Maurice est un des seuls pays au monde à avoir décrété jour férié la fête d'Ugadi. Pour la troisième année consécutive, cette fête célébrant la nouvelle année pour les Mauriciens de foi télégoue est perturbée par la Covid-19. Elle sera donc célébrée avec la même ferveur, mais moins d'effervescence et en toute sobriété en famille.
C’est avec beaucoup de ferveur et de dévotion en famille que la communauté télégoue vivra, cette année encore, ce temps fort du passage à la nouvelle année. Si les télégous ont été épargnés par le confinement, toutefois les restrictions ne leur permettent pas de se rendre au « mandiram » pour les prières. Une fois de plus, tout se passera en ligne : les prières, le « panchanga charavanam » qui sont les prédictions pour l'année, ainsi que le spectacle culturel.
« Faute de ne pouvoir célébrer avec faste Ugadi, la Mauritius Telugu Maha Sabha Youth Wing est partie à la rencontre des Mauriciens dans quatre centres commerciaux à travers l'île ces dernières semaines. Nous avons mis en lumière le symbolisme autour de la fête à travers des démonstrations et des dégustations », explique Balkrishna Appadoo, prêtre de la Mauritius Telugu Maha Sabha.
Il indique qu'Ugadi représente la nouvelle année, selon le calendrier lunaire hindou. « Yuga » signifie une ère, une période et « adi » le commencement. Yugadi ou Ugadi est le commencement d'une ère. « Le jour d'Ugadi, nous nous levons avant le lever du soleil pour prendre un bain sacré appelé le « abhyanga ». Ce jour-là, nous faisons un massage de la tête et du corps avec de l'huile. Certains y mélangent des grains secs et du safran », fait ressortir Balkrishna Appadoo.
Après ce bain, il est préconisé de porter des habits neufs et de décorer la maison. Placé devant la porte, le « muggulu », réalisé à partir des fleurs et du riz colorés, symbolise la prospérité. « Le riz ou la poudre de riz placé devant la porte empêchent les insectes d'entrer dans la maison. Des guirlandes de feuilles de manguier, placées à l'accueil, représentent l'oxygène », selon le prêtre.
Une journée remplie de symbolisme
Dès la matinée, les femmes s'attèlent à la préparation du « ugadi pachadi », un mélange de six goûts différents : sucré, acide, salé, piquant, épicé et amer. Cet ensemble symbolise que la vie est faite d'un mélange de bonheur, de tristesse, de colère, de dégoût, de peur et de surprise. Le « ugadi pachadi » est le premier repas à consommer l'estomac vide. « C'est une médecine pour le corps et l'esprit. Dans ce mélange de six goûts rien ne doit dominer. Cela signifie que dans la vie nous devons accepter tout ce qui vient avec égalité d'esprit, car nous sommes tous égaux », précise le prêtre télégou.
Des douceurs sont aussi préparées : l'« ariselu », un gâteau à base de riz moulu, le « palkailu» , un gâteau à base de riz et de farine ou même le gâteau « zamberik » réalisé comme un beignet. Après les prières en famille, l'on se souhaite bonne fête dans le respect du protocole sanitaire et les gâteaux sont partagés à la famille, aux voisins et aux amis.
Le « panchanga charavanam » est aussi un élément important de cette fête. C’est de Solitude que les prédictions de l'année seront prononcées en live par un prêtre de l'Inde et traduites en créole par l'acharya Balkrishna Appadoo pour le public.
Cette année signe la fin d'un cycle de 60 ans. Elle était marquée par le signe du bateau, un voyage dans l'océan rempli de hauts et de bas qui fait écho à ces deux années marquées par la pandémie. « La nouvelle année « shubhakrut » indique que tout redeviendra à la normale avec un peu de patience, cela n'arrivera pas du jour au lendemain », conclut-il.
Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !