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Taxis et vans marrons : ce qu’en pense le public

Pour ou contre les taxis et vans marrons ? Faut-il respecter la loi ou la braver, afin de ne pas être en retard au travail ? Notre rédaction a posé la question au public voyageur ainsi qu’à des chauffeurs de taxi.

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Iqbal, un Curepipien, se plaint des bus individuels qui roulent trop lentement et ne respectent pas les horaires. « C’est pourquoi j’estime que les taxis et les vans marrons dépannent les passagers. C’est la faute aux chauffeurs de bus individuels. Ma fille est employée de banque. Tous les matins, elle quitte la maison entre 6 h et 6 h 30 pour prendre son bus pour Flacq. Elle m’explique que les bus roulent à 20 km/h sur le parcours. Il faut plus d’une heure pour gagner Flacq. Il faut que la National Transport Authority sévisse. »

C’est la même chose sur les autres lignes, assure Iqbal. « Allez donc prendre un bus à la gare de Curepipe pour gagner Mahébourg. Il roule à une vitesse d’escargot. Arrivé à Beau-Vallon, le chauffeur commence à accélérer, quitte à tuer quelqu’un sur la route ! » Les autorités menacent de sanctionner de Rs 500 d’amende les passagers voyageant à bord  d’un van ou taxi marron, ou un minibus sans permis. « Il faudrait infliger des amendes aux chauffeurs de bus. Il faudrait placer des inspecteurs de la NTA sur nos routes. Qu’ils voyagent incognito dans un bus et constatent d’eux-mêmes le temps mis par un bus pour arriver au terminus. Et le respect des horaires », peste Iqbal.

Yousuf n’a toujours pas son permis de taxi, malgré les démarches entamées depuis de nombreuses années. « Je n’ai d’autre choix que de travailler dans l’illégalité pour gagner ma vie. » Kevin, 30 ans, est marié et père de famille. Il avoue que les taxis dûment patentés ne servent pas les membres du public comme il le faudrait. « Cela les force à recourir aux taxis ou vans marrons. Il y a sur la route plus de taxis marrons que de taxis patentés. Ces derniers ne travaillent que pour les hôtels ou les banques. Par mauvais temps, essayez donc de vous trouver un taxi : les chauffeurs rentrent tôt chez eux. »

Kevin déplore que la nouvelle génération de taximen éprouve des difficultés à obtenir une patente. « Les anciens conservent leur patente et les louent à des tierces personnes quand ils ne les cèdent pas à leurs enfants. Les autorités n’accordant plus de nouvelles patentes, c’est très difficile pour ceux qui souhaitent devenir taximen de régulariser leur situation. »
Tania est Quatrebornaise. « Je suis consciente du danger de voyager dans un taxi ou un van marron. Mais je n’ai pas le choix : sinon il faut poireauter longtemps pour gagner mon lieu de travail à l’heure, à l’hôpital. Et en plus, le service est plus bon marché. »

Raffick, un taximan parenté, déplore que les autorités ne fassent pas respecter l’ordre et les règlements. « Il y une loi pour les taxis patentés, mais les chauffeurs de taxis marrons restent impunis. On ne peut rien contre eux. »

Kaushik Reesaul : « Des chauffeurs ne jouent pas le jeu »

Pour le commissaire de la National Transport Authority (NTA), « la situation est inacceptable. Tous les mois, je réunis propriétaires et chauffeurs de bus individuels. Nous dépêchons des inspecteurs à toutes les gares. Les opérateurs ont un horaire établi, approuvé par la NTA. Ils discutent de leur demande avec les chefs de gare. Hélas, certains chauffeurs ne jouent pas le jeu », déplore-t-il auprès d’Xplik ou K.

« Au cours de mon point de presse, j’ai d’abord rappelé que ceux qui voyagent dans un taxi ou van marron mettent leur vie en danger. Ensuite, la NTA compte faire modifier la loi pour déterminer une amende (fixed penalty). La loi est claire : si l’on voyage dans un taxi sans permis, contre un paiement, on commet un délit. Si un enquêteur arrête cette voiture, tous les passagers seront conduits au poste de police. Chaque passager devra faire une déposition. Je suis tenu de faire appliquer la loi : elle s’applique à tous », souligne Kaushik Reesaul.

Les membres du public doivent assumer leurs responsabilités, insiste le commissaire. Il rappelle « qu’il y a une hotline pour dénoncer les bus escargots. Sauf que la ligne est vite saturée. D’ici la semaine prochaine, nous verrons avec un centre d’appels comment réorganiser et rediriger ces plaintes pour offrir un service rapide et efficace ».

Question : les propriétaires de bus desservant Mahébourg ou Flacq sont-ils rappelés à leurs devoirs envers le public ? « Oui, nous les appelons. S’ils ont fauté, ils risquent de perdre leur permis, le propriétaire, le chauffeur et le receveur sont concernés. Mon message au public : aux propriétaires et aux chauffeurs, la NTA sera sans pitié envers ceux qui violent la loi. »

Un ex-officier de la NTA : «Le problème est compliqué»

Dev, 80 ans, est un officier de la National Transport Authority à la retraite. « De mon temps, j’étais souvent sur le terrain. J’observais comment les taximen, patentés ou marrons, « volaient » les passagers des bus. Ce qui avait découragé une compagnie de mettre des bus sur certaines lignes. Pour survivre, la compagnie a baissé son tarif sur la ligne Mahébourg-Flacq. Les passagers sont revenus vers les bus, mais les taximen ont protesté et ont obtenu gain de cause devant la justice. Conséquence : certaines lignes sont desservies par un bus toutes les heures. Est-ce une amélioration ? « Le public est incité à prendre les transports marrons. « Ce sont les personnes âgées qui sont les plus pénalisées, car contraints de prendre un taxi, faute de bus réguliers. » « Le problème est très compliqué. Certes, les taxis et vans marrons sont illégaux, mais d’un autre côté, ils dépannent les membres du public. Avouons-le : les compagnies ou les propriétaires de bus individuels ne sont pas innocents dans cette affaire », précise Dev.

 

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