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SAJ: «L’immobilier, ce n’est pas du développement réel»

SAJ accueilli par les responsables de Business Mauritius, Raj Makoond (à g.) et Arnaud Dalais.
Sir Anerood Jugnauth est catégorique : le pays ne peut se contenter des projets immobiliers pour assurer la croissance. C’est un des messages qu’il a transmis au secteur privé, lors d’une rencontre prébudgétaire mercredi. S’adressant à la presse, mercredi 20 avril, à l’issue d’une rencontre prébudgétaire avec le secteur privé, le Premier ministre et ministre des Finances a affirmé : « L’immobilier est un développement trop facile, pour en faire que des profits. Je ne le considère pas comme du développement réel. » Dans sa déclaration liminaire aux responsables du secteur privé, en début de rencontre, à la Cybercité, Ebène, il a fait ressortir : « Je voudrais finalement vous dire, capitaines et représentants du secteur privé, que notre développement ne devrait pas reposer uniquement sur le développement immobilier. Le secteur privé devrait se concentrer sur des activités productives qui généreront une valeur ajoutée plus élevée et créer de la richesse nationale. »

« Tempérament d’entrepreneur »

Cette déclaration du ministre des Finances, serait une indication des priorités réelles du gouvernement, qui seront dévoilées dans le discours budgétaire 2016-2017, prévu pour le lundi 6 juin. Elle vient prendre à contre-pied les annonces dans le précédent budget, où l’accent a été mis sur les grands chantiers pour relancer la croissance économique. « L’immobilier est important », a fait ressortir Arnaud Dalais, président de Business Mauritius, organisation ombrelle du secteur privé, en réaction aux propos de sir Anerood Jugnauth. « Il faut aussi des investissements dans d’autres secteurs. C’est le message que moi j’ai compris de ce que le Premier ministre a dit. » Hector Espitalier-Noël, Chief Executive Officer du groupe ENL, a abondé dans le même sens, à l’issue de la réunion : « Il a dit qu’il ne faut pas tout miser sur l’immobilier. » L’industrie de la construction et de l’immobilier est la plus endettée à Maurice, selon les données de la Banque de Maurice, publiées sur son site ce mercredi 20 avril. Il est ressort qu’au 29 février, le cumul des prêts des banques pour ce secteur a été de Rs 85,9 milliards. Cela représente quelque 31,4 % du crédit accordées par les banques. « Nous nous attendons à ce que le secteur fasse preuve à nouveau de ce tempérament d’entrepreneur, d’approche novatrice et du goût du risque dont ils ont fait preuve dans le passé pour réaliser le premier miracle économique. Nous sommes tous dans le même bateau. Il est de notre devoir de naviguer en toute sécurité et de nous tourner résolument vers le port du succès et de prospérité », a conclu le Premier ministre.  
   

Priorité du gouvernement: réduire le chômage de moitié

La création d’emplois est l’une des priorités du gouvernement. Les objectifs fixés sont réalisables, a fait ressortir le Premier ministre. Ces objectifs sont : atteindre une croissance annuelle de 5 %, réduire le déficit budgétaire à 3 % du Produit intérieur brut et ramener la dette publique à 50 % en 2018. Pour ce qui est de l’emploi, il a pour objectif de ramener le taux de chômage à 4 %. Or, en 2015, le taux de chômage a été de 7,9 %, ce qui représente 46 600 Mauriciens. Cet indicateur est resté au-dessus des 7,5 % au cours des cinq dernières années.  
 

Commentaires du secteur privé - Arnaud Dalais: «Retrouver une certaine stabilité politique»

Le président de Business Mauritius, Arnaud Dalais, est d’avis que la situation politique doit impérativement retourner à la normale. Car c’est un facteur important dont tient compte l’investisseur. « Toute instabilité (politique) ne peut être bonne. Nous espérons que nous allons retrouver une certaine stabilité. Nous nous occupons de l’économie. Nous ne nous occupons pas de la chose politique. Nous laissons le soin au Premier ministre et le gouvernement de gérer cet aspect des choses. Un investisseur local ou externe s’assure qu’il investit dans un environnement stable », a déclaré Arnaud Dalais à Radio Plus et au Défi Quotidien. En ce qui concerne le déroulement de la réunion avec le Premier ministre et ses proches collaborateurs, il a indiqué : « Priorité est de redresser les courbes descendantes - remonter notre taux de croissance. (…) Nous avons fait ressortir l’importance de la qualité de la vie. Dans le contexte du budget, c’est le moment de passer un message important à ce niveau-là. La sécurité, le maintien de l’ordre et de la paix, le combat contre la drogue, ce sont des facteurs qui peuvent affecter l’investissement. (…) Il y a une vraie volonté de prendre des mesures concrètes et faire bouger l’économie (…) »  
   

Consultations prébudgétaires: les ONG et la société civile déplorent le manque de fonds pour les projets sociaux

Le financement des projets sociaux doit être revu. C’est ce qui ressort des consultations prébudgétaires qui se sont tenues le mercredi 20 avril à la Cyber tower 1, à Ebène. Le Premier ministre, sir Anerood Jugnauth, et huit ministres ont rencontré les représentants d’Organisations non gouvernementales (ONG) et de la société civile. La plupart des travailleurs sociaux ont mis l’accent sur le manque de fonds. De son côté, le Premier ministre a affirmé que le gouvernement accorde beaucoup d’attention au pouvoir d’achat des Mauriciens. « Les revenus additionnels nous ont coûté plus de Rs 14,5 milliards. L’économie, et notamment la création d’emplois, fait partie de nos priorités pour 2016. Toutefois, un changement de mentalité est important. Tout le monde ne peut pas avoir un emploi dans la fonction publique. Le pays a besoin de plus de main-d’œuvre qualifiée », a-t-il affirmé. Sir Anerood Jugnauth s’est attardé sur trois axes principaux : la dégradation des mœurs, la peine de mort et la commission d’enquête sur la drogue. « Nous assistons à une dégradation des valeurs. Nous avons des droits mais aussi des responsabilités. Les parents ont un rôle important dans le développement de l’enfant. L’éducation doit commencer à la maison. On ne peut pas tout mettre sur le dos des autorités. Je suis pour la peine capitale mais les autres ministres ne partagent pas cet avis. Nous allons travailler ensemble pour trouver d’autres solutions », a déclaré le Premier ministre. Le chef du gouvernement a encouragé le public à dénoncer les trafiquants de drogue. Il a aussi affirmé avoir rencontré le commissaire de police : « La sécurité sera renforcée dans les régions à risques et nous allons utiliser la technologie pour y parvenir. »
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