Quelle est la prévalence de la sextorsion à Maurice ? Un premier sondage a été rendu public, ce vendredi. Il a été effectué par Transparency Mauritius, en collaboration avec le Canada Fund for Local Initiatives. Dans cette étude effectuée par Kantar, la corruption est perçue comme le deuxième problème majeur dans le pays. En outre, un sur deux Mauriciens pense que la sextorsion est une pratique courante pour faciliter les promotions, bénéficier d’une hausse salariale, entre autres raisons.
C’est à Voilà Bagatelle que ce rapport sur la prévalence de la sextorsion a été rendu public. Ce sondage a vu la participation de 550 personnes âgées de 15 à 64 ans et a été réalisé du 15 février au 3 mars 2022. L’un des deux principaux objectifs de cette enquête était de mesurer le niveau d’acceptation par rapport aux différents types de corruption et à la sextorsion. Et, deuxièmement, d’évaluer la pratique de la corruption et de la sextorsion dans les différents secteurs.
Selon les personnes sondées, la corruption est le deuxième problème majeur auquel fait face le pays. En effet, avec la pandémie de Covid-19, la hausse du coût de la vie est devenue le problème de société majeur en 2022. Le rapport fait ressortir que toutes les formes de corruption en termes d’argent, de cadeaux ou de faveurs sexuelles sont perçues comme « not acceptable » par la majorité des sondés. Solliciter des faveurs sexuelles est considéré comme « strongly inappropriate and unacceptable ».
La sextorsion est considérée comme une pratique courante par nos compatriotes. Un sur deux Mauriciens pense que des citoyens proposent des faveurs sexuelles pour obtenir un emploi, bénéficier d’une hausse de salaire et faciliter des procédures administratives. La perception de la pratique de proposer de l’argent, des cadeaux ou des faveurs sexuelles en échange de bénéfices est plus courante chez des employés du secteur privé.
Le sondage met en exergue que 39 % des Mauriciens sont d’avis que la sextorsion est présente dans le service public. 47 % estiment que c’est une pratique courante pour faciliter les promotions. Il y a aussi 38 % qui pensent que la sextorsion est pratiquée dans les entreprises privées en vue de faciliter les promotions, d’obtenir une hausse de salaire, de faciliter le recrutement d’un nouveau candidat ou d’influencer l’octroi d’un contrat.
La sextorsion au sein de la classe politique a aussi été abordée. 51 % des personnes sont d’avis que la sextorsion est monnaie courante dans ce milieu. Cependant, cette pratique est considérée comme étant moins présente dans le secteur éducatif, en comparaison à sa prévalence au sein des secteurs public et privé et de l’échiquier politique. 23 % des sondés pensent que c’est une pratique courante à laquelle des enseignants ainsi que des élèves ont recours en proposant des faveurs sexuelles contre des bénéfices.
Similairement, 26 % des personnes sont d’avis que la sextorsion est aussi pratiquée par des officiers de police. Soit en demandant ou en offrant des faveurs sexuelles pour éviter de payer des amendes, d’aller en prison ou de protéger quelqu’un ou soi-même.
5 % des personnes interviewées ont déjà été sollicitées pour des faveurs sexuelles en échange de bénéfices. La majorité affirment avoir refusé et rapporté le cas. 1 % déclare avoir proposé des faveurs sexuelles en échange de bénéfices.
C’est quoi, la sextorsion ?
Le terme sextorsion (sex and extortion) a été en premier lieu établi par l’International Association of Women Judges en 2008. Ce terme se définit comme l’octroi de faveurs, privilèges et autres avantages à une victime en échange de faveurs sexuelles.
Rajen Bablee : «Considérer la sextorsion comme un délit de corruption»
Le directeur exécutif de Transparency Mauritius affirme que n’importe qui, peu importe sa position ou son sexe, peut être victime de sextorsion. « C’est lié à un autre sujet important pour lequel Transparency Mauritius milite. Cela concerne le whistleblowing. On doit éduquer les personnes sur ce qui est bien ou pas et les empower à dénoncer des abus, sans la peur de victimisation », indique Rajen Bablee.
Il souhaite aussi que la loi soit revue par rapport à la sextorsion. « La sextorsion doit être considérée comme un délit de corruption. Il faut l’inclure dans la Prevention of Corruption Act, avec une définition plus élargie de la gratification », recommande le directeur exécutif de Transparency Mauritius.
Rajen Bablee fait également un plaidoyer pour une Whistleblowing Act : « Il y a tant de critiques envers plusieurs institutions. Des personnes ont peur de rapporter. Il faut une loi qui ne soit pas cosmétique pour inciter les victimes et témoins à rapporter en assurant leur protection. Il doit y avoir une voie transparente et claire. »
Perçue comme une pratique très courante dans le service public
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