Travailler pendant les vacances : bonne ou mauvaise option ?

« Mais oui, mais oui, l’école est finie », comme disait la chanteuse Sheila. C’est enfin les vacances ! Alors que certains attendent impatiemment la venue de la période des festivités, d’autres se tournent vers le monde du travail pour se trouver un emploi et se faire un peu d’argent de poche.

Un job d’été. C’est ce que de nombreux jeunes recherchent durant les grandes vacances scolaires. Que ce soit pour être indépendant financièrement, pour apprendre à gérer son propre budget, pour financer un projet personnel ou tout simplement pour pouvoir  payer ses propres dépenses, la principale raison de prendre un job d’été est tout simplement de gagner de l’argent.

Certains jeunes sont en quête d’expérience dans le monde du travail. Si certains emplois sont plutôt légers, d’autres démontrent à ces jeunes que le monde du travail n’est pas si simple. Ilana François fait partie de ceux qui ont choisi de travailler durant les vacances. C’est à Pierre Poivre Entertainment, situé à Rose-Hill, qu’elle s’est trouvé un emploi.

« Je prends des cours de danse. Avant les vacances scolaires, nous faisons des répétitions avec l’aide de chorégraphes. Lorsque la période des vacances arrive, nous allons faire de l’animation pour les enfants. Nous sommes formés et engagés par la suite », dit Ilana. Elle explique qu’elle travaillera jusqu’au mois de janvier. « Je travaille principalement pour ne pas dépendre financièrement de mes parents. Je préfère gagner mon argent moi-même », dit-elle.

Eddy Sadien, travailleur social, explique que dans la plupart des cas, ce sont des jeunes venant de milieux défavorisés qui recherchent un emploi durant les vacances. Il est plutôt rare de voir un jeune venant d’un milieu aisé travailler pendant la trêve scolaire de fin d’année. « Mis à part ceux qui veulent gagner leur propre argent, j’ai constaté que la plupart des jeunes qui doivent travailler sont ceux des faubourgs. Leur famille n’a pas les moyens de leur offrir les dernières technologies, comme des téléphones portables ou autres. D’autres le font pour s’offrir des vêtements à la mode », dit-il. Le travailleur social est d’avis que, dans le passé, il était plus facile pour un jeune de trouver un travail durant les vacances. « Les lois du travail ont changé. Elles sont bien plus sévères et les employeurs hésitent beaucoup avant d’employer des étudiants en vacances », soutient Eddy Sadien.

La loi en quelques points

Selon la loi, 16 ans, c’est l’âge minimum pour avoir accès à un emploi.

• Est-ce qu’un contrat doit être conclu par écrit ?
Il peut être écrit, oral, implicite ou explicite. Cependant, après 30 jours de travail continu, l’employeur est tenu de remettre à l’employé une déclaration écrite stipulant les conditions essentielles de son emploi.

• Quels sont les horaires de travail ?
8 heures ou 90 heures par quinzaine à l’exception des agents de sécurité.

Jane Ragoo, Syndicaliste : «Encourager les adolescents à faire face au monde du travail»

Beaucoup de jeunes travaillent pendant les vacances, est-ce une initiative à encourager ?
Oui, c’est une initiative à encourager, car c’est une pratique qui existe depuis longtemps. Toutefois, de nos jours, les lois sont claires à ce sujet et une personne est apte à travailler dès l’âge de 16 ans. Dans mon enfance, dès qu’on avait les vacances scolaires, on travaillait pour obtenir un peu d’argent de poche pour la période des festivités, car nous étions issus de familles pauvres. À cette époque, il y avait des jobs légers, comme, par exemple, balayer la cour des voisins. Selon moi, c’est une bonne chose de travailler pendant les vacances, car cela aide le jeune à faire face au monde du travail et voir ce qui l’attend.

Quels sont les pièges à éviter ?
Tout d’abord, l’employeur doit donner un contrat quand on travaille, qu’il soit verbal ou en écrit. Toutefois, dans ce cas précis, quand des adolescents s’adressent aux magasins ou autres secteurs pour travailler durant ces deux mois, l’employeur considère cette opportunité comme une aubaine pour faire de l’exploitation, comme, par exemple, les horaires de travail. Un accord est conclu concernant le salaire entre l’employeur et l’adolescent pour travailler de 8 heures à 17 heures, mais en période de festivités, parfois les magasins travaillent jusqu’à 22 heures ou 23 heures. De ce fait, le jeune est contraint de toucher la même somme sans heures supplémentaires et il est d’autant plus obligé de travailler à des heures tardives, ayant besoin d’argent de poche, avec le risque que s’il ne le fait pas, l’employeur peut ne pas lui payer son salaire.  

Quelles sont vos recommandations pour améliorer ce secteur ?
La loi du travail existe déjà et nous savons tous que les jeunes ont des heures de flottement pendant les vacances et passent leur temps sur les réseaux sociaux. Selon moi, il faudrait encourager les jeunes à faire face au monde du travail et cela les aidera à choisir leur carrière. Et, de plus, il faut introduire éventuellement une loi pour mieux encadrer les jeunes afin que les employeurs ne saisissent pas cette occasion pour les exploiter.

Varsha R. : «Elle devrait profiter de ses vacances au lieu de travailler»

Varsha R. habitante de Highlands, n’est pas du même avis. La quarantaine, cette mère de famille considère qu’il n’est pas nécessaire que sa fille travaille. « Je préfère que ma fille ne travaille pas, car nous prenons toutes les dispositions pour qu’elle ait tout ce dont elle a besoin. Au préalable, elle nous informe quand elle sort et on lui donne son argent de poche son père et moi », soutient la mère de famille. Ayant à sa charge une fille unique âgée de 16 ans, elle est d’avis que sa fille devrait profiter de ses vacances. « Selon moi, elle devrait profiter de ses vacances avec ses amies, car elle vient tout juste de prendre part aux examens de la School Certificate et elle a passé beaucoup de temps à réviser », soutient Varsha.

Neerusha : «Mes enfants seront indépendants et responsables»

« J’ai deux enfants qui sont au collège et je les encourage à travailler, premièrement, parce que c’est leur souhait. Deuxièmement, je les pousse à le faire simplement parce que, grâce à cela, ils seront indépendants. Je trouve que c’est mieux pour leur développement. Ils verront qu’il n’est pas si simple de travailler et ils prendront davantage conscience de la valeur de l’argent », estime Neerusha

Emploi temporaire

La parole aux jeunes

Michaël :

« Je travaille en ce moment à l’aéroport de Maurice où je suis chargé de récupérer les portes-bagages avec une équipe. Je le fais principalement pour m’acheter des vêtements, mais aussi pour me payer une moto. Je  vais travailler jusqu’à que j’obtienne mes résultats de la School Certificate. »

Grace :

« Au départ, je voulais travailler à plein temps pendant les vacances, mais, pour le moment, j’ai décidé de faire un travail à temps partiel dans un service de restauration. L’avantage, c’est que je ne travaille pas tous les jours et j’ai mon salaire après une journée de travail. Je trouve que travailler c’est mieux puisque cela m’occupe au lieu de rester à la maison et de me tourner les pouces. Cela me permet de sortir de chez moi et d’apprendre de nouvelles choses. De plus, je gagne en expérience avant d’entrer dans le monde du travail dans quelques années. »

Anaëlle :

« Durant les vacances, je ne compte pas travailler parce que je dois me préparer pour ma saison de compétition d’athlétisme l’an prochain. Je ne pourrais pas m’absenter des entraînements. Cela m’intéresse, mais pas pour tout de suite. De plus, je ne me sens pas prête pour entrer dans le monde du travail, principalement à cause du stress. »

Thibault :

« Je n’ai jamais pensé travailler pendant les vacances. Je ne m’y sens pas obligé. Je préfère profiter et passer du temps avec mes amis et ma famille. D’autant plus que je viens de compléter les examens de la School Certificate. »