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Selon ses collaborateurs - Pravind Jugnauth : un homme minutieux et méticuleux

Le futur Premier ministre travaille dans le consensus. Il est minutieux et méticuleux, et aime maîtriser ses dossiers, disent certains de ses proches collaborateurs. Il sait aussi se faire entendre quand il le faut.

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Àquel type de leadership doit-on s’attendre de la part du nouveau Premier ministre ? Certains de ses plus anciens et proches collaborateurs donnent leur avis. Et un tableau cohérent se dessine : un homme au style consensuel, à l’écoute de ses collaborateurs, organisé et qui a le souci du détail.

Basoodeo Seetaram, qui suit Pravind Jugnauth comme son ombre depuis 2003, lève un morceau du voile. « C’est une personne simple, bien à l’écoute, toujours droite. » Cela ne signifie pas qu’il se montre laxiste envers ses proches conseillers. « He means business, assure Basoodeo Seetaram. Ce n’est pas parce qu’on est proche de lui qu’on peut tout se permettre. Si je commets des erreurs, il ne se gênera pas pour me le dire. »

Une description que corrobore Bobby Hurreeram, député du Mouvement socialiste militant (MSM) : « C’est quelqu’un de très consensuel, mais en même temps, il sait dans quelle direction il veut aller. Il a des objectifs bien définis et tout le monde doit go along with it. » Si ce n’est pas le cas ? Le leader du MSM a aussi son caractère, assure Basoodeo Seetaram, même s’il n’est pas aussi réputé que son père dans ce domaine. « C’est rare qu’il s’emporte, mais quand il le fait, c’est généralement pour une bonne cause et il se fait comprendre. »

Son Constituency Clerk, Sanjay Karia, décrit un Pravind Jugnauth à l’écoute de ses mandants et qui ne fait pas de fausses promesses. « Le leader aime qu’on soit franc avec lui. De son côté, il n’aime pas mentir et ne fait pas de promesses. Si on lui demande quelque chose qu’il n’est pas en son pouvoir de réaliser, il le dit. »

« Il n’aime pas embêter les gens », corrobore Viswarnath Mulloo, conseiller de Pravind Jugnauth. Lors de ses rencontres avec ses mandants les mercredis au Citizens Advice Bureau, Pravind Jugnauth fait l’économie de ses mots. Un trait que l’on retrouve aussi dans d’autres domaines, selon le conseiller. « Il est très ordonné et organisé. Il n’aime pas le gaspillage.

Jusqu’au stylo et aux feuilles de papier, il n’utilise que ce dont il a besoin. Dans son assiette, il ne laisse pas un grain de riz. ll aime que tout soit précis et concis, li pa koz an plis. »
Bobby Hureeram assure aussi que Pravind Jugnauth est quelqu’un de « très discipliné qui maîtrise ses dossiers ». Son insistance sur l’importance de la précision des faits est un trait qui revient dans la bouche de ses collaborateurs. Pravind Jugnauth n’aime pas non plus laisser les choses au hasard.

« S’il vous donne un travail, c’est qu’il vous fait déjà confiance. C’est quelqu’un qui réfléchit avant de se prononcer sur quelque chose. Il est méticuleux et minutieux sur tout », déclare Sheela Carpen, secrétaire confidentielle au Sun Trust, depuis 1983.

Pravind Jugnauth : une ascension progressive

L’ascension politique du leader du Mouvement socialiste militant a été lente. C’est véritablement dans les années 2000 que le fils de sir Anerood Jugnauth a commencé à prendre ses marques.

La première tentative de Pravind Jugnauth aux élections générales de décembre 1995 dans la circonscription no 11 (Vieux-Grand-Port/Rose-Belle) n’aura pas été un succès face à l’alliance Parti travailliste (PTr)/Mouvement militant mauricien (MMM). Mais les lieutenants de Pravind Jugnauth lui reconnaissent une détermination à toute épreuve.

Cette défaite ne freine pas ses ambitions. L’ancien élève du Royal College de Curepipe se présente aux élections municipales de 1996, à Vacoas, et se fait élire. Cette première victoire politique marquera l’ascension de Pravind Jugnauth qui, quatre ans plus tard, fera ses premiers pas à l’Assemblée nationale sous la bannière de l’alliance MSM-MMM. Nommé à l’Agriculture, son passage à ce ministère sera placé sous le signe de la réforme. Il accédera en 2003 au poste de ministre des Finances.

Il fait part de ses intentions de créer une île hors-taxe, mais ne parvient pas à finaliser sa mise en œuvre. Les années suivantes se révéleront plus compliquées pour le leader du parti soleil. Battu aux élections générales de 2005 dans la circonscription no 11 à la surprise générale, il dirige son parti sans être à l’Assemblée nationale. S’ensuivra une crise interne et il devra gérer le départ de son oncle Ashok Jugnauth qui ira prêter main-forte à Paul Bérenger.

Les relations entre le MSM et le MMM s’enveniment et Pravind Jugnauth commence à se rapprocher du PTr. Il convoite le poste de ministre des Finances qui était alors occupé par Rama Sithanen, se livre à un duel à distance avec l’ancien Grand argentier tout en prenant soin d’épargner le PTr.Le rapprochement MSM/PTr se confirme lorsque les rouges décident de soutenir Pravind Jugnauth lors de la partielle de 2008. Ce dernier croisait le fer avec Ashok Jugnauth malgré les réticences de certains membres du bureau politique du MSM.

Pravind Jugnauth aura le dernier mot et fait son retour à l’Assemblée nationale.

Un an plus tard, le MSM, le PTr et le Parti mauricien social-démocrate (PMSD) scellent un accord électoral et remportent les élections de 2010 face à l’alliance MMM-Union nationale. Le leader du MSM obtient le ministère des Finances.

Mais miné par le scandale du rachat de la clinique MedPoint par l’État, Pravind Jugnauth se retrouve au cœur d’une enquête pour corruption. De retour dans l’opposition, il s’illustre à l’Assemblée nationale avec plusieurs questions pertinentes, notamment sur les dossiers du Mauritius Institute of Training & Development et sur l’ancien ministre Rajesh Jeetah, avec le soutien du MMM et le retour de sir Anerood Jugnauth dans l’arène politique.

Malgré le bon départ du Remake face au gouvernement de Navin Ramgoolam, Pravind Jugnauth devra, en 2014, revoir sa stratégie politique. Le MMM faisant faux bond au MSM et prêtant main-forte au PTr, Pravind Jugnauth s’appuie sur le PMSD et le Muvman Liberater et, bien entendu, sur l’aura de sir Anerood Jugnauth. Vainqueur aux élections de 2014, il parvient temporairement à se débarrasser du boulet MedPoint en 2016, lorsqu’il obtient gain de cause en Cour suprême. Le Directeur des poursuites publiques a cependant demandé à cette instance la permission de faire appel de ce jugement auprès du Judicial Committee du Privy Council.

Chronologie
  • 1995 : Battu aux élections générales.
  • 1996 : Élu conseillé municipal à Vacoas.
  • 2000 : Nommé ministre de l’Agriculture.
  • 2003 : Nommé ministre des Finances.
  • 2005 : Vaincu dans la circonscription no 11.
  • 2009 : Retour à l’Assemblée nationale.
  • 2010 : Nommé ministre des Finances.
  • 2011 : Démission du gouvernement PTr/MSM
  • 2014 : Nommé ministre des TIC.
  • 2015 : Condamné par la cour intermédiaire dans l’affaire MedPoint.
  • 2016 : Il gagne en appel à la Cour suprême et reprend le portefeuille de ministre des Finances.

Au Sun Trust : le leader orange recherche le soutien des siens

Matinée mouvementée au Sun Trust, dimanche 22 janvier. Pravind Jugnauth a rencontré tour à tour les membres de son bureau politique et son comité central pour commenter l’imminence de son accession au poste de Premier ministre.

On aurait pu croire que la foule réunie au SunTrust après l’abandon des charges dans l’affaire MedPoint contre Pravind Jugnauth ne pouvait être surpassée. Erreur. Dimanche, pour la réunion du bureau politique du Mouvement socialiste militant (MSM), suivie de celle du comité central, le Sun Trust grouillait de monde. Les partisans étaient venus en nombre pour soutenir leur leader, bientôt chef de gouvernement. Toutefois, les principaux acteurs se sont montrés avares de mots.

Alors que le bureau politique orange était en réunion, entre 10 heures et 11 h 30, les membres du comité central défilaient dans la cage d’escalier, ou prenaient l’ascenseur pour se rendre au dixième étage. L’immense hall était le seul espace disponible pour accueillir les centaines de membres. Il n’a néanmoins pas suffi : plusieurs sont redescendus, se plaignant que la salle était comble. À 11 h 30, le leader franchit la porte. Il est accueilli par un : « Pravind nou bondie ! »

À la presse, le « bondie » se montrera aussi avare de commentaires que la veille, lors de la dernière fonction officielle de son père comme Premier ministre : « Nous avons réuni le bureau politique pour obtenir l’aval de tous les camarades. Nous laissons les choses suivre leur cours, parce qu’il y a des procédures à suivre et une présidente de la République qui doit agir. » Lors de la réunion, selon nos recoupements, le futur chef du gouvernement a effectivement réclamé le soutien de ceux qui ne seront pas ministres et ceux qui devront changer de portefeuille.

« Un grand défi »

Face au comité central, où la presse a été exceptionnellement admise, le leader du MSM a été un peu plus volubile. Même s’il n’a pas donné plus de détails sur son accession au poste suprême : « Pour nous, le MSM, surtout moi comme leader, vu la relation que j’ai avec Anerood Jugnauth, c’est un moment plein d’émotion, parce que SAJ est un grand homme. En fait, c’est un homme exceptionnel [..] La relève est un grand défi. Cette responsabilité que je vais assumer grâce à la confiance des camarades du parti, du Muvman Liberater et des camarades de Rodrigues, est énorme. »

Nando Bodha a pris la parole pour quelques brefs mots d’encouragement : « Aujourd’hui est un grand jour. Demain sera un jour encore plus grand. Nous avons un grand destin. Nous avons un grand avenir. Nous avons été aux côtés de Pravind dans les moments les plus difficiles. Nous serons avec lui dans les moments de gloire. »

Tout de suite après, Pravind Jugnauth laisse ses partisans en compagnie des membres du bureau politique et quitte les lieux en premier. Il est midi. Quelques minutes plus tard, les partisans et dirigeants quittent les lieux un à un.

Ashit Gungah : « Nous travaillerons dans l’intérêt de la population »

« Je suis très fier qu’une personne que j’ai côtoyée durant plusieurs années prenne la barre avec beaucoup de responsabilités. Connaissant Pravind Jugnauth, je suis sûr qu’il relèvera tous les défis qui nous attendent. Nous travaillerons dans l’intérêt de la population. Le peuple nous jugera à la fin de notre mandat. En même temps, je dis merci à sir Anerood pour ce qu’il a apporté au pays. Nous continuerons à bénéficier de ses conseils. »

 

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