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Sans-abri : ces oubliés des festivités

sans-abri Les sans-abri déplorent l’indifférence des passants et des élus.

Pas de visite familiale, aucun menu spécial ni de cadeau génial pour les sans-abri. Ils vivent dans l’indifférence générale. Nous avons été faire un tour à la place de l’Immigration, à Port-Louis, le soir de Noël. Les cœurs étaient loin d’être à la fête…

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Une dizaine d’hommes et une femme occupent les lieux. 

L’endroit est peu éclairé. En bordure de route, à la rue Durongue, plusieurs cartons sont jetés au sol. Nous sommes dans la soirée du dimanche 25 décembre. Il est 22 heures. Ici, pas de sapin ni d’emballage de cadeau.

Le soir de Noël est un jour comme un autre, rempli de difficulté pour ces sans-abri. Leur quotidien reste le même : pour se nourrir, il faut faire les poubelles. Et pour se laver, l’endroit idéal reste les toilettes de la gare qu’ils décrivent comme « insalubres ». Sinon, pour répondre à un appel de la nature, certains vont se soulager au coin de la rue.

Espoir vain

Sous la varangue de quelques commerces, les silhouettes allongées sur des morceaux de carton ne passent pas inaperçues. Certains, plus « chanceux », ont pu trouver des boîtes à leur taille qu’ils transforment en berceau. D’autres ont récupéré de vieux matelas et même des draps. Une dizaine d’hommes et une femme occupent les lieux.

« Kot mo ti pe reste avan, ena enn fam fer mwa mesanste. Kouma mo rant dan lakaz mo malad. Akoz sa mem mo dormi deor. Si mo res laba, li kapav touy mwa », lance Devi, 49 ans, qui dort à la belle étoile depuis deux mois.

Chaque soir, ces sans-abri sont exposés aux bruits, aux chiens, à la poussière, aux déchets et à la fumée émanant des véhicules, entre autres nuisances. À chaque fois qu’un véhicule ralentit à leur hauteur, ils sont animés par l’espoir que quelqu’un leur apporte à manger. Mais en vain. « Sa apel lindiferans », lâche tristement Michel, qui fait peine à avoir avec sa vieille chemise froissée, ses cheveux décoiffés et sa barbe grisonnante.

Ce n’est pas tout, lance Pritish. « Proprieter magazin pa kontan nou dormi la. Li pase aswar dan so loto li zet delo glase lor nou », affirme le sans-abri, qui dort dans la rue depuis cinq ans. « Li bien difisil depi ki monn kit lakaz mo paran. » Michel abonde dans le même sens. Il confie qu’il vivait bien dans un passé pas si lointain. Cela fait quatre mois qu’il partage ses nuits avec ces sans-abri après avoir été ébranlé par une séparation. « Mo ti ena madam, loto ek enn sel kout, mo pena nanie », déplore notre interlocuteur.

Ils doivent leur salut à l’église qui, chaque dimanche, leur offre de la nourriture. En cette période de fêtes, nos sans-abri en appellent aussi à la générosité des Mauriciens. « Si kapav amenn enn ti manze pou nou ou osi linz nou pou pran », dit Preetish. Ils demandent aussi aux élus « un peu de considération » : « Pa get zis Sagos, get nou osi. Nou osi nou travay pou eleksion. »

 

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