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Trafic en prison : drogue et cigarette payées avec de la méthadone

Un trafic se déroule au grand jour dans les diverses prisons du pays depuis quelques mois. Des prisonniers sous traitement commercialisent la méthadone recrachée (‘methabave’)  qui leur est distribuée pour acheter des cigarettes ou encore de la drogue. Des gardiens de la General Duties, inquiets, tirent la sonnette d’alarme, mais l’administration carcérale indique que les plans des prisonniers ont été déjoués. 

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La méthadone a remplacé la cigarette comme moyen de « paiement » en prison. Ce ne sont pas les gardiens des prisons qui diront le contraire. Selon des renseignements, ce trafic a pris « une ampleur considérable » depuis l’abolition de la cigarette dans le milieu carcéral. Ce sont les prisonniers sous traitement qui seraient à l’origine de ce trafic. Cigarettes, psychotropes ou encore de l’héroïne, fait-on comprendre, sont payés avec de la méthadone. « Certains prisonniers vont même plus loin et échangent des armes tranchantes contre cet opiacé de synthèse », avance une source basée à la prison centrale de Beau-Bassin.

Vigilance déjouée

Le trafic, poursuit notre intervenant, se déroule dans tous les centres pénitenciers où la substance est distribuée aux prisonniers, à savoir la prison centrale de Beau-Bassin, la New Wing prison, la prison des femmes et celles de Melrose et Petit-Verger. La distribution de méthadone, précise-t-on, se déroule entre 8 h 00 et 9 h 00. Cet exercice concerne environ 300 prisonniers. Reste à savoir comment ils arrivent à déjouer la vigilance des officiers du ministère lors de la distribution de la méthadone...

Utilisent-ils la ruse qui consiste à substituer des fioles remplies par des fioles vides ? Une  source indique que les prisonniers font semblant de consommer leurs doses de méthadone sur place (Ndlr : conformément aux exigences du ministère de la Santé et du Bien-être). En fait, ils  préservent la substance dans leurs gorges. La méthadone, une fois recrachée dans une autre fiole, appelée ‘methabave’ est ensuite commercialisée auprès des prisonniers-trafiquants contre des substances illicites et interdites en prison.

Maladies transmissibles

Le trafic de méthadone est vivement décrié par un grand nombre de gardiens des prisons de la General Duties. Ces derniers redoutent la transmission de plusieurs maladies au sein de la population des détenus. « La méthadone, une fois recrachée et revendue, devient une substance impropre à la consommation. Désormais, nous craignons la transmission de maladies contagieuses parmi les prisonniers. La situation est plus qu’alarmante », indiquent certains officiers des prisons.

L’administration carcérale, qui a été sollicitée à ce sujet vendredi après-midi, soutient qu’il « n’y a pas de trafic de méthadone ». Toutefois, elle reconnaît que  « les prisonniers tentent d'utiliser diverses astuces afin d’alimenter un trafic ». « La distribution de méthadone se déroule sous la stricte supervision des officiers du ministère. Les matricules de chaque prisonnier sous traitement sont scrupuleusement vérifiées lors de l’exercice. Les officiers s’assurent ensuite à ce que chaque prisonnier avale sa dose quotidienne en utilisant la ruse suivante : les prisonniers sont obligés de parler après avoir consommé de la méthadone », déclare l’administration carcérale.

Des gardiens « véreux » à la loupe

Le trafic de drogue prend une proportion démesurée dans toutes les prisons du pays. Des gardiens sont fortement soupçonnés par l’administration carcérale d’introduire des substances illicites en prison. Les officiers formant partie des services de renseignements du milieu carcéral ont dressé une liste contenant l’identité des potentiels gardiens-passeurs de drogue. Une vingtaine d’officiers, basés dans chaque prison, sont soupçonnés d’être de connivence avec des trafiquants de drogue.

L’administration carcérale confirme que de « nombreux officiers sont fortement soupçonnés d’être de mèche avec des prisonniers, mais chacun doit prendre ses responsabilités. Les gardiens soupçonnés sont sous surveillance et seront, un jour ou l’autre, soumis à des fouilles. Si des substances illicites sont retrouvées en leur possession, les cas seront référés à la police. Il y a, par ailleurs, un bon nombre de détenus qui utilisent leurs déplacements en Cour de justice pour introduire de la drogue en prison. Nous faisons de notre mieux pour mettre la main sur ces prisonniers, mais il arrive que certains déjouent la vigilance des gardiens », déclare-t-on.

 

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