Interview http://defimedia.info/categorie/interview fr Dr Chandan Jankee, économiste : «Il est temps de mettre en place un système de ciblage»  http://defimedia.info/dr-chandan-jankee-economiste-il-est-temps-de-mettre-en-place-un-systeme-de-ciblage <span>Dr Chandan Jankee, économiste : «Il est temps de mettre en place un système de ciblage» </span> <span><span lang="" about="/users/cvilbrin" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Christina Vilbrin</span></span> <span>jeu 05/06/2025 - 07:00</span> <div class="field field--name-field-main-picture field--type-image field--label-hidden field--item"> <img src="/sites/default/files/styles/node_content_picture/public/jankee_1.jpg?itok=icCtLeLA" width="1280" height="720" alt="" typeof="foaf:Image" class="img-responsive" /> </div> <div class="field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field--item"><p>Avec une marge de manœuvre politique renforcée, le nouveau gouvernement peut amorcer des réformes structurelles ambitieuses, soutient le Dr Chandan Jankee. Mais son premier Budget devra trouver le juste équilibre entre relance économique et préservation des acquis sociaux. Pour cela, l’économiste recommande des réformes ciblées, une rationalisation des ressources publiques et une lutte efficace contre les gaspillages.</p> <p><strong>Le premier Budget de ce quinquennat sera présenté ce jeudi 5 juin. Doit-on s’attendre à un changement&nbsp;de cap économique ?&nbsp;</strong><br /> Je ne m’attends pas à des changements majeurs, compte tenu de la structure actuelle de notre économie et de nos ‘stakeholders’. Nous devons prôner la continuité, tout en introduisant plusieurs réformes ciblées. Notre modèle économique reste bien défini : le gouvernement joue un rôle de facilitateur, tandis que la dynamique repose en grande partie sur la capacité du secteur privé à investir. Les évolutions à venir pourraient porter sur la stratégie économique, avec l’émergence de nouveaux piliers ou le renforcement des secteurs déjà en place. Une attention particulière devrait être accordée à l’économie bleue, au secteur de l’énergie, aux industries d’exportation, à l’agro-industrie, à la production locale et aux PME.</p> <p><strong>De quelle marge de manœuvre disposent les Finances quand on sait que le pays doit conjuguer avec un déficit budgétaire de Rs 48,5 milliards, soit 6,7 % du PIB, un niveau d’endettement qui frôle les 90 % du PIB et une croissance qui sera plus faible cette année&nbsp;?</strong><br /> Le gouvernement fait face à des défis, c’est indéniable. Pour autant, il est essentiel de rester optimistes. Il y a quelques années à peine, les obstacles étaient bien plus redoutables, notamment pendant la pandémie, qui a entraîné une contraction de 14,3 % de l’économie. L’ancien gouvernement a dû affronter cette tempête, et c’est grâce à des piliers économiques solides que le pays a pu rebondir. Aujourd’hui, la situation est loin d’être aussi chaotique. Même les institutions comme le Fonds monétaire international et la Banque mondiale, tout en conseillant une réforme fiscale, ne formulent rien de négatif sur l’économie ou la gouvernance économique du pays.</p> <p>Quant à la dette, elle résulte en grande partie des emprunts contractés lors des périodes difficiles et des allocations que l’ancien gouvernement a accordées ici et là. Le nouveau gouvernement doit maintenant trouver des moyens de stimuler la croissance, mais sans remettre en cause les prestations sociales, déjà intégrées dans les revenus de nombreux Mauriciens. Avec un coût de la vie élevé, il est crucial de préserver le pouvoir d’achat, surtout des plus vulnérables. Le gouvernement doit chercher d’autres options pour augmenter ses revenus. Des solutions existent : accroître les recettes fiscales, éviter les gaspillages dans certains secteurs et engager des réformes pour mieux rationaliser la gestion des finances publiques.</p> <p><strong>Vous dites que la situation n’est pas chaotique…</strong><br /> Malgré un niveau élevé de dette, un déficit budgétaire important et un ralentissement de la croissance, l’économie mauricienne demeure résiliente. Le pays dispose déjà d’une base économique solide qui peut servir de tremplin à une nouvelle stratégie axée sur l’efficacité, l’innovation et une certaine discipline, dans le but d’accélérer la croissance. Le gouvernement devra, à travers son Budget, restaurer la confiance de la population et des «&nbsp;stakeholders&nbsp;», notamment des investisseurs locaux et étrangers. Il est crucial de leur prouver que l’économie mauricienne conserve un fort potentiel, tant pour la production locale que pour l’exportation.</p> <p>Il est aussi impératif de maintenir notre stratégie tournée vers l’Afrique, un marché vaste et porteur, en capitalisant sur la réputation de Maurice en matière de bonne gouvernance et sur ses autres atouts reconnus sur le continent. Par ailleurs, le pays bénéficiera d’un package financier provenant de la rente des Chagos : c’est à l’équipe économique du gouvernement de déterminer comment en faire un levier de développement, notamment sur le plan social.</p> <p>Cela dit, le gouvernement a pris la position de dire que les caisses sont vides et que la situation économique est mauvaise. Il sera donc intéressant de voir quelles mesures innovantes seront proposées pour réduire les dépenses publiques et relancer la croissance. Ce qui est important, c’est que le gouvernement fasse preuve de cohérence et de crédibilité, qu’il exécute sa stratégie, et surtout, qu’il respecte ses engagements et promesses dans les délais annoncés.</p> <p><strong>Le gouvernement compte tabler sur l’investissement et rompre avec le modèle économique actuel basé sur la consommation. Cette transition est-elle facile à mener quand on sait que la majorité des investissements du pays sont consentis dans l’immobilier&nbsp;?&nbsp;</strong><br /> C’est un slogan politique ! À court terme, il est très difficile de passer d’un modèle axé sur la consommation à un modèle centré sur l’investissement. Certes, les investissements publics et privés ont progressé par rapport aux années précédentes. Mais pour stimuler véritablement l’investissement, des réformes en profondeur sont nécessaires. Il faut s’attaquer à la pénurie de main-d’œuvre, qu’elle soit peu ou hautement qualifiée, à la bureaucratie excessive et au manque d’efficacité de notre secteur public. Prenons la CWA ou le CEB : leur inefficience est bien réelle, mais souvent masquée par des hausses tarifaires.</p> <p>Par ailleurs, une partie de la dette nationale provient de l’endettement des corps paraétatiques. De même, on ne peut non plus ignorer les failles de notre système hospitalier. Ce sont là des problèmes systémiques et structurels. Depuis des décennies, tous les gouvernements promettent une amélioration des services publics, sans changement réel. Il est temps d’agir. Le gouvernement doit impérativement réformer le système pour en accroître l’efficacité. Je souhaite qu’on fasse la transition vers une économie fondée sur l’investissement, mais elle prendra beaucoup de temps.</p> <p><strong>Justement, il y a de fortes attentes pour des réformes dans le Budget 2025-2026. Comment devraient s’articuler ces réformes&nbsp;?&nbsp;</strong><br /> Je pense que le gouvernement, fort de sa victoire écrasante aux législatives avec un 60-0, dispose d’un mandat solide pour engager les réformes nécessaires. Il doit s’appuyer sur la loi pour avancer rapidement, notamment en introduisant une Fiscal Responsibility Act afin de prévenir le gaspillage des fonds publics et de renforcer la culture de responsabilité. La discipline est essentielle, et les réformes doivent toucher tous les secteurs.</p> <p>À mon avis, il est grand temps de prendre des décisions courageuses, notamment en introduisant un système de ciblage. L’éducation, par exemple, doit rester gratuite pour les plus vulnérables, mais peut devenir payante pour ceux qui ont les moyens. Il en va de même pour la santé. Une réforme du développement immobilier s’impose également. Aujourd’hui, ce secteur bénéficie surtout à une minorité. Il fonctionne presque comme une économie parallèle. Le gouvernement doit intervenir pour stabiliser les prix des terrains, qui flambent et empêchent de nombreux citoyens d’accéder à la propriété. Enfin, une réforme du système de pension devient urgente face au vieillissement de la population et à la baisse du ratio de dépendance. Un ciblage de la pension de vieillesse, dans un esprit de solidarité, devient incontournable. Le coût de ce dispositif devient de plus en plus lourd et n’est pas viable à long terme.</p> <p><strong>Des craintes subsistent selon lesquelles les allocations de salaires et d’autres allocations sociales seront supprimées. L’économie prendra-t-elle le pas sur le social&nbsp;?</strong><br /> Relancer l’économie est essentiel. Mais le gouvernement doit impérativement préserver les prestations sociales. Les allocations versées jouent un rôle crucial pour les plus vulnérables, qui les ont déjà intégrées dans leur budget quotidien. Le coût de la vie élevé est l’un des défis majeurs du pays. L’État a donc la responsabilité de garantir un niveau et une qualité de vie décents pour l’ensemble de la population.<br /> &nbsp;</p> </div> <div class="field field--name-field-disqus field--type-disqus-comment field--label-hidden field--item"><drupal-render-placeholder callback="Drupal\disqus\Element\Disqus::displayDisqusComments" arguments="0=Dr%20Chandan%20Jankee%2C%20%C3%A9conomiste%C2%A0%3A%20%C2%ABIl%20est%20temps%20de%20mettre%20en%20place%20un%20syst%C3%A8me%20de%20ciblage%C2%BB%C2%A0&amp;1=http%3A//defimedia.info/dr-chandan-jankee-economiste-il-est-temps-de-mettre-en-place-un-systeme-de-ciblage&amp;2=node/172727" token="77MsEjA4fnw77n_5KFP8mK7f8bpSz79Eo3nZJGuBzys"></drupal-render-placeholder></div> Thu, 05 Jun 2025 03:00:00 +0000 Christina Vilbrin 172727 at http://defimedia.info Christophe Panhard : «Maurice en route pour devenir un véritable centre d’expertise financière mondial» http://defimedia.info/christophe-panhard-maurice-en-route-pour-devenir-un-veritable-centre-dexpertise-financiere-mondial <span>Christophe Panhard : «Maurice en route pour devenir un véritable centre d’expertise financière mondial»</span> <span><span lang="" about="/users/pdaby" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Pradeep Daby</span></span> <span>mer 04/06/2025 - 07:00</span> <div class="field field--name-field-main-picture field--type-image field--label-hidden field--item"> <img src="/sites/default/files/styles/node_content_picture/public/christophe_panhard.jpg?itok=Men4YCLJ" width="1280" height="720" alt="" typeof="foaf:Image" class="img-responsive" /> </div> <div class="field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field--item"><p>Christophe Panhard, banquier, ex-EDHEC Business School et Chief Client Relationship Officer de Necker Finance, fait valoir que le « secteur financier mauricien connaît une transformation rapide qui renforce son attractivité auprès d’investisseurs et de familles à travers le monde. » Il indique également que Maurice doit être capable d’attirer des talents qualifiés, « qu’ils viennent de l’étranger ou qu’ils soient issus de la diaspora mauricienne ».<br /> <br /> <strong>Comment expliquez-vous les bonnes performances annuelles du secteur bancaire mauricien en dépit des deux chocs occasionnés par la covid-19 et le conflit militaire en Ukraine ?</strong><br /> La résilience exceptionnelle du secteur bancaire mauricien révèle la sagesse d’une stratégie sur le long terme fondée sur trois piliers fondamentaux. D’abord, nos organismes ont privilégié une approche prudente qui transcende les cycles économiques - capitalisation robuste, diversification géographique et innovation technologique anticipée. Cette vision nous a permis de transformer la crise en catalyseur d’accélération numérique.</p> <p>Ensuite, l’écosystème mauricien s’appuie sur un cadre de gouvernance financière structuré, résultant d’une coordination active entre la Banque de Maurice, les organismes concernés et les autorités publiques. Cette coordination stratégique a facilité une réponse agile aux chocs exogènes, maintenant la fluidité du crédit tout en préservant la stabilité systémique.</p> <p>Enfin, notre positionnement géostratégique au cœur de l’océan Indien nous confère une diversification naturelle des revenus. Nos banques puisent leur force dans un portefeuille de marchés complémentaires, créant ainsi une résilience structurelle face aux turbulences mondiales. Cette approche multipolaire s’avère aujourd’hui prophétique dans un monde de plus en plus fragmenté.</p> <p><strong>En tant que gestionnaire de fonds et de biens, quel regard portez-vous sur ce secteur à Maurice ?</strong><br /> Le secteur financier mauricien connaît une transformation rapide qui renforce son attractivité auprès d’investisseurs et de familles à travers le monde. Grâce à un environnement réglementaire solide, une stabilité politique et une volonté affirmée d’ouverture, Maurice se positionne comme une plateforme de référence pour la gestion de patrimoine à l’échelle régionale et internationale, et attire une clientèle internationale de plus en plus sophistiquée.</p> <p>Chez Necker Finance, nous constatons une montée en puissance de la demande pour des solutions patrimoniales personnalisées, allant de la structuration et de la transmission intergénérationnelle à un accompagnement stratégique sur le long terme. Nos clients individuels — qu’il s’agisse d’entrepreneurs africains, de familles fortunées ou d’expatriés européens — recherchent un partenaire de confiance, capable de conjuguer maîtrise de la complexité réglementaire internationale et protection de leurs intérêts patrimoniaux. Quant à nos clients institutionnels, ils s’orientent vers une expertise technique rigoureuse et des solutions à forte valeur ajoutée. Cette dynamique confirme que Maurice n’est plus seulement une plateforme de structuration : le pays est en route pour devenir un véritable centre d’expertise financière reconnu mondialement.</p> <p>Pour aller plus loin, certains défis doivent encore être relevés, notamment lorsqu’il s’agit : d’attirer des talents qualifiés, qu’ils viennent de l’étranger ou qu’ils soient issus de la diaspora mauricienne. Il faut aussi accélérer la simplification et la numérisation des processus bancaires et &nbsp;favoriser une coordination accrue entre tous les acteurs publics et les opérateurs privés afin de renforcer l’attractivité et l’efficacité de la place. Necker Finance est pleinement engagée dans cette ambition collective. Nous contribuons activement aux groupes de travail organisés par les autorités pour faire évoluer l’écosystème financier mauricien, et offrir aux clients un environnement toujours plus fluide, transparent et tourné vers l’avenir.</p> <p><strong>Pourquoi le grand public mauricien n’est-il pas si enclin à réaliser des placements dans des fonds d’investissement et préfère placer ses économies dans des banques ?</strong><br /> Cette préférence pour la sécurité bancaire traditionnelle s’enracine dans un héritage culturel compréhensible, mais aujourd’hui inadapté aux réalités économiques contemporaines. L’aversion au risque, historiquement justifiée, devient paradoxalement un risque en soi dans un environnement inflationniste où l’immobilisme érode le pouvoir d’achat.</p> <p>Nous assistons cependant à une révolution silencieuse des mentalités. L’émergence d’une classe moyenne éduquée et connectée transforme progressivement la perception de l’investissement. Les Mauriciens comprennent désormais que la véritable prudence consiste à diversifier intelligemment plutôt qu’à subir passivement l’érosion monétaire.</p> <p>Notre mission transcende la simple intermédiation financière : nous sommes des éducateurs, des accompagnateurs de cette transition culturelle. Cette responsabilité nous oblige à une pédagogie financière irréprochable, transformant la complexité technique en opportunités accessibles et compréhensibles. Les résultats de cette approche sont encourageants et confirment l’évolution des comportements d’épargne de nos concitoyens.</p> <p><strong>À ce jour, existe-t-il des produits financiers de nature à intéresser le grand public ?</strong><br /> L’écosystème financier mauricien a connu une sophistication remarquable, démocratisant l’accès à des instruments d’investissement jadis réservés aux grandes fortunes. Aujourd’hui, nos concitoyens peuvent accéder à des solutions diversifiées. Il y a fonds multi-actifs, produits structurés à capital protégé, ETF mondiaux, investissements immobiliers internationaux et encore Private Equity - le tout avec des tickets d’entrée remarquablement accessibles.</p> <p>Cette démocratisation s’accompagne d’une révolution dans la présentation et la structuration de ces produits. Nous privilégions désormais la transparence absolue : frais explicites, projections réalistes, analyses de risques détaillées. Cette approche pédagogique facilite l’appropriation par des investisseurs moins aguerris.</p> <p>Chez Necker Finance, nous avons également développé une méthodologie propriétaire d’allocation d’actifs, qui repose sur une diversification rigoureuse et une architecture ouverte. Nos allocations intègrent l’ensemble des classes d’actifs : actions, obligations, fonds, matières premières, ainsi que des investissements alternatifs tels que la dette privée, les produits structurés ou encore le private equity, en fonction des objectifs patrimoniaux et du profil de chaque client. Chaque solution s’accompagne de projections chiffrées, de stress tests historiques et prospectifs, offrant une visibilité concrète sur le parcours d’investissement. Cette exigence d’excellence, autrefois réservée à nos clients les plus fortunés, est désormais accessible à l’ensemble de nos investisseurs.</p> <p><strong>Le marché des monnaies numériques peut-il se développer à Maurice, et sous quelles conditions ?</strong><br /> Maurice possède tous les attributs pour devenir un laboratoire d’innovation responsable dans l’univers des actifs numériques. La Financial Services Commission a mis en place un cadre réglementaire structuré et progressif pour encadrer le développement des monnaies numériques et des actifs virtuels. Le point culminant de ces initiatives a été l’adoption de la Virtual Asset and Initial Token Offering Services Act 2021, entrée en vigueur le 7 février 2022.</p> <p>Cependant, bâtir un écosystème crypto-financier durable exige une approche holistique. Au-delà du cadre réglementaire, nous devons aussi développer un véritable hub technologique : formation spécialisée des professionnels, éducation financière du public, définition précise des obligations des plateformes d’échange, stratégie nationale de positionnement régional.</p> <p>Les technologies sous-jacentes offrent des applications concrètes révolutionnaires : titres de propriété digitaux, paiements transfrontaliers instantanés, trade finance automatisé. Dans le contexte mauricien, ces innovations peuvent révolutionner les échanges avec l’Afrique, notamment en renforçant notre rôle de passerelle financière régionale.</p> <p>Le succès dépendra de notre capacité à orchestrer un dialogue permanent entre innovation et régulation, impliquant régulateurs, banques traditionnelles, startups technologiques et institutions académiques. Cette gouvernance collaborative garantira la protection des investisseurs tout en favorisant l’émergence d’une finance moderne et inclusive.</p> <p><strong>Parlez-nous des qualités d’un professionnel comme vous, spécialisé dans la finance ?</strong><br /> L’excellence dans notre métier repose sur un équilibre subtil entre expertise technique et intelligence relationnelle. La maîtrise des instruments financiers et des réglementations internationales constitue le socle indispensable, mais c’est la capacité, en toute indépendance, à traduire cette complexité en solutions concrètes et accessibles qui distingue véritablement un conseiller d’exception.</p> <p>Au cœur de notre profession se trouve l’art de la pédagogie financière : il faut savoir transformer les analyses quantitatives en recommandations personnalisées, adapter notre discours aux spécificités de chaque client, ou encore anticiper les besoins non exprimés. Cette approche exige une écoute active permanente et une empathie professionnelle développée.</p> <p>L’intégrité représente notre boussole morale. Savoir dire non, reconnaître les limites d’un produit, privilégier l’intérêt client sur l’opportunité commerciale immédiate - ces principes forgent une réputation durable et une relation de confiance authentique.</p> <p>Enfin, notre métier étant fondamentalement collaboratif, l’excellence s’épanouit également dans le travail d’équipe. Nos analystes, nos spécialistes sectoriels, nos experts juridiques et fiscaux, répartis entre nos bureaux de Genève et de Maurice, forment un écosystème dans lequel chaque expertise se complète pour offrir une vision à 360 degrés. Cette intelligence collective constitue la véritable valeur ajoutée de notre approche, transformant chaque conseil en une création sur mesure, adaptée aux défis uniques de chaque client.</p> <p><strong>De quelle manière le secteur des finances s’est-il internationalisé et à quels risques expose-t-elle l’économie mondiale ?</strong><br /> La révolution financière contemporaine transcende les simples évolutions technologiques pour redéfinir fondamentalement l’architecture économique mondiale. Aujourd’hui, un investisseur mauricien accède instantanément aux marchés américains, européens ou asiatiques, participant à une démocratisation sans précédent de l’investissement international.</p> <p>Cette interconnexion génère des opportunités extraordinaires : diversification géographique optimale, accès aux champions mondiaux de la croissance, participation aux révolutions technologiques planétaires. Les investisseurs mauriciens peuvent aujourd’hui construire des portefeuilles véritablement globaux, capturant la croissance mondiale dans toute sa diversité.</p> <p>Cependant, cette fluidité comporte des vulnérabilités systémiques. Les crises se propagent désormais à la vitesse de la lumière, transformant les chocs locaux en tempêtes mondiales. Cette réalité exige une gouvernance financière internationale renforcée, une coopération active entre régulateurs et une responsabilisation accrue des acteurs privés.</p> <p>Dans ce contexte, l’accompagnement par un gérant indépendant s’avère plus que jamais essentiel. Seul un expert affranchi de tout conflit d’intérêts peut analyser les risques globaux avec objectivité, construire des allocations alignées sur les objectifs patrimoniaux du client et adapter la stratégie à un environnement en constante mutation.</p> <p>L’enjeu central réside ainsi dans l’équilibre entre innovation et stabilité. Une finance mondialisée sans gouvernance commune engendre instabilité et inégalités. Inversement, une régulation intelligente, conjuguée à une gestion indépendante et éclairée, peut transformer cette interconnexion en moteur de croissance équilibrée, résiliente et inclusive. Notre responsabilité, en tant que professionnels aguerris du monde de la finance, consiste à bien naviguer cette complexité tout en préservant les intérêts de nos clients et la stabilité systémique.</p> <p><strong>Quelles peuvent être les répercussions de la nouvelle politique tarifaire décidée par le président Trump sur votre profession ?</strong><br /> Les politiques protectionnistes américaines illustrent parfaitement la complexité géopolitique contemporaine et ses implications financières. Toute mesure de cette ampleur génère de multiples ondulations : volatilité accrue des marchés, redistribution des flux d’investissement, reconfiguration des chaînes de valeur mondiales.</p> <p>Pour notre profession, ces bouleversements représentent simultanément un défi et une opportunité. Notre agilité stratégique nous permet de réorienter rapidement les allocations sectorielles et géographiques, de capturer les opportunités émergentes tout en préservant une vision de long terme. Cette capacité d’adaptation différencie les gestionnaires d’élite des simples suiveurs de tendances.</p> <p>La diversification structurelle de nos portefeuilles, combinée à notre expertise géographique, permet à Necker Finance d’aborder ces turbulences avec sérénité. Plutôt que de les subir, nous les anticipons activement et les convertissons en leviers d’opportunités pour nos clients.</p> <p>Ces épisodes renforcent également notre rôle pédagogique auprès de notre clientèle, les sensibilisant aux bénéfices de la diversification internationale, de la résilience des portefeuilles et de la gestion active des risques géopolitiques.&nbsp;</p> <p>Par ailleurs, les questions sous-jacentes - endettement public américain, prépondérance du dollar - appellent à une réflexion stratégique sur l’évolution du système monétaire international et de ses implications pour nos allocations futures.</p> <p><strong>Les professionnels comme vous disposent-ils de toutes les informations indispensables pour un investissement partout dans le monde ?</strong><br /> L’ère contemporaine nous offre un accès sans précédent à l’information financière mondiale, diffusée en temps réel par une multitude de sources sophistiquées. Paradoxalement, notre défi principal n’est plus quantitatif, mais qualitatif : distinguer l’information pertinente du bruit ambiant, hiérarchiser les signaux, contextualiser les données. L’intelligence financière moderne exige une capacité de synthèse exceptionnelle, combinant analyses quantitatives rigoureuses et compréhension qualitative des enjeux.&nbsp;</p> <p>Chez Necker Finance, notre approche repose sur plusieurs piliers : bases de données financières internationales de premier plan, recherches macroéconomiques propriétaires, outils d’intelligence artificielle avancés, mais surtout un réseau de partenaires spécialisés à Maurice et en Europe. Nos équipes, présentes à la fois à Maurice et à Genève, couvrent des domaines clés tels que la fiscalité, le droit, l’immobilier et la technique financière. Cette infrastructure ouverte nous permet de croiser les analyses quantitatives avec notre expertise terrain et notre compréhension approfondie des besoins clients.</p> <p>Car au-delà des modèles mathématiques, chaque situation demeure unique : aspirations familiales, contraintes réglementaires spécifiques, sensibilité au risque individuel et &nbsp;objectifs générationnels. Notre valeur ajoutée réside dans cette capacité d’interprétation humanisée, personnalisée et intégrant les dimensions émotionnelles et patrimoniales. Cette approche différenciée nous permet de traverser les cycles économiques et les bouleversements géopolitiques en préservant les intérêts de nos clients.</p> <p><strong>Les escroqueries comme celle de Bernard Madoff sont-elles encore possibles&nbsp;?</strong><br /> L’affaire Madoff a constitué un électrochoc salutaire pour notre industrie, catalysant une refonte complète des standards de contrôle et de transparence. Les garde-fous actuels - séparation stricte des fonctions, due diligence systématique, obligations de reporting renforcées, normes comptables strictes - ont considérablement élevé le niveau de sécurité.</p> <p>Cependant, seule une vigilance permanente peut prétendre à une protection efficace. L’innovation technologique, malgré ses bénéfices considérables, génère de nouveaux vecteurs de risque : plateformes fictives, manipulations algorithmiques, usurpations d’identité numérique. Cette réalité exige une adaptation constante de nos protocoles de sécurité.</p> <p>Au sein de Necker Finance, nous avons développé un processus de sélection particulièrement rigoureux pour nos contreparties. Nous collaborons exclusivement avec des institutions régulées par des autorités de supervision reconnues mondialement, présentant un historique irréprochable en matière de conformité et de gestion des risques. Nos mécanismes de contrôle continu nous permettent de détecter tout changement dans les pratiques ou la solvabilité de nos partenaires.</p> <p>De plus, notre philosophie repose sur la sélection de fonds régulés avec des track records transparents et vérifiables. Cette approche disciplinée, bien qu’apparemment conservatrice, constitue le fondement de la confiance que nous accordent nos clients. Dans un univers financier complexe, cette rigueur représente notre avantage concurrentiel le plus précieux.</p> <p><strong>Maurice doit-elle intensifier ses partenariats avec l’Afrique, et comment ?</strong><br /> L’Afrique représente incontestablement l’une des opportunités géostratégiques les plus significatives du XXIe siècle. Avec sa démographie dynamique, l’émergence de ses classes moyennes, son potentiel de consommation intérieure et sa numérisation accélérée, le continent incarne une croissance structurelle remarquable.</p> <p>Maurice bénéficie d’atouts géographiques et culturels uniques pour se positionner comme la plateforme financière privilégiée de cette expansion africaine. Nos fondements sont solides : conventions fiscales bilatérales, traités de non-double imposition, connectivité aérienne croissante, présence d’institutions financières régionales établies.</p> <p>L’ambition doit cependant dépasser la simple intermédiation pour embrasser une vision transformatrice. C’est dans ce contexte que nous devons développer des fonds d’investissement panafricains capables de canaliser l’épargne locale et les capitaux internationaux vers des projets à fort impact. Le soutien aux fintech africaines depuis Maurice, avec un environnement réglementaire stable et un accès facilité aux capitaux, constitue ainsi une priorité stratégique.</p> <p>Les synergies potentielles entre nos management companies, institutions financières et incubateurs des deux côtés de l’océan Indien sont considérables. Cette coopération doit s’ancrer dans une approche respectueuse des spécificités locales, fondée sur la compréhension fine des réalités de terrain et la construction de partenariats équilibrés.</p> <p>L’avenir du secteur financier mauricien se dessine inexorablement à travers sa capacité à tisser des liens intelligents, durables et mutuellement bénéfiques avec l’Afrique. Cette vision stratégique transcende les opportunités commerciales immédiates pour s’inscrire dans une logique géopolitique de long terme, positionnant Maurice comme l’interface naturelle entre l’Afrique en expansion et les marchés financiers mondiaux. En mobilisant son réseau, son expertise transfrontalière et sa capacité d’innovation pour renforcer les passerelles financières entre les deux continents, Necker Finance entend jouer un rôle clé dans cette dynamique.<br /> &nbsp;</p> </div> <div class="field field--name-field-disqus field--type-disqus-comment field--label-hidden field--item"><drupal-render-placeholder callback="Drupal\disqus\Element\Disqus::displayDisqusComments" arguments="0=Christophe%20Panhard%20%3A%C2%A0%C2%ABMaurice%20en%20route%20pour%20devenir%20un%20v%C3%A9ritable%20centre%20d%E2%80%99expertise%20financi%C3%A8re%20mondial%C2%BB&amp;1=http%3A//defimedia.info/christophe-panhard-maurice-en-route-pour-devenir-un-veritable-centre-dexpertise-financiere-mondial&amp;2=node/172480" token="ObvqmtF6PzR2bJCfQgWJ2fRp12S9DWQCiMTcWHaC6kE"></drupal-render-placeholder></div> Wed, 04 Jun 2025 03:00:00 +0000 Pradeep Daby 172480 at http://defimedia.info Sonia Gordon Gentil - Hôtellerie : la pénurie comme levier de revalorisation des métiers http://defimedia.info/sonia-gordon-gentil-hotellerie-la-penurie-comme-levier-de-revalorisation-des-metiers <span>Sonia Gordon Gentil - Hôtellerie : la pénurie comme levier de revalorisation des métiers</span> <span><span lang="" about="/users/gleena" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="" content="Leena Gooraya-Poligadoo">Leena Gooraya-…</span></span> <span>mar 27/05/2025 - 07:30</span> <div class="field field--name-field-main-picture field--type-image field--label-hidden field--item"> <img src="/sites/default/files/styles/node_content_picture/public/220525_sonia.jpg?itok=GwY3gRu9" width="1280" height="720" alt="" typeof="foaf:Image" class="img-responsive" /> </div> <div class="field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field--item"><p>Pour Sonia Gordon Gentil, responsable de Talent Acquisition chez Constance Hospitality, il faut revaloriser les métiers du secteur.</p> <p><strong>Comment décririez-vous la situation actuelle du marché du travail dans le secteur hôtelier à Maurice ?</strong><br /> La reprise touristique est encourageante. Nous vivons une période de transformation : l’hôtellerie se réinvente, attire de nouveaux profils et repense ses codes pour mieux répondre aux aspirations actuelles. Cette dynamique s’accompagne de nouveaux défis sur le plan des ressources humaines. Une part de la main-d’œuvre qualifiée explore d’autres horizons, notamment les bateaux de croisière. Il nous revient, en tant qu’acteurs engagés du secteur, de redonner de l’intérêt à ces carrières.</p> <p><strong>Répondez-vous à une pénurie de main-d’œuvre ?&nbsp;</strong><br /> Certains métiers sont en forte demande. C'est le cas dans les services opérationnels comme la cuisine, la réception, la salle ou les métiers techniques. Si cette tendance peut sembler préoccupante, elle révèle surtout une réalité : ces métiers essentiels sont souvent méconnus ou sous-estimés. C’est une opportunité de valoriser ces carrières, de mieux faire connaître leurs réalités et leurs atouts, et de montrer que l’hôtellerie est un secteur porteur, inclusif et en évolution.</p> <p><strong>Quelles sont les principales difficultés que vous rencontrez pour recruter du personnel local ?</strong><br /> Nous constatons parfois un manque d’informations ou une méconnaissance des opportunités qu’offre notre secteur. Chez Constance Hotels &amp; Resorts, nous nous engageons à mieux faire connaître ces métiers dès le plus jeune âge. Nous organisons des interventions dans les écoles et les universités et nous permettons des visites dans nos établissements hôteliers et des programmes immersifs conçus pour éveiller l’intérêt et susciter des vocations.</p> <p><strong>Quelles stratégies mettez-vous en place pour attirer et fidéliser les talents mauriciens au sein du groupe Constance ?</strong><br /> Nous nous appuyons sur une marque employeur inspirante, sincère et alignée sur nos valeurs, fondée sur cinq piliers. Nous favorisons l’apprentissage et la croissance à travers le développement continu, la formation, la mobilité interne et le coaching. Nous cultivons un esprit de famille au sein de nos équipes, en créant un environnement bienveillant et humain où chacun se sent écouté et soutenu. Nous offrons aussi des opportunités de carrière à l’international dans nos différentes destinations, permettant à chaque talent de se projeter dans une trajectoire évolutive.&nbsp;</p> <p><strong>Comment équilibrez-vous la présence de main-d’œuvre locale et étrangère ?</strong><br /> Nous veillons à composer des équipes complémentaires, en apportant du renfort ciblé là où c’est nécessaire, pour soutenir le bien-être au travail. L’intégration passe par la sensibilisation à la culture du pays, un processus que nous avons déjà mis en place dans nos autres destinations. Constance Hotels &amp; Resorts compte aujourd’hui une cinquantaine de nationalités au sein de ses équipes. Notre richesse, c’est notre diversité</p> <p><strong>Quelles seraient les mesures prioritaires que le gouvernement devrait mettre en œuvre pour soutenir l’emploi dans ce secteur ?</strong><br /> Il est essentiel de moderniser l’offre de formation pour qu’elle soit alignée sur les réalités opérationnelles et les standards internationaux. Il est nécessaire de favoriser les stages, l’alternance et les partenariats avec les établissements hôteliers. Et pourquoi ne pas devenir un hub pour la formation hôtelière dans l’océan Indien. Il est aussi temps de revaloriser l’image des métiers de l’hôtellerie auprès des jeunes, en lançant une campagne de sensibilisation nationale. Un autre point clé : faciliter les démarches administratives pour les recrutements internationaux, lorsque la main-d’œuvre locale ne suffit plus. Beaucoup de talents formés ou expérimentés à l’étranger seraient prêts à revenir si les conditions étaient réunies.</p> </div> <div class="field field--name-field-disqus field--type-disqus-comment field--label-hidden field--item"><drupal-render-placeholder callback="Drupal\disqus\Element\Disqus::displayDisqusComments" arguments="0=Sonia%20Gordon%20Gentil%20-%20H%C3%B4tellerie%20%3A%20la%20p%C3%A9nurie%20comme%20levier%20de%20revalorisation%20des%20m%C3%A9tiers&amp;1=http%3A//defimedia.info/sonia-gordon-gentil-hotellerie-la-penurie-comme-levier-de-revalorisation-des-metiers&amp;2=node/172246" token="tBdmGKzgQf3gLSwKQZjqiD-Iv6Z__S0mFGsJg7Rh7_M"></drupal-render-placeholder></div> Tue, 27 May 2025 03:30:00 +0000 Leena Gooraya-Poligadoo 172246 at http://defimedia.info Thierry Merven : «Il est temps de libéraliser le prix de vente de la pomme de terre» http://defimedia.info/thierry-merven-il-est-temps-de-liberaliser-le-prix-de-vente-de-la-pomme-de-terre <span>Thierry Merven : «Il est temps de libéraliser le prix de vente de la pomme de terre»</span> <span><a title="Voir le profil utilisateur." href="/user/3069" lang="" about="/user/3069" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Fabrice Laretif</a></span> <span>mar 27/05/2025 - 07:00</span> <div class="field field--name-field-main-picture field--type-image field--label-hidden field--item"> <img src="/sites/default/files/styles/node_content_picture/public/200525_thierry.jpg?itok=qnXu-qYw" width="1280" height="720" alt="" title="Thierry Merven, CEO du Beau Vallon Group." typeof="foaf:Image" class="img-responsive" /> </div> <div class="field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field--item"><p>Le groupe Beau Vallon lance un ambitieux écoquartier dans le sud-est et renforce sa production agricole. Il reconfigure aussi son projet immobilier après un accord environnemental, misant sur un développement durable et harmonieux.</p> <p><strong>Quels sont les projets du groupe Beau Vallon dans le sud-est de Maurice et les investissements qui seront consentis ?</strong><br /> Depuis plus de 200 ans, le groupe Beau Vallon accompagne le développement du sud-est de l’île. Nos investissements ne sont pas guidés par la seule logique d’expansion, mais aussi par une vision cohérente à long terme. Celle-ci s’appuie sur l’identité et les atouts naturels du sud-est, l’essor économique de la région, plus largement de l’île, et la création d’un cadre de vie harmonieux et contemporain qui contribue à cette identité. Concernant les projets, nous lancerons bientôt la commercialisation d’un écoquartier appelé les Berges de Beau Vallon situé à l’emplacement de la première usine sucrière du groupe, à Beau-Vallon. Un de nos objectifs d’ici à la fin de l’année est de réduire de 75 % les déchets hôteliers envoyés en décharge.</p> <p><strong>Qu’envisage le groupe pour les terrains en friche dont il dispose ? Où se situent ces terrains ?</strong><br /> Nous n’avons pas ou peu de terrains en friche qui soient exploitables sur le plan agricole. Nos terres sont soit cultivées, soit en jachère (rotation agricole), ce qui permet de régénérer les sols avant de relancer de nouvelles cultures. C’est une approche rationnelle qui permet de conserver la fertilité des sols et surtout de ne pas les épuiser.</p> <p><strong>Le groupe Beau Vallon produit 15 % des pommes de terre de l’île. Comment se présente la récolte de cette année et quels sont les facteurs susceptibles d’influencer le prix de ce produit sur le marché local ?</strong><br /> En 2024, qui a été une année difficile pour la pomme de terre, en raison de la sécheresse, nous avons contribué à 11 % de la production nationale de pommes de terre avec 63 hectares cultivés. La production reste fortement tributaire des conditions climatiques. Une saison trop sèche peut limiter la croissance des tubercules, tandis qu’un excès de pluie augmente les risques de maladies et d’altération des récoltes. Il est difficile de se prononcer pour la récolte de cette année, les plantations n’ayant pas encore commencé. Nous prévoyons d’entamer la plantation de pommes de terre à la mi-mai pour les récolter à partir de début septembre.</p> <p>Sur le plan économique, l’introduction par les autorités depuis 2020 d’un prix de vente aux consommateurs ne permet plus d’assurer la viabilité de cette production dans le temps. Il est grand temps de libéraliser le prix de vente de la pomme de terre (de même que celui de l’oignon qui est dans la même situation). Il faut laisser l’offre et la demande jouer leur rôle, comme c’est le cas pour les autres fruits et légumes cultivés localement ou importés.</p> <p><strong>Le pôle hospitality du groupe devrait enregistrer des bénéfices de plus de Rs&nbsp;200&nbsp;millions en 2024. Quels sont les perspectives pour 2025 et les différents éléments qui auront un impact sur ce chiffre ?</strong><br /> Beau Vallon Hospitality prévoit de clôturer 2024 avec environ Rs 220 millions de bénéfices après impôt. Nous abordons 2025 avec optimisme, tout en restant attentifs aux défis qui pourraient influencer notre performance. Ce sont l’évolution du tourisme mondial, l’évolution du taux de change, l’accessibilité de la destination et les défis liés à la main-d’œuvre hôtelière.</p> <p><strong>Qu’adviendra-t-il de la phase II du projet Pointe d’Esny Le Village ? Une partie du projet sera relocalisée sur des terrains appartenant au groupe Beau Vallon ? &nbsp;Qu’est-ce qui explique que ce projet a fait l’objet de contestation ?</strong><br /> La phase II du projet Pointe d’Esny Le Village a été partiellement remaniée, sans jamais s’éloigner de la vision initiale : celle d’un développement en harmonie avec son environnement. Eco-Sud contestait notamment la législation en vigueur concernant l’étendue de la « buffer zone » autour des zones humides qu’elle ne trouvait pas assez contraignante. De même, nous avions des divergences par rapport à une zone agricole plantée en cannes depuis plus de 50 ans par la propriété et que l’ONG voudrait classer en « wetlands ». Il est bon de rappeler que dès l’origine, le projet s’est appuyé sur des études environnementales rigoureuses, menées par des experts locaux et internationaux. À la suite d’un accord conclu avec l’ONG Eco-Sud, 23 arpents (13 % du projet) initialement constructibles seront reclassés en espaces non constructibles et relocalisés sur des terrains adjacents appartenant au groupe Beau Vallon. &nbsp;En sus de la levée de l’objection, cet accord nous a également permis de nous assurer qu’Eco-Sud ne contestera pas les futures phases de développement de Pointe d’Esny Le Village.&nbsp;</p> </div> <div class="field field--name-field-disqus field--type-disqus-comment field--label-hidden field--item"><drupal-render-placeholder callback="Drupal\disqus\Element\Disqus::displayDisqusComments" arguments="0=Thierry%20Merven%20%3A%C2%A0%C2%ABIl%20est%20temps%20de%20lib%C3%A9raliser%20le%20prix%20de%20vente%20de%20la%20pomme%20de%20terre%C2%BB&amp;1=http%3A//defimedia.info/thierry-merven-il-est-temps-de-liberaliser-le-prix-de-vente-de-la-pomme-de-terre&amp;2=node/172159" token="-ldwKNA_Nz93IiUvLshbj1AjPxOWLdf3sOtf7CTMjyY"></drupal-render-placeholder></div> Tue, 27 May 2025 03:00:00 +0000 Fabrice Laretif 172159 at http://defimedia.info Dr. Huang Shifang : “Development remains a shared priority between China and Mauritius” http://defimedia.info/dr-huang-shifang-development-remains-shared-priority-between-china-and-mauritius <span>Dr. Huang Shifang : “Development remains a shared priority between China and Mauritius”</span> <span><span lang="" about="/users/jjaddoo" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Jameela Jaddoo</span></span> <span>dim 25/05/2025 - 19:48</span> <div class="field field--name-field-main-picture field--type-image field--label-hidden field--item"> <img src="/sites/default/files/styles/node_content_picture/public/250525_huang.jpg?itok=fddxUiGi" width="1280" height="720" alt="" typeof="foaf:Image" class="img-responsive" /> </div> <div class="field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field--item"><p>Her Excellency Dr. Huang Shifang has been appointed as the 16th Ambassador Extraordinary and Plenipotentiary of the People’s Republic of China to the Republic of Mauritius. As she embarks on this new diplomatic mission, she shares her vision and key objectives in an exclusive interview with News on Sunday. The Ambassador addresses vital questions on strengthening the longstanding ties between Mauritius and China, including how political consultations can be enhanced to navigate emerging global challenges and opportunities. She also discusses ways to further consolidate, deepen, and expand the strategic economic partnership between the two nations and much more.</p> <p><strong>As the new Ambassador Extraordinary and Plenipotentiary of China to Mauritius, what are your major mission and objectives?</strong><br /> As the new Ambassador of the People’s Republic of China to the Republic of Mauritius, I am very much honored and I am aware of the responsibility entrusted to me. China and Mauritius share a deep and longstanding friendship. Since the establishment of diplomatic relations between the P.R.China and the Republic of Mauritius in 1972, our mutual political trust has continued to grow, bilateral cooperation has yielded fruitful results, and the ties between our peoples have grown closer. On this basis, China-Mauritius relations were elevated to a new height of strategic partnership during the 2024 FOCAC (Forum on China-Africa Cooperation) Beijing Summit, opening a new chapter and bringing fresh opportunities for the future development of bilateral ties.</p> <p>Guided by a spirit of openness and pragmatism, I will dedicate myself to strengthening exchanges at all levels between China and Mauritius, with the goal of fostering deeper understanding, enhanced mutual trust and lasting friendship between our two governments and peoples.&nbsp;</p> <blockquote> <p>The Chinese community is also a supporter of China’s reform and opening-up, serving as a vital bridge for exchanges and cooperation between China and Mauritius"</p> </blockquote> <p><strong>China and Mauritius share a deep and long-standing friendship. How can the China and Mauritian diasporas contribute to strengthening bilateral ties?</strong><br /> Diasporas have a significant role to play in strengthening bilateral ties between our two countries. The Chinese diaspora in Mauritius has a long and glorious history. In centuries, generations of Chinese people worked hard, making significant contributions to the development of Mauritius. They have become an integral part of the multi-ethnic society of Mauritius, fully leveraging their strengths in fields such as economy, trade, technology and education. The Chinese community is also a supporter of China’s reform and opening-up, serving as a vital bridge for exchanges and cooperation between China and Mauritius.<br /> Though the Mauritian community in China is much smaller, it contributes significantly to fostering mutual understanding, friendship, trade relations and cultural exchange between the two countries, as economic and cultural ambassadors.</p> <p><strong>How can cultural exchange programs and people-to-people interactions be leveraged to further strengthen the bilateral relationship between China and Mauritius? What specific initiatives could be explored in this regard?</strong><br /> The first China Cultural Center set up overseas is the one in Mauritius, which has become a hub for Mauritian people to experience Chinese Culture. In recent years, we invited art troupes and artists to Mauritius to celebrate festivals including the Spring Festival, the Dragon Boat Festival and the Mid-Autumn Festival together with Mauritian people. Various cultural programs featuring calligraphy, tea, vocal music, dances etc. have been held to promote mutual learning among different cultures and civilizations. We also invited artists and experts from Mauritius to China for seminars and cultural events. The Confucius Institute was established in 2016 between Zhejiang Sci-Tech University and University of Mauritius. Each year, more than 20 volunteer Chinese Teachers come to Mauritius with regards to language education.&nbsp;</p> <p>We are willing to work with the Mauritian government to expand channels for cultural and educational cooperation, and promote Chinese language teaching to foster deeper intellectual exchange. At the same time, efforts will be made to strengthen collaboration in tourism and sports, encourage youth exchanges, and support interactions between cultural organizations, thereby reinforcing mutual trust and people-to-people ties.</p> <blockquote> <p>We are willing to work with the Mauritian government to expand channels for cultural and educational cooperation, and promote Chinese language teaching to foster deeper intellectual exchange"</p> </blockquote> <p><strong>How can political consultations be enhanced between China and Mauritius to address emerging global challenges and opportunities?&nbsp;</strong></p> <p>The world today is faced with unprecedented challenges, including geopolitical tensions, unilateralism, protectionism and growing threat of climate changes. These complex issues cannot be addressed by any single country alone and call for enhanced solidarity and joint action among all nations. In this context, China has put forward the Global Development Initiative, the Global Security Initiative and the Global Civilization Initiative, which aim to promote common development, uphold shared security, and foster mutual understanding among civilizations. China stands ready to work together with Mauritius and other partners to strengthen synergy under the Three Global Initiatives, translate shared visions into tangible outcomes, contribute to a more just, secure and sustainable world, and jointly build a community with a shared future for mankind.</p> <p>The strategic partnership between China and Mauritius provides a stronger foundation for the two countries to work more closely in addressing shared challenges, advancing development goals, and safeguarding the common interests of developing countries. At the same time, development remains a shared priority between China and Mauritius. The FOCAC serves as an important platform for aligning development strategies and deepening practical collaboration. China looks forward to working with Mauritius to follow through on the outcomes of the FOCAC Beijing Summit, expand cooperation across various sectors and seize new opportunities for growth.&nbsp;</p> <p>The Indian Ocean Commission (IOC) and the Indian Ocean Rim Association (IORA), both headquartered in Mauritius, as well as the UN system are also perfect platforms for us to promote peace and development, advance South-South cooperation, and strengthen the collective voice of developing countries in international affairs.</p> <blockquote> <p>China stands ready to work together with Mauritius and other partners to strengthen synergy under the Three Global Initiatives"</p> </blockquote> <p><strong>How can we further consolidate, deepen and expand our strategic economic partnership?</strong><br /> Both China and Mauritius are committed to promoting the full and effective implementation of the China-Mauritius Free Trade Agreement (FTA). Key measures include raising awareness and strengthening capacity, particularly among small and medium-sized enterprises, simplifying rules of origin procedures, and fostering greater product diversification. Mauritian exports, including premium sugar, seafood, agro-processed products and textiles, could become most popular in the high-end Chinese market, particularly through Chinese e-commerce platforms.</p> <p>In terms of investment and financial cooperation, efforts will be intensified to attract more Chinese investment, with a focus on financial services, green energy, logistics, technology and education. Furthermore, financial cooperation between the two countries are further strengthened through expansion of Chinese financial services in Mauritius and establishment of RMB clearing and settlement mechanisms.</p> <p>We are also expecting Mauritius to take full advantage of the Belt and Road Initiative (BRI) so that potential of our cooperation in infrastructure and connectivity could be fully unleashed.&nbsp;</p> <blockquote> <p>We are very much looking forward to Mauritius’ participation in the BRI, so that it can help enhance connectivity among African nations, fostering closer integration and advancing shared interests across the region"</p> </blockquote> <p><strong>Together, China and Mauritius will implement the “Ten Partnership Actions for Modernization” by intensifying joint efforts in infrastructure, sustainable development, public health, and people-to-people and cultural exchanges. Can you tell us more about the ‘Ten Partnership Actions’ and how it will be implemented?</strong><br /> In his keynote address at the opening ceremony of the 2024 Beijing Summit of the FOCAC, President Xi Jinping announced China’s commitment to working with Africa to implement 10 partnership actions for modernization to deepen China-Africa cooperation over the next three years. These plans encompass a broad range of areas, including mutual learning among civilizations, trade prosperity, industrial chain cooperation, connectivity, development cooperation, health, agriculture and livelihood, cultural and people-to-people exchanges, green development, and common security.</p> <p>Under these actions, China will continue to widen its market access to Mauritian agricultural products. Agreements on customary protocols for more exports from Mauritius to China are expected to reach. Cooperation between our hospitals are helping provide better services and care to Mauritian patients. China is also contributing to Mauritius’ energy transition by sharing technology with regards to electric vehicles and batteries.</p> <p><strong>China has invested heavily in Africa through the Belt and Road Initiative. What role can Mauritius play in this initiative?</strong><br /> The Belt and Road Initiative (BRI) represents a major international effort, anchored in the principles of extensive consultation, joint contribution, and shared benefits.</p> <p>Mauritius is uniquely positioned to serve not only as a bridge between Asia and Africa, but also as a gateway for investment into the African continent. Within the broader African context, the potential for intra-continental trade and investment cooperation remains vast. We are very much looking forward to Mauritius’ participation in the BRI, so that it can help enhance connectivity among African nations, fostering closer integration and advancing shared interests across the region, which creates new opportunities for Mauritius to accelerate its national development and to deepen its integration into regional and global value chains. Subsequently, Mauritius and China can engage in a wider array of collaborative efforts to promote common development to benefit their peoples.</p> </div> <div class="field field--name-field-disqus field--type-disqus-comment field--label-hidden field--item"><drupal-render-placeholder callback="Drupal\disqus\Element\Disqus::displayDisqusComments" arguments="0=Dr.%20Huang%20Shifang%20%3A%20%E2%80%9CDevelopment%20remains%20a%20shared%20priority%20between%C2%A0China%20and%20Mauritius%E2%80%9D&amp;1=http%3A//defimedia.info/dr-huang-shifang-development-remains-shared-priority-between-china-and-mauritius&amp;2=node/172376" token="ZmqIAtPnCOQVN5TpgGPgfMB368Y4Ibr2mirjEv_QR7s"></drupal-render-placeholder></div> Sun, 25 May 2025 15:48:00 +0000 Jameela Jaddoo 172376 at http://defimedia.info Ibrahim Malleck : «Des décisions difficiles devront être prises dans le Budget» http://defimedia.info/ibrahim-malleck-des-decisions-difficiles-devront-etre-prises-dans-le-budget <span>Ibrahim Malleck : «Des décisions difficiles devront être prises dans le Budget»</span> <span><span lang="" about="/users/pdaby" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Pradeep Daby</span></span> <span>jeu 22/05/2025 - 06:55</span> <div class="field field--name-field-main-picture field--type-image field--label-hidden field--item"> <img src="/sites/default/files/styles/node_content_picture/public/210525_ibrahim.jpg?itok=iCa2UrlK" width="1280" height="720" alt="" typeof="foaf:Image" class="img-responsive" /> </div> <div class="field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field--item"><p>Comment trouver l’équilibre entre les dépenses publiques et les recettes de l’État ? Quel sort réserver aux ministères budgétivores tels que la Sécurité sociale, l’Éducation et la Santé ? Ces défis semblent indiquer que le Premier ministre et ministre des Finances est condamné à un délicat jeu d’équilibriste. Ibrahim Malleck, Managing Partner d’Ebonia Capital, fait valoir que « pour trouver un juste milieu, il faut que le gouvernement fasse de l’efficacité de toute dépense l’un des principaux éléments de son Budget. »</p> <p><strong>Dans quelques semaines, le gouvernement issu du scrutin du 10 novembre 2024 présentera son premier Budget. Quelle doit être la philosophie de ce premier exercice ?</strong><br /> Un retour aux sources. Le Budget doit examiner attentivement l’état actuel de notre économie et intégrer toute décision majeure dans une vision claire à moyen terme du gouvernement en ce qui concerne la croissance socio-économique. Ce Budget sera un délicat exercice d’équilibre entre la restauration et la consolidation de nos fondamentaux macroéconomiques (contrôle de l’inflation, stabilisation de la roupie, investissement productif et innovation, amélioration du pouvoir d’achat, etc.) et une vision prospective vers un modèle économique durable et résilient (amélioration de la productivité, nouveaux secteurs de croissance, énergies renouvelables, opportunités pour la main-d’œuvre, etc.).</p> <p>Un soutien à la consolidation et à la croissance ; un Budget de transition qui aide ceux qui sont dans le besoin tout en créant de nouvelles zones de croissance et en encourageant l’innovation, le développement des compétences et la résilience. Ceci doit être clairement expliqué afin que la consolidation fiscale soit acceptée par la population et puisse se faire pour construire notre résilience future.</p> <blockquote> <p>Le retour à un Budget&nbsp;basé sur les performances&nbsp;est un signal positif...»</p> </blockquote> <p><strong>Compte tenu du document ‘State of the Economy’ présenté par ce même gouvernement et des ‘affaires’ liées à la Mauritius Investment Corporation (MIC), entre autres, de quelle marge de manœuvre dispose le gouvernement ?</strong><br /> Le document sur l’état de l’économie a été très dur envers le gouvernement précédent, en mentionnant qu’il y avait eu «&nbsp;un élagage délibéré » et « une falsification des données ».</p> <p>L’une des principales préoccupations est l’état réel de notre dette publique, qui représente un peu moins de 90 % du PIB. Cette situation exercera une pression sur les dépenses publiques dans le prochain Budget, le Fonds monétaire international (FMI) et Moody’s insistant sur la consolidation fiscale. Cela réduit la capacité du gouvernement d’augmenter les dépenses sociales et les investissements, à moins que les recettes publiques n’augmentent de manière substantielle. La dépréciation constante de la roupie (et la pénurie de devises sur le marché) contraindra également le gouvernement à contrôler les pressions inflationnistes (pour améliorer le pouvoir d’achat), avec un effet négatif sur le déficit de la balance courante de la Balance des paiements.</p> <p>Des décisions difficiles devront être prises pour améliorer les fondamentaux de notre économie, ce qui entraînera sans aucun doute une réduction des dépenses et, éventuellement, une révision de la structure fiscale actuelle.</p> <p>Le gouvernement doit trouver le juste équilibre pour que ce Budget nous aide à passer d’une situation post-Covid (soutien fiscal et politique monétaire souple) à une économie résiliente, capable de faire face aux nombreux vents contraires mondiaux qui nous frappent actuellement. Cette transition doit toutefois tenir compte de la nécessité de continuer à soutenir les personnes dans le besoin, tout en maintenant la viabilité de notre État-providence.</p> <p>Fondamentalement, le gouvernement doit naviguer entre nos réalités sociales, les paramètres imposés par des institutions externes telles que le FMI et Moody’s, ainsi qu’un programme de croissance et d’innovation qui nécessite des ressources supplémentaires.</p> <p>Il est aussi devenu crucial de veiller à ce que la structure actuelle de la MIC soit repensée, compte tenu de l’impact qu’elle peut avoir sur le bilan de la Bank of Mauritius (BoM), à un moment où nous avons besoin d’une Banque centrale forte pour mener à bien la politique monétaire. En ce qui concerne le bruit actuel autour des différentes affaires de la MIC, cela devrait être laissé aux agences d’application de la loi concernées.</p> <p>Pour trouver un juste milieu, il faut que le gouvernement fasse de l’efficacité de toute dépense l’un des principaux éléments de son Budget. Les récents rapports d’audit ont mis en évidence les gaspillages et l’utilisation sous-optimale des recettes fiscales dans les budgets récurrents et d’investissement, et cela doit changer immédiatement. Simultanément, toute augmentation de notre structure fiscale doit être clairement ciblée et expliquée afin qu’il y ait une adhésion à tout impact sur la croissance. Nous ne pouvons absolument pas nous contenter de poursuivre des politiques fiscales et monétaires expansionnistes, en particulier un soutien monétaire excessif et non ciblé, si nous aspirons à une croissance économique durable et inclusive.</p> <p>Le juste milieu dépendra des secteurs prioritaires de ce gouvernement et de l’impact des diverses décisions «&nbsp;impopulaires » qui devront être prises. Décisions sociales contre décisions économiques.</p> <p>Les récentes indications des ministres du gouvernement laissent présager des « décisions difficiles » dans le prochain Budget, mais le retour à un Budget « basé sur les performances » est un signal positif en termes de meilleure efficacité dans l’utilisation des ressources publiques au profit de la population à moyen terme.</p> <blockquote> <p>Le document sur l’état de l’économie a été très dur envers le gouvernement précédent, en mentionnant qu’il y avait eu « un élagage délibéré » et « une falsification des données»</p> </blockquote> <p><strong>La question de taxer les profits excessifs réalisés par les gros conglomérats a été au centre de la campagne de Rezistans ek Alternativ (ReA), aujourd’hui au gouvernement. Une telle proposition est-elle pertinente ?</strong><br /> Qu’est-ce qu’un excédent de bénéfices, des profits excessifs par rapport à quoi ? Pourquoi devrions-nous limiter les bénéfices réalisés par des entités gérées efficacement, qui paient des impôts et créent des emplois ? Je ne pense pas que ce soit la question. Au contraire, les profits devraient être encouragés et récompensés.</p> <p>Je vois la question sous un angle légèrement différent. Dans quels types de marchés ces profits ont-ils été réalisés&nbsp;? Existe-t-il une forme de monopole ou de contrôle de la part de ces conglomérats dans la manipulation du marché pour atteindre de tels profits ? Sont-ils protégés et disposent-ils de barrières à l’entrée contraignantes envers les autres acteurs, comme les PME ?</p> <p>La question devrait être de savoir dans quelles conditions des profits élevés sont réalisés. Il ne s’agit pas simplement de surtaxer ceux qui réalisent de tels profits.</p> <p>Néanmoins, la question reste pertinente car nous envisageons une consolidation fiscale avec des mesures à prendre pour générer des recettes fiscales. Mais nous ne devrions pas décourager la production, surtout lorsqu’elle est réalisée de manière efficace et sans barrières.</p> <p>ReA a raison de chercher des moyens d’accroître l’inclusion sociale et une meilleure redistribution des revenus. Mais cela ne peut se faire au détriment de la création de revenus.</p> <p>On devrait s’assurer que la création de richesse ne mène pas vers une « financiarisation&nbsp;» des bénéfices des entreprises [NdlR : où les profits générés par les entreprises sont orientés vers des activités ou objectifs financiers, au lieu d’être réinvestis dans l’économie réelle (comme la production, l’innovation, la formation ou l’emploi)]. Aussi, pourquoi pas plus d’incitations telles que des réductions d’impôts spécifiquement pour les projets axés sur l’innovation, plus d’incitations pour l’amélioration des compétences humaines et de meilleures structures de marché pour favoriser les idées et la concurrence ? Cela réduira tout besoin d’une augmentation massive des impôts, qui pourrait nuire à la création de la valeur ajoutée à moyen terme. Ce processus devrait être progressif et commencer dès le prochain Budget.</p> <blockquote> <p>Il est devenu crucial de veiller à ce que la structure actuelle de la MIC soit repensée, compte tenu de l’impact qu’elle peut avoir sur le bilan de la BoM.»</p> </blockquote> <p><strong>La question relative à notre modèle économique est souvent posée mais n’avance jamais. Le nouveau gouvernement disposant d’une majorité absolue doit-il envisager cette question, et quels devraient être ses grands axes selon vous ?</strong><br /> Le succès d’un modèle économique dépend de facteurs spécifiques tels que le niveau de croissance et d’industrialisation atteint par un pays, le type de ressources dont il dispose, la force de ses institutions, etc. Notre modèle de croissance basé sur l’exportation de biens et de services, associé à un secteur financier en pleine expansion, nous a bien servis. Ce que nous devons examiner, c’est comment continuer à bénéficier de ce que nous avons construit jusqu’à présent, tout en intégrant des mesures de durabilité, centrées sur les personnes et inclusives, dans le cadre de toute stratégie : plus de résilience ; plus d’attention aux sources d’énergie durables ; accent sur l’innovation et la croissance productive (contre les Investissements Directs Étrangers (IDE) orientés vers l’immobilier) ; synergies accrues entre les entreprises et les entités éducatives pour encourager l’ensemble des compétences requises ; ouverture à de nouveaux marchés, en particulier l’Afrique.</p> <p>Les vents contraires géopolitiques mondiaux nous obligent à nous remettre à zéro. Il faut nous éloigner d’une fixation sur la croissance du PIB et sur la « shareholder value » du secteur privé, et inclure des incitations pour promouvoir un développement inclusif et soutenable.</p> <p>Le gouvernement a le devoir d’en faire une priorité dès le prochain Budget.</p> <p><strong>Avec la filière textile à la traîne, une balance des paiements encore plus déficitaire, une pénurie de main-d’œuvre et des PME incapables de payer le 14e mois, entre autres, les contraintes du gouvernement sont diverses et mériteraient d’être traitées durant ce mandat. Mais il y a aussi nécessité de créer de nouvelles filières, sans oublier un accent sur la formation de ressources. Comment voyez-vous ces enjeux ?</strong><br /> La seule façon pour nous d’aller de l’avant, en tant que pays, et de le faire de manière durable et inclusive, est de nous concentrer sur la valeur ajoutée des secteurs productifs, en mettant l’accent sur de véritables améliorations de la productivité. Les stratégies précédentes concernant l’économie bleue, l’industrie pharmaceutique, notre secteur des énergies renouvelables, etc., n’ont jamais vraiment décollé, et les raisons en sont multiples.</p> <p>On devrait s’éloigner de la dépendance à l’égard d’une croissance tirée par la consommation (au profit de la production, y compris pour les exportations) / fournir des incitations aux nouveaux secteurs et à l’innovation (réductions d’impôts, formation, cadres juridiques et industriels) / avoir une stratégie claire avec des échéances et des objectifs mesurables.</p> <p>Il est essentiel de créer des synergies solides entre nos établissements d’enseignement et notre secteur industriel. La formation et l’amélioration des compétences (avec des plans de carrière pour les jeunes) pourraient également contribuer à réduire l’actuelle fuite des cerveaux.</p> <p>Il s’agit là de questions très importantes qui doivent être abordées immédiatement.</p> <blockquote> <p>Les investissements publics dans les infrastructures et les dépenses sociales sont attendus de tout gouvernement. Malheureusement, les promesses politiques se heurtent souvent aux réalités économiques.»</p> </blockquote> <p><strong>Ce gouvernement peut-il – enfin – assainir les dépenses de l’État comme le réclame le rapport de l’Audit chaque année ?</strong><br /> Le déficit budgétaire actuel est estimé à 6,7 % du PIB en juin 2025 (Rs 48,5 milliards). Il est pratiquement impossible d’avoir un budget équilibré immédiatement, mais nous nous attendons à ce que des initiatives soient prises pour faire correspondre les dépenses aux recettes récurrentes. Compte tenu des conclusions du rapport d’audit et des pressions exercées par des institutions internationales telles que le FMI, il semble que le prochain Budget n’aura d’autre choix que de revoir les dépenses du gouvernement central (et de réduire les fuites financières), tout en s’assurant que nous nous dirigions vers une base fiscale qui ne pénalise plus les revenus faibles et moyens (comme c’est le cas avec la TVA).</p> <p>La consolidation fiscale sera certainement l’une des principales initiatives du prochain Budget et, si elle est bien structurée, elle nous aidera à équilibrer tout déficit à moyen terme.</p> <p><strong>Peut-on raisonnablement atteindre une forme d’équilibre budgétaire, en réduisant les dépenses et en augmentant les recettes fiscales ?</strong><br /> Un budget équilibré sera difficile à atteindre à moyen terme, compte tenu de la situation actuelle, mais nous avons besoin de stratégies visant à réduire les déficits futurs, ce qui ne peut se produire que si nous créons un cadre et fournissons des incitations pour une efficacité accrue de la production, conduisant à une meilleure productivité (travail et capital), ce qui se traduira alors par une économie plus résiliente, avec moins de pressions fiscales.</p> <p>À court terme, cela devrait inclure : le contrôle et la rationalisation des dépenses, l’élargissement de l’assiette fiscale, et la définition des secteurs prioritaires, entre autres.</p> <p>À moyen terme, on pourra alors avoir une efficacité accrue, de meilleurs ensembles de compétences, une économie plus compétitive (stimulation des exportations) et des solutions durables, etc.</p> <blockquote> <p>ReA a raison de chercher des moyens d’accroître l’inclusion sociale et une meilleure redistribution des revenus. Mais cela ne peut se faire au détriment de la création de revenus.»</p> </blockquote> <p><strong>Avec une population attendant davantage du nouveau gouvernement, sur la base de ses engagements de novembre 2024, ne faudrait-il pas s’attendre à des dépenses publiques sur de gros projets afin que ce gouvernement « imprime sa marque » et crée le fameux « feel good factor » ?</strong><br /> Les investissements publics dans les infrastructures et les dépenses sociales sont attendus de tout gouvernement. Malheureusement, les promesses politiques se heurtent souvent aux réalités économiques. Notre situation économique actuelle, comme le souligne le rapport sur l’état de l’économie, a été bien documentée.</p> <p>Les Mauriciens doivent comprendre que le modèle de « soutien » précédent, basé sur des politiques fiscales expansives et des politiques monétaires souples, n’est pas viable et qu’il nuira à nos fondamentaux macroéconomiques s’il est maintenu.</p> <p><strong>Avec sa récente victoire aux élections municipales, le gouvernement peut-il penser qu’il a les coudées franches pour la présentation de son premier Budget ?</strong><br /> Le Budget reste une date importante pour tout gouvernement et l’accent devrait être mis sur le maintien de notre État-providence, l’aide aux personnes dans le besoin, tout en créant une voie claire pour une croissance durable et inclusive vers une économie résiliente et compétitive.</p> <p>Il convient de prendre en considération les réactions des différentes parties prenantes, les paramètres imposés par les institutions extérieures et les vents contraires mondiaux.</p> <p>Il s’agit d’un Budget crucial qui définira la situation dans laquelle nous voulons nous trouver dans les cinq à dix prochaines années ; la vision doit être exposée et expliquée afin d’obtenir l’adhésion de tous.</p> </div> <div class="field field--name-field-disqus field--type-disqus-comment field--label-hidden field--item"><drupal-render-placeholder callback="Drupal\disqus\Element\Disqus::displayDisqusComments" arguments="0=Ibrahim%20Malleck%20%3A%C2%A0%C2%ABDes%20d%C3%A9cisions%20difficiles%20devront%20%C3%AAtre%20prises%20dans%20le%20Budget%C2%BB&amp;1=http%3A//defimedia.info/ibrahim-malleck-des-decisions-difficiles-devront-etre-prises-dans-le-budget&amp;2=node/172200" token="2W4L2gxqLhT0M33xa0wEcbrQAv45ln_yJl9ZoaYQ8gA"></drupal-render-placeholder></div> Thu, 22 May 2025 02:55:00 +0000 Pradeep Daby 172200 at http://defimedia.info Megh Pillay : «Ce pays peut se redresser s’il rétablit des garde-fous» http://defimedia.info/megh-pillay-ce-pays-peut-se-redresser-sil-retablit-des-garde-fous <span>Megh Pillay : «Ce pays peut se redresser s’il rétablit des garde-fous»</span> <span><span lang="" about="/users/edinally" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Eshan Dinally</span></span> <span>dim 11/05/2025 - 08:50</span> <div class="field field--name-field-main-picture field--type-image field--label-hidden field--item"> <img src="/sites/default/files/styles/node_content_picture/public/megh_pillay_3.jpg?itok=AZvwwnW_" width="1280" height="720" alt="" typeof="foaf:Image" class="img-responsive" /> </div> <div class="field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field--item"><p>Fin stratège et ancien capitaine d’industries publiques emblématiques comme Mauritius Telecom, Air Mauritius et la State Trading Corporation, Megh Pillay dresse un constat implacable du délitement institutionnel de Maurice. Pour lui, la réputation d’excellence construite à force de rigueur technocratique et de gestion visionnaire a été sacrifiée sur l’autel de l’ingérence politique, de la médiocrité managériale et du clientélisme. Il dénonce une centralisation autoritaire du pouvoir décisionnel et la soumission des conseils d’administration à l’Exécutif, entre autres. Megh Pillay plaide pour un retour aux fondamentaux : gouvernance indépendante, professionnalisme, transparence et méritocratie. Refusant le fatalisme, il affirme que le redressement est possible.<br /> <br /> <strong>Jadis cité en exemple, Maurice est aujourd’hui comparé par The Economist à une équipe de football de deuxième division. Vous qui avez vécu l'âge d'or des grandes institutions publiques, auriez-vous jamais imaginé une telle dégradation de l'image du pays ?</strong><br /> Cette comparaison demeure presque généreuse. Il y a une semaine, The Institute for Security Studies publiait une analyse intitulée : « Is the Mauritian miracle running on fumes ? ». Au fait, nous sommes tombés bien plus bas, non seulement dans le classement général, mais aussi sur toutes les statistiques de la Ligue. Nous avons connu une époque où la compétence technocratique soutenait un développement planifié, générant une croissance rapide des institutions publiques et privées, devenues des modèles enviés.</p> <p>La réputation de Maurice, fondée sur la bonne gouvernance et la fiabilité institutionnelle, s’est progressivement érodée, révélant des fragilités profondes qui appellent à une véritable remise en question.</p> <p><strong>Au-delà de l’humiliation symbolique, en quoi cette perte de crédibilité internationale peut-elle hypothéquer nos capacités à attirer des investisseurs étrangers et à financer notre développement futur ?</strong><br /> Cette perte de crédibilité ne découle pas d’une perception erronée, mais de faits tangibles et bien connus. L’ingérence politique sans précédent dans les affaires économiques, la succession de scandales, les actes de corruption avérés, la manipulation frauduleuse des fonds et des comptes publics, y compris du budget national, ont sérieusement compromis notre image de marque.</p> <p>Cependant, par le rejet clair du régime lors des élections de novembre dernier, le peuple a adressé un signal fort et positif aux investisseurs. Ces derniers recherchent avant tout la stabilité politique, le respect des valeurs démocratiques, la séparation des pouvoirs, une gestion saine des affaires économiques, une gouvernance fondée sur des règles, ainsi que des juges intègres et indépendants et non des décisions guidées par les caprices des proches du pouvoir.</p> <p>Ce sont aussi les modifications arbitraires des lois, l’octroi et le retrait discrétionnaires de permis sous l’autorité de personnes corrompues, la rupture abusive de contrats et les expulsions sans procès parmi les risques majeurs qui dissuadent les investisseurs.</p> <p>Le nouveau gouvernement devra entreprendre un travail colossal pour rétablir l’ordre, restaurer la confiance et préparer le terrain avant d’accéder aux marchés financiers et d’organiser des roadshows. Il s’agit là d’un défi considérable qui incombe à l’Economic Development Board.</p> <p><strong>Avec des scandales comme celui de la Mauritius Investment Corporation (MIC), courons-nous le risque d'une relégation encore plus sévère ?</strong><br /> Les dérives de l’ancien régime étaient de notoriété publique, bien que rarement évoquées à haute voix par crainte des représailles d’un État policier répressif. Après avoir été privé de liberté d’expression pendant une longue période, le public manifeste aujourd’hui une forte exigence de transparence et de justice. Le pouvoir en place ne saurait l’ignorer.</p> <p>Cependant, si la divulgation des scandales n’est pas suivie de mesures correctives rigoureuses, nous risquons de sombrer davantage et de ne pas pouvoir redresser la situation avant de nombreuses années. Les personnes responsables doivent être traduites en justice rapidement, et pas dans 10 ou 20 ans</p> <p><strong>Vous avez dirigé trois mastodontes publics (Mauritius Telecom, Air Mauritius et State Trading Corporation) à une époque où ils pesaient encore lourd. Aujourd'hui, beaucoup d'institutions publiques sont soit exsangues, soit zombifiées. Est-ce le fruit d'une incompétence crasse, d'une ingérence politique généralisée, ou tout simplement d’un modèle institutionnel qui n’a pas survécu à l'usure du pouvoir ?</strong><br /> Tout modèle institutionnel performant doit évoluer en fonction de la dynamique sectorielle et des avancées technologiques. À Mauritius Telecom, nous avons anticipé les transitions technologiques majeures : du fixe au mobile, du cuivre à la fibre optique, des satellites géostationnaires aux câbles sous-marins, et de la voix à la transmission de données.</p> <p>De même, Air Mauritius devait sans cesse innover en équipement, réseau, marketing et service pour faire face la concurrence et tirer parti des nouvelles opportunités offertes par la baisse des coûts de transport aérien. La STC a adopté une approche similaire dans un environnement économique en mutation rapide.</p> <p>Nous avons partout enregistré des taux de croissance et des niveaux d’efficacité remarquables en adaptant nos modes de gestion, en maximisant les ressources existantes et en générant de la valeur pour assurer la pérennité des entreprises.</p> <p>Malheureusement, le régime précédent a souvent nommé des individus dépourvus de compétences à la tête de ces entreprises. Ces dirigeants se sont contentés de gérer les affaires courantes sans envisager l’avenir. Une telle approche a conduit inévitablement à la dégradation des structures organisationnelles, phénomène désormais perceptible à travers l’ensemble du secteur public et, dans certains cas, du secteur privé, également affecté par le chantage politique.</p> <p><strong>Quels sont les péchés capitaux qui conduisent irrémédiablement une institution publique vers la déroute ?</strong><br /> Ils sont nombreux, mais dans notre contexte, ils émanent tous d’une cause commune : la centralisation effective ou perçue du pouvoir décisionnel.</p> <p>À l’origine, les institutions étaient conçues pour fonctionner de manière autonome, car elles maîtrisaient mieux que quiconque leurs domaines respectifs. Elles étaient guidées par des objectifs nationaux clairement définis et tenaient également compte des orientations du pouvoir exécutif, qu’elles avaient pour rôle de conseiller. Les décisions étaient prises par un Conseil d’administration (CA) composé de personnalités dignes et compétentes, tenues d’agir en toute indépendance et selon leur conscience.</p> <p>Dans un cadre sain, le CA était guidé par la hiérarchie institutionnelle dotée de la connaissance et de l’intelligence sectorielles. Mais dans le système déliquescent qui s’est instauré, le pouvoir a nommé au sein des CA des fonctionnaires dociles et des individus prêts à suivre des directives prédéterminées. Quelle que soit la législation ou les statuts régissant les obligations fiduciaires, ces membres ont aveuglément suivi les instructions transmises par les représentants du pouvoir politique.</p> <p>Le ministre lui-même n’agissait qu’après avoir obtenu l’aval du Premier ministre, lequel, selon plusieurs témoignages, se fiait davantage aux recommandations de son entourage familial qu’aux analyses des institutions. Il est désormais bien établi que des décisions ministérielles ont été révoquées sous l’influence d’ingérences extérieures.</p> <p>Dans un système normal, les données recueillies sur le terrain sont analysées par les spécialistes avant que les décisions ne soient prises en toute connaissance de cause. Or, depuis un certain temps, le processus décisionnel s’effectue dans le sens inverse.</p> <p>Je me permets de rappeler qu’un ancien Gouverneur de la Banque de Maurice avait déclaré publiquement qu’il sollicitait les conseils de son Premier ministre, Anerood Jugnauth, lequel n’était pourtant pas un expert en politique monétaire. Ce type de comportement illustre bien comment l’épine dorsale de nos institutions a été fragilisée par la prolifération de comportements opportunistes et serviles.</p> <p><strong>Soyons directs : est-il encore possible de diriger une entreprise publique en suivant une boussole professionnelle — et non politique — sans risquer sa carrière ?</strong><br /> Oui, cela redeviendra possible à condition de démanteler le système de gouvernance mis en place par le régime précédent.</p> <p>J’ai occupé des fonctions dirigeantes au sein d’entreprises publiques sous les gouvernements d’Anerood Jugnauth, Navin Ramgoolam, Paul Bérenger, puis à nouveau Navin Ramgoolam et Anerood Jugnauth. Aucun de ces Premiers ministres n’a remis en question mon intégrité personnelle ni ma loyauté pour avoir servi sous des adversaires électoraux. Seuls la performance et les résultats comptaient.</p> <p>Il est vrai que le CEO d’une entreprise publique devient souvent la cible des frustrations de ceux qui n’ont pas obtenu un emploi, une promotion, un poste, des privilèges ou des contrats, persuadés que le CEO avait le pouvoir de satisfaire leurs demandes appuyées par des interventions politiques. Ces frustrations sont parfois habilement présentées au pouvoir politique sous forme de récits biaisés.</p> <p>J’ai eu la chance de maintenir une ligne de communication régulière avec les Premiers ministres, ce qui m’a permis de désamorcer certaines situations délicates. En général, ces dirigeants faisaient preuve de sagesse et défendaient les CEO en qui ils avaient confiance.</p> <p>Je suis donc convaincu que les jeunes professionnels peuvent aspirer à diriger des entreprises publiques sans être réduits au rôle de pantins, à condition que les règles de gouvernance soient rétablies.</p> <p><strong>Quand vous étiez aux commandes, Air Mauritius faisait encore rêver. Aujourd’hui, c’est presque devenu un cas d'école en matière de faillite stratégique. S’agit-il d’un suicide organisationnel.. ou d’un assassinat politique ?</strong><br /> Air Mauritius, longtemps citée comme un modèle de réussite dans le secteur aérien commercial pendant plus de 50 ans, est devenue aujourd’hui un cas d’école de faillite annoncée.</p> <p>Il est notoire que la sphère politique ne maîtrise pas la gestion d’entreprise et qu’elle sous-estime souvent les conséquences négatives de ses ingérences dans le fonctionnement d’une compagnie aérienne.</p> <p>Sous le dernier gouvernement, cette ingérence est devenue systémique, affectant la stratégie, l’administration, les finances, la maintenance, les opérations de la flotte et la gestion des ressources humaines, y compris le personnel technique à bord et au sol.</p> <p>Le Conseil d’administration a abdiqué ses responsabilités, et la direction n’a fait qu’exécuter les instructions extérieures, craignant la perte de leurs emplois, de leurs privilèges et de leurs acquis. Ceux qui osaient s’opposer aux directives ont été écartés de manière expéditive. Les cas de Patrick Hofman et le mien, parmi d’autres, ont servi d’exemple pour décourager toute contestation professionnelle.</p> <p>Air Mauritius n’a pas sombré par suicide, mais par empoisonnement. Les responsables de l’administration de ce poison sont aujourd’hui connus.</p> <p><strong>Rs 17,7 milliards de pertes en moins d'une décennie, sans réaction sérieuse : cela relève-t-il d'une perte totale de culture de gestion ?</strong><br /> Il s’agit du résultat d’une gestion téléguidée par une personne dépourvue de toute connaissance des principes fondamentaux du management et des spécificités du transport aérien commercial.</p> <p>À mon départ fin 2016, Air Mauritius affichait des profits record de plus de Rs 1 milliard. La compagnie avait transporté plus de 1,6 million de passagers sur ses 13 avions, avec un taux de remplissage de 79 %. Tous les indicateurs fondamentaux étaient positifs et supérieurs à la moyenne de l’industrie.</p> <p>Le déclin s’est étalé sur huit ans. Pourtant, en juin 2019, M. Sattar Hajee Abdoula a procédé à une restructuration du capital, approuvée par une assemblée spéciale des actionnaires, confirmant que MK demeurait viable pour au moins une année. Or, six mois plus tard, avant même l’apparition de la pandémie de COVID-19, la compagnie était déjà insolvable.</p> <p>Contre toute attente, le Conseil d’administration a confié à ce même M. Abdoula le rôle d’Administrateur avec pleins pouvoirs pour disposer des biens l’entreprise comme bon lui semblait, sans obligation de rendre des comptes. Certains observateurs ont alors déclaré, en privé, qu’au lieu de faire appel à un médecin, le régime avait envoyé un fossoyeur au chevet d’une MK mourante.</p> <p><strong>Il lui a fallu un délai record de 18 mois pour restituer au Conseil d’administration une entreprise dépouillée de ses ressources essentielles. À son départ, il ne subsistait plus aucune culture de gestion chez MK.<br /> Faut-il, pour sauver Air Mauritius, briser le tabou et ouvrir le capital à un partenaire stratégique ? Ou risquons-nous alors de tout perdre, y compris notre contrôle souverain sur notre ciel ?</strong><br /> Il serait imprudent de prescrire un remède aussi radical qu’un partenariat stratégique sans procéder d’abord à un diagnostic précis des difficultés de MK. Une telle décision risquerait d’engager le pays dans des conséquences irréversibles.</p> <p>Il existe des compétences, à Maurice et ailleurs, capables de remettre MK sur pied pour lui permettre de redevenir un moteur de croissance et de développement. Ce processus nécessitera une volonté politique affirmée et un soutien initial de l’État.</p> <p>Le marché mauricien offre un potentiel considérable. Les connaissances, les technologies et les capitaux nécessaires peuvent être mobilisés pour exploiter pleinement ce potentiel, au bénéfice du pays et de sa sécurité économique.</p> <p>Des compagnies aériennes de petits États tels qu’Emirates, Qatar Airways ou Singapore Airlines ont accompli de telles réussites sans recourir à des partenaires étrangers. Ethiopian Airlines constitue également un exemple probant de réussite lorsque la sphère politique laisse les professionnels gérer les opérations.</p> <p>La classe politique aurait avantage à consacrer son énergie à des priorités plus stratégiques qu’au micro-management des entreprises publiques.</p> <p><strong>Comment peut-on faire redécoller le Paille-en-Queue ?</strong><br /> Comme on le ferait pour toute entreprise confrontée à un effondrement de cette ampleur.</p> <p>Il convient d’abord de rétablir une gouvernance d’entreprise crédible en nommant un Conseil d’administration restreint composé de cinq à sept personnalités, incluant le CEO, toutes expérimentées dans le monde des affaires et motivées par la mission de redressement.</p> <p>Ce Conseil élaborera un plan stratégique à long terme, aligné sur la vision et les objectifs économiques du gouvernement, ainsi qu’un plan d’affaires de deux ans. Une fois la mission et les objectifs clarifiés, une équipe de direction, strictement sélectionnée pour sa compétence et son adéquation avec la nouvelle vision, sera constituée.</p> <p>Air Mauritius, malgré sa situation critique, demeure une entreprise opérationnelle. Des ajustements initiaux peuvent être apportés en attendant une refonte complète. Il sera essentiel de doter la compagnie des moyens correspondant à ses ambitions, à commencer par une flotte adaptée pour exploiter efficacement ses marchés traditionnels et restaurer le niveau de service qu’elle offrait auparavant.</p> <p><strong>Et l’ardoise de Rs 17,7 milliards de pertes accumulées ?</strong><br /> Il convient de relativiser cette dette. Il y a moins de deux mois, le président du Conseil d’administration a annoncé des pertes cumulées de Rs 15,7 milliards. Est-ce insurmontable pour une entreprise générant un chiffre d’affaires annuel de Rs 30 milliards ?</p> <p>À titre d’exemple : si votre budget mensuel s’élève à Rs 100 000 et que vous subissez une perte exceptionnelle de Rs 52 000, vous devrez faire face à cette situation et travailler davantage pour la surmonter.</p> <p>Dans le cas de MK, il serait préférable d’investir davantage afin de préserver et de reconquérir les parts de marché cédées à la concurrence. Ce n’est certainement pas le moment d’imposer des coupes budgétaires drastiques. Il est impératif d’investir massivement.</p> <p>MK génère pour Maurice bien plus que son propre chiffre d’affaires, étant un maillon clé d’un pilier majeur de l’économie nationale. Si le gouvernement en prend pleinement conscience, il lui apportera le soutien nécessaire.</p> <p><strong>Le Price Stabilisation Account, qui devait protéger le peuple contre la volatilité pétrolière, a-t-il été cyniquement vidé de son sens par des logiques de trésorerie et de gestion opportuniste ?</strong><br /> Le Price Stabilisation Account (PSA) constituait le cœur d’une réforme de la politique de fixation des prix des carburants, mise en œuvre en janvier 2011. Cette réforme avait obtenu la satisfaction de toutes les parties prenantes jusqu’au début de 2015, lorsque le gouvernement nouvellement élu en décembre 2014 a décidé de modifier le dispositif sans évaluer les conséquences prévisibles, notamment en le dissociant de la volatilité des cours mondiaux du pétrole.</p> <p>La formule reposait sur l’application stratégique de trois leviers politiques distincts : le prix de détail, les impôts applicables et les subventions. Elle produisait des résultats bénéfiques pour l’ensemble des acteurs : consommateurs, opérateurs pétroliers, pompistes, trésorerie publique et décideurs politiques.</p> <p>Il s’agit donc d’un exercice d’équilibre qu’il conviendrait de rétablir dès que possible. Le contexte actuel est favorable, compte tenu de la tendance baissière des cours pétroliers, qui devraient demeurer faibles pendant une période prolongée.</p> <p><strong>Les carburants sont devenus une manne fiscale pour l’État. Peut-on encore parler, selon vous, de justice fiscale énergétique, ou sommes-nous face à une ponction camouflée sur le dos des classes moyennes et populaires ?</strong><br /> Les Mauriciens sont des citoyens informés et raisonnables. Le prix mondial du pétrole est de notoriété publique et échappe à notre contrôle. Comme ailleurs dans le monde, l’État prélève des impôts sur les carburants afin d’alimenter la trésorerie publique.</p> <p>Toutefois, les Mauriciens n’acceptent pas qu’on les considère comme des personnes naïves à qui l’on impose des taxes sous un prétexte donné, tout en utilisant les fonds à d’autres fins, en dissimulant les chiffres réels et en concluant des contrats publics de manière opaque, sous couvert de confidentialité commerciale.</p> <p>Une transparence totale sur les achats pétroliers réalisés au cours des huit dernières années permettrait de tirer les leçons nécessaires et de rétablir la confiance. Rien ne justifierait alors la suspicion d’abus de confiance.</p> <p><strong>Est-il utopique d'imaginer une fiscalité différenciée sur les carburants, protégeant réellement les ménages vulnérables ?</strong><br /> Ce n’est nullement utopique. C’est, au contraire, la voie à privilégier.</p> <p>La Banque mondiale, qui examine régulièrement la question de la fiscalité des carburants, en discutait avec moi chaque année durant mes cinq années à la STC. Ce levier constituait un outil politique sensible, et ma responsabilité était de soutenir la politique gouvernementale, tout en prenant en compte nos spécificités et une perspective plus large que celle de la simple rentabilité commerciale de la STC.</p> <p>La solution la plus simple serait d’instaurer une taxation différenciée unique, telle qu’un Fuel Levy, déjà appliquée dans plusieurs pays. Toutefois, la complexité de notre situation nationale exige une réflexion approfondie de la part des ministères des Finances et du Commerce.</p> <p><strong>Le projet gouvernemental de faire de la STC une "machine anti-cartel" : est-ce une renaissance stratégique.. ou une nostalgie irréaliste des économies administrées des années 1980 ?</strong><br /> Le contexte économique mondial a considérablement évolué depuis cette époque. Notre petite taille, nos besoins de consommation relativement modestes, notre capacité de stockage limitée, notre éloignement des ports d’embarquement et nos problèmes portuaires chroniques imposent le maintien de la STC dans son rôle actuel, au moins pour la période présente, afin de garantir la sécurité énergétique et alimentaire du pays.</p> <p>Il serait peu coûteux de rétablir la transparence dans toutes les opérations de la STC et de restaurer la confiance. Le Directeur de l’Audit et son personnel avaient, par le passé, un accès illimité à tous les dossiers et contrats. Même les accords conclus sous le régime des Government-to-Government comportaient des clauses de confidentialité, mais les protocoles étaient respectés.</p> <p>À la suite d’une remarque faite au Parlement par Paul Bérenger, alors leader de l’Opposition, j’avais sollicité et obtenu l’accord du Premier ministre Navin Ramgoolam pour inviter M. Bérenger à consulter l’intégralité des contrats. Il avait décliné l’invitation mais avait, sans doute, compris qu’il n’y avait rien à cacher.</p> <p><strong>Traiter directement avec les producteurs pour importer en vrac : cela paraît vertueux. Mais dans la réalité mauricienne, cela n’ouvre-t-il pas une boîte de Pandore en matière de risques logistiques, de fraudes et de malversations ?</strong><br /> Les technologies de communication et les plateformes de commerce en ligne permettent aujourd’hui d’effectuer des achats de manière collégiale et transparente.</p> <p>Les risques de fraude et de malversation sont également surveillés de près par les concurrents, qui n’hésitent pas à tirer la sonnette d’alarme en cas d’anomalie portant préjudice à leurs intérêts.</p> <p>Un système de contrôle rigoureux existait à la STC jusqu’à ce que le pouvoir politique décide de ne plus rendre compte de ses actes. La procédure dite Emergency Procurement, censée être exceptionnelle, est alors devenue la norme, les décisions étant prises directement par le ministre de tutelle et imposées à la STC par les hauts fonctionnaires de son cabinet.</p> <p><strong>Faut-il profondément réinventer la STC — en faisant un vrai acteur de souveraineté économique — ou accepter qu’elle soit devenue un instrument de contrôle politique plutôt qu’un levier économique ?</strong><br /> Il suffirait que le pouvoir politique décide de respecter les procédures établies avant le dernier régime et de rétablir une gouvernance saine. Les protocoles n’ont nul besoin d’être réinventés ; il convient simplement de les appliquer avec la rigueur qu’exigent les contrats publics.</p> <p>Cela étant dit, la STC pourrait disparaître lorsque Port-Louis deviendra une plaque tournante de la transformation et du commerce régional de commodités, à l’image de Singapour à ses débuts. Des stocks privés de produits pétroliers, de céréales, d’épices et d’autres denrées essentielles seraient alors disponibles.</p> <p>À la STC, nous avions déjà avancé ce projet sous le précédent mandat de Navin Ramgoolam.</p> <p>À terme, avec la disparition des poches de pauvreté et l’abandon des subventions généralisées, il n’y aurait plus de levier politique sensible. Le soutien serait alors ciblé uniquement vers les ménages réellement nécessiteux.</p> <p><strong>Si vous aviez une dernière carte à jouer, un dernier pari à faire pour croire encore dans le destin de Maurice, qu’auriez-vous fait ?</strong><br /> Je ne joue pas aux cartes et je ne fais jamais de paris.</p> <p>Je prierais pour que ceux investis de pouvoir absolu fassent preuve de sagesse, de volonté, de courage et de l’énergie nécessaires pour remettre le pays en ordre, établir des garde-fous et légiférer de manière à prévenir toute récidive des dérives qui ont conduit à la décomposition de notre gouvernance.</p> </div> <div class="field field--name-field-disqus field--type-disqus-comment field--label-hidden field--item"><drupal-render-placeholder callback="Drupal\disqus\Element\Disqus::displayDisqusComments" arguments="0=Megh%20Pillay%20%3A%C2%A0%C2%ABCe%20pays%20peut%20se%20redresser%C2%A0s%E2%80%99il%20r%C3%A9tablit%20des%20garde-fous%C2%BB&amp;1=http%3A//defimedia.info/megh-pillay-ce-pays-peut-se-redresser-sil-retablit-des-garde-fous&amp;2=node/171776" token="XojiXb3-XU3a3Gm0-XLJTm3UQXqMx1FGMuKtmcZ0giE"></drupal-render-placeholder></div> Sun, 11 May 2025 04:50:00 +0000 Eshan Dinally 171776 at http://defimedia.info Sen Ramsamy : «La rentabilité de quelques grands hôtels pas synonyme de bonne santé du tourisme» http://defimedia.info/sen-ramsamy-la-rentabilite-de-quelques-grands-hotels-pas-synonyme-de-bonne-sante-du-tourisme <span>Sen Ramsamy : «La rentabilité de quelques grands hôtels pas synonyme de bonne santé du tourisme»</span> <span><span lang="" about="/users/pdaby" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Pradeep Daby</span></span> <span>jeu 08/05/2025 - 08:10</span> <div class="field field--name-field-main-picture field--type-image field--label-hidden field--item"> <img src="/sites/default/files/styles/node_content_picture/public/sen_ramsamy_0.jpg?itok=ljSVrlmN" width="1280" height="720" alt="" typeof="foaf:Image" class="img-responsive" /> </div> <div class="field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field--item"><p>La rentrée 2025 dans le secteur du tourisme mauricien a été marquée par des pertes durant le premier trimestre. Simple parenthèse ou véritable raison de s’inquiéter ? Pour Sen Ramsamy, spécialiste du secteur du tourisme et Managing Director de Tourism Business International, « Maurice doit être fin prête avec son ‘contingency plan’ » afin de faire face à des incertitudes au niveau mondial provoquées par des conflits militaires.<br /> <br /> <strong>Quelle lecture faites-vous de la reprise dans notre secteur du tourisme ? Sommes-nous en train de renouer avec les chiffres d’arrivées pré-Covid ?</strong><br /> La reprise du tourisme post-Covid à Maurice est plutôt lente par rapport à nos concurrents dans la région. Les pertes ne sont pas que dans les arrivées, mais surtout en devises étrangères. Bien avant la pandémie de 2020, Maurice était déjà au seuil de 1,4 million de visiteurs. C’était en 2018 avec le chiffre record de 1 399 408 touristes. À ce jour, la barre fatidique de 1,4 million de visiteurs semble toujours difficile à franchir.</p> <p>Cette année, notre destination a démarré sur une note inquiétante avec une baisse inhabituelle de 6 % dans les arrivées sur l’ensemble du premier trimestre. C’est un phénomène très rare qui s’est produit en deux occasions seulement dans toute l’histoire du tourisme mauricien : en 1975 et en 2009. Cette situation n’est pas surprenante, car nous tirons la sonnette d’alarme depuis belle lurette, mais l’ancien régime faisait toujours la sourde oreille. Une petite lueur d’espoir est cependant venue avec la fête de Pâques en début d’avril cette année. Espérons que nous irons crescendo jusqu’à juin pour rattraper les pertes du premier trimestre.</p> <p>Mais l’impact du chikungunya et de la dengue qui frappent fort à La Réunion est très inquiétant. D’autres facteurs, comme l’instabilité qui s’aggrave avec les menaces contre l’Iran, et surtout avec notre Diego Garcia en filigrane dans cette perspective de guerre, l’attaque de Pahalgam au Cachemire qui a plongé l’Inde, un marché important pour nous, dans une situation de haute tension, les incertitudes économiques avec la guerre des tarifs, la valeur du dollar, etc., pourraient avoir des effets néfastes sur le tourisme de la zone indiano-océanique. Maurice doit être fin prête avec son ‘contingency plan’.</p> <p>L’éternel problème de connectivité aérienne, de manque d’avions et de prix exorbitants des billets d’avion ne semble pas avoir une solution dans l’immédiat. Le secteur est en attente depuis longtemps.<br /> Cependant, il est aussi vrai que les tarifs pratiqués par les hôtels depuis quelque temps font de Maurice une destination chère, alors que les voyageurs pourraient facilement trouver mieux ailleurs pour moins cher. Les prix exorbitants des chambres d’hôtels avec un service plutôt médiocre, c’est la meilleure façon d’inciter nos visiteurs à aller voir ailleurs.</p> <p><strong>Durant ces trois derniers mois, les chiffres des arrivées de touristes ont régressé alors qu’une touriste américaine a été tuée dans son appartement. Comment traiter ces deux enjeux ?</strong><br /> Il y a malheureusement plusieurs autres cas d’abus contre nos visiteurs qui ne sont pas rapportés. La situation exige des actions fortes sur le terrain. La Police du Tourisme, le ministère du Tourisme, la MTPA, la TA, toutes les associations du tourisme, les opérateurs, les guides, les jeunes et les forces vives doivent être mobilisés, surtout dans les zones à risque, pour empêcher les abus contre les visiteurs tout en menant une campagne nationale de conscientisation sur la courtoisie et l’importance du tourisme pour notre économie.</p> <p>D’où mon appel archi-répété pour arrêter cette bêtise que sont les forfaits ‘All-Inclusive’, qui profitent seulement aux hôteliers mais causent un tort immense à la population. Après avoir licencié des milliers de Mauriciens, maintenant on veut de la main-d’œuvre étrangère. La frustration et le sentiment de rejet sont sources d’insécurité dans un pays, et les exemples abondent dans le monde. La nation gagnerait beaucoup plus sur plusieurs fronts si les hôtels pratiquaient le ‘bed &amp; breakfast’ au lieu de leur forfait de confinement pour les visiteurs.</p> <p>Les causes de l’insécurité des touristes sont profondes et elles méritent une analyse sans état d’âme et des actions concrètes.</p> <p>Quelques pistes qui pourraient peut-être aider à trouver des solutions seraient, à mon avis, le fléau de la drogue qui devient très grave. Un jeune qui est en manque va vouloir de l’argent par tous les moyens.</p> <p>D’un côté, il y a la facilité déconcertante avec laquelle des opérateurs du tourisme ont contourné, non sans calcul stratégique, le problème de manque de main-d’œuvre en insistant sur l’importation des travailleurs étrangers. Cela a aggravé ainsi le problème du chômage des jeunes et on sait où cela les mène. Ces conditions favorisent la délinquance et nos visiteurs, comme proies faciles, en font les frais.</p> <p>De l’autre côté, il y a une école hôtelière qui est entrée dans un profond sommeil alors que l’industrie a besoin de programmes de formation de qualité pour attirer un plus grand nombre de jeunes.</p> <p><strong>Est-ce que les recettes dans ce secteur attestent d’une reprise en développement&nbsp;? Est-ce que les touristes dépensent suffisamment comme on le souhaite chez nous ?</strong><br /> En 2024, le tourisme a généré Rs 94 milliards (US$ 1 990 millions) en devises lourdement dépréciées. La dépense moyenne d’un touriste chez nous tournait alors autour de US$ 126 par jour, toutes dépenses comprises. Ce n’est pas beaucoup pour une destination qui se proclame haut de gamme. Fait intéressant, en 2014, les dépenses moyennes d’un touriste étaient d’environ US$ 135 par jour.</p> <p>Oui, le secteur remonte la pente, mais la prudence est de mise. La profitabilité d’une poignée de grands hôtels n’est pas synonyme de bonne santé du tourisme dans son ensemble.</p> <p>D’un côté, beaucoup de visiteurs se plaignent que les prix de nos hôtels sont chers, et de l’autre, on voit que les dépenses moyennes par visiteur par jour ont baissé. Cette contradiction pourrait être une indication que beaucoup de visiteurs préfèrent le secteur informel, à travers AirBnB, Booking.com, etc., au détriment des petits et moyens hôtels.</p> <p><strong>Est-ce que les soutiens de la MIC à partir de 2020 ont été déterminants pour maintenir sur pied les hôtels et restaurants qui dépendent du tourisme dans notre pays ?</strong><br /> La MIC avait été présentée comme le sauveur des entreprises pendant la pandémie. Cet organisme, que notre Banque centrale a enfanté dans le dos du petit peuple, a plongé des institutions dites respectables dans la honte. D’après les coupures de presse, je comprends maintenant que la MIC avait partagé des milliards de notre argent à un taux de 3,5 % avec certains ‘fat cats’ du secteur privé. Ce qui est choquant, c’est que les petits et moyens hôtels qui se battent pour survivre dans un contexte de baisse des arrivées et d’augmentation des coûts d’opérations se sont vu imposer un taux d’intérêt jusqu’à… 8 % !!!</p> <p><strong>Incroyable mais vrai ! Comment ont-ils osé croire qu’un petit hôtel déjà en grave difficulté financière et qui fait face à une concurrence déloyale venant des hébergements informels puisse rembourser de telles dettes à un taux décrété unilatéralement pour mieux étouffer ?</strong><br /> Il faut enlever d’urgence cette discrimination flagrante contre les petits et moyens hôtels en alignant un taux d’intérêt uniforme de 3,5 % pour toute entreprise opérant dans un même secteur d’activités comme l’hôtellerie et le tourisme.</p> <p>Puisque les grands ont toujours un appétit gargantuesque quand il s’agit des biens d’autrui et de l’argent du peuple, on peut même suspecter, à tort ou à raison, que le calcul derrière ce mécanisme était de broyer d’autres petits et moyens hôtels pieds dans l’eau en leur donnant ‘enough rope to hang themselves’. Ainsi, certains en auraient profité pour faire main basse sur ces hôtels de plage avec l’apport des cuisiniers de service. Un promoteur victime de cette situation refait la une en ce moment après avoir perdu tous ses hôtels dans les mêmes circonstances.</p> <p><strong>Est-ce que l’heure est venue pour ces hôtels de commencer à rembourser les prêts obtenus de la MIC ou leur faut-il un moratoire&nbsp;?</strong><br /> Ceux qui ont utilisé l’argent de la MIC pour acheter ou construire de nouveaux hôtels à Maurice ou ailleurs, ou encore agrandir leur capacité de chambres, et non pour se relever de la crise de la Covid en investissant, par exemple, dans leurs ressources humaines, doivent obligatoirement et urgemment rembourser la totalité des sommes empruntées, car c’est l’argent du peuple avant tout.</p> <p>À part la MIC, il y avait aussi beaucoup d’argent mis à disposition généreusement par l’ancien régime pour garder les hôtels à flot.</p> <p>Environ 5 000 employés de l’hôtellerie avaient perdu leurs emplois pendant la crise sanitaire avec l’aide d’un amendement à la loi. Ces aides financières avaient aussi coûté des milliards avant même la création de la MIC, et il faut les rembourser sans aucune cérémonie. C’est aussi l’argent du peuple.</p> <p><strong>Comment l’île Maurice devra-t-elle concilier les attentes des voyageurs toujours plus exigeants avec les défis environnementaux et l’essor des nouvelles technologies ?</strong><br /> Il faut commencer par avoir un leadership fort et une vision claire pour notre tourisme. Depuis le départ de Sir Gaëtan Duval, ministre du Tourisme exemplaire avec qui j’ai eu le privilège de travailler, notamment à commencer par la création même d’un ministère pour le tourisme, la destination Maurice navigue à vue sans aucun sens de direction. Les dix dernières années ont été une perte de temps, car il n’y avait aucune vision, ni de vraie politique de développement touristique, encore moins de stratégies intelligentes pour un marketing moderne digne de ce nom. La digitalisation dans le tourisme se fait lentement et sans grande conviction. Je n’entends plus parler du master plan pour le tourisme annoncé tambour battant depuis quelques années avec le soutien financier de la Banque mondiale. Le rebranding de la destination annoncé en 2022 pour son repositionnement dans l’ère post-Covid sur le marché mondial avait été lancé en grande pompe mais sournoisement mis au frigo par petitesse d’esprit. J’en sais quelque chose.</p> <p>Aujourd’hui, le pays a deux jeunes ministres du Tourisme à différents degrés et de qualité, mais il nous manque toujours un vrai leader capable de mener ce secteur avec vision, audace et efficacité.</p> <p><strong>Des groupes hôteliers éprouvent encore des difficultés à embaucher et à retenir un certain nombre de leurs personnels. Que faut-il pour retenir ces compétences ?</strong><br /> Cette situation était prévisible et j’avais mis en garde dans ce même journal que profiter de la Covid pour dégraisser le personnel en forçant ‘amicalement’ les plus anciens vers la porte de sortie était une erreur grave. Les cuisiniers de l’ancien régime étaient à pied d’œuvre pour la mise à pied des travailleurs, surtout les mieux payés, en faisant passer une nouvelle loi pour licencier facilement sans les compensations réglementaires. Puisque l’appétit des gros vient toujours en mangeant, je pense que la formule était bien calculée pour remplacer les anciens par des jeunes, surtout étrangers, sur la base du salaire minimum.</p> <p>C’est ainsi que nous avons perdu les vrais bosseurs de l’hôtellerie qui ont fait la fierté du tourisme mauricien des années durant. En conséquence, le nombre d’employés directs dans le secteur est passé de 32 000 en 2019 à 27 000 en 2023. Aujourd’hui, la clientèle, à la fois étrangère et locale, se lamente de la qualité de service dans nos hôtels et restaurants. Quand la voracité et la myopie se conjuguent, bonjour les dégâts.</p> <p><strong>Certains observateurs, parmi vous-même, plaident toujours pour une vraie diversification de notre clientèle touristique. Quelle est la stratégie à adopter pour y arriver ?</strong><br /> La diversification de notre clientèle touristique ne veut surtout pas dire l’abandon de nos marchés traditionnels. Avec la technologie de pointe, l’information pourrait bientôt passer à la vitesse 7G à travers le monde. De ce fait, le monde entier est devenu un immense marché global, et Maurice a intérêt à se positionner pour en tirer un maximum de bénéfices. Il faut diversifier nos sources de visiteurs pour ne pas être dépendants du seul marché européen, qui fait aussi face à des crises multiples et dont le pouvoir d’achat diminue, contrairement aux visiteurs asiatiques. Les pays d’Afrique, d’Asie et du Moyen-Orient regorgent de niches potentielles pour la destination Maurice. L’Afrique a beaucoup de milliardaires en dollars qui cherchent à investir ou à faire des escapades dans des îles comme la nôtre. Les touristes chinois sont les plus grands dépensiers au monde. Les Arabes richissimes recherchent l’exclusivité en famille. Les yeux de Maurice restent braqués principalement sur l’Europe. Si diversification il y a, c’est pour offrir les mêmes produits conçus pour une demande européenne. Cependant, chaque marché a ses particularités, ses préférences, son style de vie et ses attentes qu’il nous faut apprécier et surtout respecter, d’où qu’ils viennent. Notre offre touristique, éminemment euro-centrique, ne peut être un passe-partout pour tous les marchés émetteurs, et surtout ceux émergents. Il est primordial d’adapter notre offre en rapport avec la demande du client. D’où l’importance de diversifier, d’agrémenter et d’améliorer nos offres touristiques avec des produits pour tous les goûts : bien-être, soins médicaux, sport, arts et culture, éco-tourisme, et une stratégie MICE bien réfléchie et qui soit bien au-delà de la simple organisation de conférences.</p> <p>Ceci étant, l’accès aérien reste l’aspect fondamental. La posture d’Air Mauritius n’étant pas rassurante depuis des années par la faute d’un ancien incompétent avec sa tête de Turc, l’avenir de notre ligne nationale me paraît très sombre. Le hub de Dubaï offre une connectivité très attrayante. Mais il faut aussi reconnaître que c’est quand Emirates Airline a commencé à manger dans l’assiette de MK que le sort de cette dernière a basculé sans qu’elle ne réagisse en conséquence. Dans un contexte de négociations bilatérales, il est important de s’assurer que les trade-offs soient proportionnels aux avantages offerts aux parties concernées, et que la compagnie nationale ne soit pas réduite en simple figurant. Comme pour toutes les destinations à vocation touristique, la politique d’accès aérien est une richesse nationale qui doit absolument favoriser «the greater good», c’est-à-dire le pays en général, son économie et sa population. Les Seychelles et les Maldives jouent cette carte à merveille, et les retombées économiques, sociales et diplomatiques y sont conséquentes. Celles-ci touchent à plusieurs secteurs : investissement, commerce international, transport des marchandises, coopération régionale, services financiers, développement hôtelier et touristique, événementiel, avancées technologiques, innovations et nouveaux pôles de développement, etc. En retour, ils pourraient libérer encore plus de potentiels avec des effets multiplicateurs considérables.</p> <p><strong>Est-ce que le touriste vit – pour reprendre l’expression «clichée» des promoteurs et agences – une expérience client exceptionnelle à Maurice ? Comment le vérifier ?</strong><br /> L’expérience client passe souvent par des hauts et des bas selon le type de vacances, la qualité de l’hébergement et l’itinéraire tracé pour un séjour. Notre île a beaucoup d’atouts qui favoriseraient une expérience humaine agréable et mémorable pour le visiteur comme pour les Mauriciens. Mais toujours selon le programme et le calendrier des visites qu’il aurait préparés ou acceptés avec ou sans accompagnement d’un guide professionnel. Cependant, nous attirons aussi beaucoup de critiques par rapport à la cherté de la vie, qui ressemble un peu au coût de la vie en Europe. L’arnaque, les attaques contre des touristes, les saletés et le manque d’hygiène dans les restaurants, dans des lieux touristiques et dans nos villes et villages sont aussi souvent des reproches mentionnés dans les revues et commentaires en ligne. Les embouteillages, notre système de transport polluant, les soins médicaux, le trafic de drogue sont aussi mentionnés par les touristes comme zones à améliorer. La qualité de service, qui était jadis notre force, commence à devenir une faiblesse dans nos hôtels et restaurants, et c’est grave.</p> <p>Grâce à la technologie, on peut facilement vérifier l’appréciation ou non de la clientèle par rapport à son séjour dans le pays. Mais généralement, le contact avec le Mauricien et la gentillesse des gens en général sont les facteurs qui rendent l’expérience de nos visiteurs inoubliable. Une raison de plus de faire sauter le concept «all inclusive» ou de confinement de notre paysage touristique.</p> <p><strong>Les circuits biodiversité et faune ‘sauvage’ séduisent de plus en plus de touristes. Avons-nous ces atouts et sont-ils mis en valeur ?</strong><br /> Maurice possède une richesse naturelle exceptionnelle en termes de faune et flore. Les Mauriciens et les touristes adorent marcher dans la forêt, près des rivières et admirer la végétation. Beaucoup ont un intérêt particulier pour les plantes endémiques ainsi que pour les oiseaux bien de chez nous. Je pense ici à notre majestueux «paille-en-queue», le kestrel et le pink pigeon, etc. Les îlots autour de Maurice contiennent des espèces rares qui doivent être jalousement préservées pour les besoins de recherche scientifique, pédagogique et touristique. Le travail formidable entrepris par la Wildlife Foundation sur l’île aux Aigrettes mérite d’être salué et reproduit sur d’autres îlots. La sécurité des visiteurs et le comportement des Mauriciens sur les îlots doivent être strictement surveillés. La situation sur l’île aux Bénitiers m’inquiète terriblement, surtout après que des marchands ont été autorisés à s’y réinstaller. Cela me rappelle la situation dégradante aux Gorges de la Rivière Noire (et même au Trou aux Cerfs), avec des étals qui transforment ces lieux paradisiaques en «bazar». Si on continue à céder aux pressions des marchands, le pays serait ingouvernable et toute l’île deviendrait un grand «bazar central». L’insécurité dans ces lieux est source d’inquiétude que les autorités ont intérêt à adresser de façon proactive plutôt que réactive.</p> </div> <div class="field field--name-field-disqus field--type-disqus-comment field--label-hidden field--item"><drupal-render-placeholder callback="Drupal\disqus\Element\Disqus::displayDisqusComments" arguments="0=Sen%20Ramsamy%20%3A%C2%A0%C2%ABLa%20rentabilit%C3%A9%20de%20quelques%20grands%20h%C3%B4tels%20pas%20synonyme%20de%20bonne%20sant%C3%A9%20du%20tourisme%C2%BB&amp;1=http%3A//defimedia.info/sen-ramsamy-la-rentabilite-de-quelques-grands-hotels-pas-synonyme-de-bonne-sante-du-tourisme&amp;2=node/171641" token="kWOZmWiOVPH4CtFWxhDm4KrLfZBxmpu5d6fuPbLLkLw"></drupal-render-placeholder></div> Thu, 08 May 2025 04:10:00 +0000 Pradeep Daby 171641 at http://defimedia.info Louis Clensy Appavoo, CEO & Senior Partner de HLB Mauritius : «Réduire les gaspillages, cibler les aides et améliorer l’efficacité»  http://defimedia.info/louis-clensy-appavoo-ceo-senior-partner-de-hlb-mauritius-reduire-les-gaspillages-cibler-les-aides-et-ameliorer-lefficacite <span>Louis Clensy Appavoo, CEO &amp; Senior Partner de HLB Mauritius : «Réduire les gaspillages, cibler les aides et améliorer l’efficacité» </span> <span><span lang="" about="/users/edinally" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Eshan Dinally</span></span> <span>mar 29/04/2025 - 12:30</span> <div class="field field--name-field-main-picture field--type-image field--label-hidden field--item"> <img src="/sites/default/files/styles/node_content_picture/public/louis_clensy_appavoo_1.jpg?itok=wB9Kco2a" width="1280" height="720" alt="" typeof="foaf:Image" class="img-responsive" /> </div> <div class="field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field--item"><p>Face à l’annonce d’un exercice budgétaire qualifié d’« obligatoirement difficile » par le Premier ministre, l’expert-comptable et auditeur Louis Clensy Appavoo livre une analyse lucide des défis économiques majeurs auxquels Maurice est confronté. Entre endettement croissant, pressions sociales et nécessité de réformes structurelles, il plaide pour une gestion budgétaire plus responsable et un ciblage accru des aides sociales.&nbsp;<br /> <br /> <strong>Le Premier ministre a récemment déclaré que le prochain Budget sera « obligatoirement difficile ». Cette annonce est-elle une manœuvre pour préparer l’opinion publique à des décisions impopulaires ?&nbsp;</strong><br /> Je pense que oui. Cette déclaration peut être interprétée comme une tactique de communication politique, destinée à préparer psychologiquement l’opinion publique à l’annonce de mesures budgétaires potentiellement impopulaires. Il s’agit là d’une stratégie classique des gouvernements : annoncer la rigueur en amont pour désamorcer les réactions négatives et justifier les arbitrages à venir par un contexte international ou financier contraint.&nbsp;</p> <p>Cependant, derrière la forme, le fond révèle une réalité budgétaire préoccupante. L’État fait face à plusieurs défis simultanés : un endettement public qui avoisine 80 % du Produit intérieur brut (PIB), une masse salariale publique en constante augmentation, des engagements sociaux coûteux (Old Age Pension, transport gratuit, subventions), et une pression croissante pour maintenir le pouvoir d’achat dans un contexte inflationniste.&nbsp;</p> <p>Dès lors, le prochain Budget devra jongler entre des objectifs contradictoires :<br /> • Contenir le déficit budgétaire sans freiner la croissance ;&nbsp;<br /> • Financer les promesses électorales sans creuser la dette ;&nbsp;<br /> • Maintenir les aides sociales tout en relançant les investissements publics.&nbsp;</p> <p>En ce sens, la déclaration du Premier ministre prépare le terrain, mais elle devra être suivie d’une pédagogie budgétaire sérieuse pour expliquer chaque décision au public, sous peine de provoquer une rupture de confiance.&nbsp;</p> <p><strong>Pensez-vous que le gouvernement pourrait remettre en question certains pans de l’État-providence pour tenter de redresser les comptes publics ? Si oui, sur quels leviers pourrait-il agir ?&nbsp;</strong><br /> Remettre en question l’État-providence est un enjeu hautement sensible à Maurice, où les acquis sociaux (pensions universelles, soins de santé gratuits, subventions scolaires et transport gratuit) font partie intégrante du contrat social depuis l’indépendance. Mais face à l’épuisement des marges budgétaires, il n’est pas exclu que le gouvernement soit contraint de revoir certains dispositifs.&nbsp;</p> <p>Les leviers potentiels sont les suivants :<br /> • La rationalisation des allocations universelles&nbsp;</p> <p>Aujourd’hui, plusieurs prestations sont versées à l’ensemble de la population sans distinction de revenus. Par exemple : pension de vieillesse, transport gratuit pour tous les étudiants et seniors. Un ciblage basé sur les revenus permettrait de recentrer les ressources sur les plus vulnérables.</p> <p>• La réforme de la pension de base&nbsp;</p> <p>Avec une population vieillissante, le coût de la pension universelle explose. Une indexation partielle ou une différenciation selon les contributions passées pourrait être envisagée, bien que politiquement risquée.</p> <p>• L’introduction de mécanismes de co-financement dans certains secteurs&nbsp;</p> <p>Un ticket modérateur dans les soins de santé publics ou un plafonnement des aides au logement pourrait, par exemple, contribuer à alléger la pression sur le Budget.&nbsp;</p> <p>• La lutte contre les abus et la fraude sociale&nbsp;</p> <p>En améliorant le ciblage et en renforçant les contrôles, des économies substantielles peuvent être réalisées sans toucher aux droits réels.</p> <p>Il est toutefois crucial de distinguer entre une réforme nécessaire et une régression sociale. Réduire les gaspillages, améliorer l’efficacité et cibler les aides constituent une voie responsable. Mais démanteler brutalement des protections sociales essentielles sans alternatives crédibles serait une erreur à la fois sociale et politique.&nbsp;</p> <p><strong>L’alliance au pouvoir avait promis une baisse du coût de la vie. Or, l’inflation persiste et les prix continuent de grimper. Le fonds de Rs 10 milliards annoncé comme soutien au pouvoir d’achat peut-il réellement avoir un effet tangible à court terme ?&nbsp;</strong><br /> Le fonds de Rs 10 milliards annoncé pour soutenir le pouvoir d’achat représente un signal fort sur le plan politique, mais son efficacité économique dépendra entièrement de son mode de déploiement. S’agit-il d’un fonds destiné à des transferts directs aux ménages ? À des subventions ciblées sur des biens essentiels ? Ou à un soutien aux producteurs pour limiter les hausses de prix ? À ce jour, les contours restent flous.&nbsp;</p> <p>Sur le fond, il faut rappeler que l’inflation actuelle à Maurice est multifactorielle : hausse des coûts d’importation, dépréciation relative de la roupie, rigidité des chaînes logistiques et dépendance à l’étranger pour de nombreux produits de base.&nbsp;</p> <p>Dans ce contexte, un fonds ponctuel peut certes offrir un soulagement, mais celui-ci ne sera que temporaire ; il ne s’attaquera pas aux racines du problème. Pour être efficace, ce fonds doit répondre à des impératifs clairs : ciblage, rapidité de déploiement et soutenabilité budgétaire.&nbsp;</p> <p><strong>Si vous étiez aujourd’hui à la tête du ministère des Finances et qu’un ajustement des prestations sociales était inévitable, sur quels postes budgétaires ou allocations concentreriez-vous votre action en priorité ?</strong>&nbsp;<br /> Je vous ai déjà donné quelques pistes dans ma réponse à la question précédente. Dans un contexte d’ajustement budgétaire inévitable, ma priorité en tant que ministre des Finances serait d’optimiser l’efficacité de la dépense sociale, plutôt que de procéder à des coupes aveugles.&nbsp;</p> <p>Voici les principaux postes sur lesquels j’interviendrais :&nbsp;</p> <p>• Pension de vieillesse&nbsp;</p> <p>Ce poste représente plus de Rs 30 milliards par an et continue de croître rapidement. Je mettrais en place une pension différenciée : maintenir un socle universel de base, mais introduire un complément modulé selon les revenus et les contributions. Cela permettrait de soulager le budget tout en préservant l’équité sociale.</p> <p>• Subventions aux carburants et à l’énergie&nbsp;</p> <p>Je privilégierais des subventions ciblées pour les petits consommateurs (ménages à faible revenu, PME), tout en réduisant progressivement les aides pour les consommateurs énergivores ou les véhicules haut de gamme.</p> <p>• Transport gratuit&nbsp;</p> <p>Je conserverais le principe de transport gratuit pour les étudiants en éducation formelle et les bénéficiaires sociaux, mais j’introduirais un système de ticket digital avec plafond de trajets, pour réduire les abus. Les seniors plus aisés pourraient contribuer partiellement.</p> <p>• Aides sociales directes&nbsp;</p> <p>Plutôt que de réduire les allocations, je les rendrais conditionnelles à des démarches d’insertion (formation, recherche d’emploi, participation communautaire). Cela favoriserait l’autonomie des bénéficiaires.&nbsp;<br /> • Rationalisation des programmes sociaux dispersés&nbsp;</p> <p>Maurice compte des dizaines de petits programmes d’aide, souvent redondants. Une centralisation sous un guichet unique permettrait d’économiser sur les frais administratifs et d’éviter les doublons.&nbsp;<br /> En résumé, il ne s’agirait pas de sabrer dans les acquis sociaux, mais d’agir avec finesse et responsabilité pour préserver les mécanismes d’entraide tout en assurant la soutenabilité des finances publiques.&nbsp;</p> <p><strong>Après cinq mois de gouvernance, la rupture tant attendue avec les anciennes pratiques est-elle réelle ? Ou assiste-t-on simplement à un recyclage des méthodes d’hier sous une nouvelle étiquette ?&nbsp;</strong><br /> Après cinq mois, le constat est nuancé. Si certains signes donnent à penser qu’un changement de ton est en cours – notamment à travers une volonté affichée de rendre des comptes, de renforcer certaines institutions comme la Financial Crimes Commission (FCC), ou de revoir certaines pratiques budgétaires –, les faits concrets ne suffisent pas encore à démontrer une véritable rupture systémique.&nbsp;</p> <p>Plusieurs éléments tendent à faire penser que nous sommes encore dans une phase de transition cosmétique. D’un côté, il y a des signaux positifs : l’ouverture d’enquêtes sur des figures de l’ancien gouvernement, la relance de certains chantiers économiques, des discours plus sobres sur la gestion des finances publiques et une attention accrue aux enjeux de gouvernance. De l’autre, une persistance de pratiques connues : nominations à caractère politique, absence de réforme profonde du mode de gouvernance des entreprises publiques, manque de transparence sur les grands projets d’investissement ou sur les données macroéconomiques réelles.</p> <p>Le danger est que cette alternance se limite à une rotation des élites, où les mécanismes institutionnels restent intacts, les influences politiques omniprésentes, et les intérêts particuliers protégés. Ce « recyclage » des méthodes d’hier, sous une rhétorique de renouveau, peut rapidement conduire à une désillusion démocratique, en particulier chez les jeunes et les électeurs urbains plus critiques.</p> <p><strong>Comment rendre la rupture réelle ?</strong><br /> Il faudrait voir émerger : un engagement clair pour la méritocratie dans les nominations publiques ; une réforme en profondeur des institutions de contrôle, dotées de véritables moyens d’action et d’une indépendance reconnue&nbsp;; une politique de transparence active, où les informations économiques, fiscales et budgétaires sont rendues accessibles au public ; et surtout, une volonté de rétablir l’exemplarité de l’État, en matière de probité, de neutralité et d’efficacité.&nbsp;</p> <p>La période actuelle est un stress-test pour la démocratie. Entre l’aspiration à plus de transparence, la fatigue des citoyens face à la corruption et les contraintes budgétaires, l’État mauricien doit choisir : poursuivre les pratiques du passé ou amorcer une refondation profonde. Cela nécessitera du courage politique, une réforme de la culture administrative et surtout, une réappropriation du bien public par les citoyens eux-mêmes.&nbsp;<br /> &nbsp;</p> </div> <div class="field field--name-field-disqus field--type-disqus-comment field--label-hidden field--item"><drupal-render-placeholder callback="Drupal\disqus\Element\Disqus::displayDisqusComments" arguments="0=Louis%20Clensy%20Appavoo%2C%20CEO%20%26%20Senior%20Partner%20de%20HLB%20Mauritius%20%3A%C2%A0%C2%ABR%C3%A9duire%20les%20gaspillages%2C%20cibler%C2%A0les%20aides%20et%20am%C3%A9liorer%20l%E2%80%99efficacit%C3%A9%C2%BB%C2%A0&amp;1=http%3A//defimedia.info/louis-clensy-appavoo-ceo-senior-partner-de-hlb-mauritius-reduire-les-gaspillages-cibler-les-aides-et-ameliorer-lefficacite&amp;2=node/171284" token="dsJi1uebtJKUsCU3R9TrsrFYK4CUR-74bH9EM9xg_jY"></drupal-render-placeholder></div> Tue, 29 Apr 2025 08:30:00 +0000 Eshan Dinally 171284 at http://defimedia.info Uma Desai Ramrekha : “A leader should choose awareness over ego, genuine energy over rehearsed responses” http://defimedia.info/uma-desai-ramrekha-leader-should-choose-awareness-over-ego-genuine-energy-over-rehearsed-responses <span>Uma Desai Ramrekha : “A leader should choose awareness over ego, genuine energy over rehearsed responses”</span> <span><span lang="" about="/users/newsonsunday" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">News on Sunday</span></span> <span>lun 28/04/2025 - 06:30</span> <div class="field field--name-field-main-picture field--type-image field--label-hidden field--item"> <img src="/sites/default/files/styles/node_content_picture/public/200425_uma.jpg?itok=oNdbj1lk" width="1280" height="720" alt="" typeof="foaf:Image" class="img-responsive" /> </div> <div class="field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field--item"><p>For this week’s interview, we reached out to the founder of FocusU Mauritius. Uma Desai Ramrekha explains why being unconventional matters, the importance of taking a pause, refocus and shares her views about the modern leader in a fast-changing world. Extracts.</p> <p><strong>What is FocusU? Tell us the story from Day I to date.&nbsp;</strong><br /> "Six years ago, FocusU was born from a very clear observation: traditional corporate training often falls short. In my own experience, particularly within sales, I encountered clients who expressed frustration. They invested in training programs and yet struggled to see a tangible return on that investment.&nbsp;</p> <p>I felt a disconnect, a sense that we were filling quotas rather than truly addressing the core needs of organizations. This realization sparked a fundamental shift in my perspective. I knew there had to be a more effective way to bridge the gap between learning and real-world application. That's why I founded FocusU Mauritius.&nbsp;</p> <p>Our mission is to redefine corporate learning through experiential methodologies. We wanted to bring a platform where participants learn by doing, and a safe place to express their challenges and queries rather than a top down!&nbsp;</p> <p>We prioritize creating immersive, engaging experiences that drive lasting behavioral change. Whether it's through team building, leadership development, or skill enhancement, our programs are designed to be customized, culturally relevant, and results-oriented.</p> <p>From our bases in Mauritius and India, we've had the privilege of working with a diverse range of clients, from small teams to large corporations. At FocusU, we're not just about training; we're about fostering genuine transformation. We aim to provide tools that create lasting impact for our clients."</p> <blockquote> <p>In a world where performance often replaces presence and manipulation masquerades as charm, being real is a quiet kind of rebellion.”</p> </blockquote> <p><strong>Agreed that we are living in a fast-paced environment where results - higher revenue, more profits - matter more. Why do we need to pause and reflect about who we are as a corporate, SME or sole trader?</strong><br /> The world's changing so fast, huh? We've got AI and Gen Z, and it's a crazy, unpredictable world – adapt or die, right? So, I think we need to hit pause and refocus!&nbsp;</p> <p>Many businesses go obsolete - the Kodak effect - as many of us do not take that moment to reflect. What’s next? And what else? It only comes when you have a clear lens and ensure a holistic perspective. At the end, our mission is #webeforeme, and this goes in our strategic vision.&nbsp;</p> <p>On a personal basis, a pause is even more crucial when things are chaotic; otherwise, you're just running on a wheel! I learned this the hard way – burned out early on, from pure passion! I wouldn't wish that emptiness on anyone.</p> <p>If we don't pause, we're running on fumes, and that can make us irrelevant, even disappear, and disrupt how your team around you feel, as well as all your interactions with clients.&nbsp;</p> <p><strong>How does it help to restart with fresh, novel views?</strong><br /> It's not about new ideas, it's about how we feel about things – either challenges, or opportunities. &nbsp;Its more about raising our awareness. It's a total shift in thinking. We're all just surviving, not really living. This is causing a terrible cycle of work, no life, and illness! We talk a lot about AI, but we've all become robots in our daily lives.&nbsp;</p> <p>How many of us really enjoy quality time with family? Many do it out of obligation, not because they enjoy it!&nbsp;</p> <p>It's good that AI will make our lives easier by handling tough tasks, and that might help us get back a sense of abundance. Then we can create differently, working with purpose and building our&nbsp;legacy.</p> <p>It is important we balance empathy with efficiency, purpose with profits, and also connection over just algorithms! &nbsp;This can only happen when we start to respond rather than react!&nbsp;</p> <p>And believe me the profit is much more, in the long run, even personally.&nbsp;</p> <p><strong>Often, we come across stories about companies telling the wellness stories of their staff, showing pictures of team building events, lots of laughter, high energy. Why should that be the way forward? If not, why&nbsp;not?</strong><br /> The question we need to ask ourselves is how impactful our initiatives are for our employees. A day out – wellness or team building – only makes an impact if the team returns with a key takeaway, a reality check, an "aha" moment, or a perspective shift towards self-growth.&nbsp;</p> <p>Changes should happen on social media and within the organization – transformation from within, spreading outwards! The way forward is connection!</p> <p>All initiatives should connect employees to themselves, others, and the organization. With AI automating tasks, employees will ask two questions when it comes to Employer brand: "What are you doing to make my tasks easier? What are you doing to let me connect?"&nbsp;</p> <p>The employer brand will be dictated by level of AI integration and team connecting to each other! The way forward is&nbsp;connection.&nbsp;</p> <blockquote> <p>A day out – wellness or team building – only makes an impact if the team returns with a key takeaway, a reality check”</p> </blockquote> <p><strong>In your opinion, based on your experience, is the ideal caring leader and the required skills, traits?</strong><br /> One of the initial errors we make is establishing ideals and convincing others that perfection is attainable. And we keep chasing, rather than attracting! Therefore, authenticity is a fundamental attribute of leadership; ideals are unnecessary.&nbsp;</p> <p>Before guiding others, a leader's most crucial task is self-mastery. &nbsp;As the saying goes, we should strive to embody the change we wish to see.&nbsp;</p> <p>In the near future, artificial intelligence may diminish the significance of years of experience and expertise. &nbsp;Therefore, inspiration will increasingly depend on charisma and storytelling.</p> <p>For me leaders of tomorrows, should in essence. In a world where performance often replaces presence and manipulation masquerades as charm, being real is a quiet kind of rebellion. Because most people are still wrapped in ego games—trying to be liked, trying to win, trying to stay safe behind the walls they’ve built to survive.&nbsp;</p> <p>A leader should choose awareness over ego, genuine energy over rehearsed responses! &nbsp;It doesn’t require perfection. It doesn’t require constant intensity. It simply asks for one thing: authenticity. To say what you mean. To feel without shame. To be who you are, not who the world expects you to be.</p> <p><strong>Does it matter to be unconventional today?</strong><br /> If we wish to make impact, yes unconventional matters! If we wish to stick to our mission of #webeforeme, yes unconventional matters!</p> <p>CHOPS are our values, where we say we Care, we are Humble, and we take Ownership, and we are Passionate as we provide Safety to both our employees and our clients. So, if we live by our values, I think we definitely need to be unconventional!&nbsp;</p> <p>Else it means we don’t care for the changes in the world, or the needs of learners! Else it also means that we are not humble to change, and so proud of our way of doing! Of course, it means not taking ownership of impact, change, and experience of our learners or needs of our clients!</p> <p>If we are not passionate, then we would shy way to dare to create new things and do things differently for a learner to enjoy a new experience! Safety goes without saying that all we do unconventionally is tested and well thought of, though not all works!&nbsp;</p> <p>The FocusU team is wired as unconventional as if we are in the learning industry, it means we need to model the way in always learning and reinventing, and it keeps our team as crazy as they are!&nbsp;</p> </div> <div class="field field--name-field-disqus field--type-disqus-comment field--label-hidden field--item"><drupal-render-placeholder callback="Drupal\disqus\Element\Disqus::displayDisqusComments" arguments="0=Uma%20Desai%20Ramrekha%20%3A%C2%A0%E2%80%9CA%20leader%20should%20choose%20awareness%20over%20ego%2C%20genuine%20energy%20over%C2%A0rehearsed%20responses%E2%80%9D&amp;1=http%3A//defimedia.info/uma-desai-ramrekha-leader-should-choose-awareness-over-ego-genuine-energy-over-rehearsed-responses&amp;2=node/170958" token="6QszDndLhGhBYtwBeT8FDL7FiQ4yW0OGeg_nibLmY2g"></drupal-render-placeholder></div> Mon, 28 Apr 2025 02:30:00 +0000 News on Sunday 170958 at http://defimedia.info