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Temps de consultation de 10 minutes : la fièvre monte entre médecins et infirmiers

médecins et infirmiers

Le service risque-t-il d’être paralysé dans les jours à venir ? C’est ce que craignent certains professionnels. Ce, depuis l’annonce des médecins généralistes d’accorder 10 minutes aux patients pour chaque consultation. 

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Lors de l’assemblée générale de la Medical and Health Officers Association (MHOA) le samedi 14 septembre, les médecins généralistes ont voté à main levée qu’ils vont accorder au moins 10 minutes à chaque patient. Une lettre sera transmise au ministère de la Santé ce lundi pour l’informer officiellement de cette mesure.

Si de l’avis des médecins généralistes, cette mesure s’inscrit dans le contexte d’une amélioration du service de la santé, tel n’est pas l’avis de Nasser Essa, président de la Nurses Union (NU). Il estime qu’elle va créer un « grand cafouillage », car le nombre de patients va grossir dans la salle d’attente et « ce sont les infirmiers qui vont en subir les conséquences ». 

Un avis que partage un membre du personnel affecté au Medical Records qui témoigne sous le couvert de l’anonymat. Pour lui, le temps d’attente va augmenter : « Déjà avec une à deux minutes que dure chaque consultation, les malades n’ont pas la patience d’attendre, cela va être pire si cette mesure devait se concrétiser ». Vu le nombre de malades et le nombre de médecins généralistes, ces derniers n’ont d’autre choix que d’accorder un temps limité par patient, dépendant de son état de santé. 

Un ancien membre du syndicat des médecins généralistes abonde dans le même sens. « La situation sera chaotique», dit-il. Pour lui, cette demande d’accorder 10 minutes à chaque consultation est une épée de Damoclès sur la tête du ministère. Il soutient cependant qu’une consultation devrait idéalement durer au moins cinq minutes. « Avec le nombre de patients, il est difficile d’accorder plus de deux minutes pour des cas bénins », observe-t-il.  

Ainsi, si le temps de consultation devait se prolonger, les autres malades vont en pâtir, selon nos interlocuteurs. Car, hormis le temps d’attente pour la consultation, il y a le temps passé dans d’autres départements ou à la pharmacie. Le syndicat des médecins généralistes, pour sa part, voit  les choses différemment. 

Amélioration du service

« L’idée decoule d’une bonne intention : on veut améliorer la qualité du service afin de bien ausculter chaque patient, l’écouter et le conseiller » explique  le Dr Yovan Ramharai, trésorier de la MHOA. C’est aussi une manière de répondre positivement aux critiques. « Certains patients nous reprochent de ne pas passer suffisamment de temps avec eux. Leur accorder 10 minutes n’est pas une mauvaise idée », dit-il. Il balaie ainsi d’un revers de main la critique que cette démarche est un go-slow déguisé. 

Le Dr Bhooshun Ramtohul, vice-président de l’Association des consultants en charge, est, lui, en faveur de la démarche des médecins généralistes. Pour lui, ce sont des professionnels et ne peuvent faire leur travail avec rapidité. « Ils ont fait de leur mieux jusqu’à présent. Le ministère devrait recruter davantage de médecins généralistes. 10 minutes est un temps raisonnable pour une bonne consultation », dit-il.

Go-slow déguisé

Nasser Essa ne cache pas son indignation. « Est-ce qu’ils ne faisaient pas bien leur travail auparavant en n’accordant qu’une à deux minutes à chaque consultation ?  » se demande-t-il. Selon lui, accorder davantage de temps pour consulter chaque patient aura des répercussions sur le travail des infirmiers. « Nous ne sommes pas d’accord ». Il soutient que l’administration de l’hôpital Jeetoo, par exemple, planifie pour  que six à huit médecins soient de service pour les consultations aux Urgences. Mais certains ne sont pas présents physiquement, selon lui. « La situation des infirmiers est déjà difficile et le temps d’attente est déjà long, avec cette mesure les choses vont empirer », fait-il comprendre. Nasser Essa affirme que le syndicat va suivre cette affaire de près. La NU va prendre les mesures qui s’imposent si les médecins généralistes vont de l’avant avec leur mesure. Pour lui, cette démarche est « un go-slow déguisé ».

 

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