Trois meurtres avoués Umyaad Ebrahim : le tueur en série autoproclamé 

l Un examen médical confirme sa lucidité

Incarcéré depuis mai 2021, Umyaad Ebrahim, âgé de 39 ans, s’est retrouvé projeté au-devant de la scène en début de semaine. Après avoir avoué il y a deux ans les meurtres de Bibi Zahira Ramputh et Hema Coonjobeeharry, qui étaient toutes deux âgées de 40 ans, il vient d’admettre en avoir commis un troisième. C’était lors d’un interrogatoire mené par les limiers de la Major Crime Investigation Team (MCIT). 

Durant cet exercice qui a été filmé, il a raconté avoir tué un travailleur bangladais après l’avoir surpris volant des légumes. Umyaad Ebrahim a précisé qu’à l’époque, soit en 2018, il travaillait comme gardien sur ce site à Mare-d’Albert et qu’il vivait sur place. 
Selon ses dires, lorsqu’il a demandé des explications au Bangladais, ce dernier serait devenu violent. Umyaad Ebrahim dit ne pas s’être laissé faire. Après une lutte, il l’aurait étranglé. L’homme se serait écroulé. 

Puis, loin des regards et des habitations, Umyaad Ebrahim aurait décidé de creuser un trou pour y dissimuler le cadavre. Le trentenaire, qui assurait le gardiennage sur un lieu où il y avait un poulailler, a raconté avoir transporté le corps sur un terrain abandonné à quelques mètres de son lieu de travail pour l’y enterrer. Une fois son forfait commis, il n’en aurait parlé à personne. 

Dans ses aveux, Umyaad Ebrahim a même indiqué l’endroit où il a enterré le cadavre de ce jeune homme. Lundi, la Special Mobile Force a commencé à creuser dans le but de récupérer des restes humains. Mais après quelques heures de fouille, la pelleteuse est tombée en panne. Les fosses creusées étaient d’une profondeur considérable. 

Pourquoi briser le silence après deux années d’incarcération à la prison de Beau-Bassin ? A-t-il été pris de remords ? Ou souhaite-t-il simplement narguer la police ? Ce sont autant de questions qui surviennent vu qu’aucun cadavre ni ossement n’a été trouvé dans un champ de légumes à Mare-d’Albert, dans la région de Plaine-Magnien. 

Après ces recherches infructueuses, les enquêteurs de la MCIT s’attellent à vérifier les déclarations d’Umyaad Ebrahim. Pour expliquer le fait qu’aucun reste humain n’a été trouvé à l’endroit qu’il a indiqué, il a plaidé la confusion. Il a soutenu que les lieux ont subi une transformation avec le temps. « Plas-la inn sanze. Avan ti bwa sa », a-t-il dit. 

Son grand déballage ne s’est pas arrêté là. Ce tueur en série autoproclamé a aussi dit avoir commis deux autres meurtres : l’un à Curepipe non loin du domicile de ses parents et l’autre dans le Nord du pays. Mais à ce jour, aucun de ces cadavres ni aucun reste humain n’a été découvert. Des recherches en ce sens devraient être entamées la semaine prochaine. 

Dans le cas de Mare-d’Albert, les Casernes centrales affirment avoir enclenché les procédures nécessaires pour poursuivre les fouilles. Des démarches pour solliciter les services d’opérateurs privés auraient été entamées. 

« Tank ki pa gagn kadav ou skelet, lapolis pa pou kapav fer gran soz », confient des sources proches de la MCIT. À son retour de Mare-d’Albert lundi, Umyaad Ebrahim a été reconduit à la prison de Beau-Bassin. 
Durant le trajet, qui aura duré environ trois quarts d’heure, il serait resté pratiquement muet. Il aurait simplement dit qu’il est sûr d’avoir indiqué le bon endroit à la police. « Lamem ti antere », aurait-il martelé. Du côté de la MCIT, on s’active à éplucher la longue liste des personnes disparues, surtout des travailleurs étrangers. 

Un homme méticuleux et précis 

Déjà fiché pour viol et séquestration par les services de police, Umyaad Ebrahim a enchaîné les troubles psychologiques depuis 2017. Dépressif, il avait été interné à l’hôpital psychiatrique Brown Sequard à Beau-Bassin avant de quitter l’établissement. Quatre années plus tard, il a sévi après avoir ciblé Zahira Ramputh et Hema Coonjobeeharry. 
Beau parleur, il faisait croire à plusieurs femmes qu’il projetait de se rendre au Canada pour s’y installer. Entrevoyant un possible rêve se concrétiser, les deux mères de famille de 40 ans sont tombées dans le panneau avant de se faire tuer. 

Le 18 mai 2021, Umyaad Ebrahim avait posté, avant son arrestation, des commentaires sur Facebook, soutenant qu’il méritait lui-même la peine capitale. Il répondait à des commentaires sur une chanson qu’il avait postée sur sa page. Des femmes avaient publié « Stop torturing yourself » en réplique aux commentaires d’Umyaad Ebrahim. 
Après les révélations de la semaine dernière, la police a constaté qu’il était toujours cet homme méticuleux et précis. En avouant les crimes, il aurait fourni des détails sur ces présumés autres meurtres. « Li pa bet. Li kone ki li pe fer », confie-t-on dans les couloirs de la MCIT. Des enquêteurs chevronnés sont convaincus qu’il a à son actif d’autres meurtres et qu’il aurait dissimulé les cadavres. 

Mai 2021 : les proches d’Hema Coonjobeeharry alertent la MCIT 

En mai 2021, les proches d’Hema Coonjobeeharry avaient contacté la MCIT dès qu’ils avaient pris connaissance de la mort de Zahira Ramputh. Ils avaient expliqué qu’elle ne donnait plus signe de vie. L’affaire avait été rapportée à la police de Bambous.
 
Pressé de questions, Umyaad Ebrahim avait fini par avouer avoir tué la mère de famille le 13 mai 2021. C’était trois jours après qu’elle était allée chez lui dans une maisonnette érigée dans le verger de litchis où il vivait. 

Selon ses dires, il l’aurait tuée après que Zahira Ramputh aurait refusé de quitter les lieux à sa demande. Cette dernière avait, elle, été étouffée à mort. Il avait agi de sang-froid après avoir lui-même invité la femme à venir chez lui.