Interview http://defimedia.info/categorie/interview fr Vidya Charan : «Il faut renforcer la responsabilisation des femmes» http://defimedia.info/vidya-charan-il-faut-renforcer-la-responsabilisation-des-femmes <span>Vidya Charan : «Il faut renforcer la responsabilisation des femmes»</span> <span><span lang="" about="/users/jdedans" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Jean Claude Dedans</span></span> <span>ven 08/08/2025 - 07:46</span> <div class="field field--name-field-main-picture field--type-image field--label-hidden field--item"> <img src="/sites/default/files/styles/node_content_picture/public/vidya_charan_.jpg?itok=7juPWPre" width="1280" height="720" alt="" typeof="foaf:Image" class="img-responsive" /> </div> <div class="field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field--item"><p>Après la découverte d’un nourrisson abandonné dans un sac à Rose-Hill, plusieurs questions sont soulevées. Vidya Charan, directrice de la Mauritius Family Planning Welfare Association (MFPWA), évoque un manque de soutien parental, la pauvreté et l’ignorance des moyens contraceptifs. La hausse des grossesses précoces souligne l’urgence d’introduire une éducation sexuelle complète dans les collèges, dit-elle.</p> <p><strong>Maurice a recensé quelque 233 enfants abandonnés entre 2021 et 2024. Le dernier cas remonte au début de cette semaine à Rose-Hill. Comment expliquer ce phénomène ?</strong><br /> Lorsqu’une famille – le père et la mère – décide d’un commun accord d’abandonner son bébé, c’est à la fois triste et déplorable. Un nourrisson a besoin d’affection, d’attention et surtout de l’amour de ses parents.<br /> Souvent, si une mère se voit obligée d’abandonner le bébé qu’elle a porté pendant neuf mois, c’est par manque de soutien de la part de son partenaire. Parfois aussi, elle découvre sa grossesse trop tard, ce qui l’empêche d’envisager un avortement, même si cette pratique reste illégale à Maurice. Comment, alors, faire face seule à cette réalité dans le regard de la société ?</p> <p>À cela s’ajoute la cherté de la vie : élever un enfant coûte cher aujourd’hui. Il faut également composer avec le regard des autres, à commencer par celui des proches.</p> <p><strong>Devant cette problématique, l’enfant deviendrait-il un fardeau pour la maman?</strong><br /> L’enfant peut être considéré, malgré l’amour de la mère, comme un fardeau, surtout si celle-ci ne travaille pas et qu’il y a une absence de ressources financières et de soutien de la part de l’entourage. Il faudrait renforcer la responsabilisation des femmes, en particulier des adolescentes et des mineures, car il existe des moyens de contraception gratuits et accessibles dans les services de santé publique.</p> <p><strong>Même pour les mineures ?</strong><br /> Souvent, le service de santé publique ne demande pas de carte d’identité pour offrir des contraceptifs. Dans le secteur privé, ces produits sont en vente libre. Cependant, certaines jeunes filles ressentent de la gêne à l’idée de se rendre dans un dispensaire pour demander la pilule contraceptive, en raison des jugements ou du regard des autres.</p> <p><strong>Il y a une impression de libéralisation de la sexualité chez nos jeunes…</strong><br /> Il ne faut pas se voiler la face. Le nombre de grossesses précoces, souvent non désirées, est en constante augmentation. Les jeunes d’aujourd’hui sont sexuellement très actifs. Certaines jeunes filles banalisent les rapports sexuels, recherchant le plaisir sans mesurer les conséquences sur leur santé, leur éducation et leur avenir. Il est essentiel de les préparer à avoir une vie sexuelle active, mais surtout responsable.</p> <p><strong>N’y aurait-il pas un manque d’information chez les jeunes, qui ignorent souvent les moyens de protection existants ? Ne pensez-vous pas qu’il serait temps d’introduire l’éducation sexuelle dans nos collèges ?</strong><br /> La MFPWA organise des causeries et nous sommes sollicités dans de nombreux établissements, mais il nous est impossible de couvrir toute l’île. Nous animons des sessions d’éducation sexuelle complète (Comprehensive Sexuality Education), mais cela reste insuffisant.</p> <p><strong>Pourquoi ne pas intégrer un module d’éducation sexuelle en tant que matière dans le syllabus ?</strong><br /> C’est précisément ce qu’il faudrait : un module à part entière dispensé dans les collèges.</p> <p><strong>Ce module est longtemps resté tabou pour nos gouvernants. Pourquoi ?</strong><br /> Le tabou commence à s’estomper. Une demande officielle pour l’introduction d’un module sur l’éducation sexuelle dans les collèges a déjà été soumise au gouvernement. Actuellement, il existe une matière appelée « Health Education », mais celle-ci ne couvre pas suffisamment les compétences essentielles pour faire comprendre les dangers des relations sexuelles non protégées, les conséquences d’une infection sexuellement transmissible (MST), du VIH/sida, entre autres risques.</p> <p>&nbsp;</p> </div> <div class="field field--name-field-disqus field--type-disqus-comment field--label-hidden field--item"><drupal-render-placeholder callback="Drupal\disqus\Element\Disqus::displayDisqusComments" arguments="0=Vidya%20Charan%20%3A%20%C2%ABIl%20faut%20renforcer%C2%A0la%20responsabilisation%C2%A0des%20femmes%C2%BB&amp;1=http%3A//defimedia.info/vidya-charan-il-faut-renforcer-la-responsabilisation-des-femmes&amp;2=node/175408" token="NhUfIBFB6pQWAt3FFnZnWzQqi68c6JqVkXU5BO9kmm8"></drupal-render-placeholder></div> Fri, 08 Aug 2025 03:46:30 +0000 Jean Claude Dedans 175408 at http://defimedia.info Fabrice David : «Nous avons opté pour des décisions difficiles quitte à être impopulaires» http://defimedia.info/fabrice-david-nous-avons-opte-pour-des-decisions-difficiles-quitte-etre-impopulaires <span>Fabrice David : «Nous avons opté pour des décisions difficiles quitte à être impopulaires»</span> <span><span lang="" about="/users/jdedans" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Jean Claude Dedans</span></span> <span>mer 06/08/2025 - 07:30</span> <div class="field field--name-field-main-picture field--type-image field--label-hidden field--item"> <img src="/sites/default/files/styles/node_content_picture/public/fabrice_david3.jpg?itok=jmwNNkVi" width="1280" height="720" alt="" typeof="foaf:Image" class="img-responsive" /> </div> <div class="field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field--item"><p>Fabrice David est connu pour sa franchise, parfois dérangeante pour certains. Lucide et ferme dans ses convictions, il estime que le gouvernement dirigé par Navin Ramgoolam a fait le choix de prendre des décisions difficiles, au risque de perdre en popularité.&nbsp;<br /> <br /> <strong>Vous avez un patronyme connu, est-ce que cela a une importance en politique d’être le fils de ?</strong><br /> Être le fils de James Burty David est à la fois une fierté et une responsabilité pour moi. Mon père a été politicien, député et ministre tout en étant un fidèle lieutenant du Parti travailliste. Il est un symbole de loyauté absolue en politique. Et, dans la circonscription No. 1 où j’ai repris le flambeau laissé par mon père, les habitants parlent encore de lui pour le bien qu’il a fait et, aujourd’hui, je continue le travail pour le développement de la circonscription et le bien-être des habitants avec les mêmes convictions qui habitaient mon père, tout en imprimant ma marque personnelle et en adoptant mon propre style. L’électorat du No.1 m’a fait confiance à deux reprises en faisant de moi leur premier élu en 2019 et en 2024. Je leur suis très reconnaissant et je vais tout faire pour être à la hauteur de cette confiance.</p> <p><strong>Vous êtes à votre deuxième mandat. &nbsp;La pension des élus est contestée... La rue crie !</strong><br /> Les membres du gouvernement que nous sommes restent au plus près des préoccupations et des attentes de la population, et quand la rue crie, nous entendons, nous écoutons et nous agissons.&nbsp;</p> <p>Permettez-moi de vous rappeler le contraste entre l’ancien et l’actuel Premier ministre lorsqu’il s’agit des revendications de la rue. Pravind Jugnauth avait affirmé que ce n’est pas la rue qui dicte son choix et le choix de son gouvernement, alors que le Dr Ramgoolam a renversé une décision arbitraire du CEO de la COIREC qui voulait interdire la manifestation publique. Il a demandé au Commissaire de police de permettre le rassemblement citoyen qui pourtant venait contester son propre projet de réforme.</p> <p><strong>En parlant de cette pension contributive que de nombreux parlementaires mettent en avant, il convient de regarder les faits. La contribution s’élève à 6 % du dernier salaire annuel. Sur dix ans, cela représenterait, dans le scénario le plus élevé, environ Rs 3 millions. En retour, le parlementaire — prenons votre cas, compte tenu de votre jeune âge — percevrait plus d’une dizaine de millions de roupies. Est-il normal de poncer autant l’argent public ?</strong><br /> Poncer l’argent public ? Avez-vous vu comment le gouvernement de Pravind Jugnauth a pillé les caisses publiques pour payer des honoraires de Rs 84,7 millions à une avouée entre 2015 et 2024. Que dites-vous des Rs 287,2 millions versées à Sattar Hajee Abdoula pendant cette même période ? Qu’en est-il des Rs 160 millions de Reward Money versées sur le compte de l’ACP Dunraz Gangadin qui se défend ? Est-ce normal qu’on dépense autant d’argent public pour des proches du MSM ? Et dois-je vous rappeler que le gouvernement MSM a dépensé plus de Rs 5 milliards d’argent public pour espionner tous les citoyens de notre pays ?</p> <p>Venons-en à votre question. J’ai, certes, le mérite d’être un jeune politicien. Et je dois vous dire honnêtement que j’ai renoncé à une riche carrière professionnelle en France pour faire de la politique à Maurice parce que je veux contribuer à la transformation de mon pays et au bien-être de mes compatriotes. Je viens tout juste de commencer cette mission au sein du gouvernement du Changement. Il est donc prématuré de parler de ma retraite à ce stade.</p> <p><strong>La réforme de la Basic Retirement Pension (BRP) fait grincer des dents. Même si elle était nécessaire, sans doute aurait-il fallu l’annoncer dans le manifeste électoral de l’Alliance du Changement. Le résultat des élections de novembre 2024 aurait-il été différent ? Votre réaction ?</strong><br /> Comment pouvions-nous l’annoncer dans notre manifeste électoral, alors que nous n’avions aucune idée de l’ampleur des dégâts qui nous attendaient ? Dès sa prise de fonctions, le Premier ministre et ministre des Finances a commandé un audit des finances publiques. Ce travail a abouti au rapport The State of the Economy, déposé à l’Assemblée nationale. Et ce rapport démontre clairement l’héritage économique catastrophique laissé par le tandem Jugnauth/Padayachy.&nbsp;</p> <p>Le coût de la Basic Retirement Pension (BRP) est passé de Rs 5,97 milliards en 2010 à Rs 55,4 milliards en 2025, soit une hausse spectaculaire de 828 %. Il faut regarder la vérité en face : si nous n’agissons pas, notre système de pensions s’effondrera. Ce sont nos enfants et petits-enfants qui en paieront le prix. Réformer c’est protéger ; c’est assurer à chaque génération une retraite digne, sans transférer nos erreurs aux générations futures. Refuser cette réforme, c’est choisir la facilité aujourd’hui et l’effondrement demain. Et n’oublions pas que le Premier ministre est venu avec un ‘Income Support’ de Rs 10 000 par mois pour 46 % des personnes qui auront 60 ans à partir du 1er septembre 2025. Cette mesure de transition coûtera Rs 8,7 milliards au cours des cinq prochaines années.</p> <p><strong>En tant que Junior Minister à l’Agro-industrie, quels sont vos objectifs ?</strong><br /> Je partage la vision du gouvernement et les objectifs du ministre Arvin Boolell, à savoir améliorer la sécurité alimentaire du pays, augmenter la qualité et la quantité de nos productions agricoles et réduire nos importations alimentaires. Cela passe par un soutien plus renforcé à nos agriculteurs, par l’utilisation de systèmes de production respectueux de l’environnement et par la démocratisation des nouvelles technologies agricoles (AgriTech). Il nous faudra investir dans l’irrigation, le stockage, le transport et la connectivité rurale et également encourager l’engagement des jeunes par la formation et le financement.</p> <p><strong>On parle d’autosuffisance alimentaire, mais cela ressemble encore à un rêve lointain. Des champs de canne sont laissés à l’abandon, la relève tarde à venir, et les incitations à destination des jeunes sont rares. Quelles mesures concrètes proposeriez-vous pour encourager une agriculture assistée, intelligente et orientée vers l’agro-bio ?</strong><br /> Nous sommes autosuffisants en bananes et en volaille pour ne prendre que ces deux exemples. Nous devons être réalistes : nous ne pourrons pas être autosuffisants sur tous nos produits alimentaires. Étant dans une région tropicale, nous ne pouvons pas produire des denrées adaptées aux climats tempérés. Nous avons une superficie limitée et la demande en terres agricoles ne cesse d’augmenter. Il faut donc proposer une transition vers l’AgriTech, l’agriculture verticale et l’économie circulaire dans les systèmes agroalimentaires. L’agriculture intelligente met l’accent sur la précision et l’efficacité en exploitant la technologie pour rendre l’agriculture plus productive. L’agriculture biologique, quant à elle, privilégie les processus naturels et la durabilité, protégeant la santé, les sols et l’environnement en évitant souvent les outils synthétiques. Ces deux approches peuvent être complémentaires dans notre pays. Et je vous rappelle qu’une enveloppe de Rs 800 millions a été votée dans le Budget national 2025/26 pour soutenir les planteurs et éleveurs à travers une panoplie de mesures.</p> <p><strong>La Land Bank, projet cher au ministre de tutelle depuis plusieurs années, en est où aujourd’hui ? S’agit-il d’un véritable projet en marche ou simplement d’un vœu pieux ?</strong><br /> Des consultations ont été menées auprès de toutes les parties prenantes à ce sujet, à savoir : Landscope Ltd, Rose Belle Sugar Estate, Sugar Investment Trust, l’Irrigation Authority, la Mauritius Cane Industry Authority et le ministère de l’Agro-industrie, de la Sécurité alimentaire, de l’Économie bleue et de la Pêche. L’objectif de cette mesure est de regrouper toutes les terres disponibles sous l’égide des entités gouvernementales afin de se concentrer sur la promotion des activités agricoles. Des statistiques sur l’étendue des terres disponibles ont déjà été compilées et des discussions sont en cours avec un prestataire de services potentiel pour l’acquisition d’un système de banque foncière numérique afin de faciliter les demandes de terres. Des consultations supplémentaires seront menées afin de finaliser la procédure de demande et ainsi permettre au public d’accéder facilement et rapidement aux terres agricoles.</p> <p><strong>Venons-en au Market Fair de Wooton. Le ministre a parlé d’un important gaspillage d’argent public, tout en affirmant qu’il n’est pas opposé à l’idée de créer des marchés forains répartis dans les quatre coins de l’île. Pourquoi ne pas envisager, dans cette optique, l’organisation régulière de Market Fairs chaque week-end, au bénéfice direct des consommateurs ?</strong><br /> Notre pays est relativement petit, avec un circuit court déjà existant. Seul un certain volume de légumes et fruits frais transite par le National Wholesale Market. Le reste passe, soit par des intermédiaires (vers les hôtels ou les hypermarchés), soit — dans la majorité des cas — directement des planteurs aux consommateurs. Les cultures vivrières et les fruits sont vendus directement lors des foires régionales et des petits bazars. Des discussions vont bientôt débuter pour revoir le mode de fonctionnement du National Wholesale Market, car certaines failles dans la gestion ont conduit à des pertes financières. Un exercice de révision est nécessaire pour corriger certains aspects du modèle existant et des pourparlers devraient bientôt débuter concernant la décentralisation du marché, afin de mieux desservir les différentes régions.</p> <p><strong>En France, le concept du “plateau du jour” ou “de la semaine” permet aux petits planteurs de vendre directement les produits de leur terroir aux habitants de leur région, sans passer par des intermédiaires. Que pensez-vous de l’adoption d’un modèle similaire à Maurice ?</strong><br /> Le concept du ‘Plateau du jour ou de la semaine’ est en phase avec la vision de l’Agricultural Marketing Bard (AMB) de favoriser un circuit court entre les planteurs et les consommateurs. Permettre aux petits producteurs de vendre directement, c’est valoriser le terroir, améliorer leurs revenus et renforcer le lien entre agriculture locale et alimentation saine.&nbsp;</p> <p>Dans le plan initial du National Wholesale Market, il avait justement été prévu un ‘Planters’ Corner’: un espace dédié aux planteurs, où ils allaient pouvoir vendre leurs produits directement aux consommateurs, aux enchérisseurs et même aux revendeurs, sans passer obligatoirement par de multiples intermédiaires. Malheureusement, ce projet n’a pas été poursuivi par le gouvernement MSM qui n’a pas jugé utile de lui accorder la priorité. Nous sommes convaincus qu’un tel espace serait bénéfique à tous les acteurs de la chaîne agricole. Démocratiser l’accès au marché est une condition essentielle pour dynamiser l’agriculture locale et redonner confiance aux petits planteurs.</p> <p><strong>Passons à la politique : en tant que Junior Minister, quels sont vos projets, car vous avez été jusqu’ici discret ?</strong><br /> Vous faites sans doute référence à ma relative discrétion liée au fait que j’interviens moins souvent au Parlement chaque semaine. Cela s’explique simplement : les Junior Ministers ne posent pas de questions parlementaires et n’y répondent pas non plus. Pour autant, nous avons des occasions d’intervenir, notamment lors du discours-programme, des débats budgétaires et sur tout projet de loi relevant de nos attributions. Quant à mes projets, ils s’articulent autour de quatre axes.&nbsp;</p> <p><strong>Lesquels&nbsp;?</strong><br /> Au niveau ministériel, je travaille aux côtés du ministre Arvin Boolell pour garantir notre souveraineté alimentaire et bâtir une nouvelle économie bleue. Au niveau parlementaire, j’assume pleinement mes fonctions en intervenant lorsque cela est nécessaire et en apportant tout mon soutien au gouvernement. Au niveau de ma circonscription, en tant que député, je travaille à développer les localités, protéger l’environnement et améliorer concrètement le quotidien des habitants. Et, finalement, au sein du Parti travailliste, j’assume également mes responsabilités comme membre du bureau politique et président de l’aile jeune. Ce sont donc plusieurs responsabilités que je mène de front et je reste pleinement engagé au service du pays et des citoyens.</p> <p><strong>Les promesses de votre alliance tardent à se concrétiser : transport gratuit pour tous, internet gratuit, congé de maternité d’un an pour les mères, quelques semaines pour les pères, revalorisation de la BRP, entre autres. La population attend toujours…&nbsp;</strong><br /> Il y a, certes, les promesses que vous mentionnez, mais il y en a d’autres que nous avons déjà tenues — bien que peu relayées dans la presse. En seulement huit mois à la tête du pays, nous avons posé des actes concrets. Nos institutions ont retrouvé leur indépendance, la démocratie parlementaire a été restaurée, et les pouvoirs constitutionnels du Directeur des poursuites publiques (DPP) ont été rétablis. Le processus de réenregistrement des cartes SIM a été stoppé, et les opérateurs sont désormais tenus de supprimer les bases de données contenant les photographies des utilisateurs. La liberté d’expression sur les réseaux sociaux a été réaffirmée, et les écoutes téléphoniques appartiennent désormais au passé.</p> <p>Rappelons également que le prix des carburants a baissé de Rs 5 par litre, après des années sans réduction sous le gouvernement précédent. Dans le domaine de l’éducation, nous avons tenu notre promesse électorale en réintroduisant les 3 Credits comme critère d’accès au Grade 12 (Lower VI). L’Empowerment Programme, qui a laissé plus de 2 000 étudiants sur le carreau, a été remplacé par le Foundation Programme for Literacy, Numeracy and Skills.</p> <p>Le port retrouve peu à peu son efficacité et fait l’objet d’un vaste projet de modernisation. De nouveaux drains sont en cours de construction pour mieux faire face aux risques d’inondation. Le système de transport par bus sera lui aussi transformé grâce à une gestion de flotte par GPS et à un réseau d’information en temps réel pour les passagers.</p> <p><strong>On oublie une chose la plus importante : hormis quelques baisses sur des articles, vous conviendriez que passer à la caisse des supermarchés est pénible, car tout est hors de prix. Pourquoi ne pas exiger à ces grandes surfaces de diminuer leur marge de profits en fin de mois à 5 % au lieu des 30-40 % sur des produits de consommation de base ? Car, ceux qui ont les moyens ne vont pas se tourner vers ces produits en promotion…</strong><br /> Le ministre du Commerce travaille sur un plan. Mais laissez-moi vous dire que, conformément à notre promesse électorale, le gouvernement a aussi mis en place un fonds de Rs 10 milliards pour stabiliser les prix et soutenir le pouvoir d’achat, avec une première contribution de Rs 2 milliards inscrite dans le Budget 2025/2026. Quant à la TVA, elle n’a pas augmenté et elle a même été abolie sur certains aliments pour bébés, légumes en conserve et légumes surgelés emballés. Un système intégré du contrôle des prix (Price Monitoring Information System – PMIS), a aussi été mis en place pour combattre les pratiques de collusion tarifaire et assurer une meilleure transparence des prix. Le ministre du Commerce s’active également à finaliser un cadre d’importation parallèle pour réduire les prix des médicaments. Toutes ces mesures visent évidemment à faire baisser les prix et protéger les consommateurs.</p> <p><strong>Est-il normal que les supermarchés réalisent d’importants profits, au détriment du pouvoir d’achat de la population ?</strong><br /> Bien sûr que non ! Chacun doit assumer ses responsabilités. Le contexte actuel exige qu’on se serre les coudes et non pas de s’enrichir indécemment sur le dos des consommateurs.</p> <p><strong>La polémique a enflé autour des nominations. Le régime en place avait promis un Appointments Committee. Or, force est de constater que les nominés politiques sont des petits copains pour services rendus à l’Alliance du Changement. Rien ne change finalement…</strong><br /> Il sera d’abord nécessaire d’introduire une loi-cadre afin de définir clairement le rôle, les responsabilités et les paramètres dans lesquels l’Appointments Committee sera appelé à opérer. Jusqu’à présent, le bureau de l’Attorney General a été particulièrement sollicité, avec pas moins de 18 projets de loi présentés et débattus au Parlement au cours de ces huit premiers mois. Comme je l’ai déjà souligné, nous resterons fidèles à nos engagements. S’agissant des nominations, un seul critère prévaut : qu’ils soient proches ou non du gouvernement, les candidats (nominés) doivent être « the right person at the right place ».</p> <p><strong>Sur les réseaux sociaux, cela flambe pour la nomination de Seniors ‘over 70’. Vous en pensez quoi ?</strong><br /> C’est dommage et réducteur de ne retenir que la nomination des seniors, alors que plusieurs jeunes talents ont également été promus. On peut citer Rajeev Hasnah, nommé First Deputy Governor de la Banque de Maurice, Takesh Luckho, Chairperson de la STC, Nishta Jooty, CEO de la SIT, Veemal Gungadin, CEO de Mauritius Telecom, Avinash Teelock, directeur de la MTPA, ou encore Kevin Gutty, à la tête de la MFDC. Autant de jeunes professionnels compétents appelés à transformer et moderniser nos institutions.</p> <p><strong>Comment expliquez-vous que la colère gronde de toutes parts contre votre gouvernement, alors que vous n’êtes au pouvoir que depuis huit mois&nbsp;? Où se situe le problème : mauvaise communication, mauvaise approche, mauvais conseillers, règlements de compte envers le MSM ou mauvaise gouvernance ?</strong><br /> Dans mon discours budgétaire, j’ai cité Václav Havel, premier président de la République tchèque dans les années 1990, qui affirmait que « le courage politique, c’est de dire la vérité, même lorsqu’elle est impopulaire ». Le gouvernement a choisi de dire la vérité à la population sur la situation dans laquelle nous nous trouvons après 10 années de dilapidation et de mauvaise gestion sous le MSM. Nous avons consciemment opté pour des décisions difficiles. Cette stratégie gouvernementale repose sur un sens profond de responsabilité patriotique, plutôt que sur la recherche de complaisance électorale. Certes, il s’agit d’un pari politique audacieux : accepter de sacrifier une part de popularité à court terme afin de jeter les bases d’une prospérité durable. Mais le gouvernement assume pleinement ses choix.&nbsp;</p> </div> <div class="field field--name-field-disqus field--type-disqus-comment field--label-hidden field--item"><drupal-render-placeholder callback="Drupal\disqus\Element\Disqus::displayDisqusComments" arguments="0=Fabrice%20David%20%3A%C2%A0%C2%ABNous%20avons%20opt%C3%A9%20pour%20des%20d%C3%A9cisions%20difficiles%20quitte%20%C3%A0%20%C3%AAtre%20impopulaires%C2%BB&amp;1=http%3A//defimedia.info/fabrice-david-nous-avons-opte-pour-des-decisions-difficiles-quitte-etre-impopulaires&amp;2=node/175279" token="ZNphPvUnU-rvjXPLuFTJFjE06_RsH6Jv9zWgKCV4YRE"></drupal-render-placeholder></div> Wed, 06 Aug 2025 03:30:00 +0000 Jean Claude Dedans 175279 at http://defimedia.info Sunil Boodhoo : «Maurice doit penser au-delà du commerce pour intéresser les États-Unis» http://defimedia.info/sunil-boodhoo-maurice-doit-penser-au-dela-du-commerce-pour-interesser-les-etats-unis <span>Sunil Boodhoo : «Maurice doit penser au-delà du commerce pour intéresser les États-Unis»</span> <span><a title="Voir le profil utilisateur." href="/user/3069" lang="" about="/user/3069" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Fabrice Laretif</a></span> <span>mer 06/08/2025 - 06:07</span> <div class="field field--name-field-main-picture field--type-image field--label-hidden field--item"> <img src="/sites/default/files/styles/node_content_picture/public/inline-images/Sunil%20Boodhoo.jpg?itok=gLFG-v9i" width="1280" height="720" alt="" typeof="foaf:Image" class="img-responsive" /> </div> <div class="field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field--item"><p>Le taux de 15 % n’est pas une fin en soi. Selon Sunil Boodhoo, la véritable bataille réside dans la capacité de Maurice à transformer cette contrainte en une opportunité stratégique. Cela suppose un repositionnement clair, une diversification économique, une diplomatie régionale active et une vision élargie des relations avec les États-Unis, précise l’ancien directeur du commerce international au ministère des Affaires étrangères.</p> <p><strong>Quels ont été les principaux leviers diplomatiques qui ont probablement été utilisés par Maurice pour faire passer le tarif prévu de 40 % à 15 % ?</strong><br /> Le gouvernement mauricien a misé sur des actions diplomatiques ciblées. Il est rapporté que le Premier ministre a directement écrit au Président Trump en proposant des mesures concrètes visant à équilibrer les échanges commerciaux entre Maurice et les États-Unis. Les discussions avec le bureau du Représentant américain au commerce (USTR) ont aussi été cruciales. Il faut dire que le déficit commercial est frappant. Maurice exporte pour environ USD 250 millions vers les États-Unis, alors que les importations en provenance de ce pays ne s’élèvent qu’à quelque USD 40 millions.</p> <p>Pour atténuer ce déséquilibre, Maurice aurait proposé d’importer davantage de produits américains. Ce geste a sans doute contribué à détendre les discussions. Il est également important de noter que plusieurs pays africains membres de l’AGOA seront désormais soumis à un taux similaire de 15 %, ce qui laisse penser qu’il s’agit d’un tarif harmonisé pour la région.</p> <p><strong>Pensez-vous que ce taux de 15 % compromet la compétitivité des produits mauriciens face à ceux d’autres pays africains bénéficiant d’un accès préférentiel au marché américain ?</strong><br /> Il faut relativiser cette situation. Aujourd’hui, très peu de pays bénéficient d’un accès réellement préférentiel au marché américain. Maurice, autrefois exempté de droits de douane sur nombre de ses produits, perd en effet cet avantage. Cependant, il convient de comparer le nouveau taux de 15 % à ceux imposés à nos principaux concurrents.</p> <p>Le Vietnam est taxé à 20 %, le Cambodge également. L’Indonésie et les Philippines sont à 19 %, tandis que l’Inde subit un tarif de 25 %. Dans ce contexte, Maurice reste compétitif, mais la marge s’est réduite. Une chose est certaine, la concurrence sera plus rude, et les entreprises mauriciennes devront se montrer agiles.</p> <p><strong>Comment les opérateurs économiques mauriciens peuvent-ils s’adapter à cette nouvelle donne douanière ?</strong><br /> Une refonte stratégique est impérative. Les exportateurs devront réévaluer leurs chaînes de valeur, améliorer la productivité et, si possible, réduire les coûts de production. Cette transition nécessitera une approche structurée et proactive, tant au niveau des entreprises qu’au niveau institutionnel.</p> <p>Par ailleurs, les importateurs américains ne resteront pas passifs. Ils chercheront probablement à faire partager le poids de ces nouveaux droits de douane. Cela signifie que les exportateurs mauriciens devront, dans bien des cas, ajuster leurs prix pour rester attractifs.</p> <p><strong>Dans une récente déclaration, le ministre Ramful évoquait des négociations pour un accord de libre-échange (FTA) avec les États-Unis. Quelle est la probabilité que Maurice parvienne à conclure cet accord dans un futur proche ? Quels en seraient les principaux obstacles ?</strong><br /> Maurice tente d’obtenir un accord de libre-échange avec les États-Unis depuis 2008. Cependant, notre taille économique représente un handicap. Environ 95 % de nos importations ne sont pas taxées aux États-Unis, ce qui réduit leur incitation à négocier.</p> <p>Il serait plus stratégique d’adopter une approche régionale, comme cela a été fait avec l’Union européenne. Un accord continental aurait bien plus de poids. D’ailleurs, les États-Unis ont déjà exploré cette voie, notamment sous Donald Trump, qui avait engagé des discussions bilatérales avec le Kenya. Si l’accord avait abouti, il aurait servir de modèle pour le continent africain.</p> <p>Il ne faut donc pas se limiter à un cadre commercial. Maurice devrait plaider pour un accord incluant également les investissements, la coopération économique et la sécurité maritime. Ce sont ces éléments qui peuvent réellement intéresser Washington.</p> <p><strong>Outre le tarif douanier, quelles dimensions de la relation Maurice–États-Unis pourraient évoluer dans les prochaines années, notamment en matière de sécurité maritime ou d’investissements ?</strong><br /> Maurice doit repenser sa relation avec les États-Unis pour qu’elle ne se limite pas aux échanges commerciaux. L’administration Trump fonctionne sur une logique transactionnelle. Il faut donc offrir des éléments d’intérêt stratégique.</p> <p>La sécurité maritime dans l’océan Indien, par exemple, constitue un axe majeur de collaboration. Si Maurice arrive à insérer cette dimension dans ses discussions avec Washington, cela renforcera la valeur de sa proposition diplomatique et économique.</p> <p><strong>Le programme préférentiel AGOA expire bientôt. Quel rôle les institutions, comme la MEXA ou l’Union africaine, peuvent-elles jouer dans son renouvellement ?</strong><br /> L’AGOA prend fin le 30 septembre, et il devient urgent d’intensifier le lobbying à Washington. Maurice a toujours été proactif à ce niveau, souvent en partenariat avec d’autres pays africains. Toutefois, il faut rappeler un point crucial. Ce ne sont ni le Président ni l’administration qui légifèrent aux États-Unis, mais le Congrès.</p> <p>Le véritable levier se trouve donc dans les deux chambres du Congrès. Il est indispensable d’avoir des sénateurs convaincus de l’utilité de l’AGOA pour le continent africain. Cela exige une diplomatie active, notamment via l’African Diplomatic Corps à Washington, pour mobiliser un soutien politique tangible.</p> <p><strong>Les PME craignent que l’absence d’un accord ou d’une extension de l’AGOA ne compromette davantage un secteur déjà fragilisé. Leur crainte est-elle justifiée ?</strong><br /> Ces craintes sont fondées. Le passage de zéro à 15 % de droits de douane représente un choc pour les exportateurs, en particulier pour les petites structures. Toutefois, les grandes entreprises mauriciennes disposent de marges d’adaptation plus importantes.</p> <p>Il existe aussi des solutions régionales à exploiter. Maurice et Madagascar peuvent renforcer leur chaîne de valeur intégrée. La Grande île devait initialement faire face à un tarif de 40 %, mais elle a également obtenu un taux de 15 %. Maurice pourrait se spécialiser dans la fabrication de fibres et de tissus, tandis que l’assemblage final serait réalisé à Madagascar, où les coûts sont moindres. Cela permettrait de maintenir la compétitivité régionale.</p> </div> <div class="field field--name-field-disqus field--type-disqus-comment field--label-hidden field--item"><drupal-render-placeholder callback="Drupal\disqus\Element\Disqus::displayDisqusComments" arguments="0=Sunil%20Boodhoo%20%3A%C2%A0%C2%ABMaurice%20doit%20penser%20au-del%C3%A0%20du%20commerce%20pour%20int%C3%A9resser%20les%20%C3%89tats-Unis%C2%BB&amp;1=http%3A//defimedia.info/sunil-boodhoo-maurice-doit-penser-au-dela-du-commerce-pour-interesser-les-etats-unis&amp;2=node/175320" token="y-2ZMRpqWPU81kC_LWULpmyawNmIG1XekUK2D0msc8Q"></drupal-render-placeholder></div> Wed, 06 Aug 2025 02:07:00 +0000 Fabrice Laretif 175320 at http://defimedia.info Abdel Ruhomutally : «Nous avons un dossier en suspens depuis 2011» http://defimedia.info/abdel-ruhomutally-nous-avons-un-dossier-en-suspens-depuis-2011 <span>Abdel Ruhomutally : «Nous avons un dossier en suspens depuis 2011»</span> <span><span lang="" about="/users/defiplus" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Defi Plus</span></span> <span>lun 28/07/2025 - 07:30</span> <div class="field field--name-field-main-picture field--type-image field--label-hidden field--item"> <img src="/sites/default/files/styles/node_content_picture/public/abdel_ruhomutally_2.jpg?itok=s0lCF5Fu" width="1280" height="720" alt="" typeof="foaf:Image" class="img-responsive" /> </div> <div class="field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field--item"><p>Perplexité, retards chroniques, conflits d’intérêts et carences structurelles : Abdel Ruhomutally, directeur général de GFA Insurance Ltd, livre un constat sans détour sur les dérives du Motor Vehicle Insurance Arbitration Committee (MVIAC). Selon lui, les lenteurs de traitement, aggravées par des nominations politisées, nuisent à la crédibilité de l’instance et affectent directement les assureurs comme les assurés. Avec 83 dossiers en souffrance dans sa compagnie – dont un remontant à 2011 – il plaide pour une réforme urgente, plus de transparence, et une modernisation juridique afin de restaurer l’efficacité d’un mécanisme d’arbitrage à bout de soufflv.</p> <p><strong>En tant qu’après sureur, qust ’otre réaction à l’annonce faite à l'Assemblée nationale selon laquelle 1 635 dossiers soumis au MVIAC de 2019 à 2024 n’ont pas été traités ?</strong><br /> Je suis quelque peu perplexe qu’en l’espace de cinq ans, 1 635 dossiers sont restés en souffrance. Concrètement, selon les lots de dossiers que je reçois de mon département des sinistres, les décisions du MVIAC nous parviennent généralement deux ans après leur examen par cette instance.</p> <p>Nous ne sommes pas surpris qu’il y ait des dossiers en attente au MVIAC, car ce retard existe depuis des années, y compris sous les gouvernements précédents. Le véritable problème réside surtout dans la nomination des présidents et des vice-présidents. Comme ces nominations relèvent de la politique, elles prennent beaucoup de temps. Je me souviens, par exemple, du cas de Jacques Panglose. Sa nomination en tant que président avait pris près de neuf mois avant d’être confirmée par le gouvernement.</p> <p>La rédaction des décisions (rulings) et leur communication aux compagnies d’assurances prennent également du temps. Là, c’est un problème administratif qui pourrait être réglé assez facilement.</p> <p>Cette lenteur entraîne des comités qui ne siègent pas régulièrement et accumulent des retards. D’ailleurs, ce problème de délais existe depuis la création du MVIAC.</p> <p><strong>Avez-vous vous-même des dossiers en suspens depuis plusieurs années ? Pouvez-vous nous donner un exemple ?</strong><br /> Oui, nous avons effectivemnt plusieurs dossiers en suspens au &nbsp;MVIAC. À ce jour, notre nombre total de dossiers s’élève à 34 en tant que demandeur et 49 en tant que défendeur, soit un total de 83 dossiers. Le plus ancien remonte à 2011.</p> <p><strong>Considérez-vous que cette situation a nui à la réputation du système d’arbitrage dans le secteur des assurances ? Pourquoi ?</strong><br /> Le système du constat à l’amiable a justement été introduit pour fluidifier la circulation après un accident, en évitant d’attendre systématiquement la police. Nous avons instauré le marquage à la croix jaune et simplifié le formulaire de constat. Quant au MVIAC, il a été créé pour accélérer le règlement des litiges d’assurance, alors qu’auparavant, les dossiers dépendaient des rapports policiers, et que nous étions obligés de passer par les tribunaux.</p> <p>Alors, pour répondre à votre question : oui, cela risque bel et bien de nuire à la réputation du MVIAC. Il faut rappeler que la Cour suprême a statué que le MVIAC est un organe quasi judiciaire — c’est-à-dire une forme de tribunal. Malheureusement, son fonctionnement actuel ne répond pas aux attentes, notamment en raison du manque de ressources humaines que le ministère lui a accordées.</p> <p>Je me dois également de souligner, humblement, que la présence d’avocats à tendance politique au sein de cette instance complique la situation. Certains de ces avocats représentent des compagnies d’assurance, ce qui engendre des conflits d’intérêts. Certains les déclarent ouvertement, d’autres non.</p> <p><strong>Quels sont les effets concrets de ces retards sur le fonctionnement interne d’une compagnie d’assurance ?</strong><br /> Nous rencontrons plusieurs difficultés dans la gestion des sinistres, notamment au niveau des recouvrements quand un dossier est soumis au MVIAC, ainsi que lors des paiements lorsque c’est un client qui porte plainte contre nous via cette instance.</p> <p>Cette situation engendre aussi des complications comptables, car nous devons maintenir des provisions et garder ces dossiers ouverts pendant longtemps. Ce qui complique les audits et les rapports actuariels. Avec l’application des normes IFRS 17, le reporting est devenu encore plus complexe.</p> <p><strong>Ces retards ont-ils des implications financières pour les compagnies d’assurance ?</strong><br /> Oui, il y a des conséquences financières. Lorsqu’un dossier est soumis au MVIAC. Nous perdons l’opportunité d’investir rapidement et de profiter des rendements sur nos placements.</p> <p>Pour le client aussi, c’est un enjeu financier. Il doit attendre que le MVIAC traite son dossier avant de pouvoir réclamer ce qui lui est dû — comme le remboursement de son excess ou de son loss of use (communément appelé « journée garage »).</p> <p><strong>Le ministre a affirmé que le MVIAC a été reconstitué depuis avril 2025 pour “mop up the backlog”. Quelles sont, selon vous, les conditions essentielles pour que le MVIAC fonctionne efficacement à l’avenir ?</strong><br /> La nomination du président et des vice-présidents doit être effectuée sans délai afin d’éviter tout nouveau blocage au sein du MVIAC. Il est également essentiel que trois à quatre comités siègent régulièrement — idéalement au moins une fois par semaine. À court terme, des réunions plus fréquentes (par exemple deux fois par semaine) pourraient être nécessaires pour résorber l’arriéré.</p> <p>Par ailleurs, à l’avenir, le ministère devrait renforcer les ressources humaines et financières du MVIAC pour garantir son bon fonctionnement.</p> <p><strong>Souhaitez-vous voir des réformes législatives pour moderniser le rôle du MVIAC ou renforcer son obligation de transparence ?</strong><br /> Outre l’urgence de renforcer la MVIAC en lui fournissant le personnel et les ressources financières nécessaires, il faut aussi simplifier les procédures de recours contre ses décisions.</p> <p>Actuellement, contester une décision du MVIAC oblige à saisir la Cour suprême — une procédure beaucoup trop coûteuse et complexe, tant pour les compagnies d’assurance que pour les assurés. Une alternative plus simple et moins onéreuse devrait être envisagée. Une réforme législative en ce sens serait donc souhaitable.</p> <p><strong>Seriez-vous favorable à une publication annuelle des décisions du MVIAC (de façon anonyme), à l’image de ce qui se fait dans d’autres juridictions ?</strong><br /> Absolument. Il serait très utile que le MVIAC publie ses décisions, ses statistiques et ses rapports annuels, dans un souci de transparence. Après tout, cet organisme fonctionne avec l’argent des contribuables.</p> </div> <div class="field field--name-field-disqus field--type-disqus-comment field--label-hidden field--item"><drupal-render-placeholder callback="Drupal\disqus\Element\Disqus::displayDisqusComments" arguments="0=Abdel%20Ruhomutally%20%3A%20%C2%ABNous%20avons%20un%20dossier%20en%20suspens%20depuis%202011%C2%BB&amp;1=http%3A//defimedia.info/abdel-ruhomutally-nous-avons-un-dossier-en-suspens-depuis-2011&amp;2=node/174920" token="JNh-ZmOlSuo8KN-oIVYfmnpntwsOoqHiIomEPUVEEgI"></drupal-render-placeholder></div> Mon, 28 Jul 2025 03:30:00 +0000 Defi Plus 174920 at http://defimedia.info Dr Jyoti Jeetun : «Les résultats se verront de manière progressive» http://defimedia.info/dr-jyoti-jeetun-les-resultats-se-verront-de-maniere-progressive <span>Dr Jyoti Jeetun : «Les résultats se verront de manière progressive»</span> <span><span lang="" about="/users/quotidien" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Defi Quotidien</span></span> <span>jeu 24/07/2025 - 08:57</span> <div class="field field--name-field-main-picture field--type-image field--label-hidden field--item"> <img src="/sites/default/files/styles/node_content_picture/public/230725_jyoty.jpg?itok=VHLVZ6Cb" width="1280" height="720" alt="" typeof="foaf:Image" class="img-responsive" /> </div> <div class="field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field--item"><p><strong>Où se situe le secteur financier actuellement et pensez-vous que les objectifs fixés eu égard de la vision jusqu’à 2030 seront atteints ?</strong><br /> Le secteur des services financiers est le premier pilier de l’économie mauricienne. Il contribue à hauteur d’environ 14 % de la valeur ajoutée brute nationale et représente 68 % des recettes totales de l’impôt sur les sociétés. Le but que nous voulons atteindre est de passer d’une valeur ajoutée brute de 1,7 milliard de dollars à 2,5 milliards de dollars en 2030. Pour y parvenir, plusieurs comités seront créés sous le Financial Services Consultative Council. Le groupe de travail sera finalisé durant cette semaine. Un plan d’action sera mis en place. C’est un indicateur de performance clé autoimposé. Le plan d’action est sur cinq ans, mais l’exécution commence maintenant. Il est clair que nous ne pourrons tout atteindre d’un seul coup et que les résultats se verront de manière progressive.&nbsp;</p> <p><strong>Qui fera partie de ce groupe de travail ?</strong><br /> Il sera composé majoritairement des parties prenantes du secteur privé.&nbsp;</p> <blockquote> <p>La secrétaire exécutive de l’ESAAMLG qui était en déplacement à Maurice espère que Maurice deviendra&nbsp;un modèle sur le continent.»</p> </blockquote> <p><strong>Un défi majeur pour le secteur est la disponibilité de la main-d’œuvre. Qu’est-ce qui sera fait pour résoudre cette problématique ?&nbsp;</strong><br /> Comme susmentionné, différents comités seront constitués et chacun s’attèlera à des défis précis. Le rapport que nous venons de publier comprend une section sur la gestion des talents. Le groupe de travail sera appelé à définir la mise en place des propositions. &nbsp;</p> <p><strong>Comment est-ce que l’industrie a accueilli la révision de la mesure concernant la Fair Share Contribution ?</strong><br /> Nous sommes conscients du fait que cette mesure est reçue comme un revers pour le secteur financier. Il y a eu une clarification par rapport à cette mesure. L’amendement concerne cette clarification. Nous en avons discuté avec l’industrie et nous avons expliqué qu’on espère que cette mesure ne sera pas étendue au-delà de trois ans.&nbsp;</p> <p><strong>Maurice a reçu une mission de l’ESAAMLG les 14 et 15 juillet. Qu’est-ce qui ressort des échanges ?&nbsp;</strong><br /> Les rencontres se sont bien passées. Nous allons poursuivre le travail. La priorité demeure de passer efficacement la prochaine évaluation de l’ESAAMLG prévue pour 2027. Tous les organismes clés qui sont concernés travaillent en ce sens. La secrétaire exécutive de l’ESAAMLG qui était en déplacement à Maurice nous a montré son soutien. Elle espère que Maurice deviendra un modèle sur le continent.</p> </div> <div class="field field--name-field-disqus field--type-disqus-comment field--label-hidden field--item"><drupal-render-placeholder callback="Drupal\disqus\Element\Disqus::displayDisqusComments" arguments="0=Dr%20Jyoti%20Jeetun%20%3A%20%C2%ABLes%20r%C3%A9sultats%20se%20verront%20de%20mani%C3%A8re%20progressive%C2%BB&amp;1=http%3A//defimedia.info/dr-jyoti-jeetun-les-resultats-se-verront-de-maniere-progressive&amp;2=node/174783" token="ke_ulHPP6442cMKQEpV22IFgQB8bdiikxGQ4t_tHKk4"></drupal-render-placeholder></div> Thu, 24 Jul 2025 04:57:00 +0000 Defi Quotidien 174783 at http://defimedia.info Devesh Dukhira : «Ce premier Budget du nouveau gouvernement donne le ton pour revaloriser le secteur agricole» http://defimedia.info/devesh-dukhira-ce-premier-budget-du-nouveau-gouvernement-donne-le-ton-pour-revaloriser-le-secteur-agricole <span>Devesh Dukhira : «Ce premier Budget du nouveau gouvernement donne le ton pour revaloriser le secteur agricole»</span> <span><span lang="" about="/users/pdaby" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Pradeep Daby</span></span> <span>jeu 24/07/2025 - 08:36</span> <div class="field field--name-field-main-picture field--type-image field--label-hidden field--item"> <img src="/sites/default/files/styles/node_content_picture/public/230725_devesh.jpg?itok=cDFooP1C" width="1280" height="720" alt="" typeof="foaf:Image" class="img-responsive" /> </div> <div class="field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field--item"><p>Après les différentes phases de restructuration et de transition marquées par la centralisation, les départs volontaires à la retraite et surtout la diversification, l’industrie cannière reste un pilier économique majeur local. Mais, face à la concurrence internationale, la fin du Protocole sucre et les fluctuations liées aux cours mondiaux et au changement climatique, il est devenu « primordial que nous nous adaptions à la volatilité du prix », fait observer Devesh Dukhira, Chief Executive Officer du Mauritius Sugar Syndicate.</p> <p><strong>Vous venez d’indiquer que les cours du sucre sur le marché mondial ont chuté avec des répercussions sur les prix payés aux petits planteurs et aux usiniers mauriciens. À quoi attribuez-vous cette baisse&nbsp;? Faut-il relativiser cette baisse ?</strong><br /> Après des prix rémunérateurs en 2022 et 2023, dont nous avons nous-mêmes profité, dû au déclin de la production mondiale, causée par des conditions climatiques défavorables, certains principaux producteurs sucriers ont investi dans des capacités additionnelles de culture et d’usinage. Ce qui a eu pour effet une hausse de la production, résultant en un surplus global de sucre en 2023/24 mettant ainsi la pression sur les prix à partir du début de 2024.&nbsp;</p> <p>Le marché européen a connu la même tendance après des prix records en 2022, déclenchés par un déficit de production et une flambée des coûts. La récolte a ainsi augmenté d’environ 1 M tonnes tous les ans, par rapport à une consommation annuelle moyenne de 14 M tonnes, mettant ainsi une pression sur les prix dès la mi-2024. Ces tendances baissières ont ainsi accentué la pression sur les prix de vente pour les sucres de Maurice. À titre d’exemple, lorsque le Syndicat des Sucres s’est mis à négocier les contrats de vente pour la récolte 2024 en mai/juin 2024, les cours mondiaux avaient déjà baissé d’environ US$ 150 la tonne de sucre par rapport à la même période en 2023 alors que les prix en Europe affichaient une réduction de plus de 200 euros la tonne.</p> <p><strong>Faut-il désormais s’habituer, selon vous, à ces fluctuations sur lesquelles le secteur cannier mauricien n’a aucune prise ?</strong><br /> Les cours sucriers, comme pour d’autres commodités agricoles, sont sujets à l’offre et à la demande. Alors que la consommation globale augmente tous les ans, actuellement d’une moyenne de 1 %, la production fluctue selon les prix en vigueur et aussi pour des raisons climatiques qui deviennent de plus en plus influentes. Avec une production de seulement 225 000 tonnes de sucre, par rapport à une production globale de 180 M tonnes, dont 16 M tonnes en Europe, Maurice n’est qu’un price taker. Ses prix de vente sont également tirés vers le bas. Mais les baisses sont atténuées grâce à la valeur ajoutée de nos sucres et à l’agilité de nos services de marketing qui dévient une partie de nos exportations vers les marchés les plus rémunérateurs. Par exemple, alors que le prix européen a baissé de plus de 25 % durant les deux dernières années, le vieux continent qui avait absorbé 80 % du sucre blanc de Maurice en 2022/23 n’en a reçu que 26 % en 2024/25.</p> <blockquote> <p>Avec une production de seulement 225 000 tonnes de sucre, par rapport à une production globale de 180 M de tonnes dont 16 M tonnes en Europe, Maurice n’est qu’un price taker.»</p> </blockquote> <p><strong>À ce jour, comment décrirez-vous l’état de santé de notre secteur cannier ?</strong><br /> Quoique la contraction continue de la production nationale reste inquiétante, la superficie récoltée pour la campagne 2024 n’ayant été que de 34 759 hectares, par rapport à 43 711 hectares en 2020, l’industrie sucrière a pu s’adapter au nouvel environnement du marché. La valeur ajoutée et la flexibilité au niveau du produit et des exportations sont essentielles, surtout après la fin des prix garantis sous le défunt Protocole sucre en 2009. Après une consolidation des usines, celles-ci se sont spécialisées dans la production des sucres à valeur ajoutée, dont le sucre raffiné et les sucres spéciaux. Comme ces sucres apportent des primes additionnelles, le syndicat des sucres met l’accent sur le développement de leurs ventes. Et ils sont commercialisés dans 65 pays au monde, en Europe, aux États-Unis, au Moyen-Orient et en Asie, une présence que nous souhaitons consolider davantage. Pour ce qui est du sucre blanc, où la priorité est également la recherche de la plus forte valeur ajoutée, nous restons flexibles &nbsp;sur les destinations européennes et régionales, selon les meilleurs prix de vente atteignables.&nbsp;</p> <p>Il est néanmoins primordial que nous nous adaptions à la volatilité de prix comme décrit plus haut. Déjà, les bénéfices revalorisés des autres sous-produits de la canne, dont la bagasse pour la production d’électricité et la mélasse pour la distillerie, aideront à atténuer ces fluctuations de prix. Ces deux composantes représentent environ 15 % des recettes totales du planteur. Mais les producteurs doivent aussi pouvoir prendre avantage des prix rémunérateurs pour améliorer leur efficience afin de faire face aux saisons plus difficiles à l’avenir. En fait, après les trois dernières années durant lesquelles le syndicat a finalisé des prix au-dessus des Rs 25 000 la tonne, nous craignons que pour la nouvelle campagne, le prix se rapproche des Rs 20 000. Car les conditions du marché sont défavorables, avec le cours mondial ayant baissé de plus d’US$ 100 la tonne de sucre. &nbsp;</p> <p><strong>Le premier Budget du gouvernement contient-il des mesures afin de consolider ce secteur&nbsp;? Est-ce que celui-ci a besoin d’être consolidé pour assurer sa viabilité ?</strong><br /> Ce premier budget du nouveau gouvernement donne le ton pour la revalorisation du secteur agricole en général. Premièrement, par un meilleur contrôle des conversions de terre, mettant l’accent sur le maintien des prime agricultural lands. Et deuxièmement, par une utilisation optimale des ressources. Le ministre de l’Agro-industrie s’est, de son côté, fixé comme objectif de production un retour à un minimum de 300 000 tonnes de sucre. Ce qui renforcera sans doute la compétitivité de l’industrie tout en augmentant la part de source renouvelable, dont la bagasse, dans la production nationale d’électricité. Ce qui manque néanmoins, c’est une réévaluation du prix payé pour la bagasse, actuellement à Rs 3,50 le KWH, qui est moins de la moitié du coût actuel d’importation de toute autre biomasse.</p> <p>En complément à sa contribution dans la production de l’énergie verte, les champs de canne aident à maintenir un environnement durable, avec un effet d’entrainement sur d’autres secteurs. Ainsi, la canne, tout en assurant un paysage vert, aide à la prévention de l’érosion des sols, qui préserve nos lagons et qui profite au secteur touristique. Comme une annonce a été faite dans le budget pour l’imposition d’un tourist fee de trois euros par nuit, on s’attend que cette contribution soutienne aussi le secteur cannier.</p> <p>L’industrie cannière contribue, avec la bagasse et la mélasse, environ à 2 % du PIB. Ce qui a un effet multiplicateur de 6-7 fois sur l’économie mauricienne, prenant en considération les autres activités qui gravitent autour d’elle, comme les opérateurs de transport, les activités portuaires et de stockage, l’assurance marine, etc. Par exemple, l’exportation de sucre nécessite la mobilisation d’approximativement 12 000 à 14 000 conteneurs, soit environ un tiers des exportations domestiques en conteneurs. Ce qui contribue à rendre le secteur portuaire et par ricochet les coûts d’importation plus compétitifs.</p> <blockquote> <p>La canne, tout en assurant un paysage vert, aide à la prévention de l’érosion des sols, qui préserve donc nos lagons et profite au secteur touristique.»</p> </blockquote> <p><strong>De manière générale, le Budget jette-t-il les bases destinées à relancer la croissance de Maurice ?</strong><br /> Le gouvernement a mis l’accent sur les réformes structurelles afin d’assurer un nouveau modèle économique basé, entre autres, sur l’innovation, la recherche et l’optimisation des ressources. Ces réformes sont inévitables si nous souhaitons éviter « ce précipice’ qu’évoque le gouvernement.</p> <p>Pour le secteur agricole en particulier, des mesures ont été annoncées pour optimiser les ressources tout en modernisant les pratiques culturales, incluant le vertical farming ou l’utilisation de l’intelligence artificielle. Le gouvernement semble être engagé pour un renversement de la tendance baissière des dernières années, tout en mettant la sécurité alimentaire comme objectif prioritaire. Concernant l’industrie cannière, l’objectif de production sucrière fixée à 300 000 tonnes est hautement louable.</p> <p><strong>Des critiques sont souvent formulées contre les opérateurs historiques du secteur cannier. Ces derniers auraient choisi de se diversifier dans des secteurs comme l’immobilier – en termes de reconversion de terres – plutôt que de créer des jobs pour la population ?</strong><br /> Prenant en considération nos ressources limitées, la conversion de terre pour des besoins immobiliers, tout comme pour des infrastructures publiques ou des logements sociaux, est inévitable. L’économie mauricienne s’est d’autre part diversifiée, et tant mieux, étant donné les défis récurrents auxquels font face chacun des secteurs existants. Le plan de réforme en début de ce siècle prévoyait déjà ces conversions, mais tout en se limitant sur des terres marginales. Je comprends que les opérateurs dont vous faites mention utilisent ces terres marginales pour d’autres développements.</p> <p>Une politique cohérente est toutefois requise au niveau de l’état pour promouvoir une industrie en particulier. Nous croyons dans le secteur cannier pour ses différents bénéfices pour le pays, comme décrit plus haut. Mais nous devons nous assurer qu’il y ait une masse critique de production en évitant, par exemple, la conversion des prime agricultural lands, une des annonces dans le budget du gouvernement.</p> <p><strong>Vous n’hésitez pas à plaider pour que l’État aide les petits planteurs à récupérer les terres abandonnées afin de les mettre sous culture de cannes ou maraichère. Avez-vous le sentiment qu’on vous écoute ?&nbsp;</strong><br /> Assurer un prix minimum de Rs 35 000 la tonne de sucre pour la récolte 2025 aux planteurs produisant moins de 60 tonnes de sucre est déjà un signal fort du gouvernement. Cette mesure les encourage à produire davantage, en améliorant leurs pratiques culturales, donc leurs efficiences. Les surfaces qu’ils pourront cultiver seront augmentées. La création d’une land bank a été annoncée. Les terres agricoles inutilisées de l’État ainsi que celles abandonnées par les planteurs individuels seront répertoriées. Avec d’autres soutiens financiers, dont la replantation ou les subventions sur les fertilisants, le planteur intéressé ne peut que s’y mettre pour contribuer à une reprise de ce secteur.</p> <p><strong>Quelques conditions en vue de traiter la problématique d’un certain niveau d’autosuffisance alimentaire à Maurice seraient la disposition de terres destinées à cultiver en volume, une main-d’œuvre appropriée, des saisons favorables et la possibilité d’exporter. Peut-on remplir raisonnablement ces critères en vue de mettre sur pied une filière agroalimentaire viable ?</strong><br /> La modernisation des pratiques culturales et de nouvelles techniques de culture en utilisant par exemple l’intelligence artificielle peuvent aider les opérateurs. Le principal challenge reste la disponibilité de la main-d’œuvre, comme pour les autres secteurs de l’économie.&nbsp;</p> <p>Quoique l’importation reste inévitable, il faut se rendre compte que la demande pour le secteur cannier en particulier est en hausse surtout pendant la coupe. La flexibilité est nécessaire afin que ces travailleurs étrangers puissent s’impliquer dans d’autres activités durant le reste de l’année. Les coûts doivent rester sous contrôle, sachant que les recettes sucrières fluctuent.</p> <blockquote> <p>Avant de considérer la possibilité de la culture maraichère&nbsp;dans les champs de canne, qui risque d’être problématique&nbsp;pour des raisons évidentes, il est plus judicieux de récupérer,&nbsp;pour ces besoins, des terres abandonnées, que l’on estime&nbsp;à plus de 10 000 hectares.»</p> </blockquote> <p><strong>L’État et les autres organismes privés forment-ils suffisamment de compétences dans le domaine agricole à Maurice, notamment dans le domaine de la recherche&nbsp;?</strong><br /> Le Mauritius Sugar Industry Research Institute demeure une référence mondiale dans le domaine de la recherche appliquée à la canne à sucre. Et le Regional Training Centre fait partie intégrante de l’industrie cannière. Il a pour partenaire principal la Chambre d’Agriculture de Maurice qui assure depuis plusieurs décennies la formation dans le secteur agricole et celui de la canne. Cette proximité avec le terrain et les opérateurs lui permet de concevoir des programmes pour les besoins locaux et régionaux.</p> <p>Toutefois, nous avons constaté, au fil des années, que les projets de formation les plus réussis sont ceux qui reposent sur une collaboration étroite entre les acteurs publics et privés. L’État, la Chambre d’Agriculture, le RTC, des bailleurs internationaux comme Expertise France ont tenté l’expérience. Ce modèle de partenariat tripartite – public, privé et international – a montré son efficacité et peut servir de socle pour un développement plus stratégique des compétences, notamment si on l’intègre dans des initiatives qui ont été annoncées récemment comme « Study in Mauritius ».</p> <p>Le secteur agricole, et particulièrement celui de la canne à sucre, a un potentiel énorme en matière de formation technique et de recherche appliquée. Il pourrait être positionné comme un pôle régional de compétence, à condition que tous les acteurs travaillent main dans la main. Il existe bel et bien un réel appétit pour la formation dans le secteur agricole, notamment de la part des jeunes et des personnes en reconversion professionnelle. Ce qui peut parfois faire défaut, c’est le soutien post-formation. Sans accès facile à la terre, aux semences, aux équipements et à l’accompagnement technique et financier, les compétences acquises risquent de ne pas être pleinement valorisées sur le terrain. Pour que la formation ait un véritable impact, elle doit s’inscrire dans un écosystème de soutien plus large, au sein duquel les bénéficiaires peuvent concrètement mettre en œuvre ce qu’ils ont appris.</p> <p><strong>Est-ce que, selon vous, le secteur cannier a déjà passé par tous les cycles de transformation afin d’assurer sa viabilité ?</strong><br /> L’industrie sucrière a continué à s’adapter au nouvel environnement du marché, non seulement pour améliorer son efficience, surtout en anticipation de la fin des prix garantis, mais aussi pour s’adapter aux différentes demandes qui surgissent. La transition au début de la dernière décennie en faveur de la production des sucres pour la consommation directe fut une étape cruciale de cette transformation. Elle a permis de maintenir la valeur du produit mauricien. Elle donne la flexibilité de livrer directement vers différents pays, dont les destinations les plus rémunératrices.</p> <p>Comme nous nous approchons des consommateurs finaux, il nous a fallu répondre à leurs exigences, notamment au niveau de food safety. Les usines sont certifiés BRC qui est de renommée mondiale – de contrôle rigoureux de la chaine d’approvisionnement - pour assurer des livraisons ponctuelles – et pour se conformer aux normes de durabilité. Cette dernière requête est devenue incontournable parmi les utilisateurs industriels surtout en Europe. L’industrie mauricienne s’est embarquée sur cette voie depuis 2007 avec la certification Fairtrade. Plus de la moitié des petits planteurs l’avait. Les plus grandes exploitations ont eu la certification Bonsucro à partir de 2019. Actuellement, environ un tiers de la récolte est certifié et l’objectif est d’atteindre les 100 %.</p> <p>Avec la concurrence croissante pour les sucres spéciaux, il est important de se distinguer et de toujours garder une longueur d’avance. Nous faisons face très souvent malheureusement à des concurrences déloyales, notamment des sucres ordinaires ou colorés. Cette situation détruit les valeurs que nous avons construites dans le passé. Nous avons ainsi repositionné le Mauritius Sugar Label en 2021 comme une référence de qualité, qui réside sur les atouts de sucres spéciaux de Maurice. L’année dernière, ces sucres ont reçu la certification d’Indication géographique, le premier produit de Maurice ayant obtenu cette distinction.</p> <p><strong>Comment se portent les autres sous-traitants dans la filière cannière ? On a entendu la critique selon laquelle la sous-traitance serait réservée à l’oligarchie remontant ainsi à l’ère précoloniale ?</strong><br /> Il faut se rendre compte avant tout que plusieurs secteurs d’activité dépendent de l’industrie cannière. À ma connaissance, ces activités sont ouvertes à tout entrepreneur pouvant offrir un service efficient au moindre coût.&nbsp;</p> <p><strong>Est-ce qu’il y a suffisamment de terres cannières qui sont réservées aux cultures maraichères durant l’entrecoupe et est-ce qu’il a possibilité d’augmenter ces superficies réservées à la culture de légumes ?</strong><br /> Comme l’a recommandé le gouvernement dans son budget, il faut optimiser toutes nos ressources, afin d’assurer la sécurité alimentaire avant tout. Il faut aussi contribuer au développement économique du pays. Je n’ai aucun doute que chaque planteur fera tout ce qui est possible dans le but d’augmenter ses recettes. Cependant, avant de considérer la possibilité de culture maraichère dans les champs de canne, qui risque d’être problématique pour des raisons évidentes, il est plus judicieux de récupérer, pour ces besoins, des terres abandonnées, que l’on estime à plus de 10 000 hectares.</p> </div> <div class="field field--name-field-disqus field--type-disqus-comment field--label-hidden field--item"><drupal-render-placeholder callback="Drupal\disqus\Element\Disqus::displayDisqusComments" arguments="0=Devesh%20Dukhira%20%3A%20%C2%ABCe%20premier%20Budget%20du%20nouveau%20gouvernement%20donne%20le%20ton%20pour%20revaloriser%20le%20secteur%20agricole%C2%BB&amp;1=http%3A//defimedia.info/devesh-dukhira-ce-premier-budget-du-nouveau-gouvernement-donne-le-ton-pour-revaloriser-le-secteur-agricole&amp;2=node/174780" token="yInEH5rtX7PS28zWVTe8eKHAzlCBUDPu7vaViZi7p1o"></drupal-render-placeholder></div> Thu, 24 Jul 2025 04:36:00 +0000 Pradeep Daby 174780 at http://defimedia.info Sonny Wong, COO d’Innodis : «Le moral des consommateurs est moins optimiste qu’en début d’année» http://defimedia.info/sonny-wong-coo-dinnodis-le-moral-des-consommateurs-est-moins-optimiste-quen-debut-dannee <span>Sonny Wong, COO d’Innodis : «Le moral des consommateurs est moins optimiste qu’en début d’année»</span> <span><span lang="" about="/users/pdaby" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Pradeep Daby</span></span> <span>jeu 17/07/2025 - 08:42</span> <div class="field field--name-field-main-picture field--type-image field--label-hidden field--item"> <img src="/sites/default/files/styles/node_content_picture/public/160725_sonny.jpg?itok=WuJo9Ncg" width="1280" height="720" alt="" typeof="foaf:Image" class="img-responsive" /> </div> <div class="field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field--item"><p>La consommation des ménages est une des indications fiables de la croissance d’un pays. À Maurice, à l’ère du post-Covid, le secteur de la consommation tend à reprendre ses droits, mais comme le fait observer Sonny Wong, COO d’Innodis, « la pandémie de Covid-19 a profondément modifié les habitudes de consommation ». De surcroît, ajoute-t-il, la cherté de la vie pousse les consommateurs à adopter des tendances d’achat de plus en plus réfléchies.</p> <p><strong>Comment se comporte la consommation à Maurice, surtout après le dernier Budget ?</strong><br /> Le commerce demeure globalement en croissance, bien qu’il continue de faire face à des pressions inflationnistes persistantes. La consommation, soutenue par les ménages et le secteur touristique, reste dynamique, mais pourrait connaître un certain ralentissement au cours du second semestre 2025.</p> <p>La confiance des consommateurs suscite des inquiétudes. Après une amélioration en début d’année, elle semble marquer un recul, traduisant une certaine prudence, malgré certaines mesures ciblées du Budget – comme la suppression de la TVA sur une sélection de produits.</p> <p>Face à la cherté de la vie, les consommateurs adoptent des tendances d’achat de plus en plus réfléchies, ce qui pourrait freiner la progression de la consommation. En conséquence, la croissance attendue pour 2025 devrait être plus modérée comparée aux années précédentes.</p> <p><strong>Est-ce que Maurice est définitivement entré dans une ère de consommation tous azimuts pour tout type de produits, comme certains pays développés ?</strong><br /> L’île Maurice évolue progressivement vers une consommation plus large et diversifiée, mais demeure encore dans une dynamique modérée, typique des pays à revenu intermédiaire supérieur. Cependant, des signes clairs d’une transition vers une société de consommation plus mature sont observables, notamment au sein des classes moyennes et des jeunes professionnels, aussi bien dans les zones urbaines que rurales.</p> <p>La demande ne se limite plus uniquement aux besoins essentiels. Elle est de plus en plus orientée vers le confort, les tendances, l’image de soi – souvent influencée par la publicité, l’exposition aux médias internationaux, la disponibilité croissante des produits, ainsi que l’accès facilité au crédit.</p> <p>Cependant, le pouvoir d’achat limité reste un frein majeur. Les dépenses fixes, en constante augmentation, pèsent sur les budgets des ménages et alimentent une certaine appréhension face à l’endettement. Cette réalité tempère l’élan vers une consommation de masse, qui demeure limitée par les contraintes économiques locales.</p> <blockquote> <p>Face à la cherté de la vie, les consommateurs adoptent des tendances d’achat de plus&nbsp;en plus réfléchies, ce qui pourrait freiner&nbsp;la progression de la consommation.»</p> </blockquote> <p><strong>De manière générale, est-ce que les consommateurs mauriciens sont plus prudents au niveau de leurs achats, surtout après l’ère pandémique ?</strong><br /> Oui, la pandémie de Covid-19 a profondément modifié les habitudes de consommation à Maurice. Les Mauriciens sont devenus nettement plus attentifs à leurs dépenses, avec un comportement d’achat désormais guidé par le rapport qualité/prix.</p> <p>On observe une baisse marquée des achats impulsifs. Les consommateurs comparent davantage les prix entre les différentes enseignes, recherchent les promotions, achètent en quantités plus réfléchies et priorisent les produits de première nécessité.</p> <p>Ce changement semble s’inscrire dans la durée, traduisant une approche plus rationnelle et responsable de la consommation dans un contexte économique toujours incertain.</p> <p><strong>Pourquoi les prix des produits alimentaires et non alimentaires ne se stabilisent-ils pas ? Que peut-on prévoir dans les mois à venir ?</strong><br /> La volatilité des prix s’explique par une combinaison de facteurs structurels, conjoncturels et externes. D’une part, la dépréciation continue de la roupie face aux principales devises étrangères fait grimper le coût des importations. Or, plus de 70 % de nos besoins sont couverts par des produits importés, notre capacité de production locale restant limitée à quelques secteurs spécifiques.</p> <p>D’autre part, Maurice reste très exposé aux fluctuations des marchés mondiaux, notamment en ce qui concerne les prix du pétrole, des céréales et des matières premières. Les conflits armés et tensions géopolitiques, les dérèglements climatiques et les perturbations logistiques continuent d’affecter les chaînes d’approvisionnement, même si le fret montre quelques signes d’amélioration. Les coûts restent toutefois élevés.</p> <p>Pour le second semestre de 2025, une baisse généralisée des prix semble peu probable, même si les prix de certains produits pourraient connaître une certaine stabilisation. Le moral des consommateurs est moins optimiste qu’en début d’année, malgré une résilience qui persiste.</p> <p>Dans ce contexte, les marques de distributeur gagnent en popularité grâce à leur positionnement prix plus attractif. Les produits locaux, notamment ceux labellisés ‘Made in Moris’, bénéficient également d’un regain d’intérêt. Par ailleurs, on observe une timide orientation vers des choix plus durables, même si cela reste encore marginal à ce stade.</p> <blockquote> <p>La demande ne se limite plus uniquement aux besoins essentiels. Elle est de plus en plus orientée vers le confort, les tendances, l’image de soi,…»</p> </blockquote> <p><strong>Les autorités ont récemment étendu le contrôle des prix sur d’autres catégories de produits alimentaires de base. Qu’en pensez-vous ?</strong><br /> Le contrôle des prix sur certains produits de base est une mesure courante dans de nombreux pays, notamment en période d’inflation élevée ou de crise, afin de protéger les consommateurs les plus vulnérables. À Maurice, cette pratique n’est pas nouvelle : des produits comme la farine, le riz, le lait en poudre ou encore l’huile comestible sont encadrés depuis de nombreuses années.</p> <p>Ces mesures peuvent effectivement contribuer à maintenir un climat social stable en limitant la hausse des prix sur des produits essentiels. Cela dit, il convient de rappeler que la concurrence entre marques reste bien présente à Maurice, comme en témoigne la diversité des promotions proposées en grande surface, notamment en fin de mois.</p> <p>Il ne faut pas non plus perdre de vue que le contrôle des prix génère souvent des effets pervers. Il réduit les marges des distributeurs, qui sont déjà sous pression avec l’augmentation des frais opérationnels… à tel point qu’il pourrait ne plus être économiquement viable de continuer à distribuer certaines gammes de produits.</p> <p>Par ailleurs, le contrôle des prix crée une distorsion du marché, peut entraîner des pénuries et freine l’innovation ainsi que l’amélioration de la qualité. Lorsque les marges sont comprimées de manière artificielle, les importateurs et producteurs perdent l’incitation à investir ou à diversifier leur offre. À long terme, cela pénalise l’ensemble de l’écosystème commercial déjà fragilisé.</p> <p>En somme, le contrôle des prix peut se justifier en tant que mesure d’urgence temporaire. Mais il ne constitue pas une solution structurelle durable. À terme, des politiques favorisant la production locale, la transparence des coûts et la concurrence saine seraient plus bénéfiques pour l’économie comme pour les consommateurs.</p> <p><strong>Le ministre du Commerce a annoncé une subvention de Rs 2 milliards afin d’atténuer les augmentations de ces prix. Quelles sont les denrées qui méritent d’être subventionnées ?</strong><br /> L’annonce d’une enveloppe de Rs 2 milliards par le ministre du Commerce vise à soutenir le pouvoir d’achat des ménages dans un contexte de pressions inflationnistes persistantes. Si une telle mesure peut être efficace à court terme, elle ne devrait pas se substituer à une stratégie de sécurité alimentaire plus durable. Un mécanisme temporaire, ciblé et intégré dans une vision plus globale, serait préférable, afin d’éviter les distorsions sur l’écosystème commercial.</p> <p>Les produits de première nécessité – tels que le riz, la farine ou le gaz ménager – bénéficient déjà de subventions de longue date. Pour maximiser l’impact de cette nouvelle enveloppe, il est essentiel de garantir que la subvention se reflète réellement dans le prix de vente final. Cela pourrait justifier le maintien de certaines aides ciblées sur des produits de base comme le lait en poudre, la margarine ou certains produits en conserve, afin de répondre aux besoins quotidiens des ménages les plus exposés.</p> <blockquote> <p>Le contrôle des prix crée une distorsion du marché, peut entraîner des pénuries, et freine l’innovation ainsi que l’amélioration de la qualité.»</p> </blockquote> <p><strong>Comment se comportent les produits locaux vis-à-vis des produits importés&nbsp;? Dans quels secteurs sommes-nous en auto-suffisance ?</strong><br /> Les produits locaux ont nettement gagné en qualité et en visibilité au cours de la dernière décennie. Ils n’ont aujourd’hui rien à envier aux produits importés. Leur notoriété s’est renforcée, ils sont bien représentés dans les rayons des supermarchés, et de nombreux Mauriciens accordent de l’importance à l’achat local. Le label Made in Moris, en particulier, a beaucoup progressé et bénéficie d’une forte reconnaissance auprès des consommateurs.</p> <p>Cependant, la production locale ne couvre encore qu’une partie de nos besoins alimentaires : plus de 75 % des produits alimentaires sont toujours importés. Cela s’explique notamment par les coûts de production plus élevés à Maurice, qui peinent à rivaliser avec les économies d’échelle des grandes industries internationales.</p> <p>Le seul véritable secteur agroalimentaire dans lequel Maurice atteint une forme d’autosuffisance est celui du poulet de chair. À titre d’exemple, chez Innodis, nous disposons d’une filière entièrement intégrée, avec plusieurs décennies d’expertise et des marques reconnues telles que Prodigal ou Le Poulet Fermier.</p> <p>Il devient essentiel de relancer et moderniser des secteurs stratégiques comme l’agriculture et la pêche, aujourd’hui largement sous-développés. Cela nécessiterait une stratégie structurée, durable et axée sur l’innovation. Il serait aussi crucial de revaloriser les terres en friche, de faciliter l’accès à la terre et à la mer, et de mettre en place des programmes de financement et de formation continue pour encourager l’émergence d’une nouvelle génération d’entrepreneurs agricoles et marins.</p> <p><strong>Est-ce que la taille limitée de notre marché pose un problème pour les importateurs de denrées alimentaires ?</strong><br /> Oui, la taille restreinte du marché mauricien représente un véritable défi pour les importateurs, notamment lorsqu’il s’agit d’attirer ou de fidéliser des fournisseurs internationaux compétitifs. Le volume limité des commandes réduit leur pouvoir de négociation sur des aspects clés comme les prix, les conditions de crédit ou encore l’exclusivité.</p> <p>Cela dit, le marché mauricien présente aussi plusieurs atouts : il est stable, bien régulé, avec une gouvernance politique et financière solide, et un très faible risque de défaut de paiement. Cette fiabilité joue en notre faveur et permet aux importateurs de tisser, sur le long terme, des relations commerciales durables, même si la taille du marché impose certaines contraintes.</p> <blockquote> <p>Pour le second semestre de 2025, une baisse généralisée des prix semble peu probable, même si les prix de certains produits pourraient connaître une certaine stabilisation.»</p> </blockquote> <p><strong>Peut-on attendre davantage d’échanges avec les pays membres du BRICS ?</strong><br /> Le bloc BRICS représente une avenue de collaboration intéressante pour Maurice, notamment pour diversifier notre offre de produits, réduire certains coûts et développer de nouveaux partenariats commerciaux. Toutefois, toute ouverture vers ces marchés doit se faire de manière ciblée et pragmatique.</p> <p>Les pays du BRICS comptent parmi les plus grands producteurs mondiaux. Leur intégration plus poussée dans nos échanges commerciaux pourrait permettre de réduire notre dépendance aux marchés traditionnels comme l’Europe. De plus, leurs coûts de production plus bas leur permettent souvent d’offrir des prix compétitifs.</p> <p>Cela dit, cette option ne règle pas entièrement notre vulnérabilité face aux importations. Les routes d’approvisionnement peuvent être plus longues, donc plus coûteuses et complexes. Par ailleurs, la qualité des produits proposés n’est pas toujours alignée avec les standards européens auxquels sont habitués les consommateurs mauriciens – qui restent très attachés à certaines marques reconnues pour leur fiabilité.</p> <p><strong>À ce jour, avons-nous une idée claire quant aux répercussions des augmentations de tarifs annoncées par l’administration Trump ?</strong><br /> Les politiques tarifaires mises en place sous l’administration Trump ont entraîné des répercussions à la fois directes et indirectes sur l’économie mondiale. Elles ont contribué à un ralentissement des exportations globales, à une hausse de l’incertitude sur les marchés, ainsi qu’à des perturbations dans les chaînes d’approvisionnement. En revanche, leur impact direct sur le marché mauricien reste, à ce jour, relativement limité.</p> <p>Cela dit, ces évolutions rappellent la vulnérabilité d’une petite économie ouverte comme la nôtre face aux décisions protectionnistes des grandes puissances. Heureusement, Maurice bénéficie encore de l’accord AGOA, qui permet l’exonération des droits de douane sur de nombreux produits exportés vers les États-Unis. Mais cette situation demeure incertaine, et la pérennité de cet accès préférentiel ne peut être considérée comme acquise à long terme.</p> <blockquote> <p>Les produits locaux ont nettement gagné en qualité et en visibilité au cours de la dernière décennie. Ils n’ont aujourd’hui rien à envier aux produits importés.»</p> </blockquote> <p><strong>Comment se porte la grande distribution à Maurice ? Est-on arrivé à un niveau de saturation ?</strong><br /> La grande distribution à Maurice est en pleine transformation, avec une croissance soutenue et une expansion progressive vers les régions rurales. Le secteur demeure très concurrentiel, mais il ne peut pas encore être qualifié de saturé. Son chiffre d’affaires a connu une progression significative au cours de la dernière décennie, atteignant environ Rs 50 milliards en 2024.<br /> On observe d’une part la consolidation des enseignes existantes, qui poursuivent leur stratégie d’expansion, et d’autre part l’arrivée de nouveaux acteurs sur le marché, comme My Family Grocer à Trianon et bientôt le retour de Monoprix. Cette dynamique entraîne une véritable course aux parts de marché, contribuant à la disparition progressive des boutiques traditionnelles, en particulier dans les zones rurales.</p> <p>Le paysage de la grande distribution est également marqué par une forte influence européenne, avec des enseignes telles que Carrefour, Super U ou Intermart. Les enseignes locales – Way, Savemart, GSR – se sont restructurées pour conserver leur part de marché. Par ailleurs, certaines enseignes, autrefois perçues comme des discounters (KingSavers, M Savers, Dreamprice, Lolo), ont revu leur positionnement et rivalisent aujourd’hui avec les enseignes généralistes.</p> <p>À terme, on pourrait aussi s’attendre à ce que le secteur connaisse des mouvements de consolidation, avec des reprises ou regroupements d’enseignes, conduisant à une nouvelle phase de structuration du marché.</p> <p><strong>Que faut-il pour établir un équilibre entre les différents acteurs économiques de la grande distribution à Maurice ?</strong><br /> La grande distribution joue un rôle essentiel dans l’économie mauricienne, et son bon fonctionnement dépend de l’établissement d’un équilibre structurel entre les différents maillons de la chaîne de valeur : enseignes, PME, producteurs locaux et importateurs. Cet équilibre est indispensable à la construction d’un écosystème commercial à la fois durable, inclusif et compétitif.</p> <p>Il est indéniable que le pouvoir de négociation des grandes enseignes s’est considérablement renforcé ces dernières années. Cela peut engendrer des tensions, notamment pour les producteurs locaux – en particulier les PME – ainsi que pour certains importateurs. Les supermarchés imposent de plus en plus leurs conditions : prix d’achat, délais de paiement, retour des invendus ou encore les modalités d’introduction de nouveaux produits en rayon.</p> <p>À ce jour, Maurice ne dispose pas encore d’un cadre légal spécifique régissant les pratiques commerciales dans le secteur de la grande distribution. Toutefois, à l’image de ce qui se fait dans plusieurs pays développés, l’élaboration d’une législation adaptée semble indispensable pour établir des relations commerciales plus équitables à l’avenir, tout en assurant la pérennité du tissu économique local.</p> </div> <div class="field field--name-field-disqus field--type-disqus-comment field--label-hidden field--item"><drupal-render-placeholder callback="Drupal\disqus\Element\Disqus::displayDisqusComments" arguments="0=Sonny%20Wong%2C%20COO%20d%E2%80%99Innodis%20%3A%20%C2%ABLe%20moral%20des%20consommateurs%20est%20moins%20optimiste%20qu%E2%80%99en%20d%C3%A9but%20d%E2%80%99ann%C3%A9e%C2%BB&amp;1=http%3A//defimedia.info/sonny-wong-coo-dinnodis-le-moral-des-consommateurs-est-moins-optimiste-quen-debut-dannee&amp;2=node/174483" token="Wyku19C9jq0yCaKJwj2avKXnYD3geovX0OOz224QTqY"></drupal-render-placeholder></div> Thu, 17 Jul 2025 04:42:00 +0000 Pradeep Daby 174483 at http://defimedia.info Diane Maigrot : «Les défis à Maurice sont de vraies opportunités pour créer la richesse et l’emploi» http://defimedia.info/diane-maigrot-les-defis-maurice-sont-de-vraies-opportunites-pour-creer-la-richesse-et-lemploi <span>Diane Maigrot : «Les défis à Maurice sont de vraies opportunités pour créer la richesse et l’emploi»</span> <span><span lang="" about="/users/gleena" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="" content="Leena Gooraya-Poligadoo">Leena Gooraya-…</span></span> <span>mar 15/07/2025 - 08:00</span> <div class="field field--name-field-main-picture field--type-image field--label-hidden field--item"> <img src="/sites/default/files/styles/node_content_picture/public/100725_diane.jpg?itok=WPI1qjz7" width="1280" height="720" alt="" typeof="foaf:Image" class="img-responsive" /> </div> <div class="field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field--item"><p>À la tête de La Turbine, Diane Maigrot dresse un état des lieux de l’entrepreneuriat à Maurice. Manque de financement, marché limité, difficulté à recruter… Malgré les obstacles, elle croit en un écosystème local capable d’innover, de croître et de devenir un modèle régional d’entrepreneuriat durable.</p> <p><strong>Depuis 2016, La Turbine a accompagné plusieurs projets à fort potentiel. Quels succès ou impacts concrets pouvez-vous partager ?</strong><br /> Depuis sa création, La Turbine a su s’imposer comme un acteur incontournable de l’écosystème entrepreneurial à Maurice. Plus de 1 000 projets ont été reçus, nous avons accompagné 150 entrepreneurs en préincubation et permis à 35 d’entre eux de créer leurs entreprises. Les start-ups ont été accompagnées de manière intensive à travers nos programmes d’incubation et d’accélération. Certaines d’entre elles, comme PV Solutions qui s’attèle au recyclage des panneaux solaires, Fouraz qui ambitionne de produire localement des aliments destinés à l’élevage, Sealife Organics qui produit des engrais à partir de déchets verts et d’algues, Fundkiss qui encourage le financement participatif, Partyapp qui propose un listing d’événements et une billetterie digitale ont réussi à développer leurs activités, nouer des partenariats stratégiques et lever des fonds grâce à l’accompagnement de La Turbine, entre autres. Des collaborations concrètes avec des acteurs comme ENL, Ingenia by MCFI, Leal Group, Ascencia, Ecoasis et d’autres sont la preuve qu’il est possible de créer des synergies solides entre start-ups et structures établies. Ce sont autant de projets qui créent de la valeur, de l’emploi local, et contribuent à faire émerger des solutions innovantes pour le pays.</p> <blockquote> <p>Il faut arrêter de payer des consultants étrangers quand le talent est ici»</p> </blockquote> <p><strong>Quel rôle La Turbine souhaite-t-elle jouer dans l’écosystème entrepreneurial mauricien en 2025 et au-delà ?</strong><br /> La Turbine veut aller au-delà du rôle classique d’incubateur et être un véritable catalyseur d’innovation. Elle se positionne désormais comme une plateforme d’innovation responsable au service des grandes entreprises, des start-ups, mais aussi des institutions publiques et privées. Nous voulons être un outil stratégique pour Maurice, capable d’identifier les problématiques concrètes et d’y faire répondre par des start-ups locales, régionales et internationales. C’est dans cet esprit que nous avons lancé Turbine Connect, une plateforme SaaS qui permettra aux grandes entreprises, autorités locales et institutions de lister leurs besoins d’innovation et de collaborer plus facilement avec des start-ups.</p> <p><strong>L’édition 2025 de l’Innovation Challenge met l’accent sur huit Objectifs de Développement Durable. Pourquoi avoir fait ce choix stratégique ?</strong><br /> Les défis auxquels Maurice fait face : changement climatique, insécurité alimentaire, pression sur les ressources, inclusion économique, exigent des réponses concrètes. En alignant le Challenge sur huit ODD prioritaires, nous voulons créer un cadre clair pour orienter l’innovation vers les besoins réels du pays. Cela permet aussi de mobiliser les bons partenaires, de guider les start-ups dans leurs priorités stratégiques, et de faire émerger des projets à impact tangible. C’est une manière de rappeler que les ODD ne sont pas une contrainte, mais une opportunité économique pour Maurice. En transformant les défis en opportunités d’innovation, nous contribuons à bâtir une économie plus résiliente et durable.</p> <p><strong>Quels sont, selon vous, les principaux obstacles que rencontrent aujourd’hui les start-ups mauriciennes pour passer à l’échelle ?</strong><br /> Selon moi, les principaux obstacles que rencontrent les start-ups mauriciennes pour passer à l’échelle sont, premièrement, la taille du marché mauricien. Une fois le proof of concept validé, il faut penser à exporter les produits et services développés sur la région ou à l’international pour augmenter l’efficience et la rentabilité de la start-up tout en minimisant le risque du marché unique. Deuxièmement, le manque de ressources, financières et non financières. L’accès à l’investissement reste un procédé bien trop long et bien trop lourd pour les entrepreneurs. Ensuite, il est de plus en plus difficile de recruter à Maurice, cela devient un frein important pour toute entreprise qui veut grandir. Aussi, le manque d’ouverture des entreprises privées et institutions publiques : celles-ci préfèrent payer des consultants étrangers, utiliser des solutions internationales ou carrément rester dans des systèmes archaïques plutôt que d’encourager les talents locaux à développer des solutions locales qui correspondraient bien mieux à nos besoins et nos contraintes.</p> <blockquote> <p>L’idée ne suffit pas, c’est l’exécution qui fait la différence»</p> </blockquote> <p><strong>Y a-t-il une fracture entre les idées innovantes des jeunes et la réalité du marché local ? Comment la combler ?</strong><br /> Il faut davantage éduquer les jeunes au monde de l’entrepreneuriat afin qu’ils puissent bien comprendre qu’avoir une idée ne suffit pas. Il faut que l’idée réponde à un vrai problème pour qu’un client soit prêt à payer le service ou le produit proposé – le retour sur investissement doit être pris en compte pour motiver l’achat. Avoir une idée ne suffit pas, la capacité d’exécution est primordiale. Il y a un monde entre le business plan sur papier et la réalité du terrain. Ceux qui veulent se lancer ne doivent pas minimiser les efforts qui seront nécessaires pour voir leurs projets se concrétiser. Et enfin, quand il s’agit de dépenser de l’argent, il n’y a pas d’amis, personne ne fait de cadeaux en affaires. Si le produit ou le service ne permet pas de faire des économies, d’augmenter la production ou d’améliorer l’expérience, ne perdez pas de temps.</p> <p><strong>Maurice peut-elle devenir une référence régionale en matière d’innovation durable ? Quels leviers faudrait-il activer pour y parvenir ?</strong><br /> La chance que nous avons à Maurice se trouve dans le dynamisme du secteur privé qui a toujours entrepris pour développer une île Maurice forte économiquement. Nous sommes une Nation d’Entrepreneurs. Les défis environnementaux, sociaux et économiques sont de vraies opportunités pour le développement de richesse, de créations d’emplois et de valeurs. Pour cela, il faut que le gouvernement joue son rôle de facilitateur et d’accélérateur au niveau des procédures et des législations et qu’il soit partie prenante des initiatives locales portées par les incubateurs comme La Turbine. Maurice a tous les atouts pour devenir un laboratoire régional d’innovation durable : sa taille permet d’expérimenter rapidement, son capital humain est créatif et l’entrepreneuriat est dans son ADN. Pour y parvenir, il faut renforcer les passerelles entre start-ups et grandes entreprises, intégrer l’innovation dans les politiques publiques, et mieux articuler les dispositifs de financement. Il est également essentiel de miser sur des alliances régionales&nbsp;: faire venir des start-ups de la zone, exporter nos solutions, et positionner Maurice comme une plateforme de co-développement. C’est dans cette logique que l’Innovation Challenge 2025 s’ouvre aussi à la région.</p> </div> <div class="field field--name-field-disqus field--type-disqus-comment field--label-hidden field--item"><drupal-render-placeholder callback="Drupal\disqus\Element\Disqus::displayDisqusComments" arguments="0=Diane%20Maigrot%20%3A%20%C2%ABLes%20d%C3%A9fis%20%C3%A0%20Maurice%20sont%C2%A0de%20vraies%20opportunit%C3%A9s%20pour%C2%A0cr%C3%A9er%20la%20richesse%20et%20l%E2%80%99emploi%C2%BB&amp;1=http%3A//defimedia.info/diane-maigrot-les-defis-maurice-sont-de-vraies-opportunites-pour-creer-la-richesse-et-lemploi&amp;2=node/174220" token="g77ywMemWx40I79RfVlEjDFKUf-ip1w4MFiFwf5U9KA"></drupal-render-placeholder></div> Tue, 15 Jul 2025 04:00:00 +0000 Leena Gooraya-Poligadoo 174220 at http://defimedia.info Ali Mansoor : «Maurice doit augmenter ses exportations pour relancer sa croissance» http://defimedia.info/ali-mansoor-maurice-doit-augmenter-ses-exportations-pour-relancer-sa-croissance <span>Ali Mansoor : «Maurice doit augmenter ses exportations pour relancer sa croissance»</span> <span><a title="Voir le profil utilisateur." href="/user/3069" lang="" about="/user/3069" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Fabrice Laretif</a></span> <span>dim 13/07/2025 - 08:33</span> <div class="field field--name-field-main-picture field--type-image field--label-hidden field--item"> <img src="/sites/default/files/styles/node_content_picture/public/port_23.jpg?itok=G7q7_x2P" width="1280" height="720" alt="" title="Les importations mauriciennes ont augmenté de 3,8 % entre mars et avril 2025." typeof="foaf:Image" class="img-responsive" /> </div> <div class="field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field--item"><p>La persistance du déficit du compte courant place l’économie mauricienne devant une équation délicate. Alors que les importations continuent de dépasser les exportations, les données récentes publiées par Statistics Mauritius et la Banque de Maurice confirment une dynamique structurelle qui pèse sur l’équilibre externe du pays.</p> <p>En avril 2025, le déficit de la balance du commerce visible s’est établi à Rs&nbsp;18,45&nbsp;milliards, marquant une hausse de 13 % par rapport à mars 2025 et de 15,3 % en glissement annuel. Cette détérioration s’explique par une augmentation des importations (+3,8 % par rapport à mars et +8,6 % par rapport à avril 2024), tandis que les exportations ont reculé de 11,8 % sur un mois et de 3,6&nbsp;% en un an.</p> <p>Ces tendances se répercutent sur la balance des paiements. La Banque de Maurice rapporte un déficit du compte courant de Rs 8,7 milliards au premier trimestre 2025, tiré principalement par le creusement du déficit du compte des biens, passé à Rs 42 milliards contre Rs 41,6 milliards un an plus tôt. Les exportations de biens ont progressé de 11,9 % pour atteindre Rs&nbsp;26,7 milliards, grâce notamment à une hausse marquée des ventes de «&nbsp;navires, magasins et soutes ». Toutefois, cette progression reste insuffisante face à des importations qui, elles, ont grimpé de 5 % pour atteindre Rs 68,7 milliards, dopées par les « véhicules routiers » et les « produits pétroliers raffinés ».</p> <p>Parallèlement, l’excédent du compte des services a légèrement reculé, passant de Rs 22,9 milliards au 1er trimestre 2024 à Rs 21,1 milliards cette année. Le repli de 1,7 % des recettes touristiques (Rs 23,6 milliards) reflète une baisse des arrivées de visiteurs de 5,8 %. À cela s’ajoutent des charges de fret en hausse (+16,5 %), venant alourdir la facture des importations.</p> <p>Le compte des revenus primaires a toutefois enregistré un excédent de Rs 26,1 milliards. En revanche, les revenus secondaires affichent un déficit de Rs 13,8 milliards, imputable notamment aux taxes versées par les Global Business Companies (GBC) aux administrations étrangères.</p> <p>Face à cette situation, l’économiste Ali Mansoor souligne la nécessité de repenser la stratégie économique. Il identifie deux leviers potentiels&nbsp;: une politique d’austérité visant à réduire la consommation – et donc les importations – ou une stratégie de croissance par l’exportation. «&nbsp;Maurice doit viser une augmentation de la compétitivité de ses exportations pour relancer sa croissance », estime-t-il.</p> <p>Selon lui, en s’appuyant sur les projections du FMI, Maurice pourrait emprunter jusqu’à Rs 29 milliards en 2025 sans compromettre sa note souveraine, si la croissance atteint 3 %. Une croissance portée à 7 % permettrait une marge d’endettement élargie à Rs 45 milliards, avec une progression annuelle de Rs 5 milliards.</p> <p>Pourtant, recourir aux réserves&nbsp;– à hauteur de Rs 15 milliards – ne représenterait qu’une solution temporaire. L’épuisement potentiel de ces réserves d’ici 2034 est inquiétant, dans un contexte de productivité stagnante et de compétitivité limitée à&nbsp;l’export.</p> <p>Ainsi, au-delà des ajustements conjoncturels, c’est une transformation structurelle de l’économie mauricienne qui semble s’imposer. Miser sur les exportations, renforcer les chaînes de valeur locales et diversifier les débouchés extérieurs apparaissent comme des options à considérer pour rétablir les équilibres extérieurs sur le long terme.</p> </div> <div class="field field--name-field-disqus field--type-disqus-comment field--label-hidden field--item"><drupal-render-placeholder callback="Drupal\disqus\Element\Disqus::displayDisqusComments" arguments="0=Ali%20Mansoor%20%3A%20%C2%ABMaurice%20doit%20augmenter%20ses%20exportations%20pour%20relancer%20sa%20croissance%C2%BB&amp;1=http%3A//defimedia.info/ali-mansoor-maurice-doit-augmenter-ses-exportations-pour-relancer-sa-croissance&amp;2=node/174221" token="zCPX5R6KdZvB2tx31xJikis-RG_TZbK0mx0OlKdRbNY"></drupal-render-placeholder></div> Sun, 13 Jul 2025 04:33:00 +0000 Fabrice Laretif 174221 at http://defimedia.info Me Satyajit Boolel : «La réhabilitation des ex-détenus sera au cœur de notre mission» http://defimedia.info/me-satyajit-boolel-la-rehabilitation-des-ex-detenus-sera-au-coeur-de-notre-mission <span>Me Satyajit Boolel : «La réhabilitation des ex-détenus sera au cœur de notre mission»</span> <span><span lang="" about="/users/quotidien" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Defi Quotidien</span></span> <span>dim 13/07/2025 - 07:23</span> <div class="field field--name-field-main-picture field--type-image field--label-hidden field--item"> <img src="/sites/default/files/styles/node_content_picture/public/satyajit_boolell_5.jpg?itok=z6dJhRFk" width="1280" height="720" alt="" typeof="foaf:Image" class="img-responsive" /> </div> <div class="field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field--item"><p>L’ancien DPP, Mᵉ Satyajit Boolell, nommé à la présidence de la National Human Rights Commission il y a un mois, évoque la réinsertion des ex-détenus, un enjeu prioritaire pour cette institution dédiée à la défense des droits humains à Maurice.</p> <p><strong>Vous avez été nommé à la tête de la National Human Rights Commission (NHRC) depuis bientôt un mois. Quel bilan tirez-vous de cette prise de fonction ?</strong><br /> Je constate qu’il existe un manque de visibilité pour sensibiliser le public au rôle de la Commission, à son importance dans la capacité d’améliorer positivement la vie des citoyens et à son pouvoir de sanctionner les institutions publiques qui ne respectent pas les droits humains.</p> <p>En effet, la Commission dispose de vastes prérogatives pour mener des ‘fact-finding enquiries’ dans tous les cas impliquant une violation des droits humains garantis par le Chapitre 2 de la Constitution, y compris pour faire respecter les droits des personnes purgeant une peine d’emprisonnement. Bien entendu, les conclusions de la Commission donneront lieu à des recommandations assorties d’actions concrètes de suivi.</p> <p>Les droits de l’homme, tels que garantis par le Chapitre 2 de notre Constitution, ainsi que l’examen du traitement réservé aux personnes purgeant une peine d’emprisonnement, confèrent à la Commission un large éventail de responsabilités.</p> <p>S’il est vrai que le législateur a créé deux divisions distinctes : la Division des droits de l’homme et la Division du mécanisme national de prévention, cette dernière découlant d’une obligation du Protocole facultatif à la Convention des Nations unies contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, il est essentiel de rester vigilant afin de ne pas confondre l’arbre et la forêt, pour garantir l’efficacité de ses objectifs législatifs.</p> <p><strong>Quelles actions concrètes ont été entreprises depuis votre nomination ? Quelles sont les priorités immédiates que vous avez identifiées ?</strong><br /> À ce stade de notre mandat, nous nous préoccupons davantage du processus et de la méthodologie que de toute autre chose, afin d’établir des relations appropriées avec les institutions publiques et les ONG avec lesquelles la commission entend collaborer étroitement. Une ‘newsletter’ est déjà prévue pour le début d’août, et nous aborderons une question qui nous préoccupe déjà : la réhabilitation et la réinsertion des ex-détenus dans la société, surtout les jeunes et les femmes.</p> <p>Il est grand temps que les entreprises mauriciennes fassent une réflexion sérieuse afin de donner une seconde chance à des « ex-convicts », pour qu’ils ne deviennent pas des marginaux de la société pour le reste de leur vie. L’éligibilité au certificat de caractère doit être au centre de cette réflexion.&nbsp;</p> <blockquote> <p>La Commission va employer des ex-détenus là où cela sera possible»</p> </blockquote> <p><strong>Vous êtes arrivé à la tête d’une Commission parfois perçue comme peu visible ou peu proactive. Comptez-vous changer cette image ? Et si oui, par quels premiers gestes forts ?&nbsp;</strong><br /> Nous avons la chance d’avoir, au sein de la Commission, une ancienne journaliste, une experte en communication (NdlR : Touria Prayag). La Commission, à travers sa newsletter et les réseaux sociaux, fera l’essentiel pour toucher un maximum de citoyens. Je tiens à souligner que la mission même de la Commission est de promouvoir les droits humains. Déjà, les membres interviennent régulièrement à la radio, et vous allez nous entendre aussi parler de nos activités et nous allons, surtout, inviter les jeunes à venir discuter des droits humains et des responsabilités qui s’imposent.</p> <p>Un autre aspect vital est notre projet avec les ONG, consistant à lancer une campagne d’éducation et de réflexion à travers les institutions scolaires, les entreprises et au sein de la force de l’ordre.</p> <p>Mardi prochain, nous avons une rencontre avec le Commissaire des prisons, et nous aborderons plusieurs aspects de notre mission concernant le traitement et les conditions d’incarcération des prisonniers. Bien sûr, le taux de réussite de la réhabilitation et de la réinsertion des ex-détenus sera au centre de nos préoccupations. Enfin, la Commission va employer des ex-détenus là où cela sera possible.</p> <p><strong>Avez-vous prévu une feuille de route publique ou un rapport d’étape pour vos six premiers mois ?&nbsp;</strong><br /> La législation exige un bilan annuel. La Commission compte faire mieux… Nous avons l’intention de communiquer nos recommandations concernant nos actions sur une base trimestrielle. La presse sera ainsi notre partenaire privilégiée, et je tiens également à souligner que, garantir le respect et la liberté de la presse fait partie de nos attributions.</p> <p><strong>Des rencontres avec des ONG, la police ou d’autres institutions ont-elles déjà eu lieu ? Si oui, quels en ont été les grands axes ?&nbsp;</strong><br /> Oui, bien sûr, et nous continuons cette prise de contact dans les semaines à venir. Les ONG restent une source privilégiée pour nous conscientiser sur ce qui se passe sur le terrain. La Commission, par contre, a la capacité de faire enclencher officiellement les mesures qui s’imposent. Ainsi, une synergie vitale avec les ONG est indispensable.</p> <p><strong>Comptez-vous revoir les mécanismes de plainte ou d’enquête de la Commission pour les rendre plus accessibles ou efficaces ?&nbsp;</strong><br /> La question a déjà été abordée. Une user friendly approche serait notre philosophie, de même que le recours à l’efficacité de la technologie. Tout cela se réalisera dans le temps. On discute déjà avec la Central Information Systems Division (CISD). Notre site Web demande à être revu. Les procédures ont été entamées.</p> <p><strong>L’âge d’éligibilité à la pension de vieillesse fait actuellement débat. À la lumière du cadre légal existant, cette controverse vous semble-t-elle fondée ou existe-t-il un risque de discrimination ou d’inégalité de traitement ?</strong><br /> Attendons de voir. L’État est conscient et a institué des comités pour s’assurer que les plus vulnérables soient les moins affectés par sa décision de rationaliser et de concorder la pension universelle avec l’âge de la retraite. Chaque action de l’État doit être proportionnée à ses objectifs. Espérons qu’une solution satisfaisante, dans l’intérêt général, soit&nbsp;trouvée.</p> <p><strong>Nafiisah Peerbaye</strong></p> </div> <div class="field field--name-field-disqus field--type-disqus-comment field--label-hidden field--item"><drupal-render-placeholder callback="Drupal\disqus\Element\Disqus::displayDisqusComments" arguments="0=Me%20Satyajit%20Boolel%20%3A%C2%A0%C2%ABLa%20r%C3%A9habilitation%20des%20ex-d%C3%A9tenus%20sera%20au%20c%C5%93ur%20de%20notre%20mission%C2%BB&amp;1=http%3A//defimedia.info/me-satyajit-boolel-la-rehabilitation-des-ex-detenus-sera-au-coeur-de-notre-mission&amp;2=node/174222" token="yNck9MrRLHbYXQIrAuFyXdHExL0fTxAulLRFAIUxEPU"></drupal-render-placeholder></div> Sun, 13 Jul 2025 03:23:00 +0000 Defi Quotidien 174222 at http://defimedia.info