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Tout-à-l’égout : le calvaire des habitants de Pailles

Des habitants de Pailles font face au quotidien à des inconvénients majeurs en l’absence d’un système de tout-à-l’égout. Certains se sont mis à accuser leurs voisins de s’adonner à des pratiques nuisibles. Mais ces derniers ne l’entendent pas de cette oreille. Ils martèlent qu’ils doivent affronter un problème de mauvaise absorption.

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Rashid Soogree : « La situation est vraiment difficile »

Rashid Soogree est le dernier président du conseil de village de Pailles avant que l’endroit ne soit rattaché à la ville de Port-Louis. Il confie que la situation est « vraiment difficile ». « Il y a un canal tout près de ma maison et vu qu’il sert à faire évacuer les eaux usées, l’odeur qui s’en dégage est pestilentielle. On ne peut respirer et il faut fermer toutes les fenêtres. On ne peut recevoir des proches ou des amis. C’est vraiment embarrassant. »

Le président du conseil a fait creuser deux puits d’absorption dans sa cour, l’un pour l’eau de la cuisine et de la salle de bains, et l’autre pour l’eau des toilettes. Les fosses se remplissent toutefois très vite et souvent il doit faire appel au service de pompage. Il regrette que la première phase des travaux de tout-à-l’égout ait pris autant de temps. Il se pose maintenant des questions sur la durée des travaux de la deuxième phase.

Les caniveaux à ciel couvert.

 

Jacques Alexis Radhay, Acting General Manager de la WWMA : « La 1re phase du projet de tout-à-l’égout sur le point d’être terminé »

Invité par Le Défi Quotidien à réagir à cette situation, Jacques Alexis Radhay,  General Manager par intérim de la Waste Water Management Authority (WWMA), déclare que le problème sanitaire que connaissent actuellement les habitants de Pailles sera résolu, même s’il faudra patienter quelques années encore.

« La première phase du projet de tout-à-l’égout est sur le point d’être terminé. Il reste l’aménagement d’une pompe et d’autres travaux techniques. Quant à la phase 2, elle débutera début 2018. Les appels d’offres ont été lancés. Quelque 3 000 maisons seront connectées à Bonnefin Road, avenue Michael Leal, Les Guibies, Morcellement Raffray, Fon Sing, Le Rock, Dom Street, Cité Mon-Plaisir, Montebello, Pailles Road, Camp-Chapelon, Cité Saint-Louis, Cité Pailles, Grande-Rivière Nord-Ouest et Canal Dayot », a souligné le General Manager suppléant de la WWMA.  Jacques Radhay a rappelé que pour l’heure, seuls deux endroits sont connectés au système de tout-à-l’égout : Pailles ER et Cité Mauvillac.

Ces conduits PVC déversent les eaux usées dans le caniveau.

 

Ahmad Seegoolam : « 99 % des habitants attendent l’aboutissement du projet »

À Camp-Chapelon, la situation est insupportable. 99 % des habitants attendent l’aboutissement du projet de tout-à-l’égout, selon Ahmad Seegoolam, un des habitants. « La situation est plus que difficile. Il y a des puits d’absorption, mais ils sont si vite débordés qu’on pourrait penser qu’ils ne servent à rien. Je dois faire appel aux camions de pompage chaque six semaines. Mais c’est pire chez d’autres familles. Quand l’eau déborde, vous êtes complètement impuissant. C’est insupportable même pour un jour. »

Pailles et Camp-Chapelon comptent environ 25 000 habitants. La majorité des maisons ne sont pas connectées au système de tout-à-l’égout. Quand les tanks ou fosses septiques débordent, de nombreux habitants de cette région de Port-Louis n’ont d’autre choix que d’en déverser le contenu dans des caniveaux à l’aide de tuyaux. Ce qui, évidemment, n’est pas hygiénique. L’eau usée déversée pue, gêne et agace les passants. Ainsi, des familles pointent du doigt leurs voisins, les reprochant de faire fi de l’hygiène, d’être insensibles aux inconvénients que cela leur cause, vu qu’elles n’arrivent pas à ouvrir leurs fenêtres, puisque l’air est irrespirable. Et surtout, elles leur reprochent d’être indifférents au danger que la situation représente pour la santé de leurs enfants.

Les caniveaux dans lesquels sont déversées les eaux usées terminent leurs cours dans les ruisseaux Saint-Louis et Anse Courtois qui, eux-mêmes, rejoignent Canal Dayot. Toute cette eau est donc contaminée.

Rs 3 000 par semaine pour le pompage

Certains habitants qui vivent au bas d’une pente subissent la situation plus difficilement car l’eau provenant en amont des voisins vient s’accumuler chez eux. C’est le cas d’Ali, qui vit aux Guibies. « Je lutte contre ce problème depuis des années. J’ai dépensé beaucoup d’argent et je continue à dépenser pour trouver une solution. Mais c’est difficile. Je vis au bas d’une pente et l’eau fait son chemin sous la terre pour s’accumuler chez moi. J’ai un tank septique et j’ai même fait creuser une fosse, mais ils se remplissent en moins de deux. L’eau déborde rapidement et s’étale sur la route. Pour essayer de remédier à cela, j’ai loué les services des waste water carriers pour que l’eau soit pompée. Le problème, c’est qu’il y a tellement d’eau qu’il vous faut appeler le camion deux fois par semaine. Ce service coûte Rs 1 500 et à raison de deux fois par semaine, ça vous revient à Rs 3 000. »

 

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