« Love Yourself » est le titre d’un court métrage réalisé par Teenah Jutton. Il aborde les problèmes des jeunes : dépression, suicide, anorexie, boulimie et influence des réseaux sociaux. Il propose des solutions pour ces maux de la société.
«Comparison is the thief of joy », disait Theodore Roosevelt. Et pourtant, de nombreux jeunes ont tendance à se comparer aux autres. Ils ne mesurent pas l’impact de cette pratique sur leur moral. Teenah Jutton, 32 ans, évolue dans l’environnement des jeunes en tant que Lecturer. Elle a pu constater le mal qui est fait, ce qui l’a poussée à faire un film, afin de briser le tabou sur les maladies mentales.
« Le film aborde le thème de la santé mentale. En fait, j’ai commencé le travail depuis de nombreuses années, car c’était une cause qui me tenait à cœur. J’avais une amie très chère, qui a lutté pendant dix ans contre ce mal et j’ai vu à quel point son combat était difficile », raconte-t-elle.
La jeune femme note que de nombreuses personnes hésitent à en parler et ont besoin d’aide. « J’ai alors pensé que le meilleur moyen de sensibiliser et d’essayer de briser ce tabou serait par le biais de l’audiovisuel. C’est pourquoi j’ai décidé de faire un court métrage sur ce thème en collaboration avec la Mauritius Film Development Corporation (MFDC). Le tournage a été effectué en 2017. J’ai ensuite sollicité la collaboration du ministère du Genre, et du ministère de la Santé et de la Qualité de vie pour organiser des ateliers de sensibilisation à travers l’île. Et c’est cette année que j’ai eu le feu vert, d’où le lancement du film le vendredi 23 août », explique-t-elle.
Pourquoi les femmes sont-elles plus touchées ?
Cette année encore des étudiantes universitaires ont perdu leurs camarades qui se sont suicidées. Leurs témoignages démontrent que ce problème touche particulièrement les jeunes femmes. « Je pense que beaucoup de femmes souffrent en silence. Pour éviter qu’elles perdent espoir et tombent dans la déprime, il est important qu’elles soient soutenues par leurs proches et qu’elles retrouvent confiance en elle. Beaucoup de jeunes femmes souffrent, mais n’osent pas en parler par peur d’être stigmatisées ou d’être mises à l’écart par leur entourage. »
À travers son court métrage, la réalisatrice attire l’attention sur l’importance de sensibiliser et de discuter avec les jeunes, afin de réduire le nombre de femmes qui souffrent de maladies mentales. « Il faut apprendre à s’accepter comme on est. Il ne faut pas se comparer aux autres et se rendre misérable. Beaucoup de jeunes tombent dans un cercle vicieux en comparant leur vie à celle de leurs amis, d’après ce que ceux-ci publient sur les réseaux sociaux. »
Teenah Jutton compte poursuivre le combat à travers d’autres projets similaires. « La National Eating Disorders Association est une ONG qui aide les personnes et les familles touchées par les troubles de l’alimentation en Californie. À Maurice, il n’y a pas ce genre d’organisme.
J’ai un projet d’association, en collaboration avec le ministère du Genre et du ministère de la Santé et de la Qualité de vie, en vue d’apporter le soutien nécessaire, avec des psychologues et d’autres professionnels, à ceux qui souffrent de ces problèmes. »
Page Facebook pour venir en aide
Teenah Jutton fait ressortir que, toutes les 30 secondes, une personne se suicide en raison d’une dépression. Les statistiques révèlent qu’une fille sur cinq souffre de troubles comme l’anorexie et la boulimie, mais lutte en silence. La National Eating Disorder Association estime qu’environ 70 millions de personnes souffrent de tels troubles dans le monde.
« Il est regrettable que l’image de “belle femme” soit négativement influencée par des publicités de filles de taille zéro. Il est triste que de nombreuses victimes et leurs familles ne sachent même pas qu’elles souffrent d’anorexie ou de boulimie. En 2016, j’ai entamé des discussions avec des jeunes femmes et, par la suite, créé une page Facebook, Love Yourself, pour permettre aux femmes de se prendre en charge et d’aider toutes les personnes aux prises avec une dépression et des troubles de l’alimentation comme l’anorexie et la boulimie. »
Le film est disponible sur les réseaux sociaux. Il sera visionné pendant des ateliers de travail avec les jeunes.
Portrait
Âgée d’une trentaine d’années, Teenah Jutton estime qu’il est important de servir et de rendre le monde meilleur.
Membre de l’Organisation pour les femmes dans la science dans un monde en développement, elle promeut la représentation des femmes dans le leadership scientifique et technologique.
Compte tenu de l’écart actuel entre les femmes et les hommes dans les postes liés à la technologie et la communication, elle mène actuellement des recherches pour inciter davantage de femmes à se lancer dans une carrière dans ce secteur à Maurice. Elle a reçu une subvention de la Tertiary Education Commission en ce sens.
Teenah Jutton est aussi membre fondatrice du John Maxwell Speakers Club à Maurice. Et en tant qu’universitaire, elle vise aussi à faire une différence dans la vie des gens en jouant un rôle pivot dans le secteur de l’éducation.
Coach d’une équipe de jeunes, elle a également décidé de s’attaquer au problème de la violence dans les écoles secondaires du pays. Par conséquent, elle travaille sur la prise de conscience émotionnelle, afin d’aider les jeunes à gérer leurs émotions. Ce projet a démarré avec des groupes de discussion organisés avec divers acteurs tels que des recteurs, des élèves, des enseignants, la brigade des mineurs et des psychologues.
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