Le Mauritius Council of Social Services (MACOSS) serait tombé à son niveau le plus bas. C’est ce qu’indique Suraj Ray, son président fraîchement élu, tout en exprimant son souhait de revoir le fonctionnement de cet organisme.
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L’image du MACOSS a été ternie par les irrégularités identifiées aux élections qui devaient avoir lieu en juin. Comment comptez-vous redorer son blason en tant que nouveau président ?
Il est important de souligner qu’à ce jour, il n’y a pas eu de véritable enquête pour déterminer les lacunes dans le système ou encore pour identifier les responsables, s’il y en a. C’est vrai que le MACOSS, a un moment donné, est tombé à son niveau le plus bas. D’où la nécessité, dans un premier temps, pour tous les membres et le personnel de se concerter, afin de prendre connaissance de l’ampleur du problème et revoir le fonctionnement du MACOSS. Mais déjà, il y a certains aspects qui méritent d’être revus. Il faut rétablir la communication entre les membres et les stakeholders. Il faut qu’il y ait une meilleure gouvernance. On ne peut se permettre de faire des procurements à la veille des élections.
Si des travailleurs sociaux à la tête des ONG ont osé aller jusque-là, n’est-ce pas en raison des avantages d’être membre du comité de direction ?
C’est une stigmatisation de la part de ceux qui ne sont pas dans le social. Or, je dois dire que mes collègues, les travailleurs sociaux, sont, pour la plupart, animés par le devoir de servir avant tout. Ce n’est pas totalement vrai de dire que c’est uniquement pour les bénéfices et privilèges. C’est uniquement un groupe de personnes, que je qualifierai de brebis galeuses comme il y en a partout ailleurs, qui prennent avantage des facilités obtenues à travers le travail que nous faisons. Ils ont perverti le MACOSS pour leur gain personnel. D’ailleurs, des cas ont été rapportés à la Commission anti-corruption et à la police. Nous attendons de ces institutions qu’elles fassent leur travail car, au MACOSS, nous ne pouvons agir sans un rapport officiel des autorités compétentes.
Énumérons ces avantages ?
On m’a fait comprendre qu’il s’agissait surtout d’abus de pouvoir et de passe-droits. à titre d’exemple, lorsqu’il y a des conférences dans les hôtels, ce ne serait pas les personnes appropriées qui y assisteraient. Les membres du comité directeur se les partageraient entre eux. Il s’agirait des membres d’une clique, qui centraliseraient toutes les informations vers eux, sans passer par le secrétariat. Il y a aussi des voyages à l’étranger pour représenter le MACOSS. D’autres, par exemple, auraient utilisé leur influence pour obtenir des fonds. Mais tout cela reste à prouver.
D’où la perception, dans le public, que le MACOSS serait un club de jouisseurs. Est-ce que cela vous surprend ?
Cela ne me surprend pas. Récemment, il y a eu un souci entourant une quête qui avait été faite. Il y a eu d’autres situations de ce genre, qui ont terni l’image du MACOSS. L’ancienne direction, je pense, aurait dû prendre les devants pour clarifier les choses. De plus, il y a une vingtaine de membres au sein du Board. Quelques-uns réclament maintenant des changements. Mais ces mêmes personnes siègent sur le Board depuis une vingtaine, voire une trentaine d’années ! J’estime qu’il faut donner la chance aux autres. Il y a clairement un problème dans le système, car le processus démocratique semble ne pas fonctionner.
Justement, ce sont souvent les mêmes têtes qui se font élire comme membres du comité exécutif ou président. Comptez-vous limiter le mandat pour ces deux postes afin de donner la chance à d’autres ?
C’est un sujet sur lequel nous allons devoir travailler. Il faut qu’il y ait un reasonable time alloué au président et aux membres du comité exécutif. Un reasonable time qui reste à déterminer après consultations avec les membres et il faudra avoir un consensus sur la question.
Allez-vous revoir la distribution des voyages à l’étranger ou garder la part du lion pour vous et vos protégés ?
Le problème, ce ne sont pas les voyages. Que ce soit au gouvernement ou dans les Corporate Bodies, il y a des forums où il faut que l’institution soit représentée. Mais cela devient un problème lorsque, par exemple, un homme est envoyé pour représenter l’institution lors d’un forum à l’intention des femmes. C’est cela qu’il faut éviter.
Qu’en est-il du choix des représentants du MACOSS sur des « Boards » rémunérés ?
Il s’agit d’un autre point noir, au même titre que les voyages. Lorsque le MACOSS désigne une personne pour le représenter sur un Board, il faut que ce soit une décision réfléchie et surtout, que tout le monde puisse avoir une chance. Ce serait injuste qu’une personne se retrouve à siéger sur trois ou quatre comités. Mais d’un point de vue stratégique, un membre du MACOSS siégeant sur deux Boards, ce serait probablement envisageable.
N’est-ce pas une injustice que ces représentants empochent tout ? Est-ce qu’une part ne doit pas revenir au MACOSS ?
Cela dépend. Il y a des Boards, où le montant perçu n’est pas conséquent, soit environ Rs 500 – Rs 600 par session à raison d’une session, en moyenne, par mois. Toutefois, pour les Boards où la rémunération est plus conséquente, il faut peut-être envisager une contribution en retour dans les caisses du MACOSS.
Aucun de vos prédécesseurs n’a osé s’attaquer aux ONG fictives, aux ONG inactives et aux ONG boîtes aux lettres. Pouvez-vous relever ce défi ?
Définitivement. J’ai l’équipe nécessaire pour le faire et je suis convaincu que nous allons y arriver. Il y a des critères à respecter pour être membre du MACOSS. Ceux qui ne vont plus satisfaire ces critères ne pourront plus malheureusement prétendre en rester membres. Ces décisions seront prises par les membres lors des assemblées. Fode pa nek vini pou gagn voyaz, board ek finansman.
Les statuts du MACOSS n’ont pas été revus depuis plus de 50 ans. Avez-vous des projets en ce sens ?
C’est vrai que la MACOSS Act est dépassée et requiert une révision de fond en comble, afin de pouvoir la réadapter avec le contexte dans lequel nous évoluons actuellement. Il faut toutefois procéder avec vigilance et diplomatie. Certains candidats ont mentionné, dans leur programme, qu’ils vont amender la MACOSS Act. Sauf que cela ne se fait pas sur un claquement de doigts. Ne nous voilons pas la face, cela ne se fera pas du jour au lendemain. Il faut qu’il y ait, en amont, des consultations avec tous les membres, venir avec une ébauche, mettre sur pied un comité technique pour étudier ces propositions. Il faut ensuite convaincre nos parlementaires de la nécessité des amendements que nous voulons apporter.
Que voudriez-vous changer ?
Il faut revoir son object. Il y a certaines choses pour lesquelles la MACOSS Act ne fait pas provision, notamment le Sustainable Development. Il faut aussi que les procédures entourant les élections soient mieux établies. Il faut un enforcement mechanism, de même qu’un sanction mechanism. C’est d’ailleurs l’absence d’un tel mécanisme qui fait que, dans le passé, on a fait un peu ce qu’on voulait sans aucune crainte de sanction. Même moi, si je ne remplis pas convenablement mon devoir, je devrais être sujet à des sanctions.
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