Interview http://defimedia.info/categorie/interview fr Nalini Burn : «La fracture actuelle risque de compromettre d’autres mesures de redressement» http://defimedia.info/nalini-burn-la-fracture-actuelle-risque-de-compromettre-dautres-mesures-de-redressement <span>Nalini Burn : «La fracture actuelle risque de compromettre d’autres mesures de redressement»</span> <span><span lang="" about="/users/jdedans" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Jean Claude Dedans</span></span> <span>sam 05/07/2025 - 09:34</span> <div class="field field--name-field-main-picture field--type-image field--label-hidden field--item"> <img src="/sites/default/files/styles/node_content_picture/public/nalini_burn_4.jpg?itok=zDRxVEYo" width="1280" height="720" alt="" typeof="foaf:Image" class="img-responsive" /> </div> <div class="field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field--item"><p>Pour son tout premier exercice budgétaire, l’Alliance du Changement hérite d’un terrain miné par des années de clientélisme et de décisions électoralistes, note Nalini Burn. La réforme contestée de la pension de vieillesse à 65 ans cristallise les tensions. Derrière les slogans, une remise en question du modèle social s’esquisse, sans véritable concertation, regrette l’Independent Gender Equality Consultant.<br /> <br /> <strong>Un avis global sur le tout premier Budget de l’Alliance du Changement ?</strong><br /> L’environnement avant le Budget : une bombe à retardement d’un clientélisme électoral débridé. Le gouvernement a hérité d’une situation très difficile pour son premier Budget. Pour une large part, c’est à cause de l’irresponsabilité et de l’ineptie des gouvernements des deux précédents cycles électoraux.&nbsp;</p> <p>Il y a eu une surenchère électoraliste effrénée. Entre des élections, la gouvernance économique a été affairiste et opaque – pour remercier les agents et courtiers de « vote banks » par des postes lucratifs, des concessions du patrimoine public, des contrats et tout un réseautage de sous-contrats juteux, émis sans « accountability » et en toute impunité. Il existe tout un réseautage complexe&nbsp;« d’assistés » des finances publiques, sous et hors-Budget général, mais qui contribuent à la dette publique.</p> <p>La façon de faire n’a pas changé et l’idée même de changement ou de transformation a été négligée. Cela a été une occasion manquée de recentrer et de prendre la mesure de ce qui doit changer à tous les niveaux : habitudes, comportements, mentalités, aspirations. En privilégiant surtout la séquence consistant à placer des personnes dans les postes, tout en jouant sur les scandales et en rendant compte de l’ancien régime, le gouvernement a provoqué une réaction sceptique, entamant le capital confiance. En effet, ce gouvernement n’a pas suffisamment préparé la population à participer à l’établissement de cet état des lieux, à prendre la mesure des défis et enjeux, à évaluer les risques et à jauger les options.&nbsp;</p> <p>Les budgets publics militaires - très dépendants des nouvelles technologies, surtout l’intelligence artificielle - explosent au détriment des budgets à caractère social et écologique - et ce face aux inégalités sociospatiales et aux risques climatiques. Ces bombes pèsent bien plus sur la soutenabilité des budgets publics et les générations futures que le vieillissement des populations.</p> <p>Un recentrage urgent est nécessaire. Pourtant, malgré la (ré)introduction – superficielle – du Performance-Based Budgeting, la phase pré-budgétaire, qui est censée le cadrer et qui sert à évaluer les budgets précédents ainsi qu’à définir les mesures futures en fonction des priorités de politiques publiques, a été menée en huis clos par les mêmes acteurs bureaucrates et conseillers technocrates. Et cela, très rapidement, pour prioriser des mesures qui allaient inévitablement susciter colère et résistance.</p> <p>Les consultations avec le Fonds monétaire international (FMI) en avril ont, comme d’habitude, été partie intégrante de la préparation du Budget. Le document, cependant, n’est publié qu’après. Il aurait pu servir de base d’éclairage et de dialogue au-delà des postures antagonistes. On y retrouve certaines des mesures préconisées, notamment la réforme de la pension liée à l’âge. Or, ce document met clairement en garde contre les risques politiques liés à des réformes susceptibles de provoquer des résistances et, parallèlement, l’agence de notation, qui agit pour les marchés financiers sur les risques d’investir (prêts aux gouvernements), a également souligné des problèmes de crédibilité quant à l’exécution&nbsp;du Budget.&nbsp;</p> <p>Le gouvernement n’a pas jugé utile d’explorer des options lors de la phase pré-budgétaire, ce qui aurait pourtant été plus judicieux pour prendre des décisions difficiles, certes gagnant-perdant… Aucun changement de gouvernance n’a été observé.</p> <p><strong>Votre avis sur la réforme de la Basic Retirement Pension (BRP) ?</strong><br /> C’est une option recommandée par le FMI. Mais ce n’est pas la seule. Le FMI a également identifié d’autres défis majeurs pour Maurice : outre la dette publique, la faible productivité, les risques liés au changement climatique et le vieillissement de la population. Or, cette mesure budgétaire a totalement éclipsé, et selon moi empoisonné, la phase de présentation et de délibérations du Budget. Empoisonné, car face à l’explosion de colère populaire, une vaste opération de mésinformation – voire de désinformation – s’est mise en place, transformant la « bombe démographique» en bouc émissaire du fardeau de la dette.</p> <p>On assiste à une rhétorique justifiée par certains actuaires (!) et économistes invoquant le sempiternel « there is no alternative », alors même que les alternatives qu’ils proposent sont tout aussi alarmistes et intenables : hausse de la TVA à 50 %, impôt sur le revenu à 70 %, ou encore un basculement vers un statut de « junk bonds ». Du spindoctoring, des paniques médiatiques pour justifier, a posteriori, l’imposition d’une pilule amère.&nbsp;</p> <p>Le consensus a volé en éclats face aux manifestations, au populisme, et à l’opportunisme des anciens responsables du problème, qui se sentent aujourd’hui ragaillardis et profitent du nouveau terrain de jeu populiste-électoraliste et des divisions, comme on le voit en France actuellement. Cette fracture risque de compromettre d’autres mesures de redressement.</p> <p>Revenons à la BRP à 65 ans. Quel est le véritable enjeu ? Si l’on considère que le budget consacré à la BRP est trop élevé, il existe deux leviers : le montant versé par bénéficiaire et/ou le nombre de bénéficiaires.</p> <p>Le choix a été fait de ne pas toucher au montant, alors même qu’il a été gonflé à des fins électoralistes. Ce montant a presque triplé en dix ans, et doublé depuis 2019, alors que le nombre de bénéficiaires ne peut suivre une telle progression, compte tenu du rythme du vieillissement démographique et du ratio strict de dépendance lié à l’âge. Retarder l’éligibilité à 65 ans revient donc à réduire le nombre de bénéficiaires, avec des impacts différenciés, générant de véritables injustices – perçues et réelles.</p> <p>Dans un contexte où le montant par bénéficiaire est devenu un véritable cadeau électoral, il aurait été possible de remettre à plat cette manne, comme pour d’autres transferts sociaux à visée électoraliste. En échange, on aurait pu maintenir un socle universel à 60 ans, à définir, pour garantir un minimum. De nombreuses simulations (avec l’aide des actuaires) auraient permis de calibrer un juste dosage et de construire un consensus.</p> <p>Or, c’est désormais l’universalité même de la BRP, entre 60 et 65 ans, qui est remise en question. Le gouvernement introduit un ciblage par tranche d’âge comme solution d’ajustement, censée tenir compte des injustices. Mais par qui, et sur quels critères, ces injustices seront-elles évaluées ? Et cela, en si peu de temps ? On sait qu’ailleurs, dans de nombreux pays, ces réformes – en raison de leur sensibilité et complexité – nécessitent beaucoup de temps, de dialogue et de préparation. Ici, le « frontloading » de la réforme est mal ficelé. Le FMI juge le risque comme modéré. Mais on peut tout à fait le considérer comme élevé, avec des répercussions possibles sur d’autres chantiers connexes, dans un climat social et politique devenu rapidement tendu.</p> <p>n La BRP est entrée dans les mœurs mauriciennes comme un acquis social fondamental depuis la fin des années 1950. La question se pose : sommes-nous réellement devenus une nation d’assistés ?<br /> Pas les mœurs. Il s’agit d’une politique volontaire de redistribution sociale, entre ceux qui ne disposent que de leur force de travail et ceux et celles qui possèdent d’autres ressources – des actifs (assets) – dans une économie capitaliste caractérisée par de fortes inégalités salariales et patrimoniales.</p> <p>Dans cette optique, pour une grande partie des seniors, la BRP représente un revenu modeste, voire marginal. Pourtant, ce sont eux qui sont ciblés pour être « assistés ». Or, ces mêmes personnes sont exonérées d’impôts sur la fortune, les gains en capital, les successions, les biens immobiliers et le patrimoine en général.</p> <p>La progressivité de l’impôt sur le revenu n’est pas suffisamment renforcée. Ce ciblage prétendument positif se fait donc au détriment d’une réduction structurelle de la dette. Nous vivons dans un pays marqué par de fortes inégalités. Si l’on choisit d’exonérer d’impôts les revenus de plus de 80 % des contribuables potentiels, qu’est-ce que cela signifie en termes de capacité à financer durablement leurs pensions de vieillesse ? Et ne deviennent-ils pas, eux aussi, des bénéficiaires d’un système d’assistance ?</p> <p>À cela s’ajoutent les exonérations fiscales et subventions accordées aux entreprises pour des investissements dont l’efficacité et l’efficience restent discutables. Encore une autre strate d’« assistés », cette fois issue du monde des affaires, qui contribue elle aussi à alourdir la dette publique.</p> <p><strong>Un actuaire a avancé l’idée d’introduire une participation financière, même symbolique, de la part des futurs bénéficiaires de la BRP, afin d’en alléger le poids sur les finances publiques dans les années à venir. Adhérez-vous à cette proposition ?</strong><br /> Non. Parce que je pense qu’une allocation universelle non contributive – telle que la BRP – doit demeurer un pilier d’un véritable système de protection et de sécurité sociale. Pour beaucoup de personnes, la BRP constitue le seul filet formel de sécurité, en dehors de la protection assurée par la famille, qu’elle soit élargie ou nucléaire.</p> <p>Ce socle universel minimum qu’est la BRP est un élément essentiel de notre cohésion sociale. Nous en bénéficions tous à un moment donné. Et nous contribuons selon nos moyens, comme cela se fait dans un système fiscal progressif.</p> <p>Il existe des régimes de pension publics – comme l’ex-National Pensions Fund et d’autres régimes contributifs – ainsi que des régimes proposés par les entreprises privées. Beaucoup de personnes cumulent plusieurs de ces pensions. Mais les femmes sans emploi rémunéré, les travailleurs précaires et ceux du secteur informel restent largement exclus de ces dispositifs.</p> <p><strong>Parlons du ciblage de la BRP : catégoriser les travailleurs serait-il contraire aux lois du travail?</strong><br /> Je ne suis pas habilitée à répondre à cette question.</p> <p><strong>Pensez-vous qu’un « white collar job » est moins pénible qu’un travail manuel ?</strong><br /> Ce n’est pas à moi de trancher ou de hiérarchiser. Je préfère maintenir le seuil d’accès à la BRP (avec un montant révisé) à 60 ans – dans la mesure où elle s’inscrit dans un système hybride permettant de concilier les deux logiques : d’une part, un âge légal de la retraite déjà fixé à 65 ans ; d’autre part, la prise en compte de l’espérance de vie, elle-même dépendante de la santé et des maladies évitables, lesquelles engendrent de lourdes charges en soins curatifs et palliatifs.</p> <p>Il existe des métiers physiquement éprouvants, mais également une certaine flexibilité et mobilité dans la durée du travail, déjà mise en œuvre. Des systèmes de pension adaptés aux métiers ou secteurs spécifiques seraient peut-être plus aptes à déterminer les conditions de départ à la retraite, dans un cadre de négociation tripartite. Actuellement, il existe déjà des dispositions permettant une retraite anticipée pour les métiers ou secteurs jugés pénibles.</p> <p><strong>Estimez-vous qu’il y aurait des signes avant-coureurs que le pays s’oriente vers un démantèlement progressif du Welfare State.&nbsp;</strong><br /> Le démantèlement de l’État-providence a, en réalité, commencé depuis longtemps, et s’accélère. Je l’ai déjà évoqué en lien avec le contexte international qui encadre notre budget.</p> <p>Supprimer les transferts monétaires électoralistes récents est une chose. Mais rappelons quelques chiffres : le taux de pauvreté des ménages à l’échelle nationale est de 7,3 %. Il grimperait à 26,3 % sans les transferts sociaux, à 22,3 % sans la BRP, et à 16,1 % sans les services publics gratuits au point de service – tels que l’éducation, la santé ou encore les transports publics (source : FMI, Article IV, 2025).</p> <p>Cela dit, les politiciens opportunistes de l’opposition ont eux aussi contribué à amplifier et accélérer cette offensive déjà engagée. Ils ont surtout misé sur l’argent immédiatement disponible — salaire minimum, exonérations fiscales, pensions — pour alimenter une consommation majoritairement importée, tant pour les retraités que pour les employés.</p> <p>En parallèle, ils ont privilégié une fiscalité régressive fondée sur la consommation, au lieu de mobiliser davantage les revenus imposables. Ils ont entériné l’élévation de l’âge de la retraite à 65 ans, et continué à promouvoir des transferts sociaux ciblés selon des catégories précises, dans une logique de clientélisme électoral.</p> <p>Sous ce vernis de populisme alimenté par l’endettement, se cache en réalité une dynamique de privatisation croissante des services publics : santé curative, éducation, logement, transport. Distribuer davantage d’argent renforce artificiellement le pouvoir d’achat des ménages pour ces services à peine accessibles, mais toujours bien plus abordables pour les hauts revenus. Ce recours croissant aux services privés – leçons privées, soins médicaux privés, acquisition de&nbsp;véhicules – découle directement des carences d’un service public délaissé.</p> <p><strong>La plateforme syndicale a prévenu : si le gouvernement ne revoit pas sa copie sur la réforme de la BRP, d’autres manifestations, plus importantes, pourraient suivre. S’agit-il d’une simple surenchère ?</strong><br /> Au-delà des manifestations et des revendications, j’ose espérer qu’il ne s’agit pas d’une campagne limitée à une seule revendication (« single issue campaign »). Ce qu’il faut, c’est une approche globale du Budget, des choix politiques à opérer, des arbitrages difficiles à assumer ; une vision de l’agencement entre les différentes composantes budgétaires – revenus et dépenses – dans une perspective pluriannuelle.</p> <p>Mais tout cela ne peut se faire qu’à travers un cadre participatif, fondé sur le consensus, impliquant un véritable changement politique et culturel. Un tel processus doit s’appuyer sur une analyse rigoureuse des faits et des données, dont beaucoup sont manquants (autre carence). Je n’ai même pas évoqué les contraintes budgétaires imposées, ni les risques systémiques liés au secteur offshore ou au changement climatique. Nous en sommes encore très loin.</p> <p>Alors, il est temps de mettre fin au populisme, aux polémiques stériles et aux manifestations. Que la société civile s’organise, se structure, et devienne une force de proposition, sans être récupérée par des opportunistes flairant l’alternance et surfant sur le mécontentement ambiant. Mécontentement qui, de toute façon, sera inévitable si le gouvernement ne revoit pas sa méthode de gouvernance, et s’il ne devient pas plus clair et plus cohérent sur les choix de société sous-jacents à ce Budget.</p> </div> <div class="field field--name-field-disqus field--type-disqus-comment field--label-hidden field--item"><drupal-render-placeholder callback="Drupal\disqus\Element\Disqus::displayDisqusComments" arguments="0=Nalini%20Burn%20%3A%20%C2%ABLa%20fracture%20actuelle%20risque%20de%20compromettre%20d%E2%80%99autres%20mesures%20de%20redressement%C2%BB&amp;1=http%3A//defimedia.info/nalini-burn-la-fracture-actuelle-risque-de-compromettre-dautres-mesures-de-redressement&amp;2=node/173924" token="dA1-eIfk0Rqcmiy67kdwi2nO4gk8WAjjdn8q8ItDVkM"></drupal-render-placeholder></div> Sat, 05 Jul 2025 05:34:00 +0000 Jean Claude Dedans 173924 at http://defimedia.info Dr Drishtysingh Ramdenee, Secrétaire Général de la MCCI : «Le commerce va continuer à croître entre Maurice et les Émirats arabes unis» http://defimedia.info/dr-drishtysingh-ramdenee-secretaire-general-de-la-mcci-le-commerce-va-continuer-croitre-entre-maurice-et-les-emirats-arabes <span>Dr Drishtysingh Ramdenee, Secrétaire Général de la MCCI : «Le commerce va continuer à croître entre Maurice et les Émirats arabes unis»</span> <span><span lang="" about="/users/cvilbrin" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Christina Vilbrin</span></span> <span>sam 05/07/2025 - 08:11</span> <div class="field field--name-field-main-picture field--type-image field--label-hidden field--item"> <img src="/sites/default/files/styles/node_content_picture/public/dr_drishtysingh_ramdenee_1.jpg?itok=Iw9aLGf3" width="1280" height="720" alt="" typeof="foaf:Image" class="img-responsive" /> </div> <div class="field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field--item"><p><strong>La Chambre de Commerce et d’Industrie de Maurice a signé un accord de principe avec la Chambre de Commerce et d’Industrie de Sharjah. Quelles sont les opportunités que cet accord représente pour Maurice ?</strong><br /> Cette signature intervient dans un contexte particulier puisqu’il s’agit de la première délégation depuis l’entrée en vigueur du CEPA avec les EAU. La délégation comprenait plusieurs représentants couvrant les secteurs de la santé, du développement et de la banque, de l’immobilier, de l’éducation, de l’hôtellerie, de la manufacture et des investissements. Les échanges ont porté sur des opportunités concrètes dans des marchés de niche, en tirant parti de la position privilégiée de Maurice. Les opportunités qui s’ouvrent au-delà de la mise en œuvre du CEPA concernent également les échanges dans la pharmacie et l’économie bleue, parmi d’autres secteurs émergents.</p> <p><strong>Lux Collective investit actuellement dans la rénovation et l’exploitation de deux hôtels à Sharjah, à savoir Lux Al Bridi Sharjah et Lux Khorfakkan. D’autre part, IFFCO, une entreprise internationale de transformation alimentaire dont le siège se trouve à Sharjah, a ouvert une unité de fabrication de préformes en plastique à Maurice en 2018. La société a aussi investi 35 millions de dollars dans une unité de fabrication dans notre pays pour approvisionner le marché de l’Afrique subsaharienne. Est-ce qu’il y a eu des demandes d’implantation de la part des deux pays ?</strong><br /> Nos relations avec les EAU se sont surtout focalisées sur les activités de commerce, avec une croissance de 221 % depuis 2018. Il y a un engouement mutuel des deux pays, comme en témoignent d’autres visites. Nous avons notamment accueilli une délégation de la Fédération des Chambres de Commerce des EAU le 19 février 2025, menée par Humaid Mohamed Ben Salem, qui comprenait des représentants d’ADNOC Global Trading, Presight, Etihad Airways, et Farm to Plate, entre autres. Il est certain qu’avec la signature de cet accord et des échanges continus avec les opérateurs, le commerce va continuer à croître. Maurice jouit non seulement d’un marché d’opportunité intrinsèque au territoire, mais aussi de 2,3 millions de km² de zone maritime, d’accords uniques avec l’Inde (CECPA) et la Chine (Mauritius-China Free Trade Agreement), et fait partie de la SADC et du COMESA, bénéficiant ainsi des accords préférentiels de ces organisations régionales. Il y a des opportunités d’investissement depuis Maurice vers de nouvelles juridictions, ainsi que pour que Maurice soit un centre de déploiement de services. Plusieurs discussions sont en cours concernant le commerce et l’investissement entre nos deux pays.</p> <p><strong>Comment l’Accord de Partenariat Économique Complet (CEPA) entre Maurice et les Émirats arabes unis, qui est entré en vigueur le 1er avril dernier, peut-il servir de levier pour les coopérations futures entre Maurice et l’Émirat de Sharjah ?</strong><br /> Entre Maurice et les EAU, la valeur du commerce a atteint Rs 42,2 milliards en 2024, avec une croissance de 221 % depuis 2018 pour nos exportations domestiques. Le CEPA viendra accroître ces chiffres très certainement en offrant une exemption sur 6 700 produits avec libéralisation immédiate. Il va aussi ouvrir de nouvelles opportunités dans des secteurs où Maurice dispose d’avantages comparatifs, notamment dans les produits de la mer transformés, les diamants travaillés, et la bijouterie, où des potentiels inexploités significatifs existent.</p> </div> <div class="field field--name-field-disqus field--type-disqus-comment field--label-hidden field--item"><drupal-render-placeholder callback="Drupal\disqus\Element\Disqus::displayDisqusComments" arguments="0=Dr%20Drishtysingh%20Ramdenee%2C%20Secr%C3%A9taire%20G%C3%A9n%C3%A9ral%20de%20la%20MCCI%20%3A%20%C2%ABLe%20commerce%20va%20continuer%20%C3%A0%20cro%C3%AEtre%20entre%20Maurice%20et%20les%20%C3%89mirats%20arabes%20unis%C2%BB&amp;1=http%3A//defimedia.info/dr-drishtysingh-ramdenee-secretaire-general-de-la-mcci-le-commerce-va-continuer-croitre-entre-maurice-et-les-emirats-arabes&amp;2=node/173881" token="fgwkJQi06CuRtQAq-b2-XFKQfJLq33nFiKNUjEme7us"></drupal-render-placeholder></div> Sat, 05 Jul 2025 04:11:00 +0000 Christina Vilbrin 173881 at http://defimedia.info Giandev Moteea : “It’s vital to instil mutual respect and unity in diversity in our youth, who are exposed to all sorts of toxic information” http://defimedia.info/giandev-moteea-its-vital-instil-mutual-respect-and-unity-diversity-our-youth-who-are-exposed-all-sorts-toxic-information <span>Giandev Moteea : “It’s vital to instil mutual respect and unity in diversity in our youth, who are exposed to all sorts of toxic information”</span> <span><span lang="" about="/users/jjaddoo" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Jameela Jaddoo</span></span> <span>lun 30/06/2025 - 10:16</span> <div class="field field--name-field-main-picture field--type-image field--label-hidden field--item"> <img src="/sites/default/files/styles/node_content_picture/public/290625_giandev.jpg?itok=wqtwOSfG" width="1280" height="720" alt="" typeof="foaf:Image" class="img-responsive" /> </div> <div class="field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field--item"><p>As part of the lead-up to the African Asia Pacific Choir Games 2025 (AAPCG 2025) and the Grand Prix of Nations, the Local Organising Committee of the International Choir Council 2025 (LOCICC2025) launched the national competition “Fresco 2025” for secondary schools. Designed as a creative platform for youth, the competition invites secondary school students to celebrate the core values of choral culture—sharing and harmony—through the expressive medium of fresco painting. The competition will be taking place from 27th September to 5th October.&nbsp; Mr. Giandev Moteea, OSK, President of the Local Organising Committee for the Intercontinental Choir Games 2025 (LOCICC2025), speaks to News on Sunday about the significance of this initiative. He also highlights how the project aims to instil and reinforce key values among students.</p> <p><strong>In the run up to the African Asia Pacific Choir Games 2025 (AAPCG 2025) and Grand Prix of Nations, the Local Organising Committee of the International Choir Council 2025 (LOCICC2025) launched of the national competition “Fresco 2025” for secondary schools. How did the idea of a national competition for secondary school students spring up?</strong><br /> The Fresco competition formed part of our PR Strategies where engaging the youths is a major component. With an event of the calibre of Choir Games across the two continents, African Asia Pacific Choir Competitions to be held in our country (27th September to 5th October), it was necessary to create awareness among the population and the student segment. So, that’s the idea of opting the Fresco Competition among the secondary schools whereby the winners will have the opportunity to wall paint the Frescoes across different regions.</p> <p><strong>The competition invites students to translate, through fresco painting, the values of sharing and harmony carried through choral culture. How does this competition aim at strengthening certain values in our students?&nbsp;</strong><br /> The Choir competition is more than a competition: it brings out the full power and reach of music: harmony, inter-cultural meets, respect, discipline, sharing of mutual values and exposing our own diversified cultures-music, dance, food, and others as well as our own concept of unity in diversity.&nbsp;</p> <blockquote> <p>Hosting such events will promote our country touristic attraction towards diverse segments of tourists and cultural tourism attract people from far across the world to travel and attend"</p> </blockquote> <p><strong>The national fresco competition will be held under the evocative theme, “Sing in Paradise.” Why this specific theme?</strong><br /> The theme was selected by InterKultur the major Partner of Government, based in Germany and who has selected Mauritius to host these Choir Games. The Mauritian environment with its diverse cultures and islander perspectives apart from its high touristic potentialities-beautiful beaches, turquoise lagoons and other attractions, have contributed to inspire this renowned organisation which holds such events around the world over last 30 years.<br /> &nbsp;<br /> <strong>The competition also aims to celebrate cultural diversity. In a country like Mauritius, why do you believe its key to teach students the values of mutual understanding and respect and unity in diversity?</strong><br /> These values you mentioned are of utmost importance to inculcate in our youths who are bombarded by all sorts of toxic information available freely. Hence there should be a counter balance by soliciting efforts to invest in events and exercises which can promote such values as respect of different cultures. Such activities towards students will confirm our notion of rainbow nation with natural beauty and diverse cultural background, discipline, harmonious exchanges, music, singing and dances so as to bring the youth to the basics and have sound recreational hobbies and why not professional careers in these fields of music.&nbsp;<br /> &nbsp;<br /> <strong>In September 2025, Mauritius will host the AAPCG 2025 and Grand Prix of Nations. What can we expect from these events?</strong><br /> Enormous windfall gains across different sectors for our country. Such Choir Games attract numerous participants-singers and accompanying persons, from the world apart from the two continents mentioned above. These participants will witness our diverse cultural society with several music, dance and choral backgrounds. They will be our ambassadors when they go back and promote our Republic.<br /> We will also seize the opportunity to democratise the choral culture to include all the socio- cultural segments so that the foreigner will get to know the value and substance of our musical heritage. This will have a major impact in promoting our cultural tourism sector.</p> <p>The economic benefits will also be great with our hotels, transport, both inland and air flights and other expenditures these participants will be incurring during their stay of an average of 12 days.&nbsp;&nbsp;</p> <p><strong>Do you believe that we should encourage the hosting of such events in Mauritius so as to continue affirming our island’s place on the international cultural scene?</strong><br /> Indeed. Hosting such events will promote our country touristic attraction towards diverse segments of tourists and cultural tourism attract people from far across the world to travel and attend. We hope that with these first ever intercontinental Choir Games 2025, championed by the well-known InterKultur and the Ministry of Youth and Sports, the stage will be set to encourage other major event organisers to choose Mauritius as a favoured destination to host their cultural events, the more so we have several nice infrastructures and so much different touristic attractions to offer. This will be a major component in the government policy to diversify our tourist base.</p> </div> <div class="field field--name-field-disqus field--type-disqus-comment field--label-hidden field--item"><drupal-render-placeholder callback="Drupal\disqus\Element\Disqus::displayDisqusComments" arguments="0=Giandev%20Moteea%20%3A%20%E2%80%9CIt%E2%80%99s%20vital%20to%20instil%20mutual%20respect%20and%20unity%20in%20diversity%20in%20our%20youth%2C%20who%20are%20exposed%20to%20all%20sorts%20of%20toxic%20information%E2%80%9D&amp;1=http%3A//defimedia.info/giandev-moteea-its-vital-instil-mutual-respect-and-unity-diversity-our-youth-who-are-exposed-all-sorts-toxic-information&amp;2=node/173774" token="-74xAlr2cibSkAEeTY4gcQ3WkLWTeXHZsKavIGswrnk"></drupal-render-placeholder></div> Mon, 30 Jun 2025 06:16:00 +0000 Jameela Jaddoo 173774 at http://defimedia.info Dr Fayzal Sulliman, CEO de la National Agency for drug control : «L’agence sera un levier dans le combat contre la drogue» http://defimedia.info/dr-fayzal-sulliman-ceo-de-la-national-agency-drug-control-lagence-sera-un-levier-dans-le-combat-contre-la-drogue <span>Dr Fayzal Sulliman, CEO de la National Agency for drug control : «L’agence sera un levier dans le combat contre la drogue»</span> <span><span lang="" about="/users/edinally" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Eshan Dinally</span></span> <span>sam 28/06/2025 - 18:30</span> <div class="field field--name-field-main-picture field--type-image field--label-hidden field--item"> <img src="/sites/default/files/styles/node_content_picture/public/dr_fayzal_sulliman.jpg?itok=159uq0_i" width="1280" height="720" alt="" typeof="foaf:Image" class="img-responsive" /> </div> <div class="field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field--item"><p>Nommé à la tête de la National Agency for Drug Control (NADC), le Dr Fayzal Sulliman pilote la naissance d’une institution stratégique chargée de refonder la lutte antidrogue à Maurice. Dans cet entretien-fleuve, il revient sur la feuille de route de l’agence, les défis institutionnels à surmonter, les indicateurs de résultats attendus, ainsi que la nécessaire articulation entre répression des trafiquants, accompagnement des usagers, transparence budgétaire, consultation citoyenne et protection des lanceurs d’alerte. Un exercice de gouvernance inédit au service d’une politique publique ambitieuse et multisectorielle.<br /> <br /> <strong>Vous prenez les rênes d’une institution encore virtuelle. La loi est là, mais tout reste à construire. Par quoi commence-t-on lorsque l’on doit donner vie à une telle structure, quasiment ex nihilo ?</strong>&nbsp;<br /> La première étape consiste à mettre en place les fondations opérationnelles de l’agence: l’installation physique, le recrutement du personnel-clé, la définition des procédures internes et la coordination avec les ministères et institutions partenaires. Il faut traduire la loi en plan d’action, en veillant à une gouvernance efficace, à une gestion rigoureuse et à la création d’un environnement de travail axé sur l’intégrité et les résultats.</p> <p>Dans cette perspective, un jalon essentiel de cette construction est la finalisation du Plan National de Contrôle de la Drogue 2025-2029, qui servira de feuille de route stratégique pour toutes les actions de la NADC. Ce document, élaboré de manière participative avec l’ensemble des parties prenantes, est actuellement en phase de validation finale. Ce plan incarnera l’engagement renouvelé de l’État à adopter une approche intégrée, équilibrée et fondée sur les droits humains pour lutter contre le fléau de la drogue à Maurice.</p> <p><strong>La NADC est perçue comme un tournant majeur après des années de vide institutionnel. Ne redoutez-vous pas que la société attende des résultats immédiats, alors que la construction d’un outil aussi complexe requiert du temps, des hommes, et des moyens encore à consolider ?&nbsp;</strong><br /> Les attentes sont légitimes, et la pression est réelle. Nous devons obtenir des « victoires rapides » visibles à court terme tout en jetant les bases d’un changement durable. La clé est la transparence: communiquer sur nos priorités, notre feuille de route, et les délais réalistes. Ça implique également de mobiliser les ressources humaines et financières nécessaires avec efficacité.</p> <p>Il convient aussi de rappeler que les questions liées à la drogue ont été érigées en priorité nationale absolue par le nouveau gouvernement. Cela s’est reflété clairement à travers de nombreuses déclarations de préoccupations et d’engagements formulées par les législateurs lors des débats parlementaires sur le NADC Bill.&nbsp;</p> <p>Le Premier ministre et le Premier ministre adjoint ont personnellement affirmé leur soutien inconditionnel à la lutte contre ce fléau qui touche toutes les strates de la population. Cette volonté politique forte et sans précédente, nous donne à la fois la légitimité et les moyens d’agir avec ambition et détermination.</p> <p><strong>Le Premier ministre a insisté sur « l’obligation de résultats ». Concrètement, quels indicateurs de performance – quantitatifs ou qualitatifs – envisagez-vous pour mesurer l’efficacité de l’agence dans les 12 premiers mois ?&nbsp;</strong><br /> Nous allons développer une matrice d’indicateurs de performance structurée autour des quatre piliers du Plan National de Contrôle de la Drogue : réduction de l’offre, réduction de la demande, promotion de la santé et du bien-être, et coordination institutionnelle. Concrètement, cela inclura :&nbsp;</p> <ul> <li>Indicateurs de traitement&nbsp;: nombre de personnes admises en traitement volontaire ou judiciaire, taux de rétention à 3, 6 mois, et un an, évolution des cas de rechute, disponibilité des services dans les zones rurales.</li> <li>Indicateurs de répression&nbsp;: volume de saisies par type de drogue (cannabis, héroïne, NPS, etc.), nombre d’opérations conjointes menées, taux de démantèlement de réseaux, évolution des infractions liées au trafic.</li> <li>Indicateurs de prévention&nbsp;: nombre de campagnes menées, couverture géographique, nombre d’élèves et enseignants touchés par le programme éducatif, taux de satisfaction des bénéficiaires, production et diffusion de rapports d’évaluation d’impact sur les campagnes de prévention, permettant d’adapter les messages, les canaux de communication et les groupes cibles selon les résultats observés.</li> <li>Indicateurs de coordination: nombre de réunions interinstitutionnelles, temps moyen de traitement des alertes, taux de participation des ministères et des ONG aux groupes de travail thématiques.</li> </ul> <p>Tous ces éléments seront compilés dans un tableau de bord de performance trimestriel, qui sera mis à la disposition du Conseil d’administration de la NADC et publié en ligne pour assurer la transparence. Par ailleurs, un outil numérique de suivi intégré sera déployé pour collecter et analyser en temps réel les données issues des différents services partenaires, garantissant ainsi une prise de décision fondée sur des preuves actualisées.</p> <p><strong>La NADC est placée sous la haute supervision du Premier ministre. Comment garantir son autonomie opérationnelle, notamment lorsqu’elle sera confrontée à des cas potentiellement sensibles impliquant des figures publiques ou institutionnelles ?&nbsp;</strong><br /> L’autonomie découle d’une gouvernance claire: un conseil d’administration représentatif, des procédures standardisées et une obligation de redevabilité publique. Les décisions de la NADC seront fondées sur les données, les lois en vigueur et les preuves, sans considération pour le statut des individus concernés.</p> <p>Conformément à l’organigramme validé de l’Agence, deux niveaux de gouvernance et de supervision ont été prévus pour garantir cette autonomie tout en assurant un alignement stratégique au plus haut niveau de l’État. La Commission nationale de contrôle des drogues, présidée par le Premier ministre et logée au sein du Bureau du Premier ministre, fixe les grandes orientations politiques, assure le suivi transversal de la stratégie nationale et donne une impulsion politique à l’ensemble du dispositif antidrogue.&nbsp;</p> <p>Et le Conseil d’administration de la NADC, instance indépendante composée de représentants des ministères, d’agences techniques, de la société civile et d’institutions partenaires, est chargé de superviser la mise en œuvre opérationnelle du mandat de l’agence, dans le respect des principes d’intégrité, de transparence et de redevabilité. Le Conseil veille à l’indépendance du CEO dans ses fonctions exécutives et à la protection des processus décisionnels contre toute forme d’ingérence politique ou institutionnelle.</p> <p>Cette architecture à double étage renforce le principe de subsidiarité et permet de concilier leadership stratégique et autonomie opérationnelle dans le traitement des dossiers sensibles.</p> <p><strong>Il vous faudra orchestrer l’action simultanée de 16 ministères, de la police, des ONG, des Collectivités locales, du système carcéral et des structures sanitaires. Quelle méthode de coordination envisagez-vous pour éviter les chevauchements, les silences administratifs, ou les conflits de prérogatives?&nbsp;</strong><br /> Nous mettrons en place un mécanisme de coordination interinstitutionnelle structuré autour de plusieurs outils clés :</p> <ul> <li>Des comités thématiques permanents, regroupant les principaux acteurs institutionnels et ONG selon les quatre piliers de la stratégie (réduction de l’offre, réduction de la demande, santé et bien-être, coordination).</li> <li>Des protocoles de collaboration formalisés (MoUs et SOPs) entre les ministères, les corps spécialisés (police, prison, MRA, santé) et les structures locales, afin de clarifier les responsabilités, les circuits d’information et les procédures d’intervention conjointe.</li> <li>Un système d’information et de suivi en temps réel, incluant un tableau de bord numérique commun alimenté par les institutions partenaires pour assurer la traçabilité des actions et la remontée d’alerte rapide.</li> <li>La mise en place d’un Point Focal NADC dans chaque ministère et structure-clé, qui sera responsable de la coordination des actions sectorielles avec l’agence et de la participation active aux groupes de travail techniques.</li> <li>Des réunions de coordination mensuelles et des revues trimestrielles multisectorielles, pour suivre l’état d’avancement des projets, résoudre les blocages et assurer un pilotage collectif des réformes.</li> </ul> <p>Le rôle du NADC sera aussi de décloisonner les silos administratifs, d’instaurer une culture de résultats partagés et de favoriser l’intelligence collective autour d’une gouvernance fondée sur les données probantes, la transparence et la coresponsabilité.</p> <p><strong>Réprimer les barons et accompagner les victimes, tel est le double impératif fixé par le législateur. Comment la NADC va-t-elle réussir à articuler ces deux dimensions sans créer de tensions internes ou de contradictions stratégiques ?&nbsp;</strong><br /> Il s’agit d’un exercice d’équilibrage stratégique et opérationnel entre des logiques d’ordre public et de santé publique. Sur le plan technique, cette articulation repose sur quatre piliers complémentaires :<br /> 1 Structuration fonctionnelle différenciée :</p> <ul> <li>Le volet répressif sera porté par une Cellule Opérationnelle de Lutte Contre le Trafic (COLCT), composée de représentants des forces de l’ordre, du renseignement financier et des douanes. Cette cellule travaillera en étroite coordination avec l’unité d’analyse stratégique de la NADC pour identifier les réseaux, croiser les données, et déclencher des interventions ciblées.</li> <li>Le volet humanitaire, quant à lui, sera structuré autour d’une Unité de Soutien, Réhabilitation et Réintégration (USR), réunissant des psychologues, des travailleurs sociaux, des éducateurs de rue et des médecins addictologues. Cette unité assurera la prise en charge médicale, psychosociale et éducative des usagers.</li> </ul> <p>2 Interopérabilité des systèmes d’information :</p> <ul> <li>Un Système de Suivi Intégré des Usagers et des Réseaux (SSIUR) sera mis en place, garantissant la compartimentation des données&nbsp;: les informations recueillies dans un cadre thérapeutique ne seront jamais transférées à des fins répressives, sauf dans des cas expressément prévus par la loi.</li> <li>Ce système assurera néanmoins une vision consolidée des flux et tendances pour le pilotage des politiques publiques (analyse épidémiologique, cartographie des zones à risque, typologie des profils).</li> </ul> <p>3 Formation croisée&nbsp;et langage commun :</p> <ul> <li>Tous les intervenants, qu’ils relèvent du champ répressif ou sanitaire, recevront une formation commune à la réduction des risques, à l’éthique et aux droits humains.</li> <li>Des modules de formation croisée (policiers formés à la gestion des addictions, travailleurs sociaux sensibilisés aux enjeux sécuritaires) favoriseront la compréhension mutuelle et la cohérence d’action sur le terrain.</li> </ul> <p>4 Cadre stratégique unifié :</p> <ul> <li>Une Stratégie nationale intégrée définira clairement les rôles, les responsabilités et les indicateurs de performance propres à chaque pilier, tout en maintenant une gouvernance transversale. Elle s’appuiera sur un Comité de Pilotage Bipolaire coprésidé par les responsables du COLCT et de l’USR.</li> <li>Les priorités annuelles feront l’objet d’une validation par le Conseil d’administration de la NADC, garantissant ainsi une coordination politique et administrative sans faille.</li> <li>Enfin, une évaluation indépendante sera conduite chaque année par un organisme tiers pour mesurer l’impact de cette double approche sur la réduction des trafics, la réinsertion des usagers et la cohésion institutionnelle.</li> </ul> <p><strong>Certains députés ont évoqué une « zombification » de la jeunesse face aux drogues synthétiques. Quelles actions d’urgence – législatives, sanitaires, policières – comptez-vous initier pour faire face à ce fléau qui semble échapper à tout contrôle </strong>?&nbsp;<br /> La réponse à la crise des drogues synthétiques nécessite une approche multidimensionnelle intégrée, articulée autour de cinq axes d’intervention urgents.</p> <p>Réformes législatives accélérées :</p> <ul> <li>Un Fast Track Legislative Mechanism (FTLM) est en cours de discussion pour permettre la reclassification rapide des substances émergentes sous contrôle, via une procédure d’urgence conjointe entre la NADC, le ministère de la Santé et le Parlement.</li> <li>Une liste provisoire de nouvelles substances psychoactives (NSP) sera mise à jour mensuellement, en coordination avec les alertes de l’UNODC, de l’EMCDDA et du SADC Early Warning System.</li> <li>Renforcement des capacités analytiques et de détection :</li> <li>Le laboratoire médico-légal national sera doté d’équipements de pointe : spectromètres de masse à haute résolution (HRMS), chromatographes en phase gazeuse couplés à la spectrométrie de masse (GC-MS), et des systèmes de détection portable pour les interventions sur site.</li> <li>Des kits de détection rapide de type colorimétrique ou immuno-enzymatique seront distribués aux services d’urgence, unités mobiles et aux postes de police dans les zones à haut risque.</li> <li>Mise en œuvre d’un système d’alerte communautaire précoce&nbsp;:</li> <li>Un Early Warning and Response System (EWRS) sera déployé, appuyé par une plateforme numérique de signalement communautaire (via application mobile et ligne téléphonique dédiée).</li> <li>Ce système recueillera et analysera en temps réel les cas d’intoxications suspectes, les saisies de produits inconnus et les signaux fiables issus des services de santé, des écoles, des ONG ou des familles.</li> <li>Déploiement d’unités d’intervention médico-sociale de proximité :</li> <li>Des unités d’intervention rapide (UIR) composées d’infirmiers spécialisés, d’agents sociaux et de pairs aidants interviendront dans les zones identifiées comme « points chauds ».</li> <li>Ces unités offriront un accès immédiat à la naloxone, à un accompagnement en cas de bad trip, à des kits de réduction des risques, et à un acheminement vers les centres de soins spécialisés.</li> <li>Campagnes de sensibilisation et de prévention ciblées :</li> <li>Lancement d’une campagne multimédia de prévention intensive à destination des jeunes, avec diffusion sur les réseaux sociaux, plateformes de jeux, écoles et zones de loisirs.</li> <li>Des sessions de sensibilisation mobile seront organisées dans les établissements scolaires, les centres de formation et les quartiers vulnérables avec simulation d’effets toxiques et témoignages d’ex-usagers.</li> </ul> <p>En parallèle, un tableau de bord national de la consommation de NSP sera mis en ligne chaque trimestre pour informer les citoyens, les partenaires communautaires et les professionnels de santé des évolutions du phénomène.</p> <p><strong>La légalisation ou la décriminalisation du cannabis est aujourd’hui ouvertement débattue. La NADC a-t-elle vocation à initier une consultation nationale sur ce sujet clivant ou à recommander une orientation claire au gouvernement ?</strong><br /> La mission de la NADC, en tant qu’agence nationale de coordination des politiques antidrogue, est d’éclairer le débat public sur la base de données scientifiques, d’analyses comparatives et de consultations inclusives.</p> <p>La NADC n’adoptera pas une position idéologique, mais jouera un rôle d’interface technique et démocratique, permettant à l’État mauricien de prendre une décision éclairée, adaptée à ses réalités sanitaires, économiques, sociales et géopolitiques.</p> <p>Notre mission est d’éclairer le débat. Une consultation nationale sera organisée, avec avis d’experts, analyses comparées et auditions publiques. Le rôle de la NADC est de poser les faits, pas de décider seule. La NADC ne sera pas une vitrine. Ce sera un levier.</p> <p><strong>Le texte de loi prévoit l’inclusion de six ONG au sein du Board. Mais comment la NADC entend-elle intégrer plus largement la société civile comme partenaire de terrain et vigie démocratique ?&nbsp;</strong><br /> Nous mettrons en place un forum national des acteurs communautaires, avec des comités thématiques, des appels à projets transparents et un portail de remontée des alertes citoyennes. La co-construction des politiques est un objectif central.</p> <p>Il est toutefois important de souligner que le partenariat de la NADC avec la société civile ne se limitera pas aux six ONG siégeant au conseil d’administration. Il sera étendu à toutes les ONG actives dans les domaines de la prévention, du traitement, des soins et de la réhabilitation liés à la drogue et au VIH/SIDA, sur l’ensemble du territoire, y compris Rodrigues. Ces ONG seront appelées à contribuer de manière structurée en tant que membres des groupes techniques de travail qui seront mis en place sous chaque division thématique de la NADC. Cette approche garantira une participation inclusive, une meilleure représentativité des réalités de terrain et une mutualisation des expertises au service d’une action concertée et efficace.</p> <p><strong>Le financement des actions de prévention, de traitement ou de soutien aux ONG pourrait soulever des soupçons d’opacité. Envisagez-vous un dispositif de reporting public, voire un audit indépendant annuel ?&nbsp;</strong><br /> Oui. Tous les financements seront publiés annuellement, accompagnés d’un rapport d’impact. Un audit externe sera commandé tous les ans et les résultats seront accessibles au public.</p> <p>Il est important de préciser que le financement destiné aux ONG continuera de transiter par la National Social Inclusion Foundation (NSIF), dont un représentant siègera également au conseil d’administration de la NADC. Cette disposition permettra de garantir une transparence budgétaire accrue et une cohérence des financements avec les objectifs stratégiques du plan national de lutte contre la drogue.</p> <p>De plus, une ONG bénéficiant d’un soutien devra se soumettre à une évaluation d’impact régulière. Des indicateurs de performance clairs seront définis conjointement avec les ONG partenaires pour mesurer l’efficacité des interventions dans les domaines de la prévention, du traitement, de la réhabilitation et du soutien psychosocial. Ce qui permettra d’assurer un suivi rigoureux, une meilleure reddition des comptes et une allocation optimale des ressources publiques.</p> <p>À titre d’exemples, les indicateurs de performance pourraient inclure : le nombre de bénéficiaires directs des programmes. Ils pourraient indiquer le taux de rétention dans les parcours de traitement et l’adhésion aux programmes de réduction des risques. Le taux de réintégration sociale ou professionnelle des usagers pris en charge et la couverture géographique des interventions pourraient aussi être mentionnés. Les projets financés incluront des campagnes de sensibilisation communautaire. Il y aura des interventions éducatives en milieu scolaire et des services de prise en charge thérapeutique et psychosociale. Des programmes de réhabilitation et des actions ciblées pour les groupes vulnérables comme les jeunes, les femmes et les usagers en situation de précarité seront mis en place.</p> <p><strong>De nombreuses recommandations du rapport Lam Shang Leen sont restées lettre morte. La NADC entend-elle les réévaluer et les traduire en actions concrètes ?</strong> &nbsp;&nbsp;<br /> Oui. Le rapport Lam Shang Leen constitue une base stratégique majeure pour la réforme du système de contrôle des drogues à Maurice. Ce rapport est un socle de référence.</p> <p>Une cellule de suivi stratégique, placée au niveau du Conseil d’administration de la NADC ou constituée en tant que sous-comité officiel de ce Conseil, sera mise en place. Elle sera composée d’experts juridiques, de représentants des institutions concernées (police, justice, santé, éducation) et de la société civile pour passer en revue l’ensemble des recommandations formulées dans le rapport.</p> <p>Cette cellule aura pour mandat de :</p> <ul> <li>Classer les recommandations selon leur nature (législative, administrative, opérationnelle, institutionnelle) et leur niveau de faisabilité ;</li> <li>Établir un plan d’action triennal avec des délais de mise en œuvre, des responsables désignés et des livrables attendus&nbsp;;</li> <li>Élaborer des propositions de réforme concrètes, notamment en matière de réglementation des perquisitions, de formation des enquêteurs, d’encadrement des informateurs, de transparence dans la chaîne de justice pénale, et de lutte contre la corruption systémique ;</li> <li>Assurer un « reporting » public régulier sur l’état de mise en œuvre des recommandations, avec une plateforme dédiée sur le site du NADC ;</li> <li>Collaborer avec des institutions telles que la Commission anticorruption (FCC), le Judicial and Legal Studies Institute et les comités parlementaires pour un suivi intégré.</li> </ul> <p>Ce travail de fond visera non seulement à restaurer la confiance du public dans les institutions chargées de la lutte antidrogue. Il permettra aussi de répondre aux failles systémiques dénoncées par le rapport avec des solutions durables, fondées sur l’état de droit, la justice équitable et la redevabilité.</p> <p><strong>Des parlementaires ont souligné la porosité maritime et les pratiques douteuses dans les zones portuaires et aéroportuaires. La NADC prévoit-elle un audit des points d’entrée et des failles douanières ?&nbsp;</strong><br /> Un audit national des points d’entrée sera lancé, avec l’appui de partenaires internationaux et d’experts en sécurité frontalière. Cet audit s’appuiera sur des méthodologies éprouvées telles que l’analyse des flux logistiques, les tests de vulnérabilité (« red teaming »), et l’évaluation des processus douaniers à l’aide d’indicateurs de performance comme le taux de contrôle effectif, le temps moyen de dédouanement et la fréquence des saisies non anticipées.</p> <p>L’audit portera également sur les technologies en place, notamment les scanners à rayons X, les équipements de spectrométrie pour les substances chimiques, et les dispositifs biométriques. Des recommandations seront formulées pour l’acquisition de technologies plus performantes (scanners mobiles, détecteurs portatifs de drogues, bases de données interopérables) ainsi que pour le renforcement des capacités humaines par la formation spécialisée et la rotation des personnels en zones sensibles. Un plan de renforcement graduel assorti de jalons mesurables sera mis en œuvre dès la publication du rapport d’audit.</p> <p><strong>La lutte contre le trafic implique des risques, y compris pour les agents intègres et les familles qui dénoncent. La NADC mettra-t-elle en place un dispositif de protection institutionnelle des lanceurs d’alerte et des coopérants ?</strong><br /> Oui, la NADC s’engage à instaurer un mécanisme robuste et institutionnalisé de protection des lanceurs d’alerte, inspiré des meilleures pratiques internationales. Ce dispositif comprendra plusieurs volets :</p> <ul> <li>Anonymisation renforcée&nbsp;: un système de signalement sécurisé et crypté, accessible via une plateforme numérique indépendante, garantira la confidentialité totale de l’identité du dénonciateur.</li> <li>Appui juridique : les lanceurs d’alerte bénéficieront d’un accompagnement légal assuré par un réseau d’avocats accrédités et indépendants, couvrant à la fois les procédures internes et judiciaires.</li> <li>Soutien psychologique&nbsp;: un accès prioritaire à un accompagnement psychologique sera proposé, en particulier aux agents ou citoyens ayant subi des menaces ou du harcèlement en lien avec leur dénonciation.</li> <li>Protection physique et administrative : dans les cas à haut risque, un protocole d’intervention en partenariat avec la police permettra d’assurer une protection physique temporaire ou un reclassement professionnel pour les fonctionnaires concernés.</li> <li>Unité de suivi des signalements : une cellule dédiée au sein de la NADC supervisera le traitement des signalements, assurera le respect des délais, et préviendra toute forme de représailles ou de harcèlement institutionnel.</li> </ul> <p>Ce dispositif fera l’objet d’un encadrement réglementaire clair et sera présenté au Parlement pour garantir sa légitimité, sa transparence et sa durabilité. La lutte contre la drogue ne peut réussir sans la confiance du public, et cette confiance commence par la protection de ceux qui osent parler.</p> <p><strong>Le certificat de moralité est actuellement requis pour toute demande d’emploi dans de nombreuses institutions, y compris dans le secteur public. La NADC envisage-t-elle une révision de cette exigence, notamment pour favoriser la réinsertion sociale des personnes en sortie de traitement ou anciennement condamnées ?</strong><br /> Cette question sera abordée avec toute la rigueur requise. Le certificat de moralité est un outil de vérification important, mais il peut constituer un frein majeur à la réintégration des anciens usagers ou des personnes réhabilitées. En collaboration avec le Bureau de l’Attorney General, la NADC proposera une révision encadrée de cette exigence, en envisageant des alternatives légales telles que des attestations de participation à des programmes de traitement certifiés, des engagements de suivi post-cure, ou encore des périodes probatoires accompagnées. Il est essentiel de trouver un équilibre entre sécurité publique et le droit à la seconde chance.</p> <p>&nbsp;</p> </div> <div class="field field--name-field-disqus field--type-disqus-comment field--label-hidden field--item"><drupal-render-placeholder callback="Drupal\disqus\Element\Disqus::displayDisqusComments" arguments="0=Dr%20Fayzal%20Sulliman%2C%20CEO%20de%20la%20National%20Agency%20for%20drug%20control%20%3A%20%C2%ABL%E2%80%99agence%20sera%20un%20levier%20dans%C2%A0le%20combat%20contre%20la%20drogue%C2%BB&amp;1=http%3A//defimedia.info/dr-fayzal-sulliman-ceo-de-la-national-agency-drug-control-lagence-sera-un-levier-dans-le-combat-contre-la-drogue&amp;2=node/173739" token="E2fFpCA1LJmgXe8ZR-Jd_HCsPkqMnlXTg_1FMR85cuo"></drupal-render-placeholder></div> Sat, 28 Jun 2025 14:30:00 +0000 Eshan Dinally 173739 at http://defimedia.info Nicolas Loulie : «L’abaissement du seuil de la TVA à Rs 3 M jugé trop brutal par les petits entrepreneurs» http://defimedia.info/nicolas-loulie-labaissement-du-seuil-de-la-tva-rs-3-m-juge-trop-brutal-par-les-petits-entrepreneurs <span>Nicolas Loulie : «L’abaissement du seuil de la TVA à Rs 3 M jugé trop brutal par les petits entrepreneurs»</span> <span><span lang="" about="/users/cvilbrin" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Christina Vilbrin</span></span> <span>sam 28/06/2025 - 07:10</span> <div class="field field--name-field-main-picture field--type-image field--label-hidden field--item"> <img src="/sites/default/files/styles/node_content_picture/public/260625_nicolas.jpg?itok=NiUuy4z5" width="1280" height="720" alt="" typeof="foaf:Image" class="img-responsive" /> </div> <div class="field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field--item"><p>La baisse du seuil d’enregistrement à la TVA de Rs 6 millions à Rs 3 millions suscite des réactions contrastées dans le monde des PME. Si certains y voient une avancée vers la structuration et l’équité fiscale, de nombreux entrepreneurs redoutent une hausse des charges, une complexité administrative accrue et une perte de compétitivité face à l’informel, explique Nicolas Loulie, Managing Partner de QURA Business Solutions. Pour absorber ce choc, beaucoup choisiront sans doute de répercuter la TVA sur leurs clients, avec un risque réel d’inflation, notamment dans les services non essentiels.&nbsp;</p> <p><strong>À partir du 1er octobre 2025, le seuil d’enregistrement obligatoire à la TVA passera de Rs 6 millions à Rs 3 millions de chiffre d’affaires annuel. Qui sera concerné par cette mesure ? &nbsp;</strong><br /> Cette mesure touchera principalement les petites et moyennes entreprises (PME), les individus détenant un Business Registration Number (BRN) et les commerces de proximité réalisant un chiffre d’affaires de Rs 3 millions à Rs 6 millions annuellement. Alors qu’auparavant ces structures échappaient à l’enregistrement obligatoire à la TVA, elles devront désormais s’y conformer. Il faut toutefois noter que, selon la législation en vigueur, certains produits et services sont soit exemptés de TVA selon le Schedule 1 du VAT Act 1998, soit imposés à un taux zéro en ligne avec le Schedule 5 du même texte. Ces produits et services incluent généralement les exportations de produits, les services financiers, les denrées de base et les services médicaux, pour ne citer que ceux-là. Cette mesure enjoindra plus de visibilité fiscale à l’État, mais impliquera également une mise en conformité des PME, qui sera souvent jugée coûteuse et contraignante. &nbsp;</p> <blockquote> <p>Un menuisier qui facturait auparavant ses services à Rs 10 000 devra désormais appliquer 15 % de TVA, portant ainsi le montant total à Rs 11 500. Il sera également tenu d’émettre une facture pour ce service et de soumettre une déclaration de TVA à la MRA…»</p> </blockquote> <p><strong>Dans le milieu entrepreneurial, comment accueille-t-on cette décision ? &nbsp;</strong><br /> L’accueil est partagé. Tandis que certains y voient une avancée vers la structuration et l’équité fiscale, beaucoup de petits entrepreneurs dénoncent une mesure brutale. Ils craignent une hausse des charges, une complexité administrative accrue et une perte de compétitivité face au secteur informel.</p> <p><strong>Les associations de PME qualifient cette mesure de véritable fardeau. Concrètement, qu’est-ce qui va changer pour les entrepreneurs ? &nbsp;</strong><br /> Aujourd’hui, il existe deux formes d’enregistrement pour la TVA : volontaire ou obligatoire. La TVA sera désormais obligatoire si le chiffre d’affaires d’une entreprise dépasse les Rs 3 millions, ou si l’entreprise fournit des services assujettis à la TVA, indépendamment de son chiffre d’affaires (comptables, architectes, avocats ou autres métiers définis dans le Schedule 10 du VAT Act 1998). Concrètement, une fois ces critères remplis, la société devra s’enregistrer à la TVA.</p> <p>Prenons l’exemple d’un menuisier qui, auparavant, facturait ses services à Rs 10 000. Il devra désormais facturer Rs 10 000 + 15 % de TVA, soit Rs 11 500. Il devra aussi émettre une facture en bonne et due forme à son client et, selon les normes légales, préparer une déclaration de TVA afin de reverser Rs 1 500 (Rs 11 500 moins Rs 10 000) à la Mauritius Revenue Authority (MRA) dans les délais prescrits. En résumé, ce qui changera, c’est une comptabilité plus rigoureuse, avec des exigences administratives et fiscales plus accrues.&nbsp;</p> <blockquote> <p>Cette mesure imposera plus de visibilité fiscale à l’État,&nbsp;mais impliquera également&nbsp;une mise en conformité des PME, qui sera souvent jugée coûteuse et contraignante.»</p> </blockquote> <p><strong>Certains de ces entrepreneurs devront se tourner vers des comptables. Dans quelle mesure est-ce que ce sera un casse-tête administratif et financier pour nombre d’entre eux ? &nbsp;</strong><br /> Pour satisfaire aux exigences liées à l’enregistrement à la TVA, les entrepreneurs devront tenir une comptabilité détaillée des ventes et achats, calculer correctement la TVA collectée et récupérable, remplir et soumettre les déclarations de TVA, répondre aux éventuels contrôles fiscaux et adapter leur gestion de trésorerie aux paiements trimestriels pour la TVA. Ces tâches demandent du temps et des compétences spécifiques. C’est pour cette raison que je pense que beaucoup des PME se tourneront vers des comptables pour pouvoir satisfaire à leurs exigences. Ce qui entraînera définitivement un impact financier, avec des charges additionnelles en frais de comptabilité. De plus, les 15 % de TVA devront soit être absorbés par la PME, soit refacturés au client. Si la société cliente est elle-même enregistrée à la TVA, elle pourra la récupérer auprès des autorités à travers ce qu’on appelle l’Input VAT. &nbsp;&nbsp;<br /> &nbsp;<br /> <strong>Il y a aussi des risques de pénalités si les informations ne sont pas bien transmises à la Mauritius Revenue Authority. Quelles sont les sanctions possibles ?</strong><br /> Il existe plusieurs formes de sanctions et de pénalités liées à la TVA. Premièrement, une PME qui omet de s’enregistrer alors qu’elle en a l’obligation s’expose à une amende de Rs 5 000 par mois, plafonnée à Rs 50 000. En cas de retard dans la soumission des déclarations fiscales, la pénalité est de Rs 2 000 par mois, plafonnée à Rs 20 000 — ou à Rs 5 000 pour les petites entreprises. Les pénalités pour les retards de paiement pour la TVA sont de 10 % pour les entreprises standards et de 2 % pour les petites entreprises. De plus, des intérêts de l’ordre 1 % seront imposés sur la TVA due et en cas de déclarations erronées, des pénalités possibles jusqu’à 25 % de la TVA non déclarée. Il y a aussi d’autres types d’offense selon la loi, comme la fraude, les fausses déclarations ou des omissions graves qui peuvent entraîner des peines allant jusqu’à 8 ans de prison et des amendes conséquentes jusqu’à trois fois le montant de TVA impliquée.</p> <blockquote> <p>Pour une PME en croissance, l’enregistrement à la TVA peut devenir un atout stratégique, dans une optique de démontrer une forme de bonne gouvernance lors d’une levée de fonds ou de demandes de financement auprès d’institutions bancaires.»</p> </blockquote> <p><strong>Certains entrepreneurs évoquent déjà l’éventualité de répercuter ces coûts sur les consommateurs via une hausse de leurs produits et services. Vos commentaires ? &nbsp;</strong><br /> Il faut comprendre que la baisse du seuil de Rs 6 millions à Rs 3 millions implique qu’une société avec un chiffre d’affaires supérieur à Rs 3 millions devra appliquer une TVA de 15 % sur ce montant (15 % de Rs 3 millions = Rs 450&nbsp;000). Dès lors, une question se pose pour la société : va-t-elle augmenter ses prix pour répercuter les Rs 450 000 de TVA à ses clients, ou va-t-elle absorber ces coûts en réduisant sa marge opérationnelle, et donc sa profitabilité ? Je pense personnellement que beaucoup choisiront de répercuter cette TVA à leurs clients et il y a un réel risque d’inflation avec des répercussions sur le pouvoir d’achat des individus, particulièrement dans les services non essentiels. Toutefois, les entreprises travaillant avec d’autres entités enregistrées à la TVA (marché B2B) pourront compenser cet impact, puisque leurs clients récupéreront la TVA.<br /> &nbsp;<br /> <strong>Mais s’enregistrer à la TVA a aussi ses avantages. Quels sont-ils ?</strong><br /> Être enregistré permet de récupérer la TVA sur les achats, de renforcer sa crédibilité auprès de différents partenaires (clients, fournisseurs, banques) et d’accéder à certains marchés B2B ou appels d’offres. La société peut aussi bénéficier d’un remboursement en cas d’excédent de TVA sur les équipements ou autres dépenses en capital dépassant un montant de TVA de Rs 100 000. Ce qui permet également de mieux structurer sa comptabilité et de piloter ses performances financières. Pour une PME en croissance, l’enregistrement à la TVA peut devenir un atout stratégique, dans l’optique de montrer une forme de bonne gouvernance lors d’une levée de fonds ou de demandes de financement auprès d’institutions bancaires.</p> <blockquote> <p>Lors des six derniers mois, le secteur des PME a connu un certain ralentissement des activités, les effets du paiement du 14e mois se faisant ressentir. Beaucoup d’entre elles souffrent de problèmes de trésorerie…»</p> </blockquote> <p><strong>Nous sommes à mi-2025. Quelle lecture faites-vous de la performance du secteur des PME au cours des six derniers mois ? Et quelles sont les perspectives pour les six prochains mois ? &nbsp;</strong><br /> Au cours des six derniers mois, le secteur des PME a connu un certain ralentissement des activités, les effets du paiement du 14e mois se faisant ressentir. Beaucoup d’entre elles souffrent aujourd’hui de problèmes de trésorerie, avec un manque de visibilité sur la suite. Pour les six prochains mois, je prévois que nombre d’entre elles devront s’adapter et faire preuve de résilience pour évoluer sur un marché qui pourrait se contracter. Elles devront donc faire preuve d’agilité, avoir recours aux nouvelles technologies et se réinventer si elles veulent survivre dans ce nouvel environnement.<br /> &nbsp;<br /> <strong>Que recommandez-vous pour soutenir davantage ce secteur ?</strong><br /> Il faut davantage d’incentives pour inciter les PME à jouer un plus grand rôle dans la chaîne de valeur des produits et services que Maurice offre aujourd’hui à l’échelle internationale. Il serait également nécessaire d’avoir des organismes mieux rodés au coaching et mentoring, capables d’aider à la structuration et à la mise en place de cadres de bonne gouvernance pour soutenir ces PME à devenir « investor ready&nbsp;», afin que leurs projets soient plus attrayants pour les banques commerciales et qu’ils sachent comment planifier la succession de leur business à long terme.</p> </div> <div class="field field--name-field-disqus field--type-disqus-comment field--label-hidden field--item"><drupal-render-placeholder callback="Drupal\disqus\Element\Disqus::displayDisqusComments" arguments="0=Nicolas%20Loulie%20%3A%C2%A0%C2%ABL%E2%80%99abaissement%20du%20seuil%20de%20la%20TVA%20%C3%A0%20Rs%203%20M%C2%A0jug%C3%A9%20trop%20brutal%20par%20les%20petits%20entrepreneurs%C2%BB&amp;1=http%3A//defimedia.info/nicolas-loulie-labaissement-du-seuil-de-la-tva-rs-3-m-juge-trop-brutal-par-les-petits-entrepreneurs&amp;2=node/173662" token="oU_Vae2UfgtjcDd21mI2iGuQ0ScIKLhj_J_hWXrmnLw"></drupal-render-placeholder></div> Sat, 28 Jun 2025 03:10:00 +0000 Christina Vilbrin 173662 at http://defimedia.info Roshaan Kulpoo : «Le gouvernement doit donner l’exemple de ce qu’il fait comme sacrifice» http://defimedia.info/roshaan-kulpoo-le-gouvernement-doit-donner-lexemple-de-ce-quil-fait-comme-sacrifice <span>Roshaan Kulpoo : «Le gouvernement doit donner l’exemple de ce qu’il fait comme sacrifice»</span> <span><span lang="" about="/users/pdaby" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Pradeep Daby</span></span> <span>sam 21/06/2025 - 06:30</span> <div class="field field--name-field-main-picture field--type-image field--label-hidden field--item"> <img src="/sites/default/files/styles/node_content_picture/public/roshaan_kulpoo_1.jpg?itok=OwYMzi6w" width="1280" height="720" alt="" typeof="foaf:Image" class="img-responsive" /> </div> <div class="field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field--item"><p>Le Budget 2025-2025 continue d’alimenter réflexions et critiques. Jusqu’à se demander si, à la lumière du projet controversé de réforme de la pension, le gouvernement n’aurait pas raté son premier rendez-vous avec la population. Pour Roshaan Kulpoo, Chairman d’United Pay Ltd, « les gens risquent de penser qu’ils ont été dupés en votant 60-0 pour un gouvernement qui voulait du changement et prôner la rupture. »<br /> <br /> <strong>À froid et compte tenu des critiques auxquelles donne lieu en ce moment de certaines annonces dans le Budget, quelle lecture faites-vous de cet exercice ?</strong><br /> Le Budget 2025-2026 a soulevé beaucoup de plaintes justifiées de la part de la majorité de la population et surtout de la classe moyenne. Il y a la pension universelle à 65 ans, l’introduction de la taxe sur les voitures neuves hybrides et 100 % électriques. En même temps, on n’a rien entendu concernant les mesures factuelles que le gouvernement va prendre par rapport au train de vie de l’État. Le Budget 2025-2026 donne justement la priorité à la réparation fiscale, mais cela ne peut pas se faire au détriment de la classe moyenne, en leur disant de se serrer la ceinture durant trois ans. Mais on ne sait pas si trois ans suffiront. Par ailleurs, il n’est nullement justifié de brandir la notation de Moody’s comme une épée de Damoclès. Comment compte-t-on expliquer à la classe moyenne et à ceux au bas de l’échelle cette notation, etc.&nbsp;</p> <p><strong>Le gouvernement de l’Alliance du Changement répond-il aux attentes de la population ?</strong><br /> Je pense que oui, mais il faut que le gouvernement donne l’exemple de ce qu’il fait comme sacrifice, sinon cela risque d’être : « Fais ce que je te dis de faire et laisse-moi faire ce que je veux faire pour moi. »</p> <p><strong>Le gouvernement avait-il les moyens d’offrir d’honorer ses promesses préélectorales de novembre 2024 ?</strong><br /> Non, et c’est là où le mat blesse. Car on n’aurait pas dû faire des promesses électorales. Mais Maurice est Maurice. Les gens risquent de penser qu’ils ont été dupés en votant 60-0 pour un gouvernement qui voulait du changement et prônait la rupture. Je pense que le gouvernement a tout le potentiel d’améliorer sa communication avec le peuple et on doit finir avec les promesses électorales. Aussi quand le peuple voit les dépenses budgétées pour le gouvernement et en même temps que celui-ci dit que la caisse est vide, on est en droit de poser des questions. L’exemple doit venir en haut. &nbsp;</p> <p><strong>Ce Budget montre-t-il une volonté du gouvernement d’assainir les dépenses publiques, dont la réduction des dépenses dans certains de ses organismes devenus des éléphants blancs depuis des années ?</strong> &nbsp;<br /> Assainir les dépenses publiques était quelque chose que tous les précédents gouvernements voulaient faire, mais ce fut un échec. On manque de volonté politique pour le faire.</p> <p><strong>La question relative à l’âge de la retraite a soulevé en même temps celle du ciblage. Est-ce une réponse à cet enjeu ?</strong><br /> Le ciblage comme stratégie pour résoudre le problème de la pension a été sujet à divers débats pendant beaucoup d’années. C’est un exemple qui montre que les décisions majeures prennent beaucoup de temps pour être traitées. Je me demande à quoi bon avoir tous ces comités, si c’est pour que les décisions risquent de prendre des années... Un autre exemple : l’amendement de certaines clauses de notre Constitution et de se démarquer de « First past the post ». C’est encore un 60-0.</p> <p><strong>Les choix en matière fiscale dans ce Budget s’inscrivent-ils dans une volonté équilibrée, l’État ne taxant pas lourdement les dividendes des gros conglomérats comme le souhaitait Rezistans ek Alternativ ?</strong><br /> Je dirais que dans la conjoncture, une stratégie de ciblage aurait été compréhensible. Nous sommes un peuple de migrants et les conglomérats auraient compris le sacrifice demandé, avec peut-être une imposition durant trois ans sur ceux qui font un profit à un seuil défini à 25 %. Le débat sur le dividende, la taxe et la pension aurait dû impliquer la participation active de la société civile. La classe moyenne va souffrir énormément.</p> <p><strong>Les mesures de ce Budget sont-elles porteuses de création d’emplois rémunérateurs pour les jeunes afin, entre autres, de circonscrire l’émigration de nos compétences vers le Canada principalement ?</strong>&nbsp;<br /> À ce jour, les jeunes veulent émigrer. Est-ce que les politiciens peuvent vivre avec un salaire de Rs 20 000 à 50 000 ? Un gradué commence sa carrière avec un salaire de Rs 30 000. À l’étranger, il peut facilement gagner Rs 100 000. Il faut faire des assises avec la diaspora mauricienne pour comprendre comment, avec des sacrifices et du dur labeur, ces Mauriciens établis à l’étranger sont arrivés à s’en sortir.</p> <p><strong>Ce gouvernement remet sur le tapis la création d’un Education hub. Que doit-on attendre des retombées d’un tel projet ?</strong><br /> Je reste perplexe. Il faut faire du ciblage pour comprendre pourquoi dans certaines régions le taux de réussite est de moins de 10 %. Est-ce qu’on aura le courage de muter les enseignants des collèges d’élite dans une localité comme Le Morne, entre autres ?</p> <p><strong>Ce Budget contient également des mesures relatives à l’Intelligence artificielle, considérée comme un pied dans la modernisation de Maurice. Comment voyez-vous les initiatives proposées ?</strong><br /> Je me demande combien d’entre nous comprennent vraiment la signification de l’intelligence artificielle (IA) ou même GEN AI. Il y a une éducation à faire et il s’agit aussi d’identifier quel aspect du business est compatible avec l’IA. Je vous rappelle que jusqu’à l’heure, nous n’avons pas pu introduire la Blockchain dans nos services de santé publics. La modernisation passe par la modernisation de notre état d’esprit. Il faut promouvoir davantage l’intelligence humaine et offrir des atouts à la classe moyenne afin qu’elle hausse son niveau de vie, sinon on ne sera jamais un « High Income Country ». Ainsi, il ne sert à rien d’être un « High Income Country » si on ne parvient pas à combattre la pauvreté, la drogue, la fraude et la corruption.</p> <p><strong>Le Premier ministre et ministre des Finances fait état d’un ‘ordre social nouveau’. Quels en sont les grands traits de cette annonce, si vous en voyez ?&nbsp;</strong><br /> Il n’y a rien de concret dans ces mots. Avant les élections, on en parlait et sept mois se sont déjà écoulés. Le Budget a parlé de différents comités à mettre en place. Mais, je reste perplexe quant au temps que cela va prendre pour constituer ces comités, de même que le temps qu’on va attendre pour voir leurs rapports.</p> <p><strong>L’ensemble des mesures annoncées sont-elles de nature à consolider/relancer l’attractivité de l’ile Maurice aux yeux des investisseurs étrangers ?&nbsp;</strong><br /> Il fallait privilégier la qualité de vie des Mauriciens, surtout ceux au bas de l’échelle et de la classe moyenne. Je ne suis pas sûr que les mesures vont relancer l’attractivité de notre pays auprès des investisseurs, étant donné que cette démarche a été un échec durant les dix dernières années.</p> <p><br /> &nbsp;</p> </div> <div class="field field--name-field-disqus field--type-disqus-comment field--label-hidden field--item"><drupal-render-placeholder callback="Drupal\disqus\Element\Disqus::displayDisqusComments" arguments="0=Roshaan%20Kulpoo%20%3A%C2%A0%C2%ABLe%20gouvernement%20doit%20donner%20l%E2%80%99exemple%20de%20ce%20qu%E2%80%99il%20fait%20comme%20sacrifice%C2%BB&amp;1=http%3A//defimedia.info/roshaan-kulpoo-le-gouvernement-doit-donner-lexemple-de-ce-quil-fait-comme-sacrifice&amp;2=node/173281" token="2dqSDCwFj3ByvhikZstZ-wYfunbbbD_pIq01L-VDZ-4"></drupal-render-placeholder></div> Sat, 21 Jun 2025 02:30:00 +0000 Pradeep Daby 173281 at http://defimedia.info Shaktee Ramtohul : «La classe inférieure et la classe moyenne seront touchées par les mesures budgétaires» http://defimedia.info/shaktee-ramtohul-la-classe-inferieure-et-la-classe-moyenne-seront-touchees-par-les-mesures-budgetaires <span>Shaktee Ramtohul : «La classe inférieure et la classe moyenne seront touchées par les mesures budgétaires»</span> <span><span lang="" about="/users/quotidien" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Defi Quotidien</span></span> <span>dim 15/06/2025 - 08:42</span> <div class="field field--name-field-main-picture field--type-image field--label-hidden field--item"> <img src="/sites/default/files/styles/node_content_picture/public/shaktee_ramtohul.jpg?itok=4DYNE1jF" width="1280" height="720" alt="" typeof="foaf:Image" class="img-responsive" /> </div> <div class="field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field--item"><p>Moins d’une semaine après la présentation du premier Budget de l’Alliance du Changement, les opinions les plus contrastées se font entendre concernant ce document tant attendu. Le Budget 2025/2026 répond-il aux attentes des Mauriciens ? Pour l’expert-comptable et consultant en business, Shaktee Ramtohul, le gouvernement n’a pas trouvé l’équilibre entre un Budget d’austérité et un Budget qui plait au plus grand nombre.<br /> <br /> <strong>Quelle est votre lecture de ce Budget 2025/2026 ? Est-ce qu’il traite concrètement les grands enjeux du moment ?</strong><br /> Il est clair que le gouvernement actuel a hérité d’un état des finances publiques désastreux. Le Premier ministre l’a indiqué dans le document sur l’état de l’économie présenté à l’Assemblée nationale peu après son entrée en fonction en novembre 2024. Avec un déficit budgétaire atteignant Rs 70 milliards pour l’année 2024/2025 et une dette du secteur public s’élevant au chiffre stupéfiant de Rs 642 milliards, il est clair que l’assainissement budgétaire est l’un des principaux objectifs du budget actuel. De nombreuses mesures ont été prises dans ce sens, notamment par le biais d’un contrôle des dépenses et d’une amélioration des recettes. Toutefois, à ce stade, les mesures budgétaires n’abordent pas des préoccupations majeures comme la sécurité alimentaire, l’inflation, le coût de la vie. Il y a aussi le changement climatique, le chômage, les secteurs innovants pour les jeunes, l’économie bleue et le tourisme. La classe inférieure et la classe moyenne seront principalement touchées par les mesures budgétaires.</p> <p><strong>Les mesures qu’il contient pourront-elles atténuer les conséquences sur l’érosion du pouvoir d’achat des Mauriciens ?</strong><br /> Une décision importante sur la réduction des prix de l’essence aurait pu au moins atténuer l’impact d’un coût de la vie élevé grâce à son effet multiplicateur. Le prix du pétrole brut brent a connu une tendance à la baisse au cours des six derniers mois. Le baril était à un peu plus de 66 dollars le 5 juin 2025. Mais, étonnamment, alors que cette question faisait partie du manifeste électoral de l’Alliance du Changement, elle a été complètement, voire ouvertement, ignorée dans l’exercice budgétaire actuel. En outre, la suppression progressive de certaines allocations sociales aura un impact direct sur le revenu disponible des ménages. L’allocation de revenu CSG, l’allocation pour enfant CSG, l’allocation scolaire CSG, l’allocation de grossesse, l’allocation de maternité et le régime d’allégement des prêts au logement disparaissent. Il n’y a pas de mesures claires sur la manière dont le fonds de stabilisation des prix de Rs 2 milliards sera utilisé pour maitriser le coût de la vie.</p> <p><strong>Une seule année financière suffira-t-elle pour la mise en œuvre de certains gros chantiers, par exemple l’IA que le gouvernement souhaite initier dans l’ensemble des secteurs productifs de l’ile Maurice ?</strong><br /> Si l’adoption de l’IA pour accélérer la transition vers une économie numériquement avancée est une mesure notable, le cadre juridique pour accompagner cette mesure doit être mis en place. À cet égard, l’amélioration de notre loi sur la protection des données pour la rendre conforme aux normes européennes est un pas dans la bonne direction. Cette mesure nécessitera certainement beaucoup de temps et d’investissements, ainsi qu’une formation appropriée qui, selon moi, durera plus de douze mois. En effet, ces systèmes devront également faire l’objet de tests rigoureux avant d’être mis en œuvre. Il est courant d’annoncer dans le budget des projets majeurs qui seront mis en œuvre au cours du mandat de l’actuel gouvernement. Je pense à des projets d’infrastructures, de logements sociaux, de jetée de croisière, de remplacement des canalisations d’eau, pour n’en citer que quelques-uns. Le programme d’investissement du secteur public est une bonne référence en ce qui concerne l’allocation de fonds à divers projets ainsi que leur calendrier.</p> <p><strong>Ce gouvernement remet sur le tapis le projet de faire de Maurice une Education Hub. À quoi sert une telle ambition ?</strong><br /> La vision d’un Education Hub fait partie du budget depuis plus de dix ans. Les mesures prises à cet effet comprenaient des incitations fiscales pour les prestataires de services éducatifs. Des permis ont été accordés à de jeunes professionnels diplômés à l’étranger dans les budgets précédents. Mais nous devons nous poser les questions suivantes avant même d’envisager de devenir une plaque tournante de l’éducation. Combien de décrocheurs scolaires avons-nous au Primary School Achievement Certificate, au O-Level et au A-Level ? Quel est le nombre actuel de diplômés sans emploi ? L’île Maurice est-elle une destination privilégiée pour un enseignement de qualité ? Avons-nous des universités de haut niveau ? Disposons-nous de systèmes de soutien appropriés pour les étudiants internationaux, allant des politiques de visa à l’adaptation à l’environnement et à la culture locaux, en passant par la garantie de la sécurité des étudiants internationaux ? Enfin, avons-nous des possibilités claires d’études supérieures ? La prise en compte de ces aspects permettra à Maurice de se positionner comme un centre d’éducation sérieux dans la région. La création du nouvel Institut national de recherche et d’innovation est un pas timide dans cette direction.</p> <p><strong>Ce Budget contient-il de gros projets ‘créateurs’ d’emplois rémunérateurs ?</strong><br /> Dans sa forme actuelle, le budget manque de projets innovants qui pourraient assurer de nouveaux emplois à nos jeunes. Le secteur offshore était certainement innovant dans les années 1990, mais même l’offre de services du secteur offshore est restée assez constante au fil des années. L’investissement dans l’intelligence artificielle peut attirer de nouveaux talents et favoriser de nouvelles opportunités d’emploi, mais l’économie bleue reste un potentiel inexploité. Il est clair que le secteur du tourisme avait besoin d’un changement de paradigme et on nous a fait comprendre qu’ils possédaient les outils visionnaires pour améliorer ce secteur. La seule mention à cet effet pour le secteur du tourisme est un plan directeur. Espérons que celui-ci sera prêt avant les prochaines élections générales ! Avec le nouveau régime fiscal, à savoir l’enregistrement obligatoire à la TVA des entreprises réalisant un chiffre d’affaires de Rs 3 millions, la question se pose de savoir si les petites et moyennes entreprises vont recruter de nouveaux employés.</p> <p><strong>De nombreux Mauriciens disent leur déception concernant la mesure de relever l’âge d’éligibilité à la pension de retraite de base, de 60 à 65 ans. Que pensez-vous de cette mesure, certains souhaitant plutôt une forme de ciblage ?</strong><br /> Cette mesure a certainement pris la population au dépourvu. En effet, les catégories d’emploi varient à Maurice et une proportion importante de la population est impliquée dans des travaux physiques et mentaux très exigeants. La pression sur la santé de ces catégories d’employés sera évidente. Cette mesure est censée alléger la pression sur le système de retraite dans la mesure où les employés contribueront au fonds de pension pendant de plus longues années avec une gratification différée. Mais une telle décision exige des consultations avec les syndicats. D’une part, nous n’avons pas créé suffisamment de secteurs émergents pour la création d’emplois et, d’autre part, les employés plus âgés conserveront leur emploi plus longtemps. Il ne s’agit manifestement pas d’un exercice équilibré.</p> <p><strong>Ce Budget contient-il des mesures destinées à élargir nos piliers économiques ?</strong><br /> Le budget actuel est limité à cet égard. Le nouveau régime fiscal applicable aux entreprises et aux particuliers fortunés limite certainement notre marge de manœuvre pour développer davantage l’économie. Il semble que nous soyons dans une impasse en ce qui concerne l’évolution de notre secteur touristique et que l’économie bleue ait été laissée dans les starting-blocks (comme ce fut le cas dans les derniers budgets). Il y a quelques mesures notables, à savoir le lancement de la banque des lingots, l’introduction du commerce de l’art comme nouvelle activité d’exportation, ainsi que le déblocage de Rs 30 milliards dans les énergies renouvelables. Cependant, d’une part, nous montrons des signes de transition vers des énergies plus propres et des émissions plus faibles et, d’autre part, les droits d’accises sont réintroduits sur les véhicules hybrides et électriques. L’augmentation de 30 % de la taxe d’immatriculation payable lors de la première immatriculation d’un véhicule ne manquera pas de nuire à l’industrie automobile.</p> <p><strong>Voyez-vous des mesures destinées à rompre avec notre modèle économique hérité de l’Indépendance ? S’agit-il véritablement d’un Budget de transition ?</strong><br /> Depuis son indépendance, l’île Maurice a suivi un modèle de développement économique progressif et adaptatif. L’économie sucrière s’est progressivement diversifiée au profit du textile et des entreprises exportatrices, englobant ainsi l’aspect manufacturier et la transition vers une économie de services axée sur le tourisme, l’éducation et les services financiers. La signature de divers accords de libre-échange a permis d’améliorer considérablement les échanges commerciaux. La plupart de ces secteurs continuent de tirer notre PIB en 2025 et continueront certainement de le faire à court et à moyen terme. Nous continuerons donc à nous appuyer sur ces piliers, mais les mesures budgétaires actuelles semblent avoir été conçues pour redresser l’économie au cours des trois prochaines années.</p> <p><strong>Le gouvernement est-il parvenu à trouver l’équilibre entre un Budget d’austérité et un Budget qui plait au plus grand nombre ?</strong><br /> Il semble qu’il a échoué sur ce dernier point avec le relèvement de l’âge de la retraite, la suppression progressive de certaines allocations, le mépris de la baisse du prix de l’essence, l’abaissement du seuil d’enregistrement des entreprises à la TVA de Rs 6 millions à Rs 3 millions et l’absence de création d’emploi. En outre, les riches pourraient être tentés de délocaliser avec le nouveau régime fiscal. En ce qui concerne le premier point, il est clair que l’assainissement budgétaire était une condition préalable. Le poids de la dette du secteur public est élevé. La CSG exerçait une pression sur le système et le déficit budgétaire augmentait. Le déficit budgétaire estimé pour 2025/26 est de 4,9 % du PIB, ce qui sera possible grâce à des impôts plus élevés et aux recettes de l’accord sur les Chagos.</p> <p><strong>Le gouvernement réduit-il radicalement ses dépenses ?</strong><br /> Selon les estimations budgétaires, le déficit public pour l’exercice 2025-26 s’élèvera à Rs 37 milliards, contre 70 milliards pour l’exercice précédent. Il est clair que l’écart entre les recettes et les dépenses de l’année précédente appelait des mesures correctives. Toutefois, pour l’année 2025-26, les dépenses publiques devraient s’élever à Rs 261 milliards, les pensions de vieillesse, les dépenses en capital, les subventions et les rémunérations des employés constituant une part importante des dépenses. Par conséquent, en termes de dépenses, la tendance restera à la hausse. Toutefois, le gouvernement actuel compte sur l’amélioration des recettes pour réduire le déficit budgétaire, principalement sous la forme de taxes sur la valeur ajoutée, d’impôts sur le revenu et de droits de douane et d’accises. Il faudra examiner attentivement les rapports du bureau de l’audit pour déterminer si le gouvernement actuel est en mesure de gérer efficacement les finances publiques. Le fait que les débats sur le rapport d’audit national feront partie intégrante des débats parlementaires est une mesure bienvenue pour obliger le gouvernement à rendre des comptes.</p> <p><strong>Parait-il indispensable que certaines de ces mesures figurent dans le prochain Budget, compte tenu de leur importance et du temps d’exécution ?</strong><br /> Le document du Programme d’investissement du secteur public témoigne que certaines mesures seront exécutées sur une plus longue période, à savoir la construction de logements sociaux, de foires commerciales et de complexes sportifs. Le barrage de Rivière-des-Anguilles est une autre mesure qui apparaît régulièrement dans le budget. L’adoption de l’intelligence artificielle ainsi que de la technologie blockchain sera très probablement une caractéristique des prochains budgets.</p> <p><strong>Les défis propres aux PME sont-ils traités dans ce dossier ?</strong><br /> Les petites et moyennes entreprises constituent la force vive du pays, puisqu’elles emploient près de la moitié de la main-d’œuvre totale. L’abaissement du seuil d’enregistrement de la TVA à Rs 3 millions augmente la charge administrative de ces entités. Elles devront en effet maintenir et émettre des factures conformes à la TVA et assurer les déclarations de TVA dans les délais impartis. Cette situation pourrait limiter la capacité des petites et moyennes entreprises à se développer et à innover. Le secteur automobile subira certainement le poids des mesures annoncées en ce qui concerne la réintroduction des droits d’accise sur les véhicules hybrides et électriques. Avec l’augmentation des coûts opérationnels, la difficulté d’accéder au financement en raison d’obstacles bureaucratiques et un marché saturé, de nombreuses PME seront limitées pour maintenir leur avantage concurrentiel.</p> </div> <div class="field field--name-field-disqus field--type-disqus-comment field--label-hidden field--item"><drupal-render-placeholder callback="Drupal\disqus\Element\Disqus::displayDisqusComments" arguments="0=Shaktee%20Ramtohul%20%3A%20%C2%ABLa%20classe%20inf%C3%A9rieure%20et%20la%20classe%20moyenne%20seront%20touch%C3%A9es%20par%20les%20mesures%20budg%C3%A9taires%C2%BB&amp;1=http%3A//defimedia.info/shaktee-ramtohul-la-classe-inferieure-et-la-classe-moyenne-seront-touchees-par-les-mesures-budgetaires&amp;2=node/173007" token="0TtiA9J7SNy9PIVb9CNS6qGC4n_d_9d-hEw0ILMvXyU"></drupal-render-placeholder></div> Sun, 15 Jun 2025 04:42:00 +0000 Defi Quotidien 173007 at http://defimedia.info Sudhir Seesungkur : «Aucun GM ne prendrait de telles décisions impopulaires sans nécessité» http://defimedia.info/sudhir-seesungkur-aucun-gm-ne-prendrait-de-telles-decisions-impopulaires-sans-necessite <span>Sudhir Seesungkur : «Aucun GM ne prendrait de telles décisions impopulaires sans nécessité»</span> <span><a title="Voir le profil utilisateur." href="/user/3069" lang="" about="/user/3069" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Fabrice Laretif</a></span> <span>dim 15/06/2025 - 08:36</span> <div class="field field--name-field-main-picture field--type-image field--label-hidden field--item"> <img src="/sites/default/files/styles/node_content_picture/public/news/images/220518_sudhir.jpg?itok=QvmznSTz" width="1280" height="720" alt="" typeof="foaf:Image" class="img-responsive" /> </div> <div class="field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field--item"><p>Face à un contexte économique tendu, le Budget présenté par le gouvernement suscite de vifs débats. Sudhir Seesungkur salue le courage politique du Premier ministre, tout en pointant les zones de tension, notamment sur l’âge d’éligibilité à la pension de retraite et les choix budgétaires.&nbsp;</p> <p><strong>Ce Budget répond-il aux attentes élevées qui accompagnaient la victoire électorale du gouvernement&nbsp;? Quels en sont les points forts et les principales lacunes ?</strong><br /> Le Dr Navin Ramgoolam a fait preuve de courage en présentant un Budget exigeant, en phase avec la situation actuelle. Cela comporte des conséquences politiques en raison de l’impopularité attendue. Peu de leaders auraient accepté de courir un tel risque, ce qui pourrait fragiliser l’alliance au pouvoir. Certains partenaires pourraient se désolidariser, et les députés devront affronter critiques et tensions sur le terrain, ce qui ne sera pas évident pour tous. Attendons de voir comment cela évoluera. Cela dit, le Premier ministre a privilégié l’intérêt&nbsp;national.</p> <p><strong>L’utilisation de Rs 10 milliards issues de l’accord sur les Chagos pour financer le budget est-elle une solution viable ou simplement une mesure ponctuelle qui reporte les difficultés ?</strong><br /> Il reste l’étape d’approbation à franchir, suivie du processus d’intégration de la somme dans le budget britannique, ce qui prendra du temps. Toutefois, cet apport constitue un soulagement financier. En réalité, au regard de l’ampleur des dépenses nationales, Rs 10 milliards ne représentent pas un montant si conséquent. Il faut noter que le gouvernement a sollicité un versement anticipé lié à la location des Chagos. Ce fonds pourrait aussi servir à investir dans de nouveaux secteurs, pas uniquement à combler le budget ou rembourser les dettes.</p> <p><strong>Pourquoi, selon vous, le Budget ne va-t-il pas plus loin dans les réformes structurelles nécessaires pour réaligner l’économie mauricienne ? Quels changements auraient été prioritaires ?</strong><br /> Des réformes ont été amorcées. Il fallait surtout contenir un déficit budgétaire proche de 10 % du PIB. Un ajustement était inévitable. Les salaires de la fonction publique et les allocations héritées de l’ancien gouvernement pèsent lourd dans les dépenses, qu’il est difficile de diminuer rapidement. Des efforts ont été faits pour partager le fardeau&nbsp;: les contribuables fortunés et les véhicules de luxe sont davantage taxés. Certaines fusions de services permettront aussi de réduire les coûts de fonctionnement.</p> <p><strong>La mesure d’allocation aux junior minsters ne va-t-elle pas à l’encontre de l’idée de « burden sharing » ?</strong><br /> D’après ce que je comprends, il s’agit d’un ajustement administratif. Les junior ministers n’étaient pas pris en compte dans l’ancienne nomenclature budgétaire. Le gouvernement a conservé l’échelle salariale équivalente à celle des Parliamentary Private Secretaries (PPS), mais a modifié l’intitulé du poste. Le mot « allowance&nbsp;» n’implique pas forcément une somme supplémentaire. Il ne faut pas se focaliser sur un seul point en dehors de sa globalité.&nbsp;</p> <p>Sans la menace d’un abaissement de notation par Moody’s, ce budget difficile n’aurait probablement pas été présenté. La popularité du gouvernement est en jeu, mais les décisions prises répondent aux exigences économiques actuelles. Il fallait agir.</p> <p><strong>Le ministre Ritish Ramful a, lors d’une récente émission sur Radio Plus en réponse à un argument de Steven Obeegadoo, souligné qu’il n’était pas question de toucher aux salaires des ministres…</strong><br /> Steven Obeegadoo a mentionné une réduction des salaires ministériels de 10 % durant la pandémie. Mais qu’en est-il de la gestion des fonds publics à l’époque ? Des enquêtes sont en cours sur la Mauritius Investment Corporation concernant l’utilisation des fonds des contribuables. Le «&nbsp;burden sharing » aurait été justifié, selon le contexte. Durant la pandémie, l’effet psychologique d’une telle mesure sur la population était important. Aujourd’hui, on aborde une situation économique plus large. Baisser les salaires des ministres n’aurait qu’un effet marginal sur le déficit. Symboliquement, cela aurait été fort, mais ce n’est pas à moi d’en&nbsp;juger.</p> <p><strong>La décision d’élever l’âge d’éligibilité à la pension universelle à 65 ans fait couler beaucoup d’encre. Quelle est votre lecture de cette mesure et pensez-vous que le ciblage aurait été plus approprié ?</strong><br /> Le vieillissement démographique est une problématique connue depuis longtemps. Le FMI tire la sonnette d’alarme chaque année à ce sujet. Aucun gouvernement n’avait pris de décision pour le corriger, et la situation s’est dégradée. Sans mesure rapide, la crise aurait été inévitable. Les débats parlementaires pourraient aboutir à des amendements. Une fois la loi votée, on comprendra mieux les modalités, notamment sur les pensions. Quant au ciblage, je doute de sa pertinence&nbsp;: la gestion serait trop compliquée. Une loi de cette envergure doit impérativement être accompagnée d’un plan d’exécution&nbsp;clair.</p> <p><strong>Lors d’une conférence de presse sur le Budget 2025-26 le 11 juin, le leader du MSM, Pravind Jugnauth a affirmé que l’âge d’éligibilité à la pension universelle passera de nouveau à 60 ans si son parti remporte les prochaines élections. La campagne du MSM est déjà lancée ?</strong><br /> Le MSM avait fait de nombreuses promesses lors de la dernière campagne ; cela ne les a pas empêchés de perdre. Les Mauriciens sont lucides. Ils lisent, analysent, et savent faire la part des choses entre démagogie et propositions sérieuses. Aucun gouvernement ne prendrait de telles décisions impopulaires sans nécessité. Il faut mobiliser Rs 64 milliards pour financer les pensions, et les bénéficiaires augmentent chaque année. Pravind Jugnauth tente d’assurer sa survie politique.</p> </div> <div class="field field--name-field-disqus field--type-disqus-comment field--label-hidden field--item"><drupal-render-placeholder callback="Drupal\disqus\Element\Disqus::displayDisqusComments" arguments="0=Sudhir%20Seesungkur%20%3A%C2%A0%C2%ABAucun%20GM%20ne%20prendrait%20de%20telles%20d%C3%A9cisions%20impopulaires%20sans%20n%C3%A9cessit%C3%A9%C2%BB&amp;1=http%3A//defimedia.info/sudhir-seesungkur-aucun-gm-ne-prendrait-de-telles-decisions-impopulaires-sans-necessite&amp;2=node/173038" token="PswmLjOs6zXv68UNkIuA0NMWa-s3facXDU9FnPjFwT4"></drupal-render-placeholder></div> Sun, 15 Jun 2025 04:36:00 +0000 Fabrice Laretif 173038 at http://defimedia.info Stephane Maurymoothoo, président du Regrupman Artizan Morisien : «Il est temps de repenser SME Mauritius» http://defimedia.info/stephane-maurymoothoo-president-du-regrupman-artizan-morisien-il-est-temps-de-repenser-sme-mauritius <span>Stephane Maurymoothoo, président du Regrupman Artizan Morisien : «Il est temps de repenser SME Mauritius»</span> <span><span lang="" about="/users/jdedans" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Jean Claude Dedans</span></span> <span>mer 11/06/2025 - 07:30</span> <div class="field field--name-field-main-picture field--type-image field--label-hidden field--item"> <img src="/sites/default/files/styles/node_content_picture/public/100625_stephane.jpg?itok=o-Wn0p2f" width="1280" height="720" alt="" typeof="foaf:Image" class="img-responsive" /> </div> <div class="field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field--item"><p>Reconnu comme l’un des moteurs essentiels de l’économie, le secteur des petites et très petites et moyennes entreprises semble être le grand oublié du Budget. Outre le gouvernement central, Stéphane Maurymoothoo, président du Regrupman Artizan Morisien (RAM), montre du doigt SME Mauritius.</p> <p><strong>Vos premières analyses du Budget du gouvernement ?</strong><br /> Pour un premier Budget de ce nouveau gouvernement, les petites et très petites et moyennes entreprises (PME et TPME) s’attendaient à beaucoup mieux, notamment pour les travailleurs indépendants et les artisans de métier.</p> <p><strong>Déçu… ou presque ?</strong><br /> Parmi les manquements de ce tout premier Budget de l’Alliance du Changement, permettez-moi de soulever quelques points essentiels. À aucun moment, le ministre des Finances, qui est aussi Premier ministre et leader de l’Alliance, n’a pris la peine d’engager un dialogue ou d’ouvrir un espace de concertation pour écouter nos propositions, comprendre nos réalités et prendre en compte nos attentes. Cela, malgré nos multiples tentatives, émanant notamment des PME et TPE, dont le Regroupman Artizan Morisien (RAM) que je représente.<br /> Même le Junior Minister aux Finances est resté sourd à notre «&nbsp;shopping list », pourtant modeste et raisonnable.</p> <p><strong>On parle de renouveau, de changement de paradigme, d’un retour aux valeurs, de la revalorisation de métiers autrefois nobles mais abandonnés au profit de l’académique. Mais la relève semble cruellement absente…</strong><br /> Je vais être pragmatique : comment espérer intéresser des jeunes qui ont été conditionnés sur les bancs de l’école à mémoriser des contenus standardisés, construits pour ceux à qui l’on répète que « the sky is the limit » et qu’ils « can fly » ?</p> <p>En l’absence de mesures concrètes qui valorisent les compétences pratiques, les talents manuels et les savoir-faire traditionnels, sans passer par la case académique, dites-moi, quelle formule miracle utiliser pour que cette jeunesse trouve enfin sa place ? Comment les convaincre de croire en un avenir ici, dans des métiers qu’ils maîtrisent, et de ne pas aller exporter leur talent ailleurs ?</p> <p>Si quelqu’un a la réponse, je suis preneur…</p> <p><strong>On constate que les métiers manuels se raréfient : trouver un plombier, un maçon ou un électricien aujourd’hui relève du parcours du combatant…</strong><br /> Autrefois, bien avant l’avènement des outils high-tech, les artisans travaillaient exclusivement à la main, faisaient face aux aléas de leur métier, et calculaient tout à l’instinct, avec leurs sens. Aujourd’hui, tout a basculé avec la montée en puissance de la technologie – la « hi-tech » comme on dit. La machine remplace peu à peu l’humain : des années d’expérience et de savoir-faire sont désormais compressées dans une boîte électronique, équipée de boutons et de télécommandes. Et le robot fait le reste. Voilà où nous en&nbsp;sommes.</p> <p><strong>Pensez-vous que les gens de métier n’étaient pas reconnus à leur juste valeur ?</strong><br /> Nos grands-parents et parents, qui exerçaient des métiers tels que la charpenterie, la menuiserie, la plomberie, la maçonnerie ou l’électricité, étaient souvent perçus comme des artisans de seconde zone. On les méprisait parce qu’ils portaient une combinaison bleue, exerçaient des métiers qualifiés de « kat sou », tandis que le travail de bureau, le col blanc, avait plus de prestige aux yeux des bien-pensants. Ils étaient mal rémunérés parce que leurs tâches étaient mal perçues, et le simple port de l’uniforme bleu suffisait à entretenir une image négative.</p> <p><strong>Cela commence-t-il à changer avec l’évolution du marché ?</strong><br /> Les salaires proposés aux artisans dans le secteur privé sont souvent si bas qu’ils ne permettent pas d’envisager un avenir stable. Et même pour ceux qui veulent se lancer à leur compte, les obstacles sont nombreux : tracasseries administratives, dettes à contracter, et des prêts bancaires difficiles à obtenir.</p> <p><strong>Le Budget aurait dû intégrer les propositions des PME et TPME en faveur d’un « revamping » de ces milliers d’entrepreneurs mauriciens ?</strong><br /> Le secteur indépendant semble condamné à rester en marge. Cela dure depuis des décennies. Le préjugé envers les PME et TPME reste tenace : certains pensent encore que parce que nous sommes petits, nous ne sommes pas sérieux. Résultat : les gros requins raflent les gros contrats, et il ne reste que des miettes à ramasser pour les autres.</p> <p><strong>Vis-à-vis des PME et des TPME, quels sont vos sentiments ? De l’amertume, de la colère ou allez-vous rendre votre tablier d’artisan et de représentant de vos pairs ?</strong><br /> Je suis content qu’il y ait quelques artisans qui réussissent à sortir la tête de l’eau, mais la majorité reste à la traîne. La plupart de nos bons ouvriers vivent encore dans des cités ou sont locataires, faute de soutien du gouvernement pour changer un système figé depuis trop longtemps.</p> <p><strong>Pourtant, il y a SME Mauritius, censée jouer les sapeurs-pompiers et accompagner les PME et TPME, car ce sont les micro-entreprises qui font vivre toute économie...</strong><br /> Cette question me permet de dire tout haut ce que pensent beaucoup de petits entrepreneurs. SME Mauritius est, à mes yeux, l’un des plus grands fiascos institutionnels.<br /> SME Mauritius parey kouma enn tant bazar kot tou melanze. Il est temps de repenser cette institution, de casser cette approche floue et de réorganiser les PME et TPME par secteurs d’activité, pour que chacun ait sa place, sans distinction entre « petit » et « grand ». Nous sommes tous dans le même bateau.</p> <p><strong>Un avis sur la présence remarquée de travailleurs étrangers dans différents secteurs d’activité économiques ? Un mal nécessaire ?</strong><br /> Dans les années 80/90, notre économie fonctionnait sans travailleurs étrangers. Nous avions une main-d’œuvre locale qualifiée et motivée. Aujourd’hui, la relève de nos artisans est peu valorisée, car le « white collar job » continue à dominer dans les mentalités.<br /> Ce décalage fait qu’on préfère recruter des étrangers plutôt que d’investir dans la formation locale. C’est une perte à long terme.</p> <p><strong>Quelle serait, selon vous, l’une des meilleures formules pour le « revamping » des PME et TPME à court, moyen et long termes ?</strong><br /> Parmi nos propositions soumises pour le Budget 2025-26, figurait la création d’un fonds contributif de retraite pour les travailleurs indépendants et artisans. L’idée : permettre à chacun de cotiser tout au long de sa carrière pour bénéficier, à terme, d’une lump sum ou d’une pension digne.</p> <p>Nous travaillons dur, nous donnons de notre force et de notre santé, nous contribuons à faire vivre notre famille et le pays indirectement. Pourquoi ne pourrions-nous pas vivre nos vieux jours dans la dignité, avec une pension construite sur notre propre sueur ? Malheureusement, nos propositions ont été ignorées.</p> <p><strong>Une question d’actualité : la réforme de la retraite. Votre avis ?</strong><br /> Fixer l’âge d’éligibilité à la retraite à 65 ans, pour moi, c’est comme demander à un maçon, à un plombier ou à un soudeur de continuer à faire un travail physique épuisant jusqu’à un âge où leur corps ne peut plus suivre. Voilà ma réponse.</p> </div> <div class="field field--name-field-disqus field--type-disqus-comment field--label-hidden field--item"><drupal-render-placeholder callback="Drupal\disqus\Element\Disqus::displayDisqusComments" arguments="0=Stephane%20Maurymoothoo%2C%20pr%C3%A9sident%20du%20Regrupman%20Artizan%20Morisien%20%3A%C2%A0%C2%ABIl%20est%20temps%20de%20repenser%20SME%20Mauritius%C2%BB&amp;1=http%3A//defimedia.info/stephane-maurymoothoo-president-du-regrupman-artizan-morisien-il-est-temps-de-repenser-sme-mauritius&amp;2=node/172966" token="bpMb_vejHPydQV815NtxojP-8Fu9u5TPkUJmSEukiDo"></drupal-render-placeholder></div> Wed, 11 Jun 2025 03:30:00 +0000 Jean Claude Dedans 172966 at http://defimedia.info Dr Chandan Jankee, économiste : «Il est temps de mettre en place un système de ciblage»  http://defimedia.info/dr-chandan-jankee-economiste-il-est-temps-de-mettre-en-place-un-systeme-de-ciblage <span>Dr Chandan Jankee, économiste : «Il est temps de mettre en place un système de ciblage» </span> <span><span lang="" about="/users/cvilbrin" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Christina Vilbrin</span></span> <span>jeu 05/06/2025 - 07:00</span> <div class="field field--name-field-main-picture field--type-image field--label-hidden field--item"> <img src="/sites/default/files/styles/node_content_picture/public/jankee_1.jpg?itok=icCtLeLA" width="1280" height="720" alt="" typeof="foaf:Image" class="img-responsive" /> </div> <div class="field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field--item"><p>Avec une marge de manœuvre politique renforcée, le nouveau gouvernement peut amorcer des réformes structurelles ambitieuses, soutient le Dr Chandan Jankee. Mais son premier Budget devra trouver le juste équilibre entre relance économique et préservation des acquis sociaux. Pour cela, l’économiste recommande des réformes ciblées, une rationalisation des ressources publiques et une lutte efficace contre les gaspillages.</p> <p><strong>Le premier Budget de ce quinquennat sera présenté ce jeudi 5 juin. Doit-on s’attendre à un changement&nbsp;de cap économique ?&nbsp;</strong><br /> Je ne m’attends pas à des changements majeurs, compte tenu de la structure actuelle de notre économie et de nos ‘stakeholders’. Nous devons prôner la continuité, tout en introduisant plusieurs réformes ciblées. Notre modèle économique reste bien défini : le gouvernement joue un rôle de facilitateur, tandis que la dynamique repose en grande partie sur la capacité du secteur privé à investir. Les évolutions à venir pourraient porter sur la stratégie économique, avec l’émergence de nouveaux piliers ou le renforcement des secteurs déjà en place. Une attention particulière devrait être accordée à l’économie bleue, au secteur de l’énergie, aux industries d’exportation, à l’agro-industrie, à la production locale et aux PME.</p> <p><strong>De quelle marge de manœuvre disposent les Finances quand on sait que le pays doit conjuguer avec un déficit budgétaire de Rs 48,5 milliards, soit 6,7 % du PIB, un niveau d’endettement qui frôle les 90 % du PIB et une croissance qui sera plus faible cette année&nbsp;?</strong><br /> Le gouvernement fait face à des défis, c’est indéniable. Pour autant, il est essentiel de rester optimistes. Il y a quelques années à peine, les obstacles étaient bien plus redoutables, notamment pendant la pandémie, qui a entraîné une contraction de 14,3 % de l’économie. L’ancien gouvernement a dû affronter cette tempête, et c’est grâce à des piliers économiques solides que le pays a pu rebondir. Aujourd’hui, la situation est loin d’être aussi chaotique. Même les institutions comme le Fonds monétaire international et la Banque mondiale, tout en conseillant une réforme fiscale, ne formulent rien de négatif sur l’économie ou la gouvernance économique du pays.</p> <p>Quant à la dette, elle résulte en grande partie des emprunts contractés lors des périodes difficiles et des allocations que l’ancien gouvernement a accordées ici et là. Le nouveau gouvernement doit maintenant trouver des moyens de stimuler la croissance, mais sans remettre en cause les prestations sociales, déjà intégrées dans les revenus de nombreux Mauriciens. Avec un coût de la vie élevé, il est crucial de préserver le pouvoir d’achat, surtout des plus vulnérables. Le gouvernement doit chercher d’autres options pour augmenter ses revenus. Des solutions existent : accroître les recettes fiscales, éviter les gaspillages dans certains secteurs et engager des réformes pour mieux rationaliser la gestion des finances publiques.</p> <p><strong>Vous dites que la situation n’est pas chaotique…</strong><br /> Malgré un niveau élevé de dette, un déficit budgétaire important et un ralentissement de la croissance, l’économie mauricienne demeure résiliente. Le pays dispose déjà d’une base économique solide qui peut servir de tremplin à une nouvelle stratégie axée sur l’efficacité, l’innovation et une certaine discipline, dans le but d’accélérer la croissance. Le gouvernement devra, à travers son Budget, restaurer la confiance de la population et des «&nbsp;stakeholders&nbsp;», notamment des investisseurs locaux et étrangers. Il est crucial de leur prouver que l’économie mauricienne conserve un fort potentiel, tant pour la production locale que pour l’exportation.</p> <p>Il est aussi impératif de maintenir notre stratégie tournée vers l’Afrique, un marché vaste et porteur, en capitalisant sur la réputation de Maurice en matière de bonne gouvernance et sur ses autres atouts reconnus sur le continent. Par ailleurs, le pays bénéficiera d’un package financier provenant de la rente des Chagos : c’est à l’équipe économique du gouvernement de déterminer comment en faire un levier de développement, notamment sur le plan social.</p> <p>Cela dit, le gouvernement a pris la position de dire que les caisses sont vides et que la situation économique est mauvaise. Il sera donc intéressant de voir quelles mesures innovantes seront proposées pour réduire les dépenses publiques et relancer la croissance. Ce qui est important, c’est que le gouvernement fasse preuve de cohérence et de crédibilité, qu’il exécute sa stratégie, et surtout, qu’il respecte ses engagements et promesses dans les délais annoncés.</p> <p><strong>Le gouvernement compte tabler sur l’investissement et rompre avec le modèle économique actuel basé sur la consommation. Cette transition est-elle facile à mener quand on sait que la majorité des investissements du pays sont consentis dans l’immobilier&nbsp;?&nbsp;</strong><br /> C’est un slogan politique ! À court terme, il est très difficile de passer d’un modèle axé sur la consommation à un modèle centré sur l’investissement. Certes, les investissements publics et privés ont progressé par rapport aux années précédentes. Mais pour stimuler véritablement l’investissement, des réformes en profondeur sont nécessaires. Il faut s’attaquer à la pénurie de main-d’œuvre, qu’elle soit peu ou hautement qualifiée, à la bureaucratie excessive et au manque d’efficacité de notre secteur public. Prenons la CWA ou le CEB : leur inefficience est bien réelle, mais souvent masquée par des hausses tarifaires.</p> <p>Par ailleurs, une partie de la dette nationale provient de l’endettement des corps paraétatiques. De même, on ne peut non plus ignorer les failles de notre système hospitalier. Ce sont là des problèmes systémiques et structurels. Depuis des décennies, tous les gouvernements promettent une amélioration des services publics, sans changement réel. Il est temps d’agir. Le gouvernement doit impérativement réformer le système pour en accroître l’efficacité. Je souhaite qu’on fasse la transition vers une économie fondée sur l’investissement, mais elle prendra beaucoup de temps.</p> <p><strong>Justement, il y a de fortes attentes pour des réformes dans le Budget 2025-2026. Comment devraient s’articuler ces réformes&nbsp;?&nbsp;</strong><br /> Je pense que le gouvernement, fort de sa victoire écrasante aux législatives avec un 60-0, dispose d’un mandat solide pour engager les réformes nécessaires. Il doit s’appuyer sur la loi pour avancer rapidement, notamment en introduisant une Fiscal Responsibility Act afin de prévenir le gaspillage des fonds publics et de renforcer la culture de responsabilité. La discipline est essentielle, et les réformes doivent toucher tous les secteurs.</p> <p>À mon avis, il est grand temps de prendre des décisions courageuses, notamment en introduisant un système de ciblage. L’éducation, par exemple, doit rester gratuite pour les plus vulnérables, mais peut devenir payante pour ceux qui ont les moyens. Il en va de même pour la santé. Une réforme du développement immobilier s’impose également. Aujourd’hui, ce secteur bénéficie surtout à une minorité. Il fonctionne presque comme une économie parallèle. Le gouvernement doit intervenir pour stabiliser les prix des terrains, qui flambent et empêchent de nombreux citoyens d’accéder à la propriété. Enfin, une réforme du système de pension devient urgente face au vieillissement de la population et à la baisse du ratio de dépendance. Un ciblage de la pension de vieillesse, dans un esprit de solidarité, devient incontournable. Le coût de ce dispositif devient de plus en plus lourd et n’est pas viable à long terme.</p> <p><strong>Des craintes subsistent selon lesquelles les allocations de salaires et d’autres allocations sociales seront supprimées. L’économie prendra-t-elle le pas sur le social&nbsp;?</strong><br /> Relancer l’économie est essentiel. Mais le gouvernement doit impérativement préserver les prestations sociales. Les allocations versées jouent un rôle crucial pour les plus vulnérables, qui les ont déjà intégrées dans leur budget quotidien. Le coût de la vie élevé est l’un des défis majeurs du pays. L’État a donc la responsabilité de garantir un niveau et une qualité de vie décents pour l’ensemble de la population.<br /> &nbsp;</p> </div> <div class="field field--name-field-disqus field--type-disqus-comment field--label-hidden field--item"><drupal-render-placeholder callback="Drupal\disqus\Element\Disqus::displayDisqusComments" arguments="0=Dr%20Chandan%20Jankee%2C%20%C3%A9conomiste%C2%A0%3A%20%C2%ABIl%20est%20temps%20de%20mettre%20en%20place%20un%20syst%C3%A8me%20de%20ciblage%C2%BB%C2%A0&amp;1=http%3A//defimedia.info/dr-chandan-jankee-economiste-il-est-temps-de-mettre-en-place-un-systeme-de-ciblage&amp;2=node/172727" token="77MsEjA4fnw77n_5KFP8mK7f8bpSz79Eo3nZJGuBzys"></drupal-render-placeholder></div> Thu, 05 Jun 2025 03:00:00 +0000 Christina Vilbrin 172727 at http://defimedia.info