaçant les conducteurs avec des armes tranchantes,  les obligeant à dévoiler leurs codes PIN ou de se rendre à un guichet automatique pour effectuer des retraits. D’autres, circulant à moto, ciblent les personnes âgées et les femmes sans défense pour leur voler, à l’arraché, bijoux et autres objets de valeur. Une personne qui vit seule est aujourd’hui devenue une proie facile pour des voleurs en quête d’argent pour s’acheter de la drogue. Dans certaines régions, les habitants hésitent à sortir dès le crépuscule. Le laisser-aller et l’indiscipline sont partout. C’est d’ailleurs l’une des causes principales du nombre croissant d’accidents et de morts sur nos routes. Dans le milieu scolaire également, devant le laxisme, pour ne pas dire la négligence voire la démission pure et simple des autorités concernées (responsables éducatifs, parents mais surtout la force de l’ordre), la situation n’a fait qu’empirer ces dernières années. Langage ordurier des élèves, garçons comme filles, comportement immoral et gestes obscènes dans les lieux publics et les autobus, consommation d’alcool et de drogues synthétiques, pagaille dans les gares et vagabondage dans les shopping mall après les heures de classe… qui s’en soucie vraiment ? Que notre société soit en proie à une dégradation inquiétante de toutes ses valeurs est indéniable. Même si la force policière n’est en aucun cas responsable d’un tel état des choses, c’est à elle, en revanche, qu’il incombe de combattre ses effets selon les paramètres définis par la Police Act et le Judge’s Rule. Si, en 2011, la police avait pris l’engagement, lors de la présentation du National Policing Strategic Framework (NPSF), d’introduire « un nouveau style de gestion », « une nouvelle culture et une approche plus professionnelle » dans le maintien de l’ordre et la paix publique, la situation actuelle sur le terrain et les innombrables complaintes des citoyens sur les radios privées démontrent une certaine défaillance, pour ne pas dire une défaillance certaine, du système de law and order dans le pays. Certes, les membres des forces de l’ordre sont parfois appelés à opérer dans des conditions fort contraignantes (moyens et équipements inadéquats, voire obsolètes, stations vétustes). Mais quand c’est la frustration engendrée par le fait de ne pas avoir obtenu une promotion qui sclérose la force policière (sentiment qui est fréquemment véhiculé dans les médias par des membres de la force eux-mêmes), l’on se demande si ce sont les citoyens qui respectent les lois et paient leurs impôts qui doivent payer les pots cassés alors que toute doléance relative aux promotions ou nominations au sein de cette institution doit essentiellement être adressée à la DFSC ou au commissaire de police. Aux yeux du public, « la confiance et la sérénité », sur lesquelles l’accent a été mis lors de la présentation du NPSF, ne reviendront qu’après une restructuration de fond en comble de la force de l’ordre. Le recrutement des officiers additionnels est souvent présenté comme la panacée aux maux qui rongent l’institution. Mais force est de reconnaître que, dans les circonstances actuelles, sans un changement diamétral au niveau de la conscience professionnelle et du mindset, aucune amélioration ne sera possible. Or, à ce niveau-là justement, la force policière n’a point connu de changement ces dernières décennies, ce qui a provoqué une stagnation inquiétante de l’institution. Il est temps donc d’attraper le taureau par les cornes, ce pour la sécurité et le bien-être de la population dans son ensemble.
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