Interview http://defimedia.info/categorie/interview fr Manisha Dookhony, économiste : «L’argent provenant du bail de Diego devrait entrer dans un fonds souverain» http://defimedia.info/manisha-dookhony-economiste-largent-provenant-du-bail-de-diego-devrait-entrer-dans-un-fonds-souverain <span>Manisha Dookhony, économiste : «L’argent provenant du bail de Diego devrait entrer dans un fonds souverain»</span> <span><span lang="" about="/users/pdaby" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Pradeep Daby</span></span> <span>sam 18/01/2025 - 07:50</span> <div class="field field--name-field-main-picture field--type-image field--label-hidden field--item"> <img src="/sites/default/files/styles/node_content_picture/public/manisha_dookhony_2.jpg?itok=VoFaDAuw" width="1280" height="720" alt="" typeof="foaf:Image" class="img-responsive" /> </div> <div class="field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field--item"><p>La question du bail de Diego Garcia et les enquêtes liées aux prêts de la Mauritius Investment Corporation sont au cœur d’une brulante actualité. Et l’économiste Manisha Dookhony fait valoir que des liquidités existaient sur le marché local en 2020 et certaines entreprises pouvaient en bénéficier. En même temps, elle reconnait que les fonds provenant de la Mauritius Investment Corporation ont permis de soutenir l’économie mauricienne durant la pandémie. « On voit comment le secteur du tourisme a bien repris&nbsp;», cite-t-elle en exemple.<br /> <br /> <strong>La Mauritius Investment Corporation (MIC) est au cœur de l’actualité. L’ancien gouvernement avait-il d’autres possibilités que de recourir à l’impression de billets de banque, hors du circuit officiel&nbsp;? Pouvait-il emprunter auprès des agences mondiales de financement (Banque mondiale, Union européenne, entre autres) et sous quelles conditions ?</strong><br /> <br /> L’idée qu’un gouvernement soutienne des entreprises en prenant une part d’« equity » ou en avançant des prêts à des taux préférentiels n’est pas nouvelle. Nous avons déjà à Maurice la State Investment Corporation (SIC), par exemple, qui le fait. Le fait que ce soit des instruments convertibles est sans doute un peu plus nouveau. Si on se remémore du temps de la création de la Mauritius Investment Corporation (MIC), il y avait sur le marché local pas mal de liquidités. Certaines entreprises pouvaient emprunter sur le marché local. Si ces entreprises comportaient des risques, et c’était le cas pour toutes les entreprises du secteur du tourisme, le gouvernement aurait pu mettre en place ou accéder à des « guarantee » instruments. D’ailleurs, beaucoup d’entités et d’agences mondiales ont mis en place des instruments de garantie post covid-19. Le EFSD (et maintenant EFSD+) de l’Union européenne propose une large panoplie d’instruments à travers le DFI européen. Ainsi, si le gouvernement s’inquiétait du niveau de la dette et ne voulait pas prendre plus de dettes, ils auraient pu avoir recours à ces instruments.</p> <p>Mais pour moi, le vrai problème c’est que tout en se disant indépendante, la MIC est sous l’égide de la Banque centrale (BoM). Ce qui fait que tout en étant une instance de régulation, la BoM est devenue un ‘market player’. Bon nombre de personnes ont pointé du doigt cet aspect depuis la création de la MIC. J’espère que la nouvelle administration trouvera une solution. Pour moi, il faudrait que les investissements (convertible instruments) de la MIC soient repris par une autre entité (même s’il faut en créer une). L’argent que la BoM a mis dans la MIC devrait lui être remboursé, afin que celle-ci puisse l’utiliser pour défendre la roupie et pour d’autres activités.</p> <p>Je prends l’exemple de deux fonds dans la région : le fonds souverain éthiopien et le Fond Agaciro au Rwanda. En Éthiopie, l’Ethiopian Investment Holdings (EIH) est le plus grand fonds souverain d’Afrique, avec plus de 150 milliards de dollars d’actifs sous gestion et des revenus de dividendes supplémentaires. L’EIH représente les intérêts commerciaux et d’investissement à long terme de l’Éthiopie. Il a dans son portefeuille des entreprises phares comme Ethiopian Airlines et Ethio Telecom. Au Botswana, le Pula Fund est un portefeuille d’investissement à long terme qui a été créé en 1994 dans le but de préserver une partie des revenus des exportations de diamants pour les générations futures. Les réserves de change qui dépassent les besoins à moyen terme sont transférées au Fonds Pula et investies conformément à ces directives d’investissement. Au Rwanda, l’Agaciro Development fund a été créé en 2012/2013 comme un fonds de développement. C’est devenu depuis un fonds souverain dont le principe directeur est de combiner la théorie et la pratique. Il répartit systématiquement les fonds entre les différentes classes de manière à garantir la durabilité et la réalisation des objectifs financiers du fonds. Ce faisant, la taille du fonds dans chaque classe, les risques associés à la classe et la situation financière du fonds sont pris en compte. De ce fait, Agaciro a investi dans plusieurs secteurs : la numérisation du pays à travers Irembo, les entreprises de ‘self sustainability’ comme pour le développement des rizières dans le pays.</p> <p><strong>Les fonds de la MIC ont-ils permis de soutenir l’économie mauricienne durant la pandémie ?</strong><br /> Oui, et on voit bien comment le secteur du tourisme a bien repris. Il n’y a qu’à voir comment les actions d’entreprises qui sont cotées en bourse et qui ont bénéficié du soutien de la MIC ont grimpé. Ainsi, si les instruments sont convertibles et, dépendant des conditions, il est possible pour la MIC de récupérer ses fonds. Mais nous ne connaissons pas les conditions de la convertibilité. Il y a des pays où des pans de l’économie ont souffert énormément sans aucun soutien du gouvernement. Des entreprises ont dû fermer dans ces pays. Ce qui n’a pas été le cas pour le tourisme à Maurice qui avait souffert de la fermeture de nos frontières.&nbsp;</p> <p>La question de la surenchère des promesses durant la campagne électorale de novembre 2024 a été maintes fois décriée. L’opposition d’alors devait-elle en faire, sans s’assurer de la capacité de les honorer ?<br /> Ça, c’est de l’ordre politique. Je pense que dans toutes les élections, il y a des surenchères. Parfois ça paye, parfois non. Mais quand on n’est pas gérant de l’économie, c’est-à-dire pas en majorité, il est difficile de savoir ce qui est maquillé. Les chiffres semblent avoir été maquillés. De ce fait, je pense que les analyses pour les promesses ont peut-être été erronées. Et je suis d’avis que certaines étaient basées sur des revenus externes, c.-à-d. pour la base de Diego Garcia.</p> <p><strong>Après la publication du rapport sur l’état de l’économie mauricienne, le nouveau gouvernement n’hésite pas à parler d’une nouvelle année ‘difficile’. Cette situation est-elle à mettre entièrement sur le bilan de l’ancien gouvernement ?</strong><br /> La focalisation sur certains secteurs, au détriment d’une diversification économique, des dépenses avec une vue à court terme, un changement drastique dans le système de pension, &nbsp;font partie du bilan de l’ancien gouvernement. Les augmentations salariales sans consultation, un manque de planification, l’inefficience dans certains secteurs, des cas non résolus de corruption s’ajoutent à ce bilan. Il y a effectivement certains autres éléments qui reflètent les instabilités externes, dont le conflit militaire en Ukraine, la dépréciation de la roupie, les problèmes liés aux approvisionnements.</p> <p><strong>Deux constats, l’un de Statistics Mauritius et l’autre de la Banque centrale sont récemment tombés. Le premier fait état d’un repli du chômage et le second d’une hausse des réserves du pays. Quelle lecture faites-vous de ces chiffres ?</strong><br /> Le chômage de Maurice est en diminution depuis quelque temps. Mais il faut noter qu’un grand nombre de jeunes et de moins jeunes sont dépendants de la drogue. Et du coup, ils tombent aux marges du marché du travail.</p> <p>Pour les chiffres des réserves, effectivement, avec une dépréciation de la roupie, les réserves en roupie paraissent augmenter. Mais il faut aussi voir si les réserves augmentent en USD. &nbsp;</p> <p><strong>Comment la population risque-t-elle d’accueillir une première année présentée comme ‘difficile’ avec des promesses qui pourraient ne pas être toutes tenues ?</strong><br /> Déjà, des entreprises commencent avec des difficultés. Elles n’avaient pas nécessairement prévu de payer le 14e mois, mais doivent le faire. Certains ont fait face à des augmentations de coûts avec différents ajustements salariaux. Mais avec les négociations pour les Chagos, peut-être qu’il y a une lueur d’espoir. Les revenus viendront augmenter les réserves et permettre d’avoir plus de forex dans le pays. L’offre et la demande permettront de mieux défendre la roupie.</p> <p><strong>Le gouvernement, comme celui de Pravind Jugnauth, mise beaucoup sur le coût du bail de la base américaine à Diego Garcia. Faut-il cet argent à n’importe quel prix, le parti Lalit s’y oppose en faisant valoir la nécessité de se battre pour faire de l’océan Indien – et de l’Afrique – une ‘zone démilitarisée’ ?&nbsp;</strong><br /> Il faut se rendre à l’évidence, l’océan Indien n’est plus une zone démilitarisée. Les Australiens ont commandé une flotte de sous-marins nucléaires. Les Indiens comme les Pakistanais ont l’arme nucléaire. La marine française militaire vogue sur les flots entre La Réunion et les terres australes.</p> <p>Par rapport à l’argent, je propose un fonds souverain qui permettrait à long terme de faire des développements économiques plus importants sur toutes nos iles. L’idéal est de définir les positionnements de ce fond comme celui de la Norvège, c’est-à-dire qu’on ne touche pas au capital, mais nous utiliserons ces fonds pour les projets économiques. Avec Rs 100 milliards de GBP investis, on pourrait avoir, en restant pessimiste, de 4,5 à 5 milliards de recettes par an (base rate de 4,75 % par an au Royaume-Uni). Ce qui nous fait une belle somme de Rs 250 millions par an. Avec ce que nous entendons en ce moment, la somme serait potentiellement plus grande, ainsi les intérêts pourraient être plus conséquents et pourraient du coup permettre pas mal de développements sans toucher au capital initial.</p> <p>L’autre élément clé, c’est que ces revenus étant en Forex, par exemple si c’est en GBP, les autorités pourront faire un swap GBP-USD. Ce qui mettra plus de dollars américains sur le marché de sorte à réduire le déséquilibre actuel.&nbsp;</p> <p>J’ajouterai qu’il y a d’autres sources qui pourront s’ajouter à nos recettes, et peut-être qu’il faut commencer à les explorer. L’une d’elles est les recettes de l’IO qui sont attribuées au BIOT. J’en ai parlé dans le passé, l’IO est de plus en plus populaire, en particulier parmi les startups technologiques et les entreprises SaaS. Ce TLD est attribué au territoire BIOT c.-à-d. l’archipel des Chagos. Les domaines IO sont instantanément reconnaissables et désormais adoptés par les communautés technologiques et les startups. Ainsi, pour moi, il faut certainement demander un transfert de l’IO à Maurice.</p> <p><strong>L’actuel gouvernement est une agglomération de quatre partis qui ne s’étaient jamais alliés, avec surtout Rezistans ek Alternativ considéré comme à gauche et les Nouveaux démocrates, une scission du Parti mauricien social-démocrate. Faut-il conclure que plus grand-chose sur le plan de l’idéologie ne sépare ces partis ?</strong><br /> Aujourd’hui, la plupart des parties à Maurice sont plus ou moins au centre. Certains un peu plus à gauche que d’autres. Je pense qu’il faut redéfinir les idéologies. De ce fait, ce sont plus des personnalités qui émergent.</p> <p><strong>De nombreux partisans de l’Alliance du changement, dont les propres composants de cette alliance, avaient plaidé pour la publication du Memorandum of Understanding entre le gouvernement mauricien et le gouvernement indien sur Agalega. Cette question aurait-elle disparu au nom de la realpolitik ?</strong><br /> Au nom de la transparence, effectivement, il serait intéressant de savoir ce qu’il en est. Les médias indiens ont fait état de plusieurs détails qui n’ont pas été officiellement confirmés par le précédent gouvernement. &nbsp;</p> <p><strong>Comment voyez-vous évoluer les relations du nouveau gouvernement sur la scène régionale et internationale, avec l’arrivée de Donald Trump à la présidence des USA sous peu et sa volonté de durcir les relations commerciales américaines avec la Chine&nbsp;? Maurice est-il concerné par cette configuration ?</strong><br /> Donald Trump a le désir simultané de relancer l’industrie manufacturière nationale tout en s’accrochant à la suprématie mondiale du dollar. L’ironie est évidente. Avec les tarifs, je pense qu’il n’y a pas d’échappatoire. Les droits de douane vont augmenter aux USA, même si je ne pense pas que ce sera généralisé sur tous les produits importés.&nbsp;</p> <p>Il est certain que le président Trump va mener une politique visant à stimuler l’industrie manufacturière aux États-Unis. Ayant travaillé dans ce pays, je suis sceptique quant à la possibilité de rétablir un grand nombre de ces usines. Il existe des villes qui étaient autrefois industrielles et pourvoyeuses d’emplois, mais qui sont aujourd’hui en état de délabrement. Et puisque les tarifs douaniers augmentent, il sera difficile de rétablir ces usines. En plus, il est très probable que le dollar s’intensifie. Ce qui ne va pas nécessairement stimuler les exportations, mais l’establishment économique, en particulier pour faire une Amérique ‘forte’. Ainsi, il est possible que ce soit une Amérique forte au niveau de la sécurité nationale et des industries qui y sont liées. Ce qui inclut les semi-conducteurs qui ont été au centre des préoccupations du gouvernement de Biden. Il y a aussi les équipements de protection individuelle, les produits pharmaceutiques, les produits biomédicaux et toutes les entreprises qui sont liées à la sécurité et à l’armée. Ce sont ces entreprises qui vont probablement être relocalisées, y compris dans le secteur technologique. Dans cette guerre au niveau international avec la Chine, il va sans doute en sortir des opportunités pour Maurice. &nbsp;</p> <p>Avec les Chagos, l’extension de l’ambassade des États-Unis à Maurice, il est très probable que les relations entre Maurice et les USA vont changer. Les États-Unis vont certainement intensifier leur relation avec nous. Ce qui peut inclure la fourniture pour la base de Diego Garcia, du travail sur la base, des investissements américains, des échanges économiques. D’ailleurs, l’océan Indien devenant de plus en plus important pour les Américains, ils vont ouvrir une ambassade aux Seychelles. &nbsp;</p> <p><strong>Est-ce qu’il existe, selon vous, des enjeux locaux – dont la dépréciation de la roupie face au dollar, la précarité des PME, le coût du fret, entre autres – qui ne peuvent être considérés comme « l’héritage » de l’ancien gouvernement ?</strong><br /> La valeur de la roupie reste une grande préoccupation. Dans tous les cas de figure, les mesures des États-Unis risquent d’alimenter l’instabilité mondiale. Ironiquement, une telle instabilité conduit souvent à une augmentation de la demande de dollars. Ce qui compromet les objectifs que Trump cherche à atteindre. Le dollar va sans doute se renforcer, leur déficit commercial persistera et la classe ouvrière américaine continuera d’en faire les frais, sauf ceux des secteurs qui contribueront à la grandeur des États-Unis. Pour nous, la roupie risque de rencontrer des difficultés, car nos importations sont généralement en dollars.</p> <p>Une des solutions pour nous sera que nous convertissions les GBP que nous projetons de recevoir du Royaume-Uni en USD. Ce qui pourrait aider à atténuer la dépréciation de la roupie vis-à-vis du dollar.&nbsp;<br /> La situation des PME est difficile, plusieurs d’entre elles m’ont fait part de leurs déboires. Certaines de ces entreprises pensent mettre la clé sous la porte, car les coûts ont augmenté.</p> <p>Il y a des problèmes qui sont liés aux problèmes internationaux : l’approvisionnement. Notre port a besoin de nouveaux investissements et a besoin de maintenir sa compétitivité.</p> <p>Il est aussi important de redresser notre écosystème administratif que je qualifie d’écosystème de 1960. Il faut un écosystème de 2025 ou même de 2050 !</p> <p>Nous devons mettre en place les mesures pour profiter des accords bilatéraux que nous avons signés avec l’Inde, la Chine et d’autres pays.<br /> &nbsp;</p> </div> <div class="field field--name-field-disqus field--type-disqus-comment field--label-hidden field--item"><drupal-render-placeholder callback="Drupal\disqus\Element\Disqus::displayDisqusComments" arguments="0=Manisha%20Dookhony%2C%20%C3%A9conomiste%20%3A%C2%A0%C2%ABL%E2%80%99argent%20provenant%20du%20bail%20de%20Diego%20devrait%20entrer%20dans%20un%20fonds%20souverain%C2%BB&amp;1=http%3A//defimedia.info/manisha-dookhony-economiste-largent-provenant-du-bail-de-diego-devrait-entrer-dans-un-fonds-souverain&amp;2=node/167352" token="MDP9ny-TXDGqlNF59RR3_n2rN6Ch693t_V5PrfZnB1o"></drupal-render-placeholder></div> Sat, 18 Jan 2025 03:50:00 +0000 Pradeep Daby 167352 at http://defimedia.info Eric Ng, nouveau Senior Advisor aux Finances : «La priorité des priorités est de relancer la croissance économique»  http://defimedia.info/eric-ng-nouveau-senior-advisor-aux-finances-la-priorite-des-priorites-est-de-relancer-la-croissance-economique <span>Eric Ng, nouveau Senior Advisor aux Finances : «La priorité des priorités est de relancer la croissance économique» </span> <span><span lang="" about="/users/quotidien" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Defi Quotidien</span></span> <span>jeu 16/01/2025 - 07:58</span> <div class="field field--name-field-main-picture field--type-image field--label-hidden field--item"> <img src="/sites/default/files/styles/node_content_picture/public/eric_ng_auteur_du_livre.jpg?itok=hd-5cFIJ" width="1280" height="720" alt="" typeof="foaf:Image" class="img-responsive" /> </div> <div class="field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field--item"><p>Depuis le mardi 14 janvier, Eric Ng occupe les fonctions de Senior Advisor aux Finances. La tâche sera lourde, prévient-il, mais l’économiste compte bien apporter sa pierre à l’édifice pour l’avancement du pays. <br /> Propos recueillis par Christina Vilbrin-Le Bon </p> <p><strong>Vous avez été nommé Senior Advisor au ministère des Finances. Quelles sont vos premières impressions ? </strong><br /> J’ai déjà été conseiller au ministère des Finances (Ndlr : entre mars 2000 et février 2001). Je reviens aux Finances pour contribuer à l’avancement du pays. Ce sera une lourde tâche de redresser l’économie et les finances du pays. </p> <p><strong>Le rapport sur le State of the Economy montre une détérioration des finances publiques et des principaux indicateurs macro-économiques. Quelle est la priorité des priorités ?  </strong><br /> La priorité est de relancer la croissance économique. Il faudra trouver de nouvelles activités, de nouveaux secteurs pour relancer et consolider la croissance du pays. </p> <p><strong>En tant que Senior Advisor, quelles sont vos attributions et dans quelle mesure serez-vous impliqué dans le processus de planification économique ? </strong><br /> Un conseiller est là pour conseiller. Je serai impliqué au ministère et auprès du ministre des Finances pour tout ce qui est stratégie économique. Personnellement, je pense que nous devons sortir du modèle consommation-inflation-endettement-dépréciation de la roupie pour aller vers un modèle plus axé sur la production, l’exportation et l’investissement. </p> <p><strong>Le sujet fait débat ces jours-ci : les réserves du pays ont augmenté en roupies et en dollars. Pour l’ancien gouvernement, c’est une indication que tout ne va pas si mal comme l’affirme le nouveau régime. Vos commentaires ? </strong><br /> Cette question a été largement répondue. J’ai tout le temps dit que les réserves du pays doivent être vues en termes de dollars et non en roupies parce que nous payons nos importations en dollars. C’est aussi simple que cela. Si nous regardons le montant des réserves en dollars, nous observons qu’il n’a pas autant augmenté. De même par rapport à l’an dernier, il y a eu une baisse. Et puis, les réserves brutes incluent les dépôts des banques commerciales et les emprunts extérieurs de la Banque de Maurice. Quand on enlève tout cela, nous n’avons pas vraiment beaucoup de réserves en liquide pour défendre la roupie. </p> <p><strong>Comment renverser la vapeur ? </strong><br /> Il faut donner un coup de fouet à l’exportation, attirer des investissements directs étrangers et inciter les gens à consommer moins.</p> <div class="alert alert-warning"> <h3>Près de 30 ans d’expérience professionnelle </h3> <ul><li>Sa carrière : Eric Ng, qui est âgé de 54 ans, a commencé sa carrière professionnelle en avril 1996 en rejoignant Coopers &amp; Lybrand, qui a ensuite fusionné avec PricewaterhouseCoopers. Il a également travaillé comme analyste de crédit à la State Bank of Mauritius, comme conseiller auprès du ministère des Finances et comme Business Development Manager chez Capital Markets Brokers. En août 2004, Eric Ng a créé sa propre société de conseil, à savoir PluriConseil. L’économiste compte 29 ans d’expérience professionnelle dans les études économiques, l’analyse financière, l’étude de marché, l’examen des politiques stratégiques, la gestion de projets, entre autres. Il est également formateur en économie et en gestion. <br />  </li> <li>Les études qu’il a faites : Post Graduate Degree in Institutional Economics (de l’University d’Aix-Marseille en France), Master of Business Economics (de l’University d’Aix-Marseille), Master of Business Administration (de l’University of Technology à Maurice). <br />  </li> <li>Les livres qu’il a écrits : Mieux comprendre l’économie (2005), À contre-courant. Essais sur l’économie mauricienne (2011), Alice in Dodoland: Looking to the Mauritian economy (2012), Robinson sur l’île durable (2013), L’économie de la diversité (2015), Economic Sense (2017), Fifty Economic Steps (2018), Maurice la cigale (2019), Un malade imaginaire (2023) et Penser comme un économiste (2024). <br />  </li> <li>Les institutions où il a déjà été président : Il a été Board Chairman de la First City Bank (2005-2008), Board Chairman de la Development Bank of Mauritius (2009-2010), Board Chairman de la  State Trading Corporation (2012-2014) et Board Chairman de la Tertiary Education Commission (2014). Il a aussi été non-executive independent director de la State Insurance Company of Mauritius, d’Airports of Mauritius Ltd, du Cim Foreign Equity Fund et de certaines filiales de la State Investment Company.</li> </ul></div> <img alt="Eric Ng, économiste." data-entity-type="file" data-entity-uuid="ecea09b0-ca70-4b45-a8a4-64f786e324b0" src="/sites/default/files/inline-images/Eric%20Ng%204.jpg" class="align-center" /><p> </p> </div> <div class="field field--name-field-disqus field--type-disqus-comment field--label-hidden field--item"><drupal-render-placeholder callback="Drupal\disqus\Element\Disqus::displayDisqusComments" arguments="0=Eric%20Ng%2C%20nouveau%20Senior%20Advisor%20aux%20Finances%20%3A%20%C2%ABLa%20priorit%C3%A9%20des%20priorit%C3%A9s%20est%20de%20relancer%20la%20croissance%20%C3%A9conomique%C2%BB%C2%A0&amp;1=http%3A//defimedia.info/eric-ng-nouveau-senior-advisor-aux-finances-la-priorite-des-priorites-est-de-relancer-la-croissance-economique&amp;2=node/167350" token="h3fw2oDoPfiV7QTpjW73LsOCfm-NCys5JkT2mbQfdtI"></drupal-render-placeholder></div> Thu, 16 Jan 2025 03:58:00 +0000 Defi Quotidien 167350 at http://defimedia.info Raj Rutah : « Il est nécessaire de réorganiser la gouvernance de base dans les institutions publiques » http://defimedia.info/raj-rutah-il-est-necessaire-de-reorganiser-la-gouvernance-de-base-dans-les-institutions-publiques <span>Raj Rutah : « Il est nécessaire de réorganiser la gouvernance de base dans les institutions publiques »</span> <span><span lang="" about="/users/pdaby" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Pradeep Daby</span></span> <span>lun 13/01/2025 - 07:59</span> <div class="field field--name-field-main-picture field--type-image field--label-hidden field--item"> <img src="/sites/default/files/styles/node_content_picture/public/untitled_design_-_2025-01-08t115031.935.jpg?itok=0U_K0e3t" width="1280" height="720" alt="" typeof="foaf:Image" class="img-responsive" /> </div> <div class="field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field--item"><p>« L’égal d’un Chartered Director », comme il se définit, mais surtout des mots qui reviennent tout au long de ses propos : équité, transparence et responsabilité. Raj Rutah est le premier Mauricien au monde à détenir le statut de Chartered Director. Au moment où son pays natal passe par une période sans précédente d’enquêtes au sommet de l’État, ce citoyen britannique d’origine mauricienne, décline dans l’interview qui suit, une liste de critères indispensables à la vérification de la bonne gouvernance dans tous les secteurs de la société.</p> <p><strong>Vous êtes un FloD, Global Certified Chartered Director de même que le premier Mauricien à se voir décerner le titre d’ambassadeur pour cette compétence. Quel est le parcours que vous avez accompli pour valoir une telle distinction ?&nbsp;</strong></p> <p>J’occupe deux postes d’ambassadeur pour l’Institut britannique des administrateurs (IOD) pour les administrateurs agréés et pour les secteurs publics. Mon rôle est de défendre l’un des meilleurs codes de conduite au monde pour les administrateurs afin d’émuler le concept « Better Directors for a Better World » (de meilleurs administrateurs pour un monde meilleur).</p> <p>Ma licence d’administrateur agréé m’apporte l’expertise nécessaire pour influencer des décisions stratégiques majeures et offrir un jugement indépendant. Elle reflète une grande aptitude, une responsabilité exemplaire et des connaissances approfondies. Cette certification atteste également de ma compétence professionnelle et de mon intégrité. J’ai le devoir professionnel de maintenir ma licence de directeur agréé avec les normes les plus élevées et de continuer à promouvoir la bonne gouvernance. Je suis aussi appelé à faire preuve d’un leadership exemplaire, tout en veillant à ce que les entreprises et les organisations soient durables. L’obtention de ce statut au cours de ma carrière a été unique. Après avoir obtenu mon premier diplôme, ma licence et ma maîtrise, j’ai assumé divers rôles de direction dans des organisations complexes. Je voulais relever un nouveau défi, car le monde qui nous entoure est en perpétuelle évolution. J’ai donc obtenu le statut de Chartered Director après avoir passé plusieurs examens à différents stades et démontré des compétences avancées au niveau du conseil d’administration à l’échelle mondiale.</p> <blockquote> <h2>La bonne gouvernance dans le secteur public ou privé conduit à un gouvernement et à des entreprises plus justes, plus efficaces et plus réactifs, ce qui améliore directement la qualité de vie"</h2> </blockquote> <p>Le fait d’être le premier Mauricien au monde à détenir ce statut au Royaume-Uni n’était pas prévu. Toutefois, lorsque j’en ai pris conscience au cours du processus, cela m’a encore plus motivé pour obtenir cette récompense.</p> <p><strong>Pourquoi avez-vous choisi d’élire domicile en Angleterre à la fin de vos études ?</strong></p> <p>Après mon premier diplôme, j’ai accepté un rôle clinique, et ma carrière a évolué à partir de là, passant de la ligne de front à des rôles de direction et de conseil d’administration. Entre ces différents rôles, j’ai également eu l’occasion de travailler pour le Foreign and Commonwealth Office (FCO) du Royaume-Uni comme responsable des services généraux pour le centre de l’Océan Indien. De plus, j’ai travaillé à l’ancien hôpital Apollo Bramwell en tant que directeur de l’exploitation, directeur indépendant, directeur et consultant au Royaume-Uni.</p> <blockquote> <h2>L’application des normes donne confiance aux citoyens ordinaires et constitue une référence internationale qui contribue à réduire les inégalités et à promouvoir la cohésion sociale"</h2> </blockquote> <p><strong>Quel est le statut d’un Certified Chartered Director en Angleterre et vous-même, comme étranger êtes-vous reconnu au même titre que les nationaux ?</strong></p> <p>Il s’agit d’un statut très prestigieux, le seul au monde à être régi par une charte royale, qui témoigne de l’expertise d’une personne en matière de gouvernance, de leadership stratégique et de meilleures pratiques dans les conseils d’administration. En Angleterre et dans le monde entier, ce titre inspire le respect et constitue une marque de compétence et de professionnalisme pour les membres des conseils d’administration et les dirigeants d’entreprise. Comme j’ai obtenu ce statut, je suis fier d’être reconnu d’égal à égal en tant que Chartered Director.</p> <p><strong>Depuis quelle année, l’Angleterre a légiféré en faveur de l’établissement des normes et les standards dans les entreprises publiques et privées, ainsi que dans le quotidien. Comment les Anglais eux-mêmes ont-ils tous adhéré à ces règlementations ?</strong></p> <p>En Angleterre, l’histoire a commencé avec la loi sur les sociétés de 1844, qui a marqué le début d’une réglementation formelle des entreprises, jetant les bases de la transparence et de la responsabilité. La loi de 1856 sur les sociétés par actions (Joint Stock Companies Act 1856) a ensuite introduit le concept de responsabilité limitée, suivie par la loi de 2006 sur les sociétés (Companies Act 2006). Celle-ci consolide et modernise en profondeur le droit des sociétés au Royaume-Uni. Elle définit les obligations des administrateurs, en veillant au respect des lois et des réglementations.</p> <p>Le code britannique de gouvernance d’entreprise a été publié pour la première fois en 1992. Il est conçu pour promouvoir des normes de gouvernance élevées dans les entreprises cotées à la Bourse de Londres. Il insiste sur les principes de responsabilité, de transparence et de direction efficace du conseil d’administration. L’approche « comply or explain » assure la flexibilité tout en encourageant l’adoption des meilleures pratiques.</p> <p>Divers autres organismes de réglementation, tels que la Financial Conduct Authority (FCA), et des textes législatifs, tels que l’Equality Act 2010, fournissent un cadre unifié pour lutter contre la discrimination sur le lieu de travail et dans la société.</p> <p>L’établissement de normes et de standards en Angleterre repose sur une base juridique et culturelle profondément enracinée.</p> <p><strong>De quelle manière, le simple citoyen bénéficie-t-il de l’existence des normes relatives à la bonne gouvernance dans le secteur public ?</strong></p> <p>Les avantages de la bonne gouvernance ne sont pas mesurables, car elle jette les bases d’une société où les fonctionnaires et tous les employés, à tous les niveaux, ont le devoir de rendre des comptes et la responsabilité d’améliorer les résultats pour la population. Cette pratique garantit également que les fonds publics sont utilisés efficacement, en réduisant la corruption, les malversations et l’utilisation abusive des ressources publiques. L’application des normes donne confiance aux citoyens ordinaires et constitue une référence internationale qui contribue à réduire les inégalités et à promouvoir la cohésion sociale.</p> <p>La bonne gouvernance dans le secteur public ou privé conduit à un gouvernement et à des entreprises plus justes, plus efficaces et plus réactifs, ce qui améliore directement la qualité de vie. Plus important encore, elle encourage une gestion fiscale prudente et un développement durable qui créent une économie stable et une prospérité générale qui profite aux citoyens ordinaires, car sans croissance économique stable, c’est le pays tout entier qui souffre.</p> <p><strong>Quel que soit le gouvernement au pouvoir en Angleterre – Travailliste ou Conservateur – est-ce que les règles de bonne gouvernance et de redevabilité sont-elles observées par les partis politiques ?</strong></p> <p>Selon mon expérience, l’Angleterre est plus rigoureusement surveillée que de nombreux autres pays grâce à des cadres de gouvernance et des organismes de surveillance indépendants. Ces structures visent à détecter les manquements aux normes, notamment en cas d’absence de déclaration précoce de conflits d’intérêts de la part des politiciens ou autres acteurs. Dans certains cas, cela a conduit des députés ou des fonctionnaires à démissionner ou même à purger des peines de prison parce qu’ils se sont avérés coupables alors qu’ils exerçaient des fonctions publiques. Nous devons éviter religieusement d’être le juré, le juge et le procureur d’un même groupe de personnes afin d’éviter la pensée de groupe et les défaillances dans l’excellence de la gouvernance. Les médias ont une influence et un rôle énormes dans le contrôle au Royaume-Uni.</p> <p><strong>L’école en Angleterre initie-t-elle les enfants à ces enseignements ? Peut-on dire que les familles jouent également un rôle dans cette éducation ?</strong></p> <p>La scolarisation est un défi pour toute société. Les enseignants sont responsables de l’enseignement en tant qu’experts dans leur domaine. Toutefois, une bonne éducation est essentielle pour le développement de l’enfant, lui offrant conseils, stabilité et valeurs, constituant ainsi le fondement de toute société. Tout enseignant ou parent en Angleterre, comme dans n’importe quel pays, veut le meilleur pour ses enfants et les encourage à être de bons citoyens, mais il y a toujours place à l’amélioration.</p> <blockquote> <h2>Les dirigeants et les cadres des entreprises doivent faire preuve d’un leadership éthique en adhérant eux-mêmes aux normes de gouvernance. Cela donne le ton au sommet de l’entreprise et favorise une culture de l’intégrité et de la responsabilité parmi les employés"</h2> </blockquote> <p><strong>Comment les entreprises publiques transmettent-elles ces règles à leurs employés ?</strong></p> <p>Le personnel étant l’atout le plus important de toute institution, il existe divers mécanismes pour promouvoir la bonne gouvernance pour les employés :</p> <p>a) Disposer de politiques et de procédures claires, régulièrement révisées, qui guident les employés dans des domaines tels que le comportement éthique, le respect des lois et la gestion des conflits d’intérêts.</p> <p>b) Les dirigeants et les cadres doivent faire preuve d’un leadership éthique en adhérant eux-mêmes aux normes de gouvernance. Cela donne le ton au sommet de l’entreprise et favorise une culture de l’intégrité et de la responsabilité parmi les employés.</p> <p>c) Les sessions et ateliers de formation sur la gouvernance et l’éthique devraient faire partie du développement professionnel continu de tout employé.</p> <p>d) Un code de conduite formel au moment de la nomination peut servir de référence aux employés pour comprendre leurs responsabilités et les valeurs défendues par l’organisation.</p> <p>e) Les organisations peuvent mettre en place des mécanismes permettant aux employés d’exprimer leurs préoccupations, de signaler des fautes professionnelles ou de demander des conseils sur des dilemmes éthiques sans crainte de représailles, ce qui contribuera à résoudre les problèmes et à apporter des améliorations en cas de lacune.</p> <p>f) Les principes de gouvernance peuvent être intégrés dans les systèmes de gestion des performances. Les employés peuvent être évalués non seulement sur leurs résultats, mais aussi sur la manière dont ils les obtiennent, en mettant l’accent sur le respect des normes éthiques et de gouvernance.</p> <p>g) Des audits réguliers, des contrôles de conformité et des évaluations des risques garantissent que les employés respectent les politiques de gouvernance. Un contrôle continu renforce également l’importance de ces normes dans les activités quotidiennes.</p> <p>h) Les organisations peuvent promouvoir une culture du lieu de travail qui s’aligne sur leurs valeurs de gouvernance, telles que l’équité, la transparence et la responsabilité. Les employés doivent être encouragés à intérioriser ces valeurs et à les intégrer dans leur travail.</p> <p>i) En définissant clairement les rôles, les responsabilités et les pouvoirs de décision, les organisations peuvent donner aux employés les moyens d’agir dans le cadre des politiques de gouvernance, en garantissant la responsabilité à tous les niveaux.</p> <p>En intégrant les principes de bonne gouvernance dans leur culture organisationnelle et leurs activités quotidiennes, les organisations peuvent s’assurer que les employés comprennent, adoptent et mettent en pratique ces valeurs, contribuant ainsi à l’intégrité et à la réussite globales de l’organisation. Au total, les dirigeants peuvent faire la différence.</p> <p><strong>Vous venez régulièrement à l’île Maurice, quelle observation faites-vous du niveau de nos compagnies publiques ?</strong></p> <p>Je suis très fier de visiter l’île Maurice, je me suis toujours tenu au courant des développements et j’ai reconnu les progrès réalisés par le pays depuis l’indépendance et la diversification de l’économie dans divers secteurs pour être parmi les meilleurs du continent africain.&nbsp;</p> <p>Avec les scandales récents et bien médiatisés, il y a une perte de confiance dans les différentes institutions, en particulier dans l’exercice d’une responsabilité claire, de l’obligation de rendre compte et de la transparence à différents niveaux, ce qui nécessite une réorganisation de la gouvernance de base dans les institutions publiques et je suis très heureux, car c’est de la musique aux oreilles de chaque citoyen ce que le nouveau gouvernement s’est engagé à faire, l’avenir nous le dira.</p> <p><strong>De quelle manière les investisseurs étrangers prennent-ils en considération la conformité aux normes dans un pays avant d’y investir ?&nbsp;</strong></p> <p>Tout pays qui donne la priorité au respect des normes internationales est mieux placé pour attirer et retenir les capitaux étrangers et pour offrir un environnement sûr, transparent et propice à leurs investissements. Voici quelques-uns des domaines clés pris en compte par les investisseurs :&nbsp;</p> <p>a) Les pays dotés d’une gouvernance solide, d’une indépendance judiciaire et d’une faible corruption sont plus attrayants pour les investisseurs. Les investisseurs préfèrent les pays dont les gouvernements sont stables, car les troubles politiques augmentent les risques. Les mécanismes de lutte contre la corruption sont essentiels, car ils sont le signe d’un environnement commercial équitable et prévisible.</p> <p>b) Cadre juridique et réglementaire solide du pays en ce qui concerne les opérations commerciales, les incitations fiscales, la propriété intellectuelle et le respect de l’environnement. La facilité de faire des affaires, les classements de la Banque mondiale ou d’autres rapports d’organisations indépendantes, qui soulignent à quel point l’environnement juridique est favorable aux investisseurs étrangers.</p> <p>c) Indicateurs économiques : des facteurs tels que les taux d’inflation, la stabilité de la monnaie et la croissance économique influencent les décisions d’investissement. Les niveaux d’endettement et les politiques fiscales jouent également un rôle important dans le processus de prise de décision des investisseurs.</p> <p>d) Le respect des normes internationales telles que les normes internationales d’information financière (IFRS) ou les réglementations relatives à la lutte contre le blanchiment d’argent est un élément clé.</p> <p>e) Les investisseurs évaluent les protections juridiques disponibles pour leurs investissements, en particulier en ce qui concerne les droits des actionnaires et la résolution des litiges dans le cadre de la gouvernance d’entreprise.&nbsp;</p> <p>f) La fiabilité des systèmes de transport, d’énergie et de télécommunications est essentielle à l’efficacité des opérations commerciales.&nbsp;</p> <p>g) Le respect de la législation du travail et des normes internationales relatives aux droits des travailleurs peut influencer les décisions d’investissement.</p> <p>h) Le respect des normes environnementales mondiales témoigne d’un engagement en faveur de la durabilité, ce qui correspond aux objectifs de responsabilité sociale des entreprises (RSE) de nombreux investisseurs.</p> <p>i) L’expérience des investisseurs précédents et les notations internationales donnent une idée de la fiabilité d’un pays.</p> <p>j) Une solide réputation en matière de respect des normes mondiales renforce l’attrait d’un pays.</p> <p>k) L’accès à un arbitrage impartial ou à un recours juridique permet aux investisseurs de résoudre les conflits de manière équitable.</p> <p><strong>Comment peut-on améliorer le service public à l’île Maurice, quels conseils donneriez-vous aux autorités ?</strong></p> <p>Une approche intégrée axée sur la qualité, l’amélioration de l’efficacité, les capacités de leadership, la transparence, l’inclusivité et la réactivité sont quelques-uns des ingrédients clés de l’amélioration.&nbsp;</p> <p>a) Le rôle des cadres supérieurs et des dirigeants de première ligne dans chaque département est essentiel pour fournir un service de première classe et gérer les attentes ; l’exercice de la responsabilité et de l’obligation de rendre compte au point de prestation est la pierre angulaire de la réussite. La formation des dirigeants n’est pas le fruit du hasard ; un programme de développement continu est essentiel pour garantir que les dirigeants disposent des conditions et des capacités nécessaires pour diriger et assumer leurs fonctions et responsabilités conformément aux normes attendues.&nbsp;</p> <p>b) Maintenir l’engagement avec les principales parties prenantes en matière d’amélioration et se concentrer sur le service à la clientèle nous aide à mieux comprendre les besoins des clients.&nbsp;</p> <p>c) Le renforcement du contrôle en tant qu’allié essentiel des institutions et la garantie de l’indépendance dans le suivi des performances du service public constituent une autre méthode d’amélioration qui peut être adaptée.</p> <p>d) Établir des critères de performance clairs et développer une culture de l’apprentissage afin d’éviter des erreurs identiques ou similaires dans les institutions.</p> <p>e) Tirer parti de la technologie pour prendre des décisions fondées sur des données. Utiliser l’analyse des données et l’intelligence artificielle pour identifier les goulets d’étranglement dans les services et prévoir les besoins des citoyens. Développer des systèmes de suivi en temps réel pour les projets et les services publics afin de garantir une livraison en temps voulu.</p> <p>f) Innover avec des plateformes de gouvernance électronique robustes pour automatiser les processus, réduire la bureaucratie et améliorer l’accessibilité pour les citoyens tout en simplifiant les processus. Faciliter un processus dont la culture numérique est faible pour combler la pauvreté numérique et promouvoir l’égalité d’accès aux services.</p> <p>g) Introduire des processus d’audit locaux et nationaux pour garantir l’efficacité, la pertinence et la création d’une culture d’organisation apprenante.</p> <p>h) Renforcer et exploiter la collaboration avec le secteur privé dans le cadre d’un programme national prévoyant des programmes de stages dans des domaines qui créeront un environnement d’apprentissage partagé et amélioreront l’efficacité.</p> <p>i) Promouvoir l’inclusion tout en veillant à ce que les services soient accessibles aux groupes vulnérables.</p> <p>j) Améliorer en permanence la santé et l’éducation en utilisant des outils fondés sur des données probantes et en tenant compte de l’évolution des besoins, ce qui contribuera à maintenir une main-d’œuvre en bonne santé et qualifiée.</p> <p>k) Envisager la création d’un groupe de travail spécialisé chargé d’évaluer chaque année la prestation des services publics et de recommander des réformes pourrait être une option à envisager, tout en gardant à l’esprit les exigences et les défis fiscaux de tout gouvernement.</p> </div> <div class="field field--name-field-disqus field--type-disqus-comment field--label-hidden field--item"><drupal-render-placeholder callback="Drupal\disqus\Element\Disqus::displayDisqusComments" arguments="0=Raj%20Rutah%20%3A%C2%A0%C2%AB%20Il%20est%20n%C3%A9cessaire%20de%20r%C3%A9organiser%20la%20gouvernance%20de%20base%20dans%20les%20institutions%20publiques%20%C2%BB&amp;1=http%3A//defimedia.info/raj-rutah-il-est-necessaire-de-reorganiser-la-gouvernance-de-base-dans-les-institutions-publiques&amp;2=node/167137" token="ainLD3k4XZ01YfbtvE74WIIct5HZMHbGElSDOOfSJIk"></drupal-render-placeholder></div> Mon, 13 Jan 2025 03:59:00 +0000 Pradeep Daby 167137 at http://defimedia.info Kugan Parapen, Junior Minister de ReA : « Ramgoolam et Bérenger ont le devoir de réussir » http://defimedia.info/kugan-parapen-junior-minister-de-rea-ramgoolam-et-berenger-ont-le-devoir-de-reussir <span>Kugan Parapen, Junior Minister de ReA : « Ramgoolam et Bérenger ont le devoir de réussir »</span> <span><span lang="" about="/users/jdedans" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Jean Claude Dedans</span></span> <span>mer 08/01/2025 - 08:29</span> <div class="field field--name-field-main-picture field--type-image field--label-hidden field--item"> <img src="/sites/default/files/styles/node_content_picture/public/whatsapp_image_2025-01-06_at_14.31.jpg?itok=EAY60NAT" width="1280" height="720" alt="" typeof="foaf:Image" class="img-responsive" /> </div> <div class="field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field--item"><p>Avec la sagesse de l’âge et l’expérience acquise au fil des années en politique, le tandem Navin Ramgoolam/Paul Bérenger inspire une certaine sérénité au sein du gouvernement. Selon Kugan Parapen, Junior Minister de Rezistans ek Alternativ (ReA), ces deux leaders ont la responsabilité de mener à bien leur mandat.</p> <p><strong>ReA a été, des années durant, un parti extraparlementaire &nbsp;Qu’est-ce qui a poussé ce parti écolo à s’associer au mainstream ?</strong></p> <p>C’est la conjoncture politique qui a poussé ReA à adopter cette démarche face au régime MSM, qui représentait ce que notre parti a toujours combattu et ce qu’il y a eu de pire en politique, ainsi que le danger dictatorial que représentait le MSM avec tous ces scandales. Cela a pesé lourd dans notre décision de nous associer à l’Alliance du Changement. L’enjeu était de restaurer la démocratie dans sa pleine valeur. Regardez comment fonctionne le Parlement aujourd’hui, il n’y a pas de comparaison avec l’épisode Sooroojdev Phokeer. Le MSM a porté atteinte à notre démocratie. Une élection repose sur des règles électorales claires. Pour la remporter, il faut trouver la bonne formule. Au départ, ReA pensait pouvoir percer seul ou avec des alliés partageant nos idéaux. Mais en 2024, il était hors de question de diviser les voix de l’opposition.&nbsp;</p> <p><strong>Auriez-vous pensé que ReA aurait un jour un ministre, un Junior Minister et une élue ?</strong></p> <p>Quand on s’engage en politique, on a toujours comme objectif d’occuper un jour un poste important avec des responsabilités pour aider la société. Si ReA se retrouve dans cette position aujourd’hui, c’était dans le domaine du possible, mais je ne pensais pas que cela allait se produire aussi rapidement. ReA a tout le temps eu une approche rigoureuse et disciplinée. Avoir un ministre et un Junior Minister pour ReA, c’est un challenge, mais ce n’est pas hors de notre portée, nous connaissant.</p> <p><strong>Quel effet cela vous fait-il d’être Junior Minister, vous qui étiez économiste il n’y a pas si longtemps ?</strong></p> <p>Je n’ai jamais réalisé à quel point les Mauriciens sont subjugués par les ministres et les Junior Ministers. Ils ont trop de respect et d’admiration pour ces postes. À nous de ne &nbsp;surtout pas prendre la grosse tête.</p> <p><strong>ReA a remporté son tout premier combat avec la plage de Pomponette redevenue publique. Vos sentiments ?</strong></p> <p>Le jour où on a fait la fête à Pomponnette était un moment intense et émouvant, car cela représentait la fin d’un long combat. Cet instant a provoqué chez moi, tout autant que les autres militants, une forte émotion. J’ai pleuré, j’avais des larmes aux yeux que je ne pouvais retenir. L’essence de ReA, c’est son combat pour des causes qu’on pense justes comme Pomponnette. En politique, les choses prennent du temps parfois.</p> <p><strong>ReA a toujours dit prôner la transparence en ce qu’il s’agit du financement de votre parti. Le show de Pomponnette a dû couter avec une estrade à l’américaine, des colonnes de baffles, une sono, des toilettes à sec. Bref, qui a financé ce spectacle grandiose ? Des sponsors, des donateurs, des gros bonnets de la finance ?</strong></p> <p>Ce show a coûté quelques dizaines de milliers de roupies. Rien que l’estrade a coûté environ&nbsp;Rs 50 000. Certains artistes ont joué gratuitement, d’autres à prix réduits. Déjà, les trois élus de ReA remettent une partie de leurs salaires au parti, puis, il y a eu des membres, des amis, des donateurs. Il n’y a eu aucun intérêt financier privé, ni sponsor. ReA a tout pris en charge financièrement.</p> <p><strong>ReA est intransigeant quant à la mise en œuvre de son programme propre. Ne craignez-vous pas que ces exigences puissent gêner les partenaires majoritaires de l’Alliance du Changement et pousser votre parti vers la porte de sortie ?</strong></p> <p>Les demandes de ReA ont été formulées bien avant les législatives. Les trois partis sont tombés d’accord sur notre programme. On a eu un accord signé. Qui dit accord, dit sa mise en œuvre maintenant que la victoire est acquise. Est-ce que tout le programme sera implémenté ? Certaines propositions de ReA ne vont pas plaire à tous au sein de l’alliance. Et ensuite, il y a la réalité politique. ReA est à 3 contre 57.</p> <p><strong>ReA pourrait faire des concessions ?</strong></p> <p>En alliance, il y a des concessions à faire, cela est valable dans le monde entier. Nous sommes un partenaire minoritaire au sein de cette alliance, mais nous sommes persuadés qu’il y a une volonté réelle des deux leaders de faire des changements. Navin Ramgoolam et Paul Bérenger sont là pour façonner leur héritage politique.</p> <p><strong>Et si les grandes réformes ne se réalisent&nbsp;pas ?</strong></p> <p>Si les grandes réformes constitutionnelles ne se réalisent pas, chacun devra en assumer le prix politique, qui pourrait coûter très cher.</p> <p><strong>Que vous inspire le message de Nouvel an de Navin Ramgoolam à la nation ?</strong></p> <p>Le message du PM est en droite ligne avec le mandat obtenu à travers les urnes. On a fait des promesses et 2025, il serait temps de se mettre au travail. Il faudra arrêter de venir dire qu’il y a des squelettes. On sait que l’économie va mal avec ce qu’a fait le MSM durant ces dernières années. Mettons-nous au travail.</p> <p><strong>Le PM a concentré son message sur trois thématiques importantes. Votre avis ?</strong></p> <p>Les Mauriciens ont appris et compris l’état réel de notre économie. En tant qu’économiste, j’ai été choqué que le MSM ait masqué la vérité catastrophique de nos finances. Il nous faudra avoir une stratégie économique réfléchie et bien travaillée pour redresser la barre. Cela va être difficile et prendra du temps. Puis, il y a les ravages de la drogue qu’il faut absolument combattre sans pitié. Pravind Jugnauth s’est toujours vanté de&nbsp;« kas lerin bann baron ladrog ». Où en sommes-nous ? Un homme sous l’effet de la drogue synthétique tue une fillette de 18 mois. Affolant. L’ex-gouvernement avait une approche conservatrice et classique et voyez le constat après 10 ans. On doit être à l’écoute des spécialistes qui sont sur le terrain et ailleurs dans le monde.</p> <p><strong>Et quand le PM dit que ceux qui ont fauté devraient rendre des comptes. De la vengeance ?</strong></p> <p>Il y a un désir de vengeance de la part du peuple qui veut que ceux qui l’ont fait souffrir durant toutes ces années doivent payer et rendre compte de leurs actes. Mais, il ne faut pas que cela devienne une obsession, il faut que cela se fasse dans le cadre de la loi, il faut éviter une chasse aux sorcières.</p> <p>On met un bémol : il y a certains fonctionnaires qui tentent de se justifier en disant qu’ils n’ont fait que respecter des instructions…&nbsp;</p> <p>Je pense ici à certains hauts cadres de la Fonction publique qui ont été partie prenante des combines et qui se cachent en disant effectivement qu’ils n’ont fait que suivre des instructions. Ces fonctionnaires trempés dans des combines sont aussi des complices.</p> <p><strong>Les attentes de la populations sont grandes, pour dire le moins. Le gouvernement pourrait-il la satisfaire, au moins dans les court et moyen termes ?</strong></p> <p>On a pris l’engagement, mais on ne pourra pas tout faire en une année et même après. Certaines promesses pourraient peut-être ne pas être honorées. En tant que citoyen, je relativise. Si le présent gouvernement arrive à remplir sa mission, travaille en toute transparence, sans scandales, je pense qu’on serait sur la bonne voie. On a parlé d’un gouvernement de transition, une alliance de convergence.</p> <p><strong>Ce gouvernement a-t-il un devoir de&nbsp;réussite ?</strong></p> <p>C’est le 3e 60-0 de Paul Bérenger. Aujourd’hui, il y a la maturité politique de Navin Ramgoolam et de Paul Bérenger et c’est le garant principal de la stabilité de la durée. On a actuellement un gouvernement le plus expérimenté de notre histoire avec la moitié des élus qui ont de l’expérience. Les deux leaders cumulent quatre mandats de Premier ministre. Cela devrait assurément favoriser le bon fonctionnement de ce gouvernement. Tant qu’il n’y a pas de dérives et que la volonté de réussir prime, comment ce gouvernement pourrait-il ne pas durer ?</p> <p><strong>Serait-ce un devoir pour le tandem d’aller jusqu’au bout de leur mandat ?</strong></p> <p>Vis-à-vis d’eux-mêmes, Navin Ramgoolam et Paul Bérenger ont le devoir de réussir. Le devoir de bien faire. La réussite est subjective.<br /> &nbsp;</p> </div> <div class="field field--name-field-disqus field--type-disqus-comment field--label-hidden field--item"><drupal-render-placeholder callback="Drupal\disqus\Element\Disqus::displayDisqusComments" arguments="0=Kugan%20Parapen%2C%20Junior%20Minister%20de%20ReA%20%3A%20%C2%AB%20Ramgoolam%20et%20B%C3%A9renger%C2%A0ont%20le%20devoir%20de%20r%C3%A9ussir%20%C2%BB&amp;1=http%3A//defimedia.info/kugan-parapen-junior-minister-de-rea-ramgoolam-et-berenger-ont-le-devoir-de-reussir&amp;2=node/167109" token="IFgERdhK--JRRBw27XG2fRAVl-44xHn9O_MiN7tx-pQ"></drupal-render-placeholder></div> Wed, 08 Jan 2025 04:29:00 +0000 Jean Claude Dedans 167109 at http://defimedia.info Sudesh Lallchand, économiste : « Maurice ne pourra pas atteindre une croissance de 6 % avant 2026 » http://defimedia.info/sudesh-lallchand-economiste-maurice-ne-pourra-pas-atteindre-une-croissance-de-6-avant-2026 <span>Sudesh Lallchand, économiste : « Maurice ne pourra pas atteindre une croissance de 6 % avant 2026 »</span> <span><a title="Voir le profil utilisateur." href="/user/3069" lang="" about="/user/3069" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Fabrice Laretif</a></span> <span>mar 07/01/2025 - 08:02</span> <div class="field field--name-field-main-picture field--type-image field--label-hidden field--item"> <img src="/sites/default/files/styles/node_content_picture/public/untitled_design_-_2025-01-06t111039.410.jpg?itok=7R7eocyv" width="1280" height="720" alt="" typeof="foaf:Image" class="img-responsive" /> </div> <div class="field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field--item"><p>2025 devrait être une année de transition économique selon Sudesh Lallchand. Pour lui, le nouveau régime concède la différence entre la réalité et les promesses annoncées. Le développement économique du pays dit-il passera par la volonté des dirigeants. &nbsp;</p> <p><strong>Après la bataille de chiffres entre l’ancien et le nouveau régime, sur quelle base économique entamons-nous l’année 2025 ?</strong></p> <p>La base économique fait référence aux piliers de notre économie. Il faudra une vue d’ensemble pour se faire une idée claire. Pour ne citer que certains, je dirai que le secteur financier a peut être une bonne base, mais il reste beaucoup à faire. Le tourisme fonctionne et le secteur de l’agriculture est un vaste chantier. Nos marchés pour les exportations sont influencés par la main-d’œuvre.&nbsp;</p> <p><strong>Est-ce qu’une croissance révisée à 5,1 % pour 2024 est louable pour Maurice ?</strong></p> <p>Ce serait positif si l’économie parvenait à croître de 5 à 6 % en 2024. Nous parlons de croissance après l’inflation. J’ai cependant des doutes que nous pourrons atteindre un taux de croissance de 6 %. Nous n’avons rien vu concernant les bases économiques deux mois après les élections. &nbsp;</p> <p><strong>Les élections générales de 2024 ont abouti à une victoire de 60-0 par l’Alliance du Changement. Au-delà des différents facteurs qui ont poussé les Mauriciens à voter ainsi, est-ce que ce résultat risque d’être un handicap pour les enjeux, débats et décisions économiques du pays ?</strong></p> <p>Le résultat peut-être pas, mais les promesses probablement ! La quête de la victoire s’est jouée sur 3, voire 4 mesures essentielles : l’augmentation de pension, l’arrêt de la dépréciation de la roupie et d’autres promesses concernant le pouvoir d’achat. Ce sont là des mesures qui &nbsp;vont nécessiter de l’argent.&nbsp;</p> <blockquote> <h2>Le 14e mois est une des mesures les plus irréfléchies de notre histoire"</h2> </blockquote> <p><strong>Le nouveau régime a-t-il démarré leur mandat de bon pied avec les mesures déjà implémentées ou joue-t-il stratégiquement sur la carte de la réalité économique pour retarder l’introduction de certaines promesses ?</strong></p> <p>Pour rappel, une semaine avant les élections, il y avait des politiciens - qui sont aujourd’hui dans le gouvernement-, qui affirmaient que le prix des carburants allait baisser de 30 % à 35 % après une semaine. Seule une fraction de cela a été implémentée. Peut-on considérer une réduction par Rs 5 comme une véritable baisse ? Lorsque ce gouvernement était dans l’Opposition, il montait sur ses grands chevaux pour dire qu’il fallait enlever les taxes sur les &nbsp;carburants. C’est facile de critiquer, mais on se rend compte que c’est autre chose une fois en face de la réalité. Cela s’applique à tous les partis de l’Opposition. Un autre facteur ayant joué en faveur de ce nouveau gouvernement lors des élections a été l’annonce que les prix vont drastiquement baisser. À première vue, les prix poursuivent leur ascension. &nbsp;</p> <p><strong>Il y a eu plusieurs démissions suivies de nominations à la tête de certaines institutions depuis les résultats des élections. Est-ce un véritable changement ou c’est au final des nominés politiques qui en remplacent d’autres ?</strong></p> <p>Un nominé politique est une personne dont la nomination se fait suivant un aval politique. L’approbation peut venir du Conseil des ministres et signée par le Premier ministre. La loi concernant la nomination d’une personne à la tête de certaines institutions préconise l’aval du Conseil des ministres et l’approbation du Premier ministre. La personne nommée devient de facto un nominé politique. Il faut cependant faire la distinction entre un professionnel et un nominé politique. Il y a eu des nominations à la tête de certaines institutions depuis la prise de pouvoir du nouveau gouvernement. Certaines sont justifiées avec des candidats valables et compétents. &nbsp;&nbsp;</p> <blockquote> <h2>En prenant une direction rationnelle, le gouvernement devra laisser le secteur privé comprenant les PME travailler"</h2> </blockquote> <p><strong>Le Gouverneur de la Banque de Maurice a défini ses priorités : stabiliser la roupie, recapitaliser la BoM et amener une bonne politique monétaire. Les mesures annoncées jusqu’ici vont-elles dans ce sens ?</strong></p> <p>Suivant les conférences de presse du Dr Rama Sithanen, il faut dire que certaines mesures annoncées ne sont pas mauvaises. Le Gouverneur de la Banque de Maurice a eu la sagesse d’annoncer certaines mesures qui peuvent être impopulaires au sein du secteur privé, mais compréhensibles d’un autre point de vue. Je fais ici référence à la mesure concernant la vente des villas en roupie. Cependant, reste à savoir quel est le résultat qui va découler de ces mesures. La roupie se déprécie et il a annoncé des mesures pour mettre fin à cette courbe. &nbsp;<br /> <strong>Combien de temps faudra-t-il pour redonner à la monnaie locale sa valeur ?</strong></p> <p>Techniquement parlant, la Banque de Maurice a le pouvoir de fixer le prix de la roupie face au dollar avec les conséquences qui peuvent suivre. Le ministre des Finances parle de stabiliser et d’apprécier la monnaie locale. Le dollar s’achetait à Rs 46,80 en octobre 2024. À la fin de 2024 c’était à Rs 47,15 avec les mesures qui ont été annoncées après les élections.</p> <p>Notre monnaie s’est donc dépréciée. Il est évident qu’on va venir dire que le dollar s’est apprécié à l’international. Toutefois, je rappelle que, dans un passé récent, quand ces mêmes personnes critiquaient la valeur de la roupie, le dollar s’appréciait également. Un gros travail devra être effectué pour arrêter la dépréciation de la roupie. Pour apprécier la roupie face aux autres devises, il faudra jouer avec le taux d’intérêt.&nbsp;</p> <p><strong>La valeur de la roupie influence les prix à Maurice. Le taux d’inflation est en baisse mais les prix continuent d’augmenter. À quoi faut-il s’attendre pour cette année 2025 ?</strong></p> <p>80 % de nos importations sont effectuées en dollar. L’ancien gouvernement a payé le prix de cette influence. Le taux d’inflation rapporté est en baisse. Il n’y a qu’à se rendre au supermarché pour se rendre compte que les prix poursuivent leur ascension. La volonté politique et la compétence des ministres auront un rôle prépondérant. Le gouvernement aurait dû avoir un ministre responsable de la protection des consommateurs et un autre portant la casquette du commerce. Nous avons aujourd’hui le même ministre qui facilite la venue des commerçants et qui, dans le même temps, est chargé de protéger les consommateurs.&nbsp;</p> <p><strong>L’exercice de compensation salariale sera donc important. Or, les employeurs affirment qu’un des plus grands défis de 2024 a été les différentes augmentations salariales et le paiement du 14e mois qui n’avait pas été budgété. Le calcul de la compensation salariale se fera-t-il dans des conditions optimales ?</strong></p> <p>Il y aura une confusion extraordinaire. On dit que l’inflation a diminué. Un des facteurs clés à prendre en considération pour le calcul de la compensation salariale est le taux d’inflation.</p> <p>Si les prix rapportés ont baissé, la compensation salariale ne sera pas aussi conséquente. Les institutions vont-elles projeter les vrais chiffres d’inflation que ressentent les consommateurs lorsqu’ils font leurs achats. Dans cette éventualité, les syndicats vont monter au créneau et demander un gros montant de compensation salariale. Ceci dit, jusqu’à quand va-t-on fonctionner ainsi, soit accorder une compensation à chaque hausse de prix ? Maurice a perdu en compétitivité. L’argent dépensé proviendra du budget du gouvernement lorsque les entreprises seront incapables de payer les hausses salariales. Cela provoque une spirale des salaires. Ce gouvernement devra s’atteler à voir comment stopper la hausse des prix et des salaires sans productivité. Qui payera de ce prix ? Les taxes ? Cela ira à l’encontre des promesses électorales de ce gouvernement. &nbsp;</p> <blockquote> <h2>Pour apprécier la roupie face aux autres devises, il faudra jouer avec le taux d’intérêt"</h2> </blockquote> <p><strong>Certaines PME concèdent que 2024 a été pire que la pandémie de COVID-19. Comment se présente 2025 pour les PME ?</strong></p> <p>Cela va dépendre de la politique de ce gouvernement et de ses décisions. Cette année, le gouvernement devra venir avec une politique qui permettra au secteur privé et surtout aux PME d’assumer pleinement leurs responsabilités. Et cela sans leur mettre une corde autour du cou pour payer des augmentations. En prenant une direction rationnelle, le gouvernement devra laisser le secteur privé, comprenant les PME, travailler. Ce sera au cas contraire une calamité. En 2025, les PME sont appelées à mieux faire, à condition que le gouvernement les laisse souffler.&nbsp;</p> <p><strong>Il y a eu l’année de la sortie de crise, de reprise ou encore de relance dans le sillage de la pandémie. Comment qualifieriez-vous l’année 2025 ?</strong></p> <p>Les activités économiques étaient faibles après la pandémie de même que notre Produit intérieur brut (PIB). La base sur laquelle la croissance est calculée a diminué. De ce fait, il ne faut pas prendre l’après-COVID comme un point de référence. Cela risque de démontrer une croissance extrêmement importante. En 2025, on table sur une croissance supérieure de 6 %.</p> <p>2025 sera une année de transition économique. Plusieurs institutions importantes n’ont pas encore de capitaine. Il faudra au moins trois mois supplémentaires pour une évaluation. Ce temps n’est cependant pas suffisant pour espérer réaliser d’énormes progrès. Pour une bonne croissance, il faudra dépasser les 6 %. Le gouvernement a bien fait en nommant un Attorney General. Il y aura d’autres lois qui devront être introduites.&nbsp;</p> <p><strong>Les institutions internationales, telles que Moody’s, porteront une attention particulière à Maurice après avoir pris connaissance du rapport ‘State of the Economy’. Que faut-il faire pour préserver notre ‘investment grade’ et éviter une chute vers le ‘junk status’ ?»</strong></p> <p>Moody’s prendra en compte l’état de notre économie selon l’évaluation effectuée. Cette évaluation est cependant une analyse de ce qui découle du passé. Le passé est le passé. Que propose le gouvernement pour un proche avenir ? Un plan de relance dans les court et moyen termes pourrait intéresser l’agence de notation. En démontrant par exemple une stratégie pour réduire notre facture d’importation, cela pourrait être favorable à Maurice. Le plan de développement doit être rapidement présenté.&nbsp;</p> <p><strong>La productivité est présentée comme un moyen de réduire nos importations et d’aspirer à une meilleure croissance économique. Cela passe par la main-d’œuvre. Plusieurs secteurs font face à ce défi. Comment l’adresser en 2025 ?</strong></p> <p>La productivité est très importante. Si les salaires augmentent, la production doit suivre. La hausse des salaires doit contribuer à la valeur ajoutée. Le gouvernement ne doit pas forcer les entreprises à payer des augmentations de salaire ou le 14e mois. Le 14e mois est une des mesures les plus irréfléchies de notre histoire. C’est un caprice électoral. Par ailleurs, on ne peut drastiquement décider d’arrêter d’octroyer les permis aux travailleurs étrangers. Sans eux, nous n’aurons, par exemple, pas de pain, ni de construction, entre autres. Leur apport est essentiel à l’économie. La richesse est le résultat du travail. Maurice subit un manque de main-d’œuvre à différents niveaux. Il est important d’adopter une politique ouverte pour accueillir la main-d’œuvre étrangère. Plusieurs institutions auraient bénéficié grandement de l’appui des ressources internationales.&nbsp;</p> <p><strong>Quels sont les secteurs qui vont tirer l’économie vers le haut en 2025 ?</strong></p> <p>Là encore, j’insisterai sur la volonté. Il faudra voir quels sont les secteurs qui ont le potentiel de tirer l’économie vers le haut. Le secteur financier et le tourisme maintiennent leur importance. L’économie bleue et le secteur agricole ont du pain sur la planche. L’intelligence artificielle et le secteur pharmaceutique demandent des investissements à coup de milliards de roupies. Leur développement requiert beaucoup de temps et un savoir-faire. Ce sont des secteurs dont on parle depuis plusieurs années. Je ne pense pas que nous verrons de grands développements dans le secteur pharmaceutique ou l’intelligence artificielle à Maurice durant les cinq prochaines années. Qui va venir investir à Maurice, y produire et exporter dans le secteur pharmaceutique? Il faut oublier cette idée. Concentrons-nous sur les secteurs actuels qui ont du potentiel avec des gains rapides.</p> </div> <div class="field field--name-field-disqus field--type-disqus-comment field--label-hidden field--item"><drupal-render-placeholder callback="Drupal\disqus\Element\Disqus::displayDisqusComments" arguments="0=Sudesh%20Lallchand%2C%20%C3%A9conomiste%20%3A%20%C2%AB%20Maurice%20ne%20pourra%20pas%20atteindre%20une%20croissance%20de%206%20%25%20avant%202026%20%C2%BB&amp;1=http%3A//defimedia.info/sudesh-lallchand-economiste-maurice-ne-pourra-pas-atteindre-une-croissance-de-6-avant-2026&amp;2=node/167075" token="SIz-ABiH-EKtVVjAOw99DTnKEvconY-SGEOwuTpjMPQ"></drupal-render-placeholder></div> Tue, 07 Jan 2025 04:02:00 +0000 Fabrice Laretif 167075 at http://defimedia.info Yvan Martial : « Il fallait introduire une dose de proportionnelle entre 2014 et 2024 » http://defimedia.info/yvan-martial-il-fallait-introduire-une-dose-de-proportionnelle-entre-2014-et-2024 <span>Yvan Martial : « Il fallait introduire une dose de proportionnelle entre 2014 et 2024 »</span> <span><span lang="" about="/users/philbert" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Patrick Hilbert</span></span> <span>dim 05/01/2025 - 08:53</span> <div class="field field--name-field-main-picture field--type-image field--label-hidden field--item"> <img src="/sites/default/files/styles/node_content_picture/public/yvan_martial_1_0.jpg?itok=YI8FybBM" width="1280" height="720" alt="" typeof="foaf:Image" class="img-responsive" /> </div> <div class="field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field--item"><p>Observateur aguerri de la scène politique mauricienne, Yvan Martial, journaliste chevronné, historien et ancien rédacteur en chef de l’express, porte un regard acéré sur l’état du pays en ce début d’année 2025. Alors que le gouvernement s’installe, les attentes citoyennes s’intensifient devant les promesses faites durant la campagne électorale, il partage ses réflexions sur les défis qui attendent Maurice. Fidèle à sa réputation d’homme franc et visionnaire, il revient sur les enjeux d’un paysage politique en quête de renouveau, tout en posant un regard lucide sur l’avenir du pays.</p> <p><strong>Comment décririez-vous l’état actuel du pays en ce début de 2025&nbsp;?</strong></p> <p>Comment le faire&nbsp;? Il faudrait pouvoir dire&nbsp;: «&nbsp;L’État c’est moi&nbsp;». Être ridicule mais point à ce point. Notre population se divise en 1,3 million d’habitants de mille races, religions, cultures, préjugés, idées fixes, etc. Je n’épouse pas les convictions de mon épouse et vous me demandez de parler au nom du pays. Je peux seulement inviter d’éventuels lecteurs à définir leur état présent et à savoir où puiseront-ils le courage pour poursuivre leur route, en respectant la mission patriotique qu’ils se sont assignés, en sachant que ce que nous faisons ici-bas tombera dans l’oubli. Mais au moins pouvons-nous vivre nos passions. Faire librement ce qui nous tient à cœur. Que peut-on, ici, espérer de mieux&nbsp;? Nous aspirons pourtant au bonheur parfait et infini. Seul Quelqu’Un, plus grand que nous, peut nous accorder miséricordieusement cette grâce. Le pays c’est notre population. Vous et moi. Douter du pays. S’en méfier.</p> <p>C’est voir le Diable en notre frère, père, enfant. Prions plutôt pour qu’ils soient des saints. Nos mentors. Notre pays progresse quand nous progressons. Il régresse quand nous régressons. Décisive est la contribution de chacun d’entre nous. Je compte sur vous. &nbsp;&nbsp;</p> <p><strong>Quels sont les principaux défis politiques auxquels Maurice devra faire face cette année&nbsp;?</strong></p> <p>Retenons le qualificatif « politique ». Donnons-lui son sens le plus noble, le plus caritatif,&nbsp;l’amour du prochain. Traduisons-le par le privilège d’être au service de qui s’enhardit à solliciter notre aide. Servons au mieux. Améliorons ainsi notre vivre ensemble. L’élevant à des hauteurs insoupçonnées. Notre consécration au service d’autrui peut susciter de fructueuses élévations. Privilégions ceux qui nous sont confiés contre salaire (l’élève de l’instituteur, le malade de l’infirmier, la femme battue de la policière dévouée, l’adolescent toxicomane et son rédempteur, le désespéré et son Bon Samaritain)&nbsp;</p> <blockquote> <h2>Depuis l’Indépendance, notre classe politique, MMM compris, a assassiné notre démocratie régionale, alors que le colonialisme anglais en avait fait un gouvernement parallèle"</h2> </blockquote> <p><strong>Le nouveau gouvernement est en poste depuis 45 jours. Les premiers signes sont-ils positifs ? Sont-ils à la hauteur des promesses de changement faites pendant la campagne électorale ?</strong></p> <p>Lundi dernier, lors d’un somptueux dîner, qu’offrait à ses innombrables amis et proches l'ex-vice-président de la République (2000-05), Raouf Bundhun, pressentant votre question, un voisin de table me confie&nbsp;: «&nbsp;Je compare le gouvernement PTr/MMM à une boisson gazeuse. C’est l’effervescence. Cela fait pschitt&nbsp;! Profitons-en&nbsp;». Contrairement à ce que radotait Laetitia, la mère de Napoléon, «&nbsp;ça ne dourera pas&nbsp;!&nbsp;» L’avenir et notre électorat, seuls, diront si députés et ministres, seniors et juniors, du 10.11.2024, sont ou non à la hauteur. Un point significatif&nbsp;: ils promettent de faire ce qu’ont point fait, allèguent-ils, les ministres MSM. Nous les jugerons à leur aune. Après une décennie de règne ramgoolamien (2005-14), teintée de coffres-forts et de cotomili, nous avons compris que les promesses des minus de la Kwizinn Fanta étaient foncièrement mensongères. L’espoir que le bien peut venir des autres, ministres, nouveaux ou anciens, compris, fait vivre les imbéciles. Seuls ceux, faisant le bien autour d’eux, peuvent nous sauver de la médiocrité. Nul besoin d’élections pour cela. Ils se lèvent, nouent leur tablier et s’activent au service d’autrui. Que cela plaise ou déplaise. La presse les ignore. À nous de les découvrir à l’œuvre et joindre nos efforts aux leurs. &nbsp;&nbsp;</p> <p><strong>Certaines personnes restent sceptiques par rapport à l’entente entre le PTr et le MMM et prédisent l’éclatement de cette coalition avant 2029. Qu’en pensez-vous ?</strong></p> <p>Une certitude. Le premier, du PTr ou du MMM, qui se sentira évincé, émasculé, mendiera l’aide de la Kwizinn Orangina (…) Mais mon souhait le plus cher est que Moustass et Navin me prouvent que j’ai tort d’être aussi …réaliste. L’Histoire m’interdit de passer l’éponge, rouge ou mauve, sur nos récentes tragédies partisanes.&nbsp;</p> <p><strong>Quid de Rezistans ek Alternativ et des Nouveaux Démocrates ?</strong></p> <p>J’exclue les Nouveaux Démocrates. Ayant fait partie d’alliance politique au pouvoir, ils ont eu l’occasion de montrer ce qu’ils valent. Les trois parlementaires de ReA doivent prendre congé politiquement de leur parti, pour le laisser agir comme l’électron libre qu’il doit rester, pour notre salut. Plus le ReA extraparlementaire critiquera le gouvernement du prétendu Changement et mieux ce parti, tellement prometteur, conservera sa crédibilité. Plus sommes-nous proches d’un Pouvoir et mieux devons-nous, pour son salut, le critiquer sévèrement, sous peine de complicité accablante. Si le Pouvoir est assez con pour ne pas supporter la moindre critique, surtout méritée, qu’il nous sauve en nous désavouant. Le grand souffle de la Liberté est mille fois préférable à l’air empuanti de tout cabinet, surtout incapable de se sentir mauvais. Inutile est tout conseil non sollicité. J’exhorte quand même car il s’agit d’Ashok Subron et de Kugan Parapen. À leur place, j’aurais chaque jour choisi, à partir des journaux, le problème de sécurité sociale le plus criard et je n’irais pas dormir tant qu’il n’aura pas été réglé durablement, en tenant compte de son aspect général. Deux fois, 1 825 problèmes individuels réglés en cinq ans, ce n’est pas beaucoup. Mais si leur solution empêche toute récidive, il pourrait en résulter une meilleure prise en charge de l’île Maurice souffrante.&nbsp;</p> <blockquote> <h2>Vouloir le Changement, sinon l’amélioration, c’est bien mais l’Imagination au Pouvoir, c’est mieux"</h2> </blockquote> <p><strong>Les dernières élections ont encore prouvé que les partis émergents comme Linion Moris n’émergent pas, même s’ils ont été actifs sur le terrain et dans les médias. Comment peuvent-ils peser sur l’échiquier politique ?</strong></p> <p>C’est une catastrophe démocratique. Pour la 5e fois, nous plébiscitons un Parlement sans opposition ou presque. Fort heureusement, la zizanie ne tardera guère à pointer son vilain nez. Il suffira d’une révocation ministérielle bien ciblée pour que Lesjongard perde son titre de chef d’opposition, à peine étrenné, et cède sa place à des dindons de la farce, déçus d’un changement mais pour le pire. Je les entends pleurnicher&nbsp;: «&nbsp;Bezerr restt bezerr&nbsp;! Si nous refaisons alliance avec ces gens-là, appelez-nous scatophages&nbsp;!&nbsp;»</p> <p><strong>Pourquoi l’émergence de nouvelles voix est-elle aussi difficile ?</strong></p> <p>Nous parlons ici de politique et non de The Voice, ni de Star Academy. La réponse est cruellement simpliste. Les propriétaires et héritiers des partis, ayant plus ou moins réussi à s’incruster sur le poteau du Pouvoir politique, s’entendent, comme larrons en foire, pour exclure tout nouveau venu, grâce à un néfaste système électoral du First Past The Post. Ils savent le parti unique présentement inacceptable. Ils tolèrent le jeu malsain d’alliances électorales interchangeables. Ils tolèrent l’indécent concubinage électoral, nous valant des Assemblées Nationales tellement bordéliques. Le perdant, à ce tour de… passe-passe, préfère le froid polaire de la traversée du désert plutôt qu’entrouvrir la porte à nouvelles voix. Je l’entends prier frénétiquement&nbsp;: «&nbsp;Dieu Omnipotent&nbsp;! Fais que ce mariage du lapin et de la carpe se brise sans tarder. Fais que la démangeaison de l’instabilité chronique divise ce que l’électorat a uni&nbsp;!&nbsp;»</p> <p><strong>Voyez-vous émerger de nouvelles figures pour prendre la relève de Navin Ramgoolam et Paul Bérenger ?</strong></p> <p>À nouvelles « figures », supposant la désignation de telles personnes aux dépens d’autres, je préfère exprimer des attentes que la population pourrait ratifier à moins qu’elle estime que je déconne. Si nous voulons le Changement, nous devons discerner ces Changements pour le mieux, leurs auteurs, promoteurs, réalisateurs, leurs bénéficiaires. Nous les trouverons dans toutes les sphères de services publics et pas seulement de la fonction publique. Quelques exemples concrets. Depuis l’Indépendance, notre classe politique, MMM compris, a assassiné notre démocratie régionale, alors que le colonialisme anglais en avait fait un gouvernement parallèle. Restaurons-la. Faisons de chaque maire, de chaque président de district, l’équivalent d’un Premier ministre sur sa commune, l’équivalent d’un chef-commissaire de Rodrigues. Encore que ce dernier règne sur 40 000 sujets, contre une centaine de milliers pour leurs homologues mauriciens. Quand manifesteront-ils leur colère&nbsp;? Ranjiv Woochit peut-il imposer à nos municipalités et conseils de district la publication mensuelle d’un magazine, à distribuer gratuitement, pour informer leurs administrés de ce qu’ils ont accompli pendant le mois écoulé et ce qu’ils projettent pour le mois à venir&nbsp;? S’il ne peut pas faire ça qu’il démissionne. Mahend Gungapersad peut-il, avant le 30 août prochain, imposer à nos écoles des compétitions inter-établissements en diverses disciplines (sportive, artistique, musicale, théâtrale, jardinage, élevage, artisanat) aux niveaux locaux, régionaux, nationaux&nbsp;? Anil Bachoo peut-il immédiatement rétablir l’ancienne compétition, mise en place par le regretté Dr Vel Pillay, révélant le ward hospitalier le mieux tenu et entretenu, pour la plus grande satisfaction des patients&nbsp;? Mahendra Gondeea peut-il organiser, d’ici fin juin 2025, la meilleure dissertation de collégiens sur les thèmes suivants (au choix)&nbsp;: 225 ans de la mort de Malartic et création du Collège Royal&nbsp;; 200 ans du parlementarisme mauricien&nbsp;; 175 ans de la municipalité de Port-Louis, de notre Cour suprême, de la Chambre de Commerce, de la cathédrale Saint-James, de la Congrégation des religieuses du Bon Secours&nbsp;; 100 ans du Hindu Maha Sabha&nbsp;; 75 ans de la visite de Manilal Doctor, d’élections urbaines à Curepipe, BBRH et Quatre-Bornes&nbsp;; 50 ans de Gervaise, du camion fou de Rose-Belle, de l’incendie de la rue Edith-Cavell, de la révolte estudiantine de Mai-1975&nbsp;? Ce n’est pas grand-chose mais ça peut dynamiser la jeunesse mauricienne et raffermir son amour de la patrie. Le Commissaire de police peut-il être plus explicite quant au nombre exact de policiers affectés quotidiennement, sur le terrain et non dans les bureaux, à la sécurité des usagers du transport en commun, comme du public dans chaque station area, dans chaque hôpital, etc. Vouloir le Changement, sinon l’amélioration, c’est bien mais l’Imagination au Pouvoir, c’est mieux. C’est du moins ce que hurlaient les révolutionnaires de Mai-1968. Il suffit de nous inviter à proposer les changements auxquels nous aspirons.&nbsp;</p> <blockquote> <h2>Gardons nos 21 circonscriptions mais avec&nbsp;deux élus directs chacune (les deux premiers&nbsp;de tout résultat électoral) et un possible&nbsp;3e désigné à la proportionnelle"</h2> </blockquote> <p><strong>Est-ce que le 60-0 du 10.11.2024 est une bonne chose pour la démocratie avec seulement deux députés de l’opposition au Parlement ?</strong></p> <p>Pas question de changer brutalement notre système électoral, aussi néfaste puisse-t-il être, puisqu’il nous vaut, en six décennies, cinq Parlements sans opposition ou presque, avec les risques dictatoriaux que cela comporte. La population préfère qu’on améliore ce qui existe déjà et lui sert de repères, plutôt que de s’égarer en de folles aventures, du genre «&nbsp;Seconde République&nbsp;». Gardons nos 21 circonscriptions mais avec deux élus directs chacune (les deux premiers de tout résultat électoral) et un possible 3e désigné à la proportionnelle. Cela totalise 42 députés élus directement. Restent 28 sur 70 parlementaires. Désignons-les à la proportionnelle. Selon les statistiques électorales du 10.11.2024, on obtiendrait la répartition suivante de députés désignés proportionnellement&nbsp;: PTr/MMM, 17 députés (+ 40 auxquels s’ajoutent les 2 députés OPR=59)&nbsp;; MSM, 8 députés&nbsp;; LinionMoris 1 député (Roshi Bhadain)&nbsp;; Alliance Libération, 1 députée (Dianette Henriette-Manan)&nbsp;; Indépendants, 1 député (Nazurally). Pareil système maintient tragiquement le risque d’une majorité parlementaire des trois quarts, capable de « changer » radicalement notre Constitution, pour le meilleur ou pour le pire. Mieux rodé, ce système pourrait renforcer l’opposition parlementaire. N’oublions jamais qu’un gouvernement minoritaire peut obtenir l’approbation parlementaire de nouvelles lois si elles sont consensuelles. Cela vaut même pour un amendement constitutionnel. Mais il faut préalablement apprendre à devenir consensuel à force de dialogue, d’écoute des autres, d’esprit de compromis. Un art dans lequel excellait Seewoosagur Ramgoolam. Mais n’est pas SSR qui veut. Certes pas l’idéal.&nbsp;</p> <p><strong>Voyez-vous un changement significatif dans la participation des jeunes à la politique ?</strong></p> <p>Ajoutons-y les femmes. Ma réponse est « oui » mais à condition que nos partis politiques à vocation électorale offrent immédiatement à leurs ailes « jeunes » et «&nbsp;femmes&nbsp;» la liberté, sans ingérence d’aucun leader, de désigner par elles-mêmes un nombre (à définir) de candidats jeunes et de candidates, lors de prochains scrutins. Qu’ils fassent cela et ils seront les premiers surpris du dynamisme que cela peut déclencher. Qu’ils persistent dans leur refus d’accorder cela et nous aurons la preuve que plus ça change et plus ça reste dramatiquement pareil.</p> <blockquote> <h2>Vous me direz qu’à 37 %, on est au pouvoir et à 27 % «&nbsp;dan karo kann&nbsp;».&nbsp;En cela le MSM a… fauté"</h2> </blockquote> <p><strong>Comment expliquer l’énorme défaite du gouvernement MSM, en alliance avec le PMSD, ne récoltant que 27,8 % des voix ?</strong></p> <p>De quelle défaite parlez-vous&nbsp;? Dix pour cent de suffrages en moins n’est pas la fin du monde. Le PTr et le MMM possèdent-ils réservoir aussi appréciable&nbsp;? Qu’ils n’accaparent pas superficiellement les votes BLD. Rendez-vous aux prochaines Municipales. S’ils sont encore alliés. Nombre de partis européens apprécieraient une tranche électorale aussi épaisse. . Il fallait introduire une dose de proportionnelle entre 2014 et 2024. Aster tro tar&nbsp;! Mais la vie continue. Les perdants ne sont pas réduits à la mendicité. J’en connais qui viendront, avec leur langue cravate, mendier le soutien de Pravind Jugnauth, sous prétexte que son allié du 10.11.2024 pe fer mari dominer. La politique est affaire de patience. Il suffit d’attendre que l’adversaire fasse sa première couillonnade, pour voir rappliquer les carapates ayant changé de chiens, avant même le 10.11.2024. La population n’a pas oublié la partielle de mars 2009 au N°8, ni l’éphémère victoire PTr/MSM de 2010. Idem pour le mendiant Bérenger, suppliant, avant 2012, Bhai Anerood de ne plus être réduit au Réduit, sous le prétexte fallacieux que le «&nbsp;sinistre&nbsp;» Navin Ramgoolam conduisait le pays à sa ruine. &nbsp;</p> <p>Pravind Jugnauth pourra-t-il se relever de cette défaite et des scandales entachant l’ancien gouvernement ? Cela d’autant plus que le nouveau régime annonce une série d’enquêtes.<br /> Les scandales sont faits pour être oubliés. Qui parle désormais de coffres-forts, de cotomili, de Macarena, de ‘tous sali’, de gros légumes frôlant le délirium tremens&nbsp;? Anticipons plutôt des comeback retentissant, des rénovations culinaires, des retours au-devant de la scène, la découverte enfin de parfums d’Arabie.</p> <p><strong>Quels scénarios politiques envisagez-vous pour Maurice d’ici la fin de l’année 2025&nbsp;?</strong><br /> Depuis quand demande-t-on à un téléspectateur passif et poussif d’imaginer la fin de son feuilleton préféré. Qui vivra verra.&nbsp;</p> </div> <div class="field field--name-field-disqus field--type-disqus-comment field--label-hidden field--item"><drupal-render-placeholder callback="Drupal\disqus\Element\Disqus::displayDisqusComments" arguments="0=Yvan%20Martial%20%3A%20%C2%AB%20Il%20fallait%20introduire%20une%20dose%20de%20proportionnelle%20entre%202014%20et%202024%20%C2%BB&amp;1=http%3A//defimedia.info/yvan-martial-il-fallait-introduire-une-dose-de-proportionnelle-entre-2014-et-2024&amp;2=node/167028" token="sDDVhN4cM5YoDq-05OcNk-aB-RfDX4xLY9HxQaN6UZw"></drupal-render-placeholder></div> Sun, 05 Jan 2025 04:53:00 +0000 Patrick Hilbert 167028 at http://defimedia.info Cédric Béguier, Head of Investment Strategy chez Axys : «La juridiction financière mauricienne n’a pas à rougir des standards européens» http://defimedia.info/cedric-beguier-head-investment-strategy-chez-axys-la-juridiction-financiere-mauricienne-na-pas-rougir-des-standards <span>Cédric Béguier, Head of Investment Strategy chez Axys : «La juridiction financière mauricienne n’a pas à rougir des standards européens»</span> <span><span lang="" about="/users/pdaby" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Pradeep Daby</span></span> <span>ven 03/01/2025 - 08:45</span> <div class="field field--name-field-main-picture field--type-image field--label-hidden field--item"> <img src="/sites/default/files/styles/node_content_picture/public/cedric_beguier_2.jpg?itok=Y3cTPlW8" width="1280" height="720" alt="" typeof="foaf:Image" class="img-responsive" /> </div> <div class="field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field--item"><p>« Aujourd’hui, le trading est accessible à tous et se fait par téléphone ». Ainsi résume Cédric Béguier à propos des opportunités qu’offrent les placements financiers dans des sociétés d’investissements. Le Head of Investment Strategy au sein d’Axys observe ainsi que « beaucoup loupent des trains et restent sur le quai du dépôt bancaire traditionnel ». C’est sans doute parce qu’« en 2023 et 2024, nos stratégies ont porté leurs fruits et nous observons une reprise significative », fait-il valoir en parlant de l’AXIOM Yield Fund qui, souligne-t-il, « reflète une remarquable résilience face à un contexte extrêmement volatil ».<br /> <br /> <strong>Comment vos fonds d’investissements ont-ils survécu à la double crise provoquée par la Covid et le conflit militaire en Ukraine ?</strong><br /> La Covid-19 a été un événement imprévisible de type «black swan», provoquant une forte volatilité et une détresse significative sur les marchés financiers. L’impact de cette crise a varié selon nos fonds et stratégies. En 2020, notre fonds d’actions globales a démontré une remarquable capacité de récupération, enregistrant un rendement de +22,2 % en USD. À l’inverse, le SEMDEX a mis plus de temps à se redresser, et notre fonds d’actions locales a clôturé l’année avec une performance de -15,4 % (en MUR), tout en surpassant l’indice SEMDEX, en baisse de -22 %.</p> <p>Malgré l’instabilité, l’année a été particulièrement favorable pour les fonds obligataires. Dans un contexte de faibles taux d’intérêt, l’AXIOM Yield Fund a progressé de +16,2 %, tout en maintenant le versement de dividendes, témoignant de sa solidité dans des conditions de marché difficiles. Août 2020 a également marqué le lancement de l’AXIOM Africa, qui a enregistré une progression impressionnante de +15,9 % sur les cinq derniers mois de l’année.</p> <p>Alors que 2020 illustrait notre capacité à tirer parti d’un environnement complexe, l’année 2022 a présenté des défis encore plus importants. Les pressions inflationnistes résultant de la guerre en Ukraine ont entraîné des répercussions durables à la fois sur les marchés actions et obligataires, faisant de cette période l’une des pires pour les portefeuilles équilibrés traditionnels. Néanmoins, grâce à une gestion rigoureuse, l’AXIOM Yield Fund s’est distingué en limitant ses pertes à -2 %, un résultat qui reflète une remarquable résilience face à un contexte extrêmement volatil.</p> <p>En 2023 et 2024, nos stratégies ont porté leurs fruits, et nous observons une reprise significative. Jusqu’à présent en 2024, les performances de nos fonds témoignent de cette dynamique positive :<br /> • AXIOM Patrimoine : + 13,6 %<br /> • AXIOM Global Equity Fund : + 8,2 %<br /> • AXIOM Africa : + 3,7 %<br /> • AXIOM Yield Fund : + 4,9 %<br /> • AXIOM Equity : + 16,5 %</p> <p>Ces résultats reflètent une stratégie mêlant patience pour éviter les réactions excessives, une capacité d’adaptation pour tirer parti des opportunités de marché, et une gestion active et rigoureuse pour naviguer dans un environnement incertain.</p> <p>En définitive, notre approche proactive et notre expertise dans l’identification des opportunités même dans les périodes de turbulences ont permis à nos investisseurs de traverser ces crises tout en préservant leur capital et en bénéficiant de solides reprises lorsque les conditions le permettaient.</p> <p><strong>Quels sont les titres qui ont mieux résisté durant ces crises et pour quelles raisons ?</strong><br /> Pendant la pandémie de Covid-19, les marchés ont connu des distorsions importantes. À Maurice, Alteo, NIT et MUA se sont distingués comme les meilleures performances de l’année. Dans l’ensemble, les instruments à revenu fixe ont affiché de solides résultats, en particulier ceux à plus longue durée, qui ont profité des baisses agressives des taux d’intérêt. Par ailleurs, notre fonds africain a bénéficié des excellents rendements des actions minières, tandis que des secteurs plus défensifs, comme les produits de consommation courante et la santé, ont tiré parti de l’environnement créé par la pandémie.<br /> En revanche, l’année 2022 a raconté une tout autre histoire, avec des pertes généralisées pour la plupart des classes d’actifs. Les actions ont connu leur pire année depuis 2008, tandis que les prix des obligations ont chuté sous l’effet d’une inflation atteignant son plus haut niveau en quarante ans.</p> <p>Les secteurs les plus performants du S&amp;P 500 comprenaient l’énergie et les services publics. Globalement, ces deux secteurs ont profité d’une combinaison de contraintes d’offre et d’une inflation persistante. La reprise économique post-Covid a entraîné une hausse de la demande en énergie, exacerbant les tensions sur l’offre et faisant grimper les prix.</p> <p>Dans un contexte marqué par la volatilité des marchés actions et la hausse des taux d’intérêt, les investisseurs se sont tournés vers les services publics pour leur stabilité perçue et leur moindre risque. L’année a ainsi mis en lumière la résilience de ces secteurs dans un environnement économique difficile.</p> <p><strong>Quels sont les enseignements de ces deux crises et à ce jour, pouvez-vous affirmer qu’elles sont résolument du passé ?</strong><br /> Non, la crise de la Covid a laissé des traces indélébiles et un souvenir qui restera dans l’inconscient collectif. Ce que nous avons traversé en termes de stress et d’isolement et de restrictions restera à jamais gravé dans toute une génération d’individus. Cette crise laisse encore des stigmates économiques que nous traversons actuellement avec une inflation record et le changement de politique monétaire sans précédent qui s’ensuit pour ramener une inflation galopante post-Covid. C’est cela qui se joue aujourd’hui et qui rythme le quotidien des marchés financiers depuis l’avènement de la pandémie.&nbsp;</p> <p>Quant au conflit entre l’Ukraine et la Russie, il est en ce moment même à la fois à son paroxysme en termes de tensions, mais aussi, et nous l’espérons, tout proche de son dénouement avec l’arrivée de Donald Trump qui semble bien déterminé à mettre fin à ce conflit. Quoi qu’il en soit, ce conflit apporte également son lot d’incertitudes sur les marchés et les tensions géopolitiques qu’il engendre dépassent largement les frontières des deux protagonistes.</p> <p><strong>À ce jour, quels sont les titres qui sont les plus cotés sur la Bourse mauricienne ?</strong>&nbsp;<br /> Depuis le début de l’année, l’indice mauricien offre une performance de +22,5 %. Les titres les plus performants dans l’ordre sont Medine ; P.O.L.I.C.Y et MCB avec des performances respectives de + 63,05 % ; + 47,96 % ; + 42,79 %. Le titre le plus échangé sur la bourse locale est très certainement MCB en termes de volume, mais également celui qui enregistre la plus forte croissance depuis le début de l’année. Nous avons par ailleurs des vues sur d’autres titres qui pourraient bénéficier à ce que nous appelons le Navin trade, mais attendons avant d’en savoir plus.</p> <p><strong>Quels sont les critères/garanties que recherchent les investisseurs privés d’une part sur Maurice et, d’autre part, à l’étranger ?</strong><br /> Le terme garantie est à proscrire dans notre métier. Je préfère nettement le terme protections, qui correspond mieux à la réalité des marchés financiers. De manière générale, nos clients recherchent surtout de la fiabilité et de la réactivité. Dans un monde où les algorithmes tradent à la milliseconde et où l’IA générative devient mainstream, mais essentiellement face à un monde qui se transforme de plus en plus rapidement, nous nous devons d’être à la fois plus réactifs et clairvoyants. Cela dans le but d’offrir des perspectives d’investissement claires à nos clients quant à leur placement financier, qu’ils soient locaux ou internationaux.</p> <p><strong>Pourquoi le Mauricien favorise-t-il davantage l’épargne traditionnelle en banque plutôt qu’un placement à travers une société d’investissement ?</strong><br /> Ce n’est pas réservé qu’aux Mauriciens. Cette pratique existe partout, sauf dans certains pays où les placements financiers sont culturels. Il s’agit avant tout d’éducation financière, de perceptions et de gestion des risques. Une personne ne désirant n’avoir aucune exposition à la bourse aura souvent plus d’appétence à favoriser d’autres types de placements comme l’immobilier. Même si certains font preuve d’une aversion au risque exacerbée et imaginent toujours le krach boursier, il y a un adage qui dit qu’une tendance se relance plusieurs fois, mais ne se retourne qu’une fois. Partant de ce postulat, vous comprendrez que beaucoup loupent des trains et restent sur le quai du dépôt bancaire traditionnel. Je ne juge pas et je trouve cela plutôt bien, car il en faut pour faire fonctionner le système bancaire, la finance, c’est tout un écosystème.</p> <p>Au-delà de la méfiance, il y a de la méconnaissance quant à la facilité d’accès dont les marchés financiers font preuve. Il n’y a rien de plus simple que d’ouvrir un compte titres et de commencer à investir. Aujourd’hui, le trading est accessible à tous et se fait par téléphone. Il suffit de trouver un bon broker qui offre une application mobile et vous voilà prêt à investir et à trader. L’offre est pléthorique, du copier trading qui vous propose de répliquer les positions des meilleurs traders ou gérants stars. Pour ceux qui n’ont pas le temps, vous avez la possibilité d’automatiser vos investissements via des robots traders ou via un placement régulier en DCA pour dollar cost averaging.</p> <p>Pour vous donner un exemple, un placement de 1 000 $ par mois en DCA (Dollar Cost Averaging) sur le S&amp;P 500, l’indice phare américain, aurait rapporté en moyenne 380 % sur les 20 dernières années. En comparaison, le même investissement sur le Semdex aurait offert un rendement de 58,13 %. En tenant compte de l’inflation, la performance réelle du Semdex devient négative (-3,54 %), tandis que celle du S&amp;P 500 reste nettement positive, à 147 %.</p> <p>Cette mise en perspective vous montre à quel point votre épargne, si elle reste sur un compte saving s’érode rapidement face à l’inflation et je ne parle même pas des comptes courants.<br /> Face à cette réalité factuelle d’abondance d’offres, les particuliers auraient tort de s’en priver.</p> <p><strong>Les investisseurs font-ils une totale confiance aux agences de notation lorsqu’on sait, selon des rapports, que celles-ci n’avaient pas vu venir une crise mondiale comme celle des ‘subprime’ ?</strong><br /> C’est un sujet complexe. Disons que l’homme est doté d’une mémoire sélective. Toutefois, il lui arrive d’apprendre de ses erreurs. Les agences de notation sont majoritairement américaines. Elles offrent des services essentiels quant à une lecture simplifiée des niveaux de risque que peuvent représenter des dettes émises par des pays ou des sociétés. Cette grille de lecture est pour certains, paroles d’Évangile. Pour d’autres, elle n’a aucun sens. Elles ont néanmoins le mérite d’exister et de faciliter la prise de décisions. Là où je ne suis pas forcément d’accord, c’est dans la standardisation du processus de notation. De ce fait, certains pays ou entreprises, de par leur position géographique ou leur structure politico-économique, seront toujours mal notés par ces agences de notation. Pourtant, ils représentent une opportunité ou un rendement/risque mesuré à prendre en considération dans une allocation de portefeuille dite harmonieuse et représentative du spectre économique global.</p> <p>Malheureusement, certains pays ou entreprises sont lésés par ce système et peinent à se financer ou à refinancer leurs dettes, car ce système de notation ne prend pas en considération l’environnement général dans lequel ils évoluent. Je pense bien évidemment à l’Afrique qui devrait faire appel à des agences de notation locales, plus à même de les analyser et de les noter. Maurice pourrait d’ailleurs être un très bon centre financier capable de fournir ce type de services aux différents pays de la zone.</p> <p><strong>La juridiction locale est-elle définitivement sortie d’affaire après avoir quitté la liste noire de l’UE ?</strong><br /> Oui. Maurice a su mettre en place de nouveaux contrôles et mécanismes de conformité très rapidement afin de répondre aux exigences de la communauté internationale. La juridiction financière mauricienne n’a pas à rougir des standards européens. Il y a toujours des pistes d’amélioration. Nul n’est parfait. Mais, notre système financier est très bien régulé et encadré, ce qui est gage de confiance et de stabilité auprès des acteurs financiers internationaux. Et comme je le mentionne précisément, le marché déteste l’incertitude. D’ailleurs, l’île Maurice arrive à la 96e place sur 152 dans le classement du Basel AML index.</p> <p><strong>Comment se pose la réalité d’une roupie faible dans des secteurs comme le vôtre ?</strong><br /> Cela ne date pas d’hier, mais rien n’est figé et surtout pas en matière de Forex. Les choses bougent et elles évoluent parfois très vite. Je suis persuadé que les responsables économiques et politiques œuvrent de concert afin de donner un second souffle à la roupie. Il faudra certainement enfoncer des portes ouvertes et faire preuve d’audace pour infléchir cette tendance. Seul l’avenir nous dira s’ils réussissent.</p> <p><strong>Quels sont les ‘signes’ qui permettent à des entreprises comme les vôtres d’appréhender les tendances afin de réaliser des investissements judicieux ?</strong><br /> Les signes sont tellement nombreux et cette question a fait couler tellement d’encre, et tellement de financiers, de milliardaires et de professeurs tentent de donner leurs formules, qu’il me faudrait certainement plus que ces quelques lignes pour vous répondre. Toutefois, je peux vous dire que les maîtres-mots sont : Analyse, Stratégie, Prudence, Persévérance et Détachement.</p> <p><strong>Le système financier africain a-t-il positivement évolué en termes de gouvernance afin d’attirer des fonds comme les vôtres&nbsp;?&nbsp;</strong><br /> En termes de gouvernance, même si des problèmes de devises et de liquidité des titres cotés sur les bourses locales persistent, la situation s’améliore. Cependant, à l’image de l’adoption de nouvelles technologies en Afrique et notamment du mobile banking, les règles de bonne gouvernance sont tout aussi vite mises en application. Je dirais donc que, et sans équivoque, que l’Afrique est une terre d’avenir en termes de placement financier : tout reste encore à faire, car il y a tellement de potentiel et pas suffisamment d’accessibilité aux bourses locales.</p> <p>Nous avons d’ailleurs franchi le pas en lançant il y a trois ans un fonds commun de placement 100 % actions africaines qui évolue très bien. Ce type de placement dit frontière ou exotique sur les marchés internationaux offre une diversification et une exposition qui devient de plus en plus recherchée par des investisseurs à la recherche de diversification et d’exposition géographique autre que les grandes places boursières américaines ou européennes.<br /> &nbsp;</p> </div> <div class="field field--name-field-disqus field--type-disqus-comment field--label-hidden field--item"><drupal-render-placeholder callback="Drupal\disqus\Element\Disqus::displayDisqusComments" arguments="0=C%C3%A9dric%20B%C3%A9guier%2C%C2%A0Head%20of%20Investment%20Strategy%20chez%20Axys%20%3A%C2%A0%C2%ABLa%20juridiction%20financi%C3%A8re%20mauricienne%20n%E2%80%99a%20pas%20%C3%A0%20rougir%20des%20standards%20europ%C3%A9ens%C2%BB&amp;1=http%3A//defimedia.info/cedric-beguier-head-investment-strategy-chez-axys-la-juridiction-financiere-mauricienne-na-pas-rougir-des-standards&amp;2=node/166059" token="fF-csWD4ub-dcoQSoKKqhybCnzyCrUN4FQdNT7n6Tt8"></drupal-render-placeholder></div> Fri, 03 Jan 2025 04:45:00 +0000 Pradeep Daby 166059 at http://defimedia.info Sudhir Seesungkur, ancien ministre des Services financiers : « C’est une honte pour notre pays » http://defimedia.info/sudhir-seesungkur-ancien-ministre-des-services-financiers-cest-une-honte-pour-notre-pays <span>Sudhir Seesungkur, ancien ministre des Services financiers : « C’est une honte pour notre pays »</span> <span><a title="Voir le profil utilisateur." href="/user/3069" lang="" about="/user/3069" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Fabrice Laretif</a></span> <span>lun 23/12/2024 - 08:48</span> <div class="field field--name-field-main-picture field--type-image field--label-hidden field--item"> <img src="/sites/default/files/styles/node_content_picture/public/sudhir_sesungkur_1.jpg?itok=URz8F11N" width="1280" height="720" alt="" typeof="foaf:Image" class="img-responsive" /> </div> <div class="field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field--item"><p><strong>Harvesh Seegolam, ancien gouverneur de la Banque de Maurice fait face à un ordre d’arrestation pour « Conspiracy to defraud ». Comment réagissez-vous à cela ?</strong></p> <p>C’était prévisible alors que nous avons entendu beaucoup de choses à propos de la Mauritius Investment Corporation (MIC). Dans la logique de la transparence, certaines informations auraient dû être communiquées, tout en respectant le secret bancaire. La MIC est une compagnie privée. Le gouvernement y a injecté des fonds dédiés pour aider certaines entreprises, ce qui en soit n’est pas mauvais. &nbsp;</p> <blockquote> <h2>Il y a eu un pillage des fonds publics. C’est un « clear-cut case ». Il y a eu d’autres transactions douteuses"</h2> </blockquote> <p><strong>Quand on entend les sommes débloquées par la Mauritius Investment Corporation (MIC) et certains bénéficiaires douteux, faut-il conclure qu’il y a eu une mauvaise gestion de l’argent des contribuables ?</strong></p> <p>Il y a eu un pillage des fonds publics. C’est un « clear-cut case ». Il y a eu d’autres transactions douteuses. Le gouvernement a acheté des terrains. Comment est-ce que cela a permis de protéger l’emploi ? Était-ce une priorité ? On peut comprendre le coup de main financier accordé aux hôtels pour sauvegarder les emplois. D’autres cas semblent indiquer que les bénéficiaires sont connectés avec l’ancien régime.&nbsp;</p> <p><strong>Concernant cette affaire de « Conspiracy to defraud », doit-on faire le lien entre la MIC, la Banque de Maurice, l’ancien ministre des Finances et ancien chef du gouvernement ?&nbsp;</strong></p> <p>J’étais dans le giron et je sais comment il fonctionne. C’est le boss qui donne des ordres. Cependant, les pions profitent également de la situation. C’est comme un employé de moulin qui voit le sucre défilé devant lui et qui est tenté d’y goûter. Ce qu’il a goûté est infime par rapport à la grosse production. Il faut voir les cas flagrants de ceux qui n’étaient pas éligibles au soutien, mais qui en ont quand même bénéficié. Il faudrait également effectuer un « money trail » pour statuer si l’argent décaissé a effectivement été à bénéfique à l’entreprise. Tout est traçable. &nbsp;</p> <p><strong>L’arrestation d’un ancien gouverneur de la Banque centrale, qui plus est président de l’association des gouverneurs entachera-t-elle l’image de la juridiction mauricienne ?&nbsp;</strong></p> <p>C’est une honte pour notre pays. On invite les investisseurs à venir investir à Maurice et on parle de la robustesse de nos institutions... Les grands investisseurs s’intéressent à ce genre d’article. Cependant, l’ordre apporté dans cette affaire crédibilise nos institutions. On s’interroge par contre sur la rigueur professionnelle de certaines personnes qui occupaient des postes à responsabilité.&nbsp;</p> </div> <div class="field field--name-field-disqus field--type-disqus-comment field--label-hidden field--item"><drupal-render-placeholder callback="Drupal\disqus\Element\Disqus::displayDisqusComments" arguments="0=Sudhir%20Seesungkur%2C%20ancien%20ministre%20des%20Services%20financiers%20%3A%20%C2%AB%20C%E2%80%99est%20une%20honte%20pour%20notre%20pays%20%C2%BB&amp;1=http%3A//defimedia.info/sudhir-seesungkur-ancien-ministre-des-services-financiers-cest-une-honte-pour-notre-pays&amp;2=node/166545" token="Bnxiq0reHxBEdVY1eY1rwyGxbPmTJngUDo63GhQG2M8"></drupal-render-placeholder></div> Mon, 23 Dec 2024 04:48:00 +0000 Fabrice Laretif 166545 at http://defimedia.info Anthony Leung Shing : «Le paiement du 14e mois va créer une illusion de croissance, mais elle n’est pas durable» http://defimedia.info/anthony-leung-shing-le-paiement-du-14e-mois-va-creer-une-illusion-de-croissance-mais-elle-nest-pas-durable <span>Anthony Leung Shing : «Le paiement du 14e mois va créer une illusion de croissance, mais elle n’est pas durable»</span> <span><span lang="" about="/users/cvilbrin" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Christina Vilbrin</span></span> <span>lun 23/12/2024 - 07:57</span> <div class="field field--name-field-main-picture field--type-image field--label-hidden field--item"> <img src="/sites/default/files/styles/node_content_picture/public/untitled_design_-_2024-12-21t120029.512.jpg?itok=QjklVFuk" width="1280" height="720" alt="" typeof="foaf:Image" class="img-responsive" /> </div> <div class="field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field--item"><p>Imposer à toutes les entreprises de financer ce 14e mois sans tenir compte de leur situation économique spécifique comporte des risques de distorsion, affirme Anthony Leung Shing, Country Senior Partner chez PwC Mauritius et Deputy Regional Senior Partner chez PwC East Market Area. Ainsi, il estime qu’il est nécessaire de mettre en place un mécanisme de soutien approprié.</p> <p><strong>Un produit intérieur brut (PIB) gonflé de plus de Rs 36 milliards en 2024. Des recettes surestimées de Rs 16,7 milliards et des dépenses sous-estimées de Rs 5 milliards pour l’année fiscale 2024-2025. Un ajout de Rs 321 milliards à la dette publique en l’espace de dix ans… Le rapport ‘State of the economy’ est jugé « accablant&nbsp;». Êtes-vous surpris par ces « manipulations&nbsp;» de données ?</strong></p> <p>Dans le passé, de nombreux économistes avaient déjà souligné des controverses liées aux révisions des méthodes de calcul du PIB, suscitant des débats importants. De manière générale, ces pratiques émergent souvent lorsque des institutions se retrouvent sous pression pour présenter une image plus favorable de la situation. Ce qui est particulièrement préoccupant ici, c’est l’ampleur des révisions mises en évidence dans le dernier rapport State of the Economy.</p> <p>Cependant, ces analyses doivent être replacées dans le contexte du récent changement de gouvernement. Il est essentiel d’éviter de tomber dans l’excès inverse en dressant un tableau volontairement catastrophique de la situation actuelle, car cela pourrait nuire davantage à la confiance des parties prenantes et compliquer la mise en œuvre des réformes nécessaires.</p> <p>Une approche équilibrée, fondée sur des faits et une analyse rigoureuse, est cruciale pour restaurer la crédibilité des institutions et garantir une évaluation honnête de l’état de l’économie.</p> <p><strong>Dans une note d’information, Moody’s fait ressortir que les divergences dans les données économiques vont mettre à mal les efforts d’assainissement des finances publiques du pays. Qu’en pensez-vous ?</strong></p> <p>Ces incohérences risquent de fausser les politiques budgétaires, d’aggraver les déséquilibres financiers et de rendre les réformes indispensables encore plus complexes à mettre en œuvre. Elles portent également atteinte à la crédibilité du pays auprès des investisseurs et des partenaires internationaux, tout en augmentant potentiellement les coûts de financement.</p> <p>Le nouveau gouvernement devra relever de nombreux défis pour restaurer la confiance, en instaurant une transparence accrue, en menant des audits indépendants et en renforçant les institutions publiques. L’intégrité et la rigueur dans la gestion des finances publiques seront cruciales pour garantir une trajectoire économique durable et crédible.</p> <p><strong>Le paiement du 14e mois domine l’actualité ces jours-ci. Pour le secteur privé, le 14e mois représente une somme non-budgétée de Rs 12 milliards. Quelles seront les conséquences de cette promesse électorale sur les entreprises ?</strong></p> <p>Le paiement du 14e mois pourrait avoir des conséquences importantes pour les entreprises. Cette dépense non budgétée mettra sous pression la trésorerie, particulièrement des PME, augmentant les risques de faillites et freinant les investissements. Certaines entreprises, pour absorber ce coût, pourraient être contraintes de répercuter les charges sur les consommateurs, ce qui risquerait d’aggraver l’inflation. Pour les exportateurs, déjà confrontés à des coûts de production élevés, cette mesure pourrait réduire leur compétitivité sur les marchés internationaux. Bien que le gouvernement ait engagé des consultations avec le secteur privé et proposé des mécanismes comme l’étalement des paiements, cela reste une charge lourde pour certaines entreprises. Qu’adviendra-t-il des entreprises qui, malgré ces ajustements, ne disposent pas des ressources nécessaires pour absorber un tel coût sans compromettre leur viabilité économique ?</p> <blockquote> <h2>Le paiement du 14e mois mettra sous pression la trésorerie, particulièrement des PME, augmentant les risques de faillites et freinant les investissements. Certaines entreprises pourraient être contraintes de répercuter les charges sur les consommateurs, ce qui risquerait d’aggraver l’inflation</h2> </blockquote> <p><strong>Depuis la pandémie, la plupart des entreprises ont renoué avec la profitabilité. Certaines d’entre elles font mieux qu’avant la COVID-19. Est-ce que la question de capacité de paiement se pose vraiment ?</strong></p> <p>Bien que certaines entreprises aient renoué avec la rentabilité depuis la pandémie, la capacité de paiement du 14e mois n’est pas uniforme à travers le secteur privé. Pour les secteurs encore fortement touchés ou pour les PME, cette dépense exceptionnelle peut fragiliser leur trésorerie. De plus, la rentabilité post-COVID ne garantit pas toujours une liquidité suffisante pour absorber une charge imprévue de Rs 12 milliards. Imposer à toutes les entreprises de financer ce 14e mois sans tenir compte de leur situation économique spécifique comporte des risques de distorsion. Il serait donc important de mettre en place un mécanisme de soutien qui prenne en considération les disparités sectorielles et la santé financière des entreprises, afin d’éviter des conséquences négatives.</p> <p><strong>Business Mauritius déplore que la masse salariale ait augmenté de 40 % depuis le début de l’année et se dit « consternée » du rajout d’une compensation salariale additionnelle. La fédération déplore aussi l’ingérence du gouvernement dans la politique salariale des entreprises. Vos commentaires ?</strong></p> <p>L’augmentation de 40 % de la masse salariale, combinée à une compensation additionnelle imposée, compromet la viabilité des entreprises, particulièrement dans un contexte global marqué par une concurrence accrue et des pressions inflationnistes. Des hausses de salaires non corrélées à des gains de productivité posent un risque majeur pour la compétitivité des entreprises mauriciennes sur les marchés internationaux et menacent leur durabilité à long terme. L’ingérence dans la politique salariale limite leur capacité à s’adapter aux réalités économiques, aggravant une situation déjà fragile. Sans une consultation approfondie et une approche concertée, ces décisions risquent d’affaiblir le secteur privé, freiner la croissance et nuire à l’emploi. Un dialogue équilibré et constructif entre le gouvernement, le secteur privé et les partenaires sociaux est essentiel pour concilier objectifs sociaux et impératifs économiques dans un environnement global en constante évolution.</p> <blockquote> <h2>L’ingérence dans la politique salariale limite la capacité des entreprises à s’adapter aux réalités économiques, aggravant une situation déjà fragile…</h2> </blockquote> <p><strong>Il y a une autre école de pensée qui dit que ce n’est pas au gouvernement de payer les salaires du secteur privé avec les fonds publics. Qu’en pensez-vous ?</strong></p> <p>Ce n’est pas le rôle du gouvernement de prendre en charge les politiques salariales des entreprises privées, ni d’utiliser des fonds publics pour tenir un tel engagement. Cette approche soulève des questions sur la pertinence de faire une telle promesse électorale, sachant qu’elle impose une lourde charge financière sur le secteur privé, souvent sans concertation. De plus, cela fausse les dynamiques du marché et crée un précédent inquiétant où les entreprises privées, déjà confrontées à des défis économiques, sont contraintes de se conformer à des décisions politiques déconnectées de leur réalité économique. Cela reflète une ingérence gouvernementale mal calculée, qui risque de fragiliser davantage les entreprises et de nuire à leur compétitivité. Une politique salariale doit être réaliste, basée sur les gains de productivité et conçue en collaboration avec toutes les parties prenantes, plutôt que dictée par des considérations électorales.</p> <p><strong>Le paiement du 14e mois risque d’alimenter la consommation et, par ricochet, d’accentuer l’inflation. Chaque gouvernement est-il condamné à miser sur la consommation pour faire grossir le PIB du pays ?</strong></p> <p>Miser uniquement sur la consommation pour stimuler la croissance du PIB est une stratégie à court terme qui peut avoir des effets pervers, notamment sur l’inflation. Le paiement du 14e mois, s’il alimente la consommation, risque de renforcer davantage l’inflation déjà élevée, érodant ainsi le pouvoir d’achat à long terme. Cette approche crée une illusion de croissance, mais elle n’est pas durable. Bien que chaque gouvernement ne soit pas condamné à recourir à cette méthode, toute transition vers un modèle plus équilibré sera difficile et exigeante. Une croissance durable repose sur des investissements productifs, l’innovation, l’amélioration de la productivité et l’essor des exportations. Il est donc crucial de dépasser les mesures temporaires pour privilégier des politiques structurelles qui consolident les fondamentaux économiques tout en limitant les pressions inflationnistes.</p> <p><strong>Ce gouvernement, tout comme l’ancien régime, a pris le parti de mettre à l’écart les salariés touchant plus de Rs 50 000. Pourtant, c’est la catégorie d’employés qui sont les plus productifs et qui contribuent le plus aux impôts et à la Contribution Sociale Généralisée (CSG). Vos commentaires ?</strong></p> <p>Exclure les salariés gagnant plus de Rs 50 000, comme le fait ce gouvernement et l’a fait l’ancien, reflète une politique inéquitable et à courte vue. Ces employés, parmi les plus productifs, contribuent significativement aux recettes fiscales et à la CSG, soutenant ainsi le système social dans son ensemble. Ignorer leur rôle dans l’économie peut affaiblir leur engagement, augmenter les risques de fuite des talents et compromettre la compétitivité globale du pays. Sur un plan global, cette approche accentue les tensions entre équité sociale et efficacité économique. Une politique équilibrée, qui valorise toutes les catégories de salariés en tenant compte de leur contribution réelle à l’économie, est essentielle pour maintenir une cohésion sociale et une compétitivité durable.</p> <blockquote> <h2>Un dialogue équilibré et constructif&nbsp;entre le gouvernement, le secteur privé&nbsp;et les partenaires sociaux est essentiel&nbsp;pour concilier objectifs sociaux&nbsp;et impératifs économiques…</h2> </blockquote> <p><strong>Certains observateurs craignent un ras-le-bol chez cette catégorie d’employés qui a déjà été exclue de l’exercice de relativité salariale. Ce qui pourrait favoriser un exode de cerveaux. Qu’en pensez-vous ?</strong></p> <p>À l’international, des pays comme Singapour et les Émirats arabes unis attirent et retiennent les talents en offrant des opportunités de croissance, des conditions de travail attractives et un environnement propice à l’innovation. À Maurice, la fuite des cerveaux n’est pas uniquement liée à la révision salariale, mais aussi à un manque d’opportunités, de perspectives de carrière et d’un écosystème qui inspire confiance et ambition. Pour freiner cette fuite, Maurice doit se positionner comme un centre d’opportunités, de croissance et d’espoir. Cela passe par des politiques qui valorisent les talents locaux, encouragent l’innovation, et créent un environnement compétitif et inclusif. Investir dans des secteurs stratégiques, renforcer l’éducation et favoriser les collaborations public-privé peuvent transformer Maurice en un hub attractif pour les compétences locales et internationales.</p> <p><strong>Parlons de la Mauritius Investment Corporation (MIC), qui se révèle être une véritable boîte de Pandore. L’audit trail de la Banque de Maurice a révélé que des milliards de roupies ont été accordées à des entreprises proches de l’ancien régime. Comment remettre de l’ordre dans cette institution ?</strong></p> <p>Pour remettre de l’ordre dans la MIC, un audit indépendant est indispensable pour identifier les abus et responsabiliser les acteurs impliqués. Une transparence accrue, avec des rapports détaillés sur les activités et décisions, est également cruciale pour rétablir la confiance. Cependant, Maurice, avec ses ressources limitées, ne peut se permettre de gérer un fonds souverain comme la MIC. La gestion de tels fonds exige une gouvernance rigoureuse, des ressources importantes et une indépendance politique, ce qui manque actuellement. À moyen terme, la dissolution de la MIC apparaît comme une solution viable. Les fonds publics devraient être redirigés vers des projets structurants et des secteurs stratégiques, avec une supervision renforcée, pour garantir une gestion économique efficace et alignée sur les priorités nationales.</p> </div> <div class="field field--name-field-disqus field--type-disqus-comment field--label-hidden field--item"><drupal-render-placeholder callback="Drupal\disqus\Element\Disqus::displayDisqusComments" arguments="0=Anthony%20Leung%20Shing%20%3A%20%C2%ABLe%20paiement%20du%2014e%20mois%20va%20cr%C3%A9er%20une%20illusion%20de%20croissance%2C%20mais%20elle%20n%E2%80%99est%20pas%20durable%C2%BB&amp;1=http%3A//defimedia.info/anthony-leung-shing-le-paiement-du-14e-mois-va-creer-une-illusion-de-croissance-mais-elle-nest-pas-durable&amp;2=node/166648" token="s4uWiEAog__HboTS7HmejiixDfZDZnIKc3lGt8i9W98"></drupal-render-placeholder></div> Mon, 23 Dec 2024 03:57:00 +0000 Christina Vilbrin 166648 at http://defimedia.info Takesh Luckho, économiste : «Un changement fondamental de philosophie économique est nécessaire» http://defimedia.info/takesh-luckho-economiste-un-changement-fondamental-de-philosophie-economique-est-necessaire <span>Takesh Luckho, économiste : «Un changement fondamental de philosophie économique est nécessaire»</span> <span><span lang="" about="/users/philbert" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Patrick Hilbert</span></span> <span>dim 15/12/2024 - 07:00</span> <div class="field field--name-field-main-picture field--type-image field--label-hidden field--item"> <img src="/sites/default/files/styles/node_content_picture/public/takesh_luckho.jpg?itok=U5pMFnWt" width="1280" height="720" alt="" typeof="foaf:Image" class="img-responsive" /> </div> <div class="field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field--item"><p>L’économiste Takesh Luckho souligne l’ampleur de la tâche qui attend le gouvernement pour redresser la situation économique du pays. Cependant, avec les bonnes décisions, un changement de philosophie et une gestion rigoureuse et de la bonne gouvernance, Maurice peut être remis sur les rails et avancer vers un nouveau pallier de développement.<br /> <br /> <strong>Le Premier ministre a fait un état des lieux de l’économie au Parlement mardi. Que faut-il retenir de cet exercice ?</strong>&nbsp;<br /> Le Premier ministre a présenté un état des lieux de l’économie nationale au Parlement mardi, révélant une situation moins reluisante que ce qui avait été précédemment affiché. Lors de cet exercice, il a dénoncé des manipulations statistiques par le régime MSM, affirmant que les indicateurs économiques avaient été artificiellement embellis. Selon lui, les revenus avaient été systématiquement surestimés, tandis que les dépenses réelles étaient sous-évaluées, créant une image trompeuse de la santé économique du pays. Il a souligné que cette approche avait pour but de masquer les déséquilibres budgétaires, contribuant à une perception erronée de la gestion économique.&nbsp;</p> <p>Le diagnostic du Premier ministre souligne également que l’économie de Maurice n’est pas aussi florissante qu’on le prétendait. Derrière les discours optimistes et les rapports édulcorés, des défis structurels majeurs persistent : un endettement public préoccupant, des secteurs-clés en perte de vitesse, et une dépendance excessive à certains marchés extérieurs. Ces failles, masquées par des présentations exagérément optimistes, exigent des réformes urgentes pour restaurer une trajectoire de croissance durable. Cet exercice de vérité met également en lumière l’importance d’une gestion économique responsable et transparente. La manipulation des chiffres sous le précédent régime ne compromet pas seulement la confiance des investisseurs, mais érode également celle de la population envers les institutions. Le Premier ministre a appelé à un nouveau cap, basé sur des données réalistes et une gestion rigoureuse, pour remettre l’économie mauricienne sur les rails.</p> <p><strong>La situation est-elle vraiment aussi grave qu’il le dit ou s’agit-il d’abord de «&nbsp;management of people’s opinion&nbsp;» ?</strong><br /> La situation économique décrite par Navin Ramgoolam est très grave, dépassant le cadre d’une simple gestion de l’opinion publique. Les indicateurs financiers clés, tels qu’une dette publique dépassant le seuil critique de 80 % du PIB (83,4 % au lieu de 77,6 %), un déficit budgétaire qui a doublé (5,7 % au lieu de 3,9 %), et la santé déclinante de plusieurs organismes parapublics, témoignent d’une crise réelle qui ne peut être ignorée. Une dette publique supérieure à 80 % est un signal d’alerte sérieux. Ce niveau de surendettement compromet non seulement la capacité de l’État à financer ses dépenses courantes, mais expose également le pays à des risques accrus face à des chocs économiques externes, comme des fluctuations des taux d’intérêt ou des perturbations dans les marchés internationaux. Les marges de manœuvre pour lancer de nouveaux projets ou répondre à des urgences économiques se réduisent drastiquement dans un tel contexte. Le déficit budgétaire doublé ajoute à cette inquiétude. Un tel déséquilibre, où les dépenses publiques excèdent massivement les revenus, reflète soit une mauvaise planification budgétaire, soit une incapacité à générer suffisamment de recettes, notamment à travers les taxes ou la croissance économique. Cela aggrave encore les pressions sur les finances publiques et alimente la spirale de la dette.</p> <p><strong>Comment renverser la tendance&nbsp;? À quoi faut-il s’attaquer en premier&nbsp;?</strong><br /> Pour renverser la vapeur et remettre l'économie de Maurice sur la bonne voie, un changement fondamental de philosophie économique est nécessaire. Il s’agit d’abandonner un modèle axé sur la surconsommation et l’endettement pour privilégier une croissance durable, centrée sur la productivité et l’innovation. Cette transition demande une refonte des priorités économiques et des réformes ciblées pour créer un écosystème favorable au développement à long terme. En premier lieu, il faut miser sur une économie productive. Cela passe par des investissements stratégiques dans des secteurs porteurs comme les énergies renouvelables, les technologies numériques et l’agriculture durable.&nbsp;</p> <p>Renforcer les capacités locales de production permettra de réduire la dépendance aux importations et de stimuler la création d’emplois qualifiés. L’innovation doit également devenir un pilier central. En encourageant la recherche et le développement ainsi que les partenariats entre le secteur privé et les institutions académiques, Maurice pourra se positionner comme un acteur compétitif dans des industries émergentes.&nbsp;</p> <p>Par ailleurs, une gestion fiscale et monétaire plus responsable est cruciale. Le gouvernement doit adopter des politiques budgétaires prudentes, réduisant les dépenses inutiles et orientant les ressources vers des projets qui génèrent une réelle valeur ajoutée. Sur le plan monétaire, maintenir une stabilité des prix et des taux d’intérêt favorables à l’investissement est essentiel pour restaurer la confiance des marchés.</p> <p><strong>Plusieurs entités ont des milliards de roupies de dettes (CWA, CEB, Wastewater Management Authority, NTC...). Peut-on redresser la situation sans alourdir la fiscalité ou augmenter les tarifs ?</strong><br /> Il est possible de redresser la situation des entités publiques endettées, comme la CWA ou le CEB, sans alourdir la fiscalité ou augmenter les tarifs, à condition de mener une gestion plus rigoureuse et de s'attaquer directement aux sources de gaspillage. Des rapports d’audit détaillés peuvent révéler des domaines où des économies substantielles peuvent être réalisées, comme des pratiques de gestion inefficientes, des contrats mal négociés ou des dépenses excessives en matière de maintenance et de fonctionnement. Par exemple, les gaspillages liés à la consommation d’énergie ou à des équipements sous-utilisés peuvent être réduits par l'optimisation des ressources et la modernisation des infrastructures.&nbsp;</p> <p><strong>Quelles pourraient être des solutions ?</strong><br /> D’autre solutions sont en termes de révision des processus d’approvisionnement et une meilleure gestion des ressources humaines permettent également de limiter les coûts inutiles. Par la mise en œuvre de pratiques de gouvernance plus transparentes, le suivi rigoureux des budgets et des objectifs de performance, ces entités publiques peuvent redresser leur situation financière. Aussi, il faudra penser à promouvoir des partenariats public-privé (PPP). Ces collaborations permettent d'attirer des investissements privés pour moderniser les infrastructures et les services sans nécessiter un financement public direct. Par exemple, dans le secteur de l’énergie, des partenariats avec des entreprises privées pourraient permettre de développer des projets d’énergies renouvelables, réduisant ainsi les coûts opérationnels à long terme.</p> <p><strong>Comment freiner la dette publique, qui est passée de Rs 238 milliards fin décembre 2014 à Rs 449,1 milliards à fin juin 2024 ?</strong><br /> Freiner la dette publique, qui a presque doublé en une décennie pour atteindre Rs 449,1 milliards, nécessite une stratégie rigoureuse fondée sur des priorités claires. La gestion des dépenses gouvernementales doit être la première étape. Il est crucial d'identifier et de réduire les dépenses non essentielles, tout en optimisant l’efficacité des investissements publics. Les projets qui ne génèrent pas de retours économiques ou qui alourdissent le déficit doivent être revus, et des audits réguliers devraient être instaurés pour garantir une utilisation transparente et efficace des fonds publics. Ensuite, diversifier et augmenter les sources de revenus est essentiel. Le gouvernement peut explorer des avenues comme l’expansion de l’économie numérique, la promotion des industries vertes, ou encore des partenariats public-privé pour alléger les charges financières.&nbsp;</p> <p>Une réforme fiscale progressive, qui inclut une taxation équitable des entreprises et des hauts revenus, pourrait également renforcer les recettes de l’État sans pénaliser les ménages les plus vulnérables. Enfin, le gouvernement doit s’engager à maintenir une discipline budgétaire stricte à travers des lois de responsabilité fiscale. Ces mesures, combinées à une stratégie de croissance économique soutenue, sont indispensables pour maîtriser la dette et restaurer la viabilité des finances publiques.</p> <p><strong>Une dette publique élevée est-elle vraiment un problème pour un pays ?</strong><br /> Une dette publique élevée peut devenir un problème sérieux pour un pays, mais tout dépend de sa gestion et de sa finalité. Lorsqu’elle est utilisée judicieusement, pour financer des projets d’infrastructure, des investissements dans l’éducation ou la santé, elle peut stimuler la croissance économique et améliorer le bien-être général. Cependant, une dette mal gérée ou excessive peut avoir des répercussions négatives considérables.&nbsp;<br /> Tout d'abord, un endettement élevé accroît les obligations de remboursement, ce qui réduit les ressources disponibles pour des dépenses essentielles. Les paiements d’intérêts deviennent une charge budgétaire importante, limitant la capacité d’un gouvernement à investir dans des secteurs prioritaires. Ensuite, si les investisseurs perdent confiance dans la capacité d’un pays à rembourser sa dette, cela peut entraîner une hausse des taux d’intérêt, rendant l’emprunt encore plus coûteux.&nbsp;</p> <p>De plus, un niveau élevé de dette publique peut freiner la croissance à long terme. Il exerce une pression sur la politique monétaire et limite les marges de manœuvre pour réagir aux crises économiques. Enfin, un endettement excessif risque de peser sur les générations futures, qui devront supporter le fardeau des remboursements.</p> <p><strong>Un autre défi conséquent est le chômage, avec 17 500 chômeurs qui ne possèdent même pas de SC. Comment faire pour les «&nbsp;take on board&nbsp;» et réduire le taux de chômage ?</strong><br /> Pour intégrer ces chômeurs sans qualifications scolaires suffisantes et réduire le taux de chômage, il est essentiel d’adopter une stratégie axée sur la formation, le re-skilling (requalification) et l'up-skilling (montée en compétences). Cela implique une approche inclusive et pragmatique, adaptée aux réalités du marché du travail local.&nbsp;</p> <p>Le développement et la promotion des formations polytechniques sont cruciales. Ces institutions peuvent offrir des cursus courts et pratiques dans des domaines à forte demande, tels que la construction, le tourisme, la logistique ou encore les technologies émergentes. En facilitant l’accès à ces programmes par des subventions ou des bourses, davantage de chômeurs pourront acquérir des compétences directement employables. Ensuite, la requalification des travailleurs est indispensable pour répondre aux besoins d’un marché du travail en constante évolution. Des partenariats entre le gouvernement, les entreprises et les centres de formation pourraient permettre de concevoir des programmes adaptés aux secteurs en pénurie de main-d'œuvre. &nbsp;Il est aussi important de valoriser les métiers manuels et techniques par des campagnes de sensibilisation et des incitations financières. Ces métiers, souvent sous-estimés, offrent pourtant des opportunités d’emploi stables et rémunératrices.</p> <p><strong>À cela, il faut ajouter un véritable «&nbsp;brain drain&nbsp;» vers l’étranger. Avec quels outils pourrait-on renverser la tendance ?</strong><br /> Le phénomène de « brain drain », ou fuite de cerveaux, constitue un défi sérieux pour Maurice, car il prive le pays de talents essentiels à son développement. Pour renverser cette tendance, il est nécessaire de mettre en place des mesures attractives et durables qui incitent les Mauriciens à rester ou à revenir contribuer à l’économie nationale.&nbsp;</p> <p>Premièrement, améliorer les conditions de travail et les perspectives de carrière est crucial. Cela passe par une revalorisation salariale compétitive, des opportunités de formation continue et des environnements professionnels dynamiques. Des programmes spécifiques, comme des incitations fiscales pour les professionnels hautement qualifiés ou des subventions pour la recherche et l’innovation, pourraient également renforcer l’attrait local. &nbsp;Deuxièmement, l’entrepreneuriat et l’innovation doivent être encouragés. En créant un écosystème favorable aux startups, notamment grâce à des fonds d’investissement, des espaces collaboratifs et un accès facilité au crédit, Maurice peut retenir ses talents et attirer ceux de la diaspora.&nbsp;</p> <p>Par ailleurs, pour ceux qui souhaitent s’expatrier, des politiques de « mobilité circulaire » pourraient être mises en place, permettant aux expatriés de conserver des liens économiques et professionnels avec le pays. Ces liens pourraient inclure des collaborations à distance, des transferts de savoir-faire ou des projets de mentorat. Il faut aussi pouvoir promouvoir un cadre de vie de qualité, avec des infrastructures modernes, une éducation accessible et un environnement sûr, est essentiel.&nbsp;</p> <p><strong>Le gouvernement parle de diversification économique, notamment avec l’introduction de l’économie bleue et verte. Ces projets sont-ils réalistes à court terme ?</strong><br /> L’introduction de l’économie bleue et verte dans la stratégie de diversification économique du gouvernement est une démarche ambitieuse et porteuse de potentiel. Toutefois, sa réalisation à court terme présente des défis significatifs qui nécessitent une planification rigoureuse et des investissements ciblés. L’économie bleue, qui repose sur l’exploitation durable des ressources marines, est réaliste à condition de développer des infrastructures adaptées et d’encadrer les activités liées à la pêche, l’aquaculture et le tourisme maritime. Par exemple, des initiatives comme la production d’énergie marine renouvelable ou la valorisation des ressources sous-marines peuvent générer des revenus tout en protégeant l’environnement.&nbsp;</p> <p>Cependant, ces projets nécessitent des investissements initiaux conséquents, des technologies spécialisées et une main-d'œuvre qualifiée, ce qui pourrait limiter leur impact immédiat. De même, l’économie verte, axée sur la transition écologique, offre d’immenses opportunités à moyen et long termes, notamment dans les énergies renouvelables, l’agriculture durable et la gestion des déchets. À court terme, cependant, le défi réside dans la mise en place des infrastructures nécessaires et dans l’incitation des entreprises à adopter des pratiques respectueuses de l’environnement.&nbsp;</p> <p>Pour maximiser les chances de succès, le gouvernement doit prioriser des projets pilotes à court terme dans ces domaines, qui démontrent leur viabilité et attirent des investissements. Par exemple, des fermes solaires ou des initiatives locales d’écotourisme peuvent servir de modèles.</p> <p><strong>La dépendance croissante à l’importation de produits alimentaires pose un problème de sécurité alimentaire. Est-il encore possible de promouvoir une agriculture locale viable ?</strong><br /> La dépendance croissante à l'importation de produits alimentaires est un problème majeur qui expose Maurice à des fluctuations de prix mondiaux et à des perturbations des chaînes d'approvisionnement. Cependant, il est tout à fait possible de promouvoir une agriculture locale viable pour renforcer la sécurité alimentaire du pays, à condition de mettre en œuvre des stratégies adaptées et durables. Le gouvernement doit investir dans des infrastructures agricoles modernes, telles que l’irrigation efficace, les technologies de production avancées et des systèmes de stockage performants. Ces améliorations permettraient aux agriculteurs locaux d’augmenter leurs rendements tout en réduisant les pertes post-récolte.&nbsp;</p> <p>Par ailleurs, des incitations financières et des subventions ciblées pourraient encourager davantage de Mauriciens à s’engager dans l’agriculture, en particulier dans des cultures stratégiques essentielles pour la consommation locale. Ensuite, la diversification agricole est cruciale. En encourageant la culture de variétés adaptées aux conditions climatiques locales et en introduisant des pratiques agricoles durables, Maurice peut réduire sa dépendance aux importations tout en protégeant ses ressources naturelles. Enfin, la collaboration entre le gouvernement, le secteur privé et les coopératives agricoles peut créer un écosystème de soutien pour les agriculteurs, en facilitant l’accès aux marchés locaux et internationaux.&nbsp;</p> <p><strong>L’inflation pèse lourdement sur le pouvoir d’achat des Mauriciens. Quelles mesures concrètes le gouvernement peut-il prendre pour y remédier ?</strong><br /> Pour atténuer l’impact de l’inflation sur le pouvoir d’achat des Mauriciens, le gouvernement peut mettre en place un ensemble de mesures concrètes et ciblées. Ces initiatives doivent à la fois réduire la pression sur les prix et soutenir les revenus des ménages les plus vulnérables. Le rapport sur l’état de notre économie a démonté un taux cumulé sur le coût de la nourriture de 33 % comparé au taux de 22 % sur l’inflation en général. Premièrement, des politiques fiscales peuvent être ajustées pour alléger le fardeau des consommateurs. Par exemple, réduire temporairement les taxes sur les produits de première nécessité comme les denrées alimentaires, le carburant et les médicaments pourrait contribuer à atténuer la hausse des prix. En parallèle, des subventions ciblées sur ces produits essentiels pourraient bénéficier directement aux ménages à faibles revenus. L’Alliance du Changement propose de mettre en place un fond de stabilisation de Rs 10 milliards en ce sens. Deuxièmement, des initiatives pour stabiliser l’offre sont cruciales. Le gouvernement pourrait encourager la production locale pour réduire la dépendance aux importations, notamment dans les secteurs agricoles et manufacturiers. Des partenariats avec les producteurs locaux et des incitations financières pourraient aider à contenir les coûts.</p> <p><strong>Pensez-vous que les institutions publiques actuelles sont suffisamment équipées pour gérer les défis économiques à venir ou faut-il envisager des réformes profondes ?</strong><br /> Pour renforcer leur efficacité, des réformes profondes s’imposent. Ces réformes doivent s’appuyer sur trois piliers fondamentaux : la compétence, la responsabilité et l’orientation vers le bien-être de la population. Tout d’abord, il est crucial de privilégier la compétence dans la gestion des institutions publiques. Les nominations doivent être fondées sur le mérite, les qualifications et l’expérience, et non sur des considérations politiques ou personnelles. En plaçant les bonnes personnes aux bons postes, les institutions seront mieux préparées à concevoir et à exécuter des politiques efficaces. Ensuite, la responsabilité doit être un principe clé. Les individus ayant commis des fautes ou des abus de pouvoir doivent être tenus pour responsables. Cela passe par des mécanismes de contrôle rigoureux et transparents, ainsi que par une justice indépendante.&nbsp;</p> <p>La lutte contre la corruption doit être renforcée pour restaurer la confiance des citoyens. Enfin, les institutions publiques doivent recentrer leur mission sur le service au pays et le bien-être de la population. Elles doivent adopter une approche proactive, innovante et inclusive pour répondre aux besoins économiques et sociaux.</p> </div> <div class="field field--name-field-disqus field--type-disqus-comment field--label-hidden field--item"><drupal-render-placeholder callback="Drupal\disqus\Element\Disqus::displayDisqusComments" arguments="0=Takesh%20Luckho%2C%20%C3%A9conomiste%20%3A%C2%A0%C2%ABUn%20changement%20fondamental%20de%20philosophie%20%C3%A9conomique%20est%20n%C3%A9cessaire%C2%BB&amp;1=http%3A//defimedia.info/takesh-luckho-economiste-un-changement-fondamental-de-philosophie-economique-est-necessaire&amp;2=node/166385" token="LMPx_R8aJm7A4H7dg7PeRiM_5la4igFpQFHvj4njdoo"></drupal-render-placeholder></div> Sun, 15 Dec 2024 03:00:00 +0000 Patrick Hilbert 166385 at http://defimedia.info