Interview http://defimedia.info/categorie/interview fr Laval Savreemootoo : «Les Mauriciens cherchent des terrains dans des régions où la sécurité et le calme prévalent» http://defimedia.info/laval-savreemootoo-les-mauriciens-cherchent-des-terrains-dans-des-regions-ou-la-securite-et-le-calme-prevalent <span>Laval Savreemootoo : «Les Mauriciens cherchent des terrains dans des régions où la sécurité et le calme prévalent»</span> <span><span lang="" about="/users/pdaby" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Pradeep Daby</span></span> <span>sam 27/04/2024 - 08:00</span> <div class="field field--name-field-main-picture field--type-image field--label-hidden field--item"> <img src="/sites/default/files/styles/node_content_picture/public/100424_laval.jpg?itok=z0R0R9id" width="1280" height="720" alt="" typeof="foaf:Image" class="img-responsive" /> </div> <div class="field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field--item"><p>L’enjeu autour des terrains à bâtir a toujours été au centre des problématiques sociales et économiques à Maurice, accentué par l’insuffisance d’offres et leur coût. Le président de l’Estate Agents Association, Laval Savreemootoo, attribue également la montée vertigineuse des prix des terrains dans certaines régions de l’île à la surenchère engendrée par les offres des Mauriciens expatriés.</p> <p><strong>Comment le secteur de l’immobilier a-t-il repris après la crise engendrée par la Covid-19 et la guerre en Ukraine ?</strong><br /> Comme de nombreux autres grands secteurs, le secteur de l’immobilier a été à l’arrêt en raison de la crise économique engendrée par la Covid-19, ce qui avait contracté notre économie par environ 15 %. Le confinement a privé d’un seul coup la plupart des chantiers de construction, grands, moyens et petits de travailleurs de même que de matériaux de construction. Des personnes qui avaient contracté des prêts immobiliers auprès des banques ont été dans de grandes difficultés : d’une part, leurs projets de construction étaient en suspens, ou n’avaient pu voir le jour et, d’autre part, ils ne percevaient plus de salaires pour rembourser ces mêmes prêts. Mais, je crois que les banques leur avaient accordé des moratoires. Ça a été une crise économique inédite parce que celle de 2007-2008 n’était pas une crise sanitaire. Tout le monde s’était posé la même question : quand allions-nous mettre au point un vaccin contre la Covid-19 ?</p> <p><strong>Quels sont les principaux facteurs qui ont permis la reprise ?</strong><br /> La découverte d’un vaccin, suivie de plusieurs autres, la campagne de vaccination de même que les soutiens aux salaires et aux entreprises et le télétravail ont favorisé le retour au travail. Dans notre secteur, le remboursement de 5% du frais de l’enregistrement jusqu’à un plafond de Rs 500 000 a grandement contribué à la reprise, et avec un intérêt dérisoire des banques, les Mauriciens ont pu investir dans l’achat d’un bien immobilier plutôt que de placer leur argent dans une banque. La crise économique provoquée par la pandémie de Covid-19 avait créé un véritable climat d’incertitude caractérisé par le manque de visibilité dans les affaires.&nbsp;</p> <blockquote> <p>…il existe des communautés de notre pays qui recherchent des localités spécifiques pour acheter des terrains à bâtir.&nbsp;Je pense que c’est une forme d’instinct grégaire qui les pousse à se retrouver entre elles dans un même endroit…»</p> </blockquote> <p><strong>Durant la crise, le gouvernement a maintenu ses grands travaux d’infrastructures routières et ceux du Metro Express. Quel peut être l’impact du tramway mauricien sur le secteur de l’immobilier ?</strong><br /> L’extension du Metro Express jusqu’aux régions rurales va donner naissance à de nouvelles villes, mieux pensées, structurées, intégrées et tenant en ligne de compte les enjeux environnementaux. Il y a des espaces pour y arriver et avec moins de problèmes concernant le rachat obligatoire de terres pour la voie ferrée. Il y aura de réelles perspectives d’emplois dans différents piliers de notre économie. Je pense que ces nouveaux espaces de vie/travail/loisirs vont valoriser les terrains ruraux. Il faudra s’attendre à des conversions de petits lots de terrains agricoles en terrains résidentiels avec des prix à la portée des bourses mauriciennes. Cela dit, dans l’immédiat, je ne constate pas beaucoup d’engouement de la part des Mauriciens d’aller habiter dans des régions rurales, cela étant dû à l’absence d’infrastructures et peut-être en raison d’une certaine réalité culturelle et confessionnelle. Les préférences restent les mêmes, notamment dans certaines villes comme Quatre-Bornes où les prix des terrains ont connu des hausses vertigineuses. Mais, il n’y a plus beaucoup de terrains à vendre dans ce coin. En revanche, dans la région de Beaux-Songes, il y a encore des terres.</p> <p><strong>Pourquoi parlez-vous de « réalité culturelle et confessionnelle » ?</strong><br /> Il faut savoir qu’il existe des communautés de notre pays qui recherchent des localités spécifiques pour acheter des terrains à bâtir. Je pense que c’est une forme d’instinct grégaire qui les pousse à se retrouver entre elles dans un même endroit.</p> <p><strong>L’enjeu environnemental est-il pris en compte par les professionnels de l’immobilier ?</strong><br /> En effet, depuis ces dix – et plus - dernières années, lorsque de grosses inondations meurtrières sont intervenues, il y a eu la promulgation des règlementations ainsi que l’établissement des régions à risque d’inondation. Aujourd’hui, les agents immobiliers accrédités connaissent ces régions, sauf les agents dits ‘marrons’. Si cette cartographie de régions à problèmes a été bien accueillie, elle a, en revanche, déçu certaines personnes ou familles qui voient désormais leurs terres classées comme ‘non-résidentielles’ ou ‘marécageuses’. Certains ont eu plus de chance pour avoir réussi à vendre leurs terrains à problèmes avant cette classification. Ce sont les acheteurs qui ont hérité de ces ‘bébés’ désormais classées ‘non-résidentielles’ alors qu’ils pensaient peut-être investir dans un bien dont le prix ne ferait que prendre l’ascenseur année après année.&nbsp;</p> <p>Un autre exemple : les terrains vendus sur le flanc de la montagne à Tamarin. À l’époque, la loi permettait les constructions sur des terrains avec des pentes de 30 degrés. Plus aujourd’hui ! La loi a revu la pente à 20 degrés. Est-ce que les autorités ont agi par principe de précaution ou redoutent-elles, avec le réchauffement climatique et la montée des eaux de l’océan, des menaces aux populations côtières ?</p> <blockquote> <p>L’extension du Metro Express jusqu’aux régions rurales va donner naissance à de nouvelles villes, mieux pensées, structurées, intégrées et tenant en ligne de compte les enjeux environnementaux.»</p> </blockquote> <p><strong>Vous faites état d’agents immobiliers ‘marrons’. Sont-ils une menace pour les professionnels ?</strong><br /> Ce sont des courtiers qui agissent souvent en petits groupes organisés et qui n’ont aucune existence légale et, bien entendu, ne possèdent ni bureau ni personnel. Ils ont peut-être un emploi fixe mais leur deuxième emploi comme ‘courtier’ leur permet de toucher des sommes rondelettes. Chaque matin, ils consultent les petites annonces dans la presse et se mettent en contact avec les vendeurs de biens immobiliers, leur promettant de leur trouver des clients sans toucher une commission en pratique par les agents accrédités. À partir de là, commence un enchaînement de surenchères. Le ‘courtier’, face à un premier client, lui affirme qu’il est déjà en présence de deux ou trois autres clients et qu’il serait mieux avisé qu’il (le premier client) fasse un dépôt avant les autres. Comme je viens de vous le dire, le ‘courtier’ ne connaît pas l’état du terrain mis en vente ni l’endroit où il est situé. Il n’est pas rare que des courtiers travaillent de mèche avec certains notaires qui savent où se trouvent des terrains sur lesquels il n’y a pas de réclamation depuis des années.</p> <p>De telles transactions, par ailleurs, ne permettent pas de connaître l’identité d’un acheteur, notamment de savoir s’il se sert d’un investissement dans un bien immobilier pour blanchir de l’argent mal acquis. Mais, depuis 2020, le secteur est sous étroite surveillance des autorités qui ont mis en place des mécanismes de traçabilité qui permettent de vérifier l’origine de capitaux engagés dans des projets immobiliers. Des enquêtes à l’étranger ont révélé que toutes les professions au cœur d’échanges financiers – agents immobiliers, avocats, banques, notaires, experts-comptables, opérateurs de jeu -, sont spécifiquement impliqués dans la lutte contre le blanchiment d’argent. Moi-même j’avais été appelé à fournir des explications sur notre métier devant des spécialistes étrangers lorsque l’île Maurice avait été inscrite sur la liste noire de l’Union européenne. Depuis, à chaque étape de l’acquisition d’un bien immobilier supérieur à Rs 500 000, il faut que chaque partie, de la banque au notaire, entre autres, fasse un exercice de vérification. À ce jour, je suis satisfait qu’il existe un ‘due diligence’ dans notre métier mais je ne crois pas que les courtiers ‘marrons’ se plient aux normes en vigueur à la Real Estate Agent Authority Act 2020.</p> <p><strong>Les Mauriciens investissent-ils dans les terres ou dans les appartements ? Et quelles sont les régions qu’ils privilégient ?&nbsp;</strong><br /> Ils préfèrent investir dans des terrains car cela leur permet de construire leurs maisons selon leurs goûts. Les régions qu’ils préfèrent sont les régions côtières et les villes. Mais la réalité est plus nuancée : ils cherchent des terrains dans des régions où la sécurité et le calme prévalent. C’est sans doute le premier critère qu’ils retiennent et c’est aussi un des facteurs qui expliquent la cherté des terrains à bâtir. Dès qu’une région, un coin, une rue commence à se faire une réputation en trafic de drogues ou a été le spectacle d’un crime ou encore de cambriolages récurrents, le coût des terres ou logements qui s’y trouvent dégringole même si cette région se trouve dans le faubourg d’une ville. Depuis ces vingt dernières années, l’enjeu sécuritaire est devenu central dans les transactions immobilières. C’est pour cette raison que les ‘gated areas’ connaissent une grande demande même si leurs prix ne sont pas toujours accessibles.</p> <p>Mais les jeunes couples professionnels sont disposés à s’endetter sur le long terme pourvu qu’ils aient la certitude d’être en sécurité. Quant aux appartements, il n’y a pas longtemps, ils peinaient à trouver preneurs. Mais depuis la fin du confinement et avec la reprise, ces immeubles connaissent un certain engouement en raison de la cherté des terrains à bâtir, leur insuffisance et les facilités de prêts offerts par les banques. Il y a aussi l’aspect sécuritaire offert par la vie en appartements. De plus en plus, on voit apparaître des appartements de haut standing vendus sous la formule VEFA (vente en l’état futur d’achèvement), et qui sont parfois construits proches du littéral. Ce sont souvent des résidences secondaires acquises par des locaux ou des expatriés qui les louent durant la saison estivale. Ce sont des placements utiles dans un pays qui est caractérisé par le manque de terrains à bâtir et une économie en croissance.</p> <blockquote> <p>La terre reste toujours un meilleur placement à Maurice, mais il n’existe, malheureusement, aucun mécanisme pour contrôler les prix et cela pénalise ceux qui souhaitent acquérir un bout de terrain.»</p> </blockquote> <p><strong>Quelle est la part des expatriés mauriciens dans les achats des terres à Maurice ? Sur quelles régions ces derniers portent-ils leurs préférences ? Y a-t-il des risques qu’ils agissent sur les coûts des terrains compte tenu qu’ils ont les moyens ?</strong><br /> Bien sûr. Cela ne date d’hier et ils ne sont pas les seuls. Les Mauriciens installés à l’étranger, comme vous le dites, ont fait des économies et ils sont nombreux ceux de la première génération partis en France et en Angleterre dans les années 70-80, qui veulent construire une maison à Maurice ou acheter un appartement vu qu’ils sont habitués à la vie en appartement en France ou en Angleterre. Lorsqu’ils sont en vacances à Maurice, ils veulent rapidement conclure l’achat d’un terrain, avec de l’argent à leur disponibilité. Il leur arrive d’offrir la somme réclamée par un vendeur sans trop chercher à connaître le prix exact du terrain. C’est comme ça qu’ils contribuent à la surenchère, laissant peu de chances aux nationaux d’acquérir des terrains. Auparavant, les terres à bâtir étaient à la portée des locaux mais cela est devenu de plus en plus irréalisable. Les personnes les plus affectées sont celles issues des classes moyennes, les classes au bas de l’échelle peuvent elles compter sur les logements sociaux construits par le gouvernement. Mais, depuis ces dernières années, le gouvernement met à la portée des classes moyennes un certain nombre de maisons avec un bout de terrain, les banques et les assurances les aidant également avec des prêts calculés sur leurs revenus.&nbsp;</p> <p><strong>Est-ce que Maurice a retrouvé son attractivité auprès des investisseurs étrangers dans le domaine de l’immobilier ?</strong><br /> Oui et il n’y a qu’à voir les récentes ventes de villas dans l’Ouest de Maurice ! Les agences immobilières étrangères implantées chez nous ont retrouvé leur dynamisme après la Covid-19 et il faut dire que l’île Maurice jouit d’une belle image auprès des ressortissants sud-africains et français qui connaissent très bien notre pays. Le fait que l’île Maurice jouit d’un climat favorable avec un bel littoral et un arrière-pays attrayant de même qu’une stabilité politique, économique et sociale, a grandement contribué à relancer les investissements étrangers dans notre secteur de l’immobilier.</p> <blockquote> <p>Lorsqu’ils (les expatriés mauriciens) sont en vacances à Maurice, ils veulent rapidement conclure l’achat d’un terrain, avec de l’argent à leur disponibilité. Il leur arrive d’offrir la somme réclamée par un vendeur sans trop chercher à connaître le prix exact du terrain.»</p> </blockquote> <p><strong>Estimez-vous qu’il pourrait exister à l’avenir un véritable enjeu autour de l’immobilier ?</strong><br /> Cet enjeu existe depuis des années ! Il ne fait que s’accentuer et il s’incarne surtout au sein des classes moyennes dont les revenus ne leur suffisent pas pour acquérir un terrain et pour y construire leurs maisons. Ces classes-là sont souvent issues des régions urbaines et elles ne sont pas encore prêtes à déménager de ces régions pour les raisons que j’ai citées plus haut. Je crois qu’il importe au gouvernement de procéder à des acquisitions obligatoires de terrains dans des régions excentrées et de les vendre à des prix accessibles en recourant aux services des petites agences immobilières. Ce serait là un moyen de nous aider car nous sommes exclus des grands projets immobiliers conçus et réalisés par les conglomérats qui possèdent des terrains sucriers. L’État doit déployer les mêmes moyens auxquels il avait recours pour le projet du Metro Express lorsqu’il avait racheté des terrains privés pour la ligne ferroviaire. Ce n’est qu’avec une telle ambition que des personnes issues des classes moyennes pourront acquérir des terrains à bâtir à des prix accessibles.&nbsp;</p> <p><strong>Le coût des terrains à construire reflète-t-il la réalité à Maurice ?</strong><br /> Non, car les prix ne cessent de grimper et les Mauriciens qui ont les moyens achètent pour leurs enfants et d’autres attendent que les prix augmentent pour revendre des parties de leurs terres. La terre reste toujours un meilleur placement à Maurice, mais il n’existe, malheureusement, aucun mécanisme pour contrôler les prix et cela pénalise ceux et celles qui souhaitent acquérir un bout de terrain…</p> <div class="alert alert-warning"> <p>Composition du Managing Committee de l’Estate Agents Association</p> <p>L’association a tenu récemment son assemblée générale. Voici les membres qui ont été élus à l’occasion.&nbsp;</p> <ul> <li>Président : Laval Savreemootoo</li> <li>Vice-Président : Mahendranuth Poligadoo</li> <li>Secrétaire : Arveen Ramphul</li> <li>Assistant-secretaire : Yogendrah Boodadoo</li> <li>Trésorier : (Mme) Rajkoomaree Vyravene</li> <li>Assistant-trésorier : Ashvin Bukhory</li> <li>Membre : Kevin Dukhira</li> </ul> </div> </div> <div class="field field--name-field-disqus field--type-disqus-comment field--label-hidden field--item"><drupal-render-placeholder callback="Drupal\disqus\Element\Disqus::displayDisqusComments" arguments="0=Laval%20Savreemootoo%20%3A%C2%A0%C2%ABLes%20Mauriciens%20cherchent%20des%20terrains%20dans%C2%A0des%20r%C3%A9gions%20o%C3%B9%20la%20s%C3%A9curit%C3%A9%20et%20le%20calme%20pr%C3%A9valent%C2%BB&amp;1=http%3A//defimedia.info/laval-savreemootoo-les-mauriciens-cherchent-des-terrains-dans-des-regions-ou-la-securite-et-le-calme-prevalent&amp;2=node/157082" token="LKbzLcnSz_jubY0pTrfOHe4HDkKvHUKyQa6HLpFsiVA"></drupal-render-placeholder></div> Sat, 27 Apr 2024 04:00:00 +0000 Pradeep Daby 157082 at http://defimedia.info Anishta Seesurrun (plantation et vente des légumes) : «Il ne faudra pas s’attendre à une baisse drastique des prix»  http://defimedia.info/anishta-seesurrun-plantation-et-vente-des-legumes-il-ne-faudra-pas-sattendre-une-baisse-drastique-des-prix <span>Anishta Seesurrun (plantation et vente des légumes) : «Il ne faudra pas s’attendre à une baisse drastique des prix» </span> <span><span lang="" about="/users/defiplus" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Defi Plus</span></span> <span>jeu 25/04/2024 - 07:30</span> <div class="field field--name-field-main-picture field--type-image field--label-hidden field--item"> <img src="/sites/default/files/styles/node_content_picture/public/anishta_seesurrun.jpg?itok=s7zBp20y" width="1280" height="720" alt="" typeof="foaf:Image" class="img-responsive" /> </div> <div class="field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field--item"><p>Anishta Seesurrun tire la sonnette d’alarme. Il faut agir dès maintenant pour aider les planteurs à se prémunir contre les effets du changement climatique, avance la jeune femme qui est dans la plantation et la vente des légumes. Elle fait aussi le point sur la production actuelle.&nbsp;</p> <p><strong>Quelle est la situation au niveau de la production de légumes ?&nbsp;</strong><br /> Vu que nous entamons la période hivernale, la production va reprendre. Il y aura plus de légumes sur le marché, surtout les légumes filants (NDLR : chouchou, calebasse, etc.). Par contre, il faudra prendre en compte le changement climatique. Il y a un dérèglement. Le sol est moins productif. Nous constatons aussi l’arrivée de nouveaux virus et bactéries qui attaquent certains légumes. C’est le cas de la pomme d’amour et du piment. Il ne faudra donc pas s’attendre à ce que les prix de ces deux produits baissent sensiblement. De manière générale, la production de légumes va s’améliorer, mais il ne faudra pas s’attendre à une baisse drastique des prix, pour diverses raisons. Les planteurs ont de nouvelles charges. Les prix des intrants (sel, engrais, etc.) ont augmenté. De même, un bon nombre de planteurs ont dû tout recommencer à zéro après avoir subi des pertes pendant la saison de pluie. Ce qui implique qu’ils doivent trouver de nouveaux fonds. Ce qui pèse sur les coûts de production. Mais, il y a surtout les effets du changement climatique. Il n’y a qu’à voir ce qui se passe actuellement à Dubaï (NDLR il est tombé l’équivalent de deux ans de pluies en 24 heures).&nbsp;</p> <p><strong>Les prix des légumes commencent à baisser. Cette tendance va-t-elle perdurer ?&nbsp;</strong><br /> En temps normal, les prix ont tendance à baisser en hiver. Mais, aujourd’hui, rien n’est certain en raison du changement climatique. La preuve, nous avons un anticyclone dans notre région, alors que nous sommes en avril. L’évolution des prix dépendra du climat. Les consommateurs devront s’adapter au fait qu’il n’y aura pas de baisses drastiques des prix.&nbsp;</p> <p><strong>Certains planteurs souhaitent que les autorités viennent de l’avant avec un plan directeur pour aider les planteurs à faire face aux aléas du changement climatique…&nbsp;</strong><br /> Je suis tout à fait d’accord ! Cependant, ce n’est pas d'un plan quinquennal dont nous avons besoin, mais d’un plan annuel. Il faudra agir maintenant, car aujourd’hui tout change. Outre les aléas du changement climatique, nous affrontons certains défis internationaux. Avec la crise actuelle au Moyen-Orient, il y a des problèmes d’approvisionnement qui se profilent. Si les bateaux sont retardés, nous serons affectés. À titre d’exemple, les planteurs n’auront pas dans les temps voulus des engrais et des pesticides que nous importons. Ce qui aura un impact sur la production locale.<br /> &nbsp;</p> </div> <div class="field field--name-field-disqus field--type-disqus-comment field--label-hidden field--item"><drupal-render-placeholder callback="Drupal\disqus\Element\Disqus::displayDisqusComments" arguments="0=Anishta%20Seesurrun%20%28plantation%20et%20vente%20des%20l%C3%A9gumes%29%20%3A%20%C2%ABIl%20ne%20faudra%20pas%20s%E2%80%99attendre%C2%A0%C3%A0%20une%20baisse%20drastique%20des%20prix%C2%BB%C2%A0&amp;1=http%3A//defimedia.info/anishta-seesurrun-plantation-et-vente-des-legumes-il-ne-faudra-pas-sattendre-une-baisse-drastique-des-prix&amp;2=node/157417" token="lzwwYEkrausLFUUk1XnAJ-3b3QjF8qLs6WLERdrDVEw"></drupal-render-placeholder></div> Thu, 25 Apr 2024 03:30:00 +0000 Defi Plus 157417 at http://defimedia.info Kris Valaydon : «Faire accepter l’alliance MSM-PMSD demande du temps» http://defimedia.info/kris-valaydon-faire-accepter-lalliance-msm-pmsd-demande-du-temps <span>Kris Valaydon : «Faire accepter l’alliance MSM-PMSD demande du temps»</span> <span><span lang="" about="/users/philbert" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Patrick Hilbert</span></span> <span>mer 24/04/2024 - 08:30</span> <div class="field field--name-field-main-picture field--type-image field--label-hidden field--item"> <img src="/sites/default/files/styles/node_content_picture/public/kris_valaydon_1.jpg?itok=d-lScyhS" width="1280" height="720" alt="" typeof="foaf:Image" class="img-responsive" /> </div> <div class="field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field--item"><p>Ancien haut fonctionnaire local et international, juriste et observateur politique, Kris Valaydon estime qu’une alliance entre le MSM et le PMSD pourrait ne pas être un pari gagnant. Sur les excès au Parlement, il estime qu’il est grand temps de changer les Standing Orders et la Constitution pour obliger le Speaker à adopter une attitude pro-démocratique.&nbsp;<br /> <br /> <strong>Mardi a été marqué par de nouveaux incidents au Parlement, avec d’abord des soucis au niveau des «&nbsp;sitting arrangements&nbsp;» suite à la nomination du nouveau leader de l’opposition, Shakeel Mohamed, et du whip de l’opposition, Patrick Assirvaden et ensuite de vifs échanges entre Paul Bérenger, Rajesh Bhagwan et le Speaker, Sooroojdev Phokeer. Ce qui a résulté en la suspension pour six séances des deux députés du MMM. Votre avis&nbsp;?</strong><br /> Pour les sitting arrangements, c'est de la routine, il y a des pratiques établies. Ça n’aurait pas dû poser de problème. Puisqu'il y a un nouveau leader de l'opposition, c'est à lui de travailler avec le bureau de l'Assemblée nationale et proposer la manière dont il compte organiser son front bench et le reste. Normalement, c’est ainsi que cela aurait dû se faire. Au sujet de ces expulsions, il est temps que l'opposition réalise que c'est une sempiternelle guerre du pot de fer contre le pot de terre, parce qu’il est pratiquement impossible d'empêcher le Speaker d'agir comme il le fait. Il peut expulser à sa guise pour n’importe quelle raison. Ceci est possible tout simplement parce que nous avons un système qui est dépassé. Nos procédures parlementaires ont été établies pour des politiciens d'une autre culture. Nous avons à Maurice le système de Westminster, mais nous ne sommes pas à la Chambre des communes en Angleterre. L'on doit réaliser que le contexte est différent ici. Il a évolué et le judiciaire n'offre pas de remède à un mal qui ronge le Parlement, résultant de la domination d'un parti politique au pouvoir. L'opposition tombe souvent dans le piège de la provocation et se fait expulser. Une expulsion prive l'élu de sa présence à l'Assemblée nationale, et implique l'impossibilité de servir et de représenter le peuple. Ces expulsions sont une négation de la démocratie parlementaire, de la démocratie représentative et est contraire même à la constitution, parce qu'elle empêche un élu de remplir son mandat. Paradoxalement, un Speaker nommé dans le contexte mauricien peut faire pratiquement ce qu'il veut contre l'opposition, si le gouvernement du jour le permet, le tolère. L'opposition gagnerait à présenter des excuses à chaque fois que le Speaker le lui demande et à ne pas en faire une question d'ego afin de ne pas tomber dans le piège qui lui est tendu. Le politicien de l'opposition doit pouvoir présenter ses excuses même s'il n'est pas en tort. C’est la seule façon de remporter cette bataille contre le Speaker. Je note aussi que lors de la dernière séance, on a entendu traiter de fou deux parlementaires qui sont des représentants du peuple.&nbsp;On doit se demander si cela est « parliamentary » de la part du Speaker.</p> <p><strong>Pensez-vous qu’il faudrait changer le mode de nomination du Speaker. Si oui, comment faudrait-il procéder&nbsp;?</strong><br /> C'est peut-être une solution, quoique je pense que c'est beaucoup plus une question de dégradation de la culture politique, de la culture tout court des élus qui nous amène à la situation dont nous sommes témoins aujourd'hui au niveau du Parlement. Certes, le mode de nomination du Speaker peut être un facteur de cette dégradation. Un nouveau mode de nomination devrait avoir comme objectif de réduire l'arbitraire chez le Speaker et pour cela, il faut qu’il soit choisi par consensus vrai. Que tous les partis politiques soient d'accord sur celui qui est apte à agir en tout indépendance. Ceci faisant, il n'aura pas besoin d'être complaisant envers qui que ce soit.&nbsp;</p> <p>On pourrait étudier la méthode britannique, c’est-à-dire avoir un safe seat, mais qui suppose que les principaux partis politiques soient d'accord sur le choix. Étant donné que cela serait impossible à réaliser à Maurice, on peut considérer une proposition selon laquelle le Speaker peut être démis de ses fonctions grâce à une motion de blâme non pas sur une majorité simple des membres du Parlement, mais disons d'un quart des membres de l'Assemblée nationale. C'est-à-dire que ce n'est pas le gouvernement seul, voire le parti au pouvoir qui décide si un Speaker doit rester ou doit partir. Il faut rendre le siège du Speaker éjectable même si une minorité relative des membres de l'Assemblée nationale le souhaite.</p> <p><strong>Est-il aussi temps de changer les «&nbsp;Standing Orders&nbsp;» qui régissent le bon fonctionnement du Parlement&nbsp;?&nbsp;</strong><br /> C'est tout le système du droit parlementaire qu'il faut revoir. La Constitution est laconique sur la procédure parlementaire et laisse au Parlement de déterminer la manière dont il va conduire ses travaux. Il est temps d'inscrire dans la Constitution une protection de l'Assemblée nationale contre l'arbitraire d'un Speaker et que soit prévu une procédure rapide au niveau du judiciaire pour traiter les litiges au niveau du Parlement ayant trait aux décisions de ce dernier. Il faut revoir cette disposition qui veut qu'une majorité simple est nécessaire pour garder un Speaker à son poste, puisque tous les gouvernements ont forcément plus de 50&nbsp;% de soutien à l'Assemblée nationale. Ceci fait que le Speaker est protégé par le gouvernement aussi longtemps que ce dernier le trouve nécessaire. Donc, pour être sûr de rester, le Speaker n'a qu'à faire le jeu du gouvernement. Ceci est une contradiction flagrante et permanente de notre démocratie. Ceci fait que le pays est condamné à vivre ces inépuisables scénarios d'expulsions et des actes qui ne font pas honneur aux principes fondamentaux de la démocratie parlementaire.</p> <p><strong>Shakeel Mohamed a été nommé leader de l’opposition. Est-ce un bon choix, selon vous&nbsp;? Pourquoi&nbsp;?</strong><br /> C'est un député d'expérience avec un raisonnement juridique. Il est incisif et pointu. Je pense qu'il peut donner du fil à retordre au gouvernement et même au Speaker. Mais attention à ne pas tomber dans le piège des expulsions. Il a aussi un rôle de coordination à jouer et une responsabilité quant aux relations avec d'autres partis constituant l'opposition parlementaire. Il doit pouvoir maintenir une cohésion et rassembler les forces de l'opposition, puisqu’il n'est pas impossible qu’une «&nbsp;opposition loyale&nbsp;» fasse surface d’ici peu.</p> <p><strong>Dimanche, l’alliance PTr-MMM-PMSD a vu le départ du PMSD. Était-ce prévisible&nbsp;? Cela joue-t-il en faveur du gouvernement&nbsp;?</strong><br /> C'est facile d'être wise after the event. En règle générale, toutes les alliances sont fragiles. &nbsp;C'est pourquoi il ne faut pas les contracter trop tôt.&nbsp;</p> <p>Ce départ joue-t-il en faveur du gouvernement&nbsp;? Il est trop tôt aussi pour se prononcer à ce sujet. Dans l'opinion publique, on sent une condamnation de la conduite du leader du PMSD alors qu'il jouissait jusqu'à présent d'une bonne réputation en tant que leader de l'opposition. &nbsp;Pour l'instant, ce départ ne semble pas être bénéfique au PMSD et au gouvernement. À voir ce qui se passe, les seuls à applaudir le geste du PMSD devraient être les adversaires de l'alliance, pour des raisons évidentes.</p> <p><strong>Le PMSD serait-il un bon partenaire pour le MSM&nbsp;aux prochaines élections&nbsp;? Qu’est-ce qu’il peut apporter au MSM&nbsp;?</strong><br /> Difficile à stade de se prononcer sur la valeur ajoutée du PMSD dans une alliance avec le MSM. Évidemment, les fidèles des Duval vont les suivre, mais déjà au sein des sympathisants du PMSD, on sent qu'il est difficile d'avaler la couleuvre MSM. Est-ce que cela veut dire qu'ils vont reporter leur choix de vote sur l'alliance PTr-MMM, ou sur les forces extraparlementaires les partis émergents&nbsp;? Nul ne sait. Personnellement, je ne pense pas qu’une alliance électorale MSM-PMSD sera une réussite. Elle risque de subir le même sort que l'alliance PTr-MMM en 2014.</p> <p><strong>Mardi, le PMSD a perdu deux de ses quatre députés et une dizaine de membres de son exécutif. Cela fait-il baisser sa valeur sur l’échiquier politique&nbsp;?</strong><br /> Xavier-Luc Duval, surtout lorsqu'il a été leader de l'opposition était un bon rempart, prêt à dénoncer beaucoup de scandales etc. Si jamais il fait alliance avec le MSM, on ne sait pas quelle parade il va pouvoir présenter pour justifier sa volte-face et sur quel argument il va s'appuyer pour blanchir celui qu'il a peint en noir pendant des années. Peut-être qu’avec une alliance MSM-PMSD, le but est de placer les candidats du PMSD surtout dans des conscriptions urbaines afin de damer le pion au MMM et qu'elle va compter sur une division des votes que pourrait provoquer la présence des parties extraparlementaires pour pouvoir remporter les élections dans les villes.</p> <p><strong>Selon beaucoup d’observateurs, la suite logique serait un rapprochement du PMSD avec le MSM. Partagez-vous cet avis&nbsp;? Si oui, comment faire oublier la position critique du PMSD envers le gouvernement depuis le départ de 2016 du gouvernement sur fond de Prosecution Commission Bill&nbsp;?</strong><br /> Le PMSD est le seul parti traditionnel qui ne pourra pas aller seul ou être une locomotive dans une alliance et ça, il le sait. Que tout est possible en politique, le PMSD l'a suffisamment démontré au cours de son histoire en contractant des alliances avec n'importe quel parti, même celui-là qu'il a vilipendé pendant des années. Le PMSD a mangé à tous les râteliers. Rien ne nous surprendra. Il ira là où il a le plus de chances de gagner. Comme il n’a pas d’autres choix que de faire une alliance, valeur du jour, le MSM est sa seule option, à moins qu'il croie en la force électorale des partis extraparlementaires, ce qui n'est pas évident. Aussi, on ne sait pas si les partis extraparlementaires voudront bien faire une alliance avec Duval.</p> <p><strong>L’alliance PTr-MMM devrait-elle prendre d’autres partis «&nbsp;on board&nbsp;»&nbsp;?</strong><br /> Il est surtout question d'utiliser ces énergies extraparlementaires pour faire progresser l'écosystème politique du pays. Cela apporterait un peu de frais dans l'univers politique mauricien dominé par une tradition de plusieurs décennies. Il faudrait les intégrer dans l'alliance. Non seulement pour leur contribution sur le plan électoral, mais aussi pour la suite, pour une contribution à l'avancement politique du pays.</p> <p><strong>Le PTR et le MMM ont déjà fait une alliance en 2014 qui a connu l’échec. Est-ce que le contexte est différent cette fois-ci&nbsp;?</strong><br /> Plusieurs raisons ont été émises pour expliquer la défaite de 2014. Parmi, il y a le fait que les partisans du MMM ne voulaient pas de Ramgoolam et que les partisans de Ramgoolam ne voulaient pas de Bérenger. Puis il y a eu cette question de partage des pouvoirs du Premier ministre avec le président de la République en sachant que le poste du Premier ministre comporte une charge émotionnelle extrêmement forte dans la conscience populaire et surtout pour une section de la population. Le contexte est totalement différent aujourd'hui. &nbsp;</p> <p><strong>Lors de la conférence constitutionnelle organisée par Rezistans ek Alternativ le mois dernier, il a été beaucoup question de «&nbsp;mauricianiser&nbsp;» la Constitution. Faudrait-il effectivement aller dans cette direction&nbsp;?</strong><br /> Il faut contextualiser la constitution. Une révision de la Constitution doit pouvoir apporter une réponse à toutes ces dérives que nous avons connues pendant un certain nombre d'années. Il faut que la constitution puisse répondre à la phase descendante, la phase de déchéance politique que connaît le pays, qui n'a pas démarré avec ce gouvernement, mais il y a quelques décennies. Toutefois, un projet de révision constitutionnelle mérite une réflexion de fond sur les causes profondes du mal mauricien, du déclin politique, du déclin sociétal, de la prolifération de la corruption et de la drogue, la crise des institutions et la consolidation d'une autocratie. Il faut que la constitution puisse répondre à tout cela, puisqu'il y a eu un changement dans la culture des hommes et des femmes qui nous gouvernent. Aujourd’hui, le pouvoir porte les couleurs du totalitarisme.</p> <p><strong>Pensez-vous que les élections générales sont prévues dans les semaines à venir ou le gouvernement ira-t-il jusqu’à la fin de son mandat&nbsp;?&nbsp;</strong><br /> Il paraît évident que les élections auront lieu bien avant novembre. L’élément nouveau est la cassure de l'alliance de l’opposition. Il va falloir avoir du temps pour faire avaler la couleuvre d'une alliance MSM-PMSD au cas où c’était dans les calculs des politiciens concernés. Tout laisse croire que cette cassure a chamboulé les plans du gouvernement. Faire accepter une alliance MSM-PSMD par la population demande du temps.</p> <p><strong>S’il n’y a pas de grand bloc de l’opposition, pensez-vous que les partis extraparlementaires auront une chance cette fois-ci&nbsp;?&nbsp;</strong><br /> Il ne faut pas sous-estimer les partis extraparlementaires. Ils risquent d'être un facteur déterminant dans le résultat du vote et cela surtout dans les conscriptions urbaines, même s’ils pourraient ne pas y remporter les élections. Ils pourraient puiser dans le bassin de votes de l’opposition parlementaire.</p> </div> <div class="field field--name-field-disqus field--type-disqus-comment field--label-hidden field--item"><drupal-render-placeholder callback="Drupal\disqus\Element\Disqus::displayDisqusComments" arguments="0=Kris%20Valaydon%20%3A%20%20%C2%ABFaire%20accepter%20l%E2%80%99alliance%20%20MSM-PMSD%20demande%20du%20temps%C2%BB&amp;1=http%3A//defimedia.info/kris-valaydon-faire-accepter-lalliance-msm-pmsd-demande-du-temps&amp;2=node/157415" token="VaPVXO1AzIkMp73uReIrbOg2aOB13-qEraT2-QiE_Qk"></drupal-render-placeholder></div> Wed, 24 Apr 2024 04:30:00 +0000 Patrick Hilbert 157415 at http://defimedia.info Potaya Kuppan, président de la Senior Citizen Federation : «La hausse des prix grignote la pension des seniors»  http://defimedia.info/potaya-kuppan-president-de-la-senior-citizen-federation-la-hausse-des-prix-grignote-la-pension-des-seniors <span>Potaya Kuppan, président de la Senior Citizen Federation : «La hausse des prix grignote la pension des seniors» </span> <span><span lang="" about="/users/mboutia" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Mario Boutia</span></span> <span>mer 17/04/2024 - 08:16</span> <div class="field field--name-field-main-picture field--type-image field--label-hidden field--item"> <img src="/sites/default/files/styles/node_content_picture/public/potaya_kuppan.jpg?itok=96pry2tu" width="1280" height="720" alt="" typeof="foaf:Image" class="img-responsive" /> </div> <div class="field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field--item"><p>Le président de la Senior Citizen Federation, Potaya Kuppan, plaide pour un contrôle des prix pour protéger le pouvoir d’achat des seniors.&nbsp;</p> <p><strong>Les seniors arrivent-ils à s’en sortir avec la récente hausse de la pension de vieillesse ?</strong></p> <p>Je ne remets pas en doute la bonne foi du gouvernement, qui, en nous promettant une hausse de la pension de vieillesse à Rs 13 500 en 2019, voulait améliorer notre qualité de vie. Peut-être avait-il l’intention de le faire plus tôt, mais il n’a pu le faire en raison des contraintes économiques. Ce n’est que cette année qu’il a pu honorer sa promesse, et nous lui en sommes reconnaissants.&nbsp;</p> <p>Cependant, la hausse des prix persistante dans le commerce ne cesse de grignoter cette augmentation de la pension et, finalement, nous risquons de nous retrouver à la case départ.</p> <p><strong>Quel devrait être le montant minimum de la pension de vieillesse pour assurer une vie décente à un retraité qui en dépend&nbsp;exclusivement ?</strong></p> <p>À l’heure actuelle, il est nécessaire qu’un retraité touche au minimum Rs 20 000. Cependant, je dirais que le gouvernement ne doit pas se contenter uniquement d’accorder des augmentations, qui, comme on le sait, ont un coût économique élevé, mais il doit également prendre des mesures pour protéger le pouvoir d’achat des consommateurs. À mon avis, cela passe par l’imposition d’un contrôle des prix dans le commerce.&nbsp;</p> <p>En parallèle, il est impératif de renforcer le département de l’inspectorat du ministère du Commerce afin que les inspecteurs puissent effectuer des visites surprises régulières dans les maisons de commerce pour prévenir tout abus de la part des commerçants.&nbsp;</p> <p>Évidemment, des mesures doivent également être prises pour freiner l’inflation.&nbsp;</p> <p><strong>Quelles sont vos autres priorités&nbsp;?</strong></p> <p>Je viens de soumettre un cahier de revendications au ministère des Finances dans le cadre du prochain Budget. Le gouvernement ne peut se contenter d’accorder des augmentations pour protéger le pouvoir d’achat des consommateurs, lesquelles sont rapidement englouties par la vague inflationniste. Ce serait s’engager dans un cercle vicieux sans fin.&nbsp;</p> <p>Au-delà des denrées alimentaires, il est crucial de contrôler les prix des médicaments dans les pharmacies privées. Si cela s’avère impossible, il doit envisager d’introduire une assurance médicale pour les seniors, qui couvrirait le coût des médicaments indisponibles dans le service hospitalier et que les patients doivent acheter dans les pharmacies privées.</p> <p>Une autre de mes priorités est l’amélioration du service de transport par autobus, en particulier sur la ligne Curepipe-Rivière des Galets, et inversement. Cela soulagerait considérablement les seniors qui doivent se rendre à leurs rendez-vous à l’hôpital. Il est inacceptable qu’ils aient à attendre plus d’une heure pour prendre un autobus. De plus, il est souvent constaté que ces autobus sont bondés de passagers et, la plupart du temps, les seniors n’ont pas de place à bord et sont contraints d’attendre un autre autobus.</p> <blockquote> <h2>Il est crucial de contrôler les prix des médicaments dans les pharmacies privées"</h2> </blockquote> <p><strong>Et vous avez également fait une demande pour une hausse de la Carer’s Allowance…</strong></p> <p>La vie n’est pas facile pour une personne âgée alitée qui dépend entièrement d’une autre personne pour ses besoins. Certes, l’État lui accorde une allocation de Rs 3 500, mais c’est largement insuffisant car un garde-malade réclame Rs 10 000 par mois pour veiller sur un malade la nuit et Rs 7 000 le jour. Ce qui explique que des seniors sont contraints de puiser dans leur pension de vieillesse pour s’acquitter de ces frais.&nbsp;</p> <p>C’est en me basant sur ces renseignements que j’ai fait une demande auprès du ministre des Finances pour que la Carer’s Allowance soit portée à au moins Rs 7 000. Cela dit, j’aimerais faire ressortir que cette allocation n’a pas été révisée depuis des années, alors que le coût de la vie ne cesse d’augmenter.</p> </div> <div class="field field--name-field-disqus field--type-disqus-comment field--label-hidden field--item"><drupal-render-placeholder callback="Drupal\disqus\Element\Disqus::displayDisqusComments" arguments="0=Potaya%20Kuppan%2C%20pr%C3%A9sident%20de%20la%20Senior%20Citizen%20Federation%20%3A%20%C2%ABLa%20hausse%20des%20prix%20grignote%20la%20pension%20des%20seniors%C2%BB%C2%A0&amp;1=http%3A//defimedia.info/potaya-kuppan-president-de-la-senior-citizen-federation-la-hausse-des-prix-grignote-la-pension-des-seniors&amp;2=node/157133" token="1NPzhj6wrqbiACqyw5NS-J28HaT7L4-MFx9Wj_2IaNs"></drupal-render-placeholder></div> Wed, 17 Apr 2024 04:16:00 +0000 Mario Boutia 157133 at http://defimedia.info Ravi Gutty : «Les élections, associées à un niveau élevé d’activité, créeront une tendance inflationniste» http://defimedia.info/ravi-gutty-les-elections-associees-un-niveau-eleve-dactivite-creeront-une-tendance-inflationniste <span>Ravi Gutty : «Les élections, associées à un niveau élevé d’activité, créeront une tendance inflationniste»</span> <span><span lang="" about="/users/quotidien" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Defi Quotidien</span></span> <span>mar 09/04/2024 - 07:51</span> <div class="field field--name-field-main-picture field--type-image field--label-hidden field--item"> <img src="/sites/default/files/styles/node_content_picture/public/080424_ravi.jpg?itok=mPzQixRn" width="1280" height="720" alt="" typeof="foaf:Image" class="img-responsive" /> </div> <div class="field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field--item"><p>L’industrie de la construction à Maurice connaît une période dynamique avec d’importants projets publics et privés. C’est ce qu’affirme Ravi Gutty, président de la Building and Civil Engineering Contractors Association (BACECA). Cependant, il fait ressortir que les défis persistants, comme la pénurie de main-d’œuvre qualifiée et les perturbations climatiques, nécessitent des solutions innovantes et une meilleure coordination entre les acteurs du secteur.</p> <p><strong>Quels sont les grands projets de construction en cours ou à venir, et quel est leur impact sur l’économie et la société ?</strong><br /> Dans le secteur public, on compte le système de transport en masse, la décongestion routière, les projets de drain et la construction d’unités de logement social et autres bâtiments publics. Dans le privé, il y a le développement de Smart Cities, les projets de morcellement foncier, le développement immobilier et la rénovation d’hôtels, entre autres. La construction va encore être l’un des principaux contributeurs à la croissance du Produit Intérieur Brut. Cela devrait aider à réduire le chômage et stimuler l’emploi dans diverses activités liées à la construction. Le progrès dans les infrastructures publiques devrait améliorer la connectivité, la qualité de vie et la productivité globale. Enfin et surtout, une augmentation des recettes fiscales pour le gouvernement, ce qui peut être réinvesti dans d’autres projets sociaux et économiques.</p> <p><strong>Les facteurs environnementaux, notamment les risques cycloniques et les inondations en début d’année ont-ils un impact sur les travaux de construction ?&nbsp;</strong><br /> La construction est l’un des secteurs qui a été le plus perturbé. Dans le public, la plupart des travaux ont été arrêtés et il s’agissait plus de sécuriser les chantiers. Dans le bâtiment, quelques travaux intérieurs étaient possibles mais les travaux extérieurs ont été reportés pour la plupart. Les intempéries perturbent aussi les chaînes d’approvisionnement, sans compter l’impact négatif sur le moral des employés réduisant leur concentration et leur efficacité au travail. Les congés forcés ont entraîné des coûts financiers supplémentaires comme les pertes de revenus, les coûts de réparation et les dépenses liées à la sécurité (150-200 KRs par jour pour un projet de TP de taille moyenne). C’est ainsi que, compte tenu d’une plus grande fréquence des fortes pluies due au changement climatique, la BACECA a fait des propositions dans le cadre des consultations budgétaires pour la considération d’une assistance financière pour atténuer l’impact des salaires non productifs les jours de fortes pluies.</p> <p><strong>Quels sont les principaux défis auxquels les acteurs du secteur de la construction à Maurice sont confrontés actuellement ?</strong><br /> Tout d’abord, les taux de main-d’œuvre ont augmenté de manière significative, dépassant les 10 %, ce qui exerce une pression accrue sur les coûts de production. Cette hausse s’ajoute au fardeau des contrats à prix fixe, qui ne permettent pas d’ajustements pour compenser les coûts supplémentaires liés à l’inflation. La pénurie grave de main-d’œuvre et de compétences constitue également un obstacle majeur. La dépendance excessive à la main-d’œuvre étrangère, bien que souvent nécessaire, engendre des coûts plus élevés, tandis que le manque de superviseurs, de contrôleurs et de cadres locaux compromet la qualité et l’efficacité des projets. Par ailleurs, l’impact croissant du changement climatique se fait sentir à travers des interruptions fréquentes des travaux, entraînant des journées de travail non productives et des coûts supplémentaires liés aux mesures de protection et de réparation. En outre, la concurrence déloyale de certaines entreprises étrangères nuit à la compétitivité des acteurs locaux. Enfin, les conditions déséquilibrées dans les contrats, avec des clauses souvent amendées de manière abusive en faveur des développeurs et clients, aggravent encore les difficultés rencontrées par les entreprises locales.</p> <blockquote> <p>Nous espérons que le budget national de cette année continuera à promouvoir l’investissement dans les infrastructures publiques et faciliter le développement immobilier tout en soutenant la construction durable et l’industrie locale de la construction»</p> </blockquote> <p><strong>Comment le secteur de la construction gère-t-il les contraintes liées aux ressources humaines et à la formation de la main-d’œuvre qualifiée ?&nbsp;</strong><br /> En mettant en œuvre des stratégies de recrutement efficaces et en offrant des opportunités de développement professionnel pour fidéliser leur personnel. En investissant aussi dans la formation continue pour développer et maintenir des compétences. Nous collaborons également avec des écoles techniques et des universités pour concevoir des programmes de formation comme des stages ou des programmes d’apprentissage entre autres. Le gouvernement devrait accorder des déductions fiscales aux entreprises de construction qui investissent dans la formation et le développement de leur personnel ou dans la promotion de l’apprentissage. À la BACECA, nous pensons fermement qu’il faut augmenter la participation des jeunes et des femmes dans le secteur. Nous devons rendre les chantiers de construction plus sûrs, offrir un meilleur environnement de travail et utiliser des outils modernes afin de réduire la pénibilité du travail sur les chantiers et ainsi rendre le travail plus attractif pour la jeune génération. Il faut des incitations fiscales aux entreprises investissant dans la technologie et l’informatique à cet effet.</p> <p><strong>Y a-t-il des initiatives gouvernementales ou des politiques récemment mises en place pour favoriser le développement du secteur de la construction ?&nbsp;</strong><br /> Certes, il y a eu de bonnes intentions, comme la réintroduction de la marge de préférence dans les appels d’offres publics pour les entrepreneurs locaux. Il y a aussi eu des initiatives pour encourager les partenariats entre le secteur public et le privé pour le financement et la réalisation de projets (par exemple les Urban Terminals pour le métro). Nous avons aussi bénéficié d’une certaine simplification des procédures administratives, que ce soit pour l’obtention de permis de construction ou pour les ‘work permits’ des travailleurs étrangers. Mais beaucoup reste encore à faire. Les attentes des stakeholders sont grandes par rapport à la Construction Industry Authority (CIA), dont la constitution et la mise en opération se fait attendre. Cette entité devrait faire beaucoup plus que le CIDB actuellement et nous attendons tous à ce qu’elle mette en place des politiques pour favoriser le développement du secteur notamment en termes de ‘capacity building’ pour l’avenir, de la formation et développement des compétences, d’une normalisation et réglementation efficace et la promotion de l’innovation et de la durabilité dans le secteur, entre autres.</p> <blockquote> <p>Le CPB est souvent contraint de demander une longue liste de précisions aux organismes publics à cause de lacunes dans les documents des appels d’offres»</p> </blockquote> <p><strong>Dans un récent rapport, le Central Procurement Board (CPB) &nbsp;critique sévèrement la légèreté ainsi que le manque d’expertise dans la préparation des documents relatifs aux appels d’offres publics. Vos commentaires ?&nbsp;</strong><br /> Le CPB est souvent contraint de demander une longue liste de précisions aux organismes publics à cause de lacunes dans les documents des appels d’offres. Les dossiers de certains types de projets, tels que le Design &amp; Build par les entrepreneurs, sont souvent mal préparés et trop peu de temps est accordé aux soumissionnaires qui doivent étudier et prendre la majorité des risques dans ce genre de projet. La conséquence est que cela entraîne des retards inutiles tant au niveau de l’appel d’offres qu’au niveau de la réalisation du projet. Il y a souvent un déséquilibre dans les conditions des contrats. La gestion des risques, tels que les fluctuations des prix, les perturbations de la chaîne d’approvisionnement, les changements réglementaires et les retards de paiement ou la résolution des litiges, est une activité-clé qui doit être placée en tête des priorités. Nous pensons que des ingénieurs professionnels et des Quantity Surveyors doivent vérifier les estimations et les budgets des projets afin d’éviter la sous-estimation des coûts et une évaluation insuffisante des risques du projet, pouvant entraîner l’annulation ou le report des appels d’offres, ce qui représente un gaspillage de ressources tant pour l’organisme public que pour les soumissionnaires. La BACECA préconise enfin une approche holistique pour la conception et les exigences dans les projets publics en tenant compte du coût global sur la durée de vie de l’actif public en construction et à entretenir dans le futur, y compris l’empreinte carbone.</p> <p><strong>Quel rôle joue l’innovation technologique dans l’industrie de la construction à Maurice, en particulier en ce qui concerne les méthodes de construction et les matériaux utilisés ?</strong><br /> Nous avons certes fait du progrès au niveau de la technologie et des matériaux innovants dans l’industrie tels que la préfabrication ou l’utilisation des drones pour les relevés et modélisations ou encore des enrobés recyclés pour l’asphaltage des routes. Mais nous pouvons faire beaucoup plus pour moderniser l’industrie, en s’appuyant sur les tendances internationales et les meilleures pratiques : Utilisation de la modélisation des informations du bâtiment (BIM) pour aider à réduire les erreurs et améliorer la communication ; la construction modulaire impliquant des composants de construction hors site, puis les assemblant sur site, réduisant le besoin de main-d’œuvre qualifiée sur place ; la robotique et l’automatisation pour des tâches répétitives et l’utilisation des outils digitaux pour la planification, la logistique, la gestion des coûts entre autres. Tout cela nécessite, par contre, des investissements lourds pour les entreprises. Le gouvernement devrait considérer des incitations fiscales et des subventions aux entreprises de construction qui investissent dans la technologie et l’informatique.&nbsp;</p> <p><strong>Quelles sont vos perspectives sur le secteur d’ici la fin de cette année ?&nbsp;</strong><br /> L’activité dans l’industrie devrait rester élevée cette année et probablement l’année prochaine, principalement en raison des projets privés et des projets du New Social Living Development Ltd (NSLD). Les prochaines élections, associées à un niveau élevé d’activité, créeront cependant une tendance inflationniste. L’investissement du secteur public se concentre principalement sur les projets de logements sociaux, le métro, la décongestion routière et les projets de drains. À la BACECA, nous espérons que le budget national de cette année continuera à promouvoir l’investissement dans les infrastructures publiques et à faciliter le développement immobilier tout en soutenant la construction durable et l’industrie locale de la construction. Un taux de croissance au-delà de 18 % (plus par rapport à 2022 mais moins qu’en 2023), est espéré pour cette année.</p> </div> <div class="field field--name-field-disqus field--type-disqus-comment field--label-hidden field--item"><drupal-render-placeholder callback="Drupal\disqus\Element\Disqus::displayDisqusComments" arguments="0=Ravi%20Gutty%20%3A%C2%A0%C2%ABLes%20%C3%A9lections%2C%20associ%C3%A9es%20%C3%A0%20un%20niveau%20%C3%A9lev%C3%A9%20d%E2%80%99activit%C3%A9%2C%20cr%C3%A9eront%C2%A0une%20tendance%20inflationniste%C2%BB&amp;1=http%3A//defimedia.info/ravi-gutty-les-elections-associees-un-niveau-eleve-dactivite-creeront-une-tendance-inflationniste&amp;2=node/157020" token="hTafbGfg8MT9d_Tc4Vplrq8MKQ_YwVCpquYGtokKago"></drupal-render-placeholder></div> Tue, 09 Apr 2024 03:51:00 +0000 Defi Quotidien 157020 at http://defimedia.info Jean-François Chaumière critiqué par l'AUDIT : «Les maisons préalablement sélectionnées étaient soit vieilles, mal entretenues ou non meublées» http://defimedia.info/jean-francois-chaumiere-critique-par-laudit-les-maisons-prealablement-selectionnees-etaient-soit-vieilles-mal-entretenues-ou <span>Jean-François Chaumière critiqué par l&#039;AUDIT : «Les maisons préalablement sélectionnées étaient soit vieilles, mal entretenues ou non meublées»</span> <span><span lang="" about="/users/philbert" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Patrick Hilbert</span></span> <span>mar 09/04/2024 - 07:33</span> <div class="field field--name-field-main-picture field--type-image field--label-hidden field--item"> <img src="/sites/default/files/styles/node_content_picture/public/chaumiere_1.jpg?itok=nb2K_gIo" width="1280" height="720" alt="" typeof="foaf:Image" class="img-responsive" /> </div> <div class="field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field--item"><p>Dans son rapport déposé mardi au Parlement, le Directeur du Bureau de l’audit indique que le Haut-Commissaire de Maurice au Mozambique a logé pendant 11 mois dans un hôtel. &nbsp;Ce dernier a refusé plusieurs propositions de résidences avant d’accepter une maison bien plus chère que celle de son prédécesseur. Jean-François Chaumière, le Haut-Commissaire en question, donne son point de vue sur le sujet.</p> <p><strong>Le Directeur de l’audit note que vous avez habité, en tant que Haut-Commissaire de Maurice au Mozambique, pendant 11 mois, c’est-à-dire du 14 juin 2022 à fin mai 2023, dans un hôtel et que vous avez accepté de déménager que lorsque vous avez été satisfait de la résidence que l’on vous a allouée. Quel est votre point de vue sur cette affaire ?</strong><br /> Soulignons d’abord que cette partie du rapport du directeur de l’Audit est basée sur les informations qui lui sont fournies par les officiers de l’administration du ministère des Affaires étrangères. Après le décès de mon prédécesseur, feu Jean Pierre Jhumun, en juillet 2021, le Premier ministre, Pravind Jugnauth, m’a proposé de prendre le poste de Haut-Commissaire de Maurice au Mozambique. J’ai accepté volontiers malgré certaines contraintes familiales. À mon arrivée au Mozambique en juin 2022, l’ancien second secrétaire m’avait suggéré un hôtel basique, le temps de trouver une maison adéquate pour une résidence officielle. Les maisons préalablement sélectionnées étaient soit vieilles, mal entretenues ou non meublées. Or, un des critères du ministère était que la maison devait être totalement meublée.&nbsp;</p> <p>La situation s’était dégradée avec l’ancien second secrétaire pour plusieurs raisons, notamment parce qu'il m'avait fait comprendre que c’était lui le chef de la mission, que ma présence était purement honorifique et &nbsp;que c’était lui qui dirigeait l’ambassade. Entretemps, ma famille m’ayant rejoint en août 2022, il fallait trouver une alternative pour se loger. C’est alors que le personnel mozambicain de la chancellerie a cherché un hôtel le moins cher possible avec deux chambres pour ma femme, ma fille et moi. Et malgré la situation ambiante, avec l’aide du personnel de la Haute-Commission, on a continué à prospecter les agences immobilières, et même la visite du Secrétaire permanent du ministère à Maputo en décembre 2023 n’y a rien changé. Ce n’est que lorsque le nouveau second secrétaire est arrivé fin avril 2023 que la situation a été débloquée. On a pu enfin se loger dans une vraie maison. En passant, le contrat de location pour la résidence officielle a été signé en mai 2023, suite à l’accord du ministère, et non en mars 2023 comme écrit dans le rapport de l’Audit. &nbsp;On y a aménagé au mois de juin 2023.&nbsp;</p> <p><strong>Le rapport de l’audit précise aussi que la mission diplomatique de Maurice à Maputo a demandé plusieurs cotations et que les soumissionnaires ont proposé des résidences avec des loyers allant de US$ 3 480 et US$ 5&nbsp;000. Or, vous auriez signifié votre mécontentement sous prétexte de problèmes de sécurité malgré, souligne l’audit, que « les offres incluaient des logements dans des régions occupées par de précédents Hauts-Commissaires ». Pouvez-vous nous expliquer ?</strong><br /> Maputo est considéré dans le jargon du service diplomatique comme un «&nbsp;hard- posting&nbsp;» du fait de l’insécurité chronique, des maladies endémiques, telle que la malaria ou le choléra, et des actes de violence sporadique. Il est à noter qu'un ancien ambassadeur de Maurice a été attaqué dans cette région, tandis que la résidence de mon prédécesseur immédiat, située à 8 km de l'ambassade, a été victime de cambriolages à deux reprises. La question de sécurité est donc primordiale au Mozambique et ne peut servir de prétexte à quoi que ce soit. Deuxièmement, le logement à Maputo est extrêmement cher et même plus cher qu’à Cape Town, par exemple, du fait de la spéculation foncière et de la forte demande due au grand nombre d’expatriés y vivant.</p> <p>Le directeur de l’audit souligne également qu’il n’y avait pas de « breakdown of expenses incurred » pour le remboursement de Rs 2,5 millions pour votre passage à l’hôtel. Ceci laisse la porte ouverte à des soupçons.</p> <p>Des soupçons de quoi&nbsp;? À plusieurs reprises, et déjà à partir de septembre 2022, j’avais envoyé des correspondances au ministère des Affaires étrangères pour leur faire comprendre que, non seulement ce séjour prolongé dans un hôtel me causait du tort à moi et à ma famille, mais que cette promiscuité devenait intenable pour mon épouse, devant rester une journée dans une chambre d’hôtel. Vous savez, je ne souhaite à personne d’être obligé de résider dans un hôtel avec sa famille sur une aussi longue période. Nos seuls effets personnels se trouvaient dans nos valises et le reste dans des cartons à l’ambassade. De plus, il faut savoir qu’à chaque fin de mois, je devais payer la chambre d’hôtel de ma poche avant de me faire rembourser par le ministère le mois suivant, ce qui était difficile pour mes finances. En regardant maintenant le montant mensuel que je dépensais à l'hôtel, je réalise qu'il est pratiquement équivalent au loyer d'une maison décente.&nbsp;</p> <p><strong>Le directeur de l’audit note aussi qu’au final, c’est US$ 7&nbsp;000 au lieu de US$ 5 000 «&nbsp;received in the quoted bill » qui seront déboursés. Pouvez-vous nous éclairer à ce sujet ?</strong><br /> En l’absence de détails dans le rapport, je ne sais pas de quelle maison il s’agit. La résidence officielle est une maison meublée complète pour correspondre aux critères du ministère. Ce choix s’est fait en tenant compte que c’est dans l’enclave diplomatique, dans un environnement protégé et sécurisé avec pour voisins d’autres ambassadeurs. Outre d’être ma maison, c’est aussi la résidence officielle où nous sommes souvent appelés à y recevoir des invités, dont nos propres collègues et des ministres du pays hôte, ainsi que mes propres compatriotes, par exemple, pour la fête de l’Indépendance et le Nouvel An.<br /> &nbsp;</p> </div> <div class="field field--name-field-disqus field--type-disqus-comment field--label-hidden field--item"><drupal-render-placeholder callback="Drupal\disqus\Element\Disqus::displayDisqusComments" arguments="0=Jean-Fran%C3%A7ois%20Chaumi%C3%A8re%20critiqu%C3%A9%20par%20l%27AUDIT%20%3A%C2%A0%C2%ABLes%20maisons%20pr%C3%A9alablement%20s%C3%A9lectionn%C3%A9es%20%C3%A9taient%20soit%20vieilles%2C%20mal%20entretenues%20ou%20non%20meubl%C3%A9es%C2%BB&amp;1=http%3A//defimedia.info/jean-francois-chaumiere-critique-par-laudit-les-maisons-prealablement-selectionnees-etaient-soit-vieilles-mal-entretenues-ou&amp;2=node/156965" token="KZuXQnpg8LC-_eUN7lC6KShIRTY7mk4-0yDtlu8qcM0"></drupal-render-placeholder></div> Tue, 09 Apr 2024 03:33:00 +0000 Patrick Hilbert 156965 at http://defimedia.info Éric Ng, économiste : «Après avoir semé de l’argent, la banque centrale récolte maintenant une tempête inflationniste»  http://defimedia.info/eric-ng-economiste-apres-avoir-seme-de-largent-la-banque-centrale-recolte-maintenant-une-tempete-inflationniste <span>Éric Ng, économiste : «Après avoir semé de l’argent, la banque centrale récolte maintenant une tempête inflationniste» </span> <span><span lang="" about="/users/gleena" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="" content="Leena Gooraya-Poligadoo">Leena Gooraya-…</span></span> <span>lun 08/04/2024 - 08:39</span> <div class="field field--name-field-main-picture field--type-image field--label-hidden field--item"> <img src="/sites/default/files/styles/node_content_picture/public/eric_ng_3_0.jpg?itok=xeBkydL2" width="1280" height="720" alt="" typeof="foaf:Image" class="img-responsive" /> </div> <div class="field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field--item"><p><strong>Le Monetary Policy Committee qui s’est réuni la&nbsp;semaine dernière a décidé de maintenir le taux directeur à 4,5 %. Comment accueillez-vous cette décision ?</strong><br /> Ce n’est pas un événement. Le maintien du statu quo était attendu, vu que l’inflation est encore très élevée, loin de l’objectif fixé. La Banque de Maurice est une des rares banques centrales au monde à n’avoir pas relevé son taux directeur en 2023. Les principales banques centrales ont resserré leur politique monétaire. Si elle les avait suivies, l’inflation aurait été moins élevée aujourd’hui. Ce qui aurait permis une légère baisse du taux d’intérêt face à un taux de croissance moindre cette année. D’habitude, Statistics Mauritius est très conservateur en matière de prévision de la croissance économique au début de l’année. Le bureau des statistiques table sur 4,9 % cette année, contre 7,0 % l’année dernière. Et nul ne doute qu’il révisera le taux à la baisse dans ses prochaines actualisations. Je ne serais pas surpris si le taux de croissance de 2024 est finalement en dessous de 4,0 %. Le Monetary Policy Committee (MPC) ne peut ni augmenter le taux directeur (ce qui pénaliserait une croissance déjà en baisse) ni le diminuer (ce qui stimulerait une inflation déjà forte). Le statu quo n’est cependant pas une solution idéale, mais sans doute la moins mauvaise. Car il ne stoppera pas le glissement de la roupie ni n’arrêtera l’envolée des prix. La position de la banque centrale est des plus inconfortables. Après avoir semé de l’argent, elle récolte maintenant une tempête inflationniste.</p> <p><strong>Quelles sont les implications de ce statu quo sur la consommation, l’inflation, les investissements, l’épargne et l’économie en général ?</strong><br /> La décision du MPC n’a aucun impact sur les grands indicateurs de l’économie. Du reste, dans la publication du 29 mars de la comptabilité nationale, avant la réunion du MPC, Statistics Mauritius n’a pas pris en compte l’impact de l’évolution du taux d’intérêt sur ces indicateurs. C'est comme s'il avait anticipé le maintien du taux directeur. Que nous disent les chiffres pour l’année 2024 ? La consommation des ménages va croître toujours modérément, en dessous de 3,0 % par an, mais bien moins vite que la production nationale, puisqu’elle va fléchir par rapport au produit intérieur brut (PIB). L’investissement privé par rapport au PIB va certes progresser. Mais ce sera surtout dans les travaux de construction et de bâtiment et dans les équipements de transport. Mais pas dans des machines qui favorisent la productivité des entreprises. D’ailleurs, l’investissement dans le secteur manufacturier reste faible, et celui dans l’information et la communication, un secteur émergent, stagne. Quant à l’épargne, si elle reprend, c’est parce que les gens anticipent une hausse des impôts dans le futur, étant conscients du fort endettement public actuel. L’inflation en glissement annuel, après avoir reculé à 3,9 % en décembre, est remontée brutalement à 5,2 % en janvier et à 6,2 % en février. Même en excluant les prix alimentaires et énergétiques, l’inflation sous-jacente demeure très élevée. Elle est supérieure à 4,0 %. Mais il s’agit là du niveau général des prix. L’inflation alimentaire en particulier, qui affecte le plus les ménages modestes, est de plus de 15 % sur un an.</p> <p><strong>La Réserve fédérale américaine (Fed) a également maintenu ses taux directeurs la semaine dernière, pour la cinquième fois consécutive. Elle a indiqué qu’elle prévoyait de les réduire de trois quarts de point de pourcentage cette année. Peut-on s’attendre à la même tendance à Maurice, c’est-à-dire à une baisse du taux directeur cette année ?</strong><br /> La Fed peut maintenir ses taux parce qu’elle les a beaucoup augmentés. Pour la seule année 2023, elle l’a fait en quatre occasions pour un total de 100 points de base, alors que la BoM n’a rien fait. Depuis mars 2022, la Fed a relevé son taux directeur par 525 points tandis que notre taux directeur a grimpé de seulement 265 points… Étant donné cet écart grandissant entre les taux américain et mauricien, notre taux directeur devrait plutôt monter même si celui de la Fed commence à baisser. Si nous n’avons pas suivi la Fed lorsqu’elle a resserré le taux d’intérêt, nous n’avons pas à la suivre quand elle assouplit son taux. Ce serait non seulement intellectuellement malhonnête, mais aussi économiquement illogique et inefficace. Mais il est vrai que la logique n’a plus sa place dans notre politique monétaire depuis la covid-19, avec pour conséquence une chute drastique de la roupie.</p> </div> <div class="field field--name-field-disqus field--type-disqus-comment field--label-hidden field--item"><drupal-render-placeholder callback="Drupal\disqus\Element\Disqus::displayDisqusComments" arguments="0=%C3%89ric%20Ng%2C%20%C3%A9conomiste%20%3A%20%C2%ABApr%C3%A8s%20avoir%20sem%C3%A9%20de%20l%E2%80%99argent%2C%20la%20banque%20centrale%20r%C3%A9colte%20maintenant%20une%20temp%C3%AAte%20inflationniste%C2%BB%C2%A0&amp;1=http%3A//defimedia.info/eric-ng-economiste-apres-avoir-seme-de-largent-la-banque-centrale-recolte-maintenant-une-tempete-inflationniste&amp;2=node/156962" token="lQ-cx2q4Ju_7cIiTGW7tsyr_BWf1QQpV-ypfcFKuLzk"></drupal-render-placeholder></div> Mon, 08 Apr 2024 04:39:00 +0000 Leena Gooraya-Poligadoo 156962 at http://defimedia.info Megh Pillay : «Le potentiel économique d’Air Mauritius est énorme et reste sous-exploité» http://defimedia.info/megh-pillay-le-potentiel-economique-dair-mauritius-est-enorme-et-reste-sous-exploite <span>Megh Pillay : «Le potentiel économique d’Air Mauritius est énorme et reste sous-exploité»</span> <span><span lang="" about="/users/philbert" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Patrick Hilbert</span></span> <span>dim 07/04/2024 - 08:05</span> <div class="field field--name-field-main-picture field--type-image field--label-hidden field--item"> <img src="/sites/default/files/styles/node_content_picture/public/megh_pillay_2.jpg?itok=XOSo6FcP" width="1280" height="720" alt="" typeof="foaf:Image" class="img-responsive" /> </div> <div class="field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field--item"><p>L’ancien Chief Executive Officer d’Air Mauritius ouvre des pistes pour une sortie de la crise des retards et annulations de vol à laquelle la compagnie fait face depuis mi-décembre. Il explique aussi les raisons ayant mené à cette situation, tout en soulignant qu’elle aurait pu être évitée. Megh Pillay n’est pas réfractaire à l’entrée de partenaires crédibles pouvant apporter leur expertise dans l’actionnariat de MK. &nbsp;<br /> <br /> <strong>Les avions d’Air Mauritius font face à une série de problèmes techniques depuis plusieurs semaines. Est-ce une situation qui aurait pu être évitée ?&nbsp;</strong><br /> Cette situation qui devient chronique est insoutenable à terme. Les annulations et reprogrammations successives des vols entraînent des pertes énormes et des inconvénients avec des répercussions qui ternissent l’image de marque qu’Air Mauritius s’est créée comme opérateur historique fiable et très efficace. Bien sûr, qu’on aurait pu l’éviter. Mais au lieu de confronter cette réalité et de s’y adresser résolument, on préfère se cantonner dans le déni et faire croire que c’est simplement de la mauvaise communication exacerbée par les réseaux sociaux et par l’état des relations industrielles prévalant au sein de l’entreprise. Si on continue de « bark up the wrong tree », il est à craindre que le transporteur national pique du nez pour de bon cette fois-ci.</p> <p><strong>Quelles leçons doivent être apprises ?</strong><br /> Quand on émerge d’une administration judiciaire qui avait pris la direction d’une simple liquidation avortée au dernier moment, on ne peut jamais être back in business du jour au lendemain comme si de rien n’était, en se fiant sur les moyens de bord. L’administration n’avait pas seulement amputé sa flotte, mais dépouillé MK de ses effectifs d’expérience et de son business model sans les remplacer. Comme on n’a vu aucun business plan après 18 mois de restructuration, il était clair qu’on se dirigeait tout droit vers une liquidation et qu’on n’avait pas prévu de retour aux affaires. Dans ces circonstances, MK aurait dû se donner les moyens de ses ambitions avant de se lancer dans ses objectifs annoncés à grand bruit. Quand on est à court d’avions, on ne projette pas de voler dans toutes les directions et vendre des billets. On se focalise plutôt sur la desserte des destinations lucratives ciblées. On engage ensuite des discussions avec des partenaires capables de pallier notre manque de capacité, mais disposer à partager coûts et revenus.</p> <p><strong>La direction d'Air Mauritius a évoqué des pannes de moteur de ses nouveaux Airbus A350. Est-ce qu’il prenait toujours aussi longtemps pour dépanner les avions ?&nbsp;</strong><br /> Non. Auparavant, on avait des accords solides avec Airbus, Air France et Lufthansa Technik, et des ingénieurs très capables de faire bouger les choses par téléphone ou email avec les responsables. Le problème des moteurs Rolls-Royce immobilisant les Airbus A350 sur lesquels MK dépend peut prendre du temps à régler. Il faut savoir que Rolls Royce fut contraint de rappeler ses moteurs sur une trentaine d’avions en 2017 après l'apparition de problèmes suivant l’érosion et la fissuration des pales des moteurs. Leur réhabilitation a pris deux ans. Les premiers A350 de MK étaient livrés en cette même période, donc susceptibles de souffrir les mêmes défaillances. &nbsp;Au récent salon aéronautique de Dubaï, le PDG d’Emirates, Tim Clark, a annoncé qu’il n’est pas prêt à faire des compromis en obtenant un prix inférieur pour les A350, « car acheter un avion qui ne fonctionne pas comme souhaité n'a aucun sens. La fiabilité est particulièrement importante pour les transporteurs ». Autre leçon à tirer : il ne faut pas signer les contrats d’avions sans garantie qu’en cas de défaillance, le fournisseur assurera la continuité des services de MK par un remplacement d’appareil ou de moteur dans les plus brefs délais, peu importe où se trouve l’avion concerné. Ceux qui signent les contrats doivent rendre des comptes même s’ils ne sont plus à MK. Les derniers remous menant au départ de certains de la direction de MK démontrent que le Board en a pris conscience en dépit des ‘golden handshakes’. La complaisance frise la complicité. Elle doit être lourdement punissable dans les exercices de Procurement.&nbsp;</p> <p><strong>Certains spécialistes de l’aviation soutiennent que la vente de deux A319 et deux A340 durant l’administration volontaire en 2021 a été une erreur qui aurait pu éviter la situation actuelle. Qu’en pensez-vous ?&nbsp;</strong><br /> On n’a pas besoin d’être spécialiste de l’aviation pour le savoir. N’importe qui avec un peu de bon sens dira exactement la même chose à travers le pays, car ce qui se passe à Air Mauritius interpelle chaque Mauricien et ils ne sont pas stupides. Ces avions vendus pour presque rien du tout vaudraient leur pesant d’or aujourd’hui. Ils ont été assemblés sur les spécifications répondant parfaitement aux besoins opérationnels de MK qui n’ont pas changé. Ils ont été maintenus en parfait état de voler en toute sécurité, il y avait des stocks importants de pièces de rechange et des accords de ‘pooling’ et partage de pièces détachées, des ingénieurs mauriciens formés pour leur maintenance, des corps de pilotes et du personnel navigant accrédités et certifiés pour les opérer.&nbsp;</p> <p>Avec ces deux Airbus A319, deux A340-300 et deux A330 dans sa flotte, MK n’aurait probablement pas connu ces déboires même avec un management médiocre. Dans le rapport final de l’Administrateur, il est dit que les deux Airbus A 319 ont été vendus pour la ridicule somme de 6 millions de dollars et les deux gros-porteurs Airbus A 340-300, en consignation, à un ‘démolisseur’ pour 350 000 dollars payables qu’à la vente des pièces dans deux ans. Peu avant, ces deux avions avaient été remis à neuf avec des intérieurs, sièges et systèmes de divertissement (IFE) dernier cri à bord. Aujourd’hui, on opère des vols avec des avions pris en location à un prix très cher et qui sont bien plus vieux, mal entretenus, avec plusieurs sièges inutilisables, sans In-Flight Entertainment et tombant en panne à une fréquence alarmante. Pourtant, bien avant la fin de l’administration, il était prévu que l’aviation commerciale allait très vite retrouver son niveau pré-COVID-19. Ces avions sont partis pour moins de Rs 290 millions. Ils étaient économiquement exploitables sur plusieurs bonnes années, permettant des coûts d’opération très bas. Avec ces appareils, MK aurait pu redécoller en toute confiance. Il ne lui reste, malheureusement, que des avions coûtant très cher à opérer et susceptibles aux problèmes de dentition, puisqu’ils ne sont pas muris. On voit mal le gouvernement lésinant sur Rs 300 millions pour sauvegarder la flotte du moment qu’il avance Rs 12,5 milliards pour renflouer MK. Donc, on peut dire qu’on aurait pu facilement éviter cette situation chaotique si on ne s’était pas pressé pour vendre. &nbsp;</p> <p><strong>Comment équilibrer les impératifs de sécurité et de satisfaction des passagers face aux problèmes techniques de la flotte ?</strong><br /> Au fait, c’est précisément en se conformant aux impératifs de la sécurité que les problèmes techniques des avions se révèlent au grand jour. Les règles et les procédures de l’aviation civile imposent des conditions rigoureuses et des normes de navigabilité des avions de transport commercial ainsi que de leurs équipages, normes qui doivent être scrupuleusement respectées par ceux autorisés à poser et décoller de leurs aéroports et de voler dans leur espace aérien, le tout sous leur supervision et contrôle. Donc, un avion reste forcément cloué au sol aussi longtemps que toutes ces conditions ne sont pas satisfaites. Pour leur sécurité, &nbsp;des passagers acceptent ces retards de bon gré, si les raisons sont claires et les circonstances sont crédibles. Mais ces règles imposent aux opérateurs la prise en charge et la compensation pour les inconvénients des correspondances ratées, des réservations de transport et d’hébergement perdues etc… mais quand cela devient la règle au lieu de l’exception, c’est inacceptable. Il n’y a pas 36 solutions, il faut utiliser les appareils les mieux adaptés à chaque vol, du personnel compétent au sol et en vol, une communication sans faille car les passagers sont contrariés et doivent savoir de quoi ils sont obligés de se réorganiser, et surtout aspirer à atteindre une ponctualité des opérations. La rigueur est indispensable dans la gestion de MK. Ce qu’il lui faut, ce n’est pas la mer à boire, MK ayant connu ce niveau de performance pendant très longtemps.&nbsp;</p> <p><strong>Depuis la mi-décembre, la compagnie aérienne fait face à une série d’annulations et reports au niveau des vols provoquant colère et incompréhension parmi les passagers. Est-ce que cela pourrait avoir une répercussion sur la réputation d’Air Mauritius en tant que compagnie aérienne fiable ?</strong><br /> L'exploitation de la flotte réduite a été poussée au-delà des limites pendant la haute saison touristique, révélant dramatiquement des faiblesses structurelles de l’organisation qui impactent négativement sur la qualité de service à tous les niveaux opérationnels et commerciaux. Air Mauritius ayant joui d’une réputation de transporteur international fiable au fil des années de son existence, il est évident que sa réputation a pris un sale coup. Au lieu d’un ressaisissement, il y a eu depuis une répétition fréquente de ces incidents touchant un plus grand nombre de voyageurs. Les scènes de chaos sur les grands aéroports desservis par MK continuent à être projetés sur les médias à une fréquence sans précédent. Cela ne nuit pas seulement à la réputation de MK mais aussi et surtout l’image de Maurice, MK étant son « national carrier », son porte-drapeau. Le plus grand nombre de touristes venant d’Europe préféraient MK, car ils aiment se sentir dépaysés en foulant le seuil de nos avions à Paris, Londres et autres et de ne sentir la fin des vacances qu’à l’atterrissage de MK à leur retour dans leurs pays. Ils adorent le sens de l’hospitalité mauricienne du personnel navigant de MK. Tout cela fait partie du package offert de la destination Maurice. Il est donc à craindre que ce qui se passe à MK ne soit répercuté sur l’ensemble de notre écosystème. En période de pointe, ce sera moins évident, mais il faut se préparer pour l’avenir.&nbsp;</p> <p><strong>Comment restaurer la confiance des passagers après cette série d’incidents techniques ?</strong><br /> Back to basics ! Il faut réinstaurer le professionnalisme au sein de la gouvernance de MK. Qu’elle soit une compagnie privée, un joint-venture public/privé, ou purement étatique, une ligne aérienne se gère comme une entreprise avec un Board constitué de membres prêts à honorer sans manquement leur obligations fiduciaires envers MK et une équipe de Management capable. Les décisions sont prises par des professionnels en connaissance de cause et non dictées par des éléments externes qui ne voient qu’une partie du broader picture et sans le moindre égard des conséquences des mauvaises décisions. La machinerie de décision fonctionnera à merveille. La gestion d’Air Mauritius n’est pas la rocket science. Il faut éviter la subjectivité, décider en toute conscience et respecter un processus structuré partagé par les parties prenantes. Les incidents techniques, il y en aura toujours, mais ils sont gérables. Les passagers et autres éléments de l’écosystème n’en seront même pas conscients si ces incidents sont gérés efficacement. Rien à inventer, Air Mauritius ayant déjà connu cette situation.</p> <p><strong>Depuis le 6 mars, Air Mauritius a un nouveau CEO en la personne de Charles Cartier. Quelles devraient être ses priorités ?</strong><br /> Il sera très présomptueux de ma part de répondre à cette question ! À l’exception d’Amédée Maingard, Krešimir Kučko et Charles Cartier, j’ai connu tous les CEO de MK avant et après mes deux passages à la direction et nous maintenons de très bonnes relations. Un CEO est la personne la mieux placée pour décider de ses priorités ponctuelles, à court, moyen et long termes. Il faut le respecter. &nbsp;</p> <p><strong>Une des premières décisions prises a été la mise en place d’un Operations Advisory Committee composé de cinq hauts responsables de la compagnie en attendant la nomination d’un Chief Operating Officer. Est-ce une bonne idée ?</strong><br /> Àchacun son approche en assumant les fonctions de CEO d’une entreprise en marche et qu’on ne connaît pas encore de l’intérieur. &nbsp;J’étais encore CEO à MT quand j’ai accepté le poste de Managing Director à MK la première fois. On m’avait accordé 15 jours pour faire la transition comme il fallait immédiatement assumer le rôle de Accountable Manager d’Air Mauritius pour les besoins obligatoires des autorités de l’aviation civile des pays survolés ou desservis. Pendant une heure chaque jour, je recevais à la Telecom Tower à tour de rôle chaque chef de département de MK. Certains d’entre eux plus souvent. C’était ma façon de me familiariser avec les rouages de MK avant de présider les management meetings hebdomadaires. Pour respecter le principe de deux paires d’yeux et deux paires d’oreilles à ces réunions, on invitait les adjoints à participer à toutes les réunions. Le nouveau CEO est dans une situation inédite et très difficile. Il faut lui donner du temps pour prendre ses repères.</p> <p><strong>Sur le plan des finances, Air Mauritius semble être dans une position saine. De juillet à décembre dernier, elle a ramené Rs 16,2 milliards de revenus, soit Rs 3 milliards de plus sur la période équivalente en 2022, et a engrangé Rs 838 millions de profits comparé aux Rs 510 millions à la période équivalente en 2022, comme l’a affirmé Ken Arian, président d’Airport Holdings Ltd, dans une interview publiée dans Le Défi Plus le 9 mars. Les déboires financiers sont du passé ?</strong><br /> C’est déjà très bien. On ne connaît pas les détails de ces résultats et il n’est plus certain que MK les publie comme on l’avait toujours fait pour l’information des actionnaires et du public dans le passé. La santé financière se mesure par le revenu par siège-mile disponible, le RASM (Revenue per Available Seat Mile), qui reflète la capacité à générer des revenus à partir de la capacité en sièges disponibles. Cela dit, on sait qu’après la reprise des opérations, les sièges disponibles se vendaient à deux fois plus cher qu’avant la COVID-19 et que la demande de sièges excédait largement l’offre. Le plus important et ça, on le savait depuis toujours, c’est une confirmation &nbsp;que le potentiel économique de MK est énorme et reste sous-exploité. La mesure est très utile pour MK qui opère dans un marché concurrentiel car elle lui permet d'optimiser ses stratégies tarifaires et maximiser ses revenus. Donc, l’importance pour le pays que MK soit géré professionnellement et indépendamment de la politique partisane. &nbsp;</p> <p><strong>Avec recul, est-ce que la création d’AHL pour rassembler toutes les activités aéroportuaires et d’aviation sous un seul holding était une bonne idée ?</strong><br /> Même sans recul, on savait que c’était une très mauvaise idée, probablement conçue pour d’autres raisons que la fiabilité de MK.</p> <p><strong>Est-ce que la venue d’autres partenaires dans l’actionnariat d’Air Mauritius pourrait apporter un plus ? Si oui, quel genre de partenaires ?</strong><br /> Oui, si on respecte leur investissement dans le capital et on accueille leur participation dans le Board pour le bien d’Air Mauritius et non pas que pour se plier aux directives politiques au risque de subir des dommages collatéraux. Les partenaires fondateurs tels qu’Air France, British Airways et Air India ont contribué massivement à projeter Air Mauritius dans le monde de l’aviation commerciale internationale depuis sir Harry Tirvengadum.&nbsp;</p> <p>À mesure que MK grandissait sous Nash Mallam-Hassam et sous ma garde, ils ont jeté de tous leurs poids pour nous aider à nous procurer des précieux créneaux particulièrement convenables par rapport à notre position géographique à London Heathrow, Paris Charles de Gaulle et à ouvrir les portes ailleurs. Ils partageaient généreusement l’intelligence de marché, qu’Air Mauritius n’avait pas les moyens de se procurer, et ils participaient activement aux délibérations du Board tout en aidant volontiers le Management à toute heure en mettant à sa disposition leurs propres moyens. Leur présence au Board imposait un certain niveau de débat et décourageait les ingérences indésirables contraires aux intérêts de MK, caractéristiques de certains nominés politiques ou fonctionnaires complaisants. Nos accords de partenariats étaient tous des arrangements win-win. &nbsp;Le capital de MK peut aussi s’ouvrir aux partenaires financiers qui pourront apporter un plus. En général, ils sont réfractaires à l’ingérence nuisible dans les affaires courantes, et défendront la bonne gouvernance et les stratégies commerciales favorisant la capacite de générer revenus et profits, et orientées vers des résultats solides. Un retour en Bourse leur permettra de sortir avec du plus-value quand ils le souhaitent. L’ouverture du capital est donc souhaitable mais les conditions doivent être recréées pour restaurer la confiance après tout ce qui s’est passé ces dernières années.&nbsp;</p> </div> <div class="field field--name-field-disqus field--type-disqus-comment field--label-hidden field--item"><drupal-render-placeholder callback="Drupal\disqus\Element\Disqus::displayDisqusComments" arguments="0=Megh%20Pillay%20%3A%C2%A0%C2%ABLe%20potentiel%20%C3%A9conomique%20d%E2%80%99Air%20Mauritius%20est%20%C3%A9norme%20et%20reste%20sous-exploit%C3%A9%C2%BB&amp;1=http%3A//defimedia.info/megh-pillay-le-potentiel-economique-dair-mauritius-est-enorme-et-reste-sous-exploite&amp;2=node/156968" token="0m4zI96WQm90AoWmEkwD4mDUmXmc6Lt2UJU2Hau3U-I"></drupal-render-placeholder></div> Sun, 07 Apr 2024 04:05:00 +0000 Patrick Hilbert 156968 at http://defimedia.info Jayshan Keejoo : «Maurice, proche de l’Inde et du continent africain, se trouve du côté des gagnants» http://defimedia.info/jayshan-keejoo-maurice-proche-de-linde-et-du-continent-africain-se-trouve-du-cote-des-gagnants <span>Jayshan Keejoo : «Maurice, proche de l’Inde et du continent africain, se trouve du côté des gagnants»</span> <span><span lang="" about="/users/pdaby" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Pradeep Daby</span></span> <span>sam 06/04/2024 - 08:00</span> <div class="field field--name-field-main-picture field--type-image field--label-hidden field--item"> <img src="/sites/default/files/styles/node_content_picture/public/jayshan.jpg?itok=76lb9__c" width="1280" height="720" alt="" typeof="foaf:Image" class="img-responsive" /> </div> <div class="field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field--item"><p>En vacances à Maurice en ce moment, avant d’y poser ses valises pour de bon, Jayshan Keejoo, avocat à Londres et spécialiste de l’arbitrage et de la médiation, revient sur son parcours professionnel aux États-Unis et en Angleterre. Une véritable aventure palpitante, mais aussi une leçon de persévérance dont l’inspiration est venue de son père, ex-Town Clerk à Curepipe.</p> <p><strong>Vous avez connu un riche parcours professionnel - pas toujours aisé - d’abord à Boston aux États-Unis, et en ce moment à Londres. Racontez-nous cet itinéraire en quelques mots ?</strong></p> <p>Je suis né à Curepipe et mon père, Deoduth Keejoo, était le Town Clerk de Curepipe. Je n’ai pas eu une enfance facile, mais mon défunt père m’a encadré en utilisant la méthode de la carotte et du bâton. En 1996, je suis parti au Royaume-Uni afin d’obtenir mon premier diplôme et plus tard, j’y ai obtenu un MBA spécialisé en TQM (Total Quality Management).&nbsp;</p> <p>J’ai commencé un LLB en études à distance à Maurice et je l’ai terminé au Royaume-Uni avant de faire mon stage sous la direction d’éminents avocats spécialisés en droit pénal. Me Roubina Jaddoo, Me Dhiren Daby (le Sollicitor-General de l’époque) et l’ancien juge Bushan Domah ont tous été mes parrains pour les ‘Inns’. J’ai ensuite commencé à suivre des cours de médiation et je me suis retrouvé aux États-Unis grâce à une bourse d’études et j’ai été classé parmi les cinq meilleurs à Boston.</p> <p>J’ai ensuite rejoint un cabinet en tant que conseiller juridique et j’ai donné des pistes pour des affaires criminelles qui étaient un monde à part comparé au Royaume-Uni, où l’on s’occupait de meurtres et d’autres crimes très médiatisés. J’ai continué à suivre des cours de formation continue et je suis finalement devenu arbitre international, réglementé aux États-Unis. J’ai commencé à rencontrer des clients fortunés par le biais de réseaux spécifiques et de différentes loges de fraternité. Par chance, j’ai rencontré Donald Trump. On m’avait confié une affaire pour l’une de ses entités.&nbsp;</p> <p>Au début, j’étais, disons, « arrogant » envers lui, trop imbu de ma personne sur le plan professionnel et j’étais dur envers lui car j’étais trop sûr de moi par rapport à mon travail et je ne voulais pas trop l’écouter et je lui ai même dit : « Je suis chargé de vous informer et non pas de vous écouter ». Il m’a regardé avec ses yeux perçants et après une longue discussion, il a dit à son conseiller juridique interne&nbsp;: « J’aime bien ce type et nous allons poursuivre ce qu’il a initié ». Quelques jours plus tard, j’ai appelé l’un de ses conseillers juridiques et je lui ai demandé pourquoi Donald Trump avait dit : « J’aime bien ce type ». Il m’a répondu : « Vous connaissez votre travail, vous ne tournez pas autour du pot, vous allez droit au but et vous avez un caractère bien trempé ».&nbsp;</p> <p>Je recevais constamment des invitations à rejoindre d’autres réseaux d’affaires. Le champagne et les dollars coulaient à flots. Plus tard, Donald Trump est devenu Président des États-Unis et j’ai été alors invité à diverses soirées et conférences. J’ai décroché de nombreux contrats, en particulier dans les domaines de la négociation, de la médiation et de la conciliation. J’avais mon propre cabinet d’avocats qui employait sept personnes à l’époque et j’avais des jets privés, certains payés par des clients et d’autres à mes frais. Au bureau, j’ai toujours eu une politique de porte ouverte et j’ai inculqué un style de gestion tournant et circulaire pour diriger le bureau, qui fonctionnait à merveille. Il m’est arrivé de rencontrer des juges fédéraux et des juges à la retraite.</p> <p>J’ai commencé à acheter des propriétés en Arizona et ailleurs par l’intermédiaire d’une structure d’accueil. En 2018, j’ai transféré certaines entités commerciales dans mon bureau londonien de Pall Mall, une rue haut de gamme et lucrative. Cette rue m’a aidé à pénétrer le marché dans le domaine du droit, en particulier de l’arbitrage et de la médiation. Les choses ont été assez lentes au début, mais nous nous en sommes sortis sans regret et en 2019, elles étaient en plein essor jusqu’au début de la Covid 19, où tout a ralenti et où le modus operandi a également changé. Parallèlement, j’ai ouvert une école de commerce en ligne, entièrement reconnue et accréditée par l’Union européenne, qui propose des cours de premier et de deuxième cycle et maintenant des cours de doctorat. La plupart de nos étudiants viennent de l’Inde, d’Afrique et quelques-uns de l’île Maurice. Je dispose aussi de jets privés que j’ai loués à des conglomérats et à des magnats en Espagne, au Maroc et au Portugal. Après la Covid-19, j’ai dû investir massivement dans la création d’un logiciel juridique qui est maintenant « mon bébé » et qui a été conçu par un Indien basé à l’île Maurice.</p> <blockquote> <h2>Les Mauriciens ont un potentiel énorme et sont travailleurs, et je crois que nous devons être le prochain leader du continent africain"</h2> </blockquote> <p><strong>Comment travaillez-vous dans vos bureaux de Pall Mall et qui sont vos clients ?</strong></p> <p>Mes outils d’arbitrage et de médiation sont soutenus par l’intelligence artificielle et une bibliothèque en ligne totalement intégrées, qui nous permettent de traiter n’importe quelle affaire dans le monde entier en temps réel et de procéder à un arbitrage ou à une médiation transfrontalière. Je suis soutenu par un panel de juges retraités des États-Unis, du Royaume-Uni, de l’Inde, d’Afrique, etc. Nous traitons avec des conglomérats du monde entier et il est très facile de faire de l’arbitrage en ligne car nous avons notre propre serveur. Actuellement, nos principaux clients sont Indiens et, depuis deux ans et demi, je dois dire que l’Inde est un marché important qui offre de nombreuses opportunités commerciales. Il convient aussi d’ajouter que mes collègues ex-Lords m’aident beaucoup en termes d’image de marque, d’organisation et, bien sûr, de qualité de mes dossiers.&nbsp;</p> <p><strong>Dans un premier temps, après 2014, vous disiez dans ces mêmes colonnes, n’être pas prêt à rentrer à Maurice à l’appel lancé en direction de la diaspora mauricienne… Aujourd’hui, vous dites que l’Angleterre n’est plus tout à fait rassurante sur le plan économique et social…</strong></p> <p>Il y a eu trois changements de Premier ministre au Royaume-Uni au cours des deux ou trois dernières années. Cela a porté un coup dur à un pays comme le Royaume-Uni, qui était un exemple de démocratie et de respect. La population n’a plus confiance en ses députés et dans son ensemble, elle subit la crise du coût de la vie. &nbsp;Il s’agit notamment de l’augmentation de la taxe d’habitation, des factures d’énergie et d’autres factures de services publics. Parallèlement, d’autres facteurs, tels que la guerre en Ukraine, pèsent actuellement sur l’économie. Il arrive un moment où les gens sont confrontés à de nombreux défis au Royaume-Uni et où ils ont du mal à joindre les deux bouts. Les prêts hypothécaires augmentent considérablement et les gens n’arrivent même plus à rembourser. Les maisons sont reprises par les banques et les sociétés de construction, etc. De l’autre côté, vous avez un pays comme l’Inde, qui est en train de gravir l’échelle des économies sous la forte direction de Narendra Modi, entouré de personnes éminentes comme le yogi Adityanath, S Jaishankar, Amit Shah, Smriti Irani, Nitin Gadkari et la liste est encore longue. J’ai connu certains d’entre eux personnellement et professionnellement au cours des deux dernières années.</p> <p>Actuellement, au sein du Parti conservateur, il y a un bras de fer entre les membres élus et le leader ; nous assistons à de nombreuses démissions et à des élections partielles, ce qui est clairement un manque destabilité politique. D’un autre côté, on assiste à l’émergence rapide des BRICS et mon opinion est qu’à l’heure actuelle, aucun pays au monde ne serait en mesure de survivre sans l’aide du gouvernement indien et je dois dire que Maurice, sous la direction de Pravind Jugnauth, a réussi à saisir l’aide de l’Inde au bon moment dans divers secteurs et industries.</p> <blockquote> <h2>Le Canada n’est plus l’un des pays les moins chers. Malheureusement, le coût de la vie y est plus élevé que les Mauriciens ne le pensaient, et ils ont dépensé beaucoup d’argent pour les formalités d’immigration et ont littéralement emporté toutes leurs économies au Canada"</h2> </blockquote> <p><strong>Êtes-vous toujours prêt pour votre projet de contribuer à faire de Maurice un centre régional en matière de médiation et d’arbitrage ? Et quelles sont les conditions qui vous semblent nécessaires afin de réaliser cet objectif ?</strong></p> <p>Évidemment, ma patrie est ma mère ! Je suis prêt à apporter une valeur ajoutée et je contribuerai sans aucun doute à l’arbitrage et à la médiation, car l’île Maurice est bien placée sur le continent africain. Je réitère ce que j’ai toujours dit par le passé : les Mauriciens ont un potentiel énorme et sont travailleurs, et je crois que nous devons être le prochain leader du continent africain. Nous encourageons aussi beaucoup l’évaluation neutre précoce ; c’est peut-être difficile, mais pas impossible ! Les défis récurrents auxquels est confronté l’arbitrage international sont le coût et la lenteur des procédures arbitrales par rapport à d’autres moyens de résoudre les litiges.</p> <p>Il existe cependant des outils novateurs qui méritent d’être largement utilisés : les diagrammes de cartes heuristiques, les diagrammes simplifiés de preuves et les diagrammes de causes et d’effets. Ces outils devraient permettre de réduire les coûts et d’améliorer à la fois l’efficacité et les aspects qualitatifs de la préparation, de l’exécution et de la conclusion des arbitrages internationaux. Ces trois techniques seraient bénéfiques à la fois pour les arbitres et pour les avocats tout au long de la procédure d’arbitrage international. À moyen ou long terme, ces trois outils pourraient s’imposer dans leur application au sein de l’arbitrage international.&nbsp;</p> <p><strong>Dans un récent courrier, vous faites état de votre ferme décision de poser définitivement vos valises à Maurice. Dans quelle activité comptez-vous vous engager ?</strong></p> <p>C’est une question très intéressante. En effet, honnêtement, je suis un peu épuisé et j’ai parfois l’impression que ma maison me manque. Mon équipe travaille déjà à la mise en œuvre de quelques projets à l’île Maurice et il est certain que cela se fera dans un avenir proche. Il est certain que notre centre d’arbitrage et de médiation est le premier sur la liste, deuxièmement, la formation et le coaching, et troisièmement, la gestion et le conseil, surtout avec la forte demande en Inde et en Afrique, avec notre expertise internationale dans les domaines de l’agriculture, de la gestion des lignes aériennes et des rendements, de la productivité et de la gestion de la qualité de niveau international.</p> <blockquote> <h2>À Maurice, les tickets électoraux sont attribués en fonction de la religion et de la caste et je pense que cela continuera pendant très longtemps"</h2> </blockquote> <p><strong>Vous venez d’une famille – à commencer par votre père, un ex-Town Clerk de Curepipe - très ancrée dans la politique à Maurice. Est-ce que l’engagement en politique vous tente et quelles seraient vos motivations dans un domaine partagé par des partis dits traditionnels et de nouveaux partis, chacun y allant avec ses promesses en cette année électorale ?</strong></p> <p>En effet, la politique m’a toujours intéressé. Mon père était très proche de feu Sir Anerood Jugnauth. SAJ a été pour moi un mentor, directement et indirectement, dans le domaine du droit et de la gestion politique. Il m’a dit un jour que les lois sont faites pour être enfreintes, mais intelligemment. C’est là que nous cherchons et trouvons les failles, les tenants et les aboutissants de la paraphrase pour gagner l’affaire, et cela a aussi un prix.&nbsp;</p> <p>Je ne vois pas comment les nouveaux partis vont créer un changement dans la mentalité politique, car il faut plus d’une décennie pour accomplir quelque chose comme cela. En outre, la Constitution mauricienne suit le « modèle de Westminster », mais parfois nous suivons et marchons à la manière indienne. Partout dans le monde, tous les partis ont mis en place leur manifeste pour gagner les élections et l’ont parfois respecté, en partie ou en totalité. Il y a deux aspects : aspirer à devenir candidat et avoir la politique dans les veines. À Maurice, les tickets sont attribués en fonction de la religion et de la caste et je pense que cela continuera pendant très longtemps.&nbsp;</p> <p><strong>En 2020, Maurice a frôlé une rupture alimentaire inédite et, depuis, cet enjeu est revenu sur le tapis avec l’éclatement de la guerre en Ukraine. Comment peut-on traiter de manière concrète et pérenne la question d’une certaine indépendance alimentaire de Maurice ?</strong></p> <p>Voici une question qui mérite d’être posée. Je possède plusieurs hectares de terres qui sont principalement destinées à la culture de la canne à sucre. En effet, après la Guerre froide, la population a souffert d’un manque de durabilité agricole, car nous dépendons des importations. Il est grand temps, voire trop tard, de réinventer le concept de l’agriculture à Maurice afin d’aider les petits planteurs et autres à devenir durables dans la production de légumes, de fruits et autres.</p> <p>Les projets ne devraient pas être développés uniquement sur papier, mais plutôt matérialisés en termes de concept attractif et éprouvé. Mon entreprise au Royaume-Uni a eu l’occasion de participer à un projet agricole financé par l’Union européenne et j’ai pu constater que la production de légumes et de fruits pouvait et devait être réalisée d’une manière différente. Nous devons également nous pencher sur nos types d’engrais et avec le changement climatique mondial, je pense qu’il n’y a pas eu d’évolution en termes d’engrais utilisés à Maurice au fil des ans (en cours d’investigation et de correction) et nous devrions nous adapter à des méthodes de plantation futuristes qui ne sont pas coûteuses mais qui apportent par la suite un rendement et un profit élevés. Nous devons explorer de nouvelles voies d’exportation dans nos régions voisines. Nous respirons déjà un air pur et frais, alors pourquoi ne pourrions-nous pas avoir les meilleurs fruits et légumes ?</p> <blockquote> <h2>Il est grand temps, voire trop tard, de réinventer le concept de l’agriculture à Maurice afin d’aider les petits planteurs et autres à devenir durables dans la production de légumes"</h2> </blockquote> <p><strong>Comment l’apparition du bloc de pays des BRICS peut-elle profiter à l’île Maurice sans pour autant déséquilibrer nos rapports avec des pays tels que la France, l’Angleterre, voire les États-Unis ?</strong></p> <p>Les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), en tant qu’organisation intergouvernementale, jouent un rôle important dans le monde en raison de leur puissance économique, de leur potentiel de marché, de leur influence politique et de leur coopération au développement. Les BRICS consolident leur position en Afrique par des investissements massifs, ce qui semble créer une nouvelle source de financement du développement pour le continent. L’Afrique du Sud représente un tiers de l’économie de l’Afrique subsaharienne et sert de point d’entrée aux BRICS pour accéder au marché africain d’un milliard de consommateurs. En invitant l’Afrique du Sud à rejoindre les BRICS, les principales économies émergentes ont fait savoir que l’Afrique du Sud était une puissance régionale influente et une porte d’entrée vers l’Afrique, qui pouvait également défendre les intérêts de l’ensemble du continent. De toute évidence, Maurice, qui est un allié proche de l’Inde et du continent africain par l’intermédiaire de la SADC, se trouve du côté des gagnants. L’Inde ne laissera pas Maurice sur le banc de touche, mais nous devons également comprendre le modus operandi des BRICS afin d’en tirer parti.</p> <p>Des discussions sont en cours sur l’éventuelle création d’un centre d’excellence africain des BRICS sur la transition énergétique juste, qui soutiendrait un réseau de chercheurs axés sur les aspects technologiques, socio-économiques, environnementaux, financiers et autres de la transition juste, et qui éclairerait l’élaboration de politiques dans les pays des BRICS en collaboration avec la plateforme de coopération en matière de recherche sur l’énergie des BRICS. L’Inde et la Chine sont en mesure de trouver leur propre financement international pour les énergies renouvelables en proposant leurs propres obligations vertes, connues sous le nom d’obligations Green Masala et Green Panda, respectivement. L’obligation Green Panda est émise par la nouvelle banque de développement des BRICS. Les possibilités pour les BRICS de soutenir la transformation de notre économie sont évidentes.&nbsp;</p> <p><strong>Durant notre dernier entretien, à Maurice même, vous nous disiez que vous avez beaucoup de confiance en la capacité des Mauriciens à faire face aux défis, compte tenu que vous-même vous l’avez démontré. Que faut-il pour les motiver à vivre et travailler à Maurice sans croire que l’herbe serait forcément plus verte ailleurs ?</strong></p> <p>Nulle part dans le monde l’herbe n’est verte ou plus verte. C’est un état d’esprit. Lors de ma récente visite aux États-Unis, j’ai appris que de nombreux Mauriciens avaient émigré au Canada et qu’ils étaient confrontés à de nombreux problèmes, en particulier sur le plan économique. Le Canada n’est plus l’un des pays les moins chers. Malheureusement, le coût de la vie y est plus élevé que les Mauriciens ne le pensaient, et ils ont dépensé beaucoup d’argent pour les formalités d’immigration et ont littéralement emporté toutes leurs économies au Canada, tout en continuant à travailler comme bouchers, électriciens, nettoyeurs, dans des usines de boucherie, etc. Ça fait de la peine d’entendre tout cela, mais c’est aussi leur choix. Je dois dire qu’ils manquaient d’informations sur les conditions sociales et économiques réelles de ces pays - tout comme nous ne pouvons pas comparer le Royaume-Uni d’il y a dix ans et d’aujourd’hui ! Il faut un cadre pour la jeunesse mauricienne et lui inculquer dans ses habitudes quotidiennes ce qui est le mieux pour elle. Parfois, certaines personnes craignent le terme « Coaching », qu’elles jugent dévalorisant, mais il s’agit avant tout d’un état d’esprit. De nos jours, même les PDG ont un coach personnel pour naviguer, les politiciens ont même un coach pour voir les choses en dehors de la boîte et faire face à la réalité.&nbsp;</p> </div> <div class="field field--name-field-disqus field--type-disqus-comment field--label-hidden field--item"><drupal-render-placeholder callback="Drupal\disqus\Element\Disqus::displayDisqusComments" arguments="0=Jayshan%20Keejoo%20%3A%C2%A0%C2%ABMaurice%2C%20proche%20de%20l%E2%80%99Inde%20et%20du%20continent%20africain%2C%20se%20trouve%20du%20c%C3%B4t%C3%A9%20des%20gagnants%C2%BB&amp;1=http%3A//defimedia.info/jayshan-keejoo-maurice-proche-de-linde-et-du-continent-africain-se-trouve-du-cote-des-gagnants&amp;2=node/156856" token="K__ng1Ljqbl9SOWo4dMcLQnpwvffn9I-O21hGRri-wU"></drupal-render-placeholder></div> Sat, 06 Apr 2024 04:00:00 +0000 Pradeep Daby 156856 at http://defimedia.info Yvan Martial : «Nous n’avons pas le droit de céder à la facilité du pouvoir de l’argent» http://defimedia.info/yvan-martial-nous-navons-pas-le-droit-de-ceder-la-facilite-du-pouvoir-de-largent <span>Yvan Martial : «Nous n’avons pas le droit de céder à la facilité du pouvoir de l’argent»</span> <span><span lang="" about="/users/philbert" typeof="schema:Person" property="schema:name" datatype="">Patrick Hilbert</span></span> <span>lun 01/04/2024 - 08:30</span> <div class="field field--name-field-main-picture field--type-image field--label-hidden field--item"> <img src="/sites/default/files/styles/node_content_picture/public/111_2.jpg?itok=dqd196GI" width="1280" height="720" alt="" typeof="foaf:Image" class="img-responsive" /> </div> <div class="field field--name-body field--type-text-with-summary field--label-hidden field--item"><p>Le journaliste, écrivain et ancien rédacteur en chef de l’express, Yvan Martial propose une analyse critique et sans langue de bois de la situation politique à quelques mois des élections générales. Il évoque des amendements, à la veille de la conférence constitutionnelle organisée par Rezistans ek Alternativ, le samedi 30 mars.</p> <p><strong>Navin Ramgoolam a annoncé aux membres de son comité central la semaine dernière que le Parti travailliste aura trente-cinq tickets, le Mouvement militant mauricien (MMM) dix-sept et le Parti mauricien social-démocrate (PMSD) huit pour les élections générales. Le MMM et le PMSD ne sont pas d’accord. Est-ce le début de la fin pour cette alliance ?&nbsp;</strong></p> <p>La bienséance veut que Navin Ramgoolam annonce d’abord à ses partenaires majeurs, Bérenger et Xavier-Luc Duval, cette répartition de tickets, pourtant connue de longue date. Il l’a peut-être fait, mais on l’ignore. D’où la prévisible crise d’égos surdimensionnés. Risible, mais compréhensible. Des politiciens sont tellement stupides qu’ils se permettent même des velléités suicidaires. Si suicides politiques et électoraux il doit y avoir, autant que ça se fasse avant les législatives. De quoi désespérer davantage les déçus de longue date du militantisme de Mai 1968 et du fabianisme d’avant-guerre et, faute de mieux, nous jeter dans le puant gruyère de l’Empereur Soleil.</p> <p>L’opposition principale au Mouvement socialiste militant (MSM) des Jugnauth a le devoir de nous offrir une force cohérente indestructible, face à une machine électorale lubrifiée à coups de milliards. En cas d’échec, nous n’avons pas le droit pour autant de céder à la facilité du pouvoir de l’argent. Nous aurons le devoir de résister, même en ordre dispersé, contre le terrorisme de l’argent facile, &nbsp;pouvant acheter les consciences vacillantes.&nbsp;</p> <p><br /> <strong>Au niveau du gouvernement aussi, on voit quelques tensions, notamment du côté du Muvman Liberater (ML) qui ne veut, pour l’instant, pas faire partie de Linite Militan qui est une fusion entre la formation de Steven Obeegadoo et d’Alan Ganoo. On a aussi vu le député du ML, qui est aussi Deputy Speaker, Zahid Nazurally, reprocher, dans un discours officiel, que deux familles seulement peuvent occuper le poste de Premier ministre et que c’est à l’électorat de décider si le pays doit continuer ainsi. Quelle interprétation donner à cette situation ?</strong></p> <p>Pourquoi donner même un semblant d’intérêt à des politiciens aussi insignifiants que ces anciens MMM ? Ils subsistent et vivotent grâce uniquement à l’extrême bienveillance de Pravind Jugnauth à leur égard. Ils sont condamnés à ingurgiter, jour après jour, de nouveaux bols de couleuvres politiques, sinon de scorpions, en prenant bien soin d’éviter le moindre regard de travers en direction de Pravind. Car tout haussement de sourcil pourrait leur valoir les pires mésaventures politiques. Le brave Ivan en sait quelque chose, lui qui est désormais aussi stationnaire à Saint-Louis que Gamane au nord de Madagascar. Leur dernière consolation à ces anciens MMM : ils peuvent narguer à loisir leur ancien leader, surtout quand il se fait expulser pour la énième fois. On se console comme on peut. Vous me demandez de commenter la forfanterie d’un Deputy Speaker, savourant le bol de soupe politique, dans lequel il a éjecté un crachat de son cru, mais des plus répugnants. La charité la plus élémentaire m’interdit de dire ici ce que je peux penser de pareille vilénie. Bon appétit quand même Monsieur Nazurally. Je plains les vôtres. &nbsp;</p> <p><strong>À partir du 1er avril, les retraités toucheront leur pension de vieillesse de base comprenant les récentes augmentations. Est-ce que ces hausses boostent la popularité de ce gouvernement ?&nbsp;</strong></p> <p>Le MSM compte désespérément sur le tour de passe-passe de l’augmentation de pension de vieillesse pour redorer son blason terni avant les prochaines législatives. Il espère, contre toute espérance, qu’un nombre appréciable d’électeurs mordront, une fois de plus, à l’hameçon tellement grossier, consistant à faire croire aux imbéciles que c’est Pravind Jugnauth qui tire de sa poche familiale de quoi payer des pensions de vieillesse aussi généreuses. Tant que nous serons trop nombreux à ne pas comprendre que nous devons ces pensions de vieillesse trop généreuses à des contribuables et consommateurs, obligés de payer impôts sur les revenus et la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), chaque fois que nous nous rendons au supermarché, il est normal que le MSM mise sur notre imbécillité pour gagner les prochaines législatives. Nous, journalistes libres, respectant notre mission sacrée d’informer et de former nos lecteurs, devons, par tous les moyens à notre disposition, contrer l’infecte propagande télévisée, visant à infantiliser à outrance la population mauricienne et à nous faire croire que nous devons notre pension de vieillesse au MSM de Monsieur Pravind Jugnauth. &nbsp;&nbsp;</p> <p><strong>Pour beaucoup de gens, les récentes annonces et mesures mises en place et les projets inaugurés sont annonciateurs d’élections imminentes. Certains observateurs avancent le mois d’août pour l’organisation des élections générales. Quelle est votre analyse ?</strong></p> <p>Posons quelques questions subsidiaires : qu’annoncera-t-on en premier : la date des prochaines législatives ou celle de la première journée de courses hippiques 2024 et sur quel hippodrome ? Les paris sont ouverts. Pour en revenir au calendrier électoral, nous comprenons que la population souhaite connaître, le plus tôt possible, le calendrier des réjouissances électorales, avec tout son folklore de dépôts de candidatures, campagne télévisée, bal des oriflammes hautement polluant, processions de limousines et autres grosses motos.</p> <p>Dans ces défilés de médiocrité et de fausses valeurs, il est normal que les plus stupides tiennent le haut du pavé. Ils se battront même pour une place. Certains au MSM savent déjà quand auront lieu les prochaines législatives, car, contrairement à d’autres, ils partagent déjà les secrets des dieux, à ne pas confondre avec ceux d’alcôve. Mais les opposants, surtout majeurs, n’ont nul besoin de connaître avec précision la date des prochaines législatives. Qu’elles aient lieu en août ou en novembre, ce ne devrait pas être important pour eux, car ils doivent être, sur le terrain, en train de grignoter, pouce après pouce, à leurs adversaires principaux, le terrain électoral.</p> <p>Le travail a déjà commencé pour eux et ils sont déjà en train de labourer et de retourner la terre en faveur de leur alliance de combat. Vous me direz qu’ils ne sont pas encore sûrs d’obtenir le fameux ticket électoral. Ils n’en ont cure. Ce qui compte pour eux c’est la victoire électorale de leur parti ou alliance. Si ce n’est pas eux qui triompheront lors du casse-boîte, ce sera un autre compagnon de lutte tout autant méritant.</p> <p>Ce qui compte à leurs yeux, c'est la victoire du parti et surtout empêcher coûte que coûte le retour au pouvoir du MSM. Depuis déjà dix ans, ils se préparent moralement à bouter le MSM hors de l’Hôtel du gouvernement. Le travail presse. Ils n’ont pas de temps à perdre sur la question de la date des prochaines élections, celle de la prochaine raclée mémorable à servir tout chaud au MSM, demeuré trop longtemps au pouvoir.</p> <p><br /> <strong>Ce samedi 30 mars, Rezistans ek Alternativ organise une conférence constitutionnelle à laquelle sont invités les partis de l’opposition et des représentants de la société civile. L’objectif est qu’il y ait un consensus sur les amendements à apporter à la Constitution. Est-ce une bonne initiative ?</strong></p> <p>Saluons comme il se doit la louable initiative de Rezistans ek Alternativ, malgré ses lacunes dont la principale est l’absence de tout mandat populaire et de toute légitimité. Mais comme cela doit provenir du parti politique au pouvoir, naturellement hostile à tout ce qui peut ressembler, même de loin, à une diminution des pouvoirs politiques exorbitants subtilement accaparés au cours des dernières décennies, nous devons accepter l’initiative de Rezistans ek Alternativ de prendre de force une initiative que le pouvoir politique n’entend pas lui donner.</p> <p>D’aucuns pourraient toutefois reprocher à Résistanz ek Alternativ d’attendre la veille de prochaines élections pour tenir pareilles assises, alors que nos forces politiciennes doivent déjà se consacrer entièrement au travail d’occupation, sinon de conquête, du terrain électoral. Mais il n’est jamais trop tard pour bien faire, ce qui aurait dû avoir été entrepris dès le lendemain des résultats des élections du 7 novembre 2019.</p> <p><strong>Pensez-vous qu’un consensus est possible sur ce qu’il faut changer dans la Constitution ? A-t-elle besoin d’une vaste réforme ?&nbsp;</strong></p> <p>J’appréhende que des promoteurs d’une nouvelle réforme constitutionnelle pour Maurice se perdent, dès le départ, dans un fatras de détails à réformer, sans prendre le temps de s’entendre sur l’essentiel de la réforme constitutionnelle à entreprendre de toute urgence. La constitution de 1967 a été décidée par nos anciens maîtres colonialistes british born et visaient à donner pleine satisfaction à Seewoosagur Ramgoolam. Ce qui a abouti, pour reprendre la définition du regretté Yousouf Mohamed, à la possibilité constitutionnelle d’élire démocratiquement un dictateur en puissance.</p> <p>Il suffit de voir ce que sont devenus nos Premiers ministres, après le premier d’entre eux, pour donner raison à Yousouf Mohamed. Nous avons intérêt à revenir sur les débats publics préparant la constitution de 1947 qui demeure à jamais l’œuvre de Mauriciens pour des Mauriciens par des Mauriciens. Avec les Législatives d’août 1948, c’est la véritable révolution politique et électorale de notre histoire au 20e siècle. L’indépendance du 12 mars 1968 n’est rien comparé à cela. Avant comme après le 12 mars 1968, c’est d’ailleurs toujours le même Seewoosagur Ramgoolam qui coupe et qui tranche.&nbsp;</p> <p><strong>Quelle devrait être la priorité des priorités quand on parle de réforme constitutionnelle ?</strong></p> <p>La donnée principale et fondamentale de toute réforme de la Constitution de Maurice devrait être, à mon humble avis, de reprendre coûte que coûte à nos politiciens tous les pouvoirs, entre autres administratifs, qu’ils ont subtilement, mais indument accaparés, année après année, aux anciennes forces vives de la nation mauricienne. Elles sont l’appareil judiciaire, la fonction publique, les collectivités régionales et la démocratie régionale, entre autres. Revenons à ce qu’étaient notre pays et son administration au moment de l’Indépendance, quand un Secrétaire permanent dirigeait encore son ministère, au lieu de s’aplatir devant un ministre surgissant d’on ne sait où, comme s’il pouvait prétendre à la science infuse.</p> <p>Revenons à l’époque quand un employé d’une mairie ou d’un district avait besoin de résider dans cette localité. Revenons à l’époque quand l’autorité suprême d’un établissement scolaire ou hospitalier relevait d’un recteur, maître d’école ou surintendant d’hôpital, du calibre d’un Yves Cantin ou d’un Franck Richard. Retrouvons des Dayendranath Burrenchobay pour diriger notre fonction publique et pouvoir tenir tête à un Premier ministre, fût-il un Seewoosagur Ramgoolam.</p> <p>Revenons à une époque quand la désignation des membres des principaux organismes recruteurs de la fonction publique dépendait, non plus du bon vouloir, sinon du bon plaisir, de politiciens de bas étages, mais d’un consensus des meilleurs grands commis de l’État, soucieux de léguer aux générations suivantes une fonction publique encore plus performante que celle qu’ils avaient connue lors de leur entrée en fonction.</p> <p>Quand il est question de réformer la constitution de Maurice, nous devons entendre un seul cri : Politiciens de tous bords, restituez à la population et à sa fonction publique tous les pouvoirs politiques et administratifs que vous avez accaparés depuis notre Indépendance. Tout le reste est baratin de bas étage, indigne de retenir plus longtemps notre attention.</p> <p><br /> &nbsp;</p> </div> <div class="field field--name-field-disqus field--type-disqus-comment field--label-hidden field--item"><drupal-render-placeholder callback="Drupal\disqus\Element\Disqus::displayDisqusComments" arguments="0=Yvan%20Martial%20%3A%20%C2%ABNous%20n%E2%80%99avons%20pas%20le%20droit%20de%20c%C3%A9der%20%C3%A0%20la%20facilit%C3%A9%20du%20pouvoir%20de%20l%E2%80%99argent%C2%BB&amp;1=http%3A//defimedia.info/yvan-martial-nous-navons-pas-le-droit-de-ceder-la-facilite-du-pouvoir-de-largent&amp;2=node/156733" token="6D4_y3SWXykoSCxu5pahkgau83LAh3hEy9CwPj6ayPI"></drupal-render-placeholder></div> Mon, 01 Apr 2024 04:30:00 +0000 Patrick Hilbert 156733 at http://defimedia.info