Le directeur de la CWA, Yusuf Ismael, avance que les huit réservoirs du pays disposent de « trois à quatre mois d’approvisionnement » s’il y a une bonne gestion de l’eau potable. Toutefois, cette même quantité d’eau s’épuiserait dans un délai de « trois semaines s’il y avait un retour à la distribution normale ».
Publicité
«Trois mois d’approvisionnement. C’est ce que peuvent contenir les huit réservoirs s’il y a une bonne gestion de l’eau et des régimes de coupures, comme c’est le cas actuellement. Au cas contraire, le niveau de l’eau ne durerait pas trois semaines si l’on maintenait le précédent mode approvisionnement. » C’est ce qu’a déclaré le directeur de la Central Water Authority (CWA) Yusuf Ismael au Défi Quotidien.
« Notre souci, c’est que le public digère mal ce nouveau régime de distribution. » La situation, précise-t-il, retournera à la normale après les premières averses estivales prévues, selon la météo, fin janvier voire début février. Plusieurs facteurs ont poussé la CWA à imposer un « régime sec ». Parmi : une hausse de 65 % de l’utilisation de l’eau durant le mois festif ; l’eau destinée à l’irrigation de la canne à sucre coïncidait avec la période sèche ; et enfin le nombre croissant de touristes.
Le nouveau régime prévoit une distribution d’eau variant de trois à 21 heures par jour. Les régions telles que Les Mariannes, qui bénéficient de trois heures d’approvisionnement, ont recours aux camions-citernes. La région de Montagne-Blanche, sur le plateau central, reçoit, elle, 21 heures d’approvisionnement.
« Le taux de remplissage des réservoirs nous assure une fourniture confortable pour les prochaines semaines. La pire sécheresse qu’a connue le pays remonte à 2010. Le taux de remplissage des réservoirs frôlait alors les 30 % », souligne Yusuf Ismael.
Nappes phréatiques
La CWA envisage de mettre en œuvre certaines mesures si les averses se font rares d’ici fin février. Un comité de crise a été mis sur pied pour étudier toutes les possibilités. L’un des recours, selon Yusuf Ismael, est l’exploitation des nappes phréatiques privées additionnelles. La Water Resources Unit, dit-il, a récemment fait l’acquisition de deux nappes phréatiques privées dans les régions de Plaine-Magnien et de Mon Désert. La capacité de ces deux boreholes est de 1 000 m3.
La CWA étudie d’autres zones rouges, telles que celles dans le Sud, l’Ouest et le Nord, en vue d’exploiter d’autres nappes phréatiques. Des nappes additionnelles, situées à Beaux-Songes, Coromandel, Plaines-Wilhems et dans le Sud, ont été mises en opération. Ces nappes phréatiques ont une capacité de 9 000 m3.
Selon le directeur de la CWA, outre l’exploitation des nappes phréatiques, l’organisme envisage d’autres mesures, telles qu’une révision des heures d’approvisionnement dans certaines régions des basses Plaines-Wilhems, le Nord et l’Est. Il indique que le volume d’eau destinée à l’irrigation sera revu, car la priorité reste l’eau potable. « Une décision sera prise de concert avec l’Irrigation Authority et la Water Resources Unit. »
Enfin, poursuit-il, le nombre de camions-citernes desservant les régions de Grand-Gaube, Mare-La-Chaux et Coromandel sera augmenté. « L’utilisation de l’eau du Bagatelle Dam n’est pas non plus écartée », conclut le directeur de la CWA.
Harry Boolauck, ancien directeur de la cwa : «Il faut dessaler l’eau de la mer pour soulager les gens»
Harry Boolauck, ancien directeur de la CWA, suggère le dessalement de l’eau de mer pour soulager les abonnés. Il estime que « le gouvernement, surtout le ministre des Services publics, a placé la barre très haute. On a fait croire à la population qu’elle aurait de l’eau 24 heures sur 24 et sept jours sur sept, tout au long de l’année. La réalité est différente ».
Pour l’ex-directeur de la CWA, il est possible de fournir de l’eau 24 heures sur 24 uniquement en période de grosses pluies, lorsque les nappes souterraines et les réservoirs sont remplis.
« Mais nous avons aussi une période de sécheresse qui perdure. Normalement, le pays reçoit de grosses pluies en octobre, novembre et décembre. Tel n’est plus le cas. Nous sommes en janvier et il n’y a pas eu de grosses pluies. Nos ressources en eau diminuent drastiquement. Le changement climatique n’arrange pas les choses. C’est pour cette raison que les gens sont mécontents », dit-il.
Harry Boolauck affirme qu’il faut une bonne planification de la distribution d’eau afin que tout le monde en bénéficie. Il explique qu’en cette période de crise, il faut recommander le dessalement de l’eau de mer pour tous ceux qui habitent le littoral. « Certains hôtels ne disposent pas encore de leur unité de dessalement. Il fallait traiter l’eau de mer pour ces habitants et injecter le surplus produit dans le réseau de la CWA. Cela aurait diminué l’impact de la sécheresse et soulagé de nombreux abonnés. »
Pas de grosses pluies durant les prochains jours
Les grosses pluies d’été ne sont pas au rendez-vous. Elles sont attendues vers fin janvier voire début février. Pour la semaine, aucune grosse pluie n’est attendue. Toutefois, des averses seront localisées à certains endroits, souligne un prévisionniste de la station de Vacoas. « Ce seront seulement des pluies occasionnelles dans les prochains jours. Pour les grosses averses qui rempliront nos réservoirs, nos nappes souterraines et nos rivières, il faudra attendre les grosses pluies de fin janvier et début février », indique-t-il.
Parole à des abonnés de la CWA
Chaque jour, ils sont plusieurs à travers le pays à n’être fournis en eau que pendant trois heures. Si certains ont l’occasion de stocker la précieuse commodité, d’autres, en revanche, ne peuvent le faire, car ils n’ont tout simplement pas de réservoir d’eau.
À Beau-Bassin, plus précisément sur la route Royale, Montée Chapman, c’est la colère qui règne. Anabelle ne sait plus à quel saint se vouer. Cela fait quatre ans qu’elle est confrontée à un problème d’approvisionnement. « Ces derniers temps, la situation a empiré. Je dois me lever à 5 heures pour remplir des seaux d’eau, car le robinet cesse de couler à 6 h 30. L’eau ne coule que d’un seul robinet situé au rez-de-chaussée. J’habite à l’étage et l’eau n’arrive pas jusque chez moi. Dans l’après-midi, la fourniture reprend de 16 h 30 à 18 heures. À ces heures-là, je suis encore au travail. Je ne sais plus quoi faire », déplore-t-elle.
Elle souligne que les habitants de la région ont vainement téléphoné à la CWA. « L’organisme ne peut rien faire pour nous. Durant la dernière semaine de décembre et au début de janvier, nous avons vécu un véritable calvaire. Du 1er janvier au 4 janvier, pas une goutte n’a coulé du robinet. Il a fallu acheter de l’eau pour notre utilisation. J’ai cinq réservoirs, mais cela ne sert à rien. Ils ne se remplissent pas », soupire-t-elle.
Annabelle trouve d’autant plus étrange que son voisin, qui habite en face d’elle, reçoive de l’eau. « Il n’y a qu’une route qui nous sépare et il reçoit de l’eau à longueur de journée. Mon voisin se permet même le luxe de laver, chaque semaine, sa voiture et les briques de sa cour », allègue-t-elle.
La situation est tout aussi précaire à La Gaulette. Manesha ne reçoit de l’eau que pendant trois heures. « J’endure un calvaire tous les jours. Je dois me lever tôt pour remplir plusieurs seaux. Dans l’après-midi, c’est mon frère et ma mère qui s’astreignent à cette tâche. Si on ne le fait pas, il faut acheter des bouteilles d’eau pour consommer », dit-elle. Elle souligne que certains de ses voisins restent sans eau, car ils n’ont pas de réservoir d’eau.
Horaires de distribution
Port-Louis :
- Port-Louis et les régions avoisinantes seront approvisionnées en eau pendant six heures : de 5 heures à 8 heures et de 17 heures à 20 heures.
Nord :
- Petit-Raffray, Péreybère, Cap-Malheureux et Calodyne seront fournis en eau pendant 12 heures par jour. Soit de 3 heures à 21 heures et de 15 heures à 21 heures.
- Goodlands, St-Antoine, Roche-Terre et Grand Gaube : neuf heures d’approvisionnement par jour. Soit de 4 heures à 8 h 30 et de 16 heures à 20 h 30.
- Grand-Baie, Pointe-aux-Canonniers et Mon-Choisy : 17 heures d’approvisionnement par jour. Soit de 4 heures à 21 heures.
- Congomah : entre 12 et 15 heures d’approvisionnement par jour.
- Les Mariannes (Upper) : trois heures d’approvisionnement par jour. Soit de 9 heures à midi. (Les techniciens de la CWA effectuent un remplacement de valves).
Est
- Camp-Marcelin, Bramsthan, Camp-Ithier, Sebastopol et Clavet : 18 heures d’approvisionnement par jour. Soit de 3 heures à 21 heures.
- Trou-d’Eau-Douce, Bel-Air, Beau-Champ, Ernest-Florent, Deux-Frères, Quatres-Sœurs, Petit-Sable et Grand-Sable : 12 heures d’approvisionnement par jour. Soit de 3 heures à 9 heures et de 15 heures à 21 heures.
- Olivia et Belle-Rive : 14 heures d’approvisionnement par jour. Soit de 14 heures à 21 heures et de 2 heures à 9 heures.
- Montagne-Blanche : 21 heures d’approvisionnement quotidiennement.
- Laventure (Shivala Road) : six heures par jour. Soit de 9 heures à 15 heures.
Sud
- Nouvelle-France et Union-Park : 15 heures d’approvisionnement par jour.
- Chemin-Grenier, Bel-Ombre, Baie-du-Cap, Martinière, Contour Prune, St-Martin et Chamouny : 10 heures d’approvisionnement quotidien à cause de la faible production du réservoir de Mont-Blanc. Les horaires d’approvisionnement : de 4 heures à 9 heures et de 16 heures à 21 heures.
- Tyack, Rivière-des-Anguilles, Souillac, Surinam, Batimarais, Château Bénarès, Camp-Diable, Rivière-du-Poste et St-Aubin : 10 heures d’approvisionnement. Soit de 4 heures à 9 heures et de 16 heures à 21 heures. Des citernes sont mises à la disposition des habitants de ces régions.
Upper Plaines-Wilhems
- Nouvelle-Découverte, Espérance, Bonne-Veine, Verdun, La Laura, L’Avenir : 10 heures d’approvisionnement. Soit de 10 heures à 15 heures et de 15 heures à 20 heures.
- Les abonnés de Curepipe et des régions avoisinantes seront fournis en eau potable deux fois par jour. Soit de 3 heures à 9 heures et de 15 heures à 21 heures.
- Highlands, Moka, St-Pierre et Alma seront approvisionnés pendant 16 heures par jour. Soit de 3 heures à 11 heures et de 15 heures à 23 heures.
Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !