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Travailler à bord d’un bateau de croisière : un rêve accessible à tous

Faire le tour du monde tout en touchant un salaire. C’est le rêve de beaucoup de personnes. Avec l’ouverture de l’école de formation G2ACamas mercredi, ce rêve pourrait devenir réalité pour de nombreux Mauriciens. Le Défi Plus a rencontré quatre personnes qui ont tenté l’aventure. Elles nous livrent leurs impressions.

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Kevin Allagapen, 31 ans : « On travaille sept jours sur sept »

Kevin AllagapenC’est en 2015 que Kevin Allagapen, alors âgé de 30 ans, décide de prendre le large. Séparé de son épouse, il veut changer d’air. Ce qu’il ignorait encore, c’est qu’en allant travailler comme pâtissier sur un bateau de croisière, sa vie allait changer du tout au tout.

En août 2015, le jeune homme quitte Maurice pour l’Angleterre. Il embarque sur le Carribean Princess. Qui dit nouveau job, dit nouveau défi. Mais Kevin ne croyait pas si bien dire. « Je savais que c’était difficile de s’adapter à la vie sur les paquebots, mais j’ai pris le risque pour me changer les idées. Je n’avais plus rien à perdre et j’ai tout lâché. Je ne regrette pas mon choix. »

Le travail sur un paquebot est particulier, souligne le jeune homme. Travailler sept jours sur sept jusqu’à 12 heures par jour, il y a de quoi être découragé. D’un autre côté, les privilèges et le salaire motivent. « À Maurice, j’ai travaillé dans de grands hôtels. Toutefois, nous étions une vingtaine de pâtissiers pour 500 clients. Sur un bateau, c’est 18 pâtissiers pour 3 600 clients et la qualité doit être à la hauteur du service haut de gamme proposé par les croisières. Être sur un paquebot, c’est être dans un autre monde. J’ai dû tout réapprendre en ce qui concerne la pâtisserie. »

Faire preuve d’une rigueur sans faille est le quotidien de Kevin Allagapen. C’est une volonté de fer qui lui permet de tenir le coup. Il ajoute aussi que, malgré tout, ce job lui a fait découvrir de nouvelles qualités en lui. « Je suis devenu plus positif. Je vois la vie autrement. »

Parmi les privilèges, hormis le salaire de 2 000 dollars qu’il touche par mois, la découverte de nouveaux pays a été plus que motivant. « À chaque destination, j’en profite pour visiter le coin, pour goûter à la nourriture et acheter des souvenirs. J’ai fait les pays d’Europe et ensuite les îles Caraïbes et l’Amérique de l’Est. »

Kenny Moonsamy, Barman : « Je touchais USD 3 000 par mois »

Kenny MoonsamyC’est en avril 2013 que Kenny Moonsamy voit sa vie changer. La décision de travailler sur un paquebot n’a pas été facile à prendre mais elle a été déterminante. Il passe deux ans en mer et fait deux saisons de six mois et une autre de huit mois. Aujourd’hui, il a définitivement posé ses valises à Maurice et ne compte pas reprendre la mer.

Toutefois, son aventure sur les bateaux de croisière l’a aidé à bien démarrer dans la vie. « C’est en tant que Guest Relation Officer que j’ai commencé. J’ai ensuite été promu Events Coordinator pour un salaire de USD 3 000 durant la deuxième saison. C’est là que ma vie a pris une nouvelle tournure. Le travail est devenu plus plaisant et plus facile. »

Kenny avoue quand même que les débuts ont été difficiles. « J’étais loin de mon pays et de ma famille. L’adaptation a pris du temps car il fallait travailler avec plusieurs personnes de différentes nationalités. » Pour pouvoir travailler dans ces conditions, Kenny indique qu’il faut être extraverti et pouvoir parler à tout le monde. « La vie sur le bateau est belle car nous nous faisons de nouveaux amis. Nous sortons prendre un verre ou déjeuner au restaurant durant notre temps libre », indique-t-il. Revenant sur cette partie de sa vie, Kenny Moonsamy se réjouit d’avoir visité de nombreux pays, dans les Caraïbes, en Europe et en Amérique du Sud, entre autres.

« Cela a été l’une des plus belles expériences de ma vie. J’avoue que cela me manque beaucoup. Grâce à ce métier, j’ai fait des économies et j’ai pu avancer dans la vie », conclut notre interlocuteur.

Dewanand Goboodun : « J’ai servi des célébrités »

Dewanand GoboodunDewanand Goboodun a passé 13 ans de sa vie sur la mer. Tout a commencé en 1988 quand il embarque sur le Queen Elizabeth II. Au cours de sa carrière, il a connu trois paquebots. C’est la tête pleine de souvenirs et surtout les poches bien remplies que Dewanand a pris sa retraite en l’an 2000.

« J’avais 27 ans et j’étais un jeune ambitieux. Le fait de partir ne m’angoissait pas. Le travail est dur, mais reste simple car c’est comme travailler à l’hôtel. On travaille sept jours sur sept, mais finalement, le salaire nous laisse sans voix. À 40 ans, j’ai préféré prendre ma retraite », confie Dewanand Goboodun. Il a commencé comme barman, mais a été promu sommelier. « Ma promotion a été salvatrice. Je touchais un salaire de 3 000 à 4 000 dollars par mois. »

Aujourd’hui directeur d’une agence de recrutement pour les bateaux de croisière, Dewanand conseille aux jeunes de « ne surtout pas se dire qu’on part en vacances. Il n’y a pas de croisière pour les employés. Le travail est rude, mais le salaire alléchant ». Au cours de sa carrière, il a travaillé pour Cunard Line Ltd et a également eu l’honneur et le privilège de servir la reine Elizabeth et le duc d’Édimbourg ainsi que des stars comme Rod Stewart et Neil Diamond. 

« J’ai été sommelier, puis chef sommelier. Je travaillais 10 heures par jour et 7 jours sur 7. C’est vrai que nous n’avons pas beaucoup de repos. On arrive à se reposer à chaque fois que le bateau accoste », fait ressortir Dewanand.

Ornella Allette, 25 ans : « Faire le tour du monde a toujours été mon rêve »

C’est le goût de la découverte qui l’a poussée à travailler sur un bateau de croisière il y a quelques années. « Ce qui m’a convaincue, c’est le fait de pouvoir voyager et visiter beaucoup de pays. J’ai toujours rêvé de faire le tour du monde », lance Ornella Allette, une jeune femme pétillante qui aime l’aventure.
Ayant touché à la photographie, Ornella saisit ainsi l’opportunité de faire de sa passion son métier. Selon elle, les possibilités de vite gravir les échelons sont multiples.

« J’ai commencé comme photographe à bord, puis j’ai finalement participé à des tournois de billard. Ensuite j’ai été disc-jockey. Le fait de travailler avec une clientèle aussi multiculturelle m’a aidée à forger ma personnalité. » Elle confie qu’elle s’est fait beaucoup d’amis au fur et à mesure qu’elle parcourait le monde. « J’ai des amis serbes, croates et roumains, entre autres. Avoir toutes ces nationalités autour de moi m’a permis de voir les gens d’une autre façon. Je me dis que finalement, nous sommes tous pareils à travers le monde. »

La vie sur un paquebot est unique, souligne Ornella Alette. Si elle n’est pas accrochée à son appareil photo, la jeune femme s’adonne à d’autres activités. « Nous apprenons aussi les gestes à faire en cas d’urgence pour sauver les passagers et les évacuer correctement sur de petits canots de sauvetage. On nous apprend aussi à vivre avec des personnes qui ne sont pas de la même nationalité que nous ». Ornella a visité 120 pays et dit qu’elle n’aurait jamais pu le faire si elle ne travaillait pas sur un bateau de croisière. Pour elle, l’aventure ne s’arrête pas là. Elle souhaite reprendre le large dès que possible.

 

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