L’acquisition foncière réalisée par la direction de la State Bank of Mauritius en 2014 a profité à l’ancien conseiller de l’ex-Premier ministre, Navin Ramgoolam. Ses deux enfants et lui ont empoché un chèque de Rs 93 millions.
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Les terrains achetés par la State Bank of Mauritius (SBM) au coût de Rs 190 millions en septembre 2014 et qui font polémique appartenaient en fait à deux personnes. Le premier vendeur n’est nul autre que Kailash Ruhee. Il a été proche de l’ancien Premier ministre, Navin Ramgoolam, puisqu’il a, entre 2005 et 2014, occupé les postes de Senior Advisor, Chief of Staff et d’ambassadeur à Washington. Le terrain qu’il a vendu à la SBM a rapporté Rs 93 millions à lui et à ses deux enfants. La propriété s’étend sur une superficie de six arpents et ce sont l’ancien Chief Executive Officer (CEO), Jairaj Sonnoo et Chandradev Appadoo, Divisional Leader Finance, qui représentaient les intérêts de la SBM dans cette transaction foncière. C’est le jeudi 15 mai 2014 que le conseil d’administration de la SBM a approuvé l’achat.
Selon son casier hypothécaire, c’est en 1996 que Kailash Ruhee était devenu propriétaire de ces terres situées le long de la Terre-Rouge-Verdun-Trianon Link Road pour un montant de Rs 2,5 millions. L’acte de vente du terrain en question révèle également que les Rs 93 millions obtenues ont été divisées en trois parts. Kailash Ruhee a été le principal bénéficiaire, puisqu’il a, à lui seul, empoché la somme de Rs 62 millions, alors que les Rs 31 millions restantes ont été partagées équitablement entre ses deux enfants, Ashley et Keertee Devi Ruhee.
Zones d’ombre
Le deuxième terrain acheté par la SBM appartenait à la famille Teng Hin Voon. Les vendeurs sont veuve Jocelyne Teng Hin Voon et ses trois enfants, Kenny, Kristel et Kelvin. Ces quatre personnes ont hérité d’un terrain qui appartenait jadis à Jean Paul Teng Hin Voon. Le terrain d’une superficie de 5 arpents et 75 perches a été acheté à Rs 86,3 millions. C’est également en 1996 que Jean Paul Teng Hin Voon avait fait l’acquisition de ces terres pour la somme de Rs 2,4 millions. Il faut faire ressortir que le terrain des Teng Hin Voon et celui des Ruhee sont mitoyens, ayant auparavant appartenu au même propriétaire. Les intérêts de la SBM dans cette deuxième transaction financière ont aussi été représentés par Jairaj Sonnoo et Chandradev Appadoo.
La totalité de la transaction pour l’achat des deux parcelles de terres, qui comprend aussi les frais notariés, est de Rs 190 millions. La superficie totale est de 11,86 hectares. L’acte de vente comprend en pièce-jointe une copie du procès-verbal où le conseil d’administration de la SBM a approuvé l’achat, le jeudi 15 mai 2014 à 8 h30. « Considered and approved purchase of 11,86 hectares of land property as per proposal 4 for a total price of Rs 190 millions to be retained along with the associated registration, notary’s and other charges. It was also resolved to authorize any two of Messrs Jairaj Sonno, Chandradev, Aslam Taher and Ms Pauline Seevaye to sign any document that may be required to give effect to the above resolutions », indique l’extrait du procès-verbal.
Cette transaction foncière est actuellement source de polémique, puisqu’une enquête menée par le département anti-fraude et corruption de la SBM a conclu, le 15 septembre dernier, qu’elle comprend plusieurs zones d’ombre. En somme, les principes de bonne gouvernance n’ont nullement été respectés et cela a même mené à la suspension de Jairaj Sonnoo, Chandradev Appaddoo et Kumar Dursun. Nous avons tenté de prendre contact avec Kailash Ruhee, mais ce dernier est resté injoignable.
Enquête en interne : eventuelles poursuites en cas de faute
L’enquête en interne de la SBM sur cette acquisition aura duré deux ans pour démêler l’écheveau et situer les responsabilités dans cette transaction. Le premier constat a justifié des décisions administratives contre ceux concernés quand la holding a été mise au courant des résultats de l’investigation. Dans les milieux concernés, on tient à faire ressortir que tout sera mis en œuvre afin de sauvegarder les intérêts de la banque.
« Il est maintenant question d’écouter toutes les parties concernées avant de déterminer la marche à suivre. Chacun aura la possibilité de donner sa version des faits », dit-t-on.
« C’est à partir de là qu’on décidera de la marche à suivre.» Qu’est-ce qui se passera au cas où les preuves s’accumulent? Des poursuites au civil et au criminel ne sont pas à écarter vu qu’il y a plusieurs lois régissant les activités bancaires qui seront appliquées. Dans le même ordre d’idées, il serait également question d’établir l’identité de ceux qui ont donné les instructions pour accélérer le processus et augmenter le prix à l’arpent de Rs 6 millions à plus de Rs 15 millions.
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