En quête de plaisir, nombreux sont ceux qui se tournent vers les stimulants sexuels. Si la vente libre en facilite l’achat, les conséquences sur la santé de certaines personnes attirent l’attention.
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La dysfonction érectile est un trouble très courant, en particulier chez les hommes âgés. « On estime qu'environ la moitié des hommes âgés de 40 à 70 ans présentent un certain degré de dysfonctionnement érectile. L'un des médicaments les plus couramment prescrits en cas de dysfonction érectile est le Viagra (sildénafil). Il agit en dilatant les vaisseaux sanguins du corps, ce qui augmente l'apport sanguin au pénis et aide donc à obtenir et à maintenir une érection », explique le Dr Yanish Purmah, cardiologue.
Cependant, même s’il s'agit généralement d'un médicament relativement sûr à utiliser, selon lui, il est important que les utilisateurs soient conscients des effets secondaires potentiels. « Il peut y avoir une petite baisse de la pression sanguine d'environ 5 à 10 mm de mercure. Ce qui n'est généralement pas significatif. Les effets du sildénafil ont tendance à culminer après environ une heure et à se normaliser après quatre heures. Les maux de tête sont un effet secondaire chez environ 15 % des utilisateurs et d'autres effets indésirables incluent des rougeurs de la peau et des vertiges. Certains usagers peuvent également souffrir de dyspepsie », prévient-il.
L’angine de poitrine
Bien que les effets secondaires soient mineurs dans la majorité des cas, il existe des situations où la prise de médicaments à base de sildénafil peut être dangereuse, souligne le cardiologue. « De nombreux utilisateurs de ces médicaments souffrent également d'une maladie coronarienne, diagnostiquée ou non, car la dysfonction érectile et la maladie coronarienne sont liées. Les personnes atteintes d'une maladie coronarienne prennent souvent des médicaments appelés nitrates afin de traiter les symptômes de l'angine de poitrine. Les nitrates se présentent sous forme de comprimés ou de spray et de nombreux patients cardiaques en prennent », fait-il comprendre.
De ce fait, la prise simultanée de sildénafil et de dérivés nitrés (sous forme de spray ou de comprimés) peut provoquer une chute très importante de la pression artérielle et entraîner un malaise chez les patients, voire la mort dans certains cas. « Il est donc très important que les utilisateurs de ces comprimés sachent qu'ils doivent laisser au moins 12 heures entre la prise du médicament et l'utilisation des nitrates en spray, et 24 heures s'ils utilisent des nitrates en comprimé. De même, s'ils ont pris des nitrates au cours des 24 dernières heures, ils doivent fortement éviter d'utiliser le sildénafil, car il existe un risque élevé de chute significative de la pression artérielle », précise le Dr Yanish Purmah.
Évaluation individuelle
Ce dernier fait également comprendre qu’il est reconnu que les patients souffrant d'une maladie rénale grave ont une clairance réduite du sildénafil, ce qui peut entraîner des effets renforcés de plus longue durée. « Par conséquent, l'intervalle entre l'utilisation de ce comprimé et des nitrates chez ces patients doit être prolongé. Des problèmes similaires se posent si les patients souffrent d'une maladie hépatique grave », indique-t-il.
La prise simultanée de sildénafil et de dérivés nitrés (sous forme de spray ou de comprimés) peut provoquer une chute très importante de la pression artérielle."
Le médecin est d’avis que l’activité sexuelle chez les patients atteints d'une maladie coronarienne n'est souvent pas discutée ouvertement, car ces derniers peuvent se sentir gênés. « La dysfonction érectile et les maladies cardiaques sont liées et partagent certains facteurs de risque. Si les patients souhaitent s'engager dans une activité sexuelle, il est important que le médecin du patient fasse une évaluation individuelle de la capacité du patient à tolérer l'effort d'une telle activité. Il est important de noter que l'activité sexuelle peut provoquer une pression physique et émotionnelle excessive chez certaines personnes, notamment celles qui n'ont pas pratiqué ces activités depuis un certain temps et aussi les patients qui ne sont pas en bonne santé physique », ajoute-t-il.
Chez ces patients, cette pression physique et émotionnelle excessive peut entraîner une diminution de l'apport sanguin au cœur et provoquer une crise cardiaque. « L'alcool et les repas lourds peuvent augmenter le risque. Il est donc très important que les personnes atteintes d'une maladie cardiovasculaire qui pratiquent une activité sexuelle fassent preuve de bon sens et modèrent leurs efforts. De nombreuses personnes utilisent également des médicaments stimulants pour augmenter leur endurance pendant les rapports sexuels. Il est très important qu’elles soient très prudentes quant au contenu de ces médicaments, surtout si elles souffrent d'une maladie coronarienne », soutient-il, car de nombreux stimulants contiennent des substances chimiques susceptibles d'entraîner une surcharge du cœur, ce qui peut être dangereux pour les patients souffrant de maladies cardiaques.
Le plaisir, un droit fondamental
La vente libre des stimulants sexuels ont toujours fait débat. Cependant, pour le président de l’Union des Pharmaciens, Siddick Khodabaccus, l’accès au plaisir ne peut être prescrit. « On ne peut contrôler le plaisir d’une personne, c’est sa vie intime. Le droit au plaisir est fondamental », soutient-il. Par contre, il plaide pour une meilleure communication entre le patient/client et le pharmacien. « La personne doit pouvoir demander conseil auprès de son pharmacien qui a les connaissances pour le guider à faire le bon choix dépendant de son état de santé », ajoute-t-il.
D’ailleurs, comment contrôler la vente de ces stimulants sexuels qui sont disponibles en plusieurs variétés, se demande-t-il. « On retrouve des stimulants naturels, des vitamines et des médicaments sur le marché. On ne peut imposer que ces produits soient vendus sur prescriptions. Chacun a son rôle, le patient est assez éclairé et le pharmacien connaît son métier pour bien le conseiller », estime Siddick Khodabaccus.
Un engouement pour les stimulants
Les stimulants sexuels ont toujours eu la cote. Dans les pharmacies, la vente de ces produits se fait au quotidien. D’ailleurs, dans certaines pharmacies, on note même un rajeunissement des clients qui recherchent ce type de produits. « Les jeunes sont de plus en plus nombreux à demander des stimulants sexuels. Ils ont pour la plupart entre 25 et 30 ans, mais il y a aussi des clients qui ont à peine 18 ans », explique une pharmacienne de la capitale. Dans une pharmacie située à Rose-Hill, le constat est le même. Cependant, pour la pharmacienne, il est important d’encadrer ces jeunes en les conseillant au mieux. « Si certains cherchent du sildénafil, on les oriente vers les produits à base de plante ou encore des vitamines et ampoules, car dans de nombreux cas, c’est la fatigue ou le stress qui affecte leur vie sexuelle. Il n’est pas alors nécessaire de se tourner vers des médicaments aux composants chimiques », recommande-t-elle.
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