Le secteur éducatif mauricien accueille une nouvelle filière, la Technology Education. Lancée sur une base pilote, la semaine dernière, elle sera proposée à partir de janvier 2024. Cette filière d'enseignement technologique vient s’ajouter à la panoplie déjà offerte.
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Le paysage éducatif accueille à partir de janvier 2024 la Technology Education. Dans une démarche innovante de la réforme de l'éducation, la vice-Première ministre et ministre de l'Éducation, Leela Devi Dookun-Luchoomun, a annoncé son introduction, le vendredi 3 novembre dernier.
Au ministère de l’Éducation, un des professionnels dira que l’introduction de cette filière se situe dans la continuité de la mise en place de la réforme éducative. Le contenu du programme est donc cohérent avec le plan initial pour amorcer une réorientation du cursus scolaire et de favoriser le développement de nouvelles compétences chez les jeunes apprenants mauriciens. Les étapes de la réforme se suivent ainsi que les opportunités offertes aux élèves.
Le seul critère pour l’admission en Technology Education est d'avoir réussi les examens du NCE de Grade 9. Notre source ajoute que « c’est une alternative viable et crédible qui coexistera avec le programme d'études traditionnel du School Certificate (SC) de Cambridge Assessment International Education (CAIE) ».
Cette initiative est considérée comme une étape essentielle dans l'alignement de l'offre éducative mauricienne sur les exigences des changements qui se produisent dans l'enseignement des matières Scientifiques, Techniques, Engineering et Mathématiques toutes regroupées sous la bannière ‘STEM Studies’.
La filière d'enseignement technologique est le fruit d'une collaboration entre les principaux organismes éducatifs de Maurice qui sont : le Mauritius Institute of Education (MIE), le Mauritius Examinations Syndicate (MES), la Mauritius Qualifications Authority (MQA), l’Université de Maurice (UoM), ainsi que des partenaires du secteur privé. Il revient que cet effort concerté souligne les fondements du projet, qui reposent sur le principe selon lequel l'éducation doit refléter le paysage socioéconomique unique de la nation. Les syndicats des enseignants ont été consultés au mois de juin de cette année dans un effort de rassembler toutes les parties concernées autour de l’initiative.
La Technology Education se distingue de par son programme d'études. Il a été élaboré pour refléter les spécificités des réalités mauriciennes. La formulation du programme a fait l'objet d'un vaste processus de consultation, intégrant les idées et l'expertise d'un large éventail de parties prenantes. À noter que l’université de Cambridge, n’offrant pas la filière technologique, a poussé le ministère de l’Éducation à faire appel à ses propres ressources pour émettre cette filière avec la collaboration du British Council. D’ailleurs, le British Council accompagnera la mise en place de la Technology Education tout au long de l’année 2024.
Alors que la phase de la mise en œuvre prend de l'ampleur, l'accent est mis sur l'état de préparation des collèges. Les recteurs des 10 écoles choisies pour ce projet pilote sont réunis en comité de travail afin d’être prêts à passer à la nouvelle filière.
Parallèlement, le ministère de l'Éducation organise une réunion pour les parents des élèves inscrits dans les prochains jours. Cette étape est essentielle pour différentes raisons. Elle permettra entre autres d’offrir une compréhension approfondie de l'enseignement technologique ; détailler le programme et mettre en évidence les compétences essentielles que les élèves vont acquérir ; encourager l'engagement actif des parents pour enrichir le parcours éducatif des élèves ; répondre aux questions et dissiper les inquiétudes concernant la nouvelle filière, en veillant à ce que les parents et les élèves soient confiants dans la voie à suivre.
Notons que 200 élèves ont déjà signifié leur intention de suivre cette filière. Les professionnels sont optimistes que plusieurs autres élèves s’y lanceront. Conscient de l'importance de la compétence des éducateurs dans cette transition, le ministère a organisé un exercice de renforcement des capacités dirigé par un consultant expert du British Council, en collaboration avec le MIE. Cette initiative permettra de s'assurer que les enseignants maîtrisent non seulement le programme d'études, mais aussi les approches pédagogiques les mieux adaptées à ce domaine d'études modernes.
Les enseignants d’expérience ont été appelés pour faire partie intégrante de la conception du programme, le MIE ayant formé des comités spécialisés pour chaque matière, tirant parti de leur riche expérience pour élaborer un programme attrayant et pertinent.
Navin Hurreeram, le Project Coordinator pour ce projet au MIE, souligne qu’une consultante du British Council fera le déplacement pour cette formation qui se tiendra à partir de ce lundi. Les enseignants seront exposés au contenu de chaque matière et à l’importance d’implémenter ce programme selon les critères voulus, entre autres. Cette filière comporte plusieurs domaines ayant trait à l’hôtellerie, les loisirs et le bien-être entre autres.
Le National Examination Board (NEB), organisme nouvellement constitué pour organiser les examens de la Technology Education, a planifié le maintien de l'intégrité et de la faisabilité du processus d'examen pour la filière de l'enseignement technologique.
Cette initiative stratégique en matière d'éducation est soutenue par un cadre complet qui comprend des programmes d'immersion pour les enseignants, garantissant qu'ils sont bien familiarisés avec le contenu du programme et les méthodologies d'enseignement.
Un engagement sérieux
Afin d'assurer le bon déroulement et le succès durable de la filière de l'enseignement technologique, un comité de pilotage a été créé au plus haut niveau du ministère de l'Éducation. Ce comité est chargé de superviser la mise en œuvre du programme, en apportant un soutien pratique à toutes les institutions partenaires et à tous les acteurs concernés.
Une des responsables insiste que l'initiative de cette filière est aussi le reflet d'une approche holistique de la réforme de l'éducation. Au fur et à mesure de son déroulement, le programme promet de favoriser l'émergence d'une génération dotée des compétences nécessaires pour s'épanouir dans un avenir axé sur la technologie.
Les critiques de Suttyhudeo Tengur
Suttyhudeo Tengur, membre de la Primary School Teachers’ Cooperative Credit Union (PSTCCU), émet des réserves et des inquiétudes face au Technology Education. Il pose des questions concernant la pertinence de cette nouvelle initiative éducative.
« Est-ce que nos enfants seront encore une fois des nouveaux cobayes destinés à des fins politiques ? » se demande Suttyhudeo Tengur. Il pointe du doigt « les statistiques qui ne trompent pas », avec chaque année près de 30 % d'échec, que ce soit au niveau du Primary School Achievement Certificate (PSAC) ou au niveau du School Certificate (SC) et du Higher School Certificate (HSC). Une réalité qu'il qualifie d'indéfendable. La ministre a justifié la nouvelle filière en mettant en avant deux points cruciaux : d'une part, l'option pour ceux ayant complété le NCE de
rejoindre le Technology Education Pathway (TEP) et, d'autre part, la possibilité que le TEP puisse éventuellement remplacer les examens du SC et du HSC, avec les certificats portant le sceau non pas de Cambridge, mais de l'Université de Maurice. Suttyhudeo Tengur souligne néanmoins que le problème réside dans la préparation adéquate des enseignants et dans la logistique nécessaire pour guider les élèves aspirant à un certificat reconnu mondialement. Il s'interroge sur la réputation du certificat de l'Université de Maurice par rapport à celui de Cambridge.
« Avec les réformes déjà entreprises depuis quelques années, comme le passage aux neuf années de scolarité, l'entrée en vigueur du PSAC et la mise en application d'un Extended Programme destiné aux recalés, les résultats sont loin d'être atteints. L'Extended Programme connaît encore des difficultés. Les MITD Centres et les Polytechniques semblent s'estomper », ajoute Suttyhudeo Tengur.
Arvind Bhojun appelle à donner une chance
Le président de l'Union of Private Secondary Education Employees (UPSEE), Arvind Bhojun, plaide en faveur de l'exploration de la nouvelle proposition éducative. « Je ne peux commenter en profondeur car, une fois de plus, en tant qu'acteur du secteur, nous n'avons pas été pris en compte lors de la planification et des discussions à ce sujet. Après avoir analysé la situation et pris note de la qualité des apprenants que nous aurons en Grade 10 au cours de la prochaine année scolaire, je crois qu'au moins l'enseignement du parcours technologique sera en grande partie adapté à eux. »
Il est d'avis que tous les apprenants méritent des parcours adaptés à leur carrière, indépendamment de leurs capacités et de leur expérience d'apprentissage. « La voie technologique peut être une solution pour éliminer les inadéquations et s'adapter à la demande de main-d’œuvre de ce monde technologique moderne.
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