Interview http://defimedia.info/categorie/interview fr Haniff Peerun : «Le ministère du Travail doit enquêter sur les raisons derrière les licenciements actuels»  http://defimedia.info/haniff-peerun-le-ministere-du-travail-doit-enqueter-sur-les-raisons-derriere-les-licenciements-actuels <span>Haniff Peerun : «Le ministère du Travail doit enquêter sur les raisons derrière les licenciements actuels» </span> <span><span lang="" about="/users/cvilbrin" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Christina Vilbrin</span></span> <span>mer 12/02/2025 - 06:43</span> <div class="field field--name-field-main-picture field--type-image field--label-hidden field--item"> <img src="/sites/default/files/styles/node_content_picture/public/untitled_design_-_2025-02-10t123045.804.jpg?itok=6hHMnW8R" width="1280" height="720" alt="" typeof="foaf:Image" class="img-responsive" /> </div> <div class="field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field--item"><p>Haniff Peerun, président du Mauritius Labour Congress, ne reste pas insensible aux cas de licenciements de Star Knitwear et de Kuros Construction. Pour lui, une enquête s’impose. Il se prononce aussi en faveur d’une réunion tripartite pour discuter des mesures du discours-programme.&nbsp;</p> <p><strong>Le ministre du Travail a déclaré cette semaine que la définition du terme « travailleur » dans la « Workers Rights Act » sera revue afin de répondre aux besoins des salariés de plus de Rs 50 000. Que pensez-vous de cette initiative&nbsp;? Et que suggérez-vous à ce niveau ?&nbsp;</strong></p> <p>La « Workers Rights Act » doit être revue de fond en comble. C’est aberrant qu’un travailleur en emploi n’est pas considéré comme tel, car il touche Rs 50 000 à monter. Comment doit-on l’appeler alors ? Par contre, une personne sans emploi qui suit un stage de six mois, un an voire deux ans sous le « Youth Employment Programme » est considéré comme un employé. Tout cela vient fausser les données de Statistics Mauritius sur le chômage et l’emploi. Dans la « Workers Rights Act », le comité disciplinaire est en faveur de l’employeur, car c’est lui qui décide qui doit présider le Board. De même, les conclusions du Board ont force de loi. Ce sont autant d’aspects qu’il faut revoir.&nbsp;</p> <p><strong>Le gouvernement envisage aussi d’introduire la semaine des 40 heures pour les services non-essentiels et le congé parental d’un an. Où en sont les discussions à ce niveau ?&nbsp;</strong></p> <p>L’intention du gouvernement de venir de l’avant avec la semaine de 40 heures est bonne, mais comment se fera la mise en œuvre de ces mesures. C’est cela la grande question&nbsp;? Comment décide-t-il quels secteurs sont essentiels et lesquels ne le sont pas ? À ce jour, cet exercice n’a pas encore été fait. On se rappelle tous que pendant le confinement, la grande distribution était considérée comme un service essentiel. L’est-elle toujours ? Il y a un flou au niveau des services essentiels et non essentiels.&nbsp;</p> <p>Par ailleurs, dans la fonction publique, les employés travaillent de 9 heures à 16 heures, soit 7 heures par jour. Ce qui fait 35 heures par semaine. Ceux qui travaillent les samedis de 9 heures à midi cumulent 38 heures. Ce qui fait moins que 40 heures. La fonction publique sera-t-elle considérée comme un secteur non essentiel. Dans le secteur privé, la majeure partie des salariés travaillent de 9 heures à 17 heures, soit 8 heures par jour, 40 heures par semaine, sauf pour certains secteurs comme la manufacture. Il n’y a donc pas beaucoup de travailleurs qui sont concernés par la mesure de la semaine de 40 heures.&nbsp;</p> <p>Il faut harmoniser les conditions de travail dans le secteur public et le secteur privé. C’est pourquoi nous demandons au ministre du Travail de venir de l’avant avec une réunion tripartite pour en discuter.&nbsp;</p> <blockquote> <h3>La « Workers Rights Act » doit être revue de fond en comble"</h3> </blockquote> <p>Pour ce qui est du congé parental, l’Alliance du Changement avait parlé du congé de maternité d’une année pendant la campagne électorale. Il y a eu beaucoup de critiques et d’interrogations concernant la mise en œuvre de cette mesure. Dans son discours-programme, le gouvernement parle de congé parental, ce qui est complètement différent. Est-ce que ce sera entièrement payant ? Est-ce qu’une salariée qui entre en congé de maternité aujourd’hui ou dans les mois à venir sera prise en considération ? C’est encore flou. Il faut des discussions à ce sujet.&nbsp;</p> <p><strong>Vous avez des craintes que ces mesures ne soient que des effets d’annonce…&nbsp;</strong></p> <p>Nous souhaitons que ces mesures ne soient pas des effets d’annonce. Le ministre du Travail doit convoquer une réunion tripartite avec toutes les personnes concernées pour discuter de toutes les mesures du discours-programme qui concernent le monde du travail. Le plus vite il viendra de l’avant avec ces mesures, le meilleur se sera pour tout le monde. Dans le discours-programme, il y a plusieurs mesures qui peuvent rapidement être mises en place. On ne peut pas juste dire qu’on fera ça et ça... Il faut s’y atteler.&nbsp;</p> <p><strong>Le fait d’avoir deux syndicalistes, à savoir Ashok Subron et Kugan Parapen, comme ministre et Junior Minister au sein du gouvernement devrait-il, selon vous, contribuer à améliorer les relations industrielles et le sort des travailleurs ?&nbsp;</strong></p> <p>Jusqu’à l’heure, et jusqu’à preuve du contraire, je n’ai pas vu notre camarade Ashok, ex-syndicaliste devenu maintenant ministre, prendre position en faveur des travailleurs qui ne touchent pas la compensation salariale. Ceux qui gagnent plus de Rs 50 000 n’ont eu ni le 14e mois ni la compensation salariale de Rs 610. On attend de voir ce qu’il fera. Mais, j’ai espoir que notre camarade Ashok prendra des décisions dans l’intérêt des travailleurs même si ce faisant, il doit aller à l’encontre de ses partenaires au sein de l’Alliance du Changement.&nbsp;</p> <p><strong>Ces derniers jours ont été marqués par des cas de licenciements, notamment de 750 travailleurs étrangers chez Kuros Construction et de plus de 200 employés chez Star Knitwear... Faut-il renforcer la loi pour protéger les intérêts des travailleurs dans les cas de licenciements économiques ?&nbsp;</strong></p> <p>La loi du travail telle qu’elle est plutôt en faveur du patronat au détriment des travailleurs. C’est pour toutes ces raisons qu’on a dit au tout début qu’il faut revoir la loi du travail. Nous demandons aussi au nouveau gouvernement et ministre du Travail de mener une enquête sur les raisons pour lesquelles certaines entreprises ferment leurs portes ou licencient des gens. Dans le passé, on a vu certaines compagnies fermer leurs portes pour délocaliser leurs activités dans un autre pays, car la main-d’œuvre y est à meilleur marché. D’autres ont licencié des Mauriciens pour ensuite engager des travailleurs étrangers. Une enquête s’impose donc.&nbsp;</p> <p><strong>Vous avez déclaré récemment que vous souhaitiez que le gouvernement n’attende pas la fin de son mandat pour mettre en pratique les mesures annoncées dans son discours-programme. Pensez-vous que c’est faisable avec la pression de Moody’s pour que Maurice réduise ses dettes et ses dépenses ?&nbsp;</strong></p> <p>C’est de la pure politique. Avant même la notation de Moody’s, le gouvernement avait commencé à conditionner l’esprit des Mauriciens, d’abord avec le rapport State of the Economy, ensuite avec la possibilité que Moody’s nous rétrograde. C’était comme une sorte de marketing pour dire aux Mauriciens que certaines mesures ne pourraient pas être implémentées.&nbsp;</p> <p>L’actuel gouvernement doit tirer des leçons de ce qui est arrivé à l’ancien régime, qui a énuméré une série de mesures pécuniaires à la veille des élections en pensant remporter la victoire. Le peuple est intelligent et il sait quand on l’embête. Certaines mesures peuvent être mises en place tout de suite comme l’Internet gratuite par exemple. Il est temps que le gouvernement se mette au travail et implémente les projets qu’il a promis. Il a eu suffisamment de temps pour s’installer. L’attente est grande parmi la population et les travailleurs.&nbsp;</p> <p><strong>Vous suivez de près les négociations pour le nouvel accord sur les Chagos. Quelle est votre lecture de la situation ?</strong></p> <p>Notre souveraineté n’est pas à vendre. Le nouveau gouvernement a raison de chercher un accord respectable et convenable pour Maurice. Les Britanniques doivent retourner non seulement les Chagos, mais aussi Diego Garcia. D’ailleurs, toutes les instances internationales y compris la Cour Internationale de Justice a donné raison à Maurice et a condamné l’Angleterre pour occupation illégale des Chagos.</p> <p>On semble partager le même combat que mènent les Palestiniens contre l’occupation israélienne de l’État palestinien. C’est bien de faire ressortir aussi que Diego Garcia a servi comme base militaire pour bombarder Afghanistan et Iraq et nous, en tant que petit pays, nous ne souhaitons pas entrer en guerre. Nous voulons la paix. Il nous faut apporter un amendement dans notre Constitution pour qu’il n’y ait aucune base militaire dans n’importe quel territoire de la République de Maurice. Et aussi nous devons fermer nos ports et aéroports que ce soit à Port-Louis, Port-Mathurin, Agaléga et les autres territoires de Maurice aux avions et bateaux de guerre qui s’en approcheront. &nbsp;</p> </div> <div class="field field--name-field-disqus field--type-disqus-comment field--label-hidden field--item"><drupal-render-placeholder callback="Drupal\disqus\Element\Disqus::displayDisqusComments" arguments="0=Haniff%20Peerun%20%3A%20%C2%ABLe%20minist%C3%A8re%20du%20Travail%20doit%20enqu%C3%AAter%20sur%20les%20raisons%20derri%C3%A8re%20les%20licenciements%20actuels%C2%BB%C2%A0&amp;1=http%3A//defimedia.info/haniff-peerun-le-ministere-du-travail-doit-enqueter-sur-les-raisons-derriere-les-licenciements-actuels&amp;2=node/168244" token="jkJzoIT-UEpUCxUQ2hJoCYM-J6WiKWi1xIUOH3pjxBE"></drupal-render-placeholder></div> Wed, 12 Feb 2025 02:43:00 +0000 Christina Vilbrin 168244 at http://defimedia.info Irfaan Boodhoo : «Les relations commerciales entre Maurice et les États-Unis doivent être repensées en toute urgence» http://defimedia.info/irfaan-boodhoo-les-relations-commerciales-entre-maurice-et-les-etats-unis-doivent-etre-repensees-en-toute-urgence <span>Irfaan Boodhoo : «Les relations commerciales entre Maurice et les États-Unis doivent être repensées en toute urgence»</span> <span><span lang="" about="/users/cvilbrin" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Christina Vilbrin</span></span> <span>dim 09/02/2025 - 08:47</span> <div class="field field--name-field-main-picture field--type-image field--label-hidden field--item"> <img src="/sites/default/files/styles/node_content_picture/public/030225_irfaan.jpg?itok=pghPSDgY" width="1280" height="720" alt="" typeof="foaf:Image" class="img-responsive" /> </div> <div class="field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field--item"><p>Les perspectives de la roupie dépendent largement de la différence entre les taux directeurs de la Réserve fédérale et de la Banque de Maurice, ainsi que de la position du commerce extérieur de notre île, explique Irfaan Boodhoo. Le Managing Economist chez Centre for Economics and Business Research n’écarte pas le risque que la roupie continue à se déprécier à court terme. Dans cet entretien, l’économiste évoque aussi la position que Maurice doit adopter face aux tensions commerciales entre les grandes puissances.&nbsp;</p> <p><strong>Depuis que Donald Trump a été élu président des États-Unis, le dollar s’est renforcé. Cette tendance va-t-elle perdurer ? Et comment devrait évoluer la roupie sur les douze prochains mois ?&nbsp;</strong><br /> Le débat sur la question de savoir si les politiques de Donald Trump conduiront à un dollar plus fort ou plus faible reflète l’interaction complexe des forces économiques que son administration a mises en mouvement.&nbsp;</p> <p>À court terme, les droits de douane pourraient soutenir le dollar. L’effet inflationniste des droits de douane - l’augmentation des prix à l’importation et des coûts de production nationaux - pourrait inciter la Réserve fédérale à maintenir des taux d’intérêt plus élevés. Ce qui attirerait les investisseurs étrangers à la recherche de rendements plus élevés et renforcerait le dollar. La déréglementation et les mesures de relance budgétaire sont également conçues pour stimuler la croissance et attirer les capitaux étrangers.&nbsp;</p> <p>Toutefois, au fil du temps, l’impact économique des droits de douane (la réduction des échanges, le ralentissement de la croissance et la baisse de la productivité) pourrait affaiblir le dollar à mesure que ces effets structurels se feront sentir.</p> <p>L’orientation finale du dollar dépend des forces qui dominent. La tension entre les objectifs politiques de Trump - stimuler la croissance tout en affaiblissant le dollar - fait de cette période l’une des plus imprévisibles de mémoire récente pour les marchés des devises. Les investisseurs devraient se garder d’une confiance excessive dans un seul résultat.</p> <p>Les perspectives de la roupie mauricienne dépendent largement de la différence entre les taux directeurs de la Réserve fédérale et de la Banque de Maurice, ainsi que de la position du commerce extérieur de l’île. Actuellement, ces deux facteurs sont défavorables, ce qui suggère que la roupie continuera probablement à se déprécier à court terme, à moins que des réformes structurelles soient mises en œuvre pour stimuler les exportations. Il semble que la BoM ait attendu que la Fed réduise ses taux plutôt que d’augmenter son propre taux directeur pour rétablir la prime historique par rapport au dollar. Pour les économies de marché émergentes comme Maurice, le maintien de cette prime est crucial. Car il permet d’attirer les investissements étrangers, de limiter les sorties de capitaux et de stabiliser la monnaie en rendant les actifs nationaux plus attrayants pour les investisseurs mondiaux.</p> <blockquote> <p>Il est temps pour Maurice de changer d’orientation et d’adopter des industries éthiques à forte valeur ajoutée… Il est temps de dépasser nos limites actuelles et d’élaborer une stratégie commerciale qui reflète nos ambitions et nos valeurs.</p> </blockquote> <p><strong>Une autre inquiétude concerne le renouvellement de l’African Growth and Opportunity Act (AGOA) après septembre 2025. À quel scénario doit-on s’attendre avec Trump aux commandes ?&nbsp;</strong><br /> L’AGOA a permis de stimuler les exportations de nombreuses nations africaines, de créer des emplois et d’encourager les investissements étrangers. Si elle venait à expirer sans être renouvelée, les exportateurs africains pourraient être confrontés à des droits de douane plus élevés, perdant ainsi un avantage concurrentiel sur le marché américain.</p> <p>Bien que Trump ait mis l’accent sur le rééquilibrage des accords commerciaux afin de réduire les déséquilibres perçus avec divers partenaires, il n’a pas fait mention de l’AGOA en particulier. Cependant, son approche imprévisible de la politique commerciale introduit de l’incertitude.</p> <p>Le renouvellement de l’AGOA dépendra de l’évolution de la politique commerciale américaine et du soutien du Congrès. Historiquement, l’AGOA a bénéficié d’un soutien bipartisan en raison de ses avantages perçus à la fois pour les économies africaines et pour les entreprises américaines à la recherche d’opportunités de commerce et d’investissement sur le continent.</p> <p><strong>L’administration de Trump augmentera significativement les droits de douane sur plusieurs territoires : 10 % à 20 % sur l’Union européenne, 25 % pour le Canada et le Mexique et 60 % pour la Chine. Quels sont les risques, mais aussi les opportunités pour Maurice ?&nbsp;</strong><br /> L’escalade des tensions commerciales entre les États-Unis et les principales économies : l’Union européenne, la Chine, le Canada et le Mexique pourrait entraîner un ralentissement de l’économie mondiale. Ce ralentissement pourrait réduire la demande pour les exportations mauriciennes de biens, mais aussi de services (tourisme, services professionnels et financiers), affectant des secteurs autres que ceux directement liés au marché américain, bien que cela semble peu probable à ce stade. Trump semble aimer utiliser des tactiques de menace, mais la mise en œuvre est une autre question. Personne ne sort gagnant d’une guerre commerciale.</p> <p>Les relations commerciales de Maurice avec les États-Unis, notre troisième marché d’exportation en 2023, doivent être repensées en toute urgence. Plus d’un tiers de nos exportations vers les États-Unis sont constituées de primates vivants, ce qui nuit à l’image de notre pays alors que le monde s’oriente vers des tests sans animaux. Notre deuxième produit d’exportation, l’habillement, a été entaché par des scandales liés à des pratiques d’exploitation de la main-d’œuvre migrante. Des titres comme : « Barbour and owner of Calvin Klein and Hilfiger among brands to pay £400,000 after report alleges illegal hiring fees, deception and intimidation » soulignent les risques pour la réputation du pays.</p> <p><strong>Que recommandez-vous ?&nbsp;</strong><br /> Il est temps pour Maurice de changer d’orientation et d’adopter des industries éthiques à forte valeur ajoutée. Des produits tels que les sucres spéciaux, les fruits de mer de premier choix et les équipements médicaux de haute qualité représentent des domaines dans lesquels Maurice peut exceller. En montant en gamme, Maurice peut se débarrasser du stigmate d’exportateur à bas coût et à faible valeur ajoutée et se forger une réputation d’une nation de qualité et d’intégrité. Cette évolution nécessite des politiques audacieuses, des investissements ciblés et une stratégie de marque pour attirer des industries et des partenariats de grande valeur. Maurice dispose des ressources et des talents pour réaliser cette transformation. Il est temps de dépasser nos limites actuelles et d’élaborer une stratégie commerciale qui reflète nos ambitions et nos valeurs.</p> </div> <div class="field field--name-field-disqus field--type-disqus-comment field--label-hidden field--item"><drupal-render-placeholder callback="Drupal\disqus\Element\Disqus::displayDisqusComments" arguments="0=Irfaan%20Boodhoo%20%3A%C2%A0%C2%ABLes%20relations%20commerciales%20entre%20Maurice%20et%20les%20%C3%89tats-Unis%20doivent%20%C3%AAtre%20repens%C3%A9es%20en%20toute%20urgence%C2%BB&amp;1=http%3A//defimedia.info/irfaan-boodhoo-les-relations-commerciales-entre-maurice-et-les-etats-unis-doivent-etre-repensees-en-toute-urgence&amp;2=node/167982" token="0k4U9z6jGQNkP8OrQufdlRau1ip5EQjZ5b21OZWrK_o"></drupal-render-placeholder></div> Sun, 09 Feb 2025 04:47:00 +0000 Christina Vilbrin 167982 at http://defimedia.info Kishore Beegoo : «Une enquête sera instituée sur l’achat et la vente des avions» http://defimedia.info/kishore-beegoo-une-enquete-sera-instituee-sur-lachat-et-la-vente-des-avions <span>Kishore Beegoo : «Une enquête sera instituée sur l’achat et la vente des avions»</span> <span><span lang="" about="/users/edinally" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Eshan Dinally</span></span> <span>dim 09/02/2025 - 07:41</span> <div class="field field--name-field-main-picture field--type-image field--label-hidden field--item"> <img src="/sites/default/files/styles/node_content_picture/public/kishore_beegoo.jpg?itok=kPR9OXFs" width="1280" height="720" alt="" typeof="foaf:Image" class="img-responsive" /> </div> <div class="field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field--item"><p>Fraîchement nommé à la présidence du conseil d’administration d’Air Mauritius, Kishore Beegoo ne mâche pas ses mots. Face aux défis colossaux de la compagnie nationale, il annonce des réformes profondes, des enquêtes sur des décisions controversées et une tolérance zéro envers les privilèges injustifiés. Entre une flotte à optimiser, des finances à redresser et une gestion à moderniser, il entend insuffler un nouvel élan à l’entreprise. Dans cet entretien, il revient sur les erreurs du passé, expose sa vision pour l’avenir d’Air Mauritius et avertit&nbsp;: « L’ère du laxisme est révolue. Il est temps de travailler – ou de partir ! »</p> <p><strong>Comme attendu Charles Cartier a eu sa feuille de route. Il paraît que c’est difficile de dénicher l'oiseau rare pour le poste de CEO en confiant le cockpit à un trio. Est-ce normal que vous soyez à la fois président et membre de cette équipe ?</strong></p> <p>Tout à fait. Le Management Team consiste de trois personnes dont le président. Le CEO est un poste difficile et très « demanding » et nous cherchons l'oiseau rare. Entretemps, nous avons étoffé l'équipe avec l'arrivée d'un Chief Commercial Officer dès lundi. Nous avons aussi déjà renforcé le Département des finances et celui de Strategic Planning. Ce qui veut dire que la compagnie roule déjà à 100 à l'heure. Le CEO est le chef d'orchestre.</p> <p><strong>Votre nomination suscite des interrogations. Certains évoquent un possible conflit d’intérêts, étant donné que votre entreprise est un client important de la compagnie nationale aérienne. N’est-ce pas problématique ?</strong></p> <p>Pas du tout. Tout d’abord, précisons que je n’ai jamais sollicité ce poste. J’ai été invité à revenir en tant que directeur et président du conseil d’administration. Bien que j’aie été initialement réticent, les actionnaires m’ont convaincu, et j’ai accepté ce défi.</p> <p>Par ailleurs, comme je l’ai toujours fait, j’ai déjà soumis une déclaration de mes intérêts en tant que directeur général de Cargotech &amp; EV Cargo à Maurice et à Madagascar. Afin d’éviter toute situation pouvant être perçue comme un conflit d’intérêts, je vais me retirer des séances du conseil concernées. J’ai même demandé au secrétaire de la compagnie de me signaler toute situation nécessitant mon retrait. Tout cela est conforme aux lois et aux meilleures pratiques en matière de gouvernance.</p> <blockquote> <h2>AHL étant devenue un éléphant incontrôlable, nous discutions de la possibilité de la scinder en plusieurs holdings plus spécialisées"</h2> </blockquote> <p><strong>Vous maintenez donc que votre entreprise, Cargotech, ne constitue pas un obstacle à votre présidence du conseil d’administration d’Air Mauritius ?</strong></p> <p>Absolument. Mais puisque vous insistez, permettez-moi de rafraîchir la mémoire de ceux qui feignent l’indignation. Où étaient ces voix critiques lorsque le groupe Rogers siégeait au conseil d’administration d’Air Mauritius alors qu’il possédait Velogic, Rogers Air Cargo et Cargo Express ? Ces entreprises exerçaient exactement les mêmes activités que la mienne.</p> <p>Non seulement Rogers était un partenaire commercial majeur d’Air Mauritius, mais il représentait aussi MK dans plusieurs pays, tout en étant l’agent général de nombreuses compagnies aériennes concurrentes. Et pourtant, à l’époque, personne ne trouvait rien à redire ! Aujourd’hui, on me reproche un supposé conflit d’intérêts, alors que mon implication est bien moindre que celle de certains acteurs du passé. Comprenne qui pourra !</p> <p><strong>Vous dites que votre nomination s’aligne aux meilleures pratiques en matière de gouvernance. Êtes-vous au courant que ce n’est pas l’avis de tout le monde ?</strong></p> <p>Il faut cesser avec une grande hypocrisie ! Certains ont une lecture sélective de la bonne gouvernance, qu’ils adaptent selon leurs propres intérêts. Ils dénoncent des pratiques dans le secteur public, les corps parapublics ou les entreprises d’État, mais lorsqu’il s’agit du secteur privé – dont ils sont souvent les premiers bénéficiaires – ils restent silencieux sur des pratiques qui vont à l’encontre de la bonne gouvernance.</p> <p>À titre d’exemple, un monsieur qui siège dans plusieurs conseils d’administration très fermés s’est permis de donner des leçons, affirmant qu’un homme d’affaires du privé ne devrait pas présider une entreprise publique. Or, ce même monsieur ne trouve rien à redire sur le fait qu’un très petit groupe représentant 0,1% de la population, dont il fait partie, contrôle 50 % de l’économie mauricienne et occupe plus de 80 % des sièges des conseils d’administration des plus grandes entreprises du pays.</p> <p>Pour eux, c’est normal. Mais pour nous, les citoyens ordinaires, ils se permettent de prêcher la bonne gouvernance. C’est un comble !</p> <p><strong>Abordons la situation financière d’Air Mauritius. Comment en est-on arrivé là ?</strong></p> <p>La principale cause de cette crise remonte à la décision de l’ancien gouvernement d’intégrer Air Mauritius (MK) au sein d’Airport Holdings Limited (AHL). Sur le papier, c’était une bonne initiative. AHL détient de nombreux actifs, possède un bilan financier solide avec près de Rs 100 milliards en actifs, et ses filiales génèrent des profits d’environ Rs 1,4 milliard par an.&nbsp;</p> <p>Dans un monde idéal, ce plan aurait fonctionné. Mais dans la réalité, AHL est devenue un éléphant incontrôlable. Lors d’une réunion avec la Mauritius Investment Corporation (MIC), où nous discutions de la possibilité de scinder AHL en plusieurs holdings plus spécialisées, j’ai clairement exprimé mon point de vue : « I am not going to sit on a wild elephant. »</p> <p><strong>Comment AHL est-elle devenue « un éléphant incontrôlable » ?</strong></p> <p>Tout a basculé lorsqu’un événement clé s’est produit : Ken Arian, alors CEO d’AHL – qui est l’actionnaire principal d’Air Mauritius – a été évincé du conseil d’administration d’Air Mauritius. Il est de notoriété publique que Ken Arian et Charles Cartier, CEO d’Air Mauritius, étaient en conflit ouvert. Ils n’étaient pas on speaking terms pour ne pas dire des mots plus forts.</p> <p>Au lieu de collaborer pour redresser la compagnie, ils ont passé leur temps à s’envoyer des courriers officiels, ignorant systématiquement les demandes de l’autre. Imaginez : leurs bureaux étaient situés à seulement 30 mètres de distance, mais ils ne se parlaient que par lettres ! Le résultat a été catastrophique : Air Mauritius s’est retrouvée paralysée.</p> <p><strong>« Paralysée » ? Que voulez-vous dire exactement ?</strong></p> <p>Prenons un exemple concret : le prêt de Rs 8 milliards. Il aurait dû être converti en actions dès 2022, mais cela n’a jamais été fait. Pendant ce temps, les échanges entre MK et AHL se sont éternisés, avec des correspondances envoyées en boucle, sans qu’aucune décision ne soit prise. Résultat : un bilan financier extrêmement négatif pour Air Mauritius, ce qui a gravement compromis sa crédibilité sur les marchés financiers.</p> <p>Je tiens également à souligner la responsabilité de l’ancien conseil d’administration de MK. Il aurait dû tirer la sonnette d’alarme bien plus tôt. Un conseil d’administration ne doit pas être une simple chambre d’enregistrement, une « savate l’éponge » pour ne pas dire un «&nbsp;brède songe ». Il a un rôle essentiel à jouer. Lorsqu’il constate que l’entreprise qu’il supervise est en difficulté, il doit réagir avec fermeté. Pourquoi cela n’a-t-il pas été fait ? Voilà une autre question qui mérite une réponse.&nbsp;</p> <blockquote> <h2>Les ennemis de la compagnie : 0,5% du personnel, des parachutés qui bénéficient de contrats en béton et de privilèges injustifiés"</h2> </blockquote> <p><strong>Le conflit entre les deux anciens Chief Executive Officers (CEO) a-t-il joué un rôle dans le retard de la signature du bilan financier d’Air Mauritius pour l’exercice se terminant en mars 2024 ?</strong></p> <p>C’est même l’une des raisons majeures. Ce qui m’indigne le plus, c’est l’inaction totale du gouvernement sortant face à cette situation. Il n’a pris aucune mesure pour contraindre Air Mauritius et AHL à répondre aux exigences des auditeurs et à agir dans l’intérêt des entreprises concernées.</p> <p>Pourtant, il s’agissait d’une tâche relativement simple. Mais faute de volonté politique, une situation déjà fragile a continué à se détériorer, au détriment des employés, des actionnaires et, plus largement, du peuple mauricien. Aujourd’hui, on peut légitimement se demander pourquoi les décideurs politiques de l’époque ont préféré se mettre la tête dans le sable plutôt que de voir – et surtout résoudre – cette guerre ouverte entre les CEO de MK et d’AHL.</p> <p><strong>Que pensez-vous que le gouvernement de l’époque aurait dû faire ?&nbsp;</strong></p> <p>AHL étant l’actionnaire principal d’Air Mauritius, si le gouvernement estimait que Ken Arian n’avait plus sa place au conseil d’administration de MK, il aurait dû le démettre de ses fonctions à la tête d’AHL. Il ne peut pas y avoir de deux poids, deux mesures. S’il n’était plus apte à siéger au conseil d’Air Mauritius, pourquoi lui laisser les rênes d’AHL, qui pilotait indirectement MK ? Pourquoi a-t-on laissé la situation se dégrader ?</p> <p>Pourquoi cette inertie alors qu’Air Mauritius perdait de l’argent ? L’ancien gouvernement doit répondre à ces questions essentielles.</p> <p><strong>Avec leur mise à l’écart et une nouvelle équipe, le nœud gordien a été tranché ?</strong></p> <p>Absolument. Aujourd’hui, Air Mauritius, AHL et la Mauritius Investment Corporation (MIC), sous la supervision de la Banque de Maurice, collaborent pour satisfaire aux exigences des auditeurs. L’objectif est de s’assurer que le bilan financier soit signé au plus vite et qu’Air Mauritius retrouve une situation stable, avec un bilan renforcé. Nous voulons que le « Paille-en-Queue » ne se contente pas de garder la tête hors de l’eau, mais puisse reprendre son envol et atteindre rapidement sa vitesse de croisière.</p> <blockquote> <h2>Crime économique : des avions partaient avec des sièges vides simplement par manque de coordination"</h2> </blockquote> <p><strong>Avez-vous une stratégie claire pour redresser Air Mauritius ?</strong></p> <p>Je ne vais pas révéler l’intégralité de notre plan, qui est en cours de discussion avec le management, mais plusieurs mesures-clés doivent être prises sans tarder. D’abord, il faut convertir les prêts accordés par AHL en fonds propres (equity). Pour bien comprendre, AHL a financé Air Mauritius mais a récupéré en contrepartie ses actifs. Résultat : une impasse financière qui nous empêche d’avancer.&nbsp;</p> <p>Ensuite, il faut clarifier la situation des financements. J’entends souvent dire qu’Air Mauritius a bénéficié d’une injection de Rs 25 milliards via la MIC. C’est totalement faux ! Cette somme n’a jamais atterri dans les comptes de la compagnie.</p> <p>En réalité, MK a reçu environ Rs 8 milliards, dont Rs 2,7 milliards ont été dirigées directement vers un fonds de pension. Nous travaillons actuellement avec AHL et la MIC pour remettre de l’ordre dans ces fonds.</p> <p>Nous espérons récupérer Rs 12 milliards en fonds propres ou sous forme de restitution d’actifs, comme cela avait été initialement prévu. Enfin, nous devons absolument maîtriser les coûts et augmenter les revenus. C’est notre priorité immédiate.&nbsp;</p> <p><strong>Dans votre premier message aux employés, vous utilisez la métaphore du « mur de Chine » pour dénoncer une structure cloisonnée au sein de la compagnie. Pourquoi vous attaquez-vous à leur « zone de confort » ?</strong></p> <p>En visitant les bureaux, j’ai été frappé par le nombre impressionnant de murs par mètre carré. Il y a des cloisons partout : entre les employés, entre les départements qui ont chacun créé leur propre petit univers fermé, et même entre les équipes et les clients. Cela ne s’arrête pas là. À l’intérieur de ces espaces, chaque employé s’est enfermé dans son propre monde.&nbsp;</p> <p>Ce cloisonnement crée des obstacles à la communication, à la collaboration et à la réactivité, alors que nous évoluons dans un secteur qui exige de l’agilité et une rapidité d’exécution extrême. Nos avions volent à 800 km/h. Nos employés doivent comprendre qu’ils doivent eux aussi accélérer la cadence ! Or, à Air Mauritius, notamment dans les bureaux de Port-Louis, nous faisons exactement l’inverse : nous sommes éloignés les uns des autres, inaccessibles et enfermés dans des routines inefficaces.&nbsp;</p> <p><strong>Vous avez mis en garde les employés moins compétents mais mieux traités. À quoi doivent-ils s’attendre ?</strong></p> <p>Lors de mes rencontres, j’ai constaté que 99,5 % des employés sont dévoués et motivés. Ils veulent voir Air Mauritius se relever. Ils sont prêts à donner le meilleur d’eux-mêmes pour contribuer au redressement de la compagnie.&nbsp;</p> <p>Mais il y a une minorité de 0,5 % qui pose problème. Ces « parachutés » et « protégés politiques » bénéficient de contrats en béton et de privilèges injustifiés, alors qu’ils n’ont ni les compétences, ni la volonté de faire avancer la compagnie. Pire encore, non seulement ils entravent son bon fonctionnement, mais ils démotivent aussi les employés compétents. Ce sont ces mêmes individus qui critiquent bruyamment notre mission de redressement sur les réseaux sociaux.&nbsp;</p> <p>Soyons clairs : ces profiteurs sont les ennemis de la compagnie. Ils devraient avoir honte de percevoir des salaires mirobolants alors qu’ils n’apportent pas de réelle contribution. Mais comme toujours, quand on met de l’ordre, ce sont ceux qui ont le plus à perdre qui crient le plus fort.&nbsp;</p> <p>Ces gens-là sont des lâches. Ils n’ont pas le courage de venir discuter avec la direction en face-à-face. Ils refusent de comprendre que les temps ont changé. Qu’ils le sachent : ils ne seront plus ces grains de sable qui bloquent notre moteur. L’ère du copinage est terminée. Il est temps de se mettre au travail… ou de partir.&nbsp;</p> <p><strong>Une petite compagnie comme Air Mauritius a-t-elle réellement besoin d’un conseil d’administration de quinze membres, soit presque autant que de grandes compagnies aériennes ?&nbsp;</strong></p> <p>Nous nous conformons à la Constitution de la compagnie, qui remonte à près de six décennies. Cette charte prévoit un maximum de quinze administrateurs et un quorum de neuf membres. Peut-être faudra-t-il la revoir en temps voulu.</p> <p>Cependant, compte tenu de la complexité de notre activité, cela n’a rien d’exagéré. En sus des travaux du conseil d’administration, les administrateurs sont répartis en quatre sous-comités stratégiques : audit et gestion des risques ; gouvernance d’entreprise, rémunération et nominations ; investissement et finances ; ainsi que sécurité et conformité.&nbsp;</p> <p>Et croyez-moi, ils ont énormément de travail. Leur implication dans ces sous-comités permet de prendre des décisions plus rapides et mieux éclairées lors des réunions du conseil d’administration.&nbsp;</p> <p><br /> <strong>Vous avez surpris plus d’un en révélant que le département commercial – le poumon de la compagnie – fonctionne en silos. Avez-vous déjà pris des mesures ?</strong></p> <p>Je peux vous assurer que je n’ai pas perdu une seule seconde. J’ai organisé une réunion avec tout le personnel du département commercial. Et là, surprise : c’était la première fois qu’ils se retrouvaient tous ensemble !</p> <p>Le plus préoccupant, c’est que cette absence de synergie a coûté très cher à la compagnie. On m’a rapporté que des avions partaient avec des sièges vides simplement parce que les différentes unités ne partageaient pas leurs informations.</p> <p>Depuis, le management a organisé deux autres réunions, et j’ai moi-même assuré deux suivis. Nous ne pouvons pas laisser l’argent nous filer entre les doigts à cause d’une mauvaise gestion.</p> <p>Un siège non vendu, c’est une perte sèche. Pour une compagnie en difficulté financière, c’est un crime économique. Ce désastre est le résultat direct d’un manque de professionnalisme et d’incompétences à des postes clés.</p> <p><strong>Quels autres dysfonctionnements avez-vous identifiés ?</strong></p> <p>Au-delà du manque de communication interne, j’ai constaté une grave déficience en communication externe. Air Mauritius ne réagit ni aux fausses informations qui circulent, ni aux fake news qui pullulent sur les réseaux sociaux. Ce silence crée un vide, transformant la compagnie en punching-ball national.</p> <p>Résultat : tout le monde pense mieux connaître Air Mauritius que la compagnie elle-même ! Tout le monde devient soudain expert en aviation et propose des solutions miracles. Et pour couronner le tout, nos employés passent pour des imbéciles !</p> <blockquote> <h2>Notre priorité immédiate : maîtriser les coûts et augmenter les revenus"</h2> </blockquote> <p>Cette omerta doit cesser. Laisser planer le doute et la suspicion nuit gravement à notre image. J’ai clairement fait comprendre aux équipes que ma philosophie sera radicalement différente. Nous allons privilégier la transparence et reprendre le contrôle du discours public.</p> <p><strong>Vous rencontrez de nombreux employés, mais qu’en est-il des syndicats ?</strong></p> <p>Cette rencontre aura lieu en temps voulu. Ma priorité immédiate est de redresser les finances de la compagnie.</p> <p>Lors de mes échanges avec les employés, j’ai pu mesurer leur satisfaction face à mon approche de transformation. Ils apprécient cette nouvelle dynamique, fondée sur une communication ouverte, un leadership fort et une culture d’entreprise positive. Nous allons instaurer un climat de stabilité, basé sur des décisions transparentes et objectives.</p> <p><strong>La flotte d’Air Mauritius a fait l’objet de nombreux débats. Est-elle adaptée aux ambitions de la compagnie ou un renouvellement s’impose-t-il ?</strong></p> <p>L’achat d’avions est toujours un pari risqué. D’un côté, une flotte moderne est essentielle à la croissance de la compagnie. De l’autre, c’est un investissement colossal qui exige une exploitation optimale des appareils.</p> <p>Trois Airbus A350 ont été commandés et seront livrés dans les deux prochaines années. Normalement, avant de commander un avion, une compagnie élabore un fleet plan détaillé sur deux à trois ans, avec l’aide d’experts, pour identifier les routes les plus rentables et commander les appareils en conséquence.</p> <p>Or, je n’ai toujours pas vu de fleet plan professionnel pour ces trois avions. Je me demande donc si nous avons mis les bœufs avant la charrue. Si ces appareils ne correspondent pas à nos besoins réels, ils risquent de devenir un fardeau financier qui ralentira considérablement notre redressement.</p> <p><strong>Qu’en est-il des deux Airbus A330-200 pris après la pandémie ?</strong></p> <p>Ces deux avions, âgés de 17 ans, ont terni l’image de la compagnie. Ils posent de nombreux problèmes techniques, entraînent des retards et leurs sièges sont en mauvais état.</p> <p>Quand j’ai interrogé notre équipe technique, elle m’a expliqué que nous avons dû investir une fortune en pièces neuves et coûteuses pour les maintenir en état de vol. Au rythme où vont les choses, quand nous les restituerons, ils seront presque comme neufs !</p> <p>Nous allons donc initier une enquête sur l’achat de ces deux avions ainsi que sur la vente des appareils sous l’administration volontaire. Nous voulons comprendre ce qui s’est passé, tirer les leçons du passé et clore définitivement ce chapitre.</p> <p><strong>Air Mauritius dépend quasiment exclusivement du tourisme. Quels segments allez-vous développer pour diversifier ses revenus ?</strong></p> <p>C’est au gouvernement et aux actionnaires de définir la vision stratégique de la compagnie.</p> <p>Veulent-ils une petite compagnie rentable et solide ? Une compagnie moyenne, moins profitable, mais plus ambitieuse ? Une grande compagnie jouant un rôle clé dans le développement économique du pays ? Ou encore une très grande compagnie, avec un impact économique massif, mais potentiellement déficitaire ? Si certaines routes non rentables sont maintenues pour soutenir le tourisme, alors il faudra trouver un modèle de financement participatif.</p> <p><strong>Que voulez-vous dire par « financement participatif » ?</strong></p> <p>Air Mauritius exploite certaines routes déficitaires qui rapportent pourtant énormément aux hôteliers. Pourquoi ne pas solliciter une contribution financière des hôtels pour couvrir ces pertes ? L’objectif est de créer un modèle au sein duquel Air Mauritius, les hôteliers et l’économie nationale bénéficient mutuellement.</p> <p><strong>Quel type de président serez-vous ? Un stratège discret ou un dirigeant qui tire les ficelles en coulisses ?</strong></p> <p>Je suis connu pour être direct et pas du tout diplomate. J’ai accepté ce poste pour une seule raison : aider le gouvernement à redresser Air Mauritius et en faire une fierté nationale. Il n’y aura aucun compromis.</p> <p>Dans cette mission, je suis influencé par une seule chose : l’intérêt de la compagnie. Le jour où l’on me demandera de faire des choses inacceptables, je plierai bagage.</p> <p>Un président n’a pas de contrat. Il peut être remercié à tout moment. C’est pourquoi je suis déterminé à agir avec intégrité et à faire en sorte que chaque Mauricien puisse être fier d’Air Mauritius.</p> <p>J’ai bien dit dans mon message aux employés que le vrai propriétaire de MK est le peuple de Maurice et nous devons faire en sorte que les Mauriciens soient fiers de nous. Nos actions futures doivent le montrer.</p> <p>Par exemple, allons-nous prendre de l’argent de la MIC soit l’argent des Mauriciens et le donner sous pressions aux employés ? Ou allons-nous nous servir de cet argent pour stabiliser/développer la compagnie ?</p> <p>Peut-on envisager que les employés après avoir été performants aient droit à une part du profit.</p> <p><strong>Quelles seront vos premières mesures concrètes ?</strong></p> <p>Nous allons immédiatement instaurer de nouvelles procédures transparentes pour mettre fin aux abus qui nous font perdre de l’argent.</p> <p>Fini les surclassements de complaisance</p> <p>Fini les excédents de bagages accordés aux « copains »</p> <p>Nous allons mettre en place un programme de fidélité évolué. Nos clients pourront utiliser leurs points pour des surclassements, l’achat de billets ou des excédents de bagages, sans passer par un employé.</p> <p>Je suis convaincu qu’avec l’enthousiasme de nos employés et un management clair, sincère et basé sur des chiffres concrets, nous pouvons sortir la tête de l’eau et devenir une entreprise prospère et respectée.</p> <p>Je songe d’ailleurs à présenter notre bilan financier tous les ans aux employés et aux syndicats, afin qu’ils comprennent la réalité et avancent ensemble. Mon rôle sera de mobiliser nos équipes autour du CEO et du management. Ce qui insufflera une nouvelle dynamique et renouera rapidement avec la rentabilité.</p> </div> <div class="field field--name-field-disqus field--type-disqus-comment field--label-hidden field--item"><drupal-render-placeholder callback="Drupal\disqus\Element\Disqus::displayDisqusComments" arguments="0=Kishore%20Beegoo%20%3A%20%C2%ABUne%20enqu%C3%AAte%20sera%20institu%C3%A9e%20sur%C2%A0l%E2%80%99achat%20et%20la%20vente%20des%20avions%C2%BB&amp;1=http%3A//defimedia.info/kishore-beegoo-une-enquete-sera-instituee-sur-lachat-et-la-vente-des-avions&amp;2=node/168193" token="xSBgaHqdah1AulHMLWSiA_ZrVrPI-LBidIBoNaNeOmk"></drupal-render-placeholder></div> Sun, 09 Feb 2025 03:41:00 +0000 Eshan Dinally 168193 at http://defimedia.info Laura Jaymangal : «Tout contrevenant à la loi électorale doit en assumer les conséquences» http://defimedia.info/laura-jaymangal-tout-contrevenant-la-loi-electorale-doit-en-assumer-les-consequences <span>Laura Jaymangal : «Tout contrevenant à la loi électorale doit en assumer les conséquences»</span> <span><span lang="" about="/users/tlaurent" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Thierry Laurent</span></span> <span>mar 04/02/2025 - 12:15</span> <div class="field field--name-field-main-picture field--type-image field--label-hidden field--item"> <img src="/sites/default/files/styles/node_content_picture/public/laura_jaymangal.jpg?itok=3IUC1mWg" width="1280" height="720" alt="" typeof="foaf:Image" class="img-responsive" /> </div> <div class="field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field--item"><p><strong>Le cadre légal des dépenses électorales est-il réaliste ? Les plafonds fixés pour les dépenses de campagne sont-ils en adéquation avec la réalité des moyens mobilisés par les candidats lors des élections ?</strong></p> <p>La loi impose des limites aux dépenses des candidats, mais ces montants ont été définis il y a plusieurs années. Avec l’évolution économique, l’inflation et les nouvelles formes de communication en politique (réseaux sociaux, publicité en ligne, etc.), il est légitime de se demander si ces plafonds sont toujours adaptés. Une révision de ces montants pourrait être envisagée pour mieux refléter les coûts réels d’une campagne aujourd’hui.</p> <p>Toutefois, au-delà du montant des dépenses, l’enjeu principal reste la transparence du financement. Financer une campagne électorale est une réalité incontournable à travers le monde, mais ce qui importe avant tout, c’est de savoir d’où vient l’argent et comment il est utilisé. Un système où les plafonds sont ajustés sans un cadre strict de transparence risquerait d’ouvrir la porte à des financements opaques ou à des influences cachées. Ainsi, toute révision des plafonds devrait s’accompagner de mécanismes renforcés pour assurer une déclaration claire et accessible des sources de financement, afin de préserver l’intégrité du processus électoral.</p> <p><strong>Les poursuites engagées contre certains candidats traduisent-elles une volonté réelle de transparence ou relèvent-elles d’une utilisation politique du droit électoral ?</strong></p> <p>Maurice est un État de droit, et le respect des lois s’applique à tous, qu’il s’agisse de simples citoyens ou d’élus. Toute personne qui enfreint la loi électorale doit en assumer les conséquences, car l’application des règles est essentielle pour garantir l’intégrité du processus démocratique.</p> <p>Cependant, il est tout aussi important que ces poursuites ne deviennent pas un outil d’instrumentalisation politique. L’application de la loi doit être équitable, impartiale et fondée sur des faits avérés, afin d’éviter toute perception de règlement de comptes politique. La justice doit être exercée de manière rigoureuse et transparente pour renforcer la confiance des citoyens dans le système électoral et assurer une démocratie saine et juste.</p> <p><strong>La réglementation actuelle favorise-t-elle une opacité des financements électoraux plutôt qu’une transparence effective ? En limitant officiellement les dépenses, mais en fermant les yeux sur des financements indirects, la loi ne crée-t-elle pas un système dans lequel seuls les mieux organisés échappent aux sanctions ?</strong></p> <p>Dans la culture politique mauricienne, une campagne électorale ne se limite pas aux dépenses officielles d’un candidat : d’autres facteurs, comme l’appui logistique, les ressources mobilisées par des tiers ou encore certaines formes d’influence, peuvent jouer un rôle déterminant.</p> <p>C’est pourquoi une loi sur le financement des partis politiques est aujourd’hui plus que nécessaire. Pour être efficace, elle doit non seulement encadrer les financements directs, mais aussi inclure toutes les formes de soutien, qu’elles soient financières, matérielles ou en nature.&nbsp;</p> <p>De plus, il est essentiel d’exiger des comptes audités pour les partis politiques afin de garantir une plus grande transparence et de permettre aux citoyens de savoir d’où proviennent les fonds qui alimentent les campagnes. Un tel cadre juridique renforcerait la confiance du public dans le processus électoral et assurerait une compétition plus équitable entre les candidats.</p> </div> <div class="field field--name-field-disqus field--type-disqus-comment field--label-hidden field--item"><drupal-render-placeholder callback="Drupal\disqus\Element\Disqus::displayDisqusComments" arguments="0=Laura%20Jaymangal%20%3A%20%C2%ABTout%20contrevenant%20%C3%A0%20la%20loi%20%C3%A9lectorale%20doit%20en%20assumer%20les%20cons%C3%A9quences%C2%BB&amp;1=http%3A//defimedia.info/laura-jaymangal-tout-contrevenant-la-loi-electorale-doit-en-assumer-les-consequences&amp;2=node/168014" token="K7sF3Ght2KJakW82uHc1iX2Uxz1WnwTMx0jBUzwQzPk"></drupal-render-placeholder></div> Tue, 04 Feb 2025 08:15:00 +0000 Thierry Laurent 168014 at http://defimedia.info Manisha Dookhony, économiste : «L’argent provenant du bail de Diego devrait entrer dans un fonds souverain» http://defimedia.info/manisha-dookhony-economiste-largent-provenant-du-bail-de-diego-devrait-entrer-dans-un-fonds-souverain <span>Manisha Dookhony, économiste : «L’argent provenant du bail de Diego devrait entrer dans un fonds souverain»</span> <span><span lang="" about="/users/pdaby" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Pradeep Daby</span></span> <span>sam 18/01/2025 - 07:50</span> <div class="field field--name-field-main-picture field--type-image field--label-hidden field--item"> <img src="/sites/default/files/styles/node_content_picture/public/manisha_dookhony_2.jpg?itok=VoFaDAuw" width="1280" height="720" alt="" typeof="foaf:Image" class="img-responsive" /> </div> <div class="field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field--item"><p>La question du bail de Diego Garcia et les enquêtes liées aux prêts de la Mauritius Investment Corporation sont au cœur d’une brulante actualité. Et l’économiste Manisha Dookhony fait valoir que des liquidités existaient sur le marché local en 2020 et certaines entreprises pouvaient en bénéficier. En même temps, elle reconnait que les fonds provenant de la Mauritius Investment Corporation ont permis de soutenir l’économie mauricienne durant la pandémie. « On voit comment le secteur du tourisme a bien repris&nbsp;», cite-t-elle en exemple.<br /> <br /> <strong>La Mauritius Investment Corporation (MIC) est au cœur de l’actualité. L’ancien gouvernement avait-il d’autres possibilités que de recourir à l’impression de billets de banque, hors du circuit officiel&nbsp;? Pouvait-il emprunter auprès des agences mondiales de financement (Banque mondiale, Union européenne, entre autres) et sous quelles conditions ?</strong><br /> <br /> L’idée qu’un gouvernement soutienne des entreprises en prenant une part d’« equity » ou en avançant des prêts à des taux préférentiels n’est pas nouvelle. Nous avons déjà à Maurice la State Investment Corporation (SIC), par exemple, qui le fait. Le fait que ce soit des instruments convertibles est sans doute un peu plus nouveau. Si on se remémore du temps de la création de la Mauritius Investment Corporation (MIC), il y avait sur le marché local pas mal de liquidités. Certaines entreprises pouvaient emprunter sur le marché local. Si ces entreprises comportaient des risques, et c’était le cas pour toutes les entreprises du secteur du tourisme, le gouvernement aurait pu mettre en place ou accéder à des « guarantee » instruments. D’ailleurs, beaucoup d’entités et d’agences mondiales ont mis en place des instruments de garantie post covid-19. Le EFSD (et maintenant EFSD+) de l’Union européenne propose une large panoplie d’instruments à travers le DFI européen. Ainsi, si le gouvernement s’inquiétait du niveau de la dette et ne voulait pas prendre plus de dettes, ils auraient pu avoir recours à ces instruments.</p> <p>Mais pour moi, le vrai problème c’est que tout en se disant indépendante, la MIC est sous l’égide de la Banque centrale (BoM). Ce qui fait que tout en étant une instance de régulation, la BoM est devenue un ‘market player’. Bon nombre de personnes ont pointé du doigt cet aspect depuis la création de la MIC. J’espère que la nouvelle administration trouvera une solution. Pour moi, il faudrait que les investissements (convertible instruments) de la MIC soient repris par une autre entité (même s’il faut en créer une). L’argent que la BoM a mis dans la MIC devrait lui être remboursé, afin que celle-ci puisse l’utiliser pour défendre la roupie et pour d’autres activités.</p> <p>Je prends l’exemple de deux fonds dans la région : le fonds souverain éthiopien et le Fond Agaciro au Rwanda. En Éthiopie, l’Ethiopian Investment Holdings (EIH) est le plus grand fonds souverain d’Afrique, avec plus de 150 milliards de dollars d’actifs sous gestion et des revenus de dividendes supplémentaires. L’EIH représente les intérêts commerciaux et d’investissement à long terme de l’Éthiopie. Il a dans son portefeuille des entreprises phares comme Ethiopian Airlines et Ethio Telecom. Au Botswana, le Pula Fund est un portefeuille d’investissement à long terme qui a été créé en 1994 dans le but de préserver une partie des revenus des exportations de diamants pour les générations futures. Les réserves de change qui dépassent les besoins à moyen terme sont transférées au Fonds Pula et investies conformément à ces directives d’investissement. Au Rwanda, l’Agaciro Development fund a été créé en 2012/2013 comme un fonds de développement. C’est devenu depuis un fonds souverain dont le principe directeur est de combiner la théorie et la pratique. Il répartit systématiquement les fonds entre les différentes classes de manière à garantir la durabilité et la réalisation des objectifs financiers du fonds. Ce faisant, la taille du fonds dans chaque classe, les risques associés à la classe et la situation financière du fonds sont pris en compte. De ce fait, Agaciro a investi dans plusieurs secteurs : la numérisation du pays à travers Irembo, les entreprises de ‘self sustainability’ comme pour le développement des rizières dans le pays.</p> <p><strong>Les fonds de la MIC ont-ils permis de soutenir l’économie mauricienne durant la pandémie ?</strong><br /> Oui, et on voit bien comment le secteur du tourisme a bien repris. Il n’y a qu’à voir comment les actions d’entreprises qui sont cotées en bourse et qui ont bénéficié du soutien de la MIC ont grimpé. Ainsi, si les instruments sont convertibles et, dépendant des conditions, il est possible pour la MIC de récupérer ses fonds. Mais nous ne connaissons pas les conditions de la convertibilité. Il y a des pays où des pans de l’économie ont souffert énormément sans aucun soutien du gouvernement. Des entreprises ont dû fermer dans ces pays. Ce qui n’a pas été le cas pour le tourisme à Maurice qui avait souffert de la fermeture de nos frontières.&nbsp;</p> <p>La question de la surenchère des promesses durant la campagne électorale de novembre 2024 a été maintes fois décriée. L’opposition d’alors devait-elle en faire, sans s’assurer de la capacité de les honorer ?<br /> Ça, c’est de l’ordre politique. Je pense que dans toutes les élections, il y a des surenchères. Parfois ça paye, parfois non. Mais quand on n’est pas gérant de l’économie, c’est-à-dire pas en majorité, il est difficile de savoir ce qui est maquillé. Les chiffres semblent avoir été maquillés. De ce fait, je pense que les analyses pour les promesses ont peut-être été erronées. Et je suis d’avis que certaines étaient basées sur des revenus externes, c.-à-d. pour la base de Diego Garcia.</p> <p><strong>Après la publication du rapport sur l’état de l’économie mauricienne, le nouveau gouvernement n’hésite pas à parler d’une nouvelle année ‘difficile’. Cette situation est-elle à mettre entièrement sur le bilan de l’ancien gouvernement ?</strong><br /> La focalisation sur certains secteurs, au détriment d’une diversification économique, des dépenses avec une vue à court terme, un changement drastique dans le système de pension, &nbsp;font partie du bilan de l’ancien gouvernement. Les augmentations salariales sans consultation, un manque de planification, l’inefficience dans certains secteurs, des cas non résolus de corruption s’ajoutent à ce bilan. Il y a effectivement certains autres éléments qui reflètent les instabilités externes, dont le conflit militaire en Ukraine, la dépréciation de la roupie, les problèmes liés aux approvisionnements.</p> <p><strong>Deux constats, l’un de Statistics Mauritius et l’autre de la Banque centrale sont récemment tombés. Le premier fait état d’un repli du chômage et le second d’une hausse des réserves du pays. Quelle lecture faites-vous de ces chiffres ?</strong><br /> Le chômage de Maurice est en diminution depuis quelque temps. Mais il faut noter qu’un grand nombre de jeunes et de moins jeunes sont dépendants de la drogue. Et du coup, ils tombent aux marges du marché du travail.</p> <p>Pour les chiffres des réserves, effectivement, avec une dépréciation de la roupie, les réserves en roupie paraissent augmenter. Mais il faut aussi voir si les réserves augmentent en USD. &nbsp;</p> <p><strong>Comment la population risque-t-elle d’accueillir une première année présentée comme ‘difficile’ avec des promesses qui pourraient ne pas être toutes tenues ?</strong><br /> Déjà, des entreprises commencent avec des difficultés. Elles n’avaient pas nécessairement prévu de payer le 14e mois, mais doivent le faire. Certains ont fait face à des augmentations de coûts avec différents ajustements salariaux. Mais avec les négociations pour les Chagos, peut-être qu’il y a une lueur d’espoir. Les revenus viendront augmenter les réserves et permettre d’avoir plus de forex dans le pays. L’offre et la demande permettront de mieux défendre la roupie.</p> <p><strong>Le gouvernement, comme celui de Pravind Jugnauth, mise beaucoup sur le coût du bail de la base américaine à Diego Garcia. Faut-il cet argent à n’importe quel prix, le parti Lalit s’y oppose en faisant valoir la nécessité de se battre pour faire de l’océan Indien – et de l’Afrique – une ‘zone démilitarisée’ ?&nbsp;</strong><br /> Il faut se rendre à l’évidence, l’océan Indien n’est plus une zone démilitarisée. Les Australiens ont commandé une flotte de sous-marins nucléaires. Les Indiens comme les Pakistanais ont l’arme nucléaire. La marine française militaire vogue sur les flots entre La Réunion et les terres australes.</p> <p>Par rapport à l’argent, je propose un fonds souverain qui permettrait à long terme de faire des développements économiques plus importants sur toutes nos iles. L’idéal est de définir les positionnements de ce fond comme celui de la Norvège, c’est-à-dire qu’on ne touche pas au capital, mais nous utiliserons ces fonds pour les projets économiques. Avec Rs 100 milliards de GBP investis, on pourrait avoir, en restant pessimiste, de 4,5 à 5 milliards de recettes par an (base rate de 4,75 % par an au Royaume-Uni). Ce qui nous fait une belle somme de Rs 250 millions par an. Avec ce que nous entendons en ce moment, la somme serait potentiellement plus grande, ainsi les intérêts pourraient être plus conséquents et pourraient du coup permettre pas mal de développements sans toucher au capital initial.</p> <p>L’autre élément clé, c’est que ces revenus étant en Forex, par exemple si c’est en GBP, les autorités pourront faire un swap GBP-USD. Ce qui mettra plus de dollars américains sur le marché de sorte à réduire le déséquilibre actuel.&nbsp;</p> <p>J’ajouterai qu’il y a d’autres sources qui pourront s’ajouter à nos recettes, et peut-être qu’il faut commencer à les explorer. L’une d’elles est les recettes de l’IO qui sont attribuées au BIOT. J’en ai parlé dans le passé, l’IO est de plus en plus populaire, en particulier parmi les startups technologiques et les entreprises SaaS. Ce TLD est attribué au territoire BIOT c.-à-d. l’archipel des Chagos. Les domaines IO sont instantanément reconnaissables et désormais adoptés par les communautés technologiques et les startups. Ainsi, pour moi, il faut certainement demander un transfert de l’IO à Maurice.</p> <p><strong>L’actuel gouvernement est une agglomération de quatre partis qui ne s’étaient jamais alliés, avec surtout Rezistans ek Alternativ considéré comme à gauche et les Nouveaux démocrates, une scission du Parti mauricien social-démocrate. Faut-il conclure que plus grand-chose sur le plan de l’idéologie ne sépare ces partis ?</strong><br /> Aujourd’hui, la plupart des parties à Maurice sont plus ou moins au centre. Certains un peu plus à gauche que d’autres. Je pense qu’il faut redéfinir les idéologies. De ce fait, ce sont plus des personnalités qui émergent.</p> <p><strong>De nombreux partisans de l’Alliance du changement, dont les propres composants de cette alliance, avaient plaidé pour la publication du Memorandum of Understanding entre le gouvernement mauricien et le gouvernement indien sur Agalega. Cette question aurait-elle disparu au nom de la realpolitik ?</strong><br /> Au nom de la transparence, effectivement, il serait intéressant de savoir ce qu’il en est. Les médias indiens ont fait état de plusieurs détails qui n’ont pas été officiellement confirmés par le précédent gouvernement. &nbsp;</p> <p><strong>Comment voyez-vous évoluer les relations du nouveau gouvernement sur la scène régionale et internationale, avec l’arrivée de Donald Trump à la présidence des USA sous peu et sa volonté de durcir les relations commerciales américaines avec la Chine&nbsp;? Maurice est-il concerné par cette configuration ?</strong><br /> Donald Trump a le désir simultané de relancer l’industrie manufacturière nationale tout en s’accrochant à la suprématie mondiale du dollar. L’ironie est évidente. Avec les tarifs, je pense qu’il n’y a pas d’échappatoire. Les droits de douane vont augmenter aux USA, même si je ne pense pas que ce sera généralisé sur tous les produits importés.&nbsp;</p> <p>Il est certain que le président Trump va mener une politique visant à stimuler l’industrie manufacturière aux États-Unis. Ayant travaillé dans ce pays, je suis sceptique quant à la possibilité de rétablir un grand nombre de ces usines. Il existe des villes qui étaient autrefois industrielles et pourvoyeuses d’emplois, mais qui sont aujourd’hui en état de délabrement. Et puisque les tarifs douaniers augmentent, il sera difficile de rétablir ces usines. En plus, il est très probable que le dollar s’intensifie. Ce qui ne va pas nécessairement stimuler les exportations, mais l’establishment économique, en particulier pour faire une Amérique ‘forte’. Ainsi, il est possible que ce soit une Amérique forte au niveau de la sécurité nationale et des industries qui y sont liées. Ce qui inclut les semi-conducteurs qui ont été au centre des préoccupations du gouvernement de Biden. Il y a aussi les équipements de protection individuelle, les produits pharmaceutiques, les produits biomédicaux et toutes les entreprises qui sont liées à la sécurité et à l’armée. Ce sont ces entreprises qui vont probablement être relocalisées, y compris dans le secteur technologique. Dans cette guerre au niveau international avec la Chine, il va sans doute en sortir des opportunités pour Maurice. &nbsp;</p> <p>Avec les Chagos, l’extension de l’ambassade des États-Unis à Maurice, il est très probable que les relations entre Maurice et les USA vont changer. Les États-Unis vont certainement intensifier leur relation avec nous. Ce qui peut inclure la fourniture pour la base de Diego Garcia, du travail sur la base, des investissements américains, des échanges économiques. D’ailleurs, l’océan Indien devenant de plus en plus important pour les Américains, ils vont ouvrir une ambassade aux Seychelles. &nbsp;</p> <p><strong>Est-ce qu’il existe, selon vous, des enjeux locaux – dont la dépréciation de la roupie face au dollar, la précarité des PME, le coût du fret, entre autres – qui ne peuvent être considérés comme « l’héritage » de l’ancien gouvernement ?</strong><br /> La valeur de la roupie reste une grande préoccupation. Dans tous les cas de figure, les mesures des États-Unis risquent d’alimenter l’instabilité mondiale. Ironiquement, une telle instabilité conduit souvent à une augmentation de la demande de dollars. Ce qui compromet les objectifs que Trump cherche à atteindre. Le dollar va sans doute se renforcer, leur déficit commercial persistera et la classe ouvrière américaine continuera d’en faire les frais, sauf ceux des secteurs qui contribueront à la grandeur des États-Unis. Pour nous, la roupie risque de rencontrer des difficultés, car nos importations sont généralement en dollars.</p> <p>Une des solutions pour nous sera que nous convertissions les GBP que nous projetons de recevoir du Royaume-Uni en USD. Ce qui pourrait aider à atténuer la dépréciation de la roupie vis-à-vis du dollar.&nbsp;<br /> La situation des PME est difficile, plusieurs d’entre elles m’ont fait part de leurs déboires. Certaines de ces entreprises pensent mettre la clé sous la porte, car les coûts ont augmenté.</p> <p>Il y a des problèmes qui sont liés aux problèmes internationaux : l’approvisionnement. Notre port a besoin de nouveaux investissements et a besoin de maintenir sa compétitivité.</p> <p>Il est aussi important de redresser notre écosystème administratif que je qualifie d’écosystème de 1960. Il faut un écosystème de 2025 ou même de 2050 !</p> <p>Nous devons mettre en place les mesures pour profiter des accords bilatéraux que nous avons signés avec l’Inde, la Chine et d’autres pays.<br /> &nbsp;</p> </div> <div class="field field--name-field-disqus field--type-disqus-comment field--label-hidden field--item"><drupal-render-placeholder callback="Drupal\disqus\Element\Disqus::displayDisqusComments" arguments="0=Manisha%20Dookhony%2C%20%C3%A9conomiste%20%3A%C2%A0%C2%ABL%E2%80%99argent%20provenant%20du%20bail%20de%20Diego%20devrait%20entrer%20dans%20un%20fonds%20souverain%C2%BB&amp;1=http%3A//defimedia.info/manisha-dookhony-economiste-largent-provenant-du-bail-de-diego-devrait-entrer-dans-un-fonds-souverain&amp;2=node/167352" token="MDP9ny-TXDGqlNF59RR3_n2rN6Ch693t_V5PrfZnB1o"></drupal-render-placeholder></div> Sat, 18 Jan 2025 03:50:00 +0000 Pradeep Daby 167352 at http://defimedia.info Eric Ng, nouveau Senior Advisor aux Finances : «La priorité des priorités est de relancer la croissance économique»  http://defimedia.info/eric-ng-nouveau-senior-advisor-aux-finances-la-priorite-des-priorites-est-de-relancer-la-croissance-economique <span>Eric Ng, nouveau Senior Advisor aux Finances : «La priorité des priorités est de relancer la croissance économique» </span> <span><span lang="" about="/users/cvilbrin" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Christina Vilbrin</span></span> <span>jeu 16/01/2025 - 07:58</span> <div class="field field--name-field-main-picture field--type-image field--label-hidden field--item"> <img src="/sites/default/files/styles/node_content_picture/public/eric_ng_auteur_du_livre.jpg?itok=hd-5cFIJ" width="1280" height="720" alt="" typeof="foaf:Image" class="img-responsive" /> </div> <div class="field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field--item"><p>Depuis le mardi 14 janvier, Eric Ng occupe les fonctions de Senior Advisor aux Finances. La tâche sera lourde, prévient-il, mais l’économiste compte bien apporter sa pierre à l’édifice pour l’avancement du pays. <br /><br /><strong>Vous avez été nommé Senior Advisor au ministère des Finances. Quelles sont vos premières impressions ? </strong><br /> J’ai déjà été conseiller au ministère des Finances (Ndlr : entre mars 2000 et février 2001). Je reviens aux Finances pour contribuer à l’avancement du pays. Ce sera une lourde tâche de redresser l’économie et les finances du pays. </p> <p><strong>Le rapport sur le State of the Economy montre une détérioration des finances publiques et des principaux indicateurs macro-économiques. Quelle est la priorité des priorités ?  </strong><br /> La priorité est de relancer la croissance économique. Il faudra trouver de nouvelles activités, de nouveaux secteurs pour relancer et consolider la croissance du pays. </p> <p><strong>En tant que Senior Advisor, quelles sont vos attributions et dans quelle mesure serez-vous impliqué dans le processus de planification économique ? </strong><br /> Un conseiller est là pour conseiller. Je serai impliqué au ministère et auprès du ministre des Finances pour tout ce qui est stratégie économique. Personnellement, je pense que nous devons sortir du modèle consommation-inflation-endettement-dépréciation de la roupie pour aller vers un modèle plus axé sur la production, l’exportation et l’investissement. </p> <p><strong>Le sujet fait débat ces jours-ci : les réserves du pays ont augmenté en roupies et en dollars. Pour l’ancien gouvernement, c’est une indication que tout ne va pas si mal comme l’affirme le nouveau régime. Vos commentaires ? </strong><br /> Cette question a été largement répondue. J’ai tout le temps dit que les réserves du pays doivent être vues en termes de dollars et non en roupies parce que nous payons nos importations en dollars. C’est aussi simple que cela. Si nous regardons le montant des réserves en dollars, nous observons qu’il n’a pas autant augmenté. De même par rapport à l’an dernier, il y a eu une baisse. Et puis, les réserves brutes incluent les dépôts des banques commerciales et les emprunts extérieurs de la Banque de Maurice. Quand on enlève tout cela, nous n’avons pas vraiment beaucoup de réserves en liquide pour défendre la roupie. </p> <p><strong>Comment renverser la vapeur ? </strong><br /> Il faut donner un coup de fouet à l’exportation, attirer des investissements directs étrangers et inciter les gens à consommer moins.</p> <div class="alert alert-warning"> <h3>Près de 30 ans d’expérience professionnelle </h3> <ul><li>Sa carrière : Eric Ng, qui est âgé de 54 ans, a commencé sa carrière professionnelle en avril 1996 en rejoignant Coopers &amp; Lybrand, qui a ensuite fusionné avec PricewaterhouseCoopers. Il a également travaillé comme analyste de crédit à la State Bank of Mauritius, comme conseiller auprès du ministère des Finances et comme Business Development Manager chez Capital Markets Brokers. En août 2004, Eric Ng a créé sa propre société de conseil, à savoir PluriConseil. L’économiste compte 29 ans d’expérience professionnelle dans les études économiques, l’analyse financière, l’étude de marché, l’examen des politiques stratégiques, la gestion de projets, entre autres. Il est également formateur en économie et en gestion. <br />  </li> <li>Les études qu’il a faites : Post Graduate Degree in Institutional Economics (de l’University d’Aix-Marseille en France), Master of Business Economics (de l’University d’Aix-Marseille), Master of Business Administration (de l’University of Technology à Maurice). <br />  </li> <li>Les livres qu’il a écrits : Mieux comprendre l’économie (2005), À contre-courant. Essais sur l’économie mauricienne (2011), Alice in Dodoland: Looking to the Mauritian economy (2012), Robinson sur l’île durable (2013), L’économie de la diversité (2015), Economic Sense (2017), Fifty Economic Steps (2018), Maurice la cigale (2019), Un malade imaginaire (2023) et Penser comme un économiste (2024). <br />  </li> <li>Les institutions où il a déjà été président : Il a été Board Chairman de la First City Bank (2005-2008), Board Chairman de la Development Bank of Mauritius (2009-2010), Board Chairman de la  State Trading Corporation (2012-2014) et Board Chairman de la Tertiary Education Commission (2014). Il a aussi été non-executive independent director de la State Insurance Company of Mauritius, d’Airports of Mauritius Ltd, du Cim Foreign Equity Fund et de certaines filiales de la State Investment Company.</li> </ul></div> <img alt="Eric Ng, économiste." data-entity-type="file" data-entity-uuid="ecea09b0-ca70-4b45-a8a4-64f786e324b0" src="/sites/default/files/inline-images/Eric%20Ng%204.jpg" class="align-center" /><p> </p> </div> <div class="field field--name-field-disqus field--type-disqus-comment field--label-hidden field--item"><drupal-render-placeholder callback="Drupal\disqus\Element\Disqus::displayDisqusComments" arguments="0=Eric%20Ng%2C%20nouveau%20Senior%20Advisor%20aux%20Finances%20%3A%20%C2%ABLa%20priorit%C3%A9%20des%20priorit%C3%A9s%20est%20de%20relancer%20la%20croissance%20%C3%A9conomique%C2%BB%C2%A0&amp;1=http%3A//defimedia.info/eric-ng-nouveau-senior-advisor-aux-finances-la-priorite-des-priorites-est-de-relancer-la-croissance-economique&amp;2=node/167350" token="h3fw2oDoPfiV7QTpjW73LsOCfm-NCys5JkT2mbQfdtI"></drupal-render-placeholder></div> Thu, 16 Jan 2025 03:58:00 +0000 Christina Vilbrin 167350 at http://defimedia.info Raj Rutah : « Il est nécessaire de réorganiser la gouvernance de base dans les institutions publiques » http://defimedia.info/raj-rutah-il-est-necessaire-de-reorganiser-la-gouvernance-de-base-dans-les-institutions-publiques <span>Raj Rutah : « Il est nécessaire de réorganiser la gouvernance de base dans les institutions publiques »</span> <span><span lang="" about="/users/pdaby" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Pradeep Daby</span></span> <span>lun 13/01/2025 - 07:59</span> <div class="field field--name-field-main-picture field--type-image field--label-hidden field--item"> <img src="/sites/default/files/styles/node_content_picture/public/untitled_design_-_2025-01-08t115031.935.jpg?itok=0U_K0e3t" width="1280" height="720" alt="" typeof="foaf:Image" class="img-responsive" /> </div> <div class="field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field--item"><p>« L’égal d’un Chartered Director », comme il se définit, mais surtout des mots qui reviennent tout au long de ses propos : équité, transparence et responsabilité. Raj Rutah est le premier Mauricien au monde à détenir le statut de Chartered Director. Au moment où son pays natal passe par une période sans précédente d’enquêtes au sommet de l’État, ce citoyen britannique d’origine mauricienne, décline dans l’interview qui suit, une liste de critères indispensables à la vérification de la bonne gouvernance dans tous les secteurs de la société.</p> <p><strong>Vous êtes un FloD, Global Certified Chartered Director de même que le premier Mauricien à se voir décerner le titre d’ambassadeur pour cette compétence. Quel est le parcours que vous avez accompli pour valoir une telle distinction ?&nbsp;</strong></p> <p>J’occupe deux postes d’ambassadeur pour l’Institut britannique des administrateurs (IOD) pour les administrateurs agréés et pour les secteurs publics. Mon rôle est de défendre l’un des meilleurs codes de conduite au monde pour les administrateurs afin d’émuler le concept « Better Directors for a Better World » (de meilleurs administrateurs pour un monde meilleur).</p> <p>Ma licence d’administrateur agréé m’apporte l’expertise nécessaire pour influencer des décisions stratégiques majeures et offrir un jugement indépendant. Elle reflète une grande aptitude, une responsabilité exemplaire et des connaissances approfondies. Cette certification atteste également de ma compétence professionnelle et de mon intégrité. J’ai le devoir professionnel de maintenir ma licence de directeur agréé avec les normes les plus élevées et de continuer à promouvoir la bonne gouvernance. Je suis aussi appelé à faire preuve d’un leadership exemplaire, tout en veillant à ce que les entreprises et les organisations soient durables. L’obtention de ce statut au cours de ma carrière a été unique. Après avoir obtenu mon premier diplôme, ma licence et ma maîtrise, j’ai assumé divers rôles de direction dans des organisations complexes. Je voulais relever un nouveau défi, car le monde qui nous entoure est en perpétuelle évolution. J’ai donc obtenu le statut de Chartered Director après avoir passé plusieurs examens à différents stades et démontré des compétences avancées au niveau du conseil d’administration à l’échelle mondiale.</p> <blockquote> <h2>La bonne gouvernance dans le secteur public ou privé conduit à un gouvernement et à des entreprises plus justes, plus efficaces et plus réactifs, ce qui améliore directement la qualité de vie"</h2> </blockquote> <p>Le fait d’être le premier Mauricien au monde à détenir ce statut au Royaume-Uni n’était pas prévu. Toutefois, lorsque j’en ai pris conscience au cours du processus, cela m’a encore plus motivé pour obtenir cette récompense.</p> <p><strong>Pourquoi avez-vous choisi d’élire domicile en Angleterre à la fin de vos études ?</strong></p> <p>Après mon premier diplôme, j’ai accepté un rôle clinique, et ma carrière a évolué à partir de là, passant de la ligne de front à des rôles de direction et de conseil d’administration. Entre ces différents rôles, j’ai également eu l’occasion de travailler pour le Foreign and Commonwealth Office (FCO) du Royaume-Uni comme responsable des services généraux pour le centre de l’Océan Indien. De plus, j’ai travaillé à l’ancien hôpital Apollo Bramwell en tant que directeur de l’exploitation, directeur indépendant, directeur et consultant au Royaume-Uni.</p> <blockquote> <h2>L’application des normes donne confiance aux citoyens ordinaires et constitue une référence internationale qui contribue à réduire les inégalités et à promouvoir la cohésion sociale"</h2> </blockquote> <p><strong>Quel est le statut d’un Certified Chartered Director en Angleterre et vous-même, comme étranger êtes-vous reconnu au même titre que les nationaux ?</strong></p> <p>Il s’agit d’un statut très prestigieux, le seul au monde à être régi par une charte royale, qui témoigne de l’expertise d’une personne en matière de gouvernance, de leadership stratégique et de meilleures pratiques dans les conseils d’administration. En Angleterre et dans le monde entier, ce titre inspire le respect et constitue une marque de compétence et de professionnalisme pour les membres des conseils d’administration et les dirigeants d’entreprise. Comme j’ai obtenu ce statut, je suis fier d’être reconnu d’égal à égal en tant que Chartered Director.</p> <p><strong>Depuis quelle année, l’Angleterre a légiféré en faveur de l’établissement des normes et les standards dans les entreprises publiques et privées, ainsi que dans le quotidien. Comment les Anglais eux-mêmes ont-ils tous adhéré à ces règlementations ?</strong></p> <p>En Angleterre, l’histoire a commencé avec la loi sur les sociétés de 1844, qui a marqué le début d’une réglementation formelle des entreprises, jetant les bases de la transparence et de la responsabilité. La loi de 1856 sur les sociétés par actions (Joint Stock Companies Act 1856) a ensuite introduit le concept de responsabilité limitée, suivie par la loi de 2006 sur les sociétés (Companies Act 2006). Celle-ci consolide et modernise en profondeur le droit des sociétés au Royaume-Uni. Elle définit les obligations des administrateurs, en veillant au respect des lois et des réglementations.</p> <p>Le code britannique de gouvernance d’entreprise a été publié pour la première fois en 1992. Il est conçu pour promouvoir des normes de gouvernance élevées dans les entreprises cotées à la Bourse de Londres. Il insiste sur les principes de responsabilité, de transparence et de direction efficace du conseil d’administration. L’approche « comply or explain » assure la flexibilité tout en encourageant l’adoption des meilleures pratiques.</p> <p>Divers autres organismes de réglementation, tels que la Financial Conduct Authority (FCA), et des textes législatifs, tels que l’Equality Act 2010, fournissent un cadre unifié pour lutter contre la discrimination sur le lieu de travail et dans la société.</p> <p>L’établissement de normes et de standards en Angleterre repose sur une base juridique et culturelle profondément enracinée.</p> <p><strong>De quelle manière, le simple citoyen bénéficie-t-il de l’existence des normes relatives à la bonne gouvernance dans le secteur public ?</strong></p> <p>Les avantages de la bonne gouvernance ne sont pas mesurables, car elle jette les bases d’une société où les fonctionnaires et tous les employés, à tous les niveaux, ont le devoir de rendre des comptes et la responsabilité d’améliorer les résultats pour la population. Cette pratique garantit également que les fonds publics sont utilisés efficacement, en réduisant la corruption, les malversations et l’utilisation abusive des ressources publiques. L’application des normes donne confiance aux citoyens ordinaires et constitue une référence internationale qui contribue à réduire les inégalités et à promouvoir la cohésion sociale.</p> <p>La bonne gouvernance dans le secteur public ou privé conduit à un gouvernement et à des entreprises plus justes, plus efficaces et plus réactifs, ce qui améliore directement la qualité de vie. Plus important encore, elle encourage une gestion fiscale prudente et un développement durable qui créent une économie stable et une prospérité générale qui profite aux citoyens ordinaires, car sans croissance économique stable, c’est le pays tout entier qui souffre.</p> <p><strong>Quel que soit le gouvernement au pouvoir en Angleterre – Travailliste ou Conservateur – est-ce que les règles de bonne gouvernance et de redevabilité sont-elles observées par les partis politiques ?</strong></p> <p>Selon mon expérience, l’Angleterre est plus rigoureusement surveillée que de nombreux autres pays grâce à des cadres de gouvernance et des organismes de surveillance indépendants. Ces structures visent à détecter les manquements aux normes, notamment en cas d’absence de déclaration précoce de conflits d’intérêts de la part des politiciens ou autres acteurs. Dans certains cas, cela a conduit des députés ou des fonctionnaires à démissionner ou même à purger des peines de prison parce qu’ils se sont avérés coupables alors qu’ils exerçaient des fonctions publiques. Nous devons éviter religieusement d’être le juré, le juge et le procureur d’un même groupe de personnes afin d’éviter la pensée de groupe et les défaillances dans l’excellence de la gouvernance. Les médias ont une influence et un rôle énormes dans le contrôle au Royaume-Uni.</p> <p><strong>L’école en Angleterre initie-t-elle les enfants à ces enseignements ? Peut-on dire que les familles jouent également un rôle dans cette éducation ?</strong></p> <p>La scolarisation est un défi pour toute société. Les enseignants sont responsables de l’enseignement en tant qu’experts dans leur domaine. Toutefois, une bonne éducation est essentielle pour le développement de l’enfant, lui offrant conseils, stabilité et valeurs, constituant ainsi le fondement de toute société. Tout enseignant ou parent en Angleterre, comme dans n’importe quel pays, veut le meilleur pour ses enfants et les encourage à être de bons citoyens, mais il y a toujours place à l’amélioration.</p> <blockquote> <h2>Les dirigeants et les cadres des entreprises doivent faire preuve d’un leadership éthique en adhérant eux-mêmes aux normes de gouvernance. Cela donne le ton au sommet de l’entreprise et favorise une culture de l’intégrité et de la responsabilité parmi les employés"</h2> </blockquote> <p><strong>Comment les entreprises publiques transmettent-elles ces règles à leurs employés ?</strong></p> <p>Le personnel étant l’atout le plus important de toute institution, il existe divers mécanismes pour promouvoir la bonne gouvernance pour les employés :</p> <p>a) Disposer de politiques et de procédures claires, régulièrement révisées, qui guident les employés dans des domaines tels que le comportement éthique, le respect des lois et la gestion des conflits d’intérêts.</p> <p>b) Les dirigeants et les cadres doivent faire preuve d’un leadership éthique en adhérant eux-mêmes aux normes de gouvernance. Cela donne le ton au sommet de l’entreprise et favorise une culture de l’intégrité et de la responsabilité parmi les employés.</p> <p>c) Les sessions et ateliers de formation sur la gouvernance et l’éthique devraient faire partie du développement professionnel continu de tout employé.</p> <p>d) Un code de conduite formel au moment de la nomination peut servir de référence aux employés pour comprendre leurs responsabilités et les valeurs défendues par l’organisation.</p> <p>e) Les organisations peuvent mettre en place des mécanismes permettant aux employés d’exprimer leurs préoccupations, de signaler des fautes professionnelles ou de demander des conseils sur des dilemmes éthiques sans crainte de représailles, ce qui contribuera à résoudre les problèmes et à apporter des améliorations en cas de lacune.</p> <p>f) Les principes de gouvernance peuvent être intégrés dans les systèmes de gestion des performances. Les employés peuvent être évalués non seulement sur leurs résultats, mais aussi sur la manière dont ils les obtiennent, en mettant l’accent sur le respect des normes éthiques et de gouvernance.</p> <p>g) Des audits réguliers, des contrôles de conformité et des évaluations des risques garantissent que les employés respectent les politiques de gouvernance. Un contrôle continu renforce également l’importance de ces normes dans les activités quotidiennes.</p> <p>h) Les organisations peuvent promouvoir une culture du lieu de travail qui s’aligne sur leurs valeurs de gouvernance, telles que l’équité, la transparence et la responsabilité. Les employés doivent être encouragés à intérioriser ces valeurs et à les intégrer dans leur travail.</p> <p>i) En définissant clairement les rôles, les responsabilités et les pouvoirs de décision, les organisations peuvent donner aux employés les moyens d’agir dans le cadre des politiques de gouvernance, en garantissant la responsabilité à tous les niveaux.</p> <p>En intégrant les principes de bonne gouvernance dans leur culture organisationnelle et leurs activités quotidiennes, les organisations peuvent s’assurer que les employés comprennent, adoptent et mettent en pratique ces valeurs, contribuant ainsi à l’intégrité et à la réussite globales de l’organisation. Au total, les dirigeants peuvent faire la différence.</p> <p><strong>Vous venez régulièrement à l’île Maurice, quelle observation faites-vous du niveau de nos compagnies publiques ?</strong></p> <p>Je suis très fier de visiter l’île Maurice, je me suis toujours tenu au courant des développements et j’ai reconnu les progrès réalisés par le pays depuis l’indépendance et la diversification de l’économie dans divers secteurs pour être parmi les meilleurs du continent africain.&nbsp;</p> <p>Avec les scandales récents et bien médiatisés, il y a une perte de confiance dans les différentes institutions, en particulier dans l’exercice d’une responsabilité claire, de l’obligation de rendre compte et de la transparence à différents niveaux, ce qui nécessite une réorganisation de la gouvernance de base dans les institutions publiques et je suis très heureux, car c’est de la musique aux oreilles de chaque citoyen ce que le nouveau gouvernement s’est engagé à faire, l’avenir nous le dira.</p> <p><strong>De quelle manière les investisseurs étrangers prennent-ils en considération la conformité aux normes dans un pays avant d’y investir ?&nbsp;</strong></p> <p>Tout pays qui donne la priorité au respect des normes internationales est mieux placé pour attirer et retenir les capitaux étrangers et pour offrir un environnement sûr, transparent et propice à leurs investissements. Voici quelques-uns des domaines clés pris en compte par les investisseurs :&nbsp;</p> <p>a) Les pays dotés d’une gouvernance solide, d’une indépendance judiciaire et d’une faible corruption sont plus attrayants pour les investisseurs. Les investisseurs préfèrent les pays dont les gouvernements sont stables, car les troubles politiques augmentent les risques. Les mécanismes de lutte contre la corruption sont essentiels, car ils sont le signe d’un environnement commercial équitable et prévisible.</p> <p>b) Cadre juridique et réglementaire solide du pays en ce qui concerne les opérations commerciales, les incitations fiscales, la propriété intellectuelle et le respect de l’environnement. La facilité de faire des affaires, les classements de la Banque mondiale ou d’autres rapports d’organisations indépendantes, qui soulignent à quel point l’environnement juridique est favorable aux investisseurs étrangers.</p> <p>c) Indicateurs économiques : des facteurs tels que les taux d’inflation, la stabilité de la monnaie et la croissance économique influencent les décisions d’investissement. Les niveaux d’endettement et les politiques fiscales jouent également un rôle important dans le processus de prise de décision des investisseurs.</p> <p>d) Le respect des normes internationales telles que les normes internationales d’information financière (IFRS) ou les réglementations relatives à la lutte contre le blanchiment d’argent est un élément clé.</p> <p>e) Les investisseurs évaluent les protections juridiques disponibles pour leurs investissements, en particulier en ce qui concerne les droits des actionnaires et la résolution des litiges dans le cadre de la gouvernance d’entreprise.&nbsp;</p> <p>f) La fiabilité des systèmes de transport, d’énergie et de télécommunications est essentielle à l’efficacité des opérations commerciales.&nbsp;</p> <p>g) Le respect de la législation du travail et des normes internationales relatives aux droits des travailleurs peut influencer les décisions d’investissement.</p> <p>h) Le respect des normes environnementales mondiales témoigne d’un engagement en faveur de la durabilité, ce qui correspond aux objectifs de responsabilité sociale des entreprises (RSE) de nombreux investisseurs.</p> <p>i) L’expérience des investisseurs précédents et les notations internationales donnent une idée de la fiabilité d’un pays.</p> <p>j) Une solide réputation en matière de respect des normes mondiales renforce l’attrait d’un pays.</p> <p>k) L’accès à un arbitrage impartial ou à un recours juridique permet aux investisseurs de résoudre les conflits de manière équitable.</p> <p><strong>Comment peut-on améliorer le service public à l’île Maurice, quels conseils donneriez-vous aux autorités ?</strong></p> <p>Une approche intégrée axée sur la qualité, l’amélioration de l’efficacité, les capacités de leadership, la transparence, l’inclusivité et la réactivité sont quelques-uns des ingrédients clés de l’amélioration.&nbsp;</p> <p>a) Le rôle des cadres supérieurs et des dirigeants de première ligne dans chaque département est essentiel pour fournir un service de première classe et gérer les attentes ; l’exercice de la responsabilité et de l’obligation de rendre compte au point de prestation est la pierre angulaire de la réussite. La formation des dirigeants n’est pas le fruit du hasard ; un programme de développement continu est essentiel pour garantir que les dirigeants disposent des conditions et des capacités nécessaires pour diriger et assumer leurs fonctions et responsabilités conformément aux normes attendues.&nbsp;</p> <p>b) Maintenir l’engagement avec les principales parties prenantes en matière d’amélioration et se concentrer sur le service à la clientèle nous aide à mieux comprendre les besoins des clients.&nbsp;</p> <p>c) Le renforcement du contrôle en tant qu’allié essentiel des institutions et la garantie de l’indépendance dans le suivi des performances du service public constituent une autre méthode d’amélioration qui peut être adaptée.</p> <p>d) Établir des critères de performance clairs et développer une culture de l’apprentissage afin d’éviter des erreurs identiques ou similaires dans les institutions.</p> <p>e) Tirer parti de la technologie pour prendre des décisions fondées sur des données. Utiliser l’analyse des données et l’intelligence artificielle pour identifier les goulets d’étranglement dans les services et prévoir les besoins des citoyens. Développer des systèmes de suivi en temps réel pour les projets et les services publics afin de garantir une livraison en temps voulu.</p> <p>f) Innover avec des plateformes de gouvernance électronique robustes pour automatiser les processus, réduire la bureaucratie et améliorer l’accessibilité pour les citoyens tout en simplifiant les processus. Faciliter un processus dont la culture numérique est faible pour combler la pauvreté numérique et promouvoir l’égalité d’accès aux services.</p> <p>g) Introduire des processus d’audit locaux et nationaux pour garantir l’efficacité, la pertinence et la création d’une culture d’organisation apprenante.</p> <p>h) Renforcer et exploiter la collaboration avec le secteur privé dans le cadre d’un programme national prévoyant des programmes de stages dans des domaines qui créeront un environnement d’apprentissage partagé et amélioreront l’efficacité.</p> <p>i) Promouvoir l’inclusion tout en veillant à ce que les services soient accessibles aux groupes vulnérables.</p> <p>j) Améliorer en permanence la santé et l’éducation en utilisant des outils fondés sur des données probantes et en tenant compte de l’évolution des besoins, ce qui contribuera à maintenir une main-d’œuvre en bonne santé et qualifiée.</p> <p>k) Envisager la création d’un groupe de travail spécialisé chargé d’évaluer chaque année la prestation des services publics et de recommander des réformes pourrait être une option à envisager, tout en gardant à l’esprit les exigences et les défis fiscaux de tout gouvernement.</p> </div> <div class="field field--name-field-disqus field--type-disqus-comment field--label-hidden field--item"><drupal-render-placeholder callback="Drupal\disqus\Element\Disqus::displayDisqusComments" arguments="0=Raj%20Rutah%20%3A%C2%A0%C2%AB%20Il%20est%20n%C3%A9cessaire%20de%20r%C3%A9organiser%20la%20gouvernance%20de%20base%20dans%20les%20institutions%20publiques%20%C2%BB&amp;1=http%3A//defimedia.info/raj-rutah-il-est-necessaire-de-reorganiser-la-gouvernance-de-base-dans-les-institutions-publiques&amp;2=node/167137" token="ainLD3k4XZ01YfbtvE74WIIct5HZMHbGElSDOOfSJIk"></drupal-render-placeholder></div> Mon, 13 Jan 2025 03:59:00 +0000 Pradeep Daby 167137 at http://defimedia.info Kugan Parapen, Junior Minister de ReA : « Ramgoolam et Bérenger ont le devoir de réussir » http://defimedia.info/kugan-parapen-junior-minister-de-rea-ramgoolam-et-berenger-ont-le-devoir-de-reussir <span>Kugan Parapen, Junior Minister de ReA : « Ramgoolam et Bérenger ont le devoir de réussir »</span> <span><span lang="" about="/users/jdedans" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Jean Claude Dedans</span></span> <span>mer 08/01/2025 - 08:29</span> <div class="field field--name-field-main-picture field--type-image field--label-hidden field--item"> <img src="/sites/default/files/styles/node_content_picture/public/whatsapp_image_2025-01-06_at_14.31.jpg?itok=EAY60NAT" width="1280" height="720" alt="" typeof="foaf:Image" class="img-responsive" /> </div> <div class="field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field--item"><p>Avec la sagesse de l’âge et l’expérience acquise au fil des années en politique, le tandem Navin Ramgoolam/Paul Bérenger inspire une certaine sérénité au sein du gouvernement. Selon Kugan Parapen, Junior Minister de Rezistans ek Alternativ (ReA), ces deux leaders ont la responsabilité de mener à bien leur mandat.</p> <p><strong>ReA a été, des années durant, un parti extraparlementaire &nbsp;Qu’est-ce qui a poussé ce parti écolo à s’associer au mainstream ?</strong></p> <p>C’est la conjoncture politique qui a poussé ReA à adopter cette démarche face au régime MSM, qui représentait ce que notre parti a toujours combattu et ce qu’il y a eu de pire en politique, ainsi que le danger dictatorial que représentait le MSM avec tous ces scandales. Cela a pesé lourd dans notre décision de nous associer à l’Alliance du Changement. L’enjeu était de restaurer la démocratie dans sa pleine valeur. Regardez comment fonctionne le Parlement aujourd’hui, il n’y a pas de comparaison avec l’épisode Sooroojdev Phokeer. Le MSM a porté atteinte à notre démocratie. Une élection repose sur des règles électorales claires. Pour la remporter, il faut trouver la bonne formule. Au départ, ReA pensait pouvoir percer seul ou avec des alliés partageant nos idéaux. Mais en 2024, il était hors de question de diviser les voix de l’opposition.&nbsp;</p> <p><strong>Auriez-vous pensé que ReA aurait un jour un ministre, un Junior Minister et une élue ?</strong></p> <p>Quand on s’engage en politique, on a toujours comme objectif d’occuper un jour un poste important avec des responsabilités pour aider la société. Si ReA se retrouve dans cette position aujourd’hui, c’était dans le domaine du possible, mais je ne pensais pas que cela allait se produire aussi rapidement. ReA a tout le temps eu une approche rigoureuse et disciplinée. Avoir un ministre et un Junior Minister pour ReA, c’est un challenge, mais ce n’est pas hors de notre portée, nous connaissant.</p> <p><strong>Quel effet cela vous fait-il d’être Junior Minister, vous qui étiez économiste il n’y a pas si longtemps ?</strong></p> <p>Je n’ai jamais réalisé à quel point les Mauriciens sont subjugués par les ministres et les Junior Ministers. Ils ont trop de respect et d’admiration pour ces postes. À nous de ne &nbsp;surtout pas prendre la grosse tête.</p> <p><strong>ReA a remporté son tout premier combat avec la plage de Pomponette redevenue publique. Vos sentiments ?</strong></p> <p>Le jour où on a fait la fête à Pomponnette était un moment intense et émouvant, car cela représentait la fin d’un long combat. Cet instant a provoqué chez moi, tout autant que les autres militants, une forte émotion. J’ai pleuré, j’avais des larmes aux yeux que je ne pouvais retenir. L’essence de ReA, c’est son combat pour des causes qu’on pense justes comme Pomponnette. En politique, les choses prennent du temps parfois.</p> <p><strong>ReA a toujours dit prôner la transparence en ce qu’il s’agit du financement de votre parti. Le show de Pomponnette a dû couter avec une estrade à l’américaine, des colonnes de baffles, une sono, des toilettes à sec. Bref, qui a financé ce spectacle grandiose ? Des sponsors, des donateurs, des gros bonnets de la finance ?</strong></p> <p>Ce show a coûté quelques dizaines de milliers de roupies. Rien que l’estrade a coûté environ&nbsp;Rs 50 000. Certains artistes ont joué gratuitement, d’autres à prix réduits. Déjà, les trois élus de ReA remettent une partie de leurs salaires au parti, puis, il y a eu des membres, des amis, des donateurs. Il n’y a eu aucun intérêt financier privé, ni sponsor. ReA a tout pris en charge financièrement.</p> <p><strong>ReA est intransigeant quant à la mise en œuvre de son programme propre. Ne craignez-vous pas que ces exigences puissent gêner les partenaires majoritaires de l’Alliance du Changement et pousser votre parti vers la porte de sortie ?</strong></p> <p>Les demandes de ReA ont été formulées bien avant les législatives. Les trois partis sont tombés d’accord sur notre programme. On a eu un accord signé. Qui dit accord, dit sa mise en œuvre maintenant que la victoire est acquise. Est-ce que tout le programme sera implémenté ? Certaines propositions de ReA ne vont pas plaire à tous au sein de l’alliance. Et ensuite, il y a la réalité politique. ReA est à 3 contre 57.</p> <p><strong>ReA pourrait faire des concessions ?</strong></p> <p>En alliance, il y a des concessions à faire, cela est valable dans le monde entier. Nous sommes un partenaire minoritaire au sein de cette alliance, mais nous sommes persuadés qu’il y a une volonté réelle des deux leaders de faire des changements. Navin Ramgoolam et Paul Bérenger sont là pour façonner leur héritage politique.</p> <p><strong>Et si les grandes réformes ne se réalisent&nbsp;pas ?</strong></p> <p>Si les grandes réformes constitutionnelles ne se réalisent pas, chacun devra en assumer le prix politique, qui pourrait coûter très cher.</p> <p><strong>Que vous inspire le message de Nouvel an de Navin Ramgoolam à la nation ?</strong></p> <p>Le message du PM est en droite ligne avec le mandat obtenu à travers les urnes. On a fait des promesses et 2025, il serait temps de se mettre au travail. Il faudra arrêter de venir dire qu’il y a des squelettes. On sait que l’économie va mal avec ce qu’a fait le MSM durant ces dernières années. Mettons-nous au travail.</p> <p><strong>Le PM a concentré son message sur trois thématiques importantes. Votre avis ?</strong></p> <p>Les Mauriciens ont appris et compris l’état réel de notre économie. En tant qu’économiste, j’ai été choqué que le MSM ait masqué la vérité catastrophique de nos finances. Il nous faudra avoir une stratégie économique réfléchie et bien travaillée pour redresser la barre. Cela va être difficile et prendra du temps. Puis, il y a les ravages de la drogue qu’il faut absolument combattre sans pitié. Pravind Jugnauth s’est toujours vanté de&nbsp;« kas lerin bann baron ladrog ». Où en sommes-nous ? Un homme sous l’effet de la drogue synthétique tue une fillette de 18 mois. Affolant. L’ex-gouvernement avait une approche conservatrice et classique et voyez le constat après 10 ans. On doit être à l’écoute des spécialistes qui sont sur le terrain et ailleurs dans le monde.</p> <p><strong>Et quand le PM dit que ceux qui ont fauté devraient rendre des comptes. De la vengeance ?</strong></p> <p>Il y a un désir de vengeance de la part du peuple qui veut que ceux qui l’ont fait souffrir durant toutes ces années doivent payer et rendre compte de leurs actes. Mais, il ne faut pas que cela devienne une obsession, il faut que cela se fasse dans le cadre de la loi, il faut éviter une chasse aux sorcières.</p> <p>On met un bémol : il y a certains fonctionnaires qui tentent de se justifier en disant qu’ils n’ont fait que respecter des instructions…&nbsp;</p> <p>Je pense ici à certains hauts cadres de la Fonction publique qui ont été partie prenante des combines et qui se cachent en disant effectivement qu’ils n’ont fait que suivre des instructions. Ces fonctionnaires trempés dans des combines sont aussi des complices.</p> <p><strong>Les attentes de la populations sont grandes, pour dire le moins. Le gouvernement pourrait-il la satisfaire, au moins dans les court et moyen termes ?</strong></p> <p>On a pris l’engagement, mais on ne pourra pas tout faire en une année et même après. Certaines promesses pourraient peut-être ne pas être honorées. En tant que citoyen, je relativise. Si le présent gouvernement arrive à remplir sa mission, travaille en toute transparence, sans scandales, je pense qu’on serait sur la bonne voie. On a parlé d’un gouvernement de transition, une alliance de convergence.</p> <p><strong>Ce gouvernement a-t-il un devoir de&nbsp;réussite ?</strong></p> <p>C’est le 3e 60-0 de Paul Bérenger. Aujourd’hui, il y a la maturité politique de Navin Ramgoolam et de Paul Bérenger et c’est le garant principal de la stabilité de la durée. On a actuellement un gouvernement le plus expérimenté de notre histoire avec la moitié des élus qui ont de l’expérience. Les deux leaders cumulent quatre mandats de Premier ministre. Cela devrait assurément favoriser le bon fonctionnement de ce gouvernement. Tant qu’il n’y a pas de dérives et que la volonté de réussir prime, comment ce gouvernement pourrait-il ne pas durer ?</p> <p><strong>Serait-ce un devoir pour le tandem d’aller jusqu’au bout de leur mandat ?</strong></p> <p>Vis-à-vis d’eux-mêmes, Navin Ramgoolam et Paul Bérenger ont le devoir de réussir. Le devoir de bien faire. La réussite est subjective.<br /> &nbsp;</p> </div> <div class="field field--name-field-disqus field--type-disqus-comment field--label-hidden field--item"><drupal-render-placeholder callback="Drupal\disqus\Element\Disqus::displayDisqusComments" arguments="0=Kugan%20Parapen%2C%20Junior%20Minister%20de%20ReA%20%3A%20%C2%AB%20Ramgoolam%20et%20B%C3%A9renger%C2%A0ont%20le%20devoir%20de%20r%C3%A9ussir%20%C2%BB&amp;1=http%3A//defimedia.info/kugan-parapen-junior-minister-de-rea-ramgoolam-et-berenger-ont-le-devoir-de-reussir&amp;2=node/167109" token="IFgERdhK--JRRBw27XG2fRAVl-44xHn9O_MiN7tx-pQ"></drupal-render-placeholder></div> Wed, 08 Jan 2025 04:29:00 +0000 Jean Claude Dedans 167109 at http://defimedia.info Sudesh Lallchand, économiste : « Maurice ne pourra pas atteindre une croissance de 6 % avant 2026 » http://defimedia.info/sudesh-lallchand-economiste-maurice-ne-pourra-pas-atteindre-une-croissance-de-6-avant-2026 <span>Sudesh Lallchand, économiste : « Maurice ne pourra pas atteindre une croissance de 6 % avant 2026 »</span> <span><a title="Voir le profil utilisateur." href="/user/3069" lang="" about="/user/3069" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Fabrice Laretif</a></span> <span>mar 07/01/2025 - 08:02</span> <div class="field field--name-field-main-picture field--type-image field--label-hidden field--item"> <img src="/sites/default/files/styles/node_content_picture/public/untitled_design_-_2025-01-06t111039.410.jpg?itok=7R7eocyv" width="1280" height="720" alt="" typeof="foaf:Image" class="img-responsive" /> </div> <div class="field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field--item"><p>2025 devrait être une année de transition économique selon Sudesh Lallchand. Pour lui, le nouveau régime concède la différence entre la réalité et les promesses annoncées. Le développement économique du pays dit-il passera par la volonté des dirigeants. &nbsp;</p> <p><strong>Après la bataille de chiffres entre l’ancien et le nouveau régime, sur quelle base économique entamons-nous l’année 2025 ?</strong></p> <p>La base économique fait référence aux piliers de notre économie. Il faudra une vue d’ensemble pour se faire une idée claire. Pour ne citer que certains, je dirai que le secteur financier a peut être une bonne base, mais il reste beaucoup à faire. Le tourisme fonctionne et le secteur de l’agriculture est un vaste chantier. Nos marchés pour les exportations sont influencés par la main-d’œuvre.&nbsp;</p> <p><strong>Est-ce qu’une croissance révisée à 5,1 % pour 2024 est louable pour Maurice ?</strong></p> <p>Ce serait positif si l’économie parvenait à croître de 5 à 6 % en 2024. Nous parlons de croissance après l’inflation. J’ai cependant des doutes que nous pourrons atteindre un taux de croissance de 6 %. Nous n’avons rien vu concernant les bases économiques deux mois après les élections. &nbsp;</p> <p><strong>Les élections générales de 2024 ont abouti à une victoire de 60-0 par l’Alliance du Changement. Au-delà des différents facteurs qui ont poussé les Mauriciens à voter ainsi, est-ce que ce résultat risque d’être un handicap pour les enjeux, débats et décisions économiques du pays ?</strong></p> <p>Le résultat peut-être pas, mais les promesses probablement ! La quête de la victoire s’est jouée sur 3, voire 4 mesures essentielles : l’augmentation de pension, l’arrêt de la dépréciation de la roupie et d’autres promesses concernant le pouvoir d’achat. Ce sont là des mesures qui &nbsp;vont nécessiter de l’argent.&nbsp;</p> <blockquote> <h2>Le 14e mois est une des mesures les plus irréfléchies de notre histoire"</h2> </blockquote> <p><strong>Le nouveau régime a-t-il démarré leur mandat de bon pied avec les mesures déjà implémentées ou joue-t-il stratégiquement sur la carte de la réalité économique pour retarder l’introduction de certaines promesses ?</strong></p> <p>Pour rappel, une semaine avant les élections, il y avait des politiciens - qui sont aujourd’hui dans le gouvernement-, qui affirmaient que le prix des carburants allait baisser de 30 % à 35 % après une semaine. Seule une fraction de cela a été implémentée. Peut-on considérer une réduction par Rs 5 comme une véritable baisse ? Lorsque ce gouvernement était dans l’Opposition, il montait sur ses grands chevaux pour dire qu’il fallait enlever les taxes sur les &nbsp;carburants. C’est facile de critiquer, mais on se rend compte que c’est autre chose une fois en face de la réalité. Cela s’applique à tous les partis de l’Opposition. Un autre facteur ayant joué en faveur de ce nouveau gouvernement lors des élections a été l’annonce que les prix vont drastiquement baisser. À première vue, les prix poursuivent leur ascension. &nbsp;</p> <p><strong>Il y a eu plusieurs démissions suivies de nominations à la tête de certaines institutions depuis les résultats des élections. Est-ce un véritable changement ou c’est au final des nominés politiques qui en remplacent d’autres ?</strong></p> <p>Un nominé politique est une personne dont la nomination se fait suivant un aval politique. L’approbation peut venir du Conseil des ministres et signée par le Premier ministre. La loi concernant la nomination d’une personne à la tête de certaines institutions préconise l’aval du Conseil des ministres et l’approbation du Premier ministre. La personne nommée devient de facto un nominé politique. Il faut cependant faire la distinction entre un professionnel et un nominé politique. Il y a eu des nominations à la tête de certaines institutions depuis la prise de pouvoir du nouveau gouvernement. Certaines sont justifiées avec des candidats valables et compétents. &nbsp;&nbsp;</p> <blockquote> <h2>En prenant une direction rationnelle, le gouvernement devra laisser le secteur privé comprenant les PME travailler"</h2> </blockquote> <p><strong>Le Gouverneur de la Banque de Maurice a défini ses priorités : stabiliser la roupie, recapitaliser la BoM et amener une bonne politique monétaire. Les mesures annoncées jusqu’ici vont-elles dans ce sens ?</strong></p> <p>Suivant les conférences de presse du Dr Rama Sithanen, il faut dire que certaines mesures annoncées ne sont pas mauvaises. Le Gouverneur de la Banque de Maurice a eu la sagesse d’annoncer certaines mesures qui peuvent être impopulaires au sein du secteur privé, mais compréhensibles d’un autre point de vue. Je fais ici référence à la mesure concernant la vente des villas en roupie. Cependant, reste à savoir quel est le résultat qui va découler de ces mesures. La roupie se déprécie et il a annoncé des mesures pour mettre fin à cette courbe. &nbsp;<br /> <strong>Combien de temps faudra-t-il pour redonner à la monnaie locale sa valeur ?</strong></p> <p>Techniquement parlant, la Banque de Maurice a le pouvoir de fixer le prix de la roupie face au dollar avec les conséquences qui peuvent suivre. Le ministre des Finances parle de stabiliser et d’apprécier la monnaie locale. Le dollar s’achetait à Rs 46,80 en octobre 2024. À la fin de 2024 c’était à Rs 47,15 avec les mesures qui ont été annoncées après les élections.</p> <p>Notre monnaie s’est donc dépréciée. Il est évident qu’on va venir dire que le dollar s’est apprécié à l’international. Toutefois, je rappelle que, dans un passé récent, quand ces mêmes personnes critiquaient la valeur de la roupie, le dollar s’appréciait également. Un gros travail devra être effectué pour arrêter la dépréciation de la roupie. Pour apprécier la roupie face aux autres devises, il faudra jouer avec le taux d’intérêt.&nbsp;</p> <p><strong>La valeur de la roupie influence les prix à Maurice. Le taux d’inflation est en baisse mais les prix continuent d’augmenter. À quoi faut-il s’attendre pour cette année 2025 ?</strong></p> <p>80 % de nos importations sont effectuées en dollar. L’ancien gouvernement a payé le prix de cette influence. Le taux d’inflation rapporté est en baisse. Il n’y a qu’à se rendre au supermarché pour se rendre compte que les prix poursuivent leur ascension. La volonté politique et la compétence des ministres auront un rôle prépondérant. Le gouvernement aurait dû avoir un ministre responsable de la protection des consommateurs et un autre portant la casquette du commerce. Nous avons aujourd’hui le même ministre qui facilite la venue des commerçants et qui, dans le même temps, est chargé de protéger les consommateurs.&nbsp;</p> <p><strong>L’exercice de compensation salariale sera donc important. Or, les employeurs affirment qu’un des plus grands défis de 2024 a été les différentes augmentations salariales et le paiement du 14e mois qui n’avait pas été budgété. Le calcul de la compensation salariale se fera-t-il dans des conditions optimales ?</strong></p> <p>Il y aura une confusion extraordinaire. On dit que l’inflation a diminué. Un des facteurs clés à prendre en considération pour le calcul de la compensation salariale est le taux d’inflation.</p> <p>Si les prix rapportés ont baissé, la compensation salariale ne sera pas aussi conséquente. Les institutions vont-elles projeter les vrais chiffres d’inflation que ressentent les consommateurs lorsqu’ils font leurs achats. Dans cette éventualité, les syndicats vont monter au créneau et demander un gros montant de compensation salariale. Ceci dit, jusqu’à quand va-t-on fonctionner ainsi, soit accorder une compensation à chaque hausse de prix ? Maurice a perdu en compétitivité. L’argent dépensé proviendra du budget du gouvernement lorsque les entreprises seront incapables de payer les hausses salariales. Cela provoque une spirale des salaires. Ce gouvernement devra s’atteler à voir comment stopper la hausse des prix et des salaires sans productivité. Qui payera de ce prix ? Les taxes ? Cela ira à l’encontre des promesses électorales de ce gouvernement. &nbsp;</p> <blockquote> <h2>Pour apprécier la roupie face aux autres devises, il faudra jouer avec le taux d’intérêt"</h2> </blockquote> <p><strong>Certaines PME concèdent que 2024 a été pire que la pandémie de COVID-19. Comment se présente 2025 pour les PME ?</strong></p> <p>Cela va dépendre de la politique de ce gouvernement et de ses décisions. Cette année, le gouvernement devra venir avec une politique qui permettra au secteur privé et surtout aux PME d’assumer pleinement leurs responsabilités. Et cela sans leur mettre une corde autour du cou pour payer des augmentations. En prenant une direction rationnelle, le gouvernement devra laisser le secteur privé, comprenant les PME, travailler. Ce sera au cas contraire une calamité. En 2025, les PME sont appelées à mieux faire, à condition que le gouvernement les laisse souffler.&nbsp;</p> <p><strong>Il y a eu l’année de la sortie de crise, de reprise ou encore de relance dans le sillage de la pandémie. Comment qualifieriez-vous l’année 2025 ?</strong></p> <p>Les activités économiques étaient faibles après la pandémie de même que notre Produit intérieur brut (PIB). La base sur laquelle la croissance est calculée a diminué. De ce fait, il ne faut pas prendre l’après-COVID comme un point de référence. Cela risque de démontrer une croissance extrêmement importante. En 2025, on table sur une croissance supérieure de 6 %.</p> <p>2025 sera une année de transition économique. Plusieurs institutions importantes n’ont pas encore de capitaine. Il faudra au moins trois mois supplémentaires pour une évaluation. Ce temps n’est cependant pas suffisant pour espérer réaliser d’énormes progrès. Pour une bonne croissance, il faudra dépasser les 6 %. Le gouvernement a bien fait en nommant un Attorney General. Il y aura d’autres lois qui devront être introduites.&nbsp;</p> <p><strong>Les institutions internationales, telles que Moody’s, porteront une attention particulière à Maurice après avoir pris connaissance du rapport ‘State of the Economy’. Que faut-il faire pour préserver notre ‘investment grade’ et éviter une chute vers le ‘junk status’ ?»</strong></p> <p>Moody’s prendra en compte l’état de notre économie selon l’évaluation effectuée. Cette évaluation est cependant une analyse de ce qui découle du passé. Le passé est le passé. Que propose le gouvernement pour un proche avenir ? Un plan de relance dans les court et moyen termes pourrait intéresser l’agence de notation. En démontrant par exemple une stratégie pour réduire notre facture d’importation, cela pourrait être favorable à Maurice. Le plan de développement doit être rapidement présenté.&nbsp;</p> <p><strong>La productivité est présentée comme un moyen de réduire nos importations et d’aspirer à une meilleure croissance économique. Cela passe par la main-d’œuvre. Plusieurs secteurs font face à ce défi. Comment l’adresser en 2025 ?</strong></p> <p>La productivité est très importante. Si les salaires augmentent, la production doit suivre. La hausse des salaires doit contribuer à la valeur ajoutée. Le gouvernement ne doit pas forcer les entreprises à payer des augmentations de salaire ou le 14e mois. Le 14e mois est une des mesures les plus irréfléchies de notre histoire. C’est un caprice électoral. Par ailleurs, on ne peut drastiquement décider d’arrêter d’octroyer les permis aux travailleurs étrangers. Sans eux, nous n’aurons, par exemple, pas de pain, ni de construction, entre autres. Leur apport est essentiel à l’économie. La richesse est le résultat du travail. Maurice subit un manque de main-d’œuvre à différents niveaux. Il est important d’adopter une politique ouverte pour accueillir la main-d’œuvre étrangère. Plusieurs institutions auraient bénéficié grandement de l’appui des ressources internationales.&nbsp;</p> <p><strong>Quels sont les secteurs qui vont tirer l’économie vers le haut en 2025 ?</strong></p> <p>Là encore, j’insisterai sur la volonté. Il faudra voir quels sont les secteurs qui ont le potentiel de tirer l’économie vers le haut. Le secteur financier et le tourisme maintiennent leur importance. L’économie bleue et le secteur agricole ont du pain sur la planche. L’intelligence artificielle et le secteur pharmaceutique demandent des investissements à coup de milliards de roupies. Leur développement requiert beaucoup de temps et un savoir-faire. Ce sont des secteurs dont on parle depuis plusieurs années. Je ne pense pas que nous verrons de grands développements dans le secteur pharmaceutique ou l’intelligence artificielle à Maurice durant les cinq prochaines années. Qui va venir investir à Maurice, y produire et exporter dans le secteur pharmaceutique? Il faut oublier cette idée. Concentrons-nous sur les secteurs actuels qui ont du potentiel avec des gains rapides.</p> </div> <div class="field field--name-field-disqus field--type-disqus-comment field--label-hidden field--item"><drupal-render-placeholder callback="Drupal\disqus\Element\Disqus::displayDisqusComments" arguments="0=Sudesh%20Lallchand%2C%20%C3%A9conomiste%20%3A%20%C2%AB%20Maurice%20ne%20pourra%20pas%20atteindre%20une%20croissance%20de%206%20%25%20avant%202026%20%C2%BB&amp;1=http%3A//defimedia.info/sudesh-lallchand-economiste-maurice-ne-pourra-pas-atteindre-une-croissance-de-6-avant-2026&amp;2=node/167075" token="SIz-ABiH-EKtVVjAOw99DTnKEvconY-SGEOwuTpjMPQ"></drupal-render-placeholder></div> Tue, 07 Jan 2025 04:02:00 +0000 Fabrice Laretif 167075 at http://defimedia.info Yvan Martial : « Il fallait introduire une dose de proportionnelle entre 2014 et 2024 » http://defimedia.info/yvan-martial-il-fallait-introduire-une-dose-de-proportionnelle-entre-2014-et-2024 <span>Yvan Martial : « Il fallait introduire une dose de proportionnelle entre 2014 et 2024 »</span> <span><span lang="" about="/users/philbert" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Patrick Hilbert</span></span> <span>dim 05/01/2025 - 08:53</span> <div class="field field--name-field-main-picture field--type-image field--label-hidden field--item"> <img src="/sites/default/files/styles/node_content_picture/public/yvan_martial_1_0.jpg?itok=YI8FybBM" width="1280" height="720" alt="" typeof="foaf:Image" class="img-responsive" /> </div> <div class="field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field--item"><p>Observateur aguerri de la scène politique mauricienne, Yvan Martial, journaliste chevronné, historien et ancien rédacteur en chef de l’express, porte un regard acéré sur l’état du pays en ce début d’année 2025. Alors que le gouvernement s’installe, les attentes citoyennes s’intensifient devant les promesses faites durant la campagne électorale, il partage ses réflexions sur les défis qui attendent Maurice. Fidèle à sa réputation d’homme franc et visionnaire, il revient sur les enjeux d’un paysage politique en quête de renouveau, tout en posant un regard lucide sur l’avenir du pays.</p> <p><strong>Comment décririez-vous l’état actuel du pays en ce début de 2025&nbsp;?</strong></p> <p>Comment le faire&nbsp;? Il faudrait pouvoir dire&nbsp;: «&nbsp;L’État c’est moi&nbsp;». Être ridicule mais point à ce point. Notre population se divise en 1,3 million d’habitants de mille races, religions, cultures, préjugés, idées fixes, etc. Je n’épouse pas les convictions de mon épouse et vous me demandez de parler au nom du pays. Je peux seulement inviter d’éventuels lecteurs à définir leur état présent et à savoir où puiseront-ils le courage pour poursuivre leur route, en respectant la mission patriotique qu’ils se sont assignés, en sachant que ce que nous faisons ici-bas tombera dans l’oubli. Mais au moins pouvons-nous vivre nos passions. Faire librement ce qui nous tient à cœur. Que peut-on, ici, espérer de mieux&nbsp;? Nous aspirons pourtant au bonheur parfait et infini. Seul Quelqu’Un, plus grand que nous, peut nous accorder miséricordieusement cette grâce. Le pays c’est notre population. Vous et moi. Douter du pays. S’en méfier.</p> <p>C’est voir le Diable en notre frère, père, enfant. Prions plutôt pour qu’ils soient des saints. Nos mentors. Notre pays progresse quand nous progressons. Il régresse quand nous régressons. Décisive est la contribution de chacun d’entre nous. Je compte sur vous. &nbsp;&nbsp;</p> <p><strong>Quels sont les principaux défis politiques auxquels Maurice devra faire face cette année&nbsp;?</strong></p> <p>Retenons le qualificatif « politique ». Donnons-lui son sens le plus noble, le plus caritatif,&nbsp;l’amour du prochain. Traduisons-le par le privilège d’être au service de qui s’enhardit à solliciter notre aide. Servons au mieux. Améliorons ainsi notre vivre ensemble. L’élevant à des hauteurs insoupçonnées. Notre consécration au service d’autrui peut susciter de fructueuses élévations. Privilégions ceux qui nous sont confiés contre salaire (l’élève de l’instituteur, le malade de l’infirmier, la femme battue de la policière dévouée, l’adolescent toxicomane et son rédempteur, le désespéré et son Bon Samaritain)&nbsp;</p> <blockquote> <h2>Depuis l’Indépendance, notre classe politique, MMM compris, a assassiné notre démocratie régionale, alors que le colonialisme anglais en avait fait un gouvernement parallèle"</h2> </blockquote> <p><strong>Le nouveau gouvernement est en poste depuis 45 jours. Les premiers signes sont-ils positifs ? Sont-ils à la hauteur des promesses de changement faites pendant la campagne électorale ?</strong></p> <p>Lundi dernier, lors d’un somptueux dîner, qu’offrait à ses innombrables amis et proches l'ex-vice-président de la République (2000-05), Raouf Bundhun, pressentant votre question, un voisin de table me confie&nbsp;: «&nbsp;Je compare le gouvernement PTr/MMM à une boisson gazeuse. C’est l’effervescence. Cela fait pschitt&nbsp;! Profitons-en&nbsp;». Contrairement à ce que radotait Laetitia, la mère de Napoléon, «&nbsp;ça ne dourera pas&nbsp;!&nbsp;» L’avenir et notre électorat, seuls, diront si députés et ministres, seniors et juniors, du 10.11.2024, sont ou non à la hauteur. Un point significatif&nbsp;: ils promettent de faire ce qu’ont point fait, allèguent-ils, les ministres MSM. Nous les jugerons à leur aune. Après une décennie de règne ramgoolamien (2005-14), teintée de coffres-forts et de cotomili, nous avons compris que les promesses des minus de la Kwizinn Fanta étaient foncièrement mensongères. L’espoir que le bien peut venir des autres, ministres, nouveaux ou anciens, compris, fait vivre les imbéciles. Seuls ceux, faisant le bien autour d’eux, peuvent nous sauver de la médiocrité. Nul besoin d’élections pour cela. Ils se lèvent, nouent leur tablier et s’activent au service d’autrui. Que cela plaise ou déplaise. La presse les ignore. À nous de les découvrir à l’œuvre et joindre nos efforts aux leurs. &nbsp;&nbsp;</p> <p><strong>Certaines personnes restent sceptiques par rapport à l’entente entre le PTr et le MMM et prédisent l’éclatement de cette coalition avant 2029. Qu’en pensez-vous ?</strong></p> <p>Une certitude. Le premier, du PTr ou du MMM, qui se sentira évincé, émasculé, mendiera l’aide de la Kwizinn Orangina (…) Mais mon souhait le plus cher est que Moustass et Navin me prouvent que j’ai tort d’être aussi …réaliste. L’Histoire m’interdit de passer l’éponge, rouge ou mauve, sur nos récentes tragédies partisanes.&nbsp;</p> <p><strong>Quid de Rezistans ek Alternativ et des Nouveaux Démocrates ?</strong></p> <p>J’exclue les Nouveaux Démocrates. Ayant fait partie d’alliance politique au pouvoir, ils ont eu l’occasion de montrer ce qu’ils valent. Les trois parlementaires de ReA doivent prendre congé politiquement de leur parti, pour le laisser agir comme l’électron libre qu’il doit rester, pour notre salut. Plus le ReA extraparlementaire critiquera le gouvernement du prétendu Changement et mieux ce parti, tellement prometteur, conservera sa crédibilité. Plus sommes-nous proches d’un Pouvoir et mieux devons-nous, pour son salut, le critiquer sévèrement, sous peine de complicité accablante. Si le Pouvoir est assez con pour ne pas supporter la moindre critique, surtout méritée, qu’il nous sauve en nous désavouant. Le grand souffle de la Liberté est mille fois préférable à l’air empuanti de tout cabinet, surtout incapable de se sentir mauvais. Inutile est tout conseil non sollicité. J’exhorte quand même car il s’agit d’Ashok Subron et de Kugan Parapen. À leur place, j’aurais chaque jour choisi, à partir des journaux, le problème de sécurité sociale le plus criard et je n’irais pas dormir tant qu’il n’aura pas été réglé durablement, en tenant compte de son aspect général. Deux fois, 1 825 problèmes individuels réglés en cinq ans, ce n’est pas beaucoup. Mais si leur solution empêche toute récidive, il pourrait en résulter une meilleure prise en charge de l’île Maurice souffrante.&nbsp;</p> <blockquote> <h2>Vouloir le Changement, sinon l’amélioration, c’est bien mais l’Imagination au Pouvoir, c’est mieux"</h2> </blockquote> <p><strong>Les dernières élections ont encore prouvé que les partis émergents comme Linion Moris n’émergent pas, même s’ils ont été actifs sur le terrain et dans les médias. Comment peuvent-ils peser sur l’échiquier politique ?</strong></p> <p>C’est une catastrophe démocratique. Pour la 5e fois, nous plébiscitons un Parlement sans opposition ou presque. Fort heureusement, la zizanie ne tardera guère à pointer son vilain nez. Il suffira d’une révocation ministérielle bien ciblée pour que Lesjongard perde son titre de chef d’opposition, à peine étrenné, et cède sa place à des dindons de la farce, déçus d’un changement mais pour le pire. Je les entends pleurnicher&nbsp;: «&nbsp;Bezerr restt bezerr&nbsp;! Si nous refaisons alliance avec ces gens-là, appelez-nous scatophages&nbsp;!&nbsp;»</p> <p><strong>Pourquoi l’émergence de nouvelles voix est-elle aussi difficile ?</strong></p> <p>Nous parlons ici de politique et non de The Voice, ni de Star Academy. La réponse est cruellement simpliste. Les propriétaires et héritiers des partis, ayant plus ou moins réussi à s’incruster sur le poteau du Pouvoir politique, s’entendent, comme larrons en foire, pour exclure tout nouveau venu, grâce à un néfaste système électoral du First Past The Post. Ils savent le parti unique présentement inacceptable. Ils tolèrent le jeu malsain d’alliances électorales interchangeables. Ils tolèrent l’indécent concubinage électoral, nous valant des Assemblées Nationales tellement bordéliques. Le perdant, à ce tour de… passe-passe, préfère le froid polaire de la traversée du désert plutôt qu’entrouvrir la porte à nouvelles voix. Je l’entends prier frénétiquement&nbsp;: «&nbsp;Dieu Omnipotent&nbsp;! Fais que ce mariage du lapin et de la carpe se brise sans tarder. Fais que la démangeaison de l’instabilité chronique divise ce que l’électorat a uni&nbsp;!&nbsp;»</p> <p><strong>Voyez-vous émerger de nouvelles figures pour prendre la relève de Navin Ramgoolam et Paul Bérenger ?</strong></p> <p>À nouvelles « figures », supposant la désignation de telles personnes aux dépens d’autres, je préfère exprimer des attentes que la population pourrait ratifier à moins qu’elle estime que je déconne. Si nous voulons le Changement, nous devons discerner ces Changements pour le mieux, leurs auteurs, promoteurs, réalisateurs, leurs bénéficiaires. Nous les trouverons dans toutes les sphères de services publics et pas seulement de la fonction publique. Quelques exemples concrets. Depuis l’Indépendance, notre classe politique, MMM compris, a assassiné notre démocratie régionale, alors que le colonialisme anglais en avait fait un gouvernement parallèle. Restaurons-la. Faisons de chaque maire, de chaque président de district, l’équivalent d’un Premier ministre sur sa commune, l’équivalent d’un chef-commissaire de Rodrigues. Encore que ce dernier règne sur 40 000 sujets, contre une centaine de milliers pour leurs homologues mauriciens. Quand manifesteront-ils leur colère&nbsp;? Ranjiv Woochit peut-il imposer à nos municipalités et conseils de district la publication mensuelle d’un magazine, à distribuer gratuitement, pour informer leurs administrés de ce qu’ils ont accompli pendant le mois écoulé et ce qu’ils projettent pour le mois à venir&nbsp;? S’il ne peut pas faire ça qu’il démissionne. Mahend Gungapersad peut-il, avant le 30 août prochain, imposer à nos écoles des compétitions inter-établissements en diverses disciplines (sportive, artistique, musicale, théâtrale, jardinage, élevage, artisanat) aux niveaux locaux, régionaux, nationaux&nbsp;? Anil Bachoo peut-il immédiatement rétablir l’ancienne compétition, mise en place par le regretté Dr Vel Pillay, révélant le ward hospitalier le mieux tenu et entretenu, pour la plus grande satisfaction des patients&nbsp;? Mahendra Gondeea peut-il organiser, d’ici fin juin 2025, la meilleure dissertation de collégiens sur les thèmes suivants (au choix)&nbsp;: 225 ans de la mort de Malartic et création du Collège Royal&nbsp;; 200 ans du parlementarisme mauricien&nbsp;; 175 ans de la municipalité de Port-Louis, de notre Cour suprême, de la Chambre de Commerce, de la cathédrale Saint-James, de la Congrégation des religieuses du Bon Secours&nbsp;; 100 ans du Hindu Maha Sabha&nbsp;; 75 ans de la visite de Manilal Doctor, d’élections urbaines à Curepipe, BBRH et Quatre-Bornes&nbsp;; 50 ans de Gervaise, du camion fou de Rose-Belle, de l’incendie de la rue Edith-Cavell, de la révolte estudiantine de Mai-1975&nbsp;? Ce n’est pas grand-chose mais ça peut dynamiser la jeunesse mauricienne et raffermir son amour de la patrie. Le Commissaire de police peut-il être plus explicite quant au nombre exact de policiers affectés quotidiennement, sur le terrain et non dans les bureaux, à la sécurité des usagers du transport en commun, comme du public dans chaque station area, dans chaque hôpital, etc. Vouloir le Changement, sinon l’amélioration, c’est bien mais l’Imagination au Pouvoir, c’est mieux. C’est du moins ce que hurlaient les révolutionnaires de Mai-1968. Il suffit de nous inviter à proposer les changements auxquels nous aspirons.&nbsp;</p> <blockquote> <h2>Gardons nos 21 circonscriptions mais avec&nbsp;deux élus directs chacune (les deux premiers&nbsp;de tout résultat électoral) et un possible&nbsp;3e désigné à la proportionnelle"</h2> </blockquote> <p><strong>Est-ce que le 60-0 du 10.11.2024 est une bonne chose pour la démocratie avec seulement deux députés de l’opposition au Parlement ?</strong></p> <p>Pas question de changer brutalement notre système électoral, aussi néfaste puisse-t-il être, puisqu’il nous vaut, en six décennies, cinq Parlements sans opposition ou presque, avec les risques dictatoriaux que cela comporte. La population préfère qu’on améliore ce qui existe déjà et lui sert de repères, plutôt que de s’égarer en de folles aventures, du genre «&nbsp;Seconde République&nbsp;». Gardons nos 21 circonscriptions mais avec deux élus directs chacune (les deux premiers de tout résultat électoral) et un possible 3e désigné à la proportionnelle. Cela totalise 42 députés élus directement. Restent 28 sur 70 parlementaires. Désignons-les à la proportionnelle. Selon les statistiques électorales du 10.11.2024, on obtiendrait la répartition suivante de députés désignés proportionnellement&nbsp;: PTr/MMM, 17 députés (+ 40 auxquels s’ajoutent les 2 députés OPR=59)&nbsp;; MSM, 8 députés&nbsp;; LinionMoris 1 député (Roshi Bhadain)&nbsp;; Alliance Libération, 1 députée (Dianette Henriette-Manan)&nbsp;; Indépendants, 1 député (Nazurally). Pareil système maintient tragiquement le risque d’une majorité parlementaire des trois quarts, capable de « changer » radicalement notre Constitution, pour le meilleur ou pour le pire. Mieux rodé, ce système pourrait renforcer l’opposition parlementaire. N’oublions jamais qu’un gouvernement minoritaire peut obtenir l’approbation parlementaire de nouvelles lois si elles sont consensuelles. Cela vaut même pour un amendement constitutionnel. Mais il faut préalablement apprendre à devenir consensuel à force de dialogue, d’écoute des autres, d’esprit de compromis. Un art dans lequel excellait Seewoosagur Ramgoolam. Mais n’est pas SSR qui veut. Certes pas l’idéal.&nbsp;</p> <p><strong>Voyez-vous un changement significatif dans la participation des jeunes à la politique ?</strong></p> <p>Ajoutons-y les femmes. Ma réponse est « oui » mais à condition que nos partis politiques à vocation électorale offrent immédiatement à leurs ailes « jeunes » et «&nbsp;femmes&nbsp;» la liberté, sans ingérence d’aucun leader, de désigner par elles-mêmes un nombre (à définir) de candidats jeunes et de candidates, lors de prochains scrutins. Qu’ils fassent cela et ils seront les premiers surpris du dynamisme que cela peut déclencher. Qu’ils persistent dans leur refus d’accorder cela et nous aurons la preuve que plus ça change et plus ça reste dramatiquement pareil.</p> <blockquote> <h2>Vous me direz qu’à 37 %, on est au pouvoir et à 27 % «&nbsp;dan karo kann&nbsp;».&nbsp;En cela le MSM a… fauté"</h2> </blockquote> <p><strong>Comment expliquer l’énorme défaite du gouvernement MSM, en alliance avec le PMSD, ne récoltant que 27,8 % des voix ?</strong></p> <p>De quelle défaite parlez-vous&nbsp;? Dix pour cent de suffrages en moins n’est pas la fin du monde. Le PTr et le MMM possèdent-ils réservoir aussi appréciable&nbsp;? Qu’ils n’accaparent pas superficiellement les votes BLD. Rendez-vous aux prochaines Municipales. S’ils sont encore alliés. Nombre de partis européens apprécieraient une tranche électorale aussi épaisse. . Il fallait introduire une dose de proportionnelle entre 2014 et 2024. Aster tro tar&nbsp;! Mais la vie continue. Les perdants ne sont pas réduits à la mendicité. J’en connais qui viendront, avec leur langue cravate, mendier le soutien de Pravind Jugnauth, sous prétexte que son allié du 10.11.2024 pe fer mari dominer. La politique est affaire de patience. Il suffit d’attendre que l’adversaire fasse sa première couillonnade, pour voir rappliquer les carapates ayant changé de chiens, avant même le 10.11.2024. La population n’a pas oublié la partielle de mars 2009 au N°8, ni l’éphémère victoire PTr/MSM de 2010. Idem pour le mendiant Bérenger, suppliant, avant 2012, Bhai Anerood de ne plus être réduit au Réduit, sous le prétexte fallacieux que le «&nbsp;sinistre&nbsp;» Navin Ramgoolam conduisait le pays à sa ruine. &nbsp;</p> <p>Pravind Jugnauth pourra-t-il se relever de cette défaite et des scandales entachant l’ancien gouvernement ? Cela d’autant plus que le nouveau régime annonce une série d’enquêtes.<br /> Les scandales sont faits pour être oubliés. Qui parle désormais de coffres-forts, de cotomili, de Macarena, de ‘tous sali’, de gros légumes frôlant le délirium tremens&nbsp;? Anticipons plutôt des comeback retentissant, des rénovations culinaires, des retours au-devant de la scène, la découverte enfin de parfums d’Arabie.</p> <p><strong>Quels scénarios politiques envisagez-vous pour Maurice d’ici la fin de l’année 2025&nbsp;?</strong><br /> Depuis quand demande-t-on à un téléspectateur passif et poussif d’imaginer la fin de son feuilleton préféré. Qui vivra verra.&nbsp;</p> </div> <div class="field field--name-field-disqus field--type-disqus-comment field--label-hidden field--item"><drupal-render-placeholder callback="Drupal\disqus\Element\Disqus::displayDisqusComments" arguments="0=Yvan%20Martial%20%3A%20%C2%AB%20Il%20fallait%20introduire%20une%20dose%20de%20proportionnelle%20entre%202014%20et%202024%20%C2%BB&amp;1=http%3A//defimedia.info/yvan-martial-il-fallait-introduire-une-dose-de-proportionnelle-entre-2014-et-2024&amp;2=node/167028" token="sDDVhN4cM5YoDq-05OcNk-aB-RfDX4xLY9HxQaN6UZw"></drupal-render-placeholder></div> Sun, 05 Jan 2025 04:53:00 +0000 Patrick Hilbert 167028 at http://defimedia.info