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Saisie des 155 kilos d’héroïne : Kistnah aurait importé une dizaine de conteneurs sous un faux nom

L’héroïne saisie au port L’héroïne saisie au port se trouvait dans des sableuses à pression.

Le courtier maritime se faisait passer pour Kushal Ramchurn auprès d’une « freight fowarding agency » grâce à un certain Hemant Kumar Ramdin. Celui-ci est activement recherché par l’Icac.

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Les éléments compromettants contre Navind Kistnah s’accumulent. Suspect n°1 dans l’enquête sur la saisie record des 155 kilos d’héroïne dans huit sableuses à pression au port, le mois dernier, il aurait importé une dizaine de conteneurs renfermant un certain nombre de ces cylindres depuis 2016. C’est ce qu’a découvert l’Independent commission against corruption (Icac) dans le cadre de ses investigations sur le volet blanchiment de cette affaire, étant donné que la valeur marchande de cette drogue dépasse les Rs 2,3 milliards.

Shahebzada Azaree et Navin Kistnah.

Autre nouvel indice : Navind Kistnah, alias Kunal, n’aurait pas agi seul. Le courtier maritime aurait été épaulé par Hemant Kumar Ramdin, un habitant de Vallée-des-Prêtres fiché par la police, pour l’importation de ces marchandises d’Afrique du Sud. Hemant Kumar Ramdin a présenté Navind Kistnah comme étant un dénommé Kushal Ramchurn auprès d’une « Freight Fowarding Agency » ayant dédouané ces conteneurs pour eux.

Des salariés de cette société ont su qui était réellement Kushal Ramchurn en voyant la photo de Navin Kistnah dans la presse à l’issue des saisies du jeudi 9 mars et du vendredi 24 mars.

Perquisition chez trois suspects

L’Icac a donc réclamé de la Mauritius Revenue Authority (MRA) la liste complète des marchandises importées d’Afrique du Sud par Navin Kistnah. En son nom propre et sous son nom d’emprunt. La vérification pour un seul conteneur a permis aux enquêteurs d’établir que celui-ci a été livré chez le courtier maritime à Petite-Rivière et qu’il recelait pas moins d’une dizaine de sableuses à pression. Il ressort que les frais de dédouanement de la dizaine de conteneurs étaient réglés, à tour de rôle, par Hemant Kumar Ramdin et le faux Kushal Ramchurn.

Navind Kistnah étant supposément en détention au Mozambique pour « illegal stay », d’après une note au ministère des Affaires étrangères - ce que les Casernes centrales et le Prime Minister’s Office ne veulent pas confirmer -, Hemant Kumar Ramchurn est activement recherché par l’Icac. Il a disparu de la circulation depuis trois semaines, ce qui correspond à la période où la première saisie de six sableuses à pression contenant 135 kilos d’héroïne a été effectuée par l’Anti drug and smuggling unit (Adsu) et les services de douane de la MRA.

Hemant Kumar Ramdin fait partie du groupe d’amis de Navind Kistnah qui déboursent des centaines de milliers de roupies en une journée, voire une soirée, aux courses et au casino.

Parmi eux, on retrouve Shahebzada Azaree, dit Dade, l’un des patrons de Gloria Fast Food ; Luqman Karamtally, un designer de Plaine-Verte, et Maheswar Chucoor, dit Tiger, un mécanicien de la Mauritius Ports Authority (MPA). Des perquisitions ont été menées au domicile de ces trois suspects depuis ces quinze derniers jours et vont incessamment déboucher sur leurs interrogatoires « under warning. » 

Officiellement, l’Adsu n’a pas Hemant Kumar Ramdin en ligne de mire. Le Défi Media Group est toutefois en présence de renseignements sur la rencontre présumée entre Hemant Kumar Ramdin et un suspect dans cette affaire, quelques jours avant la saisie de la première cargaison de 135 kilos d’héroïne. De même que les liens supposés entre ce courtier maritime et un caïd de la drogue qui purge une peine d’emprisonnement. Le nom d’Hemant Kumar Ramdin a aussi été évoqué par Navind Kistnah, d’Afrique du Sud, dans un entretien avec Le Défi Quotidien.

« Ramdin ki deryer tou sa la, li mem inn fer import tou sa la », nous avait confié l’habitant de Petite-Rivière. Il avait ainsi invité l’Adsu et le Premier ministre à initier une enquête approfondie sur ses implications réelles dans ce trafic. Pravind Jugnauth semble détenir certaines informations sur cette affaire qui éclabousse Geeanchand Dewdanee, un partisan du Mouvement socialiste militant (MSM), car il refuse de commenter les « wherabouts » du suspect n°1 afin « de ne pas porter préjudice à l’enquête en cours. »

Vendredi, le chef du gouvernement a tenu à préciser que le DCP Lockdev Hoolash, directeur du National Security Service, n’est pas en mission spéciale au Mozambique, pour entendre Navind Kistnah, mais qu’il est au Soudan. Il ne dit pas toutefois si le suspect n°1 dans cette enquête d’envergure est bel et bien au Mozambique. Ce que déplore l’avocat de ce dernier, Me Rama Valayden. 

La famille de Navind Kistnah toujours sans nouvelle de lui

C’est l’angoisse chez les Kistnah. La famille est toujours sans nouvelle de Navind Kistnah, dit Kunal, depuis plus d’une semaine. La dernière fois que celui qui est considéré comme le principal suspect dans l’importation des 155 kg d’héroïne a pris contact avec sa famille c’était dans la soirée du jeudi 30 avril vers 22 heures. Il avait simplement demandé à ses proches de prendre contact avec un avocat, indiquant qu’il avait été arrêté par la police de Maputo, au Mozambique, et qu’il serait bientôt à Maurice. Chose que la famille a déjà faite.

D’ailleurs, c’est la police de Maputo qui a informé la famille de l’arrestation de Navind Kistnah, et non les autorités mauriciennes. La police mozambicaine aurait  même réclamé la somme de $ 5 000 à la famille Kistnah le dimanche 2 avril afin de le laisser partir. « Je suis un policier et ton frère a été arrêté. Si tu déposes $ 5 000 sur mon compte en banque on va le laisser partir. Au cas contraire, Interpol va venir le chercher et je ne pourrai rien faire », aurait déclaré quelqu’un se présentant comme un policier.

La famille ne savait quoi faire mais le lundi 3 mars le policier en question a repris contact avec la famille en lui disant : « Je ne peux rien faire maintenant. Les gens d’Interpol sont venus dimanche (2 avril) et ont pris ton frère. Je ne sais pas où ils l’ont emmené. » Dès lors, la famille est toujours dans le flou et ne sait toujours pas où se trouve Navind Kistnah. Selon elle, si la police de Maputo a arrêté Kunal pourquoi la police mauricienne ne l’a pas informée ?

La police mozambicaine passe pour être « l’institution la plus corrompue » du Mozambique, selon une enquête réalisée en 2004 sur la gouvernance et la corruption dans ce pays.

 

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