Débat

Travail dans le privé : le ministère de la Santé enquête sur sept spécialistes

Des spécialistes de la fonction publique ont été surpris menant des interventions chirurgicales, en décembre 2016, dans une clinique de la capitale durant leurs heures de travail. L’un d’eux était en « sick leave » et son certificat médical émane de cet établissement.

Publicité

Ils pratiquaient aux heures où ils étaient censés être en poste à l’hôpital. Sept médecins spécialistes de la fonction publique sont sous le coup d’une enquête après avoir été surpris en train d’effectuer une intervention chirurgicale dans une clinique privée de la capitale durant les deux dernières semaines de décembre 2016.

Cette affaire intervient au moment où le ministère de la Santé s’active à réglementer la pratique du privé pour éviter de telles dérives. Les sept spécialistes devront faire face à des actions disciplinaires, plus particulièrement celui qui avait pris des congés maladie sur la base d’un certificat médical délivré par un médecin de cette même clinique. Alors qu’il est censé souffrir d’hypertension, il pratiquait des interventions chirurgicales dans cet établissement.

« C’est la preuve que des spécialistes abusent du privilège qui leur est accordé. Ils sont rémunérés par les contribuables pour s’occuper des malades ne pouvant se payer des soins privés, mais ils préfèrent être au chevet de ceux qui évitent l’hôpital public aux heures où ils sont censés travailler », s’indigne une source à la Santé. Différentes associations de médecins du secteur public concèdent que des sanctions doivent être prises contre tout contrevenant, mais elles refusent qu’une interdiction de la pratique privée soit étendue à l’ensemble des blouses blanches.

« Nous soutiendrons les spécialistes. Le ministère ne peut priver un patient du droit d’avoir recours au médecin de son choix. Évidemment, les brebis galeuses qui exercent aux heures où elles doivent être en poste ne peuvent être tolérées. Ce n’est pas à cause de quelques énergumènes que tout le monde doit payer les pots cassés », lance le Dr Wassim Ballam, président du syndicat des généralistes, la Medical & Health Officers’ Association.

« Les spécialistes de ma génération peuvent pratiquer dans le privé depuis la fin des années 90. La décision avait été prise par le ministre Kishore Deerpalsing. Année après année, chaque ministre a renouvelé cette autorisation, sauf Anil Gayan depuis 2015 », explique le Dr Bhooshun Ramtohul, président de la Government Medical Consultant in Charge Association (GMCCA). Il souligne que d’autres spécialistes comme lui continuent de pratiquer.

Augmentation salariale

« Je ne comprends pas la décision d’Anil Gayan. S’il y a des spécialistes qui pratiquent aux heures où ils doivent être à leurs postes, qu’ils soient sanctionnés. Il ne faut pas généraliser. Le ministre dit qu’il aura recours aux médecins étrangers. Savez-vous que la Santé n’a pu recruter qu’un seul médecin lors d’une récente mission en Inde ? Pourquoi le gouvernement n’augmente-t-il pas le salaire des médecins locaux au lieu de faire appel à des étrangers ? » fulmine le Dr Ramtohul.

Le président de la GMCCA est, lui aussi, sous le coup d’une enquête de la Santé. Il lui est reproché d’opérer une clinique à son domicile, à Rose-Hill, alors qu’il ne détiendrait pas les permis nécessaires. « C’est faux. J’ai un cabinet médical et les permis nécessaires. Mercredi, un médecin de la Santé et quelques hommes sont venus chez moi pour prendre des photos. J’ai signalé l’affaire à la police », indique le Dr Ramtohul. Il se dit victime d’une « campagne d’intimidation » de la Santé pour sa prise de position au sujet de la pratique privée.

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !