Celui qui était autrefois considéré comme intouchable au pouvoir et qui avait une influence dans divers domaines du pays s’apprête à faire sa sortie du Champ de Mars. Ce serait interprété comme une rupture dans les relations avec le MSM. Mais est-ce vraiment le cas ?
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Ses ressources financières ont souvent mis en émoi ses adversaires politiques. Mais aujourd’hui, l’influence de Jean Michel Lee Shim semble se désagréger sur l’échiquier politique. S’il a laissé planer le flou sur le soutien qu’il accordera aux prochaines élections générales, il n’en demeure pas moins que le magnat des jeux de hasard se trouve dans une position moins confortable qu’en 2019 lors des législatives précédentes.
Cette années-là, les critiques à son égard étaient axées sur son emprise sur le secteur des jeux de hasard avec l’essor de SMS Pariaz dont il est le fondateur. En 2024, il est surtout perçu par l’opinion publique comme celui dont la gestion du Champ de Mars, à travers la People’s Turf PLC (PTP), a porté un coup fatal à l’industrie hippique. Les arguments défendus vendredi sur Radio Plus et selon lesquels le rôle de la PTP au Champ de Mars s’est réduit à de simples activités de « koup gazon » sont loin d’être convaincants.
Comme le sont également les dénégations de l’actionnaire majoritaire de la PTP quant à son soutien à des candidats individuels. Selon nos recoupements auprès de certains élus du gouvernement, dont aucun n’osera le dire ouvertement, il est connu dans les arcanes du Sun Trust que des candidats ayant concouru sous la bannière de l’Alliance Morisien en 2019 ont bénéficié d’un soutien politique personnel de la part de Jean Michel Lee Shim. Une assistance orchestrée à travers un réseau d’intermédiaires, principalement issus du monde juridique (avocats, avoués, notaires).
Une source haut placée à l’hôtel du gouvernement indique que les ramifications de l’influence de Jean-Michel Lee Shim s’étendent bien au-delà des simples interactions avec la direction du MSM. L’homme d’affaires est également personnellement investi auprès de plusieurs membres du MSM sur le plan individuel. Ce qui amène cette source à douter fortement qu’il soit devenu persona non grata aux yeux du parti soleil.
Malgré son retrait récent de la scène publique, symbolisé par son désengagement du Champ de Mars, cette source affirme que Jean Michel Lee Shim conserve une influence significative au sein du MSM : « Il est profondément ancré dans le réseau du parti. »
N’empêche que l’éventualité d’un rapprochement entre le PMSD et le MSM ajoute une nouvelle couche de complexité à la situation déjà délicate de Jean Michel Lee Shim concernant le Champ de Mars. Xavier-Luc Duval a été très critique envers la gestion de la PTP. D’ailleurs, le leader du PMSD refusera catégoriquement de s’associer au MSM si Jean Michel Lee Shim continue d’être l’homme fort du Champ de Mars, apprend-on.
Les pourparlers en cours entre des émissaires du gouvernement et le Mauritius Turf Club semblent être motivés par une volonté de courtiser le PMSD, selon une source à l’hôtel du gouvernement. Mais là encore, celle-ci fait ressortir qu’un retrait de Jean Michel Lee Shim du Champ de Mars ne signifie pas que le MSM acceptera de couper les ponts avec ce dernier. « Le PMSD ne pourra pas venir nous dicter qui on doit avoir comme bailleur de fonds », précise-t-elle.
Il y a aussi le fait que Jean Michel Lee Shim n’a, semble-t-il, pas fermé la porte à une éventuelle association avec l’alliance PTr- MMM-Nouveaux Démocrates (ND) (voir encadré). Et cela, alors qu’en 2022, lorsqu’il s’apprêtait à prendre le contrôle du Champ de Mars, il avait été très critique envers l’opposition, lui reprochant de ne pas faire le poids face au gouvernement.
Quelles sont donc les relations de Jean Michel Lee Shim avec l’opposition parlementaire, plus précisément avec le PTr, parti dont il affirme avoir été membre et qui l’avait nommé au conseil d’administration de diverses institutions gouvernementales, telles que l’université de Technologie de Maurice ou encore l’ancien Board of Investment ? Les divergences entre l’homme d’affaires et la direction du parti sont intervenues lorsque le gouvernement d’alors avait refusé d’aplanir certains obstacles concernant le développement de SMS Pariaz à travers le pays. Cette situation aurait pu être mieux gérée, permettant ainsi au PTr de conserver le trésor de guerre de l’homme d’affaires qui fait tant la différence lors d’une campagne électorale, affirme-t-on chez les rouges.
D’autres sources au sein du PTr disent cependant ne pas croire en une rupture entre le MSM et Jean Michel Lee Shim. « Cela relève tout simplement d’un cinéma visant à déstabiliser l’opposition à l’approche des élections générales », affirme-t-on.
Éventuel soutien financier de l’homme d’affaires
Navin Ramgoolam : « Li pe kone ki divan-la pe sanze »
L’alliance PTr/MMM/ND ne veut pas entendre parler de Jean Michel Lee Shim. Interrogé à plusieurs reprises sur la possibilité que l’alliance de l’opposition accepte le soutien financier de l’homme d’affaires, Navin Ramgoolam n’a tout simplement pas souhaité accorder de crédit à cette éventualité : « Se enn sinema tou sekinn arive dan Champ de Mars, tou sekinn fer pou detrwir MTC, overnight pou fer sa ? Inposib. » Pour Navin Ramgoolam, « li pe kone ki divan la pe sanze ».
Ses propos sur Radio Plus
« Ou sir ki prosenn eleksion mo avek MSM ? »
Durant l’émission « Au Cœur de l’Info », vendredi dernier, Jean Michel Lee Shim a entretenu le mystère sur l’identité du parti qu’il envisage de soutenir aux prochaines législatives. À une question de Nawaz Noorbux, qui voulait savoir s’il ne serait pas devenu un embarras pour le MSM, Jean Michel Lee Shim a répondu : « Ou sir ki dan prosenn eleksion mo avek MSM ? Mo neutre mwa. »
L’homme d’affaires a indiqué que plusieurs aspects doivent être pris en considération avant de se prononcer sur le soutien qu’il apportera à une formation Il a insisté sur le fait qu’il voue une fidélité exclusive au parti qu’il soutient. « Mo pa manz banann dan de bout mwa. Dernie fwa mo ti dir mo pou ed MSM, dir ki parti mo ti donn zot kas ? Nou al enn sel nou sinser nou. Sa bann zafer donn isi donn laba ipokrizi-la avek Lee Shim pena sa. Nou pankor deside me nou pa pou fer prostitision al partou. »
« Ki manyer mo kav bliye Ramgoolam kinn donn mwa SMS Pariaz »
Lors de son intervention, vendredi, Jean Michel Lee Shim a fait de nombreux clins d’œil au PTr et à son leader, Navin Ramgoolam. Il a rappelé que c’est après les législatives de 2005, qu’une de ses sociétés, SMS Pariaz, a obtenu son permis d’opération. « Mo dir li enn gran mersi linn donn mwa patant SMS Pariaz. » Interrogé plus explicitement sur la possibilité qu’il accorde son soutien financier à un autre parti que le MSM, Jean Michel Lee Shim a répondu ceci : « Me biensir. Se demokrasi sa. Ki manier mo kapav bliye Ramgoolam kinn donn mwa SMS Pariaz. Mo ti enn mamb parti travayis. Mo kapav bliye sa ? »
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