Le ministre du Tourisme Anil Gayan a pris de court les opérateurs du secteur touristique. Alors que le président reconduit de l’Association des Hôteliers et Restaurateurs de l'île Maurice (AHRIM), Jean Michel Pitot prône pour que le tourisme soit considéré comme une priorité nationale, le ministre parle de catastrophisme du secteur privé.
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« L’honneur exige que ces vérités soient dites surtout quand on parle d’une baisse dans les arrivées touristiques. Le problème n’est pas structurel mais conjoncturel. Certes il y a des défis pour le tourisme et nous allons tous ensemble les relever. Ne nous laissons pas tentés par le catastrophisme », a dit Anil Gayan lors d’une réception à l’issue de la 46e assemblée générale de l’association ce vendredi 28 juin au Henessy Park, Ebène.
Il a cité les derniers chiffres officiels qui tendent à renverser la tendance des premiers mois de l’année. Du 1er au 15 juin, les arrivées touristiques ont connu une hausse de 19,5% soit 46 751 touristes contre 39 111 touristes pour la même période en 2018. Il estime ainsi que cela représente une croissance de 0,5% depuis le début de l’année ainsi renversant la tendance à la baisse.
« Nous devons être assez mature et responsable pour reconnaitre que tout secteur industriel passe par des bons et moins bons moments. Il ne faut pas paniquer au premier hurlement du loup. Ce n’est pas la première fois que cette industrie dont on peut légitimement être fier passe par des moments difficiles… Je trouve que c’est dommage que ceux qui sont responsables du tourisme font des déclarations fracassantes qui ne sont pas complètes », a-t-il ajouté.
Il a affirmé que l’emploi des étrangers dans ce secteur est en hausse. Les Occupations Permits sont passés de 375 en 2016, à 457 l’année suivante et à 392 en 2018. À fin mai de cette année, 190 permis ont été délivrés.
« Tout ce que nous disons est entendu, analysé, critiqué ou approuvé mais tout est répercuté dans le monde parce que la technologie moderne le permet. Quand nous lavons nos linges sales devant les projecteurs, nous ne rendons pas service à l’industrie. Quand le touriste à l’étranger prend connaissance de ce que disent haut et fort la haute autorité du privé dans le domaine du tourisme, en effet, comme dirait l’Anglais, 'we are shooting ourselves in the foot' », a-t-souligné
"Décrétons le tourisme une priorité nationale"
Telles des plages qui se dégarnissent, le tourisme perd de sa superbe. Au lieu de s’affronter à coups de discours sur différentes plateformes, l’heure est à la concertation élargie, d’unir les forces des secteurs publics et privé et déterminer un plan d’action commun. Ce faisant, on donnerait à ce secteur riche en revenus son importance méritée dans l’économie.
La première des quatre axes que Jean-Michel Pitot, président de l’AHRIM consiste à décréter le tourisme comme priorité économique nationale. En adoptant cette approche, cela équivaut à « lever les obstacles qui empêchent les hôteliers de remettre les plages en état. C’est dissiper les bêtes questions d’administration régionale, c’est créer de véritables « fast track ». Il n’est pas acceptable qu’une action aussi essentielle que la réhabilitation des plages, outil de travail des hôteliers, requière l’intervention de dix institutions et une attente de huit mois. »
Il ajoute :« Décréter le tourisme priorité nationale, c’est décider ensemble de la meilleure façon d’exploiter les espaces à potentiel touristique, c’est donner leur chance aux promoteurs qui ont fait leur preuve d’apporter encore plus de valeur à la destination. Combien de sites exceptionnels, cédés à des promoteurs de passage, sont laissés à l’abandon... Que d’opportunités perdues pour notre pays et ses citoyens ! »
Les trois autres axes sont : l’engagement dans une stratégie à long terme d’embellissement du cadre de vie, la transformation du patrimoine national en atout parce que le touriste moderne évolue dans une économie de partage, et en dernier, se donner les muscles financiers pour faire face à la concurrence.
Alors que la concurrence régionale est en croissance, le tourisme mauricien est en difficulté. Chiffres et statut sont en berne. Les arrivées sont en baisse de 0,9% sur les cinq premiers mois. Pour la période de janvier à avril – seconde moitié de la haute saison - les revenus ont reculé à quelque Rs 22 milliards contre Rs 24,1 milliards à la période similaire en 2018.
« Rien n’est acquis. Face à une concurrence croissante et agressive, nous devons travailler à rendre exceptionnelle notre offre… je parle là du produit Maurice. Nous devons tendre ensemble vers un seul but : combattre la dégradation de la destination », a dit Jean-Michel Pitot.
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