Economie

Secteur émergent : l’État océan en eaux troubles ?

L’État océan fait son cheminement depuis bientôt une décennie. Toutefois, l’Ocean Economy a eu un timide décollage jusqu’ici. Pourtant, il y a eu plusieurs conférences, séminaires, réunions, missions et même un ‘Roadmap’ sur le sujet. Alors, qu’est-ce qui freine l’évolution de ce secteur émergent ?

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Le secteur de la pêche contribue à environ 1,6 % du PIB, avec des emplois directs et indirects se chiffrant au nombre de 13 000.

Cela fait des années qu’on en parle. Notre vaste zone économique exclusive présente d'énormes opportunités de développement économique et de création d’emplois. L’industrie de la mer est un de ces secteurs émergents qui devrait contribuer à faire de Maurice une nation à hauts revenus. Ce nouveau secteur n’est pas limité à la pêche, mais comprend aussi la biotechnologie, les énergies renouvelables, la cosmétologie, la culture de perles, le dessalement d’eau de mer, la transformation alimentaire et l’aquaculture, entre autres.  Viendront se greffer à cette nouvelle industrie, les activités portuaires, le shipping et petroleum hub et le tourisme de croisières.

L’État océan peut contribuer à la croissance économique en créant des milliers d’emplois.

Le secteur de la pêche contribue à environ 1,6 % du PIB, avec des emplois directs et indirects se chiffrant au nombre de 13 000, excluant les emplois dans le segment manufacturier. Par contre, l’exportation du poisson frais et traité représente près de 20 % de nos exportations totales, soit environ Rs 20 milliards. De l’autre côté, le pays importe des produits alimentaires à base de poisson pour environ Rs 10 milliards annuellement.

Raffaello Cervigni, Lead Environmental Economist de la Banque mondiale, a expliqué le potentiel du secteur, mais aussi les risques existants et les mesures à prendre pour que le développement de l’Ocean Economy soit durable. Le succès de ce secteur dépend de l’avènement d’un cadre légal approprié et de réformes institutionnelles, mais aussi de facteurs externes comme la demande internationale, le cours de l’énergie, etc.

L’État océan est un secteur qui a un fort potentiel et qui peut contribuer à la croissance économique en créant des milliers d’emplois. Il souligne, toutefois, la nécessité d’un développement graduel. Cette éventualité correspond à la vision du gouvernement de doubler son PIB. Pour que le secteur soit durable, il faut tenir compte de la résilience aux changements climatiques et de l’impact sur l’environnement.

L’Ocean Economy privilégie l’aquaculture.

L’Ocean Economy nécessitera des investissements majeurs, mais les retombées sur la croissance économique et la création d’emplois sont énormes. La Banque mondiale préconise l’élaboration d’un ‘National Ocean Policy Paper’ et un programme de formation pour les futurs employés du secteur.

Le gouvernement mauricien a signé un accord avec le gouvernement indien pour la coopération dans le développement de l’Ocean Economy pendant la période 2015-2019. Le ministère de l’Ocean Economy a aussi sollicité l’assistance technique du Commonweath Secretariat pour l’élaboration d’une National Ocean Economy Strategic Plan, de même que la création d’un National Ocean Economy Council et d'une National Ocean Authority.  

L’économiste Arvind Nilmadhub, qui a aussi travaillé sur le dossier Ocean Economy lorsqu'il était Senior Advisor au Board of Investment, explique qu’il n’y a pas de doute que c’est un secteur très important pour notre économie. « On le dit depuis plus de dix ans, mais les activités tardent à décoller. Je note qu’on se concentre trop sur les projets d’aquaculture. Or, l’Ocean Economy ce n’est pas que l’aquaculture.

D’ailleurs, je ne comprends pas pourquoi on privilégie l’aquaculture alors que nous avons une zone exclusive très vaste qui permet la production de poissons naturellement. Il faut être prudent avec l’aquaculture, car cette activité ne rime pas forcément bien avec le tourisme. Par contre, il y a toute une palette d’activités et de créneaux à exploiter dans l’Ocean Economy. Le travail de base a déjà été fait dans le passé, et il ne reste que l’implémentation.

À noter aussi que nous importons des produits de la mer pour un montant d’environ Rs 10 milliards annuellement, donc c’est un marché énorme à conquérir par nos entrepreneurs à travers la production locale. L’Ocean Economy est étroitement liée au secteur manufacturier à travers la transformation alimentaire. »

Nouvelles activités

Les activités liées à l’Ocean Economy comprennent, entre autres, l’extraction d’eau de mer profonde, la biotechnologie marine, le dessalement d’eau de mer, la production d’énergie renouvelable à partir des ressources marines, la culture d’algues et d'huîtres pour la production perlière et d’autres activités similaires.

Fishing Licences

Maurice octroie des permis aux bateaux étrangers pour pêcher dans nos eaux. En 2015, 57 Fishing Licences ont été octroyées aux bateaux appartenant à 20 opérateurs locaux, alors qu’en 2016, il y a eu 88 licences. En 2015, 239 Fishing Licences furent octroyées aux opérateurs étrangers et 277 en 2016. Les revenus provenant des licences octroyées aux étrangers étaient de l’ordre de 1 254 000 dollars et 140 700 euros en 2015.

En 2016, les revenus étaient de 1 532 000 dollars et 132 720 euros. Les permis concernent principalement la pêche au thon. Selon l’article 62 du ‘United Nations Convention of the Law of the Sea (UNCLOS)’, dont Maurice est signataire, les États membres qui ne peuvent exploiter leur prise autorisée doivent permettre aux autres de le faire.

Comme Maurice ne possède pas de bateaux appropriés, le pays octroie des permis aux étrangers pour opérer dans notre zone exclusive.  Cependant, le pays veut agrandir sa flotte nationale et des facilités sont offertes aux sociétés coopératives pour l’acquisition de bateaux de pêche.

 

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