Tout le monde le sait : fumer tue. Pourtant, arrêter la cigarette se révèle être plus compliqué que jamais. Malgré les campagnes contre le tabagisme, de l’interdiction de fumer en public à la hausse du prix des cigarettes, la consommation de nicotine rajeunit et se féminise.
Le taux de tabagisme est en baisse chez nous. Certes. Selon le Non-Communicable Diseases Survey, il est passé de 21 % en 2009 à 19 % en 2015. Le nombre de cigarettes importées a aussi baissé de 400 millions, durant ce même laps de temps, indique-t-on du côté de la Mauritius Revenue Authority. Toutefois, bien que l’incidence ait diminué chez les adultes, le tabagisme prend de l’ampleur chez les femmes et surtout les jeunes.
Pourtant, tous connaissent les méfaits du tabac. La cigarette contient environ 4 000 substances chimiques, dont plusieurs sont toxiques comme le cyanure, la nicotine, le goudron et le monoxyde de carbone. De plus, elle contient une cinquantaine de substances qui peuvent provoquer le cancer. « Rien qu’en fumant une cigarette, vous vous exposez à de multiples dangers. Si j’avais le pouvoir d’en interdire la vente à Maurice, je l’aurais fait », souligne le Dr Anil Deelchand, du ministère de la Santé.
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Le Dr Deelchand souligne que fumer une seule cigarette par jour est aussi nuisible que d’en consommer dix. Mais, précise-t-il, celui qui fume plus de cigarettes risque d’avoir des soucis de santé plus rapidement. Par ailleurs, si une femme enceinte fume, cela aura un gros impact sur le développement de son bébé. Dans bon nombre de cas, ces bébés naissent plus petits que la normale.
« Nous avons d’ailleurs remarqué que le nombre de nouveau-nés de petits poids est en hausse chez nous. C’est possible que ce problème soit dû au fait que les femmes fument pendant la grossesse. Ces bébés sont plus à risque de développer des troubles respiratoires », explique notre interlocuteur, précisant qu’il ne faut pas négliger le cas des enfants exposés à la fumée de cigarette.
Ces victimes de tabagisme passif peuvent développer les mêmes maladies que les fumeurs. De plus, elles peuvent avoir des infections au niveau de la gorge et des oreilles, des troubles respiratoires et l’asthme. Les bébés peuvent aussi mourir subitement (mort subite du nourrisson ou cot death). « Fumer en présence d’un enfant asthmatique l’expose à des complications. Il y a des cas où les enfants font des crises d’asthme toute l’année. Les médecins finissent par apprendre que ces enfants sont exposés à la fumée de cigarette chez eux presque tous les jours. Les parents savent pas à quel point elle est néfaste aux enfants asthmatiques », constate-t-il.
Les principales mesures anti-tabac du ministère de la Santé:
Il indique que dès qu’on se met à fumer, on en ressent les méfaits : mauvaise haleine, augmentation du pouls, hausse de la tension artérielle, troubles respiratoires, essoufflement, règles douloureuses. Par la suite, le fumeur peut développer des troubles sexuels et ses poumons commencent à être affectés. Il peut développer à la longue, une bronchite chronique.
Plusieurs types de cancer sont aussi liés au tabagisme : poumon, gorge, bouche et vessie, entre autres. Quant aux fumeuses, elles ont la peau qui vieillit plus rapidement et peuvent aussi souffrir de ménopause précoce, indique le médecin, ajoutant que de nombreux Mauriciens souffrant de maladies non transmissibles (hypertension artérielle, diabète, maladies cardiovasculaires) sont fumeurs.
Troubles sexuels et autres maux
L’impuissance est l’un des méfaits les plus importants du tabagisme. De plus, l’homme qui fume produit du sperme de mauvaise qualité. Le ministère de la Santé constate d’ailleurs que les couples qui ne parviennent pas à concevoir sont fumeurs, ou l’un des conjoints fume. Autres troubles liés au tabagisme : attaque cérébrale, infarctus du myocarde et gangrène au pied pouvant mener à l’amputation. <Publicité
- Signature de la Convention Cadre Anti-Tabac en 2003 qui a été ratifiée en 2004.
- Amendements des lois anti-tabac en 2008.
- Interdiction de fumer dans les lieux publics.
- Interdiction de vente de cigarettes aux mineurs.
- La publicité sur les cigarettes est interdite, de même que le parrainage pour la promotion du tabac chez nous.
- Mise sur pied de sept Tobacco Cessation Clinics, dont cinq dans les hôpitaux régionaux pour venir en aide à ceux qui veulent cesser de fumer.
- Interdiction de la vente de cigarettes au détail.
Nicotine Replacement Therapy: les conseils avant les médicaments
À la Tobacco Cessation Clinic du ministère de la Santé, le fumeur est d’abord motivé à cesser de fumer à travers le counselling. « Les fumeurs sont déçus parce qu’ils sont persuadés qu’ils vont être mis directement sous médicaments. Or, la thérapie que nous proposons ne fonctionne pas ainsi. Ce n’est que lorsque le fumeur n’a pu cesser de fumer à travers le counselling que nous lui proposons des médicaments – Nicotine Replacement Therapy. Mais il y a aussi des restrictions au niveau des médicaments. Nous les prescrivons aux fumeurs pendant une période maximale de douze semaines. Si le fumeur n’a pu abandonner la cigarette pendant cette période, nous considérons qu’il s’agit d’un échec. De ce fait, nous n’allons pas continuer à lui prescrire des médicaments », explique le Dr Deelchand. La clinique Les Mariannes propose également une thérapie anti-tabac aux fumeurs. Elle est basée sur une technique appelée Neurofeedback. « Il s’agit d’un appareil qui détecte les ondes magnétiques du fumeur. Celles-ci sont analysées. Une vingtaine de minutes pus tard, nous invitons le patient à fumer pour ensuite effectuer une nouvelle détection de ses ondes magnétiques, qui sont aussi analysées. Ensuite, l’appareil renforce les ondes initiales. Résultat : lorsqu’il fume une autre cigarette, le client ne se sent plus à l’aise et ne l’apprécie plus. Même le goût de la cigarette le rebute », explique le Dr Maudarbocus, directeur de la clinique. Il affirme qu’il s’agit d’une méthode révolutionnaire utilisée dans plusieurs pays. Selon lui, le taux de succès de cette thérapie est de 85 %. Sept à neuf jours après, le client revient pour une booster session. Pendant une année, il peut venir à la clinique à n’importe quel moment pour une nouvelle séance gratuite. La thérapie coûte de Rs 7 000 à Rs 9 000. Cependant, le Dr Maudarbocus concède que le risque de rechute est là puisque la cigarette est après tout une addiction. De plus, la personne peut par la suite entrer dans une phase de stress et recommencer à fumer. Une nouvelle booster session lui est alors proposée.Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !