Le Parlement du Sri Lanka a commencé à voter mercredi pour désigner parmi trois candidats un nouveau président pour succéder à Gotabaya Rajapaksa, qui a démissionné la semaine dernière après avoir fui son pays en faillite.
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Le secrétaire général du Parlement, Dhammika Dasanayake, a dans la matinée sonné la cloche du quorum pour signaler le début du vote à bulletin secret de ses 225 députés.
Un par un, les députés sont entrés dans des isoloirs afin de choisir lequel des trois candidats sera appelé à diriger le pays.
Les élections précédentes ayant été entachées d'accusations de corruption et d'achat de voix, M. Dasanayake a rappelé aux députés que "le fait de photographier les bulletins de vote ou de les montrer à d'autres personnes" constituait "une infraction" et que l'usage des téléphones portables était interdit.
Les députés doivent classer les candidats par ordre de préférence, un processus secret qui leur donne une plus grande liberté d'action qu'un scrutin ouvert.
Le vainqueur du scrutin héritera d'un pays de 22 millions d'habitants ravagé par une crise économique catastrophique qui provoque des pénuries d'aliments, de médicaments et de carburants.
L'île, qui a fait défaut en avril sur sa dette étrangère de 51 milliards de dollars, n'a même plus assez de devises pour financer ses importations essentielles, et espère un plan de sauvetage du Fonds monétaire international (FMI).
- Calme dans les rues -
A l'extérieur du Parlement, des centaines de soldats et de policiers, fortement armés, restaient sur leur garde dans la perspective d'éventuelles manifestations mais la situation demeurait calme.
Le Premier ministre Ranil Wickremesinghe, qui exerce l'intérim de la présidence, est considéré par les analystes comme le favori pour emporter ce vote et prendre la tête du Sri Lanka jusqu'à la fin du mandat de M. Rajapaksa en novembre 2024.
Mais il est honni par les manifestants, qui le considèrent comme un allié et protecteur de Gotabya Rajapaksa. Ce dernier, qui a fui la foule en colère le 9 juillet, s'est réfugié aux Maldives puis à Singapour, d'où il a démissionné.
M. Wickremesinghe dispose du soutien du SLPP, le parti des Rajapaksa, le premier parti au parlement en nombre de sièges.
L'ancien président Mahinda Rajapaksa, frère aîné de Gotabaya et chef du clan familial, est toujours dans le pays et, selon des sources du parti, exerçait des pressions sur les députés pour qu'ils soutiennent la candidature de M. Wickremesinghe.
Mardi après-midi dans la capitale, des centaines d'étudiants avaient manifesté leur opposition à ce cacique de 73 ans, qui a été six fois Premier ministre.
"Nous n'avons pas peur de Ranil", a déclaré Wasantha Mudalige, un leader étudiant, et "nous le chasserons comme nous l'avons fait pour Gotabaya".
En tant que président par intérim, M. Wickremesinghe a prolongé lundi l'état d'urgence, qui confère à la police et aux forces de sécurité des pouvoirs étendus.
La semaine dernière, il a ordonné l'expulsion des manifestants des bâtiments officiels qu'ils occupaient dans le centre de Colombo.
- "Candidat de l'ordre" -
Selon le député tamoul d'opposition Dharmalingam Sithadthan, l'intransigeance affichée par M. Wickremesinghe à l'égard des manifestants a été bien accueillie par les députés, dont beaucoup ont été victimes de violences pendant les manifestations.
"Ranil apparaît comme le candidat de la loi et de l'ordre", a déclaré M. Sithadthan à l'AFP.
D'après l'analyste politique Kusal Perera, "Ranil a regagné l'acceptation des classes moyennes urbaines en rétablissant certains services comme le gaz, et il a déjà montré sa fermeté en faisant évacuer les bâtiments du gouvernement".
Les observateurs s'attendent à ce que M. Wickremesinghe, s'il l'emporte, réprime durement toute manifestation. Et à ce qu'il nomme Premier ministre son ancien camarade de classe Dinesh Gunawardena, 73 ans, un ex-ministre de la Fonction publique et fervent partisan du clan Rajapaksa.
Le principal adversaire de M. Wickremesinghe est le dissident du SLPP et ancien ministre de l'Education Dullas Alahapperuma, un ancien journaliste soutenu par l'opposition.
M. Alahapperuma s'est engagé cette semaine à former "un véritable gouvernement consensuel pour la première fois de notre histoire".
S'il gagne, cet homme de 63 ans devrait nommer le chef de l'opposition Sajith Premadasa Premier ministre. Le défunt père de M. Premadasa, Ranasinghe, a dirigé le pays d'une main de fer dans les années 1980, alors que M. Alahapperuma était un militant des droits humains.
Le troisième candidat est Anura Dissanayake, 53 ans, leader du Front de libération du peuple (JVP, gauche), qui dispose de trois députés seulement.
© Agence France-Presse
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