Economie

Secteur financier - Blockchain : un créneau à exploiter

Le gouvernement veut promouvoir la technologie Blockchain à Maurice. Cette technologie peu connue chez nous commence à susciter l’intérêt des entrepreneurs locaux et attirer des géants étrangers. Mais l’absence de cadre légal approprié retarde son développement.

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La semaine dernière, des cadres de Consensys, une entreprise américaine, engagée dans le développement de la technologie Blockchain, étaient en visite de prospection à Maurice. La délégation a eu des sessions de travail avec les autorités locales en vue d’explorer les possibilités d’installer ses opérations à Maurice. La venue de Consensys a relancé le débat sur l’avenir de la technologie Blockchain à Maurice et les perspectives de développement économique. Consensys a été séduite par les facilités à Maurice et le climat des affaires. Toutefois, on ne sait pas encore quand cette société s’implantera à Maurice et l’étendue de ses activités.

Une Blockchain constitue une base de données qui contient l’historique de tous les échanges effectués entre ses utilisateurs depuis le jour de sa création.

La technologie Blockchain fait débat à Maurice depuis bientôt un an. Selon Blockchain France, la Blockchain est une technologie de stockage et de transmission d’informations, transparente, sécurisée, et fonctionnant sans aucune institution centrale de contrôle (comme la Banque Centrale pour les banques par exemple).

Par extension, une Blockchain constitue une base de données qui contient l’historique de tous les échanges effectués entre ses utilisateurs depuis le jour de sa création. Cette base de données est entièrement sécurisée et distribuée : elle est partagée par ses différents utilisateurs, sans intermédiaire, ce qui permet à chacun de vérifier la validité de la chaîne. Selon les adeptes de Blockchain, il est très difficile, voire impossible de falsifier les données.

Il existe des Blockchains publiques, ouvertes à tous, et des blockchains privées, dont l’accès et l’utilisation sont limités à un certain nombre d’acteurs. Une Blockchain publique peut donc être assimilée à un grand livre comptable public, anonyme et infalsifiable. Le mathématicien Jean-Paul Delahaye explique la Blockchain comme « un très grand cahier, que tout le monde peut lire librement et gratuitement, sur lequel tout le monde peut écrire, mais qui est impossible à effacer et indestructible. »

La première Blockchain est apparue en 2008 avec la monnaie numérique bitcoin, pendant la crise financière internationale. Le bitcoin fut développé par un inconnu se présentant sous le pseudonyme Satoshi Nakamoto. Si Blockchain et bitcoin ont été conçus ensemble, aujourd’hui, de nombreux acteurs (entreprises, gouvernements, etc.) envisagent l’utilisation de la technologie Blockchain pour d’autres cas que la monnaie numérique.

Comment ça marche ?

Toute Blockchain publique fonctionne nécessairement avec une monnaie ou un token (jeton) programmable. Le bitcoin est un exemple de monnaie programmable. Les transactions effectuées entre les utilisateurs du réseau sont toujours regroupées par blocs. Chaque bloc est validé par les nœuds du réseau, selon des techniques qui dépendent du type de Blockchain. Dans la Blockchain du bitcoin cette technique est appelée le Proof-of-Work, preuve de travail, et consiste en la résolution de problèmes algorithmiques.

Une fois le bloc validé, il est horodaté et ajouté à la chaîne de blocs. La transaction est alors visible pour le récepteur ainsi que l’ensemble du réseau. Ce processus prend un certain temps, selon la Blockchain dont on parle (environ une dizaine de minutes pour bitcoin, 15 secondes pour Ethereum). À noter que Consensys fait usage du concept Ethereum.

Le potentiel

Le caractère décentralisé de la Blockchain, couplé avec sa sécurité et sa transparence, promet des applications bien plus larges que le domaine monétaire. La Blockchain peut être utilisée pour les applications des transferts d’actifs. Elle agit aussi comme un registre pour une meilleure traçabilité. Dans le domaine Blockchain, on parle également de plus en plus de Smart Contracts, c’est-à-dire des programmes indépendants qui exécutent les conditions et termes des contrats, sans besoin d’intervention humaine.

Les champs d’activités

Avec l’évolution technologique rapide, les champs d’activités sont vraiment immenses. La Blockchain peut être utilisée dans le secteur bancaire, celui des assurances, le transport, les transactions en ligne, le secteur foncier, etc. Toutefois, il y a la nécessité d’un cadre légal approprié.

Les avantages

La technologie Blockchain requiert des développeurs spécialisés et comme ce système gagne du terrain à travers le monde, la demande de professionnels maîtrisant cette technologie est en hausse. C’est un créneau important qui peut intéresser les jeunes informaticiens locaux, car les perspectives d’emplois abondent au niveau international. La Blockchain, c’est aussi un nouveau mode de paiement pour les transactions et cela encourage les échanges à divers niveaux, donc une stimulation économique. Cela encouragera des start-ups parmi les jeunes entrepreneurs. Dans certains pays, on parle déjà de deuxième révolution numérique.

Les désavantages

La Blockchain révolutionne le système des paiements et la nature des transactions. Ainsi, elle peut aussi être responsable de pertes d’emplois. Par exemple, elle remplacera à terme l’enregistrement manuel de certains types de transactions, et avec la disparition des procédés complets et autres systèmes administratifs, il peut y avoir pertes d’emploi. Certains analystes disent même que le système Blockchain ne nécessitera pas des intermédiaires comme les comptables !

Absence de cadre légal

En septembre 2016, le Board of Investment (BoI) avait organisé un séminaire sur la technologie Blockchain et plusieurs ateliers de travail avaient eu lieu avec la collaboration du ministère des Tic, la Financial Services Commission (FSC), la Mauritius Bankers Association et les entrepreneurs.

Gérard Sanspeur, Special Adviser aux Finances, avait déclaré que, techniquement, 10 projets pourraient être annoncés le même jour, mais que le cadre légal faisait défaut.
C’était la raison pour laquelle le Budget avait annoncé le Regulatory Sandbox Licence, mécanisme pour permettre aux nouvelles entreprises dans des secteurs d’activités pas encore régulés de commencer leurs opérations en attendant la mise en place des législations appropriées.

Il avait aussi dit que Maurice pourrait saisir l’opportunité que présentait la Blockchain en formant des jeunes à cette technologie, car il n’y avait que 4 000 développeurs Blockchain au monde.

À noter que l’adoption de la Blockchain s’inscrit aussi dans le cadre de la vision des autorités de faire de Maurice un FinTech Hub dans la région.

À souligner que le mot Blockchain est encore absent du site Web des régulateurs financiers, à savoir la Banque de Maurice et la Financial Services Commission, à un moment où on met l’emphase sur le Financial Literacy.

 

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