L’homme d’affaires et philanthrope angolais a été au cœur d’un duel à distance entre l’actuel et l’ancien ministre des Services financiers. Il a créé quatre entités, qui ont obtenu une licence de la FSC pour proposer des services dans le secteur offshore.
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Quelles sont les compagnies que possède le philanthrope angolais Alvaro Sobrinho à Maurice ? Ce dernier, partenaire de la Présidente Ameenah Gurib Fakim à travers Planet Earth Institute (PEI) et qui a offert des bourses à dix doctorants mauriciens en décembre 2016, a été au cœur d’une controverse au cours de la semaine. Des articles de presse ont fait état d’enquêtes à son sujet au Portugal dans des affaires de détournement de fonds. La Financial Services Commission (FSC) mentionne quatre compagnies ayant obtenu des permis d’opération, pour l’instant suspendus.
Les premières demandes de Global Business Licence (GBL) sont déposées le 15 août 2015. Parmi les postulants, on trouve ASA Fund. Cette entité est incorporée le 27 août 2015 et a, pour actionnaire, AS African Asset Management Ltd, qui fait elle-même une demande pour un GBL. Parmi les directeurs de ASA Fund, on retrouve Alvaro Sobrinho, un dénommé Mauricio Jorge Almeida Fernandes, Gunesh Beegadhur et Lina How Ah Chong.
PASET Fund, autre postulant pour un permis de la FSC, a été incorporé le 27 août 2015 également. AS African Asset Management en est encore une fois l’unique actionnaire et l’on retrouve les mêmes noms comme directeurs.
La dernière demande de permis arrive un an plus tard. Il s’agit de celle faite le 29 septembre 2016 par Alvaro Sobrinho Africa Ltd. La compagnie demande un Investment Banking Licence, désormais octroyé par la FSC, conformément à la mesure introduite quelques mois auparavant par le ministre des Finances d’alors, Pravind Jugnauth, dans son budget. Toutefois, la compagnie n’est formellement incorporée que le 7 novembre 2016. Ses activités sont la gestion de fonds, l’offshore banking et l’offre de services administratifs pour d’autres firmes offshore.
Cette fois, l’actionnaire de la compagnie n’est autre qu’Alvaro Sobrinho. Parmi ses directeurs, il y a un dénommé Jose Manuel Pinto et le même Mauricio Jorge Almeida Fernandes, que l’on retrouve dans les autres compagnies.
Dans son communiqué, la FSC précise que, suite à des articles de presse parus au Portugal et faisant état d’enquêtes sur le procureur qui a décidé de ne pas donner suite aux poursuites contre Alvaro Sobrinho, les permis d’opération ont été suspendus. « The Licensees have been requested not to start operations without the prior clearance of the Chief Executive. So far, none of the Licensees have commenced business operations. »
Cependant, la manière dont la FSC a géré le dossier n’a pas satisfait le ministre des Services financiers et de la Bonne gouvernance, Sudhir Sesungkur. Sur les ondes de Radio Plus, jeudi, il a accusé le régulateur du secteur des services financiers de « faire les choses à la va-vite ». Le ministre est même allé jusqu’à accuser le conseiller de son prédécesseur, Akilesh Deerpalsing, de s’être ingéré dans cette affaire.
Roshi Bhadain, l’ancien ministre des Services financiers, a fermement nié ces accusations. Dans une conférence de presse tenue vendredi, il a volé au secours de la FSC. « Je trouve que la FSC a bien fait son travail dans cette affaire », a déclaré Roshi Bhadain, revenant sur les détails du communiqué de l’institution. Selon lui, il n’y a aucune condamnation d’Alvaro Sobrinho jusqu’à présent et la présidente de la République n’a donc rien à se reprocher.
L’homme paraît « clean » aux yeux de la FSC
Beaucoup a été dit, ces derniers jours, sur les entreprises du banquier angolais multimilliardaire, Alvaro Sobrinho, mais quels sont les faits ?
Il ressort qu’Alvaro Sobrinho a commencé à s’intéresser de près à la place financière mauricienne en 2015.
Le 18 août 2015, il soumet trois demandes à la Financial Services Commission (FSC) pour obtenir des Category 1 Global Licences pour trois compagnies, à savoir l’ASA Fund, l’AS African Asset Management Ltd et le Paset Fund. La première demande est pour opérer un Collective Investment Scheme (Expert Fund), tout comme la deuxième, alors que la troisième est pour un CIS Manager Licence.
Plus d’un an plus tard, le 29 septembre 2016, il soumet une demande à la FSC pour obtenir un permis de banque d’investissement. Ce sera la quatrième compagnie du fortuné et controversé banquier.
Dans les trois premiers cas, les demandes ont été processed dès le lendemain. La World check and Bankers accuity check est faite le 21 août. Le 26 août, les trois demandes sont finalisées et les trois permis octroyés deux jours plus tard. Entre le dépôt d’application et la remise des permis, il a donc fallu 10 jours à la FSC. Trois vérifications sont faites : une World check, une Passport check et une Google check.
« Pour ce qui est des opinions négatives sur M. Alvaro de Oliveira Madaleno Sobrinho trouvées sur Internet, une copie du « legal summary » de l’affaire en version anglaise, ainsi que la traduction anglaise sur la notice d’autorisation a été fournie par le client », lit-on dans les documents.
Les actionnaires, qui sont les mêmes pour les trois compagnies, proposent, dans leur demande, d’injecter plus de Rs 500 millions provenant de « corps parapublics, d’organisations charitables africaines et d’investisseurs institutionnels africains » dans des projets immobiliers et des institutions éducatives.
La quatrième compagnie d’Alvaro Sobrinho se nomme Alvaro Sobrinho Africa Ltd. C’est au nom de cette dernière qu’il envoie une demande pour un Investment Banking Licence, le 26 septembre, à la FSC. Le 30 septembre, la commission lui demande d’amender son Business Plan. Chose faite le 31 octobre. Le 3 novembre, le comité responsable de l’octroi des licences process le dossier.
Une fois de plus, des vérifications sont faites sur sa personne le 18 novembre. Il ressort qu’il n’y a rien à redire sur lui. L’homme paraît « clean » aux yeux de la FSC.
Des demandes d’informations supplémentaires lui sont envoyées le 7 novembre, ainsi qu’à sa banque à Maurice. Il y répond les 14 et 16 novembre. Le même jour, le Licencing Committee analyse les réponses. Le dossier est envoyé à l’Applications Committee de la FSC le 23 novembre. Le comité l’approuve le même jour. Deux jours plus tard, le permis est émis.
Au niveau de la majorité, on précise que le permis pouvait être émis, car Alvaro Sobrinho avait été lavé de tout blâme dans les affaires qui le concernaient à l’étranger. On y souligne aussi que Dev Manraj, président de la FSC et secrétaire financier, n’est pas impliqué dans les processus d’évaluation et d’octroi des permis.
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