Interview

Sunil Bholah: «La MauBank ne travaille pas au rythme souhaité»

Sunil Bholah
Le ministre des Affaires, des PME et des Coopératives n’est pas content et il le fait savoir. Pris à partie, à tort selon lui, lors de la dernière séance du Parlement le 3 mai dernier, il s’explique et lance un pavé dans la mare. Vous avez été dans l’incapacité de répondre à une question sur la MauBank au Parlement lors de la séance du 3 mai. Qu’est-ce qui explique cela ? Pour comprendre ma réaction, il faut remonter à la séance du 12 avril portant sur une question relative au montant déboursé par la MauBank en faveur des petits et moyens entrepreneurs. N’étant pas au pays lors de la séance du 12 avril, c’est mon collègue Mahen Seeruttun qui est intervenu à ma place. Et il avait répondu que depuis que la MauBank est en opération, il n’y a eu aucun déboursement pour les PME. Trois semaines plus tard, la même question revient et rien n’a changé.
Est-ce une justification suffisante pour expliquer que vous étiez perdu dans vos réponses ? J’étais déstabilisé et mal à l’aise. Pourquoi ? Parce que trois semaines après la première réponse en date du 12 avril, aucun effort n’a été fait pour remédier à la situation. J’étais agacé et cela m’a perturbé lorsqu’il a fallu que je réponde.
[panel contents="Sunil Bholah, un directeur financier, est nommé ministre des Affaires, des PME et des Coopératives à l’issue des élections générales de décembre 2014. Membre du MSM depuis 1995, il a été élu dans la circonscription No 10, Montagne-Blanche/Grande Rivière Sud-Est. Il a été le président du SIT de 2001 à 2002. Il a aussi été de passage au Mauritius Duty-Free Paradise et à Air Mauritius. " label="Bio" style="info" custom_class=""]
Qu’est-ce qui explique, selon vous, le fait que la MauBank n’a rien décaissé pour les PME ? Je n’ai pas de réponse, mais ce dont je suis sûr c’est que la Small and Medium Entreprises Development Authority (SMEDA) fait son maximum pour encadrer et soutenir les PME. Plusieurs initiatives ont été prises, des études de marché et des ateliers de travail faits, entre autres, pour cibler les contraintes et les faiblesses des PME. Parallèlement MyBiz, le One Stop Shop, encadre et aide les entrepreneurs pour lancer leur business. Manifestement il y a un problème quelque part, car ces initiatives n’arrivent pas à aboutir, c’est-à-dire cela n’aboutit pas au décaissement des fonds. La faute à qui ? Initialement je pensais installer MyBiz, le One Stop Shop et la banque des PME dans le SICOM Tower à Ébène. Mais cette démarche est restée au stade de projet, car le ministère des Finances a, entre-temps, réquisitionné l’espace pour ses propres bureaux. MyBiz s’est retrouvé à Port-Louis dans l’ancien bâtiment de la BAI avec un peu de retard. Et à la place de la SME Bank, il y a eu l’avènement de la MauBank. Cette dernière est avant tout une banque commerciale… Vous étiez surpris de ne pas avoir la SME Bank ? Évidemment.
En avez-vous discuté avec qui de droit, en l’occurrence le Premier ministre ? Je n’en ai pas senti l’utilité, car on avait dit que la MauBank allait répondre aux besoins financiers des PME. On m’avait même promis une branche par district au service des PME. Par la suite, le gouvernement est venu avec de nouveaux schemes, assez restrictifs, pour les compagnies enregistrées à partir de juin 2015. J’ai fait de sorte que ces schemes soient étendus aux individuels. Ce sont ces dossiers travaillés et supervisés par MyBiz et la SMEDA qui ont finalement été redirigés vers la MauBank. Mais aucun dossier n’a abouti, ni aucun fonds décaissé !
[blockquote]« La période de rodage de MyBiz est terminée. Je ne suis personnellement pas satisfait de sa performance ni de celle de la SMEDA. »[/blockquote]
[row custom_class=""][/row] Est-ce que, selon vous, la MauBank ne sert pas les intérêts des PME ? Ce n’est pas à moi de le dire. C’est vous le ministre et c’est vous qui êtes taken to task au Parlement… Ce que je sais, c’est que j’ai vu dans la presse que la MauBank va recruter un professionnel qui sera responsable du desk PME. Cela aurait dû être fait depuis longtemps. Déçu ? Un peu. Surtout que le gouvernement a l’ambition de créer une nation d’entrepreneurs afin de booster la relance économique. Est-ce à dire que la MauBank ne joue pas le jeu ? Je dirai plutôt qu’il aurait été souhaitable que la MauBank, mon ministère et la SMEDA travaillent de concert pour réaliser des objectifs communs. Actuellement, elle ne travaille pas au rythme souhaité. Je tiens toutefois à souligner que la MauBank ne tombe pas sous la responsabilité de mon ministère. Mais là où cela me gêne c’est quand les petits entrepreneurs reviennent vers moi après n’avoir eu aucune réponse sur leur demande de fonds. Et je peux vous dire que cela arrive souvent. Avez-vous évoqué la question au plus haut niveau ? Le Premier ministre est au courant de mes difficultés. Je suis optimiste qu’il va remédier à la situation très vite. La situation n’est pas plus brillante au niveau de MyBiz. En tant que ministre des PME, êtes-vous satisfait de la performance de cette nouvelle entité lancée en décembre 2015 ? La période de rodage de MyBiz est définitivement terminée. Je ne suis personnellement pas satisfait de sa performance ni de celle de la SMEDA d’ailleurs. J’ai tiré la sonnette d’alarme à ce sujet. Depuis plusieurs semaines maintenant, je suis les opérations de MyBiz et de la SMEDA de très près. Il y a pas mal de problèmes qui ont été identifiés et qui sont en passe d’être réglés. J’espère que l’arrivée du nouveau Chief Operation Officer (COO) de MyBiz, Bhimsen Abacousnac, sera salutaire à l’organisation. En tout cas, c’est un travail colossal qui l’attend. On comprend que MyBiz est une nouvelle entité qui cherche encore ses marques. Mais qu’en est-il de la SMEDA ? Il y a des mindsets qui sont profondément enracinés et c’est très difficile de s’en débarrasser. J’essaie, à travers des rencontres et des ateliers de travail, de leur inculquer un nouveau mode de fonctionnement, de leur expliquer ce que j’attends de la SMEDA. Il y aura une restructuration majeure avec les one stop shops et aussi une handicraft academy. Tout cela impliquera un redéploiement du personnel. J’ai aussi commandité une étude qui va déboucher sur un master plan et la SMEDA devra revoir son fonctionnement et palier ses manquements. J’attends avec impatience les recommandations de ce rapport.
Publicité
 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !