Interview http://defimedia.info/categorie/interview fr Takesh Luckho, économiste : «Un changement fondamental de philosophie économique est nécessaire» http://defimedia.info/takesh-luckho-economiste-un-changement-fondamental-de-philosophie-economique-est-necessaire <span>Takesh Luckho, économiste : «Un changement fondamental de philosophie économique est nécessaire»</span> <span><span lang="" about="/users/philbert" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Patrick Hilbert</span></span> <span>dim 15/12/2024 - 07:00</span> <div class="field field--name-field-main-picture field--type-image field--label-hidden field--item"> <img src="/sites/default/files/styles/node_content_picture/public/takesh_luckho.jpg?itok=U5pMFnWt" width="1280" height="720" alt="" typeof="foaf:Image" class="img-responsive" /> </div> <div class="field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field--item"><p>L’économiste Takesh Luckho souligne l’ampleur de la tâche qui attend le gouvernement pour redresser la situation économique du pays. Cependant, avec les bonnes décisions, un changement de philosophie et une gestion rigoureuse et de la bonne gouvernance, Maurice peut être remis sur les rails et avancer vers un nouveau pallier de développement.<br /> <br /> <strong>Le Premier ministre a fait un état des lieux de l’économie au Parlement mardi. Que faut-il retenir de cet exercice ?</strong>&nbsp;<br /> Le Premier ministre a présenté un état des lieux de l’économie nationale au Parlement mardi, révélant une situation moins reluisante que ce qui avait été précédemment affiché. Lors de cet exercice, il a dénoncé des manipulations statistiques par le régime MSM, affirmant que les indicateurs économiques avaient été artificiellement embellis. Selon lui, les revenus avaient été systématiquement surestimés, tandis que les dépenses réelles étaient sous-évaluées, créant une image trompeuse de la santé économique du pays. Il a souligné que cette approche avait pour but de masquer les déséquilibres budgétaires, contribuant à une perception erronée de la gestion économique.&nbsp;</p> <p>Le diagnostic du Premier ministre souligne également que l’économie de Maurice n’est pas aussi florissante qu’on le prétendait. Derrière les discours optimistes et les rapports édulcorés, des défis structurels majeurs persistent : un endettement public préoccupant, des secteurs-clés en perte de vitesse, et une dépendance excessive à certains marchés extérieurs. Ces failles, masquées par des présentations exagérément optimistes, exigent des réformes urgentes pour restaurer une trajectoire de croissance durable. Cet exercice de vérité met également en lumière l’importance d’une gestion économique responsable et transparente. La manipulation des chiffres sous le précédent régime ne compromet pas seulement la confiance des investisseurs, mais érode également celle de la population envers les institutions. Le Premier ministre a appelé à un nouveau cap, basé sur des données réalistes et une gestion rigoureuse, pour remettre l’économie mauricienne sur les rails.</p> <p><strong>La situation est-elle vraiment aussi grave qu’il le dit ou s’agit-il d’abord de «&nbsp;management of people’s opinion&nbsp;» ?</strong><br /> La situation économique décrite par Navin Ramgoolam est très grave, dépassant le cadre d’une simple gestion de l’opinion publique. Les indicateurs financiers clés, tels qu’une dette publique dépassant le seuil critique de 80 % du PIB (83,4 % au lieu de 77,6 %), un déficit budgétaire qui a doublé (5,7 % au lieu de 3,9 %), et la santé déclinante de plusieurs organismes parapublics, témoignent d’une crise réelle qui ne peut être ignorée. Une dette publique supérieure à 80 % est un signal d’alerte sérieux. Ce niveau de surendettement compromet non seulement la capacité de l’État à financer ses dépenses courantes, mais expose également le pays à des risques accrus face à des chocs économiques externes, comme des fluctuations des taux d’intérêt ou des perturbations dans les marchés internationaux. Les marges de manœuvre pour lancer de nouveaux projets ou répondre à des urgences économiques se réduisent drastiquement dans un tel contexte. Le déficit budgétaire doublé ajoute à cette inquiétude. Un tel déséquilibre, où les dépenses publiques excèdent massivement les revenus, reflète soit une mauvaise planification budgétaire, soit une incapacité à générer suffisamment de recettes, notamment à travers les taxes ou la croissance économique. Cela aggrave encore les pressions sur les finances publiques et alimente la spirale de la dette.</p> <p><strong>Comment renverser la tendance&nbsp;? À quoi faut-il s’attaquer en premier&nbsp;?</strong><br /> Pour renverser la vapeur et remettre l'économie de Maurice sur la bonne voie, un changement fondamental de philosophie économique est nécessaire. Il s’agit d’abandonner un modèle axé sur la surconsommation et l’endettement pour privilégier une croissance durable, centrée sur la productivité et l’innovation. Cette transition demande une refonte des priorités économiques et des réformes ciblées pour créer un écosystème favorable au développement à long terme. En premier lieu, il faut miser sur une économie productive. Cela passe par des investissements stratégiques dans des secteurs porteurs comme les énergies renouvelables, les technologies numériques et l’agriculture durable.&nbsp;</p> <p>Renforcer les capacités locales de production permettra de réduire la dépendance aux importations et de stimuler la création d’emplois qualifiés. L’innovation doit également devenir un pilier central. En encourageant la recherche et le développement ainsi que les partenariats entre le secteur privé et les institutions académiques, Maurice pourra se positionner comme un acteur compétitif dans des industries émergentes.&nbsp;</p> <p>Par ailleurs, une gestion fiscale et monétaire plus responsable est cruciale. Le gouvernement doit adopter des politiques budgétaires prudentes, réduisant les dépenses inutiles et orientant les ressources vers des projets qui génèrent une réelle valeur ajoutée. Sur le plan monétaire, maintenir une stabilité des prix et des taux d’intérêt favorables à l’investissement est essentiel pour restaurer la confiance des marchés.</p> <p><strong>Plusieurs entités ont des milliards de roupies de dettes (CWA, CEB, Wastewater Management Authority, NTC...). Peut-on redresser la situation sans alourdir la fiscalité ou augmenter les tarifs ?</strong><br /> Il est possible de redresser la situation des entités publiques endettées, comme la CWA ou le CEB, sans alourdir la fiscalité ou augmenter les tarifs, à condition de mener une gestion plus rigoureuse et de s'attaquer directement aux sources de gaspillage. Des rapports d’audit détaillés peuvent révéler des domaines où des économies substantielles peuvent être réalisées, comme des pratiques de gestion inefficientes, des contrats mal négociés ou des dépenses excessives en matière de maintenance et de fonctionnement. Par exemple, les gaspillages liés à la consommation d’énergie ou à des équipements sous-utilisés peuvent être réduits par l'optimisation des ressources et la modernisation des infrastructures.&nbsp;</p> <p><strong>Quelles pourraient être des solutions ?</strong><br /> D’autre solutions sont en termes de révision des processus d’approvisionnement et une meilleure gestion des ressources humaines permettent également de limiter les coûts inutiles. Par la mise en œuvre de pratiques de gouvernance plus transparentes, le suivi rigoureux des budgets et des objectifs de performance, ces entités publiques peuvent redresser leur situation financière. Aussi, il faudra penser à promouvoir des partenariats public-privé (PPP). Ces collaborations permettent d'attirer des investissements privés pour moderniser les infrastructures et les services sans nécessiter un financement public direct. Par exemple, dans le secteur de l’énergie, des partenariats avec des entreprises privées pourraient permettre de développer des projets d’énergies renouvelables, réduisant ainsi les coûts opérationnels à long terme.</p> <p><strong>Comment freiner la dette publique, qui est passée de Rs 238 milliards fin décembre 2014 à Rs 449,1 milliards à fin juin 2024 ?</strong><br /> Freiner la dette publique, qui a presque doublé en une décennie pour atteindre Rs 449,1 milliards, nécessite une stratégie rigoureuse fondée sur des priorités claires. La gestion des dépenses gouvernementales doit être la première étape. Il est crucial d'identifier et de réduire les dépenses non essentielles, tout en optimisant l’efficacité des investissements publics. Les projets qui ne génèrent pas de retours économiques ou qui alourdissent le déficit doivent être revus, et des audits réguliers devraient être instaurés pour garantir une utilisation transparente et efficace des fonds publics. Ensuite, diversifier et augmenter les sources de revenus est essentiel. Le gouvernement peut explorer des avenues comme l’expansion de l’économie numérique, la promotion des industries vertes, ou encore des partenariats public-privé pour alléger les charges financières.&nbsp;</p> <p>Une réforme fiscale progressive, qui inclut une taxation équitable des entreprises et des hauts revenus, pourrait également renforcer les recettes de l’État sans pénaliser les ménages les plus vulnérables. Enfin, le gouvernement doit s’engager à maintenir une discipline budgétaire stricte à travers des lois de responsabilité fiscale. Ces mesures, combinées à une stratégie de croissance économique soutenue, sont indispensables pour maîtriser la dette et restaurer la viabilité des finances publiques.</p> <p><strong>Une dette publique élevée est-elle vraiment un problème pour un pays ?</strong><br /> Une dette publique élevée peut devenir un problème sérieux pour un pays, mais tout dépend de sa gestion et de sa finalité. Lorsqu’elle est utilisée judicieusement, pour financer des projets d’infrastructure, des investissements dans l’éducation ou la santé, elle peut stimuler la croissance économique et améliorer le bien-être général. Cependant, une dette mal gérée ou excessive peut avoir des répercussions négatives considérables.&nbsp;<br /> Tout d'abord, un endettement élevé accroît les obligations de remboursement, ce qui réduit les ressources disponibles pour des dépenses essentielles. Les paiements d’intérêts deviennent une charge budgétaire importante, limitant la capacité d’un gouvernement à investir dans des secteurs prioritaires. Ensuite, si les investisseurs perdent confiance dans la capacité d’un pays à rembourser sa dette, cela peut entraîner une hausse des taux d’intérêt, rendant l’emprunt encore plus coûteux.&nbsp;</p> <p>De plus, un niveau élevé de dette publique peut freiner la croissance à long terme. Il exerce une pression sur la politique monétaire et limite les marges de manœuvre pour réagir aux crises économiques. Enfin, un endettement excessif risque de peser sur les générations futures, qui devront supporter le fardeau des remboursements.</p> <p><strong>Un autre défi conséquent est le chômage, avec 17 500 chômeurs qui ne possèdent même pas de SC. Comment faire pour les «&nbsp;take on board&nbsp;» et réduire le taux de chômage ?</strong><br /> Pour intégrer ces chômeurs sans qualifications scolaires suffisantes et réduire le taux de chômage, il est essentiel d’adopter une stratégie axée sur la formation, le re-skilling (requalification) et l'up-skilling (montée en compétences). Cela implique une approche inclusive et pragmatique, adaptée aux réalités du marché du travail local.&nbsp;</p> <p>Le développement et la promotion des formations polytechniques sont cruciales. Ces institutions peuvent offrir des cursus courts et pratiques dans des domaines à forte demande, tels que la construction, le tourisme, la logistique ou encore les technologies émergentes. En facilitant l’accès à ces programmes par des subventions ou des bourses, davantage de chômeurs pourront acquérir des compétences directement employables. Ensuite, la requalification des travailleurs est indispensable pour répondre aux besoins d’un marché du travail en constante évolution. Des partenariats entre le gouvernement, les entreprises et les centres de formation pourraient permettre de concevoir des programmes adaptés aux secteurs en pénurie de main-d'œuvre. &nbsp;Il est aussi important de valoriser les métiers manuels et techniques par des campagnes de sensibilisation et des incitations financières. Ces métiers, souvent sous-estimés, offrent pourtant des opportunités d’emploi stables et rémunératrices.</p> <p><strong>À cela, il faut ajouter un véritable «&nbsp;brain drain&nbsp;» vers l’étranger. Avec quels outils pourrait-on renverser la tendance ?</strong><br /> Le phénomène de « brain drain », ou fuite de cerveaux, constitue un défi sérieux pour Maurice, car il prive le pays de talents essentiels à son développement. Pour renverser cette tendance, il est nécessaire de mettre en place des mesures attractives et durables qui incitent les Mauriciens à rester ou à revenir contribuer à l’économie nationale.&nbsp;</p> <p>Premièrement, améliorer les conditions de travail et les perspectives de carrière est crucial. Cela passe par une revalorisation salariale compétitive, des opportunités de formation continue et des environnements professionnels dynamiques. Des programmes spécifiques, comme des incitations fiscales pour les professionnels hautement qualifiés ou des subventions pour la recherche et l’innovation, pourraient également renforcer l’attrait local. &nbsp;Deuxièmement, l’entrepreneuriat et l’innovation doivent être encouragés. En créant un écosystème favorable aux startups, notamment grâce à des fonds d’investissement, des espaces collaboratifs et un accès facilité au crédit, Maurice peut retenir ses talents et attirer ceux de la diaspora.&nbsp;</p> <p>Par ailleurs, pour ceux qui souhaitent s’expatrier, des politiques de « mobilité circulaire » pourraient être mises en place, permettant aux expatriés de conserver des liens économiques et professionnels avec le pays. Ces liens pourraient inclure des collaborations à distance, des transferts de savoir-faire ou des projets de mentorat. Il faut aussi pouvoir promouvoir un cadre de vie de qualité, avec des infrastructures modernes, une éducation accessible et un environnement sûr, est essentiel.&nbsp;</p> <p><strong>Le gouvernement parle de diversification économique, notamment avec l’introduction de l’économie bleue et verte. Ces projets sont-ils réalistes à court terme ?</strong><br /> L’introduction de l’économie bleue et verte dans la stratégie de diversification économique du gouvernement est une démarche ambitieuse et porteuse de potentiel. Toutefois, sa réalisation à court terme présente des défis significatifs qui nécessitent une planification rigoureuse et des investissements ciblés. L’économie bleue, qui repose sur l’exploitation durable des ressources marines, est réaliste à condition de développer des infrastructures adaptées et d’encadrer les activités liées à la pêche, l’aquaculture et le tourisme maritime. Par exemple, des initiatives comme la production d’énergie marine renouvelable ou la valorisation des ressources sous-marines peuvent générer des revenus tout en protégeant l’environnement.&nbsp;</p> <p>Cependant, ces projets nécessitent des investissements initiaux conséquents, des technologies spécialisées et une main-d'œuvre qualifiée, ce qui pourrait limiter leur impact immédiat. De même, l’économie verte, axée sur la transition écologique, offre d’immenses opportunités à moyen et long termes, notamment dans les énergies renouvelables, l’agriculture durable et la gestion des déchets. À court terme, cependant, le défi réside dans la mise en place des infrastructures nécessaires et dans l’incitation des entreprises à adopter des pratiques respectueuses de l’environnement.&nbsp;</p> <p>Pour maximiser les chances de succès, le gouvernement doit prioriser des projets pilotes à court terme dans ces domaines, qui démontrent leur viabilité et attirent des investissements. Par exemple, des fermes solaires ou des initiatives locales d’écotourisme peuvent servir de modèles.</p> <p><strong>La dépendance croissante à l’importation de produits alimentaires pose un problème de sécurité alimentaire. Est-il encore possible de promouvoir une agriculture locale viable ?</strong><br /> La dépendance croissante à l'importation de produits alimentaires est un problème majeur qui expose Maurice à des fluctuations de prix mondiaux et à des perturbations des chaînes d'approvisionnement. Cependant, il est tout à fait possible de promouvoir une agriculture locale viable pour renforcer la sécurité alimentaire du pays, à condition de mettre en œuvre des stratégies adaptées et durables. Le gouvernement doit investir dans des infrastructures agricoles modernes, telles que l’irrigation efficace, les technologies de production avancées et des systèmes de stockage performants. Ces améliorations permettraient aux agriculteurs locaux d’augmenter leurs rendements tout en réduisant les pertes post-récolte.&nbsp;</p> <p>Par ailleurs, des incitations financières et des subventions ciblées pourraient encourager davantage de Mauriciens à s’engager dans l’agriculture, en particulier dans des cultures stratégiques essentielles pour la consommation locale. Ensuite, la diversification agricole est cruciale. En encourageant la culture de variétés adaptées aux conditions climatiques locales et en introduisant des pratiques agricoles durables, Maurice peut réduire sa dépendance aux importations tout en protégeant ses ressources naturelles. Enfin, la collaboration entre le gouvernement, le secteur privé et les coopératives agricoles peut créer un écosystème de soutien pour les agriculteurs, en facilitant l’accès aux marchés locaux et internationaux.&nbsp;</p> <p><strong>L’inflation pèse lourdement sur le pouvoir d’achat des Mauriciens. Quelles mesures concrètes le gouvernement peut-il prendre pour y remédier ?</strong><br /> Pour atténuer l’impact de l’inflation sur le pouvoir d’achat des Mauriciens, le gouvernement peut mettre en place un ensemble de mesures concrètes et ciblées. Ces initiatives doivent à la fois réduire la pression sur les prix et soutenir les revenus des ménages les plus vulnérables. Le rapport sur l’état de notre économie a démonté un taux cumulé sur le coût de la nourriture de 33 % comparé au taux de 22 % sur l’inflation en général. Premièrement, des politiques fiscales peuvent être ajustées pour alléger le fardeau des consommateurs. Par exemple, réduire temporairement les taxes sur les produits de première nécessité comme les denrées alimentaires, le carburant et les médicaments pourrait contribuer à atténuer la hausse des prix. En parallèle, des subventions ciblées sur ces produits essentiels pourraient bénéficier directement aux ménages à faibles revenus. L’Alliance du Changement propose de mettre en place un fond de stabilisation de Rs 10 milliards en ce sens. Deuxièmement, des initiatives pour stabiliser l’offre sont cruciales. Le gouvernement pourrait encourager la production locale pour réduire la dépendance aux importations, notamment dans les secteurs agricoles et manufacturiers. Des partenariats avec les producteurs locaux et des incitations financières pourraient aider à contenir les coûts.</p> <p><strong>Pensez-vous que les institutions publiques actuelles sont suffisamment équipées pour gérer les défis économiques à venir ou faut-il envisager des réformes profondes ?</strong><br /> Pour renforcer leur efficacité, des réformes profondes s’imposent. Ces réformes doivent s’appuyer sur trois piliers fondamentaux : la compétence, la responsabilité et l’orientation vers le bien-être de la population. Tout d’abord, il est crucial de privilégier la compétence dans la gestion des institutions publiques. Les nominations doivent être fondées sur le mérite, les qualifications et l’expérience, et non sur des considérations politiques ou personnelles. En plaçant les bonnes personnes aux bons postes, les institutions seront mieux préparées à concevoir et à exécuter des politiques efficaces. Ensuite, la responsabilité doit être un principe clé. Les individus ayant commis des fautes ou des abus de pouvoir doivent être tenus pour responsables. Cela passe par des mécanismes de contrôle rigoureux et transparents, ainsi que par une justice indépendante.&nbsp;</p> <p>La lutte contre la corruption doit être renforcée pour restaurer la confiance des citoyens. Enfin, les institutions publiques doivent recentrer leur mission sur le service au pays et le bien-être de la population. Elles doivent adopter une approche proactive, innovante et inclusive pour répondre aux besoins économiques et sociaux.</p> </div> <div class="field field--name-field-disqus field--type-disqus-comment field--label-hidden field--item"><drupal-render-placeholder callback="Drupal\disqus\Element\Disqus::displayDisqusComments" arguments="0=Takesh%20Luckho%2C%20%C3%A9conomiste%20%3A%C2%A0%C2%ABUn%20changement%20fondamental%20de%20philosophie%20%C3%A9conomique%20est%20n%C3%A9cessaire%C2%BB&amp;1=http%3A//defimedia.info/takesh-luckho-economiste-un-changement-fondamental-de-philosophie-economique-est-necessaire&amp;2=node/166385" token="LMPx_R8aJm7A4H7dg7PeRiM_5la4igFpQFHvj4njdoo"></drupal-render-placeholder></div> Sun, 15 Dec 2024 03:00:00 +0000 Patrick Hilbert 166385 at http://defimedia.info Sameer Sharma : « Tous les deals conclus par la MIC, sans exception, sont mal structurés » http://defimedia.info/sameer-sharma-tous-les-deals-conclus-par-la-mic-sans-exception-sont-mal-structures <span>Sameer Sharma : « Tous les deals conclus par la MIC, sans exception, sont mal structurés »</span> <span><span lang="" about="/users/cvilbrin" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Christina Vilbrin</span></span> <span>sam 14/12/2024 - 06:46</span> <div class="field field--name-field-main-picture field--type-image field--label-hidden field--item"> <img src="/sites/default/files/styles/node_content_picture/public/untitled_design_-_2024-12-11t123729.984.jpg?itok=WnwnciXJ" width="1280" height="720" alt="" typeof="foaf:Image" class="img-responsive" /> </div> <div class="field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field--item"><p>Les risques de défaut de paiement par rapport à certains deals sont bel et bien réels, prévient Sameer Sharma. Pour l’économiste et expert en investissement, il faut des gens compétents et patriotes pour travailler sur ce dossier, car, demain, en cas de faillite, ces spécialistes sauront comment minimiser les pertes.</p> <p><strong>Vous l’avez maintes fois déclaré : la Banque de Maurice a imprimé de l’argent pendant la pandémie. Le nouveau Gouverneur de la Banque centrale, Rama Sithanen, l’a confirmé. Vos commentaires ?&nbsp;</strong></p> <p>L’ancien gouvernement avait expliqué à la population en 2020/2021 que la Banque de Maurice avait vendu des dollars provenant des réserves internationales pour faire provisions pour la Mauritius Investment Corporation (MIC) afin qu’elle puisse aider les compagnies systémiques. Le terme de fonds souverain avait même été utilisé. Or, toute personne qui comprend comment fonctionne une Banque centrale sait que ce n’était pas le cas, car la Banque centrale devait injecter des roupies qui n’existaient pas encore dans le système à travers la MIC.</p> <p>La Banque de Maurice a tout simplement injecté de l’argent qu’elle a électroniquement créé. C’est une lecture comptable. Il faut savoir que la Banque centrale n’est pas une banque commerciale. Elle a la capacité de créer de l’argent à l’infini si elle le veut, avec les conséquences que l’on connaît.&nbsp;</p> <p><strong>Justement, cette impression de la monnaie n’a pas été sans conséquence notamment sur la roupie et les prix. Comment Maurice en a été affecté ?&nbsp;</strong></p> <p>Si vous comparez la dépréciation de la roupie à Maurice avec celle des autres monnaies dans les îles avoisinantes et d’autres pays comparables qui ont, comme nous, connu la pandémie, fermer leurs frontières, subi les effets néfastes de la guerre en Ukraine et au Moyen Orient, vous verrez que notre roupie a connu une plus forte dépréciation. La raison est limpide : nous avons imprimé de la monnaie et augmenté l’offre des roupies dans le système ce qui a détruit sa valeur. &nbsp;Le gouvernement n’avait pas une influence saine sur la Banque centrale. L’ancien ministre des Finances, Renganaden Padayachy, ne voulait pas augmenter la dette publique et il était un fan de l’illusion monétaire. Il a alors demandé au Gouverneur de l’époque, Harvesh Seegolam, d’imprimer de l’argent. Et on a fait passer cela pour un fonds souverain.&nbsp;</p> <blockquote> <h2>Il faut concrètement ‘pousser’ les entreprises pour&nbsp;qu’elles remboursent ce qu’elles ont obtenu assez rapidement.&nbsp;Il ne faut pas s’en faire pour ces grosses boîtes.&nbsp;Elles ont de l’argent grâce à la dépréciation de la roupie.&nbsp;Les entreprises aussi doivent aider leur pays"</h2> </blockquote> <p><strong>Selon Rama Sithanen, 10 à 11 compagnies, qui ont obtenu des facilités de l’ordre de Rs 3,6 milliards/Rs 3,7 milliards de la Mauritius Investment Corporation ont un niveau de risque élevé à très élevé. Parmi, une de ces compagnies a bénéficié de Rs 45 millions alors qu’elle n’était pas éligible. En tant que spécialiste de l’investissement, quel est votre regard sur un investissement dans une société ayant un risque 4 ou 5 ?</strong></p> <p>On ne sait pas sur quels critères ils se sont basés pour déterminer les risques de 1 à 5. Mais, je vais être clair dessus. D’ailleurs, cela fait cinq ans que je le répète : tous les deals faits, et cela sans exception, ont été mal conçus et structurés. Je vois que le Gouverneur se concentre sur les deals les plus récents en ce moment et je le comprends, mais ceux antérieurs aussi, notamment les prêts à travers les obligations soi-disant convertibles accordés aux compagnies systémiques, ne sont aussi ni dans l’intérêt de la MIC, ni dans l’intérêt de la Banque de Maurice. Le ‘pricing’ n’est pas correcte et a été très mal fait. &nbsp;Certains cas sont bien pires que d’autres. Il y a aussi des compagnies dont les garantis sont très faibles avec des termes comme «&nbsp;floating charge after all other charges&nbsp;». À titre d’exemple, si elles font faillite demain, la MIC aura un taux de recouvrement bien faible ce qui devrait déjà impacter la vraie valeur de ces actifs. Il y a aussi certains cas de corruption et de fraude potentiels comme l’affaire des Rs 45 millions.&nbsp;</p> <blockquote> <h2>Il faut faire une évaluation de tous les actifs de la MIC sans exception"</h2> </blockquote> <p><strong>Que recommandez-vous comme solutions ?&nbsp;</strong></p> <p>Il faut en premier lieu faire une évaluation de tous les actifs de la MIC sans exception et cela par une institution indépendante et préférablement étrangère avec une grande expertise dans ce domaine. C’est un domaine très spécialisé et sophistiqué. On parle là de ‘private debt’ et de ‘private equity’ dans des instruments illiquides. Et les experts en la matière ne courent pas les rues. Ce qui explique le trou avec lequel la Banque de Maurice se retrouve actuellement. Par ailleurs, il faudra éviter tous les cabinets d’audit qui ont été consultants pour ces mêmes boîtes. On a déjà notre lot de conflits d’intérêts. Il faut chercher des boîtes neutres et crédibles à l’étranger.</p> <p>Une fois l’évaluation de la valeur réelle de ces actifs complétée, on pourra alors faire une catégorisation. Il faudra aussi s’attaquer aux obligations soi-disant convertibles où il y a des clauses dans les ‘term sheets’ stipulant que l’émetteur des obligations (Ndlr : les compagnies qui ont obtenu des facilités avec la MIC) peuvent acheter ces obligations à n’importe quel moment sur une durée de neuf ans tandis que l’investisseur lui doit attendre neuf ans pour exercer l’option de conversion. Ces clauses qui sont à l’inverse de ce qui se pratique à l’étranger détruisent la valeur de l’option de conversion rendant l’obligation essentiellement non convertible. Ce qui baisse drastiquement sa vraie valeur si l’évaluation se fait comme cela se fait à l’étranger. Il est clair que ces compagnies vont racheter les obligations avant qu’elles n’atteignent leur maturité pour éviter tout risque de dilution de leur actionnariat sauf bien sûr si la compagnie ne se porte pas bien (ce qui implique une valeur encore plus faible). Légalement, elles ont le droit de le faire. C’est pourquoi il faut concrètement les ‘pousser’ pour qu’elles remboursent ce qu’elles ont obtenu assez rapidement. L’option de ‘call back’ peut se faire à la valeur faciale de l’obligation, c’est-à-dire, elles exerceront l’option de rembourser la MIC aussi vite que possible et la MIC ne fera aucune perte. &nbsp;D’autant plus que ces facilités leur ont été offertes à un taux fixe de 3 % inférieur à l’inflation. Ce qui ne compense pas la MIC pour les risques encourus dont le risque de défaut et surtout de liquidité. Il ne faut pas s’en faire pour ces grosses boîtes. Elles ont de l’argent grâce à la dépréciation de la roupie. Les entreprises aussi doivent aider leur pays.</p> <p><strong>Vous êtes aussi en faveur de la création d’un Special Purpose Vehicle pour les petites compagnies qui ont obtenu des facilités de la MIC ?&nbsp;</strong></p> <p>Pour ce qui est des compagnies où la qualité des garanties est très faible ou incertaine et pour les petites compagnies, incluant celle qui a obtenu Rs 45 millions alors qu’elle ne répondait pas aux critères, il faut qu’elles soient regroupées sous un Special Purpose Vehicle (SPV). Il faut les enlever du bilan de la Banque de Maurice. Ce sera alors au gouvernement de prendre cette responsabilité et de payer la Banque centrale en achetant ces actifs à un prix beaucoup plus faible à travers le SPV. &nbsp;La dépréciation de la roupie a permis à la Banque centrale d’augmenter artificiellement la valeur de sa Special Reserve Fund qui fait partie du capital de la Banque Centrale. Elle pourra dont subir certaines pertes. Le gestionnaire du SPV se concentra alors à maximiser le taux de recouvrement de ces actifs et essayer de faire un profit au moyen terme. Ce qui pourra même améliorer la caisse de l’État surtout si le prix d’achat est faible.</p> <p><strong>Si la MIC a accordé des facilités à diverses entreprises, elle a aussi consenti 10 % de ses fonds à l’achat des terres. Ceux qui connaissent le dossier craignent qu’on soit assis sur une poudrière et qu’on serait face à une véritable « mafia immobilière et financière ». Qu’en est-il ?&nbsp;</strong></p> <p>Des terres ont été surévaluées par une entité d’évaluation très proche de l’ancien régime. Ces terrains ont été initialement achetés à des prix élevés, puis réévalués à des prix encore plus importants. Cette manœuvre visait à gonfler artificiellement le bilan de la Banque de Maurice, dans un jeu purement comptable. Si la Banque de Maurice venait à céder ces terrains, elle le ferait probablement à un prix inférieur.</p> <p>Il est crucial de retirer ces terres du bilan de la Banque de Maurice et de créer une structure incitative pour les investisseurs potentiels. Cette structure pourrait proposer des conditions avantageuses, telles que le partage des risques avec l’État pendant un temps initial, des prêts à taux préférentiels à travers la Banque de Développement et des garanties de prix (par exemple, sur des productions maraîchères) pour les investisseurs locaux et étrangers souhaitant s’engager dans la sécurité alimentaire. Ainsi, les investisseurs ne se sentiront pas désavantagés si la Banque de Maurice leur cède les terrains à un prix supérieur à leur valeur réelle, car le ‘package’ sera quand même profitable sur le long terme. C’est dans cette direction que nous devons nous orienter.</p> <blockquote> <h2>Ce n’est pas le rôle de la BoM de se lancer dans les placements au niveau local et surtout pas en imprimant de l’argent. Il faut renforcer la loi et aussi veiller à ce que les politiciens ne s’ingèrent plus dans les affaires de la Banque centrale"</h2> </blockquote> <p><strong>La MIC a investi Rs 25 milliards dans Airport Holdings Ltd (AHL). Cela représente son plus gros investissement. Que recommandez-vous sur ce dossier spécifique ?</strong></p> <p>Là encore, il faut des experts externes et compétents afin qu’ils restructurent la compagnie le plus vite possible et la faire lister sur la Bourse ou à travers un consortium d’investisseurs étrangers. Il faut qu’un redressement (‘turnaround’) s’opère au sein d’AHL pendant un certain temps pour maximiser la valeur et que celle-ci soit, par la suite, retirée du bilan de la Banque de Maurice.&nbsp;</p> <p><strong>Revenons sur les risques de défaut de paiement par rapport à certains deals considérés comme étant risqués. Qu’en est-il ?</strong></p> <p>La MIC est entrée dans un domaine sophistiqué où il y a très peu d’experts. Pour ce qui est de risque de défaut, il y a en aura, mais il rentrera dans le prix des actifs. D’où l’importance de cette évaluation des actifs. On pourra évaluer les défauts, mais aussi la qualité des actifs. Ce qui permettra de réévaluer les prix. &nbsp;Avec le ‘pricing’ qui a été mal fait, on pourra se retrouver avec des scénarios de 30 sous/40 sous sur une roupie d’investissement initiale pour certains actifs, voire de zéro sou. Il faut des gens compétents et patriotes pour travailler sur ce dossier, car demain en cas de faillite ces spécialistes sauront comment minimiser les pertes.&nbsp;</p> <blockquote> <h2>Des terrains ont été initialement achetés à des prix élevés, puis réévalués à des prix encore plus importants. Cette manœuvre visait à gonfler artificiellement le bilan de la Banque de Maurice, dans un jeu purement comptable"</h2> </blockquote> <p><strong>Il y aurait eu une connivence entre la Banque centrale et la MIC pour détourner les fonds publics par rapport à l’affaire des Rs 45 millions où l’un des propriétaires de Pulse Analytics est concerné. Quelle est votre première impression ?</strong></p> <p>Il y avait une mauvaise gouvernance. Le ministre des Finances avait le plein contrôle. L’autre problème - et c’est fréquent à Maurice -, c’est que des nominés politiques se retrouvent à des postes pour lesquels ils ne sont pas qualifiés. Et, dans ce cas précis, ils ont accepté de tout signer sans comprendre. Sans parler de la corruption. Il est crucial que la Banque centrale et le gouvernement permettent enfin aux marchés de fonctionner naturellement, en évaluant rigoureusement tous les actifs et en laissant les acteurs économiques trouver des solutions innovantes, en impliquant des professionnels intègres sans conflits d’intérêts, véritablement motivés à minimiser les coûts et maximiser la récupération de valeur, afin d’éviter de reproduire les erreurs coûteuses du passé qui nous ont déjà fait perdre des milliards.&nbsp;</p> <p><strong>Le nouveau Gouverneur se prononce en faveur d’arrangements institutionnels et souhaite que la Banque de Maurice retourne « back to basics&nbsp;». Est-ce la voie à suivre ?&nbsp;</strong></p> <p>C’est absolument la voie à suivre ! Le rôle de la Banque centrale est de contrôler l’inflation et d’assurer que le secteur financier fonctionne comme il se doit. Ce n’est pas son rôle de se lancer dans les placements au niveau local et surtout pas en imprimant de l’argent. Il faut que jamais cela ne se répète. D’où l’importance de renforcer la loi pour éviter qu’un même scénario ne se produise. Il faut aussi veiller à ce que les politiciens ne s’ingèrent plus dans les affaires de la Banque centrale.</p> <blockquote> <h2>Il est crucial que la Banque centrale et le gouvernement permettent enfin aux marchés de fonctionner naturellement"</h2> </blockquote> </div> <div class="field field--name-field-disqus field--type-disqus-comment field--label-hidden field--item"><drupal-render-placeholder callback="Drupal\disqus\Element\Disqus::displayDisqusComments" arguments="0=Sameer%20Sharma%20%3A%C2%A0%C2%AB%20Tous%20les%20deals%20conclus%20par%20la%20MIC%2C%20sans%20exception%2C%20sont%20mal%20structur%C3%A9s%20%C2%BB&amp;1=http%3A//defimedia.info/sameer-sharma-tous-les-deals-conclus-par-la-mic-sans-exception-sont-mal-structures&amp;2=node/166299" token="Kfo8L2q9m4oDSsiPyQwJaj9fZqKJ8I4AMSnSrEW0f8M"></drupal-render-placeholder></div> Sat, 14 Dec 2024 02:46:00 +0000 Christina Vilbrin 166299 at http://defimedia.info Shatyam Issur, consultant en santé publique : «Placer le National AIDS Secretariat sous le PMO serait un mauvais choix» http://defimedia.info/shatyam-issur-consultant-en-sante-publique-placer-le-national-aids-secretariat-sous-le-pmo-serait-un-mauvais-choix <span>Shatyam Issur, consultant en santé publique : «Placer le National AIDS Secretariat sous le PMO serait un mauvais choix»</span> <span><span lang="" about="/users/defiplus" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Defi Plus</span></span> <span>dim 08/12/2024 - 08:31</span> <div class="field field--name-field-main-picture field--type-image field--label-hidden field--item"> <img src="/sites/default/files/styles/node_content_picture/public/shatyam_issur.jpg?itok=_1nSKhbV" width="1280" height="720" alt="" title="Shatyam Issur, consultant en santé publique." typeof="foaf:Image" class="img-responsive" /> </div> <div class="field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field--item"><p>À Maurice, 9 492 personnes vivent avec le VIH et 358 nouveaux cas sont enregistrés chaque année. Le dimanche 1er décembre, la Journée mondiale de lutte contre le sida a été observée par l’ONG PILS (Prévention, Information et Lutte contre le Sida) à Port-Louis. Lors de cet événement, le ministre de la Santé, Anil Bachoo a promis des actions pour inverser la situation. Cependant, face à la plaidoirie de PILS pour que le National AIDS Secretariat (NAS) soit rattaché au Prime Minister’s Office (PMO), Shatyam Issur, estime que ce serait un « mauvais choix ». Pourquoi ? Le jeune activiste de longue date dans la lutte contre le VIH partage son point de vue dans cet entretien accordé au Défi Plus.</p> <p><strong>Qui êtes-vous ?</strong><br /> Je suis Shatyam Issur, titulaire d’un LLM en droit des affaires de l’Université de Maurice et Senior Global Fellow de l’Atlantic Institute au Royaume-Uni. Je poursuis actuellement une maîtrise en santé publique avec une spécialisation en santé - droits sexuels et reproductifs à la London School of Hygiene &amp; Tropical Medicine (LSHTM). Je suis aussi consultant en santé publique, conseiller auprès de la délégation internationale des ONG d’Unitaid, et membre exécutif de l’International Council of AIDS Service Organizations (ICASO) et de l’International AIDS Society (IAS).</p> <p><strong>Depuis quand êtes-vous engagé dans la lutte pour les droits des personnes vivant avec le VIH ?</strong><br /> Depuis mon jeune âge, j’ai consacré mon énergie à la lutte contre le VIH à Maurice. Pendant mes années universitaires, j’ai mené des campagnes de sensibilisation auprès des étudiants sur le campus. J’encourageais le bon usage du préservatif et le dépistage régulier, des actions essentielles pour prévenir la transmission du virus. Après mes études, j’ai intégré le Collectif Urgence Toxida (CUT), une association engagée dans la réduction des risques par rapport à l’usage de substances. J’ai progressivement gravi les échelons jusqu’à en devenir le directeur.</p> <p><strong>Selon vous, quelle est la situation du VIH à Maurice ?</strong><br /> L’examen de la cascade nationale de soins du VIH à Maurice révèle une situation préoccupante. Selon les estimations de l’ONUSIDA, entre 11 000 et 15 000 personnes vivent avec le VIH/sida dans le pays. Les données rapportées à la Southern African Development Community (SADC) pour 2023 montrent que seuls 56 % de ces personnes connaissent leur statut sérologique. Parmi elles, 47 % ont été initiés à un traitement antirétroviral et sur ce groupe, seuls 69 % ont atteint une charge virale indétectable, ce qui signifie que ces personnes ne transmettent plus le virus.&nbsp;</p> <p>Ces chiffres montrent donc que Maurice est encore loin d’atteindre l’objectif ambitieux fixé pour 2030 : que 95 % des personnes vivant avec le VIH connaissent leur statut, 95 % de celles-ci soient sous traitement et 95 % ont une charge virale indétectable. Pour combler ces lacunes et progresser vers l’éradication de l’épidémie, un effort collectif public-privé-société civile accru est indispensable.</p> <p><strong>Pouvez-vous nous expliquer le rôle du National AIDS Secretariat (NAS) ?</strong><br /> Créé en 2007 sous l’égide du PMO, le NAS est passé sous la responsabilité du ministère de la Santé et du Bien-être en 2015. Sa mission principale est de coordonner la réponse multisectorielle au VIH à Maurice. Pour cela, le NAS joue un rôle central en synchronisant et intégrant les efforts de divers acteurs, notamment les ministères, départements, agences gouvernementales, ONG et organisations de la société civile. Il gère également les ressources nécessaires, qu’elles proviennent du gouvernement, d’ONG ou d’agences internationales afin de financer et soutenir efficacement la réponse nationale.&nbsp;</p> <p>Le NAS veille aussi à l’harmonisation de tous les plans et actions liés au VIH pour qu’ils soient alignés sur le Plan d’action national du VIH, garantissant ainsi une approche unifiée. De plus, il supervise un système robuste de suivi et d’évaluation, centralisé sous une seule entité nationale. Le NAS élabore ainsi des directives internes et externes pour assurer une mise en œuvre efficace des stratégies, tout en identifiant les lacunes en ressources humaines, financières ou techniques. Il développe également des solutions stratégiques pour combler ces manques, consolidant ainsi la réponse nationale face au VIH.</p> <blockquote> <h2>La situation du VIH&nbsp;s’est dégradée à partir de 2015 à cause des mauvaises décisions politiques prises et non en raison du déplacement du NAS&nbsp;<br /> du PMO à la Santé"</h2> </blockquote> <p><strong>Le 1er décembre, PILS a lancé un appel pour que le NAS passe de la santé au PMO. Votre avis ?</strong><br /> La logique derrière certaines propositions comme celle-ci est difficile à comprendre en l’absence d’explications sur le sujet et surtout à la lumière du discours du nouveau ministre de la Santé, Anil Bachoo chez PILS. Ce dernier a déclaré : « Mo fer enn lapel a tou mo ofisie, bann ONG, sosyete sivil, travayer sosyal ek kominoter ek bann lezot organizasyon ki angaze dan lalit kont sida pou travay an kolaborasyon ». Il a mis en avant l’importance d’une approche inclusive et collective pour éliminer le VIH à Maurice. Pourtant, avant même d’évaluer comment le ministère pourrait mettre en œuvre cette collaboration, un plaidoyer est fait pour placer le NAS sous la tutelle du PMO.</p> <p><strong>Pourquoi dites-vous que le retour du NAS sous le PMO serait une « mauvaise décision&nbsp;» ?</strong><br /> Le pays est dans une période de transition vers une autonomie complète dans le financement de ses programmes VIH. À partir de 2026, le pays, soit l’État, devra prendre en charge l’ensemble des initiatives actuellement soutenues par le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et la malaria, un partenaire financier essentiel jusqu’ici pour Maurice.&nbsp;</p> <p>D’un point de vue de la santé globale et des programmes de lutte contre le VIH, le rattachement actuel du NAS au ministère de la Santé est stratégique et bien plus cohérent avec les principes promus par le Fonds mondial. Cela favorise l’intégration des programmes VIH dans le système de santé national, renforce leur durabilité et contribue à un développement global des systèmes de santé. D’ailleurs en 2023, le ministère de la Santé a mené un processus approfondi en collaboration avec les organisations de la société civile et des communautés pour préparer la demande de financement pour la période 2024-2026, le dernier cycle auquel Maurice peut prétendre.&nbsp;</p> <p>Donc, un retour du NAS sous le PMO risquerait de fragmenter les efforts, de réduire la cohérence entre les acteurs et de compromettre l’objectif de pérennisation des acquis en matière de santé publique.</p> <p><strong>Les programmes VIH sont-ils suffisamment ancrés dans la prestation des services de santé ?</strong><br /> Hélas, non. Certes, la direction politique de haut niveau donnée par le PMO a été bénéfique au vu des progrès réalisés dans la lutte contre le VIH à Maurice de 2007 à 2015, avec l’introduction du traitement antirétroviral, du traitement de substitution à la méthadone et du programme d’échange de seringues, entre autres. Cependant, la situation du VIH s’est dégradée à partir de 2015 à cause des mauvaises décisions politiques prises et non en raison du déplacement du NAS du PMO à la Santé.&nbsp;</p> <p>Depuis 2017, des progrès significatifs ont tout de même été réalisés. Le pays a notamment introduit un traitement anti-VIH, le dolutégravir plus efficace, qui réduit considérablement le délai pour atteindre une charge virale indétectable ainsi que la PrEP, un traitement préventif contre le VIH. En outre, l’approche «&nbsp;tester et traiter » a été adoptée même si des efforts restent nécessaires, tandis que les personnes usagères de drogues ont désormais accès à un kit complet de matériel stérile.&nbsp;</p> <p>Une collaboration étroite entre le secteur de la Santé et la société civile a amélioré la coordination des programmes. Cela a permis l’ouverture du Centre Banian, le premier centre de santé sexuelle communautaire, ainsi que la distribution du traitement anti-VIH sur plusieurs mois au lieu d’une seule fois.</p> <p>Il est essentiel, à mon avis, de consolider et de renforcer ces acquis, surtout dans le contexte actuel de transition du Fonds mondial. Cela passe par une gestion opérationnelle directe, le suivi et l'intégration des programmes VIH dans le système de santé, avec le soutien du NAS et de la société civile. Cette approche permettrait de garantir une intégration fluide et une continuité des services de santé tout en préservant la coordination entre les différents acteurs impliqués.</p> <p><strong>Il faut donc des systèmes de santé résilients pour mieux lutter contre le VIH ?</strong><br /> Oui, absolument. La pandémie de la COVID-19 a démontré l'importance de renforcer les systèmes de santé. Lors du processus de financement en 2023 à Maurice, l’équipe du Fonds mondial a souligné qu'il est crucial de renforcer les systèmes de santé formels et communautaires pour mettre fin au VIH, faire face aux menaces sanitaires émergentes et créer des systèmes de santé résilients et durables.</p> <p>Pour la lutte contre le VIH, cela passe par la création et le maintien de partenariats entre les secteurs public et privé, la société civile et les communautés. D’ailleurs, un comité de la société civile a été mis en place, dans le cadre de la transition du Fonds mondial pour inclure les perspectives de toutes les ONG actives dans le domaine de la santé afin d’adopter une approche collaborative. L’objectif était de lier les systèmes de santé formels et communautaires, tout en associant les diverses ONG de santé pour construire un système résilient pour Maurice. Ces recommandations ont été intégrées dans notre demande de financement au Fonds mondial pour la période 2024-2026.</p> <p><strong>Avec ces mécanismes en place, quelle est la crainte si le NAS est rattaché au PMO ?</strong><br /> Tournons la question autrement : doit-on gérer toutes les pathologies de santé sous l’égide du PMO ? Après les récentes élections générales, le pays et le PMO ont d’autres priorités nationales majeures telles que l’assainissement de la situation financière, l’écologie, le renforcement et l’autonomisation de nos institutions et la souveraineté territoriale, etc. Déplacer le NAS sous le PMO pourrait limiter les synergies existantes et l’agenda de la lutte contre le VIH.&nbsp;</p> <p>Cette problématique risquerait de devenir moins prioritaire. Cela pourrait alors conduire à l’isolement et à l’exclusion des programmes VIH, contraire à l’approche globale et inclusive qui aborde le VIH comme un problème de santé publique. Entretemps, la stigmatisation des personnes vivant avec le VIH, qui sévit depuis les débuts de l’épidémie, risque de se renforcer.</p> <p><strong>Le PMO se concentre sur la gouvernance et la supervision des politiques. N’est-ce pas là, une bonne chose ?</strong><br /> Oui, cependant le PMO manque généralement de l’expertise technique nécessaire pour gérer efficacement des programmes spécifiques à la santé. La centralisation du NAS sous le PMO pourrait générer une bureaucratie supplémentaire, retardant la mise en œuvre des interventions et limitant l’agilité de la réponse au VIH. Les programmes VIH prospèrent grâce à l’approche communautaire. Ainsi, replacer le NAS sous le PMO pourrait réduire l'implication des communautés et des personnes directement concernées, ainsi que la réactivité aux besoins locaux, qui sont essentiels pour des interventions réussies contre le VIH.</p> <p>Je le redis : les recommandations du Fonds mondial et la stratégie approuvée par l’OMS ont été formulées lors de la demande de subvention en 2023. Le pays s’est donc déjà engagé auprès de cette instance internationale dans la voie d’un système de santé résilient qui s’appuie sur la société civile. Le pays a obtenu des financements pour mettre en œuvre cette approche. Le transfert du NAS sous le PMO pose une question éthique : pourquoi plaider pour un changement de trajectoire maintenant ?</p> <blockquote> <h2>La centralisation du NAS sous le PMO pourrait générer une bureaucratie supplémentaire, retardant la mise en œuvre des interventions et limitant l’agilité de la réponse au VIH"</h2> </blockquote> <p><strong>Pour clore cet entretien, quelles mesures selon vous, l’État mauricien devrait-il mettre en place pour mieux accompagner les personnes porteuses du VIH ?&nbsp;</strong><br /> Mes suggestions sont de maintenir et renforcer l’approche décentralisée pour le maintien dans le soin. Par exemple, une collaboration avec les cliniques privées pour le dépistage et le traitement, s'inspirant du modèle argentin. Je pense qu’il faut aussi mener des négociations bilatérales pour introduire des traitements à action prolongée, notamment les ARV et la PrEP injectables à Maurice. Ils améliorent grandement la qualité de vie et le maintien dans le soin.&nbsp;</p> <p>Il est important aussi de reconnaître officiellement l’apport communautaire dans la réponse nationale, comme adopter une « Community/Civil Society Engagement Act » inspiré du modèle kenyan qui reconnaîtrait le métier de pair éducateur. J’estime qu’il faut s’approprier pleinement le programme national VIH à travers des financements soutenus au niveau national et vers la société civile.&nbsp;</p> <p>Il faut pareillement créer un fonds d’innovation pour le NAS et également pour la société civile. De plus, il faut étoffer les services de réduction de risques en prison en introduisant la dispensation de préservatifs, de kit d’injection et de seringues en prison. Mais encore, il faut renforcer le système national de suivi et d’évaluation dans la lutte contre le VIH afin de pouvoir mieux comprendre les tendances dans la transmission et mieux aiguiller les programmes et ressources pays.</p> <div class="alert alert-warning"> <h3>VIH en chiffres&nbsp;</h3> <p>&nbsp;À Maurice, 9 492 personnes vivent avec le VIH.</p> <p>358 nouveaux cas sont enregistrés chaque année.</p> <p>Selon les données rapportées à la SADC pour 2023 : seuls 56 % de ces personnes connaissent leur statut sérologique.&nbsp;</p> <p>Parmi elles, 47 % ont été initiés à un traitement antirétroviral et sur ce groupe, seuls 69 % ont atteint une charge virale indétectable, ce qui signifie que ces personnes ne transmettent plus le virus.&nbsp;</p> <p>Maurice est encore loin d’atteindre l’objectif ambitieux fixé pour 2030 : que 95 % des personnes vivant avec le VIH connaissent leur statut, 95 % de celles-ci soient sous traitement et 95 % ont une charge virale indétectable.</p> </div> </div> <div class="field field--name-field-disqus field--type-disqus-comment field--label-hidden field--item"><drupal-render-placeholder callback="Drupal\disqus\Element\Disqus::displayDisqusComments" arguments="0=Shatyam%20Issur%2C%20consultant%20en%20sant%C3%A9%20publique%20%3A%20%C2%ABPlacer%20le%20National%20AIDS%20Secretariat%20sous%20le%20PMO%20serait%20un%20mauvais%20choix%C2%BB&amp;1=http%3A//defimedia.info/shatyam-issur-consultant-en-sante-publique-placer-le-national-aids-secretariat-sous-le-pmo-serait-un-mauvais-choix&amp;2=node/166172" token="Z65kDGGOoD3jDcbgTsnxTcqsKaDpnHaJSDxcM1-xrK4"></drupal-render-placeholder></div> Sun, 08 Dec 2024 04:31:00 +0000 Defi Plus 166172 at http://defimedia.info Shirin Aumeeruddy-Cziffra, Speaker : «Je suis profondément humaniste et je n’ai plus rien à prouver»  http://defimedia.info/shirin-aumeeruddy-cziffra-speaker-je-suis-profondement-humaniste-et-je-nai-plus-rien-prouver <span>Shirin Aumeeruddy-Cziffra, Speaker : «Je suis profondément humaniste et je n’ai plus rien à prouver» </span> <span><span lang="" about="/users/adila" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Adila Mohit-Saroar</span></span> <span>sam 07/12/2024 - 07:47</span> <div class="field field--name-field-main-picture field--type-image field--label-hidden field--item"> <img src="/sites/default/files/styles/node_content_picture/public/shirin_aumeeruddy-cziffra_3.jpg?itok=TmZjNPaB" width="1280" height="720" alt="" typeof="foaf:Image" class="img-responsive" /> </div> <div class="field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field--item"><p>Shirin Aumeeruddy-Cziffra, la nouvelle Speaker, affirme avoir accepté ce poste pour faire honneur à son pays. Face aux critiques entourant sa nomination, elle promet de faire preuve d’indépendance et de neutralité, tout en soulignant sa vision profondément humaniste. &nbsp;</p> <p><strong>Madame Aumeeruddy-Cziffra, vous êtes la seconde femme à devenir Speaker de l’Assemblée nationale de Maurice. Comment percevez-vous cette nomination et quel message cela envoie-t-il pour la représentation féminine dans la politique du pays ?</strong>&nbsp;<br /> Je me suis toujours battue pour que les femmes trouvent leur juste place dans la vie publique et dans toutes les sphères de la vie. Dans l’idéal, il aurait fallu avoir au moins 20 femmes parmi les 60 élus. Cela n’a pas été possible. Les dirigeants ont donc promis de placer des femmes à des postes importants. C’est dans ce contexte, je pense, qu’on m’a proposé ce poste. En tout cas, j’ai accepté pour faire honneur à mon pays, mais aussi pour rassurer les citoyennes.</p> <p><strong>Dans votre discours inaugural, vous avez souligné l’importance de « restaurer l’impartialité et renforcer la confiance dans l’institution parlementaire ». Quelles sont les premières actions concrètes que vous envisagez pour atteindre cet objectif ?&nbsp;</strong><br /> Il est avant tout nécessaire de sérieusement promouvoir une atmosphère saine et calme, propice au travail. Je ne tolérerai ni tentatives de déstabilisation, ni incartades ou abus de la part de qui que ce soit. A priori, je n’ai pas de raison de croire que cela se produira, car une telle victoire permet vraiment à tous d’avoir de l’espoir.&nbsp;</p> <p>En termes d’actions concrètes, je compte inviter les députés à siéger dans des commissions spécialisées où ils pourront exprimer leurs opinions avec passion et débattre en petits groupes sur des sujets qui peuvent sérieusement améliorer la vie de nos concitoyens.&nbsp;</p> <p>Le Public Accounts Committee et le Standing Orders Committee sont mes priorités. Je compte beaucoup sur le Deputy Speaker, le Deputy Chairman of Committees et les Whips pour m’aider dans la création et le fonctionnement de ces comités.&nbsp;</p> <p><strong>Certains estiment que votre nomination au poste de Speaker est un signal fort en faveur de la cause féminine. D’autres, en revanche, ont exprimé des réserves. Comment réagissez-vous ?&nbsp;</strong><br /> Bien sûr, certains ne digèrent pas ma nomination. Depuis 50 ans, je subis des critiques, non pas sur ma compétence, mais parce que, selon mes détracteurs, je ne suis pas « une bonne musulmane&nbsp;». Je regrette cela, mais je n’ai poursuivi personne pour diffamation car je crois à la justice naturelle.&nbsp;</p> <p>Je sais que tout cela ne peut pas vraiment me faire de tort. Beaucoup de gens m’apprécient et j’ai fait mes preuves à des postes importants pendant un demi-siècle. De plus, j’ai fait l’unanimité à l’Assemblée. Même le leader de l’opposition a soutenu ma nomination, en suivant une tradition bien établie, mais il aurait pu s’abstenir.&nbsp;</p> <p>Je suis profondément attachée au respect des libertés fondamentales et je respecte l’opinion des autres. Je souhaite qu’ils me respectent aussi. J’attends surtout des arguments valables et non des contrevérités.&nbsp;</p> <p><strong>N’est-il pas temps d’assainir la situation en changeant le mode de nomination du Speaker pour éviter cette perception de partialité ?&nbsp;</strong><br /> Les Standing Orders permettent déjà un vote. Peu de gens le savent, mais ce n’est pas la première fois que je suis candidate à ce poste. En 1978, le MMM avait proposé ma candidature quand j’étais députée. Il y avait eu un vote. Sir Ramesh Jeewoolall, un très bon ami à moi, avait remporté l’élection avec une seule voix de plus que moi.&nbsp;</p> <p>Quand il y a une majorité écrasante, le contexte est évidemment différent. Je suppose que ceux qui réfléchiront à une refonte du système électoral se pencheront aussi sur ce type de nomination.&nbsp;</p> <p><strong>Vous avez affirmé que vous écouterez tous les parlementaires avec un esprit ouvert et sans crainte. Mais dans quelle mesure cela sera-t-il possible, sachant que vous avez été nommée par le gouvernement ?</strong>&nbsp;<br /> Vous me connaissez assez pour savoir que je suis très indépendante. Quand j’étais députée, j’avais demandé le droit de voter contre la ligne de mon parti à deux reprises. Je crois que c’est justement pour mon indépendance que les leaders de l’alliance victorieuse ont décidé de proposer ma candidature au poste de Speaker. Ils souhaitaient rompre avec la partialité observée dans le passé en ceux qui n’avaient aucun sens de ce qu’implique cette fonction.</p> <p><strong>Votre parcours est marqué par une grande diversité de rôles, notamment en tant que ministre, maire, avocate, ambassadrice et Ombudsperson for Children. Comment ces expériences vous préparent-elles à la fonction de Speaker et quelles compétences spécifiques apportez-vous ?&nbsp;</strong><br /> Je ne changerai pas de personnalité à 76 ans ni entacher ma réputation pour plaire à qui que ce soit. J’ai presque tout fait dans ma carrière et je pense avoir acquis beaucoup d’expérience. Chaque poste est néanmoins différent.&nbsp;</p> <p>Je sais bien qu’il faudra que je maîtrise les lois et les procédures parlementaires spécifiques. Je serai bien épaulée, je crois. Mais on ne peut pas tout prévoir. Souvent, c’est l’expérience de la vie qui aide dans n’importe quel job.&nbsp;</p> <p><strong>Vous aviez été nommée au Public Bodies Appeal Tribunal par sir Anerood Jugnauth, mais votre contrat n’avait pas été renouvelé après son décès. Comment cette expérience a-t-elle influencé votre vision de la politique et des institutions publiques&nbsp;?&nbsp;</strong><br /> Au Public Bodies Appeal Tribunal, j’occupais un poste constitutionnel, sans avoir fait le moindre lobbying pour occuper ce poste. C’est sir Anerood qui avait pensé à moi pour prendre la relève dans ce tribunal. Comme j’hésitais, il m’avait encouragée.&nbsp;</p> <p>Mon rôle était d’écouter les appels de fonctionnaires se sentant lésés dans des promotions ou sanctionnés injustement. J’avais une fonction de juge. Avec deux assesseurs, nous avions, en notre âme et conscience sans systématisme, annulé certaines décisions de la Public Service Commission ou de la Local Government Service Commission.&nbsp;</p> <p>Sir Anerood avait renouvelé plusieurs fois mon contrat et ceux de mes assesseurs. Pourtant, aucun de nous n’était membre du MSM. Après son décès, le gouvernement d’alors avait choisi de ne plus renouveler mon contrat pour nommer, à ma place, un nouveau président qui est là depuis trois ans. C’est pour cette raison que je trouve inacceptable qu’on m’ait accusée d’être dans « lakwizinn ». Je suppose que ceux qui voulaient empêcher ma nomination ont pensé atteindre leur but à travers cette campagne indigne.&nbsp;</p> <p>n Dans un hémicycle dominé par l’Alliance du Changement et avec une opposition réduite, comment comptez-vous maintenir l’équilibre et favoriser un dialogue constructif entre les camps politiques ?&nbsp;<br /> J’espère que ma présence seule fera la différence. Je suis profondément humaniste et aujourd’hui, je n’ai plus rien à prouver. J’aime les gens en général et mon niveau de tolérance est assez élevé. Je veux inspirer les jeunes députés pour qu’ils comprennent que la politique est un métier noble et que notre petit pays a besoin d’eux pour faire un saut qualitatif.&nbsp;</p> <p>C’est ensemble qu’ils peuvent changer la vie des gens. La campagne électorale est déjà derrière eux. Le temps est à la construction et à la reconstruction. Pour cela, ce n’est pas nécessaire d’être des moutons de Panurge, ni de bouder ou d’avoir des conflits. Il faut respecter les idées divergentes. Mes trois R, « Rights, Respect, Responsibility », devraient aussi être leur devise. &nbsp;</p> <p><strong>Quelles priorités comptez-vous mettre en avant dans votre rôle de Speaker ?&nbsp;</strong><br /> Je ne participe pas aux débats et je n’exprimerai pas mes opinions. Au-delà de ma présidence, je me vois dans l’hémicycle comme une facilitatrice pour permettre l’élargissement du débat sur toutes les questions primordiales.&nbsp;</p> <p>Déjà, je voudrais relancer le Parliamentary Gender Caucus avec l’aide du Programme des Nations unies pour le développement (UNDP). Je pense aussi qu’il est temps de faire fonctionner le National Youth Parliament d’une manière autre que symbolique. Des jeunes m’en ont parlé. Ils sont impatients de se rencontrer.&nbsp;</p> <p><strong>Enfin, quel message souhaitez-vous adresser aux citoyens ?&nbsp;</strong><br /> Je crois que les citoyens n’ont pas attendu pour se retrousser les manches et montrer qu’ils s’impliqueront, à leur tour, dans des actions civiques. Notre Parlement les inspirera davantage. La démocratie parlementaire restaurée permettra à la société civile de respirer et apportera sa contribution à l’installation d’une nouvelle République où il fait bon vivre.&nbsp;</p> <h2>La Dame aux poings de fer&nbsp;</h2> <p>Shirin Aumeeruddy-Cziffra est bien plus qu’une figure emblématique de Maurice. Elle est un symbole vivant de rigueur, de persévérance et d’engagement indéfectible pour la justice sociale et les droits humains.&nbsp;</p> <p>Née à Port-Louis, elle grandit à Beau-Bassin avant de s’établir à Quatre-Bornes. Élève du Queen Elizabeth College, elle poursuit ses études de droit à Londres, au Middle Temple et à l’Inns of Court School of Law, avant de compléter son cursus à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.&nbsp;</p> <p>En 1974, elle rentre à Maurice, initialement pour faire découvrir son pays à Claude Cziffra, son futur époux, qu’elle a rencontré à Paris. Ce qui devait être une brève escale se transformera en une installation définitive. Le couple se marie le 14 juillet 1974.&nbsp;</p> <p>En 1976, elle débute sa carrière politique en étant élue au conseil municipal de Stanley/Rose-Hill. En 1982, elle marque l’histoire en devenant la première femme ministre de la Femme et de la Famille, posant ainsi les bases de réformes cruciales pour les droits des femmes et de la famille.&nbsp;</p> <p>Elle cofonde des organisations non gouvernementales (ONG), comme La Ligue Féministe en 1975 et Solidarité Femmes en 1977. Son action ne se limitera pas à son pays natal. Elle cofondera également des organisations panafricaines, telles que WILDAF (Women in Law and Development Africa) et Femmes Afrique Solidarité (FAS), des mouvements dont l’objectif est de défendre les droits des femmes et des enfants à travers le continent africain. En 1992, Shirin Aumeeruddy-Cziffra prend une nouvelle orientation professionnelle en devenant ambassadrice de Maurice à Paris. Elle représente son pays dans plusieurs instances internationales, y compris à l’Organisation des Nations unies et à l’United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization (UNESCO).&nbsp;</p> <p>Elle préside également le Conseil permanent de la francophonie, renforçant ainsi la diplomatie mauricienne au sein de la communauté internationale. Son influence grandit. En 2004, l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne lui décerne le titre de Docteur Honoris Causa en reconnaissance de sa carrière exceptionnelle et de son engagement pour la création d’une faculté de droit à Maurice. De 2002 à 2004, elle est membre du comité éditorial de l’Étude du secrétaire général des Nations unies sur la violence à l’égard des enfants, travaillant en étroite collaboration avec le professeur Paulo Sergio Pinheiro, l’expert international chargé de coordonner l’étude qui a abouti à la publication du Rapport mondial sur la violence à l’égard des enfants (2006).&nbsp;</p> <h3>Première OMBUDSPERSON For CHILDREN&nbsp;</h3> <p>Elle a également contesté deux lois discriminant les femmes (l’Immigration Amendment Act 1977 et la Deportation Amendment Act 1977) devant le Comité des droits de l’homme des Nations unies, qui a condamné ces lois en 1981. Des lois qu’elle a elle-même modifiées en 1983, en tant que Procureure générale et ministre de la Justice.&nbsp;</p> <p>En décembre 2003, elle est nommée pour un mandat de quatre ans comme la première Ombudsperson for Children. Son contrat, qui est renouvelé, prendra fin en 2011. Elle est ensuite nommée présidente du Public Bodies Appeal Tribunal en 2012, un poste qu’elle occupera jusqu’en octobre 2021.&nbsp;</p> <p>Shirin Aumeeruddy-Cziffra est également une militante des droits humains reconnue à l’échelle mondiale. Elle a siégé au sein de plusieurs organisations internationales, telles que le Conseil des droits de l’homme. Elle a collaboré avec les Nations unies pour défendre les droits des femmes. Ses contributions lui ont valu des distinctions prestigieuses, dont la Légion d’honneur en 2015.</p> <p>Elle est membre du Comité des sages pour l’évolution de la Commission de l’océan Indien (COI) depuis 2003. En 2017, elle est sollicitée pour soumettre un rapport sur des propositions légales concernant une révision de l’organisation constitutionnelle de la COI. Depuis 2019, elle est ambassadrice de bonne volonté pour l’Union européenne (Délégation de Port-Louis) pour la campagne Rise and Shine sur les droits humains.</p> <p>Aujourd’hui, à 76 ans, Shirin Aumeeruddy-Cziffra continue de défendre les causes qui lui sont chères, notamment les droits des femmes et des enfants, tout en poursuivant ses engagements au sein de diverses organisations internationales. Elle est également l’auteure de plusieurs ouvrages, dont « Femmes, de l’ombre à la lumière : l’évolution des droits de la femme à Maurice » (2022). Elle joue un rôle majeur dans la promotion de l’égalité des sexes. Récemment, elle a été nommée Speaker de l’Assemblée nationale.<br /> &nbsp;</p> </div> <div class="field field--name-field-disqus field--type-disqus-comment field--label-hidden field--item"><drupal-render-placeholder callback="Drupal\disqus\Element\Disqus::displayDisqusComments" arguments="0=Shirin%20Aumeeruddy-Cziffra%2C%20Speaker%20%3A%C2%A0%C2%ABJe%20suis%20profond%C3%A9ment%20humaniste%20et%20je%20n%E2%80%99ai%20plus%20rien%20%C3%A0%20prouver%C2%BB%C2%A0&amp;1=http%3A//defimedia.info/shirin-aumeeruddy-cziffra-speaker-je-suis-profondement-humaniste-et-je-nai-plus-rien-prouver&amp;2=node/166057" token="UXGCRySlfQIX8_ahjrmXPrTR3he9skJOI7Xkp13FVkM"></drupal-render-placeholder></div> Sat, 07 Dec 2024 03:47:00 +0000 Adila Mohit-Saroar 166057 at http://defimedia.info Harrish Reedoy : «La réforme du Nine-Year schooling a échoué »   http://defimedia.info/harrish-reedoy-la-reforme-du-nine-year-schooling-echoue <span>Harrish Reedoy : «La réforme du Nine-Year schooling a échoué »  </span> <span><span lang="" about="/users/arivet" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="" content="Annick Daniella Rivet">Annick Daniell…</span></span> <span>sam 07/12/2024 - 07:46</span> <div class="field field--name-field-main-picture field--type-image field--label-hidden field--item"> <img src="/sites/default/files/styles/node_content_picture/public/harrish_reedoy.jpg?itok=5Thl_8gp" width="1280" height="720" alt="" typeof="foaf:Image" class="img-responsive" /> </div> <div class="field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field--item"><p>Le président de la United Deputy Rectors and Rectors Union (UDRRU) Harrish Reedoy, livre ses réflexions sur le secteur éducatif à Maurice. Il parle des défis actuels et propose des solutions pour améliorer le système. Avec un nouveau ministre à la tête de l’Éducation, il espère que les choses vont s’améliorer.&nbsp;</p> <p><strong>Quels sont les principaux facteurs qui ont conduit à l’échec de la réforme de la Nine-Year Continuous Basic Education à Maurice ?</strong><br /> La réforme de la Nine-Year Continuous Basic Education avait pour objectif de moderniser et d’améliorer l’accès à une éducation de qualité pour tous les élèves à Maurice. Malheureusement, malgré des intentions louables, la réforme a échoué en raison de plusieurs facteurs. D’abord, la mise en œuvre a été insuffisante. Il y a eu des lacunes dans l’innovation et un manque d’adaptation aux besoins réels des élèves. L’absence de ressources adéquates dans les écoles, les problèmes d’infrastructures et la faible formation des enseignants ont été des obstacles majeurs. De plus, la réforme n’a pas su anticiper l’évolution rapide des attentes de la société et des défis auxquels sont confrontés les élèves aujourd’hui. Le système éducatif devait se réformer de manière systématique, mais malheureusement, il a été davantage traité de manière ponctuelle et avec des solutions improvisées.&nbsp;</p> <p><strong>Quels sont les défis principaux auxquels l’éducation primaire est confrontée et pourquoi est-il crucial de moderniser les infrastructures des écoles publiques ?</strong><br /> L’éducation primaire à Maurice fait face à plusieurs défis. Un des plus grands problèmes est le manque d’infrastructures modernes dans la plupart des écoles publiques. De nombreuses écoles fonctionnent avec des bâtiments vétustes et des équipements obsolètes, ce qui nuit à l’environnement d’apprentissage. Des recherches menées par l’UNESCO ont montré que des salles de classe bien équipées peuvent améliorer l’engagement des élèves et leurs résultats jusqu’à 25 %. Cependant, de nombreuses écoles publiques n’ont pas accès à des ressources modernes. En revanche, les écoles privées bénéficient de technologies avancées, telles que des salles de classe numériques et des espaces d’apprentissage spécialisés. Il est essentiel que nous modernisions les infrastructures de nos écoles primaires publiques pour offrir un environnement propice à l’apprentissage.&nbsp;</p> <p><strong>Quels changements pourraient être apportés au système éducatif pour renforcer l’enseignement des compétences orales en anglais et en français ?</strong><br /> Les compétences orales en anglais et en français, sont fondamentales dans un pays bilingue comme Maurice. Elles sont essentielles à un jeune âge, pour le succès académique. Dans des pays comme la Finlande, 30 % des évaluations en éducation primaire portent sur les compétences orales. Cependant, à Maurice, l’enseignement de l’anglais et du français à l’oral est insuffisant dans les écoles publiques. Cela empêche nos élèves de développer la maîtrise linguistique nécessaire. Je propose donc que des évaluations orales en anglais et en français soient intégrées au Primary School Achievement Certificate (PSAC), afin de mieux préparer nos élèves à la maîtrise du bilinguisme.&nbsp;</p> <p><strong>Quels sont les impacts de la promotion automatique des élèves échouant au PSAC sur leur parcours scolaire ?</strong><br /> La promotion automatique des élèves échouant le Primary School Achievement Certificate (PSAC) est une pratique qui crée des lacunes d’apprentissage importantes. Ces élèves se retrouvent en difficulté au secondaire, car ils n’ont pas acquis les bases nécessaires pour suivre le programme scolaire. Cela conduit souvent à un taux élevé d’abandon scolaire. Pour résoudre ce problème, il faut permettre aux élèves échouant au PSAC de redoubler, afin qu’ils puissent combler leurs lacunes avant de passer à l’étape suivante. De plus, ceux qui échouent deux fois au PSAC devraient être orientés vers un programme de Technical and Vocational Education and Training (TVET), qui combine l’apprentissage académique avec des compétences techniques pratiques. Ce modèle a été salué dans des pays comme l’Allemagne, où une large majorité des élèves dans les filières professionnelles trouvent un emploi rapidement après leur formation.&nbsp;</p> <p><strong>Quels sont les principaux défis rencontrés par l’Extended Programme et comment mieux répondre aux besoins des élèves qui y sont inscrits ?</strong><br /> L’Extended Programme (EP) a été conçu comme une solution pour les élèves qui ne satisfont pas les exigences du PSAC et qui ont besoin d’un soutien supplémentaire avant de poursuivre dans le secondaire classique. Cependant, ce programme a rencontré de nombreuses difficultés. Le taux de réussite au National Certificate of Education (NCE) pour les élèves en EP est extrêmement bas, seulement 2,15 % en 2023 et 8,9 % en 2024. Même avec un délai prolongé (quatre ans au lieu de trois pour terminer le NCE), ces élèves peinent à répondre aux exigences du programme. Il y a un décalage entre les compétences fondamentales nécessaires et celles exigées pour passer à l’étape suivante, notamment pour le NCE et le School Certificate (SC). Cela démontre que le programme et le système d’évaluation du NCE ne sont pas adaptés aux besoins des élèves en EP.&nbsp;</p> <p><strong>Selon vous, quelles sont les solutions ?</strong><br /> Pour améliorer cette situation, nous devons repenser le parcours de ces élèves. Au lieu de continuer à les faire suivre un programme qui n’est pas aligné à leurs besoins, il faut les orienter vers un programme de Technical and Vocational Education and Training (TVET), qui combine l’acquisition de compétences académiques et pratiques. Cela leur offrirait des perspectives de carrière tangibles tout en leur permettant de continuer leur parcours scolaire. En intégrant des matières techniques telles que la menuiserie, la plomberie, l’électronique et les technologies de l’information, ce programme offrirait aux élèves les compétences recherchées sur le marché du travail, tout en réduisant le taux de décrochage scolaire.&nbsp;</p> <p><strong>Pourquoi l’interdiction des téléphones portables en classe est-elle considérée comme bénéfique pour l’éducation ?</strong><br /> Les téléphones portables sont devenus une source majeure de distraction dans les salles de classe. Ils perturbent l’apprentissage, favorisent le cyberharcèlement, encouragent la tricherie et exposent les élèves à des contenus inappropriés. Ces problèmes nuisent gravement à la qualité de l’éducation. Plusieurs pays, notamment la France, l’Italie, la Finlande, la Grèce et la Chine, ont mis en place des interdictions de téléphones en classe, et les résultats sont probants. L’interdiction de téléphones permet aux élèves de se concentrer sur leur apprentissage, de réduire les conflits et de créer un environnement plus propice à l’éducation. À Maurice, il est grand temps que le ministère de l’Éducation prenne des mesures concrètes pour interdire l’utilisation de téléphones portables dans les écoles.&nbsp;</p> <p><strong>Quelles mesures peuvent être prises pour lutter efficacement contre le bullying, le tabagisme et les grossesses chez les adolescentes dans les écoles ?</strong><br /> Le bullying, le tabagisme et les grossesses chez les adolescentes sont des problèmes majeurs dans nos écoles. Pour le bullying, il est impératif de mettre en place des politiques de tolérance zéro et de former le personnel éducatif pour qu’il puisse identifier et traiter ces situations rapidement. En ce qui concerne le tabagisme, une coopération avec les autorités pour organiser des campagnes de sensibilisation et des programmes de sevrage serait bénéfique. Pour les grossesses chez les adolescentes, il est essentiel de proposer des programmes d’éducation sexuelle complète, afin de donner aux jeunes les informations et les outils nécessaires pour prendre des décisions éclairées.&nbsp;</p> <p><strong>Comment la segmentation entre les académies et les collèges régionaux impacte-t-elle les élèves ?</strong><br /> La création des académies a entraîné une segmentation du système éducatif, où les académies accueillent des élèves performants, tandis que les collèges régionaux accueillent principalement des élèves avec des performances académiques plus faibles. Cela crée des stigmates, démoralisant les élèves et les enseignants dans les collèges régionaux. Il est nécessaire de réexaminer cette approche et d’implémenter un système plus inclusif. Le système mixte devrait commencer dès la Grade 7 dans tous les collèges régionaux, comme cela se fait au primaire. Cela permettra d’égaliser les chances pour tous les élèves, quel que soit leur parcours.&nbsp;</p> <p><strong>Quelles sont les principales raisons pour lesquelles l’enseignement en ligne n’a pas répondu aux attentes ?</strong><br /> L’enseignement en ligne n’a pas répondu aux attentes, principalement à cause du manque de dispositifs adéquats et de la faible connectivité à l’internet.&nbsp;</p> <p>De nombreux élèves, notamment ceux issus de milieux vulnérables, n’ont pas pu accéder aux ressources nécessaires pour suivre les cours. Le gouvernement doit garantir l’accès à des tablettes pour les élèves et des ordinateurs portables pour les enseignants, accompagnés d’une connexion Internet fiable. De plus, une formation renforcée pour les enseignants est essentielle pour améliorer l’efficacité de cette méthode d’apprentissage.&nbsp;</p> <p><strong>Quelle est la principale cause du décalage entre le National Certificate of Education et le School Certificate ?</strong><br /> Il y a un décalage important entre le programme du National Certificate of Education (NCE) et celui du School Certificate (SC). Le programme du NCE ne comble pas suffisamment le fossé entre l’éducation fondamentale et la rigueur académique requise pour le SC. De nombreux élèves qui réussissent le NCE continuent de rencontrer des difficultés et échouent en Grade 10, car le programme du NCE ne les prépare pas adéquatement aux attentes académiques du SC. Pour remédier à cela, il est essentiel de réviser en profondeur le programme du NCE afin qu’il soit davantage aligné sur les exigences cognitives et académiques du SC. .&nbsp;</p> <p><strong>Pourquoi la politique de promotion automatique entre les grades 7 et 9 présente-t-elle des inconvénients ?</strong><br /> La politique de promotion automatique entre les grades 7 et 9, telle qu’elle existe sous la réforme NYCBE, présente plusieurs inconvénients. Elle permet aux élèves de progresser d’année en année sans maîtriser les compétences fondamentales, ce qui crée des lacunes d’apprentissage importantes. Ces lacunes empêchent les élèves de réussir pendant les années suivantes, ce qui conduit à des taux de redoublement et d’abandon d’élèves. De plus, cette approche démotive les enseignants, car elle réduit l’incitation à encourager l’excellence et à traiter les défis dès le départ. Elle dilue également la valeur de l’éducation en priorisant la progression au détriment de la compétence, ce qui impacte négativement les standards éducatifs globaux. Il faut arrêter cette pratique et favoriser une approche plus rigoureuse où la progression est conditionnée par la maîtrise des compétences fondamentales.&nbsp;</p> <p><strong>Comment le manque de personnel administratif dans les collèges publics affecte-t-il la gestion des établissements et la qualité de l’enseignement ?</strong><br /> Le manque de personnel administratif dans les collèges publics est un problème majeur qui affecte directement la gestion des établissements. Les recteurs se retrouvent à assumer des tâches administratives en plus de leurs responsabilités pédagogiques, ce qui réduit leur capacité à se concentrer sur la direction académique et l’encadrement des élèves. Cela a un impact négatif sur la qualité de l’enseignement et sur les résultats des élèves. Le ministère de l’Éducation doit accélérer le processus de recrutement afin de soutenir les opérations scolaires. Il est également important d’engager du personnel temporaire en attendant le recrutement permanent pour alléger la pression immédiate sur les chefs d’établissement.&nbsp;</p> <p><strong>Quelles sont les conséquences des subventions insuffisantes pour les écoles sur les conditions d’apprentissage et les infrastructures scolaires ?</strong><br /> Les fonds alloués aux écoles sont largement insuffisants pour répondre même aux besoins de base en matière de maintenance. De nombreux meubles scolaires, comme les bureaux des élèves et des enseignants, n’ont pas été renouvelés depuis plus de cinq ans. Ces équipements sont dans un état déplorable, ce qui perturbe l’environnement d’apprentissage. Même lorsque des recteurs prennent l’initiative de réparer des meubles avec les fonds de l’Association des Parents d’Élèves (PTA), ils ne sont pas remboursés par le ministère.&nbsp;</p> <p><strong>Pourquoi l’autonomie des recteurs dans la gestion des collèges est-elle considérée comme essentielle ?</strong><br /> L’autonomie des recteurs dans la gestion des collèges est un problème majeur. Actuellement, l’approche top-down adoptée par le ministère limite considérablement la flexibilité des recteurs à adapter les stratégies éducatives aux réalités spécifiques de leurs écoles. Les recteurs sont souvent contraints par des règlements stricts et des directives imposées, ce qui réduit leur capacité à innover et à répondre efficacement aux besoins de leurs élèves. Une autonomie plus grande permettrait aux recteurs de personnaliser les méthodes d’enseignement, d’allouer les ressources de manière plus efficace et de créer un environnement propice à l’innovation et à l’amélioration des résultats scolaires.<br /> &nbsp;</p> </div> <div class="field field--name-field-disqus field--type-disqus-comment field--label-hidden field--item"><drupal-render-placeholder callback="Drupal\disqus\Element\Disqus::displayDisqusComments" arguments="0=Harrish%20Reedoy%20%3A%C2%A0%C2%ABLa%20r%C3%A9forme%20du%20Nine-Year%20schooling%20a%20%C3%A9chou%C3%A9%20%C2%BB%20%C2%A0&amp;1=http%3A//defimedia.info/harrish-reedoy-la-reforme-du-nine-year-schooling-echoue&amp;2=node/166121" token="7GV-b-hAooavbDPYPN6wGnxCcj0Tjv7UwH6L6-gOud0"></drupal-render-placeholder></div> Sat, 07 Dec 2024 03:46:00 +0000 Annick Daniella Rivet 166121 at http://defimedia.info Sameer Sharma, économiste : « Le véritable changement est dans la création d’un écosystème économique ouvert » http://defimedia.info/sameer-sharma-economiste-le-veritable-changement-est-dans-la-creation-dun-ecosysteme-economique-ouvert <span>Sameer Sharma, économiste : « Le véritable changement est dans la création d’un écosystème économique ouvert »</span> <span><span lang="" about="/users/pdaby" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Pradeep Daby</span></span> <span>mar 03/12/2024 - 08:26</span> <div class="field field--name-field-main-picture field--type-image field--label-hidden field--item"> <img src="/sites/default/files/styles/node_content_picture/public/untitled_design_-_2024-11-27t120111.552.jpg?itok=9H4UyK_-" width="1280" height="720" alt="" typeof="foaf:Image" class="img-responsive" /> </div> <div class="field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field--item"><p>Tous les regards sont tournés vers la Banque de Maurice (BoM) et les mesures de son nouveau gouverneur, Rama Sithanen, pour atténuer l’inflation. L’économiste Sameer Sharma évalue l’état de l’économie et propose des actions pour restaurer la crédibilité de la BoM et renforcer la valeur de la roupie.&nbsp;</p> <p><strong>Est-ce que les enjeux économiques étaient-ils bien explicités et compréhensibles dans les discours électoraux des discours politiques durant la campagne qui vient d’avoir lieu ?&nbsp;</strong></p> <p>L’économie est une science rigoureuse basée sur des données empiriques, des modèles mathématiques complexes et l’analyse systématique des flux de ressources, des marchés et des comportements humains rationnels. En revanche, le manifeste électoral d’un parti politique présente l’économie comme un récit simplifié et émotionnel. Il met l’accent sur des promesses attrayantes et des solutions rapides qui séduisent les électeurs plutôt que des stratégies économiques techniquement fondées.&nbsp;</p> <p>Les économistes, pour leur part, cherchent à comprendre les mécanismes subtils d’allocation des ressources et les compromis nuancés. Quant aux politiciens, ils transforment ces réalités complexes en slogans percutants qui réduisent l’économie à une bataille entre « bons » et « mauvais » acteurs économiques.<br /> &nbsp;<br /> <strong>Quel bilan économique et social hérite l’Alliance du Changement après sa victoire aux élections ?</strong></p> <p>L’économie mauricienne fait aujourd’hui face à quatre défis structurels profonds qui restent largement ignorés dans le débat public et politique, mais qui menacent sa stabilité économique à moyen et long terme :</p> <p>1. Instabilité géoéconomique et géopolitique : Le paysage économique mondial est devenu significativement plus volatil et fragmenté, nécessitant des tampons fiscaux et externes beaucoup plus robustes que nous n’avons plus.</p> <p>Le pays se trouve particulièrement vulnérable, car il ne dispose pas de réserves de sécurité suffisantes pour amortir des chocs économiques potentiels. Ce sont, notamment, des perturbations commerciales, des crises financières internationales ou des changements géopolitiques majeurs.</p> <p>2. Fardeau de la dette publique : La situation de la dette est bien plus critique que les chiffres officiels ne le laissent paraître. En incluant les dettes dissimulées dans les Special Purpose Vehicles (SPV) et les passifs conditionnels, comme le rachat des actifs de la Mauritius Investment Corporation (MIC), la situation financière réelle du pays s’aggrave. Avec un PIB surévalué, l’exposition financière est bien plus inquiétante que ne le laissent entendre les rapports officiels.</p> <p>3. Modèle de consommation non soutenable : L’économie mauricienne repose sur un modèle de croissance basé sur la consommation tirée par l’endettement des ménages et de l’état.</p> <p>La dette des ménages est passée de 102 milliards de roupies en 2019 à 175 milliards aujourd’hui. C’est une augmentation vertigineuse qui génère des déficits courants importants et fragilise mécaniquement la valeur de la roupie.</p> <p>4. Distorsion du taux de change : Le taux de change officiel de la roupie est artificiellement maintenu à un niveau qui ne reflète pas sa vraie valeur économique. C’est pour cela qu’on n’obtient pas de devises à ces taux. Alors que le taux de change spot officiel se situe autour de Rs 47 pour un dollar, le marché offshore l’évalue à Rs 49,50, suggérant un déséquilibre significatif. L’équilibre théorique serait plutôt proche de Rs 50, ce qui indique une surévaluation du taux officiel.&nbsp;</p> <p>5. Ces quatre défis sont interconnectés. Ils créent un écosystème économique fragile qui nécessiterait une réforme profonde des politiques économiques et financières.</p> <blockquote> <h2>Le pays se trouve particulièrement vulnérable, car elle ne dispose pas de réserves&nbsp;de sécurité suffisantes pour amortir&nbsp;des chocs économiques potentiels"</h2> </blockquote> <p>Malheureusement, ces réalités complexes sont rarement abordées de manière transparente dans le discours politique dominant jusqu’à tout récemment.&nbsp;</p> <p>Les grands groupes mauriciens ont perdu confiance en la capacité de la Banque centrale à préserver la valeur de la roupie. Cette méfiance s’explique par plusieurs facteurs : un bilan fragilisé de la Banque centrale, des taux d’intérêt réels négatifs, des rendements locaux peu attractifs comparés aux opportunités internationales, et une dominance fiscale évidente sur la politique monétaire.&nbsp;</p> <p><strong>Ces acteurs économiques majeurs ont bénéficié de plans de sauvetage très avantageux et mal structurés, combinant des passifs en roupies à faible coût avec des revenus en devises fortes (dollars et euros). Face à cette asymétrie profitable, pourquoi changeraient-ils une stratégie gagnante ?</strong></p> <p>Une approche judicieuse pour augmenter l’offre de dollars dans le système serait d’introduire une taxation différenciée des transactions immobilières : appliquer une taxe plus élevée sur les opérations immobilières réglées en devises étrangères, tout en offrant un traitement fiscal préférentiel pour celles réglées en roupies.</p> <p>Cette politique aurait un double avantage :<br /> 1. Elle inciterait naturellement les vendeurs à privilégier les règlements en roupies<br /> 2. Elle pousserait ceux qui persistent à transiger en devises à rapatrier leurs dollars dans le système bancaire mauricien<br /> &nbsp;Cette mesure augmenterait mécaniquement l’offre de devises sur le marché local, contribuant ainsi à réduire la pression sur le taux de change de la roupie.<br /> &nbsp;<br /> <strong>Les dirigeants de cette alliance n’hésitent pas à se servir du terme « précipice » pour décrire, selon eux, l’état de notre économie. Est-ce que ce mot vous semble-t-il approprié ?</strong></p> <p>Maurice fait face à un risque non négligeable concernant sa notation financière internationale. Si nous cessons de manipuler les chiffres du PIB et révélons l’ampleur réelle de notre dette publique, la situation deviendrait alarmante. En intégrant le coût des promesses électorales et les passifs contingents, notre notation de crédit « investment grade » serait gravement compromise.</p> <p>Un déclassement en catégorie « junk » - scénario qui n’est pas si éloigné vu notre notation actuelle - pourrait déclencher une volatilité significative dans notre système bancaire. Or, ce dernier est particulièrement vulnérable en raison du volume important des dépôts offshore. Pour éviter ce scénario catastrophique, le pays doit urgemment mettre en place :</p> <p>Un plan crédible de consolidation fiscale. &nbsp;La présence de la MIC dans le bilan de la Banque centrale constitue un obstacle potentiel à l’obtention de soutien financier de la Banque mondiale et du Fonds Monétaire International (FMI). Ces institutions sont réticentes à apporter leur aide tant que la MIC reste rattachée à la banque centrale. Cette dernière représente un risque significatif pour l’indépendance et la crédibilité de l’institution monétaire.</p> <p>La situation est d’autant plus préoccupante que la MIC détient des actifs largement surestimés, mal structurés et très peu liquides. Cette triple problématique – surévaluation, mauvaise structuration qui ne favorise pas la MIC - rend la cession de ces actifs particulièrement complexe. Même si nous voulions assainir le bilan de la Banque centrale, la difficulté à valoriser correctement et à céder ces actifs créerait une impasse financière principalement délicate à résoudre.</p> <p>Contrairement aux pays plus riches qui ont mis en place des plans de sauvetage durant la pandémie de COVID-19 avec un partage équitable des risques entre actionnaires, banques et État, Maurice a fait porter 100 % du fardeau à sa Banque centrale via le MIC. Cette approche était imprudente et déséquilibrée.</p> <p><strong>Pour sortir de cette impasse, il faudrait :</strong></p> <p>1. Créer un véhicule spécial (SPV) hors bilan, financé par l’État et les marchés.<br /> 2. Permettre à la Banque centrale de vendre les actifs MIC surévalués à cette structure, en acceptant les pertes nécessaires<br /> 3. Mettre en place un partage équitable des pertes entre :</p> <p><strong>L’État</strong></p> <p>Les banques (qui sont censées provisionner pour les risques extrêmes à travers leur capital CETI1)<br /> Le secteur privé qui a largement bénéficié de la MIC</p> <blockquote> <h2>Le gouvernement de Donald Trump ne paiera pas 1 milliard de dollars par an à notre pays et les Britanniques n’ont pas la capacité fiscale de le faire ces jours-ci"</h2> </blockquote> <p>Il est temps d’arrêter de socialiser les pertes à travers la dépréciation et l’inflation, tout en privatisant les gains. La stabilité future du pays dépend de notre capacité à mettre l’intérêt national avant les intérêts particuliers. Le choix est simple : soit nous agissons collectivement pour sauver le pays, soit nous le laissons sombrer. Les solutions proposées sont :<br /> n Des réductions ciblées des dépenses publiques.</p> <p>Des augmentations d’impôts ciblant spécifiquement les grands bénéficiaires de la MIC et de la dépréciation de la roupie. &nbsp;Il serait économiquement justifié d’introduire une taxe temporaire sur les profits exceptionnels (« windfall tax ») ciblant spécifiquement les grandes entreprises qui ont réalisé des gains substantiels grâce à la dépréciation de la roupie.&nbsp;</p> <p>Ces entreprises ont bénéficié d’un avantage structurel : leurs revenus en devises fortes (dollars, euros) ont mécaniquement augmenté en valeur roupie, tandis que leurs coûts sont restés majoritairement en roupies dévaluées. Ces profits ne résultent pas d’une amélioration de la productivité ou d’innovations, mais simplement de la dépréciation monétaire.&nbsp;</p> <p>Une taxe sur ces gains exceptionnels permettrait une redistribution plus équitable et contribuerait à l’effort de consolidation fiscale dont le pays a besoin.</p> <p>Des réformes macroéconomiques structurelles profondes. &nbsp; La modernisation économique de Maurice nécessite deux axes de réforme majeurs :</p> <p><strong>1. Réforme de la concurrence&nbsp;</strong></p> <p>- Refonte complète de la Commission de la Concurrence selon les recommandations de la Banque Mondiale<br /> - Ouverture des marchés oligopolistiques et monopolistiques à la concurrence internationale dans certains secteurs<br /> - Élimination des barrières d’entrée artificielles qui protègent certains acteurs établis<br /> - Promotion active d’une concurrence libre et équitable dans tous les secteurs</p> <p><strong>2. Restructuration des entreprises publiques&nbsp;</strong></p> <p>- Mise en place d’un plan de restructuration à moyen terme des sociétés d’État<br /> - Introduction en bourse progressive de ces entreprises<br /> - Transition vers une gestion basée sur la performance et les résultats<br /> - Réduction de l’intervention politique dans leur gestion opérationnelle</p> <p>Il serait judicieux de restructurer le système de rémunération des nominés politiques en adoptant un modèle plus orienté vers la performance. Cette approche impliquerait :<br /> - Une réduction de la part fixe (salaire de base) de leur rémunération<br /> - L’introduction d’une part variable significative liée à :<br /> * L’atteinte d’objectifs mesurables et transparents<br /> * La performance financière et opérationnelle de leurs organisations<br /> * La réalisation de réformes structurelles<br /> &nbsp;* La qualité de la gouvernance</p> <p>Cette réforme encouragerait une gestion plus responsable et efficace des institutions publiques, alignant les intérêts des nominés politiques avec ceux des contribuables et de l’État.</p> <p>Ces réformes sont essentielles pour améliorer l’efficacité économique et la compétitivité du pays.</p> <p>Le maintien et l’amélioration graduelle de notre notation « investment grade » sont cruciaux pour la stabilité financière du pays. Un déclassement pourrait déclencher une spirale négative difficile à contenir, particulièrement dans le contexte de notre secteur offshore important.<br /> &nbsp;<br /> <strong>L’ex-ministre des Finances Rama Sithanen vient d’être nommé « Gouverneur » de la Banque centrale. De quelle marge dispose-t-il pour diminuer la dépréciation de la roupie face au dollar ? Et quels seraient les avantages et bénéfices d’une telle réduction ?</strong></p> <p>&nbsp;Le nouveau Gouverneur de la Banque centrale doit faire face à une réalité incontournable : la valeur marchande réelle de la roupie est supérieure au taux officiel. Les dépenses gouvernementales accrues, notamment le boni de 14e mois, dans une économie fortement importatrice, accentueront cette pression.</p> <p>La capacité d’intervention de la Banque centrale est limitée par plusieurs facteurs : des réserves internationales avec un risque de liquidités non négligeable, des taux d’intérêt réels négatifs et des différentiels de taux vs dollar insuffisants, un bilan fragilisé et une politique fiscale trop expansionniste. Les interventions passées n’ont pas réussi à stabiliser la devise au moyen terme, dans un contexte mondial favorable au dollar, à l’or et au bitcoin.</p> <p>Il n’existe pas de solution indolore pour stabiliser la roupie. Les interventions doivent être stratégiques vu les ressources limitées. La stabilité monétaire nécessite une coordination entre la Banque centrale et le Gouvernement, qui doit s’attaquer aux problèmes économiques fondamentaux.<br /> &nbsp;<br /> <strong>Comme de nombreux de vos collègues, vous n’avez cessé de réclamer l’indépendance de la Banque centrale face à l’exécutif. Quelles seraient alors les fonctions d’un ministre des Finances et comment s’articuleront ses choix en présence d’une BoM libre de ses orientations ?</strong></p> <p>Il n’existe pas de véritable antagonisme à long terme entre croissance et inflation. La Banque centrale devrait cibler une inflation basse et stable, entre 3 % et 4,5 % sur le moyen terme.</p> <p>Cette flexibilité dans la bande cible permet de prendre en compte les préoccupations de croissance économique.</p> <p>Si le gouvernement tente de stimuler excessivement l’économie par des mesures contrevenant au mandat de la Banque centrale, celle-ci doit impérativement réagir. L’idéal serait que les deux parties se concentrent sur une vision stratégique à long terme plutôt que sur des gains conjoncturels.</p> <p>La priorité immédiate de la Banque centrale est d’assainir son bilan fragile ; de restaurer sa crédibilité publique et réparer le mécanisme de transmission de la politique monétaire, actuellement compromise par la domination fiscale. L’objectif est de retrouver une stabilité monétaire durable qui soutienne la croissance économique.</p> <p><strong>Est-ce que l’État doit mettre fin à certaines de ses mesures de nature « interventionniste » ?</strong></p> <p>L’économie mauricienne reste figée dans un modèle archaïque, où le pouvoir est concentré entre quelques groupes historiques. Ce modèle est renforcé par un clientélisme politique profondément enraciné.</p> <p>La vraie transformation réside dans :<br /> - La déconstruction des mécanismes de rente et de protection.<br /> - L’instauration d’une réelle égalité des chances économiques.<br /> - La promotion d’une concurrence libre et équitable.<br /> - La neutralisation de l’État tel un arbitre et non comme acteur économique direct.<br /> - L’émancipation individuelle par le travail et le mérite.</p> <p>Le véritable changement repose sur la création d’un écosystème économique ouvert, compétitif et méritocratique. Cela permettrait à chaque Mauricien de développer pleinement son potentiel, sans dépendre de connexions politiques ni de protections artificielles.</p> <p><strong>Aux États-Unis, le Républicain Donald Trump est retourné au pouvoir. Quelles pourraient être les conséquences d’un tel retour sur les relations commerciales USA/Afrique/, mais aussi avec l’Inde et la Chine et leurs retombées pour Maurice ?</strong></p> <p>&nbsp;Un retour de Donald Trump à la présidence représente un défi potentiel pour Maurice, remettant en question son rêve de rente et d’opportunisme géoéconomique. Le gouvernement de Donald Trump ne paiera pas 1 milliard de dollars par an à notre pays et les Britanniques n’ont pas la capacité fiscale de le faire ces jours-ci.&nbsp;</p> <p>Les principales caractéristiques de ce scénario seraient :<br /> - Une concentration américaine sur la confrontation avec la Chine<br /> - L’imposition de nouvelles barrières tarifaires importantes contre la Chine<br /> - Un maintien des relations privilégiées avec l’Inde<br /> - Une réduction ou stagnation des avantages commerciaux pour l’Afrique<br /> Le pays devrait alors impérativement :<br /> - Repenser son modèle économique<br /> - Développer une véritable compétitivité<br /> - Réaliser des réformes structurelles profondes<br /> - Cesser de compter sur des arrangements conjoncturels<br /> Une transition douloureuse, mais nécessaire.</p> <p><strong>Est-ce que la présence de Rezistans Ek Alternativ (ReA), au sein du gouvernement pousserait vers des décisions plus « sociales » ? Où voyez-vous ce groupe ayant plutôt intégré la vision libérale du bloc Ptr/MMM/UD ?</strong></p> <p>Le régime MSM n’était nullement socialiste, mais un modèle hybride de populisme économique au bénéfice d’intérêts privés restreints. Le pseudo-socialisme se résumait à :<br /> - Imprimer massivement de la monnaie<br /> - Déprécier la roupie<br /> - Gonfler les recettes fiscales grâce à l’inflation<br /> - Distribuer des revenus sans stratégie productive<br /> - Offrir des largesses aux grands acteurs économiques<br /> Les véritables bénéficiaires ont été :<br /> Les plus pauvres<br /> Les grands groupes privés :<br /> - Les promoteurs immobiliers<br /> - Les acteurs ayant profité des plans de sauvetage MIC<br /> - Un cercle restreint d’intérêts économiques<br /> Pour l’avenir, Maurice a besoin :<br /> - D’un repositionnement vers le centre<br /> - D’une présence de sensibilités de gauche dans la coalition<br /> - De mettre fin à la privatisation des gains et socialisation des pertes<br /> - D’un modèle de libre marché avec une politique fiscale plus équitable<br /> &nbsp;<br /> <strong>La question d’une certaine autonomie dans le secteur alimentaire reste posée depuis le confinement de 2020. Comment traiter cet enjeu étant donné que les terres fertiles sont insuffisantes à Maurice, la main-d’œuvre fait défaut, le climat ne se prête pas à toutes les cultures et le marché domestique est de taille modeste ?</strong></p> <p>Maurice doit repenser radicalement sa politique fiscale et d’aménagement territorial pour assurer sa sécurité alimentaire. En s’inspirant du modèle estonien, le pays devrait introduire une taxation différenciée des terres soit la Land Value Tax :<br /> - Taxation modérée des terrains non utilisés.<br /> - Taxation des terres où se trouvent des projets immobiliers et de développement urbain de luxe.<br /> - Exonération fiscale totale pour les terres agricoles.<br /> Cette approche inciterait à :<br /> - Préserver les surfaces agricoles.<br /> - Encourager la production alimentaire locale.<br /> - Limiter la spéculation immobilière.<br /> - Rediriger les investissements vers des secteurs productifs.<br /> Parallèlement, une politique de financement et d’immigration ouverte et ciblée permettrait d’attirer des compétences agricoles et d’augmenter la capacité productive du pays. L’objectif est de transformer les incitations fiscales en véritable outil de développement stratégique.</p> </div> <div class="field field--name-field-disqus field--type-disqus-comment field--label-hidden field--item"><drupal-render-placeholder callback="Drupal\disqus\Element\Disqus::displayDisqusComments" arguments="0=Sameer%20Sharma%2C%20%C3%A9conomiste%20%3A%20%C2%AB%20Le%20v%C3%A9ritable%20changement%20est%20dans%20la%20cr%C3%A9ation%20d%E2%80%99un%20%C3%A9cosyst%C3%A8me%20%C3%A9conomique%20ouvert%20%C2%BB&amp;1=http%3A//defimedia.info/sameer-sharma-economiste-le-veritable-changement-est-dans-la-creation-dun-ecosysteme-economique-ouvert&amp;2=node/165831" token="HHVAw41bhnmzoxnQgIOKZwCIS7z3wuXBgBJw5dIFgQY"></drupal-render-placeholder></div> Tue, 03 Dec 2024 04:26:00 +0000 Pradeep Daby 165831 at http://defimedia.info Dr Zaheer Allam, urbaniste et chercheur : «Maurice a l’échelle parfaite pour devenir un laboratoire d’innovation urbaine» http://defimedia.info/dr-zaheer-allam-urbaniste-et-chercheur-maurice-lechelle-parfaite-pour-devenir-un-laboratoire-dinnovation-urbaine <span>Dr Zaheer Allam, urbaniste et chercheur : «Maurice a l’échelle parfaite pour devenir un laboratoire d’innovation urbaine»</span> <span><a title="Voir le profil utilisateur." href="/users/defimedia" lang="" about="/users/defimedia" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">defimedia</a></span> <span>lun 02/12/2024 - 17:34</span> <div class="field field--name-field-main-picture field--type-image field--label-hidden field--item"> <img src="/sites/default/files/styles/node_content_picture/public/picture_dr_zaheer_allam.jpg?itok=yIu0Nqlt" width="1280" height="720" alt="" typeof="foaf:Image" class="img-responsive" /> </div> <div class="field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field--item"><p>Docteur en urbanisme, auteur de plus de 200 articles scientifiques et 14 ouvrages, le Dr Zaheer Allam n’est pas qu’un théoricien. Consultant international pour l’UNESCO et l’ONU, il a contribué au modèle de la « ville du quart d’heure » – un concept urbain révolutionnaire désormais adopté par de grandes métropoles mondiales. Il souhaite mettre cette expertise au service de Maurice.&nbsp;</p> <p><strong>Avec un doctorat, trois masters, plus de 200 articles scientifiques et 14 livres publiés, comment vous décririez-vous simplement&nbsp;? Chercheur en urbanisme, praticien, ou un mélange des deux ?</strong><br /> Je me situe entre deux mondes : celui de la recherche et celui de l’application concrète. Mes travaux ont souvent essaimé dans les politiques publiques, tant à Maurice qu’à l’international.&nbsp;</p> <p>Prenez la « ville du quart d’heure » : un concept auquel j’ai contribué et qui est aujourd’hui déployé dans plusieurs grandes métropoles, avec des investissements colossaux. J’ai également travaillé avec les Nations unies, apportant des perspectives innovantes dans des instances de décision globale.&nbsp;</p> <p>En somme, je suis une sorte de passeur – un trait d’union entre la théorie académique et les réalités opérationnelles, toujours animé par l’objectif d’améliorer le cadre de vie urbain.</p> <p><strong>Consultant pour l’UNESCO, ONU-Habitat et l’UE, entre autres, votre expertise est-elle reconnue et valorisée à Maurice ?&nbsp;</strong><br /> Il est vrai que trouver une plateforme locale pour contribuer a été un défi à Maurice. Bien que petit territoire, le pays présente un paysage politique complexe. Ironiquement, mes opportunités professionnelles se sont majoritairement présentées à l’international, alors que mon cœur aspire à servir mon pays.&nbsp;</p> <p>Je reste convaincu qu’il existe un énorme potentiel pour régénérer nos villes et repenser l’aménagement du territoire. Mais cela nécessite des opportunités concrètes et, surtout, une réelle volonté politique gouvernementale.</p> <p><strong>Quels sont, selon vous, les principaux défis à relever pour le développement urbain durable à Maurice, particulièrement dans un contexte insulaire ?</strong><br /> La planification urbaine à Maurice exige un équilibre subtil entre urbanisation, nature et agriculture. Prenez nos routes : plus de 700 000 véhicules, un chiffre qui illustre notre dépendance automobile devenue franchement insoutenable.&nbsp;</p> <p>Nos zones urbaines atteignent des densités ahurissantes de 3 000 à 4 000 habitants par kilomètre carré, ce qui impose une planification ultra-précise.</p> <p>Certes, notre taux de propriété à 90 % est remarquable globalement. Mais nous devons désormais garantir des logements abordables, créer des espaces publics inclusifs, développer des transports en commun fiables.&nbsp;</p> <p>L’urgence, c’est aussi d’intégrer la résilience climatique et de repenser nos services urbains - non comme des sources de profit, mais comme des biens communs.</p> <p><strong>Si une « replanification » à long terme devait être envisagée pour Maurice, quelles devraient être les premières étapes clés ? Par où commencer concrètement ?</strong><br /> Au-delà de la planification à long terme, il devient crucial de réviser nos « planning guidelines &amp; policies ». Il n’est plus acceptable de guider nos décisions avec des normes vieilles de deux ou trois décennies, alors que le climat, les technologies et nos modes de vie ont radicalement changé.</p> <p>Ce n’est pas une mince affaire : chaque secteur est interconnecté. Transformer l’urbanisme implique d’aligner simultanément les stratégies de transport, de l’environnement et de l’économie. Cela nécessitera une refonte complète des processus, une coordination intersectorielle et, surtout, une acceptation du changement. Une réforme urgente, et indispensable.</p> <p><strong>Une volonté politique forte est essentielle pour de telles transformations. Quels sont, selon vous, les acteurs clés qui doivent être mobilisés pour réussir ce changement ?</strong><br /> Le contexte politique actuel offre une opportunité unique pour des transformations audacieuses. Avec une vision claire et l’ouverture du gouvernement à de nouvelles idées, nous pouvons rassembler tous les acteurs&nbsp;: gouvernement, collectivités locales, experts et citoyens.</p> <p><strong>Le développement durable repose aussi sur la participation des citoyens. Comment Maurice pourrait impliquer davantage ses habitants dans la co-construction de ses villes ?</strong><br /> Il faut adopter une approche radicalement inclusive. La technologie peut devenir notre allié&nbsp;: permettre à chaque citoyen de s’exprimer, de suivre l’évolution des projets urbains. Imaginons des assemblées citoyennes véritablement représentatives, avec une autonomie réelle sur les décisions locales.</p> <p>Pourquoi ne pas intégrer les enjeux urbains dans nos écoles, faisant de chaque génération un acteur de notre vision collective ? Mais le nerf de la guerre reste la confiance : des leaders qui écoutent et traduisent cette écoute en actions concrètes.</p> <p>Je suis convaincu que Maurice a l’échelle parfaite pour devenir un laboratoire d’innovation urbaine, transformant nos espaces en véritables moteurs de changement social, environnemental et économique.</p> <p><strong>Vous avez contribué au concept de la « ville du quart d’heure », « I5 minute City » en anglais. Pouvez-vous expliquer brièvement ce modèle ?</strong><br /> En collaboration avec Carlos Moreno, de la Sorbonne, j’ai contribué à ce concept révolutionnaire : rendre accessibles la majorité des services urbains en 15 minutes à pied ou à vélo. L’idée ? Réorganiser stratégiquement l’accès aux services essentiels - bibliothèques, banques, lieux de culte, épiceries.</p> <p>Notre recherche suscite un intérêt mondial. L’ONU-Habitat recommande désormais ce modèle à toutes les villes, avec des investissements massifs. La pandémie a amplifié sa pertinence, révélant le besoin crucial de connexion humaine et de diversité locale.</p> <p><strong>En quoi pourrait-il être pertinent pour des villes comme Port-Louis ou Curepipe, voire des villages comme Triolet, Goodlands, Flacq et Mahébourg ?</strong><br /> Bien que Maurice soit plus petit que les métropoles internationales, le concept de la « ville du quart d’heure » peut s’appliquer à l’échelle nationale. Aujourd’hui, on doit trop souvent traverser des villes entières pour des services de base - un modèle ni inclusif ni durable.</p> <p>Les études sont claires : environ 60 % de nos déplacements concernent des besoins quotidiens. En créant des micro-centres à Triolet, Flacq ou ailleurs, avec services essentiels accessibles en 15 minutes, nous pourrions réduire les trajets automobiles de 10 à 30 %.</p> <p>À Maurice, où les frontières entre espaces urbains et ruraux sont floues, il est essentiel d’adopter une stratégie nationale intégrée.</p> <p>Notre objectif : des espaces plus fonctionnels, résilients, qui améliorent significativement la qualité de vie de tous les Mauriciens.</p> </div> <div class="field field--name-field-disqus field--type-disqus-comment field--label-hidden field--item"><drupal-render-placeholder callback="Drupal\disqus\Element\Disqus::displayDisqusComments" arguments="0=Dr%20Zaheer%20Allam%2C%20urbaniste%20et%20chercheur%20%3A%20%C2%ABMaurice%20a%20l%E2%80%99%C3%A9chelle%20parfaite%20pour%20devenir%20un%20laboratoire%20d%E2%80%99innovation%20urbaine%C2%BB&amp;1=http%3A//defimedia.info/dr-zaheer-allam-urbaniste-et-chercheur-maurice-lechelle-parfaite-pour-devenir-un-laboratoire-dinnovation-urbaine&amp;2=node/166003" token="mwB1fYIEHn9eGAe4_EflyRK-SoD6nOhMynMUkvDA-bA"></drupal-render-placeholder></div> Mon, 02 Dec 2024 13:34:00 +0000 defimedia 166003 at http://defimedia.info Dr Mahend Gungapersad : «L’Extended Programme n’existera plus à partir de janvier 2025» http://defimedia.info/dr-mahend-gungapersad-lextended-programme-nexistera-plus-partir-de-janvier-2025 <span>Dr Mahend Gungapersad : «L’Extended Programme n’existera plus à partir de janvier 2025»</span> <span><span lang="" about="/users/arivet" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="" content="Annick Daniella Rivet">Annick Daniell…</span></span> <span>dim 01/12/2024 - 08:04</span> <div class="field field--name-field-main-picture field--type-image field--label-hidden field--item"> <img src="/sites/default/files/styles/node_content_picture/public/ministre_mahend_gungapersad_3.jpg?itok=fhPWmzce" width="1280" height="720" alt="" typeof="foaf:Image" class="img-responsive" /> </div> <div class="field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field--item"><p>Le nouveau ministre de l’Éducation, le Dr Mahend Gungapersad veut offrir au secteur une nouvelle vision. Dans l’entretien qui suit, il met en exergue les différents projets qu’il souhaite voir se concrétiser, à court, moyen et à long terme. &nbsp;<br /> &nbsp;<br /> <strong>Vous venez d'être élu et avez pris en charge le ministère de l'Éducation. Quelles seront vos principales priorités pour le secteur éducatif pendant votre mandat ?</strong><br /> L'une de mes priorités essentielles sera de redorer l'image du secteur éducatif qui a indéniablement souffert ces dernières années. Mon but principal sera de rendre l'école plus « humaine ». Ainsi, le contact humain, les valeurs humaines, le rapport entre humains doivent être au centre de notre interaction. Il est aussi impératif de restaurer la confiance des élèves, des parents ainsi que du personnel enseignant et non enseignant. Je vais promouvoir le dialogue entre les différents acteurs du secteur.&nbsp;</p> <p><strong>Lors de la dernière campagne électorale, le manifeste de l’Alliance du Changement a fait état de plusieurs engagements pour le secteur éducatif. Comment allez-vous vous y prendre ?</strong><br /> Nous devons concrétiser les engagements pris dans notre manifeste électoral. Cela inclut la mise en place de critères de 3 crédits pour accéder en Grade 12, ainsi que le remplacement du Extended Programme par un cursus mieux adapté aux besoins spécifiques de nos enfants.&nbsp;</p> <p>Il est également essentiel de lutter contre des fléaux tels que l'indiscipline, la violence scolaire, la drogue, le décrochage scolaire et le harcèlement. Parallèlement, je compte m'attaquer à la question du bien-être des élèves, ainsi que de l'ensemble du personnel éducatif, afin de créer un environnement propice à l'épanouissement de chacun.</p> <p><strong>Dans le concret, dites-nous comment vous allez vous y prendre ?</strong><br /> L’Extended Programme n’existera plus à partir de janvier 2025. Ceux qui auront échoué aux examens du Primary School Achievement Certificate (PSAC), dont les résultats seront proclamés le 12 décembre prochain, pourront refaire l’examen. Par ailleurs, après chaque résultat du PSAC, l’occasion est donnée aux enfants qui échouent dans une matière de la refaire pour obtenir le Certificat.&nbsp;</p> <p>Cette année, nous allons étendre le nombre de matières à repasser (« resit ») au PSAC, leur permettant de les repasser et ainsi pouvoir obtenir le PSAC. Nous voulons éviter à nos enfants le calvaire de l’Extended Programme.&nbsp;</p> <p><strong>Comment l’éliminer complètement, vu qu’il y a des élèves jusqu’à la Grade 9 + ?</strong><br /> Nous avons une année pour mettre en place un nouveau programme avec le concours de tous nos partenaires. Nous voulons un programme qui soit basé sur le « basic development », le « skills development », le « vocational development » et le « IT development ». Aucun élève ne doit être ou se sentir exclu du système. Nous allons travailler de concert avec le Mauritius Institute of Training and Development (MITD) et le National Examinations Board (NEB) pour les élèves jusqu’à la Grade 9 +.&nbsp;</p> <p><strong>Qu’en est-il de la mise en place du critère de 3 crédits pour accéder en Grade 12 ?</strong><br /> L’accès en Grade 12 avec le critère de 3 credits entre en vigueur, aussitôt que les prochains résultats du School Certificate (SC) seront connus. Nous voulons faciliter la transition des élèves pour qu’ils puissent poursuivre leurs études, conformément à la nouvelle politique. Des dispositions seront prises en ce sens pour permettre aux élèves de passer à l’étape suivante et ainsi garantir une meilleure accessibilité aux études secondaires supérieures.</p> <p><strong>Quels sont vos plans pour améliorer la qualité de l'éducation à tous les niveaux (préscolaire, primaire, secondaire et tertiaire) ?</strong><br /> Pour garantir une éducation de qualité à chaque étape de la scolarité, il est primordial de revoir la manière dont nous mettons en œuvre l'enseignement différencié. Ce processus vise à s'assurer que chaque enfant, quel que soit son niveau, soit correctement encadré et puisse progresser à son rythme. Un diagnostic précoce est essentiel pour identifier les difficultés d'apprentissage et éviter à nos enfants de vivre des expériences traumatisantes à l'école.&nbsp;</p> <p>Il est essentiel de distinguer les élèves ayant des difficultés d'apprentissage de ceux présentant des troubles spécifiques. Les enseignants et les parents doivent également assumer pleinement leur rôle pour accompagner ces enfants.</p> <p><strong>Quels sont vos projets pour intégrer davantage la technologie dans les écoles ?</strong><br /> Nous vivons dans une ère où la technologie est omniprésente et incontournable. Il est donc primordial d'équiper nos écoles des infrastructures nécessaires pour intégrer la technologie dans notre écosystème éducatif. L'enseignement numérique ne doit pas se cantonner à une simple utilisation d’outils informatiques, mais être une véritable transformation pédagogique qui favorise l'accès à l'information, l'interactivité et l'innovation dans les pratiques éducatives.</p> <p><strong>Envisagez-vous de renforcer les programmes de formation des enseignants pour l'utilisation des outils numériques ?</strong><br /> Absolument. La formation des enseignants aux outils numériques est désormais une nécessité. Cela passera par des programmes de formation continue adaptés, qui permettront à nos enseignants de se familiariser avec les dernières innovations pédagogiques et de mieux accompagner leurs élèves dans l’ère numérique. Cette évolution est inévitable et indispensable pour garantir l’efficacité de notre système éducatif.</p> <p><strong>Avez-vous l'intention de revoir les programmes scolaires pour les adapter davantage au marché du travail et aux nouvelles compétences nécessaires ?</strong><br /> Il est impératif de résoudre le grand décalage qui existe entre les compétences que nous enseignons et celles qui sont réellement demandées sur le marché du travail. Cela nécessite une révision de nos programmes scolaires, mais aussi une étroite collaboration avec les secteurs économiques afin de mieux répondre aux besoins du marché. Il en va de la réussite professionnelle de nos jeunes et de la compétitivité de notre économie. La gestion des ressources humaines, placée sous mon ministère, sera également un axe stratégique dans ce processus.</p> <p><strong>Quelle est votre vision concernant l'évaluation des élèves et les systèmes d'examen ?</strong><br /> L’évaluation doit être un outil d’accompagnement et non un simple jugement. Elle doit nous permettre de suivre le progrès de chaque enfant et d’identifier rapidement les éventuelles difficultés. En cas de besoins spécifiques, il est essentiel que nous offrions un soutien adapté et personnalisé pour donner l'occasion à chaque élève de surmonter les obstacles. L’objectif final est de favoriser l’épanouissement de tous les élèves, quels que soient leurs défis.</p> <p><strong>Comment prévoyez-vous de renforcer les partenariats avec les collèges privés ?</strong><br /> Le dialogue sera la clé pour renforcer nos partenariats avec le secteur privé. Je m'engage à être à l'écoute de ce secteur afin d'étudier les possibilités de collaboration qui bénéficieront à l’ensemble de l’éducation nationale. L'objectif est de garantir un environnement éducatif harmonieux et cohérent, que ce soit dans les établissements publics ou privés, en mettant en œuvre des synergies qui contribuent à l'amélioration du système éducatif global.</p> <p><strong>Quelles mesures seront prises pour résoudre les problèmes récurrents tels que le manque d’enseignants qualifiés, les ratios élèves/enseignants, ainsi que les lacunes en orthographe et en lecture ?</strong><br /> La formation des enseignants et l’amélioration de leurs conditions de travail feront partie de nos priorités. Par ailleurs, il est urgent de valoriser la lecture. Je propose l’introduction d’un « reading period » dans les écoles, afin d’instaurer une culture de la lecture dès le plus jeune âge. Si nous ne réagissons pas maintenant, nous risquons de laisser une génération entière en difficulté face à ces enjeux fondamentaux.</p> <p><strong>Comptez-vous augmenter les budgets alloués aux ressources éducatives, y compris pour les élèves à besoins spécifiques ?</strong><br /> Si les finances de l’État le permettent, bien sûr, l’augmentation des budgets alloués aux ressources éducatives sera une priorité. Il est essentiel de veiller à ce que chaque enfant, y compris ceux ayant des besoins spécifiques, ait accès à des ressources pédagogiques adaptées à ses besoins. L’inclusion et l’égalité des chances doivent guider toutes nos décisions.</p> <p><strong>Comment prévoyez-vous de promouvoir l'inclusion dans le système éducatif pour les élèves issus de milieux défavorisés ou ayant des besoins éducatifs particuliers ?</strong><br /> L'inclusion passe avant tout par un accompagnement personnalisé des élèves issus de milieux défavorisés ou ayant des besoins particuliers. Il est essentiel de leur fournir les outils nécessaires pour garantir leur réussite scolaire et leur insertion dans la société. Des dispositifs d'accompagnement, de soutien et de formation pour les enseignants seront mis en place afin de répondre aux besoins spécifiques de ces élèves et favoriser leur intégration dans le système éducatif.</p> <p><strong>Avez-vous un plan pour moderniser les infrastructures scolaires ?</strong><br /> La modernisation des infrastructures scolaires est une priorité, mais elle dépendra des disponibilités budgétaires. Une grande partie de nos collèges d'État ne dispose pas encore d’équipements dernier cri tels que des gymnases, et leur construction entraînera des coûts importants. Cependant, si la situation financière le permet, nous pourrons envisager des projets ambitieux pour moderniser nos écoles, y compris la création d’amphithéâtres, de piscines pour la natation, et d'autres installations nécessaires au développement harmonieux de nos élèves.</p> </div> <div class="field field--name-field-disqus field--type-disqus-comment field--label-hidden field--item"><drupal-render-placeholder callback="Drupal\disqus\Element\Disqus::displayDisqusComments" arguments="0=Dr%20Mahend%20Gungapersad%20%3A%20%C2%ABL%E2%80%99Extended%20Programme%20n%E2%80%99existera%20plus%20%C3%A0%20partir%20de%20janvier%202025%C2%BB&amp;1=http%3A//defimedia.info/dr-mahend-gungapersad-lextended-programme-nexistera-plus-partir-de-janvier-2025&amp;2=node/165940" token="Akm4No6F6Zcix6jo1pPSDpZA7hdgsfDTdrKoOsQ0Isc"></drupal-render-placeholder></div> Sun, 01 Dec 2024 04:04:00 +0000 Annick Daniella Rivet 165940 at http://defimedia.info Arvin Boolell : «Pravind Jugnauth a fait un sold out de Diego» http://defimedia.info/arvin-boolell-pravind-jugnauth-fait-un-sold-out-de-diego <span>Arvin Boolell : «Pravind Jugnauth a fait un sold out de Diego»</span> <span><span lang="" about="/users/jdedans" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Jean Claude Dedans</span></span> <span>sam 23/11/2024 - 17:00</span> <div class="field field--name-field-main-picture field--type-image field--label-hidden field--item"> <img src="/sites/default/files/styles/node_content_picture/public/arvin_boolell_1_0.jpg?itok=bOcn-MOR" width="1280" height="720" alt="" typeof="foaf:Image" class="img-responsive" /> </div> <div class="field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field--item"><p>Normalement très posé et diplomatique dans son approche, Arvin Boolell tire à boulets rouges contre Pravind Jugnauth. La raison : l’ex-PM aurait berné tous les Mauriciens et les Chagossiens sur une rétrocession des Chagos à notre pays qui n’est que sur ‘un bout de papier’, sans l’aval de la House of Commons britannique.<br /> <br /> Vous aviez été un élu de la circonscription No. 11 depuis quelques années. Le problème de Mare Chicose ne date pas d’hier, vous conviendriez…<br /> Le problème de Mare Chicose est un exemple d’un manque de rigueur et de négligence. Il n’y a pas eu d’interaction entre les opérateurs de ce centre d’enfouissement et le ministère de l’Environnement. On a eu droit à des contrats sur une base mensuelle durant quelque temps, puis soudainement, à quelques jours des législatives, ce ministère offre un contrat de 10 ans au contracteur. Il y a eu une politique de laisser-aller. Un manque de politique intégrée des déchets solides qui sont déversés à Mare Chicose.</p> <h3>Est-ce grave pour le pays ?</h3> <p>On est dans un état d’urgence environnemental. À la lumière de ce qu’a dit Joanna Bérenger, j’en ai parlé au Secrétaire au Cabinet. Il y a urgence. Il ne faut plus donner du temps au temps. Le Crisis Committee va faire son travail. On a eu une visite des lieux avec Joanna et un représentant de Rezistans ek Alternativ, avec les trois élus du No 11.</p> <h3>Pourtant, il y a un gestionnaire dans ce centre d’enfouissement…</h3> <p>Les normes de gestion standardisée n’ont pas été respectées. Il y a une expansion verticale et une grande surface à l’air libre. Il y a des noyaux de feu à l’intérieur. C’est difficile à gérer sans des équipements adéquats. Qu’ont fait le gestionnaire et le ministère de l’Environnement ? Il y a beaucoup de techniques professionnelles qui permettent de se focaliser sur ce qui couve au fond. Qu’ont-ils fait ?</p> <h3>S’est-on préparé à une catastrophe naturelle ?</h3> <p>Le gouvernement sortant a joué au ‘fire fighting’ avec le feu à Mare Chicose. Le gestionnaire de Mare Chicose n’avait pas d’équipements adéquats, est-ce normal ? Et pas assez de personnel. Est-ce normal ? La feuille de route n’a jamais été respectée, alors que c’est dans le contrat. C’est de l’amateurisme. Ils ont ignoré l’avis d’un professionnel comme Prakash Kowlessur.</p> <h3>Vous êtes très dur envers le gestionnaire de Mare Chicose. Est-ce un règlement de comptes de votre part ?</h3> <p>Il y avait des solutions pour étouffer cette fumée qui émane de Mare Chicose. Ce qui se passe à Mare Chicose est un crime, un acte criminel contre tous ces villages aux alentours et contre notre pays. Cette entreprise ne peut dire qu’il y a un manque d’effectifs et aussi d’équipements.</p> <h3>L’odeur qui émane de ce centre d’enfouissement est suffocante, en plein jour à Mare Chicose. Explications ?</h3> <p>Le problème est technique et je ne comprends pas pourquoi on n’a pas jugé bon de respecter les normes. Il fallait analyser le taux de dioxyde de carbone. Il y a des solutions pour aller traquer le mal au plus profond de Mare Chicose avec des tuyaux de haute densité, des ‘polyfibre’.</p> <h3>Et qu’en est-il du gestionnaire, on vous le répète…</h3> <p>C’est un acte criminel de la part du gestionnaire, du ministère de l’Environnement et du ministre concerné. Il y a eu un réveil brutal. Il y a des substances cancérigènes avec Mare Chicose qui fume. Les poumons, le système respiratoire et j’en passe. Et il y a des tests qu’on ne fait pas à Maurice.</p> <h3>Le vent a soufflé sur le pays. Même les Plaines-Wilhems sentent cette fumée et l’odeur qui va avec de Mare Chicose. Et le gestionnaire comptait sur le cyclone et ses pluies torrentielles…</h3> <p>Il y a une urgence écologique. Heureusement il y a des compagnies qui ont accepté de jouer le jeu en nous donnant des masques pour distribuer aux habitants. Mes mandants de Quatre-Bornes en souffrent et aussi ailleurs dans les Plaines-Wilhems. Compter sur un cyclone pour éteindre le feu à Mare Chicose, je m’abstiens de commenter.</p> <p>L’ex-ministre Kavi Ramano est à blâmer. Il n’a pas été à la hauteur de sa tâche. Je félicite le groupe Ciel qui a mis à notre disposition trois excavateurs de 20 tonnes, un bulldozer et quatre camions de 30 tonnes pour une semaine et cela aide grandement.</p> <h3>Vous aviez dit que des contrats avaient été octroyés, non pas sur une base de "month-to-month", mais pour dix ans à la veille des élections. Pourtant, cela fume terriblement encore…</h3> <p>Il a fallu notre intervention, une équipe nouvellement élue, comme Joanna Bérenger et les élus du No 11, une circonscription que je connais bien, pour que des actions concrètes soient enfin prises. Il y a eu de l’amateurisme de la part du ministère concerné.</p> <h3>Y a-t-il un danger pour notre écosystème ?</h3> <p>Il y a des rivières qui passent tout près de Mare Chicose, ainsi que des nappes phréatiques. Imaginez le dégât… Heureusement, le pays tout entier a décidé de changer de gouvernement, de virer Pravind Jugnauth, son ministre de l’Environnement, Kavi Ramano, et même Xavier-Luc Duval.</p> <h3>Vous pointez du doigt le gestionnaire de ce centre d’enfouissement. Est-ce le seul responsable ?</h3> <p>Lors de notre rencontre, les explications de cette entreprise de gestion étaient bidons. J’ai été choqué de constater avec quelle légèreté cette entreprise a géré Mare Chicose, qui est en feu. Cela pue ; cette fumée irrite le nez et la gorge. Cette entreprise n’a ni les équipements requis pour circonscrire l’incendie ni un personnel suffisant. C’est pour cela que je suis fâché. C’est de l’amateurisme, et le gouvernement sortant a permis cet état de choses. C’est comme s’ils se lavaient les mains. Mais ils n’ont pas vécu ce que les habitants, non seulement des environs mais aussi des Plaines-Wilhems, ont vécu. Le vent pousse cette fumée ailleurs, affectant d’autres régions.</p> <h3>Vous êtes également remonté contre l’ex-ministre Kavi Ramano. Est-ce personnel ?</h3> <p>Outre le fait que Kavi Ramano ait octroyé un contrat de dix ans à cette entreprise pour la gestion de Mare Chicose à la dernière minute, il n’a pas géré le dossier du Wakashio. Souvenez-vous, lors de la Court of Investigation sur le naufrage de ce navire, j’ai été appelé à témoigner en tant que leader de l’opposition de l’époque. Mais ni Pravind Jugnauth ni Kavi Ramano, alors ministre de l’Environnement, n’ont eu le courage de se présenter. Kavi Ramano s’occupait davantage de son cabinet de notaire. En fait, il y a eu un conflit d’intérêts flagrant.</p> <h3>Changeons de sujet et abordons la rétrocession des Chagos à Maurice. Pravind Jugnauth a parlé d’une location annuelle par les Britanniques et de revenus pour Maurice s’élevant à des milliards de roupies. Avec Trump aux commandes aux États-Unis, la donne serait-elle la même ?</h3> <p>Pravind Jugnauth et Xavier-Luc Duval ont berné la population. Pravind Jugnauth nous a trompés sur la rétrocession des Chagos. En Angleterre, tout doit être décidé dans la House of Commons, tout comme à Maurice, à l’Assemblée nationale. Un émissaire britannique a été envoyé par Pravind Jugnauth pour obtenir un document certifiant que les Chagos nous sont retournés en termes de souveraineté, afin qu’il puisse brandir ce papier durant la campagne électorale.</p> <h3>Vous dites que ce n’est qu’un "bout de papier", donc rien d’officiel ?</h3> <p>Pravind Jugnauth voulait un "political agreement" pour faire croire qu’un accord avait été conclu entre la Grande-Bretagne et Maurice. Ce n’est pas un accord officiel. Le traité dont le leader du MSM parle et qu’il présente comme une victoire doit être débattu à la House of Commons, qui pourrait le rejeter. Pire encore, avec Donald Trump aux commandes, cela devient inquiétant.</p> <h3>Pourtant, selon ce "bout de papier", les Britanniques allaient offrir au pays les Chagos, sauf Diego…</h3> <p>Pravind Jugnauth a accordé aux Britanniques, sur un plateau, un bail de 200 ans pour la gestion de Diego. Auparavant, ce bail était de 50 ans, renouvelable pour 20 ans.</p> <h3>En d’autres mots?</h3> <p>Le locataire est devenu propriétaire de Diego pour 200 ans.</p> <h3>Et le quantum de la location de Diego ?</h3> <p>Les Britanniques disent qu’avec cette location, il faut déduire le coût du combat contre la piraterie dans la région et la pêche illégale ainsi que le coût du relogement des Chagossiens qui le souhaitent dans les autres îles, sauf Diego. Le bulk de cette location sera géré par les Britanniques. On ne sait jusqu’à présent quel serait le quantum de cette location.</p> <h3>Il ne resterait que des ‘peanuts’ à la fin pour Maurice ?</h3> <p>L’ex-Premier ministre a fait un ‘sold out’ de Diego. Pravind Jugnauth et Xavier-Luc Duval ont vendu Diego et ont berné la population. Heureusement que Navin Ramgoolam a demandé un état des lieux financier. Il est choquant ce que le MSM a fait en termes économique, la roupie a été et continue d’être dévaluée, les chiffres sont faussés, selon les vraies données. L’ex-ministre des Finances Renganaden Padayachy est un menteur patenté et Sushil Khushiram l’a démontré, chiffres à l’appui. Et les économistes connus l’ont confirmé. C’était un vol en plein jour que Padayachy a commis.</p> <h3>Parlons de Missie Moustass…</h3> <p>Dans notre pays, nous sommes presque tous croyants. Nous avons tous une mère, peu importe le nom qu’on lui donne. J’ai assisté à une messe à Quatre-Bornes avant les législatives. Le prêtre y a expliqué l’importance de la Vierge Marie dans le catholicisme. Tous les croyants croient en une mère, une maman. Cela a été fatal pour le MSM et sa bande de s’attaquer à la Vierge Marie. Je l’ai ressenti. SSR avait dit : “Pa touss la Vierge, ni ninport ki mama, kelkeswa la relizion.”&nbsp;</p> <h3>On a entendu le message d’aurevoir du haut-commissaire de l’Inde à Maurice. Il y avait comme un sentiment de frustration, presque comme une femme blessée. Pourtant, il y a controverse sur elle…</h3> <p>Quand un Premier ministre et sa "Cuisine" pensent qu’ils sont les propriétaires de l’État, il y a problème. Pravind Jugnauth et sa "Cuisine" l’ont payé cash. Je n’en dirai pas plus.</p> <h3>Vous pensez que les jeunes, qui se dissociaient de la politique, ont mal pris la suspension des réseaux sociaux pendant 24 heures et que cela a joué un rôle dans ce 60-0 ?</h3> <p>Les jeunes étaient très en colère. Pravind Jugnauth a payé cash, avec intérêts, pour la suspension des réseaux sociaux.</p> <h3>La stratégie de Navin Ramgoolam de faire du porte-à-porte, de parler aux gens, a-t-elle été payante ?</h3> <p>C’était, de la part de Navin Ramgoolam, une véritable “new look politics”. Navin Ramgoolam a réinventé sa manière de faire de la politique, avec une approche humaine. On appelle cela un “reversal political process”, contrairement à Pravind Jugnauth. C’était un changement en profondeur. Voyez le résultat. Enn bate bef.</p> <h3>Et la présence de Rezistans ek Alternativ. Ashok Subron avait brandi l’accord de votre alliance et a dit qu’aucune virgule ne sera touchée. Est-ce une menace ?</h3> <p>Rezistans ek Alternativ a fait partie de l’Alliance du Changement, et a renforcé notre alliance. C’est un fait. Ce parti défend une politique que les jeunes approuvent. Les militants de Rezistans ek Alternativ sont des écoguerriers, tout comme nous.</p> <h3>Vous semblez mettre un bémol.</h3> <p>Il y a la realpolitik. Nous avons des objectifs communs. Le PTr m’avait délégué pour mener les négociations avec Rezistans ek Alternativ. Dès le premier jour, la volonté était que ce parti fasse partie du projet. Il fallait un bon équilibre. Nous voulions une politique plurielle.</p> <h3>Les attentes de la population sont élevées. Et si vous vous empêtrez ?</h3> <p>Le Dr Navin Ramgoolam a pris des mesures importantes, notamment en nommant des personnes compétentes à la tête des institutions. Nous avons déjà quelques gros calibres. Il a également promis des mesures phares.</p> <h3>Et le 14e mois figurerait-il en tête de liste ?</h3> <p>Le 14e mois sera payé, comme promis, mais sous forme de one-off. De plus, le salaire minimum de Rs 21 500 est garanti. Ce nouveau gouvernement doit donner des garanties à la Banque mondiale et au FMI que nous nous orientons vers une gouvernance exemplaire.</p> <h3>Depuis ces dernières années, nos jeunes partent pour des études, mais ne reviennent pas. Le brain drain s’amplifie. Que faire ?</h3> <p>Il n’y aura plus ce phénomène. Nous allons tout changer. Le concept de brain drain va devenir celui de brain gain.</p> <h3>Une opinion personnelle sur la débâcle de Pravind Jugnauth dans son fief au No 8. Est-ce l’effet Damry ou le tsunami ?</h3> <p>Il y a un seuil que la population de Maurice ne peut tolérer. L’État, ce n’est pas moi. Je suis locataire du pays, pas propriétaire. Nous ne pouvons pas avoir une économie parallèle dirigée par la mafia de la drogue. Ensuite, il y a eu l’arrogance et les abus. En politique, “absolute power corrupts absolutely”.</p> <h3>Et les Moustass Leaks ?</h3> <p>Les Mauriciens ont découvert les révélations de Missie Moustass et ont rejeté Pravind Jugnauth ainsi que son équipe.</p> <h3>Est-ce que Kobita Jugnauth a plombé son mari, le Premier ministre, lors de cette joute électorale ?</h3> <p>Le peuple a découvert que c’est Kobita Jugnauth qui dirigeait les opérations. Heureusement, la dignité humaine a prévalu, empêchant ainsi une totale décadence.</p> <h3>Vous aviez comme partenaires majeurs le PMSD et son leader Xavier-Luc Duval dans votre alliance. Mauvais choix de sa part ou opportunisme mal calculé ?</h3> <p>J’avais écrit une lettre ouverte, publiée dans la presse, pour demander à Xavier-Luc Duval de ne pas quitter l’Alliance du Changement. Il a commis une grave erreur. Selon les révélations de Missie Moustass, il fournissait ses Private Notice Questions au PMO de Pravind Jugnauth avant les séances parlementaires. Cela constitue une abdication des principes fondamentaux de la démocratie.</p> <h3>Au Parlement, on n’aura que deux députés de l’opposition, à savoir Adrien Duval et Joe Lesjongard. Est-ce bon pour notre démocratie parlementaire&nbsp;?</h3> <p>Je tiens à dire qu’Adrien Duval est une personne remarquable avec une approche très humaine. Il saura honorer les valeurs sociales-démocrates.</p> <h3>Et Joe Lesjongard, le seul rescapé du MSM, entre par la petite porte ?</h3> <p>J’ai toujours entretenu de bonnes relations avec Joe Lesjongard. Je lui souhaite bonne chance dans son nouveau rôle au Parlement. Il peut être rassuré : nous veillerons à ce qu’il puisse travailler sans crainte. L’opposition aura son mot à dire, mais le gouvernement avancera dans sa direction. Je tiens cependant à souligner que les backbenchers auront un rôle crucial à jouer pour s’assurer que les ministres rendent des comptes.</p> </div> <div class="field field--name-field-disqus field--type-disqus-comment field--label-hidden field--item"><drupal-render-placeholder callback="Drupal\disqus\Element\Disqus::displayDisqusComments" arguments="0=Arvin%20Boolell%20%3A%C2%A0%C2%ABPravind%20Jugnauth%20a%20fait%C2%A0un%20sold%20out%20de%20Diego%C2%BB&amp;1=http%3A//defimedia.info/arvin-boolell-pravind-jugnauth-fait-un-sold-out-de-diego&amp;2=node/165693" token="QEb_FjQDdw51bnwA_YCJK-Ai_TuY6LlDJdNq0O7Lys8"></drupal-render-placeholder></div> Sat, 23 Nov 2024 13:00:00 +0000 Jean Claude Dedans 165693 at http://defimedia.info Sanjay Matadeen : «La Banque de Maurice doit être l’unique responsable de la politique monétaire» http://defimedia.info/sanjay-matadeen-la-banque-de-maurice-doit-etre-lunique-responsable-de-la-politique-monetaire <span>Sanjay Matadeen : «La Banque de Maurice doit être l’unique responsable de la politique monétaire»</span> <span><span lang="" about="/users/pdaby" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Pradeep Daby</span></span> <span>sam 23/11/2024 - 07:05</span> <div class="field field--name-field-main-picture field--type-image field--label-hidden field--item"> <img src="/sites/default/files/styles/node_content_picture/public/sanjay_matadeen_1.jpg?itok=6ZhAuR01" width="1280" height="720" alt="" typeof="foaf:Image" class="img-responsive" /> </div> <div class="field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field--item"><p>Depuis la nomination de Rama Sithanen comme gouverneur de la Banque de Maurice et en attendant la constitution du conseil des ministres du nouveau gouvernement, les Mauriciens attendent les premières mesures pour atténuer l’érosion de leur pouvoir d’achat. Maurice se posait la question de savoir comment trouver les moyens pour financer les annonces préélectorales. « Avons-nous les finances pour ces promesses ? Nous le saurons bientôt. Le nouveau gouvernement procède à un audit », explique l’économiste et universitaire Sanjay Matadeen.&nbsp;</p> <p>Les deux principaux blocs qui s’affrontaient avant le scrutin du 10 novembre 2024 se livraient à une surenchère d’offres populistes. Aujourd’hui, que vous inspirent celles-ci ? L’État a-t-il la capacité de payer ?</p> <p><strong>Il est vrai que les principaux blocs d’opposition se sont engagés dans une surenchère. Même l’alliance extra-parlementaire a foncé tête baissée. Est-ce que l’opposition avait le choix ?</strong></p> <p>Avons-nous les finances pour ces promesses ? Nous le saurons bientôt. Le nouveau gouvernement procède à un audit. Ce qui est clair, pour financer les promesses électorales, le nouveau gouvernement devra réaffecter des dépenses récurrentes évaluées à Rs 210 milliards pour le Budget 2024/2025. Si le gouvernement peut économiser 10 % sur ces dépenses et éviter les gaspillages, il aura une marge de manœuvre.</p> <p><strong>Que renferme concrètement votre proposition d’une politique monétaire solide et stricte ?</strong></p> <p>La première mesure a été de nommer un nouveau gouverneur de la Banque centrale. Ce qui a été accompli avec la nomination du Dr Rama Sithanen.&nbsp;</p> <p>Avec l’augmentation prévue de la masse monétaire et l’excès de liquidités résultant, notamment en raison du bonus du quatorzième mois, la Banque centrale devra adopter une politique monétaire restrictive en augmentant les taux d’intérêt. Le taux directeur, actuellement à 4 %, devrait passer à 5,5 % – 6 % d’ici à l’année prochaine. Ce qui aidera à absorber l’excès de liquidités, à encourager l’épargne et à attirer les investisseurs étrangers vers la roupie. Sa valeur sera ainsi renforcée et sa dépréciation sera freinée.</p> <p>Cette hausse des taux affectera directement les emprunteurs, en particulier ceux ayant contracté des prêts immobiliers. Je conseille à ces derniers d’utiliser judicieusement le bonus du quatorzième mois : consacrez 50 % au remboursement du capital de votre prêt, épargnez 25 % et dépensez les 25 % restants. Évitez les dépenses excessives, car une consommation élevée ne ferait qu’alimenter l’inflation. En remboursant une partie de leur capital emprunté, ils pourront mieux maîtriser leurs paiements mensuels d’intérêts.</p> <p>Bien évidemment, nous espérons également des interventions plus fréquentes et robustes sur le marché des devises par la Banque centrale.</p> <blockquote> <h2>Nous attendons du nouveau gouvernement qu’il garantisse l’indépendance du gouverneur de la Banque de Maurice et l’absence d’ingérence dans la politique monétaire"</h2> </blockquote> <p><strong>Comment augmenter la croissance et la production d’une petite économie comme la nôtre que vous plaidez ? Faut-il passer par une refonte de notre mode de travail avec l’introduction du 24/7 ?</strong></p> <p>Même si Maurice est une petite économie, elle peut se transformer en un vaste État océanique grâce à la superficie de sa zone économique exclusive. Une vision claire du gouvernement et l’implication des parties prenantes, dont le secteur privé, les universitaires et la société civile, sont essentielles pour développer un plan d’action à moyen et long terme.</p> <p>À court terme, il est crucial de porter une attention particulière aux secteurs traditionnels pour les redynamiser, accroître leur valeur ajoutée et multiplier les rentrées de devises étrangères. Il ne faut pas oublier les secteurs émergents : le secteur financier, l’industrie informatique, le tourisme médical et le secteur de l’enseignement supérieur. Ils peuvent rapporter beaucoup de devises. Malheureusement, de nombreux obstacles subsistent pour l’épanouissement de ces secteurs. Il y a l’aspect bureaucratique et les problèmes systémiques comme le manque de main-d’œuvre et le niveau de compétence à Maurice.</p> <p>Concernant le concept de 24/7, Maurice n’est pas encore prêt. Cependant, avec l’augmentation du nombre de touristes et d’expatriés à l’avenir, c’est une option à envisager, car la demande crée l’offre.</p> <p><strong>Que signifierait une Banque centrale indépendante et ne risque-t-on pas de voir surgir des divergences entre l’organisme et le ministre des Finances ?</strong></p> <p>La Banque de Maurice doit être l’unique responsable de la politique monétaire. Et elle doit avoir pour objectif principal la stabilité des prix. Il est impératif de cesser de mélanger la politique monétaire avec la politique budgétaire. Dans le passé les réserves de la Banque de Maurice ont été utilisées pour financer le budget gouvernemental et créer la Mauritius Investment Corporation. La Banque de Maurice doit agir en tant que régulateur et non en tant qu’opérateur.</p> <p>Même si des divergences peuvent survenir, le gouverneur de la Banque centrale doit prioriser la lutte contre l’inflation, qui est la responsabilité principale de toute banque centrale. Nous attendons du nouveau gouvernement qu’il garantisse l’indépendance du gouverneur et l’absence d’ingérence dans la politique monétaire.</p> <p>Cependant, nous avons aussi des attentes vis-à-vis de la Banque centrale et du nouveau gouverneur : plus de transparence et de rigueur. Il suffit de visiter le site web de la Banque de Maurice pour se rendre compte qu’elle n’est pas bien organisée. Des rapports statistiques mensuels ou trimestriels n’ont pas été publiés. Il y a eu rétention d’informations et de statistiques, un manque de rapport technique sur l’économie mauricienne et d’analyse sectorielle et même d’éventuelles projections de croissance. Y a-t-il eu une tentative délibérée de retenir des informations dans le passé ? En tant qu’économiste, je reste perplexe quant à la non-publication en temps opportun d’informations pour l’analyse économique.</p> <blockquote> <h2>L’ère post-covid-19 préconise un monde plus connecté, capable d’utiliser les nouvelles technologies et de se tenir au courant des progrès dans les secteurs de l’automatisation des processus robotiques et de l’intelligence artificielle"</h2> </blockquote> <p><strong>– Le nouveau gouvernement ne court-il pas le risque de voir diminuer ses recettes avec la baisse annoncée du coût des carburants ?</strong></p> <p>Il y aura évidemment un manque à gagner, sachant qu’au moins 50 % du prix de l’essence à la pompe représente des taxes et différents prélèvements. Cependant, si la baisse est suffisamment importante, elle apportera un soulagement à la population. Même si on espère une répercussion sur les coûts d’exploitation des entreprises, je doute que cela suffise à réduire les prix de manière significative. Il reviendra donc au gouvernement de combler ce déficit.</p> <p><strong>Vers quels pays le nouveau gouvernement devra-t-il se tourner pour établir des partenariats à long terme en vue de créer de nouveaux piliers de développement porteur d’emplois durables et rémunérateurs ?</strong></p> <p>Le monde se tourne vers l’Est. La géopolitique et la géoéconomie dominent, avec de nouvelles alliances comme le Quad, l’axe Chine-Russie, Inde-Moyen-Orient, et l’expansion des BRICS, regroupant des pays émergents. Nous sommes passés à un monde multipolaire où les relations multilatérales ne sont plus d’actualité. Les grandes puissances vont mener une bataille économique en utilisant des pays tiers comme des ‘proxies’, comme on le voit déjà avec la situation au Moyen-Orient. Maurice a un rôle stratégique dans l’océan Indien qu’elle devra exploiter pour tirer parti des opportunités à venir. Dans les années à venir, l’Inde, les Émirats arabes unis, la Russie et les pays d’Asie du Sud-Est seront de plus en plus au centre de l’attention mondiale. Notre pays devra renforcer ses relations commerciales et diplomatiques avec ces nations pour profiter de leur dynamique de croissance.</p> <blockquote> <h2>Il faut plus de méritocratie, mais aussi plus d’opportunités à Maurice. Plutôt que des mots, le renforcement des lois et leur application judicieuse sont indispensables pour garantir l’absence de discrimination et l’égalité de traitement pour tous"</h2> </blockquote> <p><strong>Quelles sont les mesures à prendre afin de retenir les personnes qui ont des compétences et qui sont tentées par l’émigration ?</strong></p> <p>Il faut plus de méritocratie, mais aussi plus d’opportunités à Maurice. Plutôt que des mots, le renforcement des lois et leur application judicieuse sont indispensables pour garantir l’absence de discrimination et l’égalité de traitement pour tous. Certaines des mesures proposées par le nouveau gouvernement vont dans la bonne direction. Il y a l’élimination de l’impôt sur le revenu pour les personnes âgées de 18 à 28 ans et l’exemption d’impôt pour les revenus inférieurs à un million de roupies par an.</p> <p>On espère qu’avec une formation adéquate et un encadrement approprié, de plus en plus de personnes, y compris les jeunes, lanceront leur propre entreprise. En même temps, étant donné que le marché mauricien est assez limité, faire des affaires dans la région et à l’échelle mondiale deviendra une priorité.</p> <p><strong>Le défi que représente l’autosuffisance alimentaire se pose depuis 2020. Faut-il que l’État acquière de l’industrie cannière ou une partie des terres de celle-ci afin de mettre sur pied une filière agroalimentaire ? Et celle-ci sera-t-elle viable, compte tenu de l’étroitesse de notre marché ?</strong></p> <p>Une certaine autosuffisance alimentaire est cruciale. Nous avons vu l’impact des perturbations de la chaîne d’approvisionnement avec la covid-19. Des événements mondiaux, comme la guerre entre la Russie et l’Ukraine, peuvent entraîner une flambée des prix alimentaires dans le monde et à Maurice. Le pire serait la non-disponibilité des produits alimentaires, utilisés comme points de pression par les pays producteurs. Nous assistons à une possible militarisation des produits alimentaires avec le nouvel ordre économique mondial.</p> <p>Le secteur privé et l’industrie cannière doivent collaborer avec l’État mauricien. Avec une production accrue, nous espérons une stabilisation des prix. Il ne faut pas oublier que nous accueillons près de 1,4 million de touristes par an. Et ce chiffre devrait encore augmenter, ce qui rend la question de l’étroitesse de notre marché moins pertinente. Cependant, il est impératif de résoudre la grave pénurie de main-d’œuvre et de développer un schéma directeur pour l’utilisation des terres.</p> <p><strong>La question de la formation de compétences nouvelles et pointues est au cœur des problématiques afin d’affronter les enjeux de l’ère post-covid-19. Dans quels domaines faut-il agir à court terme et dans le long terme, à votre avis ?</strong></p> <p>La pandémie de covid-19 a révélé de nombreuses faiblesses dans notre système actuel, qu’elles soient gouvernementales ou privées. L’ère post-covid-19 préconise un monde plus connecté, capable d’utiliser les nouvelles technologies et de se tenir au courant des progrès dans les secteurs de l’automatisation des processus robotiques et de l’intelligence artificielle. L’État mauricien doit prendre les devants en assurant la numérisation de ses services et en utilisant toute la panoplie technologique pour améliorer la vie de nos citoyens.</p> <p>Parallèlement, il est essentiel d’améliorer la formation des enfants, des jeunes et des moins jeunes dans ces domaines avancés.</p> <blockquote> <h2>Dans les années à venir, l’Inde, les Émirats arabes unis, la Russie et les pays du sud-est de l’Asie seront de plus en plus au centre de l’attention dans le monde. Notre pays devra renforcer ses relations commerciales et diplomatiques avec ces nations pour profiter de leur dynamique de croissance"</h2> </blockquote> <p><strong>Durant ces dernières années, certains économistes ont prôné une certaine rigueur budgétaire, mais ce souhait est-il conciliable avec des dépenses en aides sociales en croissance et nécessaires avec l’érosion du pouvoir d’achat des classes populaires et moyennes ?</strong></p> <p>Ces économistes étaient préoccupés par la direction que prenait le pays, qui risquait de le conduire au gouffre. Il est important d’aider ceux qui sont dans le besoin, mais affirmer que ces mesures vont réduire l’inflation est un mensonge flagrant. Le gouvernement précédent n’était pas intéressé à réduire la hausse des prix et la dépréciation de la roupie. En distribuant de l’argent de manière dispersée, l’ancien ministre des Finances créait une spirale d’inflation salariale, entraînant davantage d’inflation et de recettes fiscales. Les économistes ont tiré la sonnette d’alarme, car ce n’était pas un modèle durable.</p> <p>L’autre problème était le niveau de la dette nationale, qui commençait à susciter des inquiétudes sur les fronts internationaux. Le Fonds Monétaire International a réprimandé Maurice, conseillant au pays de contrôler ses dépenses et d’augmenter ses revenus.</p> <p>Au contraire, en mettant l’accent sur l’amélioration de la production et l’augmentation de la richesse nationale, il sera plus facile d’aider ceux qui sont vraiment dans le besoin sans alimenter l’inflation et la dette publique. Espérons que le nouveau gouvernement ne répétera pas les mêmes erreurs et œuvrera pour une véritable croissance et une meilleure répartition de la richesse nationale.</p> <p><strong>Tout nouveau gouvernement dispose d’un mandat de cinq ans pour mettre en œuvre son projet, dont de grands chantiers qui consomment des ressources. Ce délai vous parait-il suffisant ?</strong></p> <p>Avec la quantité de travail à accomplir, la refonte des secteurs existants et la mise en place d’une base solide pour le développement de nouveaux secteurs, je doute qu’un mandat de cinq ans soit suffisant. Le gouvernement est non seulement confronté à un défi économique, mais aussi à de nombreux changements pour renforcer la démocratie, la gouvernance et la protection de l’environnement. Cependant, il doit bien planifier, avoir des objectifs à court, moyen et long terme, et assurer la mise en œuvre de ce qui est prévu. Dans cinq ans, la population jugera du bien-fondé de l’action du nouveau gouvernement et décidera s’il peut se voir confier un second mandat en fonction de ses résultats. Nous ne pouvons qu’espérer que le gouvernement proposera une Vision 2040. Et nous espérons que Maurice atteindra le statut d’économie développée, où règnent l’État de droit et le mérite, et où il fait bon vivre.</p> </div> <div class="field field--name-field-disqus field--type-disqus-comment field--label-hidden field--item"><drupal-render-placeholder callback="Drupal\disqus\Element\Disqus::displayDisqusComments" arguments="0=Sanjay%20Matadeen%20%3A%C2%A0%C2%ABLa%20Banque%20de%20Maurice%20doit%20%C3%AAtre%20l%E2%80%99unique%20responsable%20de%20la%20politique%20mon%C3%A9taire%C2%BB&amp;1=http%3A//defimedia.info/sanjay-matadeen-la-banque-de-maurice-doit-etre-lunique-responsable-de-la-politique-monetaire&amp;2=node/165589" token="_8QbaM7w_EBFUTwklDIhFrHgb72eV9VssALaBTyUTME"></drupal-render-placeholder></div> Sat, 23 Nov 2024 03:05:00 +0000 Pradeep Daby 165589 at http://defimedia.info