Tensions à Barkly : des ministres évacués sous forte escorte policière

Les insultes ont fusé et le ton est monté d’un cran lors d’une réunion explicative sur le Metro Express qui s’est terminée en eau de boudin à Beau-Bassin. Les ministres Ivan Collendavelloo, Anil Gayan et Étienne Sinatambou ainsi que le PPS Alain Aliphon et le maire Ken Fong ont dû quitter la réunion par la petite porte.

«Menterr », « salte », « pa vinn dir res trankil ! », « pa vinn bat lakol ». Ce sont quelques termes utilisés par des habitants de Barkly à l’adresse des membres du gouvernement et du maire de Beau-Bassin/Rose-Hill. Ils en ont pris pour leur grade lundi soir, 4 septembre, lors de cette réunion explicative avec les habitants de Résidence Barkly dans la salle paroissiale de la localité. Une initiative du comité paroissial où le père Eddy Coosnapen était le modérateur.

C’est aux alentours de 18 h que le Premier ministre adjoint Ivan Collendavelloo, les ministres Anil Gayan et Étienne Sinatambou, le Parliamentary Private Secretary (PPS) Alain Aliphon et le maire Ken Fong sont arrivés, tout souriant, en passant par la porte principale de la salle paroissiale. Après avoir pris place aux côtés du père Coosnapen, le Premier ministre adjoint Ivan Collendavelloo a pris la parole en premier. « Je ne m’attendais pas à entendre des propos aussi amers. Nou panse ki nou ti pe bien fer. C’est clair que les ministres et le maire ont reçu une toute autre information. À aucun moment, nous ne savions que des enfants ont été traumatisés par les récents événements », explique le numéro 2 du gouvernement.

Après les explications des ministres, les habitants ont eu droit à la parole pour exprimer leurs doléances. Ils ont, à tour de rôle, dénoncé le manque de communication du gouvernement. Mais le ton est monté d’un cran lorsque Ranini Cundasawmy, championne du monde de Muay Thaï, a pris la parole. Elle a déploré que les policiers aient démoli la maison de sa mère alors que cette dernière était à l’intérieur de la maison. « Ma mère est sourde et muette. Elle aurait pu perdre la vie. Vous, vous êtes des politiciens et vous ne savez pas ce qui se passe ici ? Mo pa mank rol pou vinn koz sa zordi. Nou kone zot pa pou reponn. Nou kone kouma zot ete me al get zot dan laglas avan », a-t-elle lancé à l’égard des ministres sous les applaudissements des habitants.

De son côté, le ministre Étienne Sinatambou a voulu apaiser la situation et répondre aux habitants. « Nous n’avons pas eu ces informations. Nous n’étions pas au courant. Nous sommes venus pour vous écouter. Mais nous avons une contrainte temporaire car l’affaire est en Cour. C’est illégal que nous évoquions ce sujet. Nous sommes venus vous rencontrer aujourd’hui… » Il a été interrompu lorsque les habitants ont exprimé leur exaspération car personne n’était présent au début de la crise. « Kot ou ti ete avan ? Ki fer la polis bizin amen fizi ? Acoz isi Barkly ? » Les habitants ont pointé du doigt les ministres et c’est alors que la rencontre a dérapé. Le prêtre a vainement tenté de ramener le calme. Alors que les esprits ont commencé à s’échauffer, les policiers et les éléments de la CID Western Division, en compagnie du surintendant de police Daniel Monvoisin, ont formé un cordon de sécurité devant les ministres.

Les multiples appels du père Coosnapen ont pu ramener les habitants à la raison, mais lorsqu’Ivan Collendavelloo a repris la parole pour tenter de les convaincre, la rencontre explicative s’est achevée brusquement après 68 minutes. Les habitants ont manifesté leur mécontentement et ont voulu savoir si leur maison sera démolie. Le prêtre a alors décidé de mettre fin à la réunion.

C’est sous les critiques et les injures que les ministres, le PPS et le maire ont quitté la réunion par la petite porte de la salle sous forte escorte policière. Ils ont prudemment évité la porte principale. Les membres du gouvernement ont regagné leur voiture à la hâte.