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Son ADN décelé dans une autre affaire: le meurtrier de Nadine Dantier a-t-il tué à nouveau ?

Les Casernes centrales ont réclamé la réouverture de l’enquête sur la mort de l’étudiante à la lumière des résultats des tests d’ADN comparatifs. L’empreinte génétique du meurtrier « colle » avec celle retrouvée sur la victime d’un règlement de compte. C’est une première pour la police criminelle mauricienne. Les Casernes centrales ont été averties depuis quelques mois des similitudes troublantes entre l’empreinte génétique prélevée sur Nadine Dantier, l’étudiante violée et assassinée en juin 2003 à Albion, et celle découverte dans le cadre de l’enquête autour d’un règlement de compte mortel survenu dans une autre région du pays des années plus tard.
Enquêteurs et experts ont tiqué au vu des résultats d’un test comparatif refait à plusieurs reprises car cela démontre que le meurtrier a de nouveau frappé et qu’il peut y avoir des risques de récidive. La police scientifique est appelé à mener des examens d’ADN plus avancés pour confirmer à 100% que c’est bien le même individu - lequel devra d’abord être arrêté - qui est impliqué dans ces deux crimes totalement différents. Avant de pouvoir enfin mettre un nom sur le meurtrier de Nadine Dantier, une équipe de limiers opérant au sein d’une unité spécialisée a été discrètement constituée. Elle a eu pour mission de retravailler l’affaire Nadine Dantier avec un regard neuf tout en analysant l’autre dossier du règlement de compte mortel afin de dresser une ‘short list’ des suspects potentiels.

Énième rebondissement

Ils doivent identifier les suspects ayant évolué dans l’Ouest dans la période où Nadine Dantier a été assassinée et dans la région où le deuxième meurtre s’est produit. Aucun détail ne sera épargné. Tout sera analysé de près, comme le fait que Nadine Dantier ait confié à sa mère, peu avant sa mort, qu’elle était suivie par un homme de forte corpulence à Rose-Hill.

Les progrès de la science

Le mois dernier, les autorités françaises ont appréhendé un homme pour des viols en série 20 ans après les faits… grâce à l’ADN de son frère. Surnommé le « violeur à mobylette », il avait commis 33 viols, tentatives de viol et d’agressions sexuelles sur des joggeuses et des promeneuses entre 1995 et 2001 dans la forêt de Sénart, dans l’Essone. À l’époque, son ADN a pu prélevé grâce à son sperme dans quatorze cas. Malgré des années d’enquête, les autorités avaient fini par jeter l’éponge. En 2014, les progrès de la science permettent les recherches dites « en parentèle » pour retrouver l’homme qui simulait des pannes de mobylette pour aborder ses victimes. Vingt-neuf profils « proches » du violeur présentant entre 11 et 16 marqueurs ressortiront. Les policiers finiront par mettre la main sur le violeur qui habite à quelques kilomètres de la forêt et il ressort qu’il avait cessé sa série d’agressions car il s’était installé en Algérie.

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En treize ans, ce sera donc un énième rebondissement dans l’affaire Nadine Dantier. À peine quelques jours après la découverte du corps de la victime, Marcelin Azie est embarqué par le Central Criminal Investigation Department (CCID) car il a eu le malheur de construire le mur d’enceinte de l’église Notre-Dame de la Mer où Nadine Dantier avait été aperçue pour la dernière fois, de s’être teint les cheveux et d’être allé habiter chez un oncle aux Salines, à Port-Louis. Marcelin Azie avait d’abord avoué le crime mais il a, par la suite, expliqué avoir agi sous la contrainte. Un test ADN mené par les Sud-Africains, car le Forensic Science Laboratory (FSL) n’était alors pas suffisamment équipé et formé, le disculpera. Depuis, il y a eu les « fausses révélations » de Nadine Chaton qui disait avoir été témoin du crime, l’exhumation de la victime à la demande de ses parents pour décrypter la lettre de son petit-ami, les lettres anonymes sans grand intérêt et les conseils des experts français spécialisés en « cold cases ». Le dossier a finalement migré vers le Central Criminal Investigatoin Department (CCID) à la fin des années 2000, après réception du rapport des experts français. L’ex-assistant commissaire de police Clifford Parsad et l’ex-assistant surintendant de police Clency Meeterjoye - décédé l’an dernier, se sont attelés à dresser une nouvelle liste de suspects avant qu’ils ne prennent leur retraite, mais l’exercice n’a malheureusement rien donné.

Seize marqueurs

Si des développements vont désormais intervenir, c’est aussi parce que la FSL est en train d’adopter une nouvelle génération de tests d’ADN qui lui permettra d’avoir de meilleurs résultats. Au lieu de neuf marqueurs, le laboratoire de Réduit est en train de migrer vers le nec plus ultra : seize marqueurs. Dans les cas non-résolus, l’ADN des suspects non-identifiés prélevés sur les victimes de meurtres ou de viol sont intégrés dans la base données crées en 2012 grâce à l’aide du Federal Bureau of Investigation américain pour des tests comparatifs. Appelé Combined DNA Index System (CODIS), la base de donnés contient également l’ADN de tout suspect d’agression violente, d’agression sexuelle, de viol et de meurtre. Ce qui explique pourquoi l’empreinte génétique du meurtrier de Nadine Dantier et l’ADN relevé sur la victime du règlement de compte ont « collé ». Ailleurs, à travers le monde, les tests grâce à une telle base de donnés ont permis d’identifier des meurtriers plusieurs années après les faits.

13 ans d’attente pour les Dantier

En début de soirée du mercredi 25 juin 2003, Nadine Dantier, 20 ans, descend de l’autobus à l’arrêt situé en face à l’église Notre-Dame de la Mer. Étudiante à l’université de Maurice, elle rentre d’un stage professionnel. Elle ne parviendra jamais au domicile parental situé quelque 500 mètres plus loin.
[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"8199","attributes":{"class":"media-image wp-image-15373","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"250","height":"285","alt":"Marcelin Azie"}}]] Marcelin Azie a été injustement écroué pendant six ans, suite à l'affaire Dantier.

Malgré une battue par ses proches durant toute la nuit, son cadavre ne sera retrouvé que le lendemain matin dans un terrain vague à plus de 100 mètres de l’arrêt d’autobus, en direction de sa maison. La première hypothèse avancée par la Criminal Investigation Division (CID) de Petite-Rivière et le Central Criminal Investigation Department (CCID) est que Nadine Dantier a été suivie par son meurtrier et qu’il l’a entraînée de force dans les bois. Une autre hypothèse est qu’elle a été tuée ailleurs avant que son corps ne soit déposé sur place. Ce qui est certain, c’est qu’elle a été frappée et qu’on avait abusé d’elle avant qu’elle soit étranglée avec son pullover, d’après l’autopsie du Dr Abdool Khalick Mohungoo. Le prélèvement d’un mince filet de sperme sur la jambe de Nadine Dantier permettra à des experts du South African Police Service d’établir que Marcelin Azie - bien qu’il ait avoué les faits - n’est pas le meurtrier. Une trentaine de suspects potentiels ont également été innocentés grâce aux tests ADN qui se sont imposés avec cette affaire depuis que Marcelin Azie a été disculpé.

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