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Spectacles : ces nouveaux visages du théâtre mauricien

théâtre mauricien

Ils évoluent sur les planches depuis quelques années. Ces nouveaux visages du théâtre mauricien représentent, aujourd’hui, la relève. Dans le cadre de la Journée mondiale du théâtre, célébrée ce lundi 27 mars, nous avons rencontré de jeunes comédiens. Survol.

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Rajeshwar Seetohul : la comédie dans les veines

Connu pour avoir raflé de nombreux prix au cours des compétitions du National Drama Festival et des concours organisés par la Mauritius Film Development Corporation (MFDC), son parcours est éloquent. À 21 ans, Rajeshwar Seetohul a près de 25 prix à son actif.

Chez les Seetohul, le théâtre est une question de famille. « J’ai découvert le théâtre à travers mon père et mes deux frères », raconte Rajeshwar Seetohul. Le théâtre rythme sa vie depuis son plus jeune âge. Il y a plusieurs années, son père fonde le groupe Vacoas Rang Bhoomi Kalamandri en vue d’initier ses fils à l’art dramatique. Aujourd’hui, ce sont eux qui perpétuent sa passion.

Rajeshwar Seetohul commence le théâtre alors qu’il était encore à la maternelle. Puis dès l’âge de cinq ans, il participe à de petites pièces de théâtre et à plusieurs compétitions nationales au fil des années. C’est en 2010 qu’il reçoit le prix de meilleur acteur pour une pièce en anglais. Afin de poursuivre son aventure théâtrale, Rajeshwar et ses frères créent le Vacoas National Arts. « Je jouais souvent le rôle de l’acteur principal dans les pièces et j’enchaînais les premiers prix. Ma vraie carrière a débuté en 2013, à l’âge de 17 ans lorsque j’ai participé au National Drama Festival dans la catégorie bhojpuri. J’étais alors le plus jeune acteur. »

Ne maîtrisant pas vraiment le bhojpuri, Rajeshwar raconte que c’est grâce au théâtre qu’il a appris la langue. Après ses nombreuses expériences, il débute sa carrière dans la cinématographie en 2015. Il participe à un concours organisé par l’Independent Commission Against Corruption (Icac) et remporte le Best Script pour son film.

Le jeune acteur assume alors le poste de directeur,  tout en continuant de jouer et décide de former les jeunes au théâtre en anglais, hindi, bhojpuri et créole. « Le théâtre, c’est ma drogue. Chaque année, nous participons à huit compétitions. C’est un héritage que j’ai eu de mon père et le théâtre fait partie intégrante de ma famille », explique Rajeshwar.

Sheryl Smith : sa timidité brisée

Comme beaucoup d’autres de son âge, le théâtre lui a permis de se découvrir. Sheryl Smith, 21 ans, est une grande timide dans l’âme. « Je me laissais ronger par une timidité  maladive que je voulais absolument combattre. Un jour, la comédie mauricienne est venue faire une représentation à l’établissement scolaire que je fréquente.  D’une voix timide, je leur ai demandé s’ils donnaient des cours de théâtre. Une semaine plus tard, je me suis retrouvée dans la troupe. »

Sheryl a décidé de foncer tête baissée et découvre avec stupeur qu’elle avait du talent. C’est très vite que le théâtre est devenu un passe-temps pour elle. « À 13 ans, je faisais des animations et donnait des spectacles dans les hôtels. Mais c’est mon rôle dans la pièce ‘Mona Lisa’ qui m’a réellement dévoilée. C’était mon premier rôle important. J’ai remporté le titre de deuxième meilleure actrice pour le National Drama Festival. »

Chaque nouvelle pièce est un risque qu’elle encourt. « Le théâtre est devenu vital pour moi. Il m’a redonnée confiance et m’a permis de me décomplexer. » C’est ainsi qu’elle décide sans prévenir de s’inscrire comme présentatrice pour le loto, puis se retrouve dans des spots publicitaires. Sheryl continue depuis deux ans son parcours sur les planches, mais cette fois dans un autre registre avec la troupe Komiko. L’année dernière dans la pièce « Roméo et Juliette » et cette année dans « Toc Toc Toc ».

Sandrine Fabre : sa fascination

Elle découvre le théâtre au collège à travers les activités que proposait son établissement à l’époque. Sandrine Fabre, aujourd’hui âgée de 26 ans, avait alors choisi de se jeter à l’eau, malgré toutes ses appréhensions. Au fil des répétitions, elle développe une assurance déconcertante sur scène alors qu’elle n’avait que 13 ans. Une aisance qui a permis à Sandrine de s’essayer au slam un peu plus tard. « J’ai toujours été fascinée par les pièces de la troupe Theatralis, les acteurs, la lumière, les costumes. Lorsque j’ai terminé mes études de cycle secondaire, Corinne de Baize-Bissoonauth m’invite à venir assister à des répétitions. »

Subjuguée par le théâtre, l’enseignante de dessin s’est retrouvée dans la prochaine pièce « Les fourberies de Scapin ». « Être sur scène m’apporte beaucoup, c’est ludique tout en étant sérieux. » Il y a cinq ans, Sandrine se découvre un talent caché et se dévoile. Elle participe, aujourd’hui, aux pièces présentées par la troupe Theatralis. « Nous présentons une pièce chaque deux ans. Pour moi, c’est à chaque fois une nouvelle étape d’apprentissage. »

Edeen Bhungeloo : un jeune talentueux

Vingt-huit ans et du talent à en revendre. Edeen Bhungeloo fait partie de ces visages qu’on n’est pas près d’oublier. Aujourd’hui, il figure dans des spots publicitaires et plusieurs courts-métrages. Mais ce sont sur les planches que le jeune acteur a pris son envol. Il a fait de sa passion son métier. Extroverti, il découvre son talent alors qu’il participe par hasard à un casting pour un spot publicitaire. Il est celui qui a fait sourire plus d’un dans la publicité de « Camel Nuts ». « Je jouais le rôle de l’intello et ce personnage me colle à la peau encore aujourd’hui. »

Après ses études secondaires, Edeen découvre les planches en participant à une première pièce de théâtre pour le National Drama Festival. Ensuite, il remporte plusieurs prix et se découvre une passion pour la comédie. « J’ai décidé d’en faire mon gagne-pain, quitte à faire des sacrifices. » Pendant trois ans, il fait des voix-off et des doublages jusqu’à ce qu’il rencontre Jon Rabaud, un jeune réalisateur. À l’époque, ce dernier lui présentait le projet de jouer pour son court-métrage qu’il souhaitait présenter pour la 6e édition du Festival Île Courts. Un court-métrage qui avait été aussi présenté au Festival de Cannes dans le Short Film Corner.

Par la suite, Edeen enchaîne avec des ateliers, des spots publicitaires ainsi qu’un long-métrage toujours en cours. Il a été approché pour jouer le rôle d’un tueur à gages dans la série « Killing the Cure ». « C’était pour moi l’occasion unique de faire mes preuves. »

Rajini Padayachy : du tamoul sur les planches

C’est la langue tamoule qui l’a dirigée sur les planches ou plutôt sa passion pour le théâtre qui lui a permis de trouver sa voie. Rajini Padayachy, 27 ans, est enseignante de langue tamoule. En Form 1, elle passe des auditions pour un concours de théâtre. « À la base, c’était juste pour nous amuser avec un groupe d’amies. Et j’ai finalement été sélectionnée. À cette époque, la scène m’intimidait. »

L’année suivante, Rajini participe à la compétition du National Drama Festival en tamoul.

« L’expérience était difficile au début. Je n’arrivais pas à trouver le ton de la voix qui convenait. » Mais, Rajini s’est vite prise au jeu. Pendant ses vacances, le théâtre a commencé à envahir sa vie. « Chaque jour, je n’avais qu’une hâte : monter sur scène. » Elle décide alors de se perfectionner dans la langue tamoule et suit des cours les samedis.

À cause de sa carrière, Rajini délaisse sa passion pendant 10 ans. C’est lors de ses cours au Mauritius Institute of Education (MIE) qu’elle renoue avec le théâtre. Le module de Dramatic Art lui a redonné le goût de la scène et elle a participé en 2015 au National Tamil Drama Festival, où elle a remporté le prix du Jury Award. « La scène m’a appris à mieux me découvrir, à avoir confiance en moi et à avoir une meilleure notion de mes gestes. Au cours des représentations, je choisissais toujours le ‘role play’ qui permettait aux gens de mieux cerner le sujet. »

Aujourd’hui, cette enseignante rêve de transmettre sa passion pour la langue tamoule et le théâtre à la jeune génération. « Si Dieu le veut, je souhaiterais enseigner du théâtre en tamoul et diriger ma propre école. »

Ryan Krishna Appadoo : Acteur et directeur

Il dirige la Dream Art Academy depuis 2010. Ryan Krishna Appadoo, 30 ans, est originaire de Mahébourg et habite Beau-Bassin depuis 17 ans. Le jeune homme évolue dans le monde de l’art depuis plus de 15 ans. « Je me suis spécialisé dans le théâtre, il y a environ 10 ans, sous la tutelle de Raj Bumma, un des grands pionniers du théâtre à Maurice. Je fais partie des rares chanceux de ma génération à avoir évoluée sous les ailes de cette légende vivante. »

Aujourd’hui, hormis son emploi à plein temps dans le secteur de l’e-marketing, il continue à toucher au social, via le théâtre et le cinéma, notamment l’écriture et la mise en scène. « Avec mon groupe, je suis promoteur de la langue créole et la culture mauricienne en général. Je suis également  un avide défenseur et amoureux des animaux. » Depuis la création de Dream Art Academy, ces derniers comptent près de 30 trophées nationaux en cinq ans attribués principalement par le Festival de théâtre national.

Grâce à sa pièce « Charlie » l’année dernière, Ryan avait raflé sept trophées lors de la finale : Best Play, Best Actor, Best Actress, Best Director, Best Local Writer, Most Promising Actor et Best Supporting Actor. « Sur scène, je me laisse le plus souvent porter.  On appelle cela le bon stress et c’est ma drogue. L’échange avec le public, les rires, les pleurs. Le théâtre, c’est surtout cette touche humaine et ces échanges que l’on n’a pas derrière un écran. »

 

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