L’au-delà, les univers parallèles, le fantastique ont toujours nourri l’imaginaire des écrivains, parce que ce monde leur ouvre des perspectives sans fin avec des histoires que le talent peut parfois magnifier. C’est le cas d’Anoucheka Gangabissoon dans son dernier ouvrage, ‘Tales from this world and the Other Ones’, publié par les Éditions de l’océan Indien.
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Enseignante dans le primaire, la jeune trentenaire est une figure connue dans le monde littéraire anglophone mauricien. Depuis ces dernières années, le monde de l’édition électronique lui a permis de se faire connaitre à l’étranger, tant en poésie qu’en nouvelles. L’imagination fécondée par ses lectures, dont l’influence majeure à son adolescence a été Stephen King, elle est aussi une passionnée de films fantastiques contemporains, parmi la série des ‘Twilight’ qui, d’ailleurs, lui a inspiré un récit où apparaît un vampire bellâtre. C’est dire que depuis ces dix dernières années, les vampires ne sont plus ce qu’ils étaient, c’est-à-dire la figure d’un longiligne Christopher Lee, revêtu d’un manteau noir (rouge à l’intérieur !!!), ronflant dans un cercueil le jour avant de hanter la nuit des beautés soporifiques, une fois le soleil disparu derrière les nuages. Donc, depuis ‘Twilight’, les vampires sont devenus fréquentables, voire des grands romantiques.
Mais par-delà les ancêtres du comte des Carpates, c’est tout un monde peuplé de créatures fantastiques qui habitent l’imaginaire d’Anoucheka Gangabissoon. De Ramel à Mihalia en passant par la galaxie Rydon, l’auteure construit un univers suffisamment fantasmagorique pour transposer le lecteur dans cette dimension de toutes les possibilités et qui le laisse rivé à sa lecture, tant par la maîtrise de l’anglais que par la fluidité des mots.
‘Time Machine’
On peut penser à l’univers d’un Edgar Allan Poe dont certains récits empruntent au gothique allemand ou à l’ésotérisme, mais l’auteure mauricienne a fait le choix du contemporain, même si l’obsession du temps fait aussi partie des déclinaisons de son ouvrage, comme en témoigne la thématique de ‘Time Machine’. De la même manière, elle s’approprie de celle des ‘Aliens’, gros sujet au cinéma et sur lequel on glosera encore longtemps, pour constituer l’ensemble de ses œuvres.
La littérature fantastique n’est pas un genre nouveau. Dans le passé, elle a donné lieu à des chroniques dans la presse – On peut citer les fameuses ‘Chroniques Martiennes’, le recueil de nouvelles de Ray Bradbury -, et plus près de nous les deux adaptations cinématographiques du grand roman de Philip K. Dick, ‘Blade Runner’, la première signée de Ridley Scott restant la référence en matière de film SF grâce au décor et à l’atmosphère ‘claustrophobique’ qui étoffent cette histoire de réplicants androïdes traqués par un ex-policier Si cette littérature demeure encore un genre mineur, c’est parce qu’il ne semble relever d’aucun code comme il en existe dans les romans classiques, la nature de ses trames, ses personnages, les lieux et l’action étant inscrits dans un registre laissé libre à l’imagination de ses auteurs, assimilés à des électrons libres.
Après Ray Bradbury, Philip K. Dick et Isaac Asimov (et ses robots), il a fallu attendre J.K. Rowling pour revisiter le genre avec sa saga ‘Harry Potter’, avec lequel sans doute se rapproche le plus, dans son aspect narratif et son état d’esprit, Anoucheka Gangabissoon. Il coule de source que les ouvrages des trois auteurs cités plus haut s’inscrivent eux dans un contexte social et politique, alors que J.K. Rowling ne prête aucun motif social à son héros – la Guerre froide et le Mur de Berlin ne sont plus d’actualité - , de la même manière que la Mauricienne s’inscrit résolument dans le fantastique mais toujours ponctuée par une dose de morale. Classique dans sa demarche, elle ne souhaite pas non plus emprunter aux mots nés du langage des réseaux sociaux pour coller à l’actualité littéraire. « Je reste fidèle à un anglais standard, classique, voire littéraire », dit-elle sans ambages, reconnaissant que ce classicisme a ses partisans et adversaires.
‘Tales From the World and the Other Ones’, d’Anoucheka Gangabissoon (274 pp)
Imprimé par les Éditions de l’océan Indien
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