Faits Divers

Trois jeunes disparaissent à Montagne-Jacquot - Nazima Rackloo : «Ils étaient fils uniques, mais vivaient comme des frères»

Leur vie a basculé en l’espace de quelques instants. Wasim Oderuth, Suhail Rackloo, Shahaan Jurawon et Muntasir F., quatre amis de 18 ans, étaient sortis mercredi soir. Ils voulaient voir les vagues à Montagne-Jacquot, mais ils ont été emportés par une forte houle. Seul Muntasir s’en est sorti. Ses trois amis ont disparu en mer.

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Jeudi, un premier corps a été repêché. Il s’agit de Wasim Oderuth. Les recherches s’activent pour retrouver les deux autres jeunes. Leur disparition tragique a plongé trois familles dans l’angoisse. Suhail Rackloo et Shahaan Jurawon sont originaires de Vallée-des-Prêtres, alors que Wasim Oderuth habite Morcellement Peerun, à Terre-Rouge.  Depuis leur enfance, ces jeunes se cotoyaient. En grandissant, leur lien s’est raffermi. Ils partageaient plusieurs points en commun, notamment celui d’être des fils uniques. « Se bann zenfan lakaz. Saken ti garson inik, me zot ti viv koma frer », dit Nazima Rackloo, la mère de Suhail, en sanglots.

 Ils ne manquaient aucune occasion de se voir et sortir ensemble. « Ma fille aînée est à l’étranger. Il n’y avait que mon fils et moi. Il voyait souvent ses amis, qui n’avaient pas de frères non plus. C’était des enfants exemplaires et des élèves brillants. Ils venaient tous de recevoir leurs résultats de HSC et avaient tous réussi », poursuit Nazima Rackloo.

Ensemble à la gym

Et tout dernièrement, avec Muntasir F., autre ami, ces jeunes ont découvert  un passe-temps. « Mon fils disait qu’ils avaient perdu du poids. Ils avaient fait beaucoup de sacrifices pendant leurs examens. Une fois cette étape franchie, en décembre, ils avaient du temps libre. Alors, ils se sont inscrits dans une salle de gym pour prendre du muscle. Ils y allaient fréquemment », explique la mère au bord des larmes. « Sak fwa mo garson revinn lakaz apre gym, li ti pe dir mwa get so misk », se remémore-t-elle péniblement.

«  Quand j’apercevais l’un d’eux, je savais que la bande n’était pas loin », nous dit un proche de Shahaan Jurawon. Quelques jours avant leur disparition tragique, il explique les avoir rencontrés.  «  Ils avaient une canne à pêche et disaient se rendre à Montagne-Jacquot. Je leur ai recommandé la prudence », ajoute-t-il.

Et mercredi, les quatre amis se sont de nouveau rendus sur cette falaise, située non loin de la prison de Petit-Verger, à Pointe-aux-Sables. Le drame s’est joué vers 18 h 30. « Ils devaient se rendre chez le coiffeur, car ce lundi, ils avaient des entretiens d’embauche », nous dit Nazima Rackloo. Mais le destin en a décidé autrement.

 Depuis la disparition de ces jeunes inséparables, leurs amis et proches se rendent chaque jour à Montagne-Jacquot pour voir où en sont les recherches. Chaque heure et chaque jour qui passe est un vrai supplice pour les familles. « Depi merkredi mo vini. Mo reste. Ki mo pou fer lakaz. Mo nepli ena personn. Cette attente est insoutenable », lâche Nazima Rackloo en larmes.

Nuits blanches

Nawshad Jurawon, le père de Shahaan, tente tant bien que mal de garder son calme. Croyant dans un premier temps que le corps repêché était celui de son fils, il s’est précipité à l’hôpital de Candos. « C’est un bijou que je perd. C’était un fils obéissant. Il était l’aîné. Ses amis étaient ses frères. C’est dur pour nous tous. Nous passons des nuits blanches », dit-il.

Recherches dans des conditions difficiles pour les sauveteurs

Les recherches pour retrouver les deux amis se poursuivent. Les éléments du Groupement d’intervention de la police mauricienne et les gardes- côtes, depuis cette triple disparition, ne veulent rien laisser au hasard. Toutefois, ils font face à des difficultés. « Avec le déferlement des vagues, la visibilité pour voir le fond de la mer est nulle. Les officiers doivent se battre contre les courants, mais c’est leur métier et on leur apprend à y faire face.

Les recherches commencent dès les premiers rayons du soleil et se poursuivent jusqu’à son coucher. Nous faisons tout ce qu’il faut pour retrouver les autres corps », explique le chef inspecteur Isurey, de la garde-côtière. Les hélicoptères Dhruv et Fennec ont survolé la zone où les jeunes ont été localisés pour la dernière fois par leur ami Muntasir F., le seul rescapé. Samedi, les recherches se sont poursuivies sans relâche.


Wasim Oderuth, premier corps repêché

Leurs larmes ne suffisent pas pour noyer le chagrin qu’ils éprouvent depuis que l’un de leurs proches a disparu en mer. Ils reviennent sur les circonstances de cette disparition qui les affectent et racontent leur calvaire. La douleur s’intensifie chez les Oderuth. Les parents de Wasim ne peuvent dissimuler leur angoisse. La mère est plongée dans une immense tristesse. « C’est très difficile de vivre sans mon fils unique. Je ne dors plus depuis sa disparition. Je pleure et j’implore Dieu jour et nuit. Ma vie n’a plus le même sens sans Wasim.

Depuis sa disparition, plusieurs proches sont venus me rendre une visite en signe de solidarité », raconte la mère, qui ne peut retenir ses larmes. Raissah, la sœur de Wasim, est aussi accablée. « Wasim a laissé un grand vide. Wasim abitie badine ar mwa ek mo ti ser. Il aimait bien rigoler. Wasim était très apprécié et très populaire dans sa localité. Il était aussi très pieux. Il était très proche de ses quatre amis.

Ils sortaient toujours ensemble. Mercredi, Wasim m’a dit qu’il partait à la piscine, mais peu après, on a appris qu’il était parti à Montagne-Jacquot. Si on avait su qu’il partait là-bas, on l’en aurait empêché, car la mer était démontée. On passe par une épreuve très difficile », relate Raissah Oderuth.

 

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