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Santé mentale des enfants et des adolescents : Maurice parmi les bons élèves en Afrique

Maurice est en avance sur ses pairs africains en matière de bonnes pratiques à l’école. Deux programmes de promotion de la santé mentale, implantés dans les écoles et collèges, ont été présentés lors de la première édition du congrès panafricain de la psychologie à Durban, Afrique du Sud, fin septembre.

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Les amis de Zippy et le Service d’écoute et d’accompagnement (counselling) des collégiens. Ces deux programmes, à l’initiative du département de psychologie et de ‘counselling’ de l’Institut Jean Cardinal Margéot (IJCM), sont disponibles dans plusieurs écoles et collèges. « Tenant compte qu’un enfant sur dix développe un problème de santé mentale, des moyens d’accompagnements en milieu scolaire étaient primordiaux », explique Émilie Duval, docteur en psychologie et responsable de psychologie et ‘counselling’ à l’IJCM. « Dix ans après, ces programmes répondent de plus en plus aux besoins et permettent aux jeunes de reprendre goût à la vie », dit-elle.

À ce jour, plus de 100 écoles primaires et collèges sont impliqués dans ces projets. La psychologue se réjouit de l’entrée du concept Zippy (voir plus loin) dans les écoles primaires du gouvernement depuis deux ans. « Ces deux programmes visent à promouvoir le bien-être émotionnel des jeunes confrontés à une société où la violence est omniprésente.

Des enfants ayant complété le programme Les Amis de Zippy montrant leur certificat.

C’est ce qui nous différencie de ce que font les autres pays africains. La majorité se concentre sur la manière de venir en aide aux enfants qui souffrent déjà de troubles de personnalité, de comportements ou encore sont victimes de violence. Notre perspective à nous est de prendre les choses en amont et de permettre aux jeunes de s’adapter au contexte », explique Émilie Duval.

Un ‘counsellor’ dans chaque école

La réforme éducative, avec l’initiation aux Life Skills, est saluée par la psychologue. « La Nine-Year Schooling pourrait être une réponse aux besoins de nos jeunes, mais il faut impérativement miser sur la formation de ceux qui sont appelés à travailler avec les jeunes », estime la psychologue. Selon elle, pour se donner les moyens de construire des adultes de demain, jouissant d’un bien-être émotionnel et social, il faut investir dans les ressources humaines. « Une unité de ‘counselling’ dans chaque école est plus que nécessaire. L’État devrait créer un poste de counsellor pour chaque établissement. Pour ce faire, pourquoi ne pas puiser dans le bassin des nombreux étudiants en psychologie à l’université ? » 

À ce jour, une école primaire sur cinq a bénéficié du programme de Zippy, alors qu’un service de counselling est opérationnel dans tous les collèges catholiques. L’IJCM se dit prêt à collaborer avec le secteur public pour que les jeunes des écoles et collèges du gouvernement en profitent aussi.  « Face à la détresse quotidienne de nos jeunes, il est important qu’ils puissent s’exprimer et avoir une oreille attentive.

C’est tout le principe de nos programmes : permettre et apprendre aux jeunes de mettre des mots sur leurs sentiments et les accompagner dans un processus d’adaptation », poursuit la psychologue. Car, dit-elle, pour faire face aux nouveaux défis de notre société, il est important de revoir notre manière d’éduquer.

Investir dans la parentalité positive

« Les cris et les claques ne marchent plus. Imposer des choses aux enfants non plus. Face à la fragilisation de la cellule familiale découlant de l’évolution sociétale, il convient aussi d’investir dans une parentalité positive. Car, au final, les problèmes des jeunes à l’école commencent généralement à la maison »,  soutient Émilie Duval. Saute d’humeur, impulsivité, irritabilité, difficulté de concentration, agressivité…

Ces comportements qu’on reproche souvent aux adolescents s’expliquent par le fait qu’à cet âge, le cerveau n’a pas terminé de se développer et cherche à réguler des doses grandissantes d’hormones. « Parents et enseignants doivent donc se soucier de chacun de leurs enfants, s’intéresser à leur présent et se préoccuper de leur devenir», fait valoir la psychologue.

Valorisation au lieu de punitions

Au lieu de sanctionner, pour responsabiliser le jeune il faut l’aider à réparer ses fautes en le poussant dans ce qu’il fait de bien. « Nous croyons à tort que l’élève qui a fauté doit être puni. Justement, non ! On doit plutôt l’encourager à faire ce qui lui plaît. Il le fera bien et sera donc mis en valeur. Résultat : si un enfant est valorisé et accepté, il est heureux et il n’a pas envie de chahuter en classe », explique la responsable du département psychologie et ‘counselling’ de l’IJCM.

La bonne pratique passe aussi par beaucoup de bienveillance, « On a souvent tendance à dire ce qui ne va pas, ce qui a été mal fait, ce qui n’a pas été, au lieu de lui dire ‘Raconte-moi un peu ce qui se passe dans ta vie, ce que tu aimes’. Il faut détourner l’intérêt vers quelque chose qui lui plaît, que ce soit un talent ou une compétence qu’il possède ». La psychologue ajoute : « Quand un jeune sent qu’on est bienveillant, il va adopter un autre comportement. Ce sont des choses simples et intéressantes qui pourraient vraiment bénéficier aux adolescents, aux écoles et aux familles. »

Les Amis de Zippy

Des enfants maltraités, négligés, abandonnés. Des enfants victimes de violence physique, émotionnelle ou sexuelle. Des enfants victimes de harcèlement (bullying) ou de cyberbullying. Des enfants qui sont agressifs envers leurs enseignants, leurs pairs. Ces problèmes sont monnaie courante. Dans le système éducatif, l’accent est essentiellement mis sur la réussite académique.

Ce système invite peu les enfants à s’exprimer librement, à poser des questions, à développer leur créativité et des habiletés psychosociales nécessaires à leur bien-être émotionnel et social.  Le programme scolaire international Les Amis de Zippy destiné aux enfants de 5-7 ans, les aide à développer des capacités d’adaptation pour mieux gérer les difficultés de la vie au quotidien (ex: être en colère, vivre un deuil/une séparation, se disputer avec son ami…).

Les enseignants sont formés, puis animent eux-mêmes les sessions sur 24 séances pendant l’année scolaire. Ce programme, rigoureusement, scientifiquement et indépendamment évalué dans divers pays et cultures à travers le monde, a démontré des bénéfices pour les enfants, enseignants et parents tant sur le court que le long terme. C’est le seul programme scolaire de ce type sur le continent africain.

 

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