Tout-à-l’égout : Rs 25 M réclamées aux sociétés religieuses

Les associations religieuses devront mettre la main à la poche. La raison : la Wastewater Management Authority (WMA) réclame environ Rs 25 millions à quelque 160 de ces organisations pour factures impayées. Celles-ci comptent demander une exemption.

Les courriers de réclamations ont commencé à atterrir au secrétariat de certaines sociétés religieuses et même des orphelinats. Des sommes allant jusqu’à Rs 5 millions leur sont réclamées pour le service de tout-à-l’égout. Ces associations ne comprennent pas la décision de cet organisme et affirment qu’elles étaient exemptées jusqu’ici de ces charges. Certaines ont rédigé une petition qui a été déposée au Bureau du Premier ministre et comptent faire front commun pour ne pas payer ces arrérages.

La Century Welfare Association figure parmi les sociétés qui devront s’acquitter de cette dette. Elle devra s’acquitter de plus de Rs 171 000. Une réclamation que déplore vivement Fouad Uteene, le président de cette association. « Ces réclamations concernent non seulement des mosquées et des institutions charitables, mais aussi les églises, les mandirs et les kovils. En 2002, nous avons déjà reçu de telles réclamations, mais le gouvernement d’alors avait fait marche arrière », explique-t-il.

Dans ce même contexte, notre interlocuteur précise que, depuis que les sociétés religieuses sont exemptées des redevances de la Central Water Authority (CWA), elles n’ont jamais payé ceux de la WMA. « Après 2002 et 2008, il y avait une autre lettre de réclamations en 2010, mais nous avons fortement protesté. Et maintenant, il y en a une nouvelle en août 2017. C’est absurde », déplore Fouad Uteene.

Après concertations avec les dirigeants des mosquées et des associations musulmanes de la capitale, Fouad Uteene annonce qu’il compte solliciter les sociétés d’autres religions. Il envisage d’adresser une lettre commune au gouvernement et au Bureau du Premier ministre. « Il ne faut pas oublier notre rôle dans la société. Ce n’est pas possible que la WMA réclame environ Rs 3,5 millions à Rs 5 millions aux orphelinats et organisations charitables. Vingt-cinq sociétés se sont déjà rencontrées il y a deux semaines. Nous lançons un appel au Premier ministre pour qu’il suspende cette réclamation. Nous contacterons prochainement les sociétés des différentes villes », ajoute le président de la Century Welfare Association.

Outre les associations musulmanes de la région de Port-Louis, des kovils ont aussi reçu une correspondance de la WMA, confirme Madeven Sooben, président de la Mauritius Tamil Temples Federation (MTTF). « à ce stade, nous n’en avons pas encore discuté au niveau du comité. Je peux cependant affirmer que certains kovils de l’île ont reçu ces réclamations », indique-t-il. Il nous revient que la WMA réclame plus de Rs 20 000 à certains kovils dans les régions urbaines.

Au niveau de la Mauritius Sanatan Dharma Temples Federation (MSDTF), Rajendra Ramdhean, le président, affirme que les associations affiliées à sa fédération n’ont pas soulevé ce problème jusqu’ici : « Étant nouvellement élu, je n’ai pas encore eu vent de ces réclamations. Je dois vérifier avant de me prononcer davantage. »

L’église catholique, de son côté, souligne qu’elle n’a pas encore pris note de ces réclamations. « Je dois vérifier avec les couvents et les centres. à ce stade, je n’en ai pas entendu parler », dit le père Maurice Labour. Même son de cloche au niveau du Conseil des religions. Interrogé à propos des wastewater charges, le père Philippe Goupille précise qu’il doit verifier avec les sociétés religieuses avant de se prononcer.

Rs 3 M à deux orphelinats

La Wastewater Management Authority réclame plus de Rs 3 millions à deux orphelinats situés à Port-Louis. Le Dimanche/L’Hebdo est en présence d’une copie de ces correspondances. Ainsi, pour l’orphelinat musulman situé à la rue St-Georges, la direction devra s’acquitter de Rs 1 125 714,59. Le Mauritius Muslim Orphanage devra, lui, débourser la coquette somme de Rs 2 172 515,78. Les deux orphelinats ont reçu leur lettre de réclamations le 18 août dernier.

Le ministre Collendavelloo injoignable

Le Dimanche/L’Hebdo a essayé de contacter le ministre des Services publics, Ivan Collendavelloo. Il n’a répondu à aucun de nos appels ou messages depuis vendredi dernier. Notons également qu’il assure l’intérim au poste de Premier ministre depuis le vendredi 15 septembre.

Sulaiman Hansrod, président de la WMA : «Une perte totale pour l’organisme»

Sulaiman Hansrod, président du conseil d’administration de la Wastewater Management Authority (WMA), explique que l’organisme ne fait qu’appliquer une décision du Conseil des ministres datant de 2002. « Ce n’est pas la WMA qui a pris cette décision, mais le Conseil des ministres en 2002. Ces sociétés sont exemptées pour les travaux, mais pas pour les redevances. Il faut également faire ressortir qu’une correspondance leur a été envoyée en 2012. Depuis que nous sommes arrivés à la WMA, nous avons noté ces anomalies », souligne Sulaiman Hansrod.

Au total, affirme-t-il, la WMA réclame environ Rs 25 millions à quelque 160 sociétés religieuses. « Il faut dire que, depuis 2002, 64 sociétés religieuses paient régulièrement leurs redevances. Il n’y a aucun problème avec elles, mais les autres ne paient pas. C’est donc une perte totale pour la WMA », explique le président.

Sulaiman Hansrod annonce que la WMA étudie chaque cas, principalement celui des organisations charitables. « Nous avons noté que, depuis que les lettres de réclamations ont été envoyées, cinq sociétés ont répondu positivement. Environ Rs 67 000 ont déjà été payées. »

La communauté Ahmadiyya s’acquitte de ses frais

La communauté Ahmadiyya précise qu’à Rose-Hill, comme à Quatre-Bornes, une décision a été prise pour payer la redevance de la WMA. Un retard de Rs 3 000 a été récemment réglé par la société basée aux villes-sœurs. « Depuis les travaux, en 2016, nous ne payions pas. Maintenant que la WMA nous a réclamé cet argent, nous avons déboursé Rs 3 000 au début de ce mois », avance l’un des membres de cette communauté.