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Sacs en plastique : des fabricants donnent du fil à retordre aux autorités

Sacs en plastique

66 900. C’est le nombre de sacs en plastique qui ont été saisis par les autorités de janvier à juin 2019. Malgré les interdictions, des fabricants, distributeurs et revendeurs parviennent néanmoins à écouler illégalement ces sacs que certains Mauriciens, semble-t-il, n’arrivent pas à s’en passer.

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Partis pour rester. C’est ce que l’on serait tenté de dire à l’issue d’une enquête sur les sacs en plastique qui, depuis janvier 2016, sont interdits de fabrication, de distribution et de vente. Pourtant, de janvier à juin 2019, les autorités ont saisi quelque 66 900 sacs en plastique (avec manches) et une trentaine de rouleaux. En sus et pour la même période, la police a servi 107 contraventions.

Les fabricants et les distributeurs restent les cibles de choix de la Police de l’Environnement, l’unité chargée de sévir contre les contrevenants. « C’est plus efficace de frapper à la source que de mettre les marchands à l’amende un à un », soutient l’inspecteur Brasse même s’il concède que les fabricants constituent pour les autorités un véritable casse-tête.

Selon lui, ce sont des entreprises « normales », disposant d’un permis d’opération, qui fabriqueraient ces sacs en plastique. « Bann ki fer sak biodegradab ek kompostab la, ena parmi zott mem ki fer sa », soutient l’inspecteur Brasse qui rejette la thèse d’usines clandestines. Il n’en a pas découvert jusqu’ici, dit-il, lors des nombreuses opérations crackdown.

Chaînes, cadenas, caméras CCTV

Autre « lamerdman » pour l’inspecteur, c’est la rapidité avec laquelle ces sacs en plastique sont fabriqués. « En 30 minutes, les fabricants peuvent produire jusqu’à 10 000 voire 15 000 sacs en plastique mais c’est difficile de savoir précisément à quel moment, souligne l’inspecteur Brasse. La fabrication de ces sacs ne requiert pas de machines ou d’outils spéciaux. En pénétrant ces usines, vous ne verrez rien qui puisse donner une indication sur la fabrication potentielle de ces sacs car ils ont recours à une sorte de moule qui peut facilement être dissimulée à notre arrivée. »

Par ailleurs, certaines usines seraient, selon l’inspecteur Brasse, de véritables forteresses. « Ces usines sont hautement sécurisées avec des chaînes et des cadenas autour de chaque porte ou encore des caméras installées tout autour de l’usine. Ils nous voient donc arriver et le temps que nous parvenons à l’intérieur, ils ont grandement le temps de se débarrasser des sacs, explique-t-il tout en soulignant que certains fabricants simulent l’arrivée des forces de l’ordre pour savoir de combien de temps ils disposent et comment se débarrasser des sacs.


Aucune restriction à l’importation

Selon un haut cadre au ministère de l’Environnement, l’important des « pellets », soit les granulés qui sont utilisés pour la fabrication des objets en plastique, dont les sacs, n’est pas contrôlée. « N’importe qui peut en importer », précise-t-il. D’où la suggestion d’exiger aux importateurs de faire une déclaration à la douane pour indiquer comment ils comptent s’en servir. « Là encore, il est impossible de veiller que les granulés ne soient pas utilisés pour fabriquer des sacs en plastique », regrette ce haut cadre.

Autre suggestion faite : durcir les sanctions existantes. « Il y a actuellement plus d’une centaine de cas en cour. Bien que la loi sur les sacs en plastique prévoit une amende maximum de Rs 10,000, dans la majorité des cas, les amendes imposées varient entre à Rs 300 et Rs 400. L’amende la plus élevée, infligée à un contrevenant jusqu’ici, est de Rs 2 000. Un durcissement des sanctions surtout envers les fabricants pourrait peut être avoir un effet dissuasif. »


11 types de sacs exemptés

Avec l’avènement de l’Environment Protection (Banning of Plastic Bags) Regulations 2015, en vigueur depuis le 1er janvier 2016, il est interdit d’importer, de fabriquer, de revendre et de fournir des sacs en plastique. À l’exception de 11 types de sacs en plastique, dont les sacs dits « roll-on » (uniquement pour le poulet, la viande et les fruits de mer frais, frigorifiés et surgelés), les sacs poubelle, les sacs utilisés à des fins agricoles, pour des échantillonnages (sampling), les sacs qui constituent l’emballage d’un produit, les sacs ne dépassant pas 300 cm2, et les sacs « re-sealable », entre autres.


Les autres difficultés des autorités sont :

  • Les « roll-on » détournés. Parmi les sacs en plastique autorisés, figurent les roll-on (sacs en rouleau transparent). Toutefois, ils doivent être uniquement utilisés pour les produits comme le poulet, la viande et les fruits de mer frais, frigorifiés ou congelés. « Sauf que les marchands les utilisent pour mettre des fruits, des légumes, le pain ou d’autres produits », soutient l’inspecteur Brasse.
  • Foires et marchés. Les descentes de la police dans les foires et les marchés, deux endroits où les sacs en plastique ont la cote, se révèlent souvent inefficaces. « La difficulté, c’est qu’une fois qu’un marchand est pris la main dans le sac, le temps d’effectuer les procédures, la nouvelle de notre présence se répand comme une traînée de poudre et aucun marchand n’utilisera de sac en plastique aussi longtemps que nous ne quittons pas le lieu. »
  • En flagrant délit. Autre difficulté pour les officiers de police : ils doivent obligatoirement être témoin de l’action. « Le simple fait de posséder ces sacs ne constitue pas un délit et il faut les prendre en flagrant délit, fait ressortir le responsable de la police de l’Environnement, et d’être en uniforme ne joue pas en notre faveur. »

Obstacle majeur

Les habitudes des Mauriciens

bazaar

Le plus gros obstacle dans la lutte contre l’utilisation des sacs en plastiques demeure les habitudes des Mauriciens. C’est l’avis d’un haut cadre à l’Environnement. « C’est une question d’offre et de la demande. Si les Mauriciens n’en demandaient pas, il n’y aurait pas eu un marché pour les sacs en plastique. » Ce qui pousse notre interlocuteur à dire que les Mauriciens n’ont pas tous adhéré à l’idée de délaisser les sacs en plastique pour les sacs biodégradables.

Il avance deux raisons. Primo : le prix des sacs biodégradables. « Les marchands ne veulent pas prendre le risque de perdre un client en lui réclamant Rs 4 pour un sac, lequel préférera probablement faire ses courses chez le marchand voisin. Tout comme le Mauricien qui ne voudra pas payer Rs 4 pour un pain acheté à Rs 5 ! » Secundo : les sacs biodégradables retiendraient l’humidité et seraient peu appropriés pour contenir des légumes.

« Faites-en l’expérience. Prenez des carottes et mettez-les dans les deux types de sacs. Vous verrez que celles, qui se trouvent dans le sac biodégradable, deviennent sèches », ajoute notre interlocuteur.

 

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